313e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

adoucissant Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement. En effet…

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21 réponses

  1. jean-pierre jouandet dit :

    en effet, le bac dans lequel était tombé Henri Michot ne contenait pas que de l’ammonium quaternaire avec deux longues chaînes grasses [n.d.a. : j’ai vérifié], mais aussi des ingrédients secrets qui faisaient l’originalité du produit « toudou to do » ou « todo tout doux » qui allait bientôt inonder le marché.
    Henri avait travaillé dans l’usine, d’où il avait été viré, et il aimait bien retrouver ses anciens collègues le soir, quand il n’avait pas une cliente indélicate dans son lit. Ce vigile était très efficace pour pincer les chapardeuses, mais savait aussi profiter de la situation.
    Après sa chute dans le produit, il avait été recueilli et soigné dans l’enceinte de l’usine : la direction craignait l’hôpital ou la police, dont les analyses risquaient de dévoiler la nature de l’ingrédient secret, et la concurrence pourrait s’en emparer, ce qu’il fallait éviter à tout prix.
    La consigne était claire : il guérit et ferme sa gueule, ou alors il disparaît.
    Heureusement pour lui, après avoir été lavé, rincé, purgé et séché, il était encore vivant. Toutefois, ce gaillard imposant perdait deux à trois kilos par jour, jusqu’à ce qu’un chimiste génial trouve l’antidote au moment où il ne pesait plus que cinquante kilos.
    Il était sauvé, mais les effets secondaires étaient terribles : Henri Michot avait désormais le teint rose, la silhouette, et la démarche incertaine d’un adolescent dépressif. Sans compter son épaisse tignasse brune et bouclée qui ressemblait maintenant à celle d’Ophélie sortant de l’eau.
    Heureusement pour lui, il était méconnaissable, et on a pu le remettre en circulation sous le nom d’Enrico Sanchez. Des papiers, un peu d’argent, un aller simple pour le Brésil, et basta !
    Toutefois, Enrico a préféré poser sa candidature au poste de vigile qu’il occupait déjà : le patron et les vendeuses ne l’ont pas reconnu, et il était encore plus efficace qu’avant malgré sa stature fluette et son déguisement de mannequin en plastoc.
    Les clientes indélicates ne se méfiaient pas et se faisaient systématiquement pincer (parfois au propre, ce qui les faisait crier et alertait le patron).
    Tout allait bien jusqu’au jour où l’une d’entre elles, qui trouvait Enrico à son goût -et c’était réciproque-, l’a emporté sous son bras pour l’amener chez elle.
    On ne les a jamais retrouvés. Du moins en France.
    Et le patron du magasin recherche toujours un vigile.

  2. Sylvianne dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement. Après sa chute, il s’habilla en rose layette.
    Un peu surprenant pour un vigile. Il embrassait gentiment chaque client à l’entrée. Donnait des chamalows aux enfants et guidaient les personnes âgées jusqu’à leur voiture en papotant joyeusement.
    Il était devenu tendre comme un nouveau né. Quand un pt voleur sévissait, il lui donnait tendrement une petite fessée. La grosse brute s’était transformée en agneau. Il fermait les yeux souvent les yeux sur les comportements négatifs et même en pleurant. Attendri par la faute commise qui cachait, disait-il, de grandes souffrances. A la fin de sa journée, ils réunissaient les fraudeurs pour libérer la parole, autour d’une limonade et d’un gâteau. Le sucré console, affirmait-il. Il n’appela plus jamais la police.
    La ville bénéficia de sa générosité. Sa douceur avait conquis. Plus de vol, plus d’agressions.
    Il était devenu l’exemple.
    On trempa les enfants un peu durs dans l’adoucissant. Le curé en mit 3 gouttes dans le bénitier pour baptiser les bébés.
    Ce fut la ville la plus douce au monde.

  3. M.Martin dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé mystérieusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement.
    En effet, on l’a souvent vu en décembre, traîner du coté des peluches au rayon jouets, où il a été surpris tenant un gros nounours serré dans ses bras.
    Pendant la période du blanc en janvier, c’est au rayon linge de maison qu’on l’aurait repéré, caressant des serviettes éponge et des gants de toilette.
    Au cours de la promo de la Saint Valentin au rayon lingerie, c’est le nez dans les déshabillés, nuisettes et petites culottes de soie qu’il a été pris. Et la semaine dernière, il a poursuivi à travers tout le magasin, Mme Picard qui était venue faire ses courses en manteau de fourrure.

    Mais tout a commencé le 29 novembre. Ce jour là Charles, c’est son nom, était rentré chez lui dans l’après-midi, l’appartement était vide, les enfants à l’école et sa femme Jasmine à son travail. Le midi il s’était accroché avec une bande de mômes du collège voisin, qui avaient pillé le rayon confiserie, ouvrant les paquets de bonbons et répandant les contenus sur le sol. Il les avait repérés sur l’écran de surveillance, ensuite c’avait été la cavalcade dans les travées, mais il n’avait réussi qu’à attraper un pauvre gamin qui s’était retrouvé dans le groupe par hasard. La mère en larmes était venu récupérer le gosse qui serait puni pour les autres. Trop d’injustices ! Charles était fatigué.

    En entrant dans la salle de bain, il remarqua que Jasmine avait chargé le lave linge, mais elle avait dû s’arrêter en cours, car le hublot était resté ouvert. Charles plaça une dose de lessive dans le tambour, puis il saisit le flacon d’adoucissant et remplit le bouchon qu’il versa dans le compartiment prévu à cet effet. C’est à ce moment là que le bouchon lui échappa et disparut dans le compartiment. Quand Charles plongea ses doigts pour le récupérer, il les sentit aspirés vers le fond, puis ce furent sa main, son bras et son épaule. Sans résister il se laissa attirer tout entier dans le petit bac rempli d’adoucissant. Il ne se posa même pas la question de savoir comment cela était possible, tant la sensation était agréable. Il était là, lové dans la suavité bleue et le parfum lavande. Il ne se souvenait pas d’avoir connu autant de douceur, sauf peut-être dans ses souvenirs d’Afrique, lorsque sa mère le portait sur son dos, enveloppé dans un pagne.

    Quand l’heure est venue où les enfants allaient rentrer de l’école, il s’est extrait du compartiment par une simple glissade. L’instant d’après il était debout, lui, Charles, vigile du supermarché, un mètre quatre-vingt-quinze et quatre-vingt-dix-sept kilos.

    Mais j’ai appris aujourd’hui que Charles n’est plus vigile dans note magasin, il vient d’être licencié pour manifestation ostensible d’un appétit de douceur.

    © Madeleine Martin 2016

  4. Michel-Denis ROBERT dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement.

    Il faut revenir en arrière pour comprendre ce qui lui est arrivé. Cette nouvelle avait été imprimée comme une farce dans le journal du comité du magasin. Si bien que lorsqu’on s’aperçut du dit changement, personne ne le remarqua, sauf quand Aline et Léa s’entendirent pour aller faire leurs courses. Chaque semaine, elles s’offraient une séance de relaxation par des cours de gymnastique douce. Après leurs assouplissements, elles empruntaient le cycle santé-écologie à plusieurs niveaux de difficulté au Parc Saint Marc. Dans leur programme était prévu l’inévitable ravitaillement. C’était pratique pour prendre les enfants à leur sortie, le magasin était le premier bâtiment derrière la société des eaux, en face de l’école.

    Elles arrivèrent sur le parking, déverrouillèrent leur caddy, égayèrent leur train train d’une conversation alerte et réconfortante. Tous les sujets étaient passés en revue. Cette semaine au supermarché, c’était coup de balai sur les prix ! Les portes de verre glissèrent à leur entrée. Une vendeuse préposée aux articles sans étiquette fila devant leur nez sur ses patins à roulettes comme sur une piste savonneuse. Aline se retourna sur elle et se mit à rire en reluquant le vigile serti dans une barboteuse rouge et coiffé d’une casquette en tissu éponge rose. Elle crut à une mise en scène de pub. Mais celui-ci répondit à son rire éclatant en la saluant de son couvre-chef et en la gratifiant d’une génuflexion digne de la cour.

    – T’as vu un peu le vigile, tu crois qu’il est net, dit-elle, on dirait qu’il rapetisse ?
    – C’est Luc Leblanc, c’est la vedette d’un spot publicitaire qui a été tourné aux Iles Caïman. Je le trouve plutôt apaisant moi, répondit Léa d’un ton badin. Il parait qu’il aurait travaillé chez Lacoste et qu’il aurait été effrayé par un crocodile.
    – C’est lui qui a trempé dans cette histoire de blanchiment, s’étonna Aline ?
    – Il a été traumatisé par le scénario. Ca sentait trop la poudre. Il a fait une allergie.
    – Ca me fait du bien la gym, j’ai perdu mon bidon, coupa Aline.

    Au détour d’une gondole, elle se tordit de rire de nouveau. Skip, le vigile kangourou lui fit peur. Il avait revêtu une grande fourrure marron et relevé sa visière fuschia sur la tête. De sa poche ventrale émergeait Miel le glouton raton laveur, marionnette activée par on ne sait quel mystère mécanique. Ils menaient leur affaire tambour battant en vantant la douceur d’une nouvelle tablette de chocolat qu’ils se repassaient de haut en bas et de bas en haut avec des slogans lénitifs et se débarbouillaient de pâte à tartiner. C’était à mourir de rire.
    « Comment a-t-il fait pour se changer si vite, se demanda Aline ? »
    – Attends-moi là, bouge pas, je reviens, répondit Léa, comme si elle avait deviné.
    Léa se dirigea vers l’entrée et revint aussi vite en passant par le rayon des vins. Un bon petit rosé lui tapa dans l’oeil. Essoufflée, elle fit part de sa découverte :
    – J’ai compris, je croyais que c’était des jumeaux, mais à l’entrée c’est un hologramme et Skip, c’est le vrai.

  5. Joailes dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement.

    En effet, le grand vigile avait des pieds d’argile et nul ne l’avait soupçonné, lorsqu’il avait obtenu ce poste à « L’urgence de l’Emploi ».
    Il avait coché la case « colosse ». (Mais il n’avait pas spécifié « au cœur tendre » .)
    Et rien ne disait, sur son contrat, qu’il devrait prendre un bain dans une piscine dont le contenu restait secret.
    Pourtant, lorsqu’il se présenta, il dut se mettre à nu.
    « Vous devez vous laver de tout soupçon, avant de prendre vos fonctions », lui dit-on.
    C’était, je puis bien vous le dire, un liquide âcre et plein d’épines, mais … notre vigile se trompa de porte et glissa dans … un bain d’adoucissant…
    Et lorsqu’il vit l’énorme bouteille bleue, il en tomba amoureux.
    De son parfum.
    De sa suavité.
    Irrémédiablement.
    Ses troubles du comportement ?
    Inexistants.
    Par contre, prêt à Aimer, avec douceur …
    Moralité :
    On ne peut renier ses racines,
    ni ses origines.
    Surtout avec Soupline !

  6. Anne-Marie dit :

    Tomber dans un bac d’adoucissant, et en avaler… on n’avait pas idée… surtout pour un vigile!
    Il y avait eu les pompiers, urgence Samu, direction l’hôpital pour un grand lavage d’estomac. Ensuite la police, enquête… au coeur de laquelle il s’était retrouvé, lui qui avait l’habitude d’appeler les flics pour leur dénoncer les petits malfrats qui chapardaient.
    Puis, étaient venues toutes les remarques, sourires en coin, « ca ne lui fera pas de mal à celui là! Si seulement ça pouvait lui adoucir le regard, lui assouplir le rictus! » Bref il en avait pris pour son grade…
    Il était revenu après quinze jours d’arrêt… il était revenu, mais était-ce le même homme? Sa tignasse raide avait pris des plis et sa coupe en brosse s’était aplatie, allongée, pour lui caresser le front et la nuque. Certains hésitaient à le reconnaître. Quelque chose d’imperceptible avait changé, comme une lueur dans les yeux, une bouche plus étirée, presque entrouverte sur un sourire. Comble de l’étonnement, à la limite de la faute professionnelle, deux paquets de lessive avaient disparu… sans qu’ils prennent les chapardeurs sur le fait. A quoi pensait-il donc ? Avait il perdu son regard acéré? La caissière, finemouche, l’observait, intriguée. Ellle s’etait toujours demandé ce qui l’avait conduit à exercer ce métier, quelle revanche il avait à prendre sur la vie. Ellle l’observait… est-ce l’adoucissant qui l’avait changé à ce point? Ce n’était pas croyable… ou son séjour à l’hopital ? De temps en temps, il s’arrêtait, le regard fixe…. avait-il apercu une main voleuse ? Il s’eloignait, portait la main à la poche de poitrine de son uniforme, mais ne sortait pas son bip d’alarme. Arrêter les autres semblait le passionner beaucoup moins. Un jour ,elle le surprit en train de sortir de sa poche de poitrine un téléphone portable. Elle eut l’impression qu’il jetait un regard furtif sur son écran… Tiens, tiens ! se dit-elle. Le soir, elle prétexta le recomptage de sa caisse et resta plus tard. Quand il quitta le magasin, la curieuse le suivit … Un peu plus loin, devant une boutique de vêtements, l’attendait une jeune femme. Elle la reconnut. Il l’avait surprise quelques mois plus tôt, mais le voyant arriver, elle avait aussitôt reposé sur le rayonnage l’assouplissant qu’elle s’apprêtait à chaparder. Pas de flagrant délit ! Il avait quand même pris son identité, elle se souvient juste qu’elle était aide-soignante à l’hôpital ! Sans doute, les effets secondaires de l’adoucissant, sourit-elle, en se fondant dans la foule des badauds.

  7. Clémence dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement. En effet…

    Asante, patron et vigile, sortit de sa boutique. Il se prit les sandales dans le flacon écorné d’adoucissant qui traînait près de la porte depuis des lunes…

    Il resserra les pans de son anorak. Il enroula trois fois sa longue écharpe autour du cou. Il s’assit lourdement dans son fauteuil de plastique blanc. Il toussa. Passa son bras sur le front. Il regarda ses mains puis caressa lentement sa chevelure, ses paupières, dessina son nez, effleura sa bouche, glissa sur son menton pour s’arrêter dans le cou.

    Il souleva le bord de sa manche et consulta sa montre.
    15 juin. 17 heures 30. Le ciel commençait à s’enflammer. Bientôt, les premières étoiles le feraient voyager dans ses souvenirs d’enfant.

    …. C’était l’hiver, un 15 juin. Il y a longtemps, mais il s’en souviendrait toute sa vie.
    Il avait quatre ans et sa famille logeait dans une case assez proche d’une grande ville africaine des hauts-plateaux. Dans un quartier tranquille, non loin de l’école. Une école qui fonctionnait drôlement bien : classe le matin pour un groupe, classe l’après-midi pour l’autre groupe. La maîtresse disait de lui qu’il était un enfant modèle, assidu, appliqué, vif , créatif et qu’il réussirait dans la vie.

    Lorsqu’il arriva à l’école ce 15 juin, l’agitation était étourdissante, poussée à son paroxysme. On attendant une visite. Très importante pour l’école. Elle eut lieu, dans la classe d’Asante, en fin de matinée.
    Lui et ses camarades n’en croyaient pas leurs yeux. Une grande personne entra, vêtue d’un costume blanc, comme ceux des hommes, mais sans manches. Elle avait des yeux bleus, des cheveux pareils à des rayons de lune, et une peau étrange, blanche, toute blanche…
    Un grand silence se fit.
    Elle ouvrit les bras et ce fut un brouhaha incroyable. Ils se levèrent, dansèrent, s’approchèrent, puis firent cercle autour d’elle.
    Une légère bousculade poussa Asante contre sa jambe. Elle se pencha doucement. Elle glissa ses mains sous ses bras, se releva et le cala, assis, sur son avant bras.
    Sa surprise envolée, il devint plus audacieux. Il passa ses mains sur ses épaules, sur ses joues et un sourire illumina sa petite bouille toute ronde.
    Il glissa ses doigts dans la chevelure de lune, c’était ….magique.

    C’était il y a longtemps. Il s’en souviendrait toute sa vie, de cette douceur….

    Asante essuya une larme.
    « Ce jour là, songea-t-il, j’avais quatre ans seulement, et j’avais décidé de ce que serait ma vie. A dix-huit ans, j’ai quitté la ville et je suis parti au plus profond de la forêt à la recherche du secret des « cheveux de lune ». Je l’ai trouvé le jour de mes vingt-trois ans.
    J’ai ouvert des boutiques et des magasins dans tous les villages le long des pistes de latérites.
    Sur les étagères de bois brut, les flacons de « Pole Pole » s’alignaient. Des grands, des moyens, des petits et des géants. Les femmes s’arrachaient cet onguent qui rendait leurs cheveux crépus aussi doux et lisses que des rayons de lune. J’ai fait fortune. Je l’ai redistribuée. Sans retenue. Pour la santé et l’éducation des enfants de mon pays. »

    La lune souriait dans la nuit absolue.
    Asante se leva. Il saisit le flacon dans lequel il s’était pris les sandales. Un peu de liquide dansait dans le fond. Il le fit tournoyer et huma l’odeur suave et envoûtante. Il ferma la boutique et emporta le flacon. Il rejoignit sa case à quelques mètres de là. Une seule pièce sobre. Il fit craquer une allumette. Une lumière chaude emplit l’espace et dessina des arabesques sur les murs de torchis.
    Il fit tomber ses vêtements et retira ses sandales. Il fit couler doucement le liquide ambré sur ses cheveux….. La sensation était intacte. Aussi intense que le premier jour.

    Un 15 juin, à dix mille kilomètres de là, une dame aux cheveux couleur de lune, se dorait au soleil. Elle passa sa main dans sa chevelure. Elle sourit en se disant que le baume pour « cheveux épuisés » tenait ses promesses.
    Un avion passa dans le ciel . Une émotion l’envahit, aussi douce que la complicité silencieuse du petit Asante lorsqu’il avait glissé malicieusement ses menottes sans sa chevelure. Elle revit ses yeux étonnés, son sourire radieux…

    © Clémence.

  8. françoise dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, on note chez lui d’étranges troubles du comportement. En effet, lorsque des clients entrent avec des sacs à main, à dos, des valises, il les laisse passer sans contrôle ; par contre, si des femmes ou des hommes, mais surtout des femmes, se présentent les mains libres et sans aucun bagage, il les palpe sous toutes les coutures. Et, l’autre jour, il a même demandé, à l’une d’entre elles, de se déshabiller. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée en slip et soutien-gorge et il était en train de vouloir la mettre dans le bac d’adoucissant, dans lequel il était tombé, quand, alertés par les cris de celle-ci, des responsables sont intervenus et ont appelé police-secours. Menotté, il fut emmené par ambulance à l’hôpital psychiatrique le plus proche.Il hurla quand on le mit sous la douche en réclamant de l’adoucissant. On lui mit une camisole de force pendant quelques jours et il fit sa toilette au lavabo.
    Un psychiatre eut quelques entretiens avec lui desquels il ressortit que dans son enfance sa mère lui donnait des bains avec un adoucissant. D’ailleurs elle avait été déchue de ses droits et, en agissant ainsi,il espérait la retrouver l
    Le psychiatre lui fit comprendre que s’il persistait il pourrait, non seulement mettre sa vie en danger, mais qu’en plus il perdrait son emploi.
    Après un traitement sévère, il reprit son travail mais la direction préféra lui donner un autre poste sans bac d’adoucissant à proximité.
    Depuis il fait des recherches pour retrouver sa mère afin de lui passer « un savon ». 

  9. Nadine de Bernardy dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé dans un bac d’assouplissant,nous observons chez ce dernier d’étranges troubles du comportement.
    Je m’en suis aperçue un lundi.
    Jusqu’à présent ,ce grand costaud en costume noir impeccable,planté là,bras croisés,telle une statue d’ébène,le regard inquisiteur balayant le magasin bien au dessus de nos têtes,nous ignorait superbement.
    Mais ce matin où je vins faire le plein de croquettes pour chat,je vis se dessiner sur son visage d’habitude impassible,un léger rictus qui pouvait faire penser à un sourire.
    M’était-il adressé? Dans le doute je n’y répondis point. J’avais aussi remarqué un léger relâchement dans la silhouette,la cravate de travers et un pan de chemise dépassant sous la veste.
    Le surlendemain, monsieur avait carrément les mains dans les poches.
    Au fur et à mesure des jours qui passaient,il se mit à se pencher,du haut de son mètre quatre vingt cinq, pour parler aux enfants,à dire bonjour aux uns et aux autres. On n’osait répondre et chacun filait vers les rayons, mine de rien.
    Un nouveau seuil fut franchit quand je le surpris à ramasser un paquet de couches culotte tombé du chariot d »une jeune mère débordée. Elle le remercia,lui sourit.J’ignore ce qu’il lui dit, mais les voilà partis à rire tous les deux devant les clients interloqués.
    Je cessais d’aller au magasin quelques temps pour cause de mauvaise grippe.
    Quand j’y retournais, le comble était atteint,je fus accueillie par un :
    « Bonjour mamie,il y a longtemps qu’on ne vous a vue.Tout va bien?
    Estomaquée,blessée par cette familiarité publique, je rétorquais:
    « Et alors mon brave,vous n’avez rien de mieux à faire? Surveillez donc ce magasin,c’est bien pour cela que vous êtes payé non ?
    Il se mit à rire,me gratifia d’une oeillade et me lança:
    – Mes excuses chère Mâdame. Puis-je vous signaler cependant qu’il y a des promos sur les assouplissants jusqu’au samedi huit.
    Bonne journée….mamie ».

  10. Blackrain dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement. En effet…

    lundi matin, un lundi mutin, le grand Virgil, notre vigile, a manqué de vigilance. Épris de rutilance, et pris par le temps, il s’était dit « il faut vite que je lance une machine avant ma ronde. Lessive et adoucissant (six cent tensio-actif) agiront durant que Dupont et moi chasserons les larrons en maraude ». Le bac de la machine à laver industrielle, qui était rempli de Soupline et de bonnes intentions, était Géant comme l’enseigne. Lorsqu’il vit Gil qui l’appelait, Virgil glissa sur du savon et comme il n’avait qu’un CAP, tomba dans le BAC faute d’être savant. Le lendemain, lui qui était plutôt mal embouché et plus tard bien en charcutier, Virgil arriva tout Aimable, comme un accordéon de bonté, d’excellent thé, une variété de tisane apaisante, au goûter de ses camarades. Qui l’eu cru ? Lui qui était un dur à cuire, devenait hindou rêveur, un petit beurre, un petit LU au lait cru qui prenait soin de ses camarades. Serait-il devenu marteau ? Depuis deux jours il se met des faux cils et dort dans des draps peaux-rouges. Au sein de la cellule il devient doux comme un agneau qu’on aurait cuit au saindoux. Il est plein d’Humanité. Désormais, c’est sans parti pris qu’il adhère au parti même s’il refuse de jouer au morpion. Lui qui était nerveux et rapide devient vigile lent et même lorsqu’il ne fait pas de vent il fait la bise à chaque client. Il a grossi et ça l’ennuie car pour Virgil quitter la Grèce c’est tout un poème.

  11. Grumpy dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement. En effet…

    Il est tombé : pourquoi ?

    la faute à Pépita femme de ménage du centre commercial ALACAMPAGNE qui a malencontreusement laissé traîner un bac d’adoucissant POUPLINE (vous savez celui qui empêche la laine de feutrer et la rend si douce que même des stars en font la pub à la télé.)

    Le moral de Pépita pâtit de son travail ingrat et vain dans ce monde de brutes qui s’ingénie chaque jour à saborder un peu plus son éreintant nettoyage nocturne.

    Alors elle a pensé y mettre un peu de douceur sachant pertinemment, qu’hélas cela n’aurait pas grand effet. De son point de vue, l’unique solution qui probablement pourrait être un tant soit peu efficace serait d’adoucir discrètement les chalands sans même qu’ils en aient conscience car ils seraient capables d’aller porter plainte pour traitement dissimulé abusif.

    Comment aurait-elle pu, peuchère, penser à Mamoud le vigile, dont l’essentiel du boulot consistait à arpenter de droite à gauche et d’est en ouest ce hall immense, lui y travaillant de jour et elle de nuit, ils ne s’étaient jamais rencontrés.

    Il est tombé : comment ?

    Pffffffffft …. Zzzzzzzzzzzzzziiiii ……. Longue glissade ‘POUPLINE’ suivie d’un retentissant BADABOUM. Cul par-dessus tête, un petit tonneau, puis cul par terre jambes en l’air et pffffffffuit. 50 mètres qu’il a parcourus sur le derrière. Et VLAN, BANG, CRAC, OUILLE, OUILLE, arrêt très sec et percutant dans la vitrine de la pharmacie qui ne pouvait pas se trouver mieux placée mais en perdit quand même un plein présentoir de gélules purgatives (bio).

    Pauvre Mamoud, il ne s’est pas vraiment fait mal mais quand même, il a dû un peu taper de la tête, pas trop fort mais juste assez pour qu’il lui en reste quelque chose. Oui, un petit grain voire quelques douces bulles un peu savonneuses, d’ailleurs depuis, les clients du supermarché observent chez lui d’étranges troubles de comportement, et ça les amuse ces imbéciles.

    Oh ! Rien à lui reprocher, il fait toujours très correctement son boulot, seulement voilà, c’est sur des patins à glace, agrippé très fort à un caddie qu’il accomplit sa tournée perpétuelle (personne, même pas ses chefs, ne se risque à l’en décrocher : pensez ! Il trimbale dedans REX son fidèle auxiliaire.)

    • Clémence dit :

      Avec une rigoureuse fantaisie et quelques bulles pétillantes d’allusions publicitaire, je me suis régalée de la lecture de ce texte drôle et touchant à la fois!

  12. laurence noyer dit :

    En effet…

    Eric, le vigile, immobile
    Surveille l’entrée du magasin.
    Stoïque, mais chargé comme une pile
    Il survient au moindre pépin.

    Saviez- vous que l’adoucissant
    A pour effet atomistique
    De réduire les désagréments
    De l’électricité statique.

    Notre Eric n’en savait rien !

    Quand il fit une chute magnifique
    Dans un bac de produit d’entretien
    Faisant sauter les bouchons plastiques
    Comme on effeuille une marguerite

    Noyé sous les adoucissants
    Il perdit immédiatement
    Toute charge négative
    Et surveillance défensive

    Fini les tifs qui s’érigent
    Sur la tête et puis se figent
    Finis les poils qui se dressent
    Devant le vigile qui stresse

    Terminé les « qui s’y frottent »
    s’y pique » menaçants du despote.
    Dans le hall d’entrée, maintenant,
    Eric fait sa ronde en dansant.

  13. Ata dit :

    En effet notre étrange, et non notre étranger de vigile chargé de la vigilance en a manqué cruellement ce jour-là et chuta brusquement dans ce bac magique qui contenait l’apparence d’un adoucissant. Il s’est levé et, confus, commence par présenter des excuses à tout le monde et des pardons à tout les passants. Pris, soudain, d’un excès de politesse inhabituel chez ces braves professionnels de la sécurité, qui sont réputés d’ordinaire pour leur rudesse et sévérité. Tenez, vous avez déjà essayé de prendre part à une manifestation, surtout en ces temps-ci, sans ouvrir votre sac ou même des fois de présenter une pièce d’identité. Aucun négociation. Vous essuyez des Non, Nein, No,…catégoriques.
    Bref, pris d’un excès de douceur surprenante, notre agent reprend le sourire depuis le temps qu’il s’est engagé dans ce nouveau métier au détriment de vendeur sur la place du marché qu’il exerçait depuis bien longtemps. Deux ou trois clients qui sont des habitués des lieux étaient plus surpris de le voir reprendre la douceur du sourire et la souplesse des gestes de politesse que par la chute dans le bac. Que s’est-il passé au juste pour que notre home rude et rustre par les exigences de la fonction et toujours sérieux, d’un seul coup, devienne ou plutôt redevienne doux, souriant et presque aimable? Ce bac d’adoucissant contenait en fait un adoucisseur. Un adoucisseur des âmes c’est à dire un humanisant des caractères, c’est à dire un chasseur des regards méchants, un créateur de respect…Bref, il a eu l’effet de belles lettres.

  14. Joailes dit :

    Depuis que notre vigile, chargé de la sécurité à l’entrée du magasin, est tombé malencontreusement dans un bac d’adoucissant, nous observons chez ce dernier d’étranges troubles de comportement.
    En effet, il n’a de cesse de se caresser partout, et semble se trouver bien doux.
    Pour un vigile, me direz-vous, ce n’est peut-être pas sa vocation première !
    Toujours est-il que, lorsque la petite jeune femme entra dans le magasin et mit dans sa poche trois doses de liquide vaisselle, il se dit qu’après tout, il avait autre chose à faire que de la coincer à la caisse.
    Il paya pour elle et l’emmena par la main dans un pays où tout était d’une douceur incroyable ; les gens s’embrassaient, se parlaient sans jamais se disputer, se souriaient gentiment.
    Ces gens là aussi étaient tombés dans la marmite de l’adoucissant, ils sentaient bon et leur peau était si suave !
    C’est ainsi que le vigile et la petite voleuse finirent, heureux et doux …

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