Cultivez l’art de la narration

À votre avis, que faisaient nos aïeux lorsque la nuit tombait et qu’il n’y avait pas encore l’électricité dans les rues et les maisons ?

parlotte-au-coin-du-feuPeut-être imaginez-vous qu’ils se couchaient comme les poules et se levaient au chant du coq pour s’adapter à la durée du jour ? Eh bien, vous vous trompez.
Nous, le soir, nous regardons passivement la télévision, un film ou une vidéo. Nous écoutons la radio ou nous lisons un livre. Quelques uns écrivent…
Nos aïeux, quant à eux, se réunissaient autour du feu pour bavarder de choses et d’autres et se racontaient des anecdotes et des histoires pendant des heures.
Ce n’est que lorsque la nuit était bien avancée qu’ils allaient dormir.

Pourquoi aborder ce sujet apparemment anodin ? Parce qu’il est rare que nous passions une soirée à partager des histoires en famille. Á cultiver l’art de la narration orale, « de faire une parlotte », comme nos anciens.
Généralement, chaque membre, isolement, met son cerveau en mode lessivage et le soumet aux détergents de notre époque : télé, réseaux, tablette, consoles, etc.
« Et pourquoi pas ? direz-vous, chacun son époque ! »
Oui, sauf que parmi nous certains tentent d’écrire des fictions : nouvelles, contes, romans, etc.
Mais n’ayant pas ou peu l’occasion de pratiquer l’art de raconter des histoires, faute de mieux, ils parlent d’eux, de leur petite vie. Manquant de pratique narrative, Ils sont incapables d’inventer une histoire originale, de faire vivre des personnages et d’entraîner d’éventuels lecteurs dans une belle aventure.
Nous avons perdu le goût des veillées au coin du feu, c’est ainsi. Mais il est toujours possible de cultiver l’art de la narration en d’autres occasions. Ne serait-ce qu’en racontant de mini-événements à ses proches dès que l’occasion se présente; voire, des histoires drôles entre amis. Á condition, bien sûr, de s’appliquer à donner une image, une voix, un physique aux acteurs qu’on met en scène.

11 réponses

  1. Beautreillis dit :

    Moi, quand je lis des livres aux petits enfants, je transforme le texte en m’inspirant des images. J’invente une nouvelle histoire à chaque fois. Les petits me disent que je me trompe et c’est drôle comme tout.

  2. Delphine B. dit :

    Bonjour et merci Pascal de cet article.
    J’ai passé plusieurs années à inventer des histoires dans.. Une école de théâtre . L’improvisation comme on l’appelle m’a donné envie d’écrire, tout est lié..
    J’ai mis du temps à aborder la relecture, travailler après le premier jet: là c’était un terrain totalement inconnu. ( Quand je m’y suis mise, pensant améliorer le texte j’en enlevais la sève ! Maintenant, relire, alléger devient un plaisir: Celui de faire ressortir la fraîcheur du  » premier jet »)
    Merci Pascal pour votre blog, c’est un soutien, une formidable caisse de résonance pour moi – même si je participe peu en ce moment !
    Votre façon de voir m’a toujours inspirée ou interpellée.

  3. Miel dit :

    @Christine,
    On serait sur Facebook que je vous aurais mis un gros j’aime ! Non sérieux, votre témoignage est très plaisant à lire car vous ne trichez pas…Vous racontez bien !

  4. Gontier Christine dit :

    Le souvenir de ces petites histoires m’a donné le sourire pour la journée 🙂 Merci Pascal ! ! !
    Aujourd’hui je vois tout cela différemment et plutôt que de me croire folle j’y vois un débordement d’imagination qui aura toujours rempli ma vie…
    J’en suis heureuse, c’est une grande richesse. De voir ma fille faire la même chose (que j’encourage vivement) me ravie.

    Très bonne journée à vous qui sans le savoir donnez le sourire aux gens.

  5. Gontier Christine dit :

    Lorsque j’étais petite (vers 8 ans) j’ai découvert les veillée en allant en colonie. J’adorais ça ! Je ne connaissais pas du tout. J’attendais impatiemment le soir. Loin de l’agitation de la journée nous étions obligé de faire silence et d’écouter.Autrement dit je me disais « ha enfin ils vont arrêter de parler et de gesticuler partout et on va pouvoir écouter ce qu’il se passe ! ». J’en avais des frissons. Souvent les histoires me rendaient tristes mais j’aimais ça. Je me souviens d’une chanson « prendre un enfant par la main » qui m’a émue mais je soutenais mes larmes pour ne pas me faire remarquer.

    Issue d’une famille nombreuse, je m’isolais sous ma couette jusque tard (vers 15 ans) pour me raconter des histoires à voix hautes. Et puis un jour je me suis dis « pfff personne ne fait ça, t’es folle tu arrêtes maintenant » et j’ai arrêté.

    Je racontais toutes sortes d’histoires à ma petite sœur. Je me souviens que nous nous enfermions dans les toilettes (comme pr se dire un secret) et que je lui racontais. Elle aimait bien et en garde encore le souvenir. Ça nous fait rire de nous les remémorer. J’adorais les histoires très tristes. Puis la vie active, la vie sérieuse , la vie d’adulte a pris le dessus. Je me suis mise à doubler ma production écrite en poème et petite histoires rigolotes que je me réservais. Et j’ai eu ma fille à qui j’ai recommencé à raconter des histoires. D’abord des histoires bien sages des livres puis petit à petit j’ai réintroduis mon imagination. Je changeais des pans de l’histoire trop sage pour piquer la curiosité de ma fille. Il n’y a pas longtemps j’ai inventé l’histoire d’un petit lapin à l’anus pailleté. On en a eu des fous rire. Je n’ai ni télé ni radio par choix. Le soir on se met tous dans un lit et on se raconte des choses. Soit des histoires lues, soit inventées ou des choses vécues, soit simplement nos journées. Ma fille adore que je lui raconte des choses de quand j’avais son âge. Parfois quand la fatigue est trop présente on s’isole tous un peu mais ce moment de partage me manque à chaque fois. J’adore lorsque ma fille court dans son lit en pyjama et me dit « viennnnns on va papoter maman !  » 🙂

    J’essaie de faire attention à ce que le quotidien et la morosité des choses à faire, des tâches répétitives ne prennent pas le dessus sur ce que nous sommes, sur nos relations et ne plus nier la petite fille en moi encore très présente… C’est un boulot de tous les jours !

    • Pascal Perrat dit :

      @christine Merci pour ce beau et tendre témoignage.
      Votre fille a de la chance de vous avoir pour maman

      • Gontier Christine dit :

        J’espère pour elle ! Quelle se construise bien. C’est tout ce que je souhaite pour tous les enfants… Je pense que on refait le monde en entourant nos enfants de jolies et tendres choses simples. 🙂 Merci à vous de m’avoir permise de me remémorer cela !

  6. Françoise Gare du Nord dit :

    Cultivez l’art de la narration

    Excuse-moi Pascal de mettre un bémol à ton commentaire enthousiaste sur les soirées d’antan. Je pense qu’elles devaient être aussi consacrées à médire des absents, activité encore largement répandue de nos jours (ex. pause « café » dans le cadre professionnel ou espace public dans les immeubles). Ce qui était et est encore une certaine façon d’inventer des histoires et des personnages puisque souvent nous parlons des autres sans savoir
    Ce que je viens d’écrire n’enlève rien à la seconde partie de ton billet

    Concernant le cinéma, j’ai constaté que depuis plusieurs mois, les films sont « inspirés d’une histoire vraie ». Mais que font les scénaristes ? Seraient-ils en panne d’inspiration et d’imagination ?

  7. Miel dit :

    Inventer des histoires à raconter auprès des enfants ou petits-enfants le soir lorsqu’ils sont dans leur lit plutôt que leur lire un livre… Un bon exercice, pas facile à faire lorsqu’on est fatigué mais les enfants adorent et en redemandent… On peut extrapoler, partir dans d’autres directions mais revenir à la trame, c’est ce que les enfants préfèrent…

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