Exercice inédit d’écriture créative 183

ChchaussÇa y est, on s’est dépareillé !
Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble,
entre chaussettes à carreaux…

Racontez-nous la suite

13 réponses

  1. Clémence dit :

    Ça y est, on s’est dépareillées ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble,
    entre chaussettes à carreaux…

    Que de joies en perspective ! Et pourtant, c’est avec un brin de nostalgie que je repense au moment où nous vivions ensemble, bien plus longtemps que dans ce tiroir commun.

    Je me souviens de Jules, Jules, c’est notre patron, notre propriétaire !
    Il était arrivé , un peu embarrassé, devant le rayons des chaussettes dans une très grande surface. Il était, dégingandé, se balançant d’une jambe sur l’autre, triturant tantôt une oreille, tantôt, son menton.
    Jules était redevenu célibataire. A lui la corvée – ou le plaisir – des provisions.

    Notez que ce n’est pas en raison d’un égo démesuré que j’utilise le « je », mais pour la simplicité du discours. Je me souviens, disais-je, de Jules devant le rayon des chaussettes…
    « Ah, mais il n’y a pas que des chaussettes pour homme, il y en a aussi pour les femmes et les enfants (d’abord!) »… Je riais sous cape et talon !

    Jules dut se décider et choisir parmi toutes les paires de chaussettes exposées telles tableaux miniatures de Vélasquez  ou de Gréco. Elles étaient arrangées par couleur,de la plus foncée à la plus claire, mais aussi, par motifs : de l’uni aux rayures, aux carreaux et aux motifs discrets.
    Mais il y a aussi les pointures par ordre décroissant du haut vers le bas, ! Mais parfois, des têtes écervelées les dérangeaient et c’était bien dérangeant….

    Voilà donc pour mes souvenirs de grands espaces. Jules se décida et acheta ses chaussettes par doubles paires. Quelle idée, me direz-vous ! Mais Jules est très cartésien, tout à fait le portrait inverse de sa mère qui n’était absolument pas dérangée de faire porter à ses gamins des paires dépareillées !
    Jules achetait donc ses paires en double, ainsi, si le lave-linge, le sèche-linge ou Mistral venaient à manger une chaussette, il lui restait encore de quoi reformer une paire compatible!

    Mais comment dès lors ranger trois chaussettes ? Par deux et la troisième autour ? Les trois roulées les unes à côté des autres, telles de petits fagots ? Les trois l’une sur l’autre et repliées et ensuite retournées ?
    Quel casse-pied que ce rangement de chaussettes…
    Et c’est ainsi que ce qui devait arriver arriva….A vouloir que… à ne pas vouloir que…. une chaussette, qui n’était pas mon double, devint avec moi, une paire !

    Et quelle ne fut pas ma surprise ! Je dis « ma surprise » car je ne saurai jamais ce que pensait ma moitié (ou mon double).
    Donc, disais-je, ma surprise fut grande. Comment vous expliquer cela ? Par une comparaison avant/après ?
    Je tente ma chance, un premier essai…

    Avant, avec ma jumelle, je ne voyais rien de différent entre nous, nos caractères, nos avis, nos émotions étaient identiques. Ce qu’elle pensait, je le pensais aussi, ce que je ressentais, elle le ressentait tout pareillement, mes joies, mes craintes, mes bonheurs, mes odeurs….
    Il est vrai cependant que lorsqu’il nous portait, nous étions rarement l’une à côté de l’autre : nous nous croisions furtivement lorsqu’il marchait, nous étions carrément séparées, chamboulées quand il croisait ses longues jambes… mais nous avions la joie de nous retrouver toutes pimpantes dans le tiroir… dans le noir….
    Tout pareil ! Mais ça, c’était avant, quand j’étais la moitié de mon double… ou le double de ma moitié !

    Mais, depuis que nous sommes dépareillées, la vie s’est drôlement pimentée ! Une autre dimension est venue s’installer entre nous….mais, paradoxalement, c’était elle nous enrichissait!
    En la regardant, je voyais au travers de ses qualités, mes défauts, petits et grands !
    En la regardant, je voyais au travers de ses défauts, mes qualités, petites et grandes !
    Mais cela, ne s’arrêtait pas seulement à ces constats ! Le soir, lorsque la maisonnée s’endormait, nous avions de longues discussions sur les sujets qui avaient agité les informations de la journée ou de la semaine !
    Nous échangions nos avis sur les artistes qui défrayaient la chronique, sur les sujets qui agitaient les réseaux sociaux,sur le dernier film, sur le dernier livre (papier ou liseuse) ; bref, nos méninges cogitaient tout en s’agitant furieusement !

    Que la vie était belle, pleine de surprises, pleine de découvertes, pleine d’échanges ! J’aurai bien voulu mettre tout cela par écrit, comme dans une chanson ou dans un roman, pourquoi pas !

    Et pourtant, un jour de lessive, un jour de beau temps, Jules mit son linge à sécher sur l’étendoir et partit à la ville voisine pour se distraire…. Juste un peu…
    « Le linge peut rester sur la terrasse, cela donnera l’impression que la maison n’est pas vide de ses habitants… »

    A son retour, il ramassa son linge, il ne remarqua rien. Ce n’est que le lendemain en rangeant les vêtements, qu’il constata avec consternation mon absence….Je parie qu’aujourd’hui encore, il n’a pas résolu l’énigme de ma disparition. Mais la raison en est tellement belle que je vais vous la confier.

    Une petite chatte toute blanche, future maman, m’avait choisie pour élire domicile.

  2. Françoise - Gare du nord dit :

    Ça y est, on s’est dépareillés ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait tous ensemble, entre

    chaussettes à carreaux,
    socquettes noir corbeau,
    bas de contention – pour les vaisseaux -,
    collants de maintien couleur pruneau,
    gants de cuir – de chevreau -,
    mitaines en poil de chameau,
    moufles en peau de chevreau,
    caleçon à pois bordeaux,
    pantoufles au bout du rouleau,
    … bref tout un trousseau

    Ce fut un bas qui fila le premier laissant son jumeau seul et désemparé. Puis une chaussette, qui filait du mauvais coton, lui emboita le pas.

    Rapidement ce fut la débandade : une socquette se défila lâchement, battant à plate couture un collant pas très fin ; une mitaine, qui pourtant n’avait jamais pris de gants, disparut avec une moufle qui croisait perpétuellement les doigts. Pour finir : une mule s’entêta à suivre un chausson fourré.

    Et désormais, nous cohabitons, nous autres les dépareillés, dans la commode de Jean Aydeux, revenu borgne, manchot et unijambiste du Chemin des Dames.

  3. Bouquet dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux, mais on en pouvait plus. On voulait se sentir différente. Et Grace à lui, on y est arrivé… Trop cool !

    En fait, on voulait prendre nos distances depuis un moment déjà… C’est vrai, depuis le début, on est toujours ensemble. Soit on est l’une dans l’autre, pendant des jours et des jours en restant dans le tiroir, soit séparées de quelque centimètres, certes chacune dans une chaussure, mais en se voyant quand même… On arrive même pas à nous distinguer. Pied droit ou pied gauche, peu importe, tout le monde s’en tape… C’est pas qu’on ne se supporte plus, mais on souhaite juste avoir notre propre identité.

    D’où cette idée de ne plus être un ensemble assorti ! Pour ça, on pensait avoir tout essayé : se cacher pour le tri, juste avant le grand bain; rester dans une chaussure ou bien cachée sous le lit, pour se faire oublier. Rien à faire, surtout avec madame, elle nous retrouve systématiquement pour nous remettre ensemble. Ça énerve…

    Mais c’était sans compter sur monsieur… Et ses faibles compétences en matière de machine !

    Ce jour là, pour faire plaisir à madame, fête des mères oblige. Oui je sais comme cadeau il y a mieux, mais pour certain c’est « LE » cadeau pour faire plaisir… No comment…
    Bref, ce jour là, il a tout mélangé. Le tri, pourquoi faire ? couleur, blanc, foncé, coton, synthétique, 30°, 60°, tout ces mots n’ont visiblement rien de déterminants pour lancer une machine, devait-il penser…

    Résultat, l’une a pu rester cacher sous le lit et l’autre a fini a plus de 60° avec les serviettes de plages, les tee-shirts fluo, culottes et autres vêtements tous de couleurs différentes…

    Moralité, l’une a gardé son côté damier en noir et blanc quant à l’autre, elle peut désormais servir à la prochaine pub de « united color of Benetton »…

    Merci monsieur ! 😉

  4. MALLERET PEGGY dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux…
    Et nous nous entendions bien. Cependant, des carreaux des carreaux encore des carreaux il arrive un moment de saturation. Donc nous avons pris la décision de changer de partenaire pour quelque temps.

    Dans le tiroir, il y avait entre autres, un couple so british de Burlington à losanges, il ne fallait pas s’aviser de dire des « carreaux » ce lapsus aurait été very shocking pour la dynastie de cette grande marque anglaise. Et puis carreaux ou losanges c’était toujours des quadrilatères !

    J’ai commencé à faire quelques avances aux chaussettes fleuries. J’ai pensé que fleurs et carreaux iraient bien ensemble. Quant à mon double, elle a fait du charme au couple à rayures bleues et blanches. Elle disait que ces couleurs de marin, lui donneraient l’impression de pouvoir naviguer.

    Notre manège dura un certain temps pour pouvoir atteindre notre but. On ne sépare pas un vieux couple si vite. Les chaussettes étaient sceptiques. Dépareillées, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Que c’est difficile de faire bouger les vieilles habitudes !

    À force d’humour nous sommes arrivées à ce qu’elles décident de tenter l’expérience.

    Et bien voilà c’est fait. Nous nous sommes dépareillées.

    Notre propriétaire ne s’est rendue compte de rien, son esprit étant toujours tellement ailleurs. Quelle merveille cette nouvelle aventure, j’ai l’impression de me promener avec un jardin et mon double vogue sur des océans imaginaires.

  5. Bénédicte dit :

    Ça y est, on s’est dépareillées !
    Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux, mi-bas et tutti quanti. À force de vivre ensemble, qui plus est dans une communauté, on ne porte plus attention à l’autre, on est appareillées pour le meilleur et pour le pire – satané cliché résumant bien la problématique : le meilleur, on ne s’en souvient pas, on vit, point barre ; le pire, on n’y pense pas, on a intégré qu’on était embarquées sur le même olibrius jusqu’à ce que vieillesse et poubelle s’ensuivent. Pour l’instant, ma copine et moi, nous avons échappé à la poubelle. Faut dire que nous avons la chance d’être d’une couleur lambda, passe-partout ; un peu délavée certes… avec les ans et les lessives, on perd sa fraîcheur, mais nous sommes beaucoup à la même enseigne, et ça, mes amis, ça vous sauve une chaussette. Ça ne sauve pas l’amour ! Depuis quelques mois, j’avais repéré une petite noire qui tendait vers le gris. J’avais réussi à me rapprocher d’elle. Comment ? En déjouant la main humaine qui nous rangeait au sortir du sèche-linge. Pour mon plus grand bonheur, j’avais constaté que nous étions assorties. Nous avions dû être achetées en même temps ; sans doute avions-nous partagé les mêmes tambours, les mêmes chaleurs ; sans doute avions-nous joué à collé-serré. Bref, je l’avais reluquée. Ce matin, au moment où j’allais être glissée dans ma compagne, je sens une secousse. Et voilà qu’on nous tourne dans tous les sens, on nous radiographie ! Mon ex-bien-aimée affichait un trou, on s’y était habituées à ce trou, un peu comme des rides qui s’incrustent sur un visage ; l’homme, en vieillissant, se burine ; nous, on s’effiloche. Faute de chirurgie, le trou s’est agrandi : ma bien-aimée a terminé dans le vide-ordures. Quelle triste fin !
    Me voilà Gros-Jean comme devant, plutôt Petite-Jeanne, puisque je suis une socquette ! Seule et très inquiète sur mon sort à venir. Soudain, j’ai entendu « Pstt, pstt ». J’ai tourné mon talon, et qu’ai-je vu ? La jolie grisette ! Elle aussi se retrouvait célibataire. Ni une, ni deux, je lui ai sauté dessus. La main humaine n’y a vu que du feu, a trouvé que nous avions fière allure et que grâce à notre bonne mine elle économiserait trois sous. Chez les humains, le célibat peut être une bouffée d’oxygène ; chez nous, il est synonyme de mort. Alors, me voilà partie pour une nouvelle aventure. Rendez-vous dans un an, les amis ! Notre fil d’Écosse de qualité devrait nous permettre de tenir le coup encore longtemps…

  6. patricia dit :

    Dans quelle drôle de famille! nous étions tombées, les cinq paires de chaussettes à carreaux…..
    Cela faisait pourtant des années que l’on vivait ensemble.
    Ici, pas de reprisage ; une chaussette abîmée était mise sur le carreau, direction la boite à cirage de Madame.
    Notre copain Paul à carreau rouge y est passé ; il est devenu tout noir méconnaissable!sa moitié pleurait au fond du tiroir.
    Alors nous avons décidé de nous dépareiller et nous rapprocher d’un bataillon de chaussettes à fleurs . Finies les veuves éplorées !;nous allions nous pacser.
    Ce qui nous a sauvés, c’est l’ado de la famille ,un peu déjantée, qui a joué le jeu ; Elle maria la chaussette Rose à fleur avec la chaussette à carreau Vert . Bien sûr nous avons essuyé des moqueries . C’est vrai que la Rose trop large dégoulinait sur la cheville droite et moi à gauche , je me tenais fièrement redressé ; Même si les lessives bon marché m’avaient un peu terni le teint , je faisais bonne figure.
    Par contre le soir , négligente! l’ado!. Elle nous a envoyées valser sous le lit dans un nuage de poussière, poisseuses avec nos odeurs de pieds…recroquevillées de honte au milieu des crottes de souris . En plus la Rose était allergique alors je vous dis pas la panique….C’était pas le pied!
    Nous nous sommes tenues à carreau toute la nuit de peur que la souris vienne nous titiller les orteils . Enfin exténuées, nous nous sommes enroulées l’une contre l’autre rêvant d’une vie meilleure.

  7. danielle 78 dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé !
    Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à carreaux…

    Racontez-nous la suite

    Vous n’allez pas me croire mais je vous assure qu’il y a un monde parallèle. Et les chaussettes connaissent le chemin qui y mène. Ca ne fait pas la une des journaux mais toutes les femmes (et les hommes) qui s’occupent du linge familial connaissent ce phénomène mystérieux.

    Vous remplissez la cuve de votre machine à laver le linge. Vous faîtes tourner avec ou sans lessive, ce détail n’a pas d’incidence par rapport à ce qui nous occupe aujourd’hui. Le programme se déroule, lui aussi n’a aucune importance. Vous videz la machine, vous pouvez mettre le contenu dans le sèche linge, cette étape ne modifie en rien le déroulement du processus à observer. Vous étalez les pièces humides ou pliez les chaussettes sèches, là encore ce n’est pas un élément parasite qui pourrait avoir des conséquences.

    Et là, il arrive que nous constatiez avoir perdu une chaussette de la paire à carreaux. Cet événement ne se produit pas à chaque lavage, seulement quelques fois par an. Assez pourtant pour que la question se pose : où sont-elles ? et que faire du sac qui se remplit de chaussettes en un seul exemplaire.

    Consciencieusement vous vérifiez l’intérieur de la cuve de la machine, au cas où une issue y serait cachée ! Puis vous fouillez le sac dédié au linge sale, vous allez même inspecter les alentours et le chemin entre ledit sac et la machine au cas où cette chaussette serait tombée par mégarde.

    Si vous n’avez pas la chance que votre conjoint et vos enfants apportent eux-mêmes leur linge sale dans le sac approprié, vous allez inspecter la salle de bains, les chambres, le dessous des lits, tous les recoins susceptibles d’avoir hébergé la fugueuse… Vous irez peut-être même, juché sur l’escabeau, jeter un coup d’œil au-dessus des armoires pour le cas où les adorables personnes qui partagent votre maison aient eu l’amusante idée de s’entraîner au basket ! Vous prendrez peut-être même la peine de défaire les chaussettes rangées dans le tiroir adéquat pour vérifier que vous ne vous êtes pas trompé en constituant les couples la dernière fois.

    Tout ça en vain. Il faut vous rendre à l’évidence : la chaussette a disparu. Veuve, divorcée de son partenaire ? Si vous êtes soupçonneux d’une farce, vous interrogerez votre entourage. Je ne vous le conseille pas car leurs regards vous feront mal et ils pourraient s’inquiéter sur votre état mental…

    On peut aussi se rassurer jusqu’au grand ménage : les enfants en vacances, on fait le tri dans les chambres, on bouge les meubles… Je ne vous laisse guère d’espoir. Nous sommes bien devant un phénomène inexpliqué, voire surnaturel.

    Mais que font les chercheurs ? Dans notre pays réputé si rationnel depuis Descartes, n’est-ce pas un sujet intéressant ? Il se dit que les recherches sont lancées si le public concerné par les résultats est suffisamment large et argenté. Demandez autour de vous et vous saurez que nous sommes nombreux dans ce cas. Nous ne le clamons pas par crainte des réactions mais je suis persuadée que nous sommes des millions. Alors, de grâce, scientifiques du monde entier, mobilisez-vous pour découvrir où nos chaussettes s’évadent et aidez-nous à retrouver où se cachent les chaussettes devenues orphelines.
    Danielle 78

  8. laurence noyer dit :

    Ça y est on s’est dépareillé! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble entre chaussettes à carreaux…

    Un motif à carreau pour des chaussettes, vraiment c’est ridicule !
    Est-ce qu’il existe des carreaux à chaussettes ? NON !
    Ce sont les fenêtres qui ont des carreaux… vous avez déjà essayé de regarder à travers une chaussette ?
    Elle a eu bien raison de se dépareiller la demi paire.

    La chaussette à carreaux, un bon motif pour une rupture !

  9. ourcqs dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble,entre chaussettes à carreaux…
    Ce matin, en partant, je synchronise, et surprise, mon alter ego n’est plus mon jumeau !! à chaque pas cela se précise, il a abandonné les carreaux et vise dorénavant la gamme grise. Il méprise ma ringardise, pourtant il aimait bien nos couleurs exquises, quelle vantardise!
    Qu’il en fasse à sa guise, qu’il se ridiculise, moi, je maîtrise, je rationalise .
    Ma devise « je poétise »…..

  10. Christine Macé dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé ! Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble,entre chaussettes à carreaux…

    Notre idylle avait commencé entre les mains des tricoteuses : une maille à l’endroit, une maille à l’envers, changement de fil pour faire les carreaux, des rouges, des bleus, des verts. On nous avait rapidement mariées, comme qui dirait à la vie, à la mort, jusqu’à ce qu’il vienne nous extirper du rayon, non sans avoir vérifié l’étiquette qui précisait « mohair » et « indémodable », deux éléments incontournables à ses yeux de gentleman anglais. La grande aventure avait commencé. Mais à cet instant, nous ignorions que nous allions désormais chausser le pied d’un lord, et pas n’importe lequel : Sherlock Holmes lui-même !
    En arrivant au manoir, nous fûmes aussitôt confiées au bon soin de sa gouvernante, prénommée Abigail, une vieille fille aussi dévouée à son maître qu’un bon vieux Saint-Bernard. Grande prêtresse de la garde-robe du détective, qu’elle seule avait le droit d’enfreindre, elle gardait jalousement les clés de ce sérail inviolable : un dressing aux dimensions impressionnantes, avec de grands miroirs et une enfilade de placards où étaient strictement entreposés les costumes, chemises et cravates, manteaux, chapeaux et gants, auxquelles s’ajoutait un nombre incalculable de paires de chaussures. Les chaussettes étaient méticuleusement rangées sur des étagères de bois sombre, classées par qualité et par couleur : un festival bigarré. Sans compter que tout ça sentait diablement bon – et non pas la vieille chèvre comme c’est souvent le cas dans les vulgaires tiroirs à chaussettes de beaucoup d’Anglais !
    En découvrant ce lieu mirifique, je me collais un peu plus à ma compagne : Abigail nous zieuta sous toutes les coutures avant d’ouvrir le « bon tiroir », celui dans lequel désormais nous aurions notre vraie place. Elle relégua sur l’étagère du dessous une paires de chaussettes à pois en faisant une grimace (elle n’avait jamais pu les piffer) et nous déposa cérémonieusement entre deux paires d’écossaises pure laine. Immédiatement, nous sentîmes monter l’animosité de nos voisines mais la très légère caresse que nous fit Abigail avant de refermer le tiroir nous assura sans conteste notre légitimité. Nous venions de franchir les portes du harem, il ne nous restait plus qu’à attendre qu’on vienne nous en extraire pour satisfaire les caprices du maître.
    Ce qui ne tarda pas, Abigail ayant – pour une raison que nous avons toujours ignoré – jeté son dévolu sur nous : dès le lendemain, au petit jour, nous fûmes présentées aux augustes ripatons du lord, ajustés à chacun de ses orteils avec application comme une paire de gants beurre frais, et remontés avec grâce sur sa cheville avant de nous introduire, chausse-pied à l’appui, dans une sublime paire de british-shoes.
    Sherlock opina du chef, ce qui signifiait qu’il était satisfait, réclama son écharpe et sa canne et nous partîmes pour notre première virée dans les rues de Londres. Nous fûmes ainsi de toutes les grandes enquêtes, Abigail ne cachant plus désormais un net penchant pour nos carreaux dont nous l’avions entendu dire en catimini à la cuisinière qu’ils portaient bonheur au maître ! Jamais d’ailleurs – contrairement aux autres – nous ne fûmes lavés à la machine, mais toujours à la main (celles de la vieille demoiselle) avec un savon doux parfumé au santal.
    Nous avons mené cette vie de rêve de longs mois, fait de nombreux voyages, et même été présentées à Sa Majesté la Reine. Toujours en première ligne, au-dessus de la pile, ce qui fît grincer plus d’un élastique : une seule fois, on faillit pourtant nous oublier et Abigail, terrorisée à l’idée de cette bévue, frôla l’infarctus.
    Sherlock lui-même feignait de ne prêter aucune attention particulière à cette sélection fanatique : « cette paire là ou une autre, quelle importance ! » ; mais le regard de sa vieille gouvernante coupait court à toute discussion. Au retour, ça jasait dans le tiroir, et pas qu’un peu !
    Jusqu’au jour funeste où fut placée à nos côtés une paire de chaussettes en fil, non seulement unies mais d’une couleur à hurler : elles étaient orange, du plus criard qui se fasse, et je sentis immédiatement le danger. Ma moitié, tout d’abord interloquée elle aussi, fut prise d’un fou-rire irrépressible, entraînant bientôt les nouvelles qui cédèrent à l’hilarité. Les autres faisaient des « chut ! » à qui mieux-mieux, craignant d’attirer l’attention de la domesticité. Quand enfin tout se calma, mon alter-ego se mit à discourir gentiment avec sa voisine qui finit par l’embobiner ! J’eus beau tenter de m’interposer, de lui signifier que nous avions notre rang à tenir, que ces deux-là – tellement communes – n’étaient qu’une erreur, un caprice, que jamais elles ne sortiraient du tiroir… rien n’y fît. La séparation, irrémédiable, fut bientôt consommée. Désormais, Abigail avait la plus grande difficulté à reconstituer notre paire, à son grand désespoir. Et pour cause ! Ma moitié s’était incrustée chez les deux autres, ravies de pouvoir faire quelques parties fines à trois ! À ma déchéance s’ajoutait la honte.
    Aujourd’hui je coule des heures paisibles au fond d’un vieux carton avec des compagnes d’infortune qui, elles aussi, ont cessé de faire la paire. On parle du bon vieux temps, on se raconte nos escapades d’antan, sans amertume, c’est la vie ! Notre espoir : être mutées à l’office pour faire briller les cuivres ou les pompes, retrouver Abigail – qui a bien vieilli – et les petites bonnes, leurs mimines et leur joli minois : pour une fin de carrière, ce serait le pied !

    Bon week-end, Christine

  11. Jean Louis Maître dit :

    Les Chaussettes
    Sur l’air de La Complainte du Progrès, de Boris Vian.

    Autrefois, quand la chaussette
    Filtrait le café,
    Qu’à la place de la moquette,
    C’était du pavé,
    Quand on remaillait les bas
    Qui avaient filé,
    En amour, les hauts, les bas
    Ca se compensait !

    Ah ! Bidule !
    T’as un coup d’vieux !
    Tu crois qu’avant, c’est mieux !
    Le mariage,
    La vaisselle, le ménage
    Le retour d’âge
    Et les kilos en trop !
    Les coups de rage,
    Les jours de repassage,
    Les amours de passage,
    Les secrets du bureau !

    Mais les scènes de ménage,
    Ca durait, durait !
    Parvenu au 3e âge
    On se haïssait !
    Maintenant, c’est plus pareil !
    Ca change, ça change !
    Et si tu me rends la pareille,
    Sur Meetic, je t’échange !

    Ah ! Bidule !
    Je pense à moi,
    J’vis plus sous le même toit !
    Je déménage !
    Je quitte cette cage !
    Je vais seul sur la plage
    Je prends deux apéros !
    Je cache mon âge !
    A moi les effeuillages
    Je cesse d’être sage
    Je hante les bistrots !

    Maintenant, on est pacsé
    Et l’on vit ensemble.
    On se moque du passé
    Comme bon nous semble !
    Deux chaussettes trop usées
    Sont d’un goût douteux
    Autant les dépareiller
    Et l’on vit heureux !

    Ah ! Bidule !
    T’as un coup d’vieux !
    Tu crois qu’avant, c’est mieux !
    Et puis, on croise
    Deux vieux très amoureux
    Qui se donnent la main
    Sans peur du lendemain.
    Fini les phrases,
    Les beaux discours pompeux !
    On a les larmes aux yeux,
    On mâche son chagrin…

    S’il y avait une recette
    Cela se saurait !
    On vit comme des chaussettes
    Cela se pourrait !

    Cela se pourrait !

  12. Stephanie dit :

    Ça y est, on s’est dépareillé !
    Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble,
    entre chaussettes à carreaux…
    Et bas de contention. Nous attendions ce moment avec impatience, gauche était d’ailleurs la plus impatiente de nous deux. Moi droite, j’en avais pris mon parti. D’ailleurs, je passais mon temps a lui dire de relativiser, de vivre les choses comme elles venaient, de prendre du recul. Le dépareillage viendrait de toute façon. Ce n’était qu’une question de jours.
    Il faut dire que depuis trois mois, nous deux cela ne collait plus. Notre relation était consommée.
    Je suis droite, elle est gauche. Oui, Nous avons la chance d’être identiques mais aussi différentes. A bien nous observer, gauche possède un petit pression sur son côté droit, et moi c’est du côté gauche. Ce petit pression, c’est notre marque de fabrique, ce fut aussi notre force pour rester ensemble si longtemps. Ce petit détail, nous aura permis de mener une longue vie commune. Notre différence nous permit d’être mieux considérées par notre maître. Nous étions cajolées, et passions moins de temps que les autres dans le panier de linge sale, nous sortions souvent, nous étions utiles, plus utiles que les autres. Mais ce pression nous a empêché d’aller voir ailleurs, d’être libres, de découvrir d’autres univers.
    Un simple clic entre nous. Et hop, nous passions ensemble de la machine, au panier de linge, sans jamais être séparées. Cela nous a usé plus vite que les autres, je crois. Nous ne supportions plus. Nous avions convenu d’un dépareillage à l’amiable. Chacune s’était engagée à laisser la séparation se faire, et surtout ne rien entreprendre pour se retrouver.
    La semaine dernière, Gauche est rentrée dans le tiroir, toute excitée. Elle avait croisée une nouvelle paire de chaussettes dans la machine à laver. Ces deux chaussettes étaient en tous points semblables à nous, l’usure en moins. Même couleur, même taille, même bouton pression.
    Le dépareillage était imminent.
    Depuis hier, ma vie a changé, à la sortie du sèche linge, j’ai rencontré une nouvelle Gauche, plus jeune que moi, tellement jolie, douce et pleine d’élasticité et de rondeurs. Elle s’adapte à toutes les situations. Elle me pousse à intervertir nos positions, elle est extraordinaire. Elle veut changer de pied, tenter l’expérience de la droite et me faire passer à gauche. Elle a de drôles d’idées cette nouvelle Gauche, comme si gauche et droite n’avait plus d’importance. Mais, je l’adore, elle donne une nouvelle dimension a ma vie, me donne de l’espoir.
    Je sais que ce nouveau tandem ne va pas durer, car il y a de fortes chances pour que je retrouve l’ancienne Gauche la semaine prochaine. J’ai hâte, qu’elle me raconte sa vie avec la nouvelle Droite!

  13. durand dit :

    Ca y est, on s’est dépareillé!

    Cela faisait pourtant des années qu’on vivait ensemble, entre chaussettes à

    carreaux.

    Elle, elle a choisi de se marier avec une bonne vieille chaussette de montagne

    aux poils qui grattent. Surtout après 8 h de marche et 1800 mètres de dénivelé.

    Les grands espaces ont toujours une drôle d’odeur, vu de l’intérieur.

    Elle m’a envoyé une carte postale de Chamonix, du chalet qu’il lui a payé. C’est

    pas mal, mais je trouve que c’est cher du mètre carré pour regarder fondre un

    glacier.

    Moi, le hasard m’a fait choisir une autre mer. J’ai rencontré une mignonne

    socquette rose faisant de l’auto stop. Mon vieux combi WW n’a pas été bien

    difficile à arrêter. Il ne dépasse plus les 45kms à l’heure…..n’en fait guère plus

    de 50 à la journée.

    Elle allait nulle part. Ca tombait bien. C’était juste ma destination. Alors on s’est

    promené ensemble de plages en criques, de grèves en côtes.

    Elle collectionnait les tongs abandonnées sur le sable.

    Dans ce monde parallèle tout était également bien dépareillé.

    Malgré les différences de pointures et les motifs plus loufoques les uns

    que les autres,elle s’acharnait à vouloir les fiancer. Elle trichait souvent pour

    tenter de faire vivre une relation boiteuse.

    Et quand l’évidence lui tapait sur la tête, elle pleurait.

    Moi, je récoltais ses larmes salées dans de petits flacons.

    Et chaque fin de semaine, j’y faisais cuire des pâtes, rien que pour nous deux.

    La nuit, notre prof de philosophie nous hululait: »Les liens les plus solides sont

    ceux tendrement tissés, sans fil à la patte ».

    Nous projetons d’acheter deux chevaux et une roulotte, d’adopter un couple de

    cigognes. Elles nicheront tranquilles sur le toit. Et quand elles aurons des petits,

    on jouera au parrain et à la marraine.

    Tous les jours,on creusera de nouveaux chemins, ces fameuses traverses qui

    stoppent les trains à grand vertige et les avions gazés.

    On soignera le petit pas.

    La vie des autoroutes, ça passe vraiment trop vite.

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