Vérifier les harmoniques de son texte

cloches-sonnerComme vous le savez, l’harmonique est musicalement ce qu’on entend après qu’un instrument de musique se soit tu. Piano, violon, guitare, etc.
Selon les spécialistes en acoustique, c’est un son possédant une fréquence multiple de sa fréquence fondamentale (j’espère ne pas me tromper).
Un écho prolongé qui se répercute dans l’âme ou le coeur des mélomanes. C’est selon…
Il paraît que notre mémoire conserve certaines harmoniques ad vitam aeternam (clin d’oeil à la réforme scolaire).

Un bon texte émet aussi des harmoniques.
Parvenu à la dernière page, une fois le livre fermé, les phrases qu’on vient de lire résonnent encore dans notre mémoire.
Plus ou moins longtemps selon la force et le style de l’histoire que nous avons lue.

Comment vérifier les harmoniques de votre texte ?
Vous pouvez le lire à voix haute comme le faisait Flaubert dans son « gueuloir », mais
vous ne l’entendrez pas avec beaucoup de recul.
Employez plutôt une fonctionnalité présente aujourd’hui sur la plupart des ordinateurs.
Sur mon iMac OS, X il s’agit de VoiceOver. Cette application lit les textes qu’on lui soumet
avec un phrasé qui n’est pas le notre. Rien de tel pour apprécier sa prose !

Ceci dit, avez-vous déjà frissonné en lisant un livre ? Fait rarissime.
Un livre fait changer de monde, amuse, cultive, passe le temps, etc., il peut parfois provoquer quelques minimes sensations physiques mais ne donne jamais la chair de poule.
Seule la musique y parvient très facilement. Elle fait même marcher au pas et au combat…
Est-ce à dire que la musique est un art primitif comparée à l’écriture ?
Pour moi, cela ne fait aucun doute.

Suite à cet article, j’imagine que je vais me faire sonner les cloches.

14 réponses

  1. P.Tarep dit :

    La musique va droit au fond de l’âme chercher le chagrin ou la joie qui nous habite..

  2. Delphine dit :

    Merci Pascal , et Philippe . Je suis en formation musicale ( en chant) et … j’écris . . . alors évidemment ça résonne en moi .

  3. Je viens de visiter le musée Rabelais à la Devinière près de Chinon:
    « célèbre, frugal, patriotique, bénéfique, génie, automate, gymnaste, indigène, horaire »
    Tous ces mots qui résonnent aujourd’hui sous nos clochers ont été inventés par l’auteur de Gargantua.

  4. Saheb dit :

    Bonsoir Pascal

    Grâce à vos exercices , les mots deviennent des mélodies lexicales
    Ils jouent des sons et des lettres à donner des frissons à nos imaginations en chœur .

  5. Beautreillis dit :

    Belle et bonne analyse Philippe
    Vos arguments sont convaincants.
    Mais, comme Pascal, à ce qu’il me semble, j’imagine que la musique est née à partir
    de sons quelconques qui sonnèrent à l’oreille des premiers bipèdes.
    Quant au frisson, à part la fièvre on n’a pas fait mieux que la musique

    Cordialement

  6. Philippe dit :

    Re-bonjour,

    Après l’harmonique qui m’a un peu chatouillé l’oreille au hasard d’un lien qui pointait sur le détecteur, j’en « remets une couche » aujourd’hui sur le fond de l’article, et plus particulièrement sur la question « musique et frisson » (je résume…) – preuve de l’intérêt suscité par le propos, donc !

    Je pense en effet que le frisson musical se joue à 3 niveaux :

    1°) au niveau purement physique : même bien jouée la grosse caisse (ou la basse du hard rock), par exemple, ne dégage guère d’émotion, mais elle nous fait simplement vibrer, au sens propre du terme !

    2°) le « beau son » : un accord de cuivre, de voix, d’orgue… voire une note isolée, éventuellement magnifiée par une acoustique particulière, peut me faire frissonner pour lui/elle-même sans guère faire jouer l’intellect, simplement parce que pour moi cela « sonne » particulièrement bien, un point c’est tout.

    3°) enfin, la compréhension formelle, analytique, qui réclame un certain niveau de familiarisation voire quelques connaissances théoriques : la conduite des différentes « voix » (le contrepoint), l’ingéniosité et la succession des accords (l’harmonie), la subtilité d’une mélodie… tout cela, a minima bien joué/chanté, conduira tel ou tel à frissonner selon sa sensibilité et la hiérarchie de sa perception analytique.

    Si les trois motifs de frisson musical se combinent à l’infini, selon la musique et les conditions d’écoute, je tiens personnellement le troisième (savourer le contrepoint de Bach, une marche harmonique de Franck ou de Fauré…) pour quasiment aussi évolué et subtil que le langage, si bien que je m’inscris respectueusement mais résolument en faux contre le caractère supposé « primitif » de la musique, dans son ensemble, par rapport au langage.

    Bien cordialement – et musicalement.

  7. Philippe dit :

    Bonjour,

    Je ne suis pas spécialiste, juste amateur de musique, mais il me semble qu’il y a une petite confusion entre harmonique et résonance…

    L’harmonique en elle-même n’est que l’une des composantes d’un son. Une note de musique « pure » (dont s’approchera par exemple le son d’un diapason, ou celui de certains jeux d’orgue) est dépourvue d’harmoniques : si l’on analyse visuellement les fréquences, elle apparaîtra comme une simple onde sinusoïdale.

    En revanche une cloche, une voix, une trompette, un violon (…ou n’importe quel autre instrument !) font vibrer l’air avec de multiples harmoniques.

    Là où les deux peuvent se rejoindre, c’est lorsqu’un son relativement fort – un éclat de voix, par exemple – est émis à proximité d’objets susceptibles de résonner (vaisselle, bibelots métalliques, instruments de musique à cordes, etc.). On pourra alors entendre comme un écho ou plutôt un prolongement du son, mais limité à une seule note souvent beaucoup plus aiguë que le son initial que l’on a encore « dans l’oreille » : c’est une harmonique (ou plusieurs, parfois) qui a fait entrer en résonance quelque objet de l’environnement proche…

    Souhaitant à tous de belles harmonies…

  8. Sylvie dit :

    Bien sûr que l’on peut frissonner en lisant un livre, et heureusement ! Tout dépend de ce qu’on lit. Je frissonne, par exemple, quand je lis les romans d’André Brink ou « Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela.
    Il est vrai que l’on ne frissonne pas beaucoup, en revanche, en lisant certains auteurs qui inondent les étalages avec des histoires banales à souhait.

  9. Beryl Dey Hemm dit :

    Aucune intention de vous sonner les cloches, Pascal! Mais je ne suis pas d’accord: certains textes (rares?) donnent la chair de poule. En général c’est parce qu’ils sont (trop) beaux.
    Par contre, si certaines musiques sont bien sûr des chefs d’oeuvre émouvants, je reproche à la musique de toucher trop facilement parfois la corde sensible de la pseudo émotion: ou alors expliquez moi pourquoi certaines musiques à effet grandiloquent ou bien la musique militaire peut donner quelquefois la chair de poule???!! (à bon compte, avouez!)
    Mais peut-être ai-je une sensibilité à fleur de peau…

  10. Perrat Pascal dit :

    Merci Huguette, votre message fait chaud au coeur.

  11. Huguette dit :

    Cher Pascal,

    Un grand merci pour cette note sur les harmoniques. Vos textes me font toujours du bien, vous savez de quoi vous parlez et ça paraît.
    J’ai d’autant plus hâte à mon atelier d’écriture demain et ce soir je m’amuserai à mon groupe de ukulélé avec une harmonieuse pensée vers vous 🙂

    Bonne et belle journée à vous et aux autres lecteurs,
    Huguette du Québec xx

  12. Elisa dit :

    Loin de l’idée de te sonner les cloches, à toi qui nous donnes si souvent le « la ». Merci pour ton son de cloche toujours si juste 🙂

  13. Françoise Gare du Nord dit :

    un peu comme la persistance rétinienne avec la vision?

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