Exercice inédit d’écriture créative 62

Il (elle) visitait le musée de l’homme,
quand un squelette attira son attention. 

Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à…

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15 réponses

  1. Clémence dit :

    Elle visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.  Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à…

    AVERTISSEMENT : Ceci est une fiction puisque le Musée de l’Homme n’a pas encore ouvert ses portes depuis sa rénovation longue de six années….

    Mais bien sûr ! Pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? S’écria-t-elle ….

    FLASH BACK.
    Une journée quelque peu harassante. Vous savez ce que c’est, vous, les femmes !

    Se lever avant tout le monde, se faire belle et accueillante pour les ours et oursons qui s’installeront en grognant autour de la table du petit déjeuner.

    Kidnapper ces mêmes oursons au vol avec leur attirail et les débarquer devant leurs écoles respectives.
    Filer, sans filer ses bas, au bureau et y arriver pimpante et souriante. Parée à faire face, front et fi de toute situation.

    Passer au super marché, récupérer les mômes, commencer sa deuxième journée.

    Écouter, aider, chercher, cuisiner, repasser, doucher, coucher, gronder et câliner…et plus si affinité !

    Il faut le triple-souligner. Avec le temps et quelques combats, les femmes ont obtenu aide et indépendance. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, parfois, pas du tout.

    Trêve de doléances. Elle, comme toutes les « Elle », assumait. Et si parfois, elle baissait les bras, elle fredonnait sa chanson fétiche «Femme libérée ». Comme pour la publicité de Mars, un couplet et ça repart !

    AUJOURD’HUI.
    Ce mercredi, elle s’accordait une pause culturelle. Au Musée de l’Homme, fraîchement rénové.

    Être humain ? D’où venons-nous ? Quel avenir pour l’humanité ? Immersion spatio-temporelle absolue.

    Tout à coup, un squelette attira son attention.

    Sa posture, sa taille, sa denture… tout lui faisait penser à …. un homme. A un homme et non à l’Homme.
    Ce musée était bien le musée de l’homme !

    Elle revint à son point de départ et recommença sa visite. Elle observa plus finement, recherchant « le » détail qui lui permettrait de reconnaître une consœur ancestrale.

    Rien…. Tous les squelettes étaient bien des squelettes d’hommes.

    Elle rentra à la maison, s’installa devant son PC et rédigea une lettre à l’attention de Madame « le »
    Conservateur en chef du Patrimoine et directrice du projet de rénovation du musée de l’Homme depuis 2012.

    Outre les félicitations d’usage, le contenu porta sur sa déception de ne pas voir de squelettes représentant la gente féminine.

    Elle argumenta par une liste de détails impertinents :
    – tous les squelettes ont une posture bien verticale alors que celui des femmes a une posture courbée ;( la progéniture est d’abord immobile puis fuyante, surtout de petite taille)
    – tous les squelettes ont une seule encoche scapulaire pour l’humérus alors que celui des femmes en compte au moins deux, voire trois; (habitude de faire au moins deux, voire trois choses à la fois)
    – tous les squelettes ont des tarses et des carpes en parfait état alors que ceux des femmes sont déformés ; (les travaux ménagers et les chaussures à talons laissent des traces indélébiles)
    – toutes les dentitions sont d’origine alors que celles des femmes sont endommagées (emballages de Carambars à ouvrir, bouchons à dévisser , divers objets entre les dents car mains occupées…)

    Elle souligna également qu’il n’était pas nécessaire d’être-davantage-exhaustive-en-termes-de-sexisme dans son énumération. Madame « le Conservateur », est elle-même concernée.

    Elle termina son courrier par une demande originale (mais qui probablement restera sans suite – quoique…) : instaurer la parité homme-femme dans ce temple représentatif de l’humanité.

  2. Sabine dit :

    Elle visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser au gardien du musée. Ce n’était pas possible, poutant elle en était certaine. Elle connaissait le musée et son gardien depuis tant d’années.
    « Son frère jumeau, peut-être » pensa-t-elle.
    Le doute persistant, elle alla trouver le gardien :
    « -Dites-moi, Jean-Pierre, c’est votre frère jumeau le squelette de la salle 14 ?
    -Mon jumeau ? Non. Je suis fils unique.
    -Pourtant il vous ressemble comme deux gouttes d’eau.
    -Allons, Sophie. A force de nous fréquenter, vous vous inventez des histoires.
    -Sûrement pas ! Suivez-moi. »
    Il l’accompagna en riant jusqu’à la salle 14.
    Sophie reprit :
    « – Vous voyez, c’est vous !
    – Loin de là.
    – Collez-vous à lui.
    – Quelle drôle d’idée. Vous devriez allez vous reposer un peu.
    – Collez vous à lui. Si ce n’est pas vous, qu’est-ce que vous risquez ?
    – Bon. Vous l’aurez voulu… »
    Il s’approcha. Sophie saisit les membres et la tête du gardien et les fit parfaitement coïncider au squelette. Toute la pièce se mit à trembler et, comme dans un étrange tableau, le gardien et le squelette ne firent plus qu’un.
    « – Vous l’avez voulu, dit une voix d’outre tombe. C’est mon squelette…
    Sophie bafouilla.
    -Mais…Mais…vous êtes un fantôme ! »
    Le gardien ressortit d’un bond de son squelette et reprit son aspect habituel.
    « -Si vous voulez.
    – Alors ce n’est pas une légende ? Tout le monde le dit, en ville, que vous êtes un fantôme.
    – Et vous y avez cru ?
    – Bien sûr que non. Enfin…pas jusqu’à maintenant.
    – Allez donc à votre tour clamer dans toute la ville que le gardien du musée est un fantôme… »

    ©Margine

  3. Halima BELGHITI dit :

    Elle visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à lui.
    Soudain, elle éclata de rire ! Mais comment s’était-il retrouvé là ? Par quel miracle, était-il dans ce musée ? C’était lui…elle en était sûre. Elle reconnaissait la forme de son visage, son bassin si particulier et même ses homoplates de bucheron.
    Elle en était fort perplexe. Il avait souhaité être enterré dans le jardin de la grande propriété familliale aux côtés de sa femme. Certes, à sa mort, le terrain avait été vendu à un promoteur immobilier. Ce dernier avait-il organisé des fouilles dans le jardin ? Ou peut-être avait-il été déterré par mégarde par ses énormes machines de contruction qui retournent la terre ? Elle sourit. Elle était émue aux larmes. Il était mort de mort naturelle à 105 ans. Il avait vécu une vie riche et épanouie. Il avait laissé une grande descendance, des enfants, six se disait-elle en comptant son propre père, même si ce dernier avait été renié pour avoir épousé sa mère, une équilibriste de cirque. Elle se souvient que son grand-père adorait les recevoir chez lui, elle et ses frères, mais ne voulait pas entendre parler des ses parents, de son fils rebelle qui n’en avait fait qu’à sa tête. Alors ceux-ci les déposait souvent le week-end sur le pas de la porte de la grande propriété et revenaient les chercher le dimanche soir. Son grand-père, un homme d’apparence rigide, adorait rire et s’amuser . Il lui inventait des histoire abracadabrantes pour l’endormir et faisient preuve de beaucoup d’imagination pour distraire la ribanbelle de ses petits-enfants dont les parents étaient trop heureux de se débarasser pour avoir un peu de temps pour eux. Les fêtes familiales étaient toujours très animées et joyeuses. Mais son grand-père n’avait qu’un seul regret. Inventeur de choses inutiles à ses heures, il regrettait de n’avoir jamais connu son quart-d’heure de gloire . Il en voulait secrètement à la terre entière de ne pas reconnaitre son talent, et de ne pas lui rendre hommage pour tout ce qu’il avait crée, disait-il, pour améliorer le sort de l’humanité. Et voila que l’humanité toute entière, des touristes pour la plupart, venaient lui rendre visite, et s’attarder devant son squelette, expposé dans un musée…Il l’aura eu sa gloire, et sa reconnaissance…et bien plus longtemps qu’un quart-d’heure ! Même si c’est à titre posthume…même s’il n’est pas physiquement présent pour s’en gargariser. Elle sourit et le regarda avec tendresse…Je suis sûre, pensa-t-elle que de là où il est, il doit se réjouir. Elle le revoyait hôcher de la tête comme il en avait l’habitude, et dire, comme il aimait tant le faire, avec un petit sourire en coin  » Vous voyez, je vous l’avais bien dit…! « 

  4. ’’Mais oui’’ se dit-elle, intérieurement…. ’’c’est vrai qu’il lui ressemble ’’..elle recula de deux pas….là la ressemblance était frappante. Elle se mit à sourire …cette petite taille, ce menton relevé, cette dentition qui semblait trop grande pour des lèvres ostensiblement pincées, ce nez aplati, ce front en arrière, ces orbites où soudain elle vit apparaître le regard perçant et toujours désapprobateur de la tante Hortense…
    ’’Ah ah ’’se dit-elle ‘’’il ne lui manque plus que son ridicule petit chapeau noir, son sac à main et son missel entre les main’’
    … ’’cette vieille bigote comme disaient les uns de la famille, cette vieille chouette comme disaient les autres!’’…
    …. ’’que de souvenirs! ’’….
    Geneviève Tavernier

  5. SMoreau dit :

    Il visitait le musée le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à M. Assard. Il l’avait aperçu sans le faire exprès quand il s’était glissé entre lui et l’appareil radiologique. Une image soudaine et brève mais si attractive.
    Moche, avec sa peau, sa chair flasque et ses cheveux, il était devenu beau à nu. Son ossature était parfaite ! Ses os attirants. Une envie de le mordre l’avait soudain envahi. Bien éduqué, il s’était retenu. Etait sorti du cabinet sans trop baver. Mais là avec sa maitresse au musée, ce squelette réveilla son attirance et son appétit. Sym’pa tira sur sa laisse, s’échappa vivement et s’empara du tibia. Bien meilleur que le poulet !

  6. Antonio dit :

    Merci Marie-Ange pour votre encouragement ! … Avec un tel thème on a vite fait de jeter un froid ! 🙂

    Heureusement je vois que d’autres s’attèlent à lui redonner vie avec une belle inspiration ! … A qui le tour ?

  7. Peggy dit :

    Il (elle) visitait le musée le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille , sa denture, tout lui faisait penser à …..

    – penser à…. penser à……..bon sang ce squelette me fait penser à qui, à quoi ?
    Zut, je ne trouve pas, pourtant il ne m’est pas inconnu. L’annulaire plus court que la normale, ce pied tourné un peu vers l’intérieur, ce déhanchement à gauche et sa canine mal alignée……….Bof !

    Malgré tous ces indices, Franck ne veut pas se laisser distraire de son objectif. Il est venu pour travailler sur une exposition qu’il attendait avec impatience :  les têtes réduites jivaros. Il sort son calepin pour prendre des notes, mais n’arrive pas à se concentrer et revient sur ses pas, intrigué. Il se plante devant le squelette et essaie de découvrir pourquoi ces os l’interpellent. Il a beau tourner dans tous les sens la question, aucune réponse ne pointe. Découragé, il téléphone à son frère.

    – Allô Max. Ecoute, je suis venu au Musée de l’homme pour l’expo sur les têtes réduites et je tombe sur un nouveau squelette qu’ils ont installé. J’ai l’impression de l’avoir déjà vu, mais il y a quand même quelque chose qui me gêne, et je n’arrive pas à comprendre quoi.
    – Salut Franck. Vas voir ton expo et laisse tomber les osselets
    – Sois sympa, viens, je suis sûre que ça va faire « tilt » avec ta mémoire napoléonienne. Je sens que ce squelette nous unit quelque part.
    – T’es malade !
    – S’il te plaît ôte-moi de la tête cette idée sûrement idiote. Je me suis déclenché une migraine à force de chercher.
    – D’accord, j’arrive !

    Franck ne voit même pas son frère s’approcher de lui, son esprit est totalement captivé par cette impression de déjà-vu. Une main sur l’épaule le fait sursauter :

    – Merci mon vieux d’être venu. Regarde qu’en penses-tu ?

    Max scrute le squelette installé dans la vitrine au milieu de la salle. Son front se plisse, ses sourcils se rejoignent au-dessus du creux frontal de son nez… Il réfléchit.

    – Alors ?
    – Attends un peu : L’annulaire trop court, le déhanchement du côté gauche, le pied déformé vers l’intérieur..
    – Et la dent 
    Tu sais ? Je crois que j’y suis. Tu te souviens quand nous sommes partis, dans les années 80 travailler sur le site du Rift ? Réfléchis bien tu vas trouver aussi.
    – M… ça y est ! j’y suis ! c’est un faux
    – Exact mon vieux. C’est une reconstitution parfaite de trois squelettes différents en un seul!!!

    Peggy Malleret
    Janvier 2012

  8. Marie-Ange dit :

    … ou ne pas l’interpréter du tout…

  9. Marie-Ange dit :

    Antonio, moi je l’ai trouvé très beau votre texte (le 1er surtout !), et c’est vrai, il ne faut pas l’oublier, la mort fait partie de la vie… et chacun peut interpréter ce thème à sa façon !!! Encore bravo !

  10. Jean de Marque (alias Jean Marc Durand) dit :

    Il visitait le Musée de l’homme, quand un squelette attira son attention. Sa posture,sa taille,sa denture, tout lui faisait penser à elle. Le sourire si discret sur une blancheur de marbre. Le bras droit coupé à la hauteur de la troisième côte laissant deviner la fermeté du sein. Le bras gauche totalement sectionné à l’endroit de la clavicule ne parlant qu’à son imaginaire. Le patella du genou gauche légèrement avancé présumant de la finesse érotique de la dame. Les phalanges des orteils du pied droit en partie rognées pouvant laisser supposer le passage d’un (ou de plusieurs) galants enamourés.

    A y regarder d’à peine plus près, et plus longtemps il en était maintenant absolument certain. Il avait devant lui le squelette de cette dame qu’il avait si souvent croisé au Louvre: la Vénus de Milo!

    Jean de Marque (alias JM Durand)

  11. Antonio dit :

    Il faut dire que mon approche dramatico-historique de la deuxième guerre mondiale accentue l’effet macabre. Pour autant ce thème pourrait très bien nous inviter à partir sur un tout autre terrain plus léger voire drôle où la mort ne serait même pas présente.

    Tout est question d’écriture, de style. C’est ça qui est bien dans ce site, c’est que l’on peut s’aventurer partout, s’essayer à tout…. même si tout n’est pas toujours bon 🙂

    Allez on recommence !

    Il visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à… sa femme !

    Elle en devenait presque plus sympathique sans tout ses apparats farfelus, un maquillage à déclarer la guerre aux sioux, des parfums à repousser les moustiques les plus coriaces et des robes qu’elle semblait se tailler dans leurs rideaux à fleurs. Là, plus il regardait le squelette, plus il la trouvait classe… dans son plus simple appareil ! Sa denture lui donnait même du charme. Si, si !

    il faut dire que sa femme n’a toujours eu que les os et la peau, depuis qu’il y a vingt ans, elle s’était mise dans la tête d’être mannequin. A 53 ans, si elle s’est enfin résignée, elle mange toujours aussi peu. C’est bien simple, le squelette, là, avait plus de fesse qu’elle. Si, si !

    L’idée de l’emmener au musée lui traversa l’esprit. Il sourit, puis il abandonna.

    « Elle va le prendre mal, c’est sûr ! »

  12. Pascal Perrat dit :

    Bonjour Mariette

    La mort fait partie de la vie, même si dans notre culture
    on fait comme si elle n’existait pas.

    « Aujourd’hui, est le dernier jour du reste de notre vie… »

    Amicalement

    Pascal

  13. koerber dit :

    Bonjour 🙂

    personnellement, je trouve ce thème très macabre et je suis surprise de le trouver sur ce site

    cordialement

  14. Antonio dit :

    Elle visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention.
    Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à…

    « Non, ce n’est pas possible ! » cria-t-elle à haute voix dans la salle !
    Elle tourna autour du squelette, presque affolée, elle s’arrêta sur une plaie au thorax où elle posa délicatement sa main qu’elle laissa glisser dessus dans une longue caresse. Elle s’agenouilla, s’attarda sur les phalanges de ses doigts de pied.

    « Mon dieu ! … Oh ! … B… » . Des sanglots étouffèrent son nom qui s’étrangla dans sa gorge. Elle hoquetait, cherchait sa respiration quand elle s’évanouit. Quelqu’un appela de l’aide. On l’emmena dans une pièce privée du musée. On la ranima. Elle ouvrit les yeux. Elle regarda autour d’elle, fixa l’infirmier ou le docteur qui l’auscultait.

    « Madame ? »
    Elle semblait regarder au-delà des yeux du jeune docteur, dans l’au-delà ! Son regard se figea dans une expression d’horreur qui la saisit d’effroi. Elle poussa un cri de terreur qui glaça tout le monde. Pour qui croyait au démon, il ne l’aurait pas imaginé autrement prenant possession d’un corps.

    « Elle est possédée, lâcha même une femme dans l’assistance de curieux, parmi le personnel du musée, qui s’agglutinaient, de plus en plus nombreux depuis le hurlement ».

    « S’il vous plaît, faites évacuer ces gens ! ». Le directeur présent s’exécuta. « Allez, à vos postes ! ». Le toubib agita sa main devant les yeux de la victime, perdus dans un vide apparent. Quand soudain elle agrippa les doigts qui détournèrent son regard. Elle semblait revenir à elle et à ce qui l’entourait.

    « Madame, tout va bien, vous avez eu un malaise ! »
    La femme se redressa brusquement sans lâcher la main du docteur.
    « Où est-il ?
    – Pardon ?
    – Où est-il, je veux le revoir !
    – De qui parlez-vous ?
    – De Boris. Ils l’ont tué. Mon Dieu !
    – Calmez-vous, vous êtes encore sous le choc !
    – Il est là, je vous dis ! »
    Elle se leva repoussant le docteur et se dirigea vers la porte de sortie.

    « Où est la salle principale ? réclama-t-elle à un agent du musée dans le couloir ».
    Il lui indiqua la direction, elle s’y précipita, le docteur et le directeur lui emboîtèrent son pas de course. Une fois devant le squelette, elle s’immobilisa.

    « Boris ! »
    Ses mains reproduirent ces gestes tendres qu’elle affectionnait autrefois sur ce visage disparu que sa mémoire reconstitua aussitôt. Elle se mit à sangloter à nouveau.
    Le docteur voulu intervenir quand le directeur s’interposa et s’approcha de la dame en pleurs.

    « Vous avez connu Boris ? ». Elle ne répondit pas, ses hoquets l’en empêchaient. Il poursuivit.
    « Nous avons souhaité rendre hommage à Boris et Anatole avec une exposition exceptionnelle à la mémoire de leurs actions »
    La femme se retourna et s’avança lentement vers l’autre squelette.
    « Anatole ? » murmura-t-elle.

    Le directeur comprit qu’il avait devant lui Yvonne Oddon, revenue il y a huit ans du camp de Ravensbrück où elle avait été faite prisonnière pour son appartenance au réseau de résistance formé autour de Boris Vildé. Elle avait été épargnée lors du jugement de tous les membres en 1942. Pas Boris, ni Anatole Lewitsky et quatre autres compagnons, qui furent exécutés par les allemands.

    (Musée de l’homme, 28 janvier 1952, histo-fiction dramatique)

  15. George Kassabgi dit :

    Il visitait le musée de l’homme, quand un squelette attira son attention. Sa posture, sa taille, sa denture, tout lui faisait penser à son grand amour qui mourut vingt ans auparavant après plusieurs longs mois de souffrances.

    Est-ce possible que l’âme de son grand amour soit là pour lui et donne à cet ensemble osseux un je ne sais quoi en plus qui provoque une ressemblance ? Il restait figé sur place pour de longues minutes, sans s’en rendre compte. D’autres visiteurs du musée passaient derrière lui, hésitaient deux ou trois secondes dans leur passage en fixant leur regard sur le squelette et, peut-être, se demandaient si lui était là en admiration pour une raison particulière à découvrir.

    Il décida de s’asseoir pas loin de là afin de contnuer son voyage dans les espaces les plus chéris et doux de sa mémoire sans attirer l’attention des visiteurs. Peu après il remarqua au fond de la salle une vitrine contenant plusieurs pièces et quelques photographies. Il décida de se déplacer et découvrir si il y avait une relation avec ce magnifique squelette placé au centre de la salle… qui était son univers en ce moment là. Déception. Aucun rapport. Mais le nom de l’anthropologue qui y était mentionné l’emmena à penser aussi à son voisin philosophe. Et cette connexion lui rappela que ce que l’on voit est souvent influencé par ce qui est, pour ainsi dire, maintenu en vie dans sa mémoire.

    Il sortit du musée et alla se promener dans le jardin avoisinant.

    Au fond, se dit-il, le voisin a raison… dans la vie, rien n’est simple car le présent est fille du passé…

    Puis, tout d’un coup, il se dit à haute voix : ce rosier me fait aussi penser à elle.

    George Kassabgi

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