Pour être sûr de ne pas être édité

Racontez votre vie

Choisissez un titre muet, le plus neutre possible

Commencez par un long prologue ennuyeux

Adoptez un ton affecté

Écrivez pour vous, pas pour l’intérêt de vos éventuels lecteurs

Ne les bousculez pas, évitez de les surprendre, vous pourriez les déranger

Soyez moralisateur, donnez des leçons, surtout pour conclure

Veillez à l’incohérence  de votre intrigue

Cultivez la mièvrerie

Imitez maladroitement le style de votre écrivain préféré

Faites en sorte que vos lecteurs ne partagent aucune émotion avec vos personnages fictifs

Employez la voix passive

Répétez à satiété : « dit-il », « dit-elle », « il », « elle »

Fiez-vous au correcteur d’orthographe et de grammaire intégré à votre traitement de texte

Ne prenez jamais le temps de lire les romans dont tout le monde parle

N’étonnez pas, écrivez toujours de manière à ne pas surprendre

Plagiez les dialogues des séries télé, faites parler vos personnages avec des expressions moissonnées sur les médias

Prenez un congé sabbatique entre chaque chapitre

Ne vous relisez pas. Si toutefois l’envie vous vient, veillez à conserver toutes les répétitions et les descriptions ennuyeuses

Forcez sur l’adjectif, l’adverbe et les verbes : avoir, être, dire, etc.

Ne ponctuez pas, ça n’a aucune utilité

Employez les Smileys pour exprimer vos émotions, un dessin vaut mieux qu’un long discours

Travaillez sur plusieurs livres en même temps

Montrez qu’en matière de clichés « on ne vous l’a fait pas ! »

Ne demandez l’avis sur votre manuscrit qu’à des membres de votre famille et à vos amis.

Si vous suivez mes conseils soyez sûr qu’aucun éditeur ne viendra vous casser les pieds
en vous demandant de modifier ou supprimer tel passage, accepter tel titre, revoir tel personnage, etc.

Mais sait-on jamais ? Alors retenez cela :

cqmQuand vous adressez un manuscrit aux grands éditeurs, sachez qu’il ne sera pas lu comme espéré. Comme par un ami…
Mais comme on le fait généralement dans une librairie, quand la couverture ou le titre d’un livre retient notre attention.

Quelqu’un le feuillettera, lira quelques pages, puis cochera une ou deux cases sur un formulaire maison et passera au suivant.
Quelques semaines ou mois, plus tard, vous recevrez peut-être une lettre de refus stéréotypée.

N’oubliez jamais qu’un grand éditeur est un commerçant peu enclin à prendre des risques avec les débutants.
Un chef d’entreprise qui préfère éditer des auteurs connus pour être sûr d’avoir un retour sur investissement.
Si parfois votre manuscrit est retenu, il ne bénéficiera pas d’une grande communication pour le promouvoir.
Ne rêvez pas d’interview radio et de passages à la télé, à moins d’obtenir le Goncourt…

Vous avec donc intérêt à vous tourner vers les petits éditeurs, ceux qui prennent le temps d’approfondir, pour voir si par chance, ils n’ont pas entre les mains, un futur best-seller.
Si votre livre est est accepté vous aurez plus de chance que votre style et votre intrigue soient respectés.
Votre personne aussi..

16 réponses

  1. littéra bulle dit :

    Je tombe par hasard sur cette discussion et je suis un peu interloquée. il n’ y a pas de solutions ou de recettes miracle pour être édité. Raconter sa vie, celle des autres qu’importe, un livre bien écrit et avec de l’émotion séduira à coup sûr, maintenant bien écrit est une autre discussion qui pourrait prendre des heures. Je suis écrivain et journaliste, présidente du jury des prix littéraires d’un des plus grand salons du livre de France et je puis vous dire qu’entre les écrivains qui disent savoir écrire et ceux qui écrivent bien, il y a un immense fossé. Un livre intéressant est en principe retenu par une maison d’édition, grande, moyenne ou petite, le problème est que ce genre de livre est rare. tout le monde veut devenir écrivain aujourd’hui, c’est ça le drame. On ne devient pas écrivain, on l’est c’est tout. Alors certains tombent dans l’auto-édition, les comptes d’auteurs, se ruinent parce qu’ils veulent devenir écrivain à tout prix. Lisez, écrivez ce qu’il y a au fond de vous, et puis, au fur et à mesure, vous verrez bien de quoi il en retourne, ne soyez pas pressés !

    • Perrat Pascal dit :

      « On ne devient pas écrivain, on l’est c’est tout » dites-vous. Permettez-moi de ne pas être d’accord. Ecrire est un métier, on peut avoir des dispositions mais cela ne suffit pas.
      « tout le monde veut devenir écrivain aujourd’hui, c’est ça le drame » ajoutez-vous. Moi, ça me réjouit. On n’a jamais autant écrit et tant mieux !
      « Lisez, écrivez ce qu’il y a au fond de vous, et puis, au fur et à mesure, vous verrez bien de quoi il en retourne, ne soyez pas pressés !  » je vous approuve. Merci pour votre participation à cette discussion lancée comme un clin d’oeil

    • Lecoq Maryline dit :

      Je ne vois pas pourquoi vous vous dites « interloquée »… il n’y a vraiment pas de quoi. Il me semble même, si vous me permettez de vous donner le fond de ma pensée, qu’à la lecture de tous les échanges, vous n’êtes pas vraiment dans le sujet. Personne ici, ne s’est prétendu « écrivain » (sauf vous) mais tous, sont des passionnés d’écriture. Certes, il existe des écrivains naturellement doués pour coucher sur le papier leurs histoires et être édités mais il y a aussi, ceux qui, parce qu’ils aiment écrire, ont appris à le faire en développant leur style grâce à L’ECRIT-VOIR, d’ailleurs. Dans ceux-là, certains sont parfois devenus des auteurs édités et d’autres, ont pu simplement s’adonner à leur passion, personnellement ou professionnellement, confiants et sereins quant à leur devenir d’auteur. J’ajoute, qu’il ne faudrait surtout pas croire que le but de tous ces futurs auteurs/écrivains soit celui d’être édités à tout prix et par n’importe quelle maison. Ce serait une erreur… surtout lorsque l’on voit un bouquin (même pas un livre) comme « Merci pour ce moment », aussi mal écrit (pourtant V.T. est journaliste elle aussi), être édité juste pour une histoire de fric (pour ne pas dire autre chose)… A partir de là, je crois que pour nous tous, même si nous ne sommes pas des personnages connus, tous les espoirs sont permis. Après tout, des éditeurs purs et vrais, empreints de déontologie, ça existe aussi quelque part.

  2. Très intéressants, vos conseils, Pascal ….
    J’ai eu la chance de partager des moments avec des auteurs édités, dont un dont je ne citerai pas le nom juste par discrétion parce qu’il est très connu comme auteur-jeunesse (et très étudié en classe)et j’ai appris de lui, qu’il est demandé aux auteurs jeunesse de ne pas dépasser un certain nombre de lignes pour décrire, de ne pas faire penser mais agir les personnages, d’utiliser au maximum le présent et les temps simples….etc. Ces dires ont été confirmés par d’autres auteurs.
    Jules Verne, Alexandre Dumas n’auraient pas leur chance aujourd’hui . Enid Blyton est réécrit au présent de l’indicatif dans les éditions récentes
    Quelles sont les règles pour être édité en tant qu’adulte ? J’avoue n’avoir jamais envoyé quoi que ce soit à un éditeur , mais s’il faut se dépersonnaliser pour entrer dans la commercialisation de ce qu’on écrit, autant créer un blog et rester soi-même … De très bons romans, de très bons auteurs contemporains existent, nous les lisons et ils nous régalent , mais ils entrent peut-être naturellement dans les critères .
    Oui aux petites maisons d’édition ouvertes sur le vrai talent, je suis d’accord avec vous .Elles permettent de réelles trouvailles. Encourageons-les!

  3. Nadine de Bernardy dit :

    C’est EXACTEMENT ce que je reproche à écrivains français actuels et pour cette raison que j’ADORE les auteurs anglo-saxons qui ne font, pour la plupart,que raconter leur vie mais avec un tel brio,une telle originalité qu’on goûte avec eux aux Oréos en buvant du thé glacé sous la véranda, tout en reluquant les rares filles sexy qui se traînent dans la chaleur accablante d’un après midi d’août, au coeur d’une ville mourante du fin fond d’un état perdu entre le Nebraska et l’ouest du Michigan.

    • Marlène dit :

       » Les auteurs anglo-saxons qui ne font, pour la plupart,que raconter leur vie mais avec un tel brio,une telle originalité qu’on goûte avec eux aux Oréos en buvant du thé glacé sous la véranda,…………………..du Michigan », why not ? C’est un style…comme un autre.
      Pour ma part, je suis plus plutôt addicte des romans (fond et forme) à la Duras. Sinon, plus moderne, Orban par exemple. Et Modiano, inconditionnellement. Des écrivains pourtant français.

  4. Marlène dit :

    Si je peux me permettre, juste une petite réserve sur l’ironie concernant le : « racontez votre vie ». (Je sais, c’est ce que j’ai tendance à faire…la honte !)

    Si je me fie à mes lectures, c’est surtout la manière de « raconter sa vie » qui importe. Nombre d’auteurs magistraux ne racontent pas une histoire purement fictive et romanesque. Même, et surtout, Modiano, prix Nobel de Littérature, qui écrit toujours sur le même thème autobiographique obsessionnel. Sans parler de Proust, Zola, etc.
    Bonne écriture à tous.

  5. billy Elliots dit :

    Et n’oubliez pas de lire l’excellent livre de Paul Watzlawick :

    « Comment réussir à échouer »

    ou encore « Faites vous-même votre malheur ».

  6. durand dit :

    Blog!

    « Un jour qu’il faisait pluie pluie sur le toit de ma maison en briques que j’ai posé moi même en nid d’abeille avec les copains justement du club d’haltérophilie je suis chu sur le site d’un certain Pascal qui faisait l’oeuf en distribuant pour Pâques des conseils d’écriture. Et komm je voulais graver mon nom au pied de mon mur personnel geai écouté le chant du « professor » qu’a les pieds dans la vigne et la tête dans nos nuages.

    J’ai rédigé un grand pouem que j’ai enterré avec la première brique creuse et tous mes copains ils trouvent comme çà que ma maison elle a une autre gueule que celles des voisins qu’ont que des boîtes aux lettres en forme de moulin hollandais, même que le fromage français il est bien meilleur….

    (extrait de Blog, roman de science fiction quotidienne….même pas soumis à mon docteur encéphalique!)

    PS: 1 + sept = 9

  7. Antonio dit :

    Racontez votre vie, ok…

    Choisissez un titre muet, le plus neutre possible, d’accord…

    Commencez par un long prologue ennuyeux, facile ! …

    Je vais suivre tous ces conseils, Pascal, et comme j’échoue dans tout ce que je fais, je devrais logiquement être édité… Non ? 😉

    • Sabine dit :

      Bien joué, Antonio!!!

      • PPerrat dit :

        Antonio est rop modeste

        • Antonio dit :

          Merci Pascal !
          C’est vrai que je suis capable de réussir…
          j’ai déjà le titre: « Euh… et moi ».

          Messieurs les éditeurs, fermez vos portes, j’arrive ! 😉

          « Sur la vie de ma mère, je suis né un samedi. Impossible de me souvenir s’il faisait beau ou pas. Sur l’avis de ma mère, oui. Le lendemain, je n’ai pas pu aller à la messe, ainsi que les trois dimanches qui ont suivi, le curé ne m’en a jamais voulu, il me l’a assuré plus tard quand j’étais enfant de choeur. Mon premier lundi, ce serait mentir que de dire que je m’en souviens, mais je vais m’efforcer de vous raconter cette rentrée colère, d’après les souvenirs de ma grand-mère. J’avais une boule au ventre, la vie m’affectait déjà et j’allais savoir pourquoi dès le lendemain. Troisième jour et ma première gastro…. »

          (j’écris la suite et vous le colle dans « avis sur un débris ») 🙂

  8. Lecoq Maryline dit :

    Je crois qu’il n’y a pas de meilleure manière d’inciter les futurs auteurs à faire des progrès. Merci Pascal pour tous ces bons « non-conseils ».

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