338e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

L’invitation était sans équivoque :
 » Rejoignez notre bacchanale à pied
et déguisés en arbres ! « .

Ils s’y rendirent.
Ce n’était vraiment pas une bonne idée…

Racontez pourquoi 

23 réponses

  1. Joe Krapov dit :

    ÉQUIVOQUE LA GALÈRE !

    L’invitation était sans équivoque : « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! ». Ils s’y rendirent. Ce n’était vraiment pas une bonne idée : déguisés en bouleaux, ils avaient l’impression d’y aller, bosser, et tous les dalmatiens du quartier, attirés par le noir et blanc flambant neuf de leurs costumes s’en venaient uriner sur leurs racines, enfin sur leurs pieds.

    C’est d’ailleurs ce qui les sauva. La fête avait lieu dans une grotte dont l’entrée était gardée par un diablotin cornu, barbichu, vêtu d’une grande cape rouge et doté d’une impressionnante fourche à trois dents.

    – Comment est l’ambiance à l’intérieur ? demanda Bouleau premier.

    – Y hêtre ou ne pas y hêtre, là n’est pas la question, répondit le vigile. Elle est du feu de Dieu, si je puis dire, l’ambiance. Mais je ne laisse entrer que les grands secs.

    – Mais ce n’est pas de notre faute si on a les pieds mouillés ! protesta Bouleau deuxième. Des dalmatiens nous ont épicéa dessus. Allez, M’sieu, S’iouplaît !

    – N’insistez pas, il y a peu de chances que je tremble, même devant des menaces ! Arrêtez de me faire du charme, je ne cèdrerai pas. De toute façon, vous pourrez remercier les dalmatiens au retour. C’est d’enfer là-dedans ! Il y a une atmosphère à couper à la hache ! Tous les beaux messieurs de Bois doré ont été très vite abattus par les briseurs de chênes qui ne se sont pas cassé le tronc pour les transformer en rondins. Mais désolé, vieilles branches, on refoule le bois humide. Surtout quand il refoule des nougats.

    – Mais quand même ! On a fait tout comme il était dit sur l’invitation : sans équivoque. Vous pouvez nous fouiller : on n’a pas d’équivoque sur nous !

    – J’ai bien vu ! Rentrez chez vous, je vous dis ! Ils sont d’un con, ces damnés de la terre, aujourd’hui ! Comment ils croient qu’on l’alimente, la boule de feu qui est à l’intérieur de la planète ? Ils coupent à tous les tissus de mensonges, les coups de pub et à trèfle, ces idiots !

    Alors, plus pleureurs que des saules, plus dépités que des Gaulois en Halésia, un peu pliés, beaucoup voûtés, déçus d’avoir échoué cyprès du but, Bouleau 1 et Bouleau 2 reprirent sans équivoque le chemin du retour.

    Ils firent même ce que leur avait conseillé le virgilier : ils dirent merci aux dalmatiens. Lesquels se marrèrent franchement, sans aucune équivoque.

  2. françoise dit :

    L’invitation était sans équivoque :
     » Rejoignez notre bacchanale à pied
    et déguisés en arbres ! « .
    Ils s’y rendirent.
    Ce n’était vraiment pas une bonne idée. En effet, personne n’arriva, pourtant beaucoup d’entre eux qui n’avaient jamais assisté à une bacchanale, étaient très curieux d’en vivre enfin une. En effet, ils s’emmêlèrent leurs branches et se retrouvèrent tous au sol.
    Un bûcheron qui passait par là, crachant dans ses mains de plaisir, se mit à vouloir scier les branches de ces arbres. Mais qu’elle ne fut pas sa frayeur quand il entendit celles-ci crier.
    Croyant qu’il s’agissait d’arbres hantés, il s’enfuit à toutes jambes et il paraîtrait qu’il court encore car personne ne le revit dans cette forêt.
    Sylvanus, dieu des forêts, vint les sortir de là (enfin c’est ce qu’ils crurent) car sans effort ils se retrouvèrent sur pied,indépendants les uns des autres.
    Tous enlevèrent leurs déguisements et nus ou presque, ils se livrèrent, sans trop le savoir à une vraie bacchanale.
    Au petit matin, ils dormaient les uns contre les autres quand le garde-forestier les découvrit.
    Dans sa fourgonnette ils les emmena à la police et se retrouvèrent tous dans un panier à salade.
    Les policiers les questionnèrent. Un peu groggy ils leur parlèrent de l’invitation qu’ils avaient reçue, de Sylvanus, du bûcheron etc etc.
    Les policiers , croyant qu’ils étaient drogués,n’eurent d’autre solution de les mettre en salle de dégrisement. On leur fit une prise de sang qui ne dévoila la prise d’aucune substance.
    Le lendemain leurs parents vinrent les chercher et leur firent jurer que jamais plus ils ne répondraient à une invitation de ce genre.

  3. Clémence dit :

    L’invitation était sans équivoque :  « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! »
    Ils s’y rendirent.
    Ce n’était vraiment pas une bonne idée…

    Collé aux basques d’Olivier, Saul triturait un carton sépia. Il le glissa sous le nez de son ami.
    – T’as aussi reçu ?
    – Oui.
    – T’as rien remarqué de bizarre ? enchaîna Saul.
    – Non. Fallait ?
    – Euh…t’as pas lu ?
    – Si, si…répondit Olivier distraitement ; si…si !
    – Et alors ?
    – Alors quoi ? C’est une invitation à une bacchanale…
    – Et où habitons-nous ? insista Saul.
    – Square des Bacchantes, répondit Olivier en brassant l’air confiné.
    – Et nous sommes invités à une bacchanale…Très drôle, en effet !

    Olivier se dirigea vers la cuisine, coupa une tranche de ciabatta qu’il imbiba copieusement d’huile d’olive. La bouche pleine, il baragouina quelque chose à propos d’un éventuel empêchement. Saul poussa un juron puis continua en pouffant de rire.
    – Ils s‘y prennent à l’avance !
    – Quand ?
    Saul compta sur ses doigts et déclama :
    – Six mois !
    – Nous sommes en octobre…conclut Olivier en se saisissant du carton d’invitation.
    – A pied, passe encore, mais en arbre ! Ils se moquent de nous !
    – Avec nos patronymes, je dirais même qu’ils se f… de notre g…
    – Olivier SYLVESTRE et Saul ROUVRE… et patati et patata, demeurant à Liège et patin couffin… square des Bacchantes… , ça sent l’entourloupe, l’embrouille, le piège, le roussi, psalmodia Saul…
    – T’as gardé l’enveloppe ?
    – Oui, et il n’y a pas de code postal et encore moins de timbre ou de cachet de la Poste faisant foi…

    Olivier retourna à la cuisine et remplit deux verres de vin toscan. Première gorgée. Il fit claquer sa langue.
    – Pas mal…pas mal du tout…dit-il en se saisissant du carton d’invitation.
    – Il a du corps, une belle robe, continua Saul d’un ton docte.
    – Y’a un big problème, s’exclama Olivier en déposant brusquement son verre.
    – Et lequel ?
    – L’année.
    – L’année n’est pas mentionnée, nous sommes en octobre. C’est pour mars…
    – Je ne vois pas…
    – Un schéma peut-être ? L’enveloppe est un peu décatie et mars est déjà bien loin. On a loupé !
    – Non, c’est pour faire « terroir », la couleur sépia. On a le temps de se préparer…

    Saul et Olivier passèrent leur temps à deviser.
    L’un sur tous les plaisirs manqués.
    L’autre, sur les prochaines ivresses extravagantes.

    D’un commun accord, ils décidèrent d’y aller. Mais, bonne ou mauvaise idée, ils avaient le temps de voir venir…

    – In vino véritas, déclama Olivier en versant les dernières gouttes de nectar.
    – Vini, vidi, vi… Par Dionysos, Olivier, mais c’est sûr ! C’est un piège ! Liège !
    La voix pâteuse, Olivier répéta :
    – Liège ? Un piège ? Vois pas !
    – Allons Olivier, réfléchit, dit Saul en s’accrochant désespérément au bras de son ami…Toi et moi, SYLVESTRE – ROUVRE, Forêt – Quercus , Quercus – chêne, chêne-liège…
    – Nom de Bacchus ! Ils en veulent à notre…peau ! … Nous transformer en fût, en bouchon… Sauve qui peut !

    © Clémence

  4. LELEU Yvette dit :

    l’invitation était sans équivoque… » Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisé en arbre! »
    Invitation adressé à: Ser Henri Lestrew 3 e du nom.
    Cher ami, vous êtes cordialement invité en notre humble demeure, afin de profiter avec nous d’un amusement sans conséquence; sis au Château de Laubreboug, Saint-Quentin-du-Padellac.
    suivi d’un
    ps:
     » Vos amis sont nos amis. Venez nombreux, buffet froid, boisson offerte. Une clause significative cependant… » Venez déguisé en arbre. La porte ne sera ouverte qu’à ceux et celles qui nous honoreront à cette simple condition.
    Votre très dévoué Claude Caledebourg duc de Lambrebourg. 120 allée de la Prison Grand-Bois, Treille du Sud, Trouée Nord.
    Henri fut fort étonné et appela son ami. Le répondeur fut sont interlocuteur.
    Voici son message:
     » Cher ami, qui que vous soyez, nous vous prions de vous présenter à l’adresse qu’il vous a été transmise par voie de poste. En toute sincérité Claude. Bip, bip, bip.
    Interloqué Henri rit de bon coeur et amusé au plus haut point, il convia ses autres amis à le suivre en cette fin de semaine qui…s’annonçait des plus délirante. Il leur lut bien entendu la condition.
    Certains s’en offusquèrent, d’autres furent ravis de l’offre. Henri leur dit ceci…( il leur lut l’invitation dans son entier).
    Ils s’y rendirent, ce n’étaient vraiment pas une bonne idée. Ils avaient crus que cette idée serait originale. Ils pensaient que l’arbre symbole de vie, de longévité avait sur ceux qui aimeraient cette surprenante fête, en avaient une réelle fascination…eh bien non! L’endroit était glauque à souhait.
    Oh! Il y avait bien quelques silencieux déguisés en arbre, mais, quelques malins c’étaient crus drôle en venant en habits de bûcherons. La blague n’était pas des plus apprécier.
    Il fut incroyable à certains qu’on les laissa entrer. Puis, les invités arrivèrent en masse compact à croire qu’il venait d’y avoir un lâché de Cèdres, de Mélèze , de Châtaigniers, de Marronniers, de Frênes et d’autres encore.
    Il y eut quelques petits feuillus tel que…des Noisetiers, des Houes et autres…et l’un des Chênes eut l’idée éblouissante de venir avec une vieille chouette perchée sur sa grosse branche.
    Il eut du succès car… la chouette était des plus vivante et ses hou, hou hou hou! furent fort apprécier. Ce qui était drôle, c’était de voir ces arbres ou déguisements avec des jupes froufroutantes, des pantalons de smokings et pour certains…des kilts.
    Ceux qui fumés étaient envahit d’un panache soit gris, soit blanc…des arbres en feu!
    Le dirigeant amena soudainement la discussion et tous entendirent celui-ci y prêtant une grande attention.
    Il leur expliqua ceci: » Chers amis, il m’a été dévoiler cette triste affaire. La  » Chaînerais du Sud », va être abattue et le bois acheminé en Chine pour une entreprise de meuble en bis brute. » Il y eut une explosion de colère générale.
    Les arbres s’entrechoquèrent les uns contre les autres, se mélangeant au mieux et l’on vit des mains qui essayèrent tant bien que mal de sauvegardée l’apparence et la majesté de leur symbole qu’ils ou qu’elles représentaient.
    Le silence revint soudainement, tous étaient dans l’attente. Une musique entraînante leur parvint, qu’allait-il se passer? Des exclamations, des oh! des ah! et des ohla la retentirent puis…des  » eh que se passe t-il donc?
    Dites, allez quoi dites nous ce qu’il se passe! Nous, nous ne voyons rien! Quelques mots furieux puis, une haie d’honneur se fit et là…les rires fusèrent.
    Une dizaine de petits arbres tous de couleurs différentes firent une belle ronde devant les yeux étonnés de la foule d’adulte. Ils se mirent à chantonnés une comptine, c’était si adorable que la colère quitta le coeur des hommes et des femmes qui symbolisaient la forêt dans son ensemble.
    Les touts petits représentaient alors le renouveau leur expliqua l’orateur, bien que cruelle, la Chaînerais devait disparaître… mais, son coeur ne mourait pas car, d’autres plus jeunes, plus vigoureux reprendraient le flambeaux et chaque jour durant; celle-ci serait de plus en plus forte.
    Les petits s’en allèrent en riant et la soirée pu vraiment commencer.
    Le vin, le champagne, les alcools doux coulèrent à flots ce qui noya le chagrin de certains.
    On rit, on parla beaucoup, on se chamailla et on oublia la belle Chaînerais.
    Un journaliste qui s’était glisser dans la file des hommes arbres relata ce fait dans un entrefilet de son journal.

  5. Christine Macé dit :

    L’invitation était sans équivoque : « Rejoignez notre bacchanale, à pied et déguisés en arbres ! » Ils s’y rendirent. Ce n’était vraiment pas une bonne idée…

    En découvrant l’affichette scotchée sur la porte de l’immeuble, elle avait soupiré : la sempiternelle fête des voisins était de retour ! Une obligation de bon voisinage à laquelle ils s’étaient résignés à participer chaque année, pour ne pas faire bande à part. De là à en faire une sauterie écolo, pompeusement appelée « bacchanale », manquait plus que ça ! Elle se demanda si cette idée saugrenue avait germé dans la tête du nouveau locataire. Un gars un peu bizarre, apparemment célibataire, qui roulait en vélo et jouait du violon. Plutôt bien, sauf quand ça s’éternisait. Mais elle n’avait jamais osé taper à sa porte pour lui demander de cesser ses gammes.
    Faute d’une mauvaise excuse, ils iraient donc. Restait maintenant à trouver un déguisement sur le thème du végétal ! Elle avait consulté internet, acheté du papier crépon, essayé de laisser parler son imagination avant de se résoudre à trouver un magasin de location de costumes. Ils en étaient ressortis nantis de deux tenues qui feraient illusion. Lui en chêne, elle en saule : « Parfait pour exprimer ton côté pleureuse ! » Elle l’aurait giflé.
    A l’heure dite, ils s’habillèrent. Chacun de son côté, histoire de ménager un petit effet de surprise réciproque. Marchant de long en large, elle s’amusait à faire voler toute cette fausse végétation verdoyante qui couvrait ses épaules : ridicule mais marrant ! Sorti de la salle de bain, il se planta devant la glace en prenant des poses de chêne tortueux : lui au moins avait belle allure ! Elle décréta qu’elle garderait ses chaussures jusqu’au lieu de la fête.
    Un charme vint à leur rencontre. Sous le camouflage, elle reconnut le nouveau voisin.
    – Voulez-vous un verre de sangria ? Sans attendre sa réponse, il lui tendit un gobelet en plastique rempli à moitié.
    Elle jeta un coup d’œil furtif à l’intérieur du garage réquisitionné en cas d’averse, avant de repérer une table et quelques chaises plantées sur le minuscule carré de pelouse. Elle se dit qu’ils étaient sans doute en avance et vérifia l’heure à sa montre.
    Le temps passa, de plus en plus lentement. Le chêne et le charme tentaient de faire perdurer une conversation qui s’étiolait et dont elle ne percevait que des bribes. On attendait toujours les autres.
    Prétextant la chaleur, elle se réfugia dans le box et scruta les fenêtres alentour. Rien ne bougeait, à croire que l’immeuble avait été déserté.
    Peu à peu monta en elle un malaise indicible, qu’elle chassa comme une mouche d’été. Mais il revint et se mit à grossir irrémédiablement.
    Brusquement, elle se leva pour faire barrage à sa fureur.
    – Ça suffit ! déclara-t-elle. Et elle enfila ses sandales, abandonnant ses deux compagnons interloqués.
    Lui rentra une demi-heure plus tard, discrètement. Mais le feu couvait encore.
    – Je te l’avais dit que c’était une idée à la con !
    Il s’abstint de tout commentaire, en pensant qu’elle avait raison, une fois de plus.

  6. Michel-Denis ROBERT dit :

    Samedi matin, il faisait beau, Antoine B… prit les allées de C… avec son vélo de route. Devant l’entrée de l’usine X…, le comité brûlait des pneus, barrant ainsi l’entrée de toute personne. Derrière un nuage de fumée noire, Antoine aperçut Paul, son ami et voisin. Intrigué, au rond-point suivant, le cycliste fit demi-tour et se dirigea vers le gréviste. Celui-ci lui raconta cette histoire extraordinaire :
    « L’année dernière, c’était soit des lierres soit des fleurs : plus léger et plus facile à réaliser ! Les lierres en raphia et les fleurs en tissu, la confection des costumes fut un vrai loisir de colonie de vacance. On se réunissait chaque semaine dans le sous-sol d’un ami, qu’il a aménagé d’une déco sympa.
    – Oui, je me souviens dit Antoine.
    – Le langage des fleurs fut le thème retenu cette année-là. Mais attention, langage parlé. Les lierres, ronchons venaient aussi en contradiction. Cela nous avait pris beaucoup de temps pour la mise au point des dialogues. Il fallait intégrer leur mauvaise humeur. Les échanges verbaux s’inspiraient des phrases type que l’on entendait le plus souvent dans l’entreprise. Une fois les costumes arrêtés, on avait répété le samedi, pendant cinq mois avant le jour de la fiesta. Chaque fleur avait un lierre pour l’enlacer. Le ballet sur la musique de Lully se termina par un immense bouquet avec les lierres réconciliés. La chorégraphie étant libre, ces derniers emmenèrent les fleurs parmi les herbes en une joyeuse sarabande. La cohésion des employés est allée bien au-delà des espérances du DRH. Je te montrerais les photos de la soirée. Ce fut génial !
    L’année d’avant, on avait imposé à chaque homme de trouver un personnage de femme qu’il devait travailler pour le rendre crédible, et en plus sexy. Inversement pour les femmes, elles devaient mettre en valeur leur côté masculin dans une création de leur choix. Si je me souviens bien, c’était l’année du mariage pour tous. Le DRH avait horreur du clivage hommes-femmes. Il s’était inspiré de l’actualité pour faire du rentre dedans dans les idées préconçues, en s’appuyant sur la musique des années soixante. La musique avait à y voir dans son choix. C’était une continuité, tu comprends ! La libération des moeurs, le mouvement féministe et son objectif d’instaurer l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’entreprise, tout cela concourait à dynamiser sa gestion du personnel. Certaines femmes s’étaient munies d’un fouet. Mais ce n’était pas vraiment nécessaire. La plupart des hommes-femmes avait une trique. Et cela s’est terminé comme l’année précédente.

    Cette année, le DRH a été viré. Le nouveau, pas branché du tout, n’a pas compris le rôle social des bacchanales. Qu’est-ce que tu veux faire avec des arbres ? Tout est raide, obligés de venir à pied. De toute façon, un arbre ne rentre pas dans une voiture. Ce serait plutôt le contraire. C’est pour cette raison qu’il nous avait dit de venir à pied. Comme il est un peu dur de la feuille, il avait choisi de la musique techno. Imagine des arbres en transe devant des enceintes de deux mètres de haut et qui se secouent comme pour en faire tomber les noix sur des boum-boum d’enfer. Au bout d’une heure ton tonneau est plein de décibels.
    – C’était pas une bonne idée, fit Antoine intéressé. Et pourquoi faîtes-vous grève ? ajouta t’il.
    – Pour réintégrer l’ancien DRH.

  7. Cétonie dit :

    L’invitation était sans équivoque : « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! ».
    Elle circulait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, et semblait alléchante : cela ressemblait à une promesse d’orgie en compagnie de jeunes femmes aussi belles que dévergondées, où le vin coulerait à flots, où les diverses drogues euphorisantes ou excitantes circuleraient sans contraintes, bref, le genre de soirée d’où l’on revient tard le matin, sans trop de souvenir précis, mais dont ils pourraient dire « j’en étais ».
    En attendant la confirmation du lieu de rendez-vous, ils concentrèrent leur attention à la préparation du costume, ils savaient à peine ce qu’était un arbre, et entreprirent de se documenter, et surtout, de se différentier entre eux, ils apprirent ainsi à distinguer un chêne d’un peuplier, un saule d’un platane, et même, un pin d’un cèdre ! Puis ils rivalisèrent d’imagination pour être le plus véridiques possible, allant jusqu’à rester nu-pieds pour mieux « sentir » le sol.
    A l’heure dite, ils attendirent fébrilement le « top départ », le rendez-vous fut fixé dans le parc de la Tête d’Or, (fermé au public, bien entendu, mais une petite porte resterait entrouverte pour les festayres). Ils s’y rendirent en petits groupes, pour ne pas attirer l’attention sur leur forêt en marche.
    Les sons de la fête leur parvenaient déjà, ils étaient impatients d’en découvrir tous les trésors, et surtout, ces fameuses « bacchantes » qui leur promettaient leurs délices…
    Mais leur tenue, finalement, ce n’était vraiment pas une bonne idée… Vous imaginez un arbre en train de courir, de se trémousser, de passer de l’une à l’autre ? Ces lourdauds se sentirent irrésistiblement enracinés dans la terre accueillante du Parc, n’ayant plus que leurs feuillages pour manifester leurs désirs et leurs frustrations en une formidable tempête, impuissante face aux provocations et aux moqueries des belles servantes de Bacchos, qui revendiquaient ainsi l’origine sacrée et féminine des Bacchanales antiques.
    Toute allusion à l’invitation fut gommée et ne laissa aucune trace sur les réseaux sociaux, et personne ne fit jamais le lien entre ces nouveaux bosquets dans le Parc et la disparition inexpliquée de tant de jeunes hommes réputés pour leur goût immodéré de la fête.

  8. Blackrain dit :

    Se déguiser en arbre, c’est tout un bouleau. Il faut que l’on Marie Laforêt enchantée avec le charme citadin d’un arbre fruitier, hêtre original sans se noyer dans le ridicule. Je veux n’avoir aucune chêne, rien qui frêne notre imaginaire. J’opte toutefois pour une tenue qui peuplier afin d’être libre ce certains mouvements.
    – Olivier, es-tu prêt ? On y va ! Me lance Lilas depuis la chambre.
    Lorsqu’elle apparaît dans l’embrasure de la porte je reste figé comme un grenadier. Elle est magnifique, un vrai pêcher. Elle est cyprès de la réalité que les branches m’en tombent et que la sève monte. Son tronc délicat se couvre de lianes gourmandes. Sa ramure est mure pour être dévorée. Elle se couvre de bourgeons et de fleurs parfumées. Sa chevelure ébouriffée dresse ses lauriers en feuilles multicolores.
    – Que tu as le port élégant mon chéri, droit, fin et fier. Les autres pourront toujours s’aligner ! Mais tu trembles, ironise-t-elle.
    – Je tremble de te voir si belle mon amour car je ne suis pas de bois. A tes côtés ce soir je me sentirai moins saule et j’aurai envie de rester à la fête jusqu’à ce que l’aube épine.
    Nous sortons bras dessus, branches dessous. Nous attendons le taxi sur le perron lorsque je sens un liquide chaud le long de ma jambe. Un chien était en train de pisser sur mes racines. Le chien aboie et une caravane passe. Je sens alors des aiguilles qui bourgeonnent mon humeur. Je cèdre à la colère et met un gros pin sur le dos du clébard. Pendant que je secoue ma tige, Lilas se moque de moi :
    – Prends-en de la graine mon peuplier d’amour, la prochaine fois déguise-toi plutôt en cactée afin que tes racines ne se transforment pas en tragédie.

  9. Catherine M.S dit :

    Sacrée soirée

    – Une bleue, une rouge, une verte
    Une bleue, une rouge, une verte
    Je suis belle comme ça ?
    Iris est dans tous ses états
    L’invitation était sans ambiguïté :

    « Rejoignez notre bacchanale à pied
    Et venez déguisés en arbre SVP. »

    Ce n’était, à ses yeux, pas vraiment une bonne idée
    Cela paraissait quelque peu mystérieux
    De se travestir en végétal
    Pour se rendre à des bacchanales !
    Comment faire exulter les chairs
    Sous des kilos de mousse, lierre ou bruyère ?
    Alors, pour mettre le feu à la soirée,
    Iris a décidé d’y aller …
    … en sapin enguirlandé !
    Avec des boules de toutes les couleurs
    Des paillettes, des étoiles
    Et des dizaines de bougies à allumer
    Quand les 12 coups de minuit devaient sonner.

    Seulement voilà, quand Iris est arrivée
    Les branches inférieures se sont pris
    Les aiguilles dans le tapis
    Patatras !
    Iris s’est écroulée
    Les guirlandes se sont emmêlées
    Les boules se sont fendues
    Les étoiles ont disparu
    La musique s’est tue
    La joie est partie en fumée
    Le vin s’est tari
    La fête était finie.

    Mais qui donc a eu cette funeste idée ?
    Je soupçonne un certain PP…

  10. Jean-Pierre dit :

    L’invitation était sans équivoque :
     » Rejoignez notre bacchanale à pied
    et déguisés en arbres ! « .
    Cette invitation à une teuf originale les a tout de suite séduits.
    D’ailleurs, ils étaient deux, et ne se rendaient jamais à une teuf autrement que dans leur vieille guimbarde qu’ils avaient baptisée « teuf-teuf ».
    Ils s’y rendirent à bord de leur véhicule en chantant : « teuf en teuf-teuf ! Teuf à pied, pas pour nous ! ».
    Ce n’était vraiment pas une bonne idée, car en voulant éviter un hérisson qui traversait le chemin, le conducteur a donné un coup de volant, et ils ont percuté un arbre qu’ils ont renversé.
    Malheureusement, cet arbre était un de leurs meilleurs copains qui se rendait à pied à la bacchanale.

  11. Nadine de Bernardy dit :

    L’invitation était sans équivoque:

    « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres. »
    Ils s’y rendirent.Ce n’était pas vraiment une bonne idée.

    Ils lurent le mot à plusieurs reprises,un peu indécis quand à « bacchanale ».
    Cette notions les mettait mal à l’aise.
    Et à pied en plus de tout ça,il ne fallait pas exagérer,se coltiner le trajet avec un déguisement d’arbre sur le dos.
    En même temps ,la proposition les émoustillait,ils acceptèrent le défi.
    Ils allaient s’éclater malgré ce barda étrange!
    Ils choisirent soigneusement l’essence qui leur conviendrait le mieux,ne voulant pas gâcher leur.
    soirée.
    Eloïse opta pour le peuplier au feuillage frissonnant et se maquilla avec recherche.
    Abélard choisit le bouleau,glissa discrètement une tablette de petites pilules bleues dans un creux de l’écorce, espérant lutiner quelque arbre femelle ,caresser diverses écorces.
    Branches dessus,branches dessous,les voilà partis vers le lieu du rendez vous.Ils s’emmêlaient un peu les racines et chutèrent à plusieurs reprises.
    Au bout d’une heure de marche,ils rejoignirent sur le chemin des hêtres,baobabs,marronniers et autres faux arbres semblables à eux : maladroits, un tantinet ridicules.
    Arrivés à la clairière indiquée sur le bristol,stupéfaction!
    Elle était déjà envahie par une foule dense qui se pressait devant les boutiques de gadgets érotiques,les baraques à frites et barbes à papa aphrodisiaques.
    Le chef de la cérémonie, un cèdre du Liban assez chenu,leur fit une accolade de bienvenue puis leur indiqua les commodités ainsi que l’accueil où ils pourrait choisir le thème de leur bacchanale:
    Danse lascive – danse tumultueuse – jeux de mains divers -initiation à certains mystères.
    Etourdis par ce bruit,une musique endiablée résonnant dans leurs oreilles,bousculés par des arbres déjà passablement ivres, leur curiosité avait disparue .
    Ils se plantèrent dans un petit coin pour éviter de se faire chahuter, attendirent que la nuit soit totalement tombée pour se dépouiller de leurs oripeaux, regagner leur logis calme où ils se consolèrent au fond du grand lit à baldaquin en teck massif qui leur était si familier.

  12. Grumpy dit :

    Nouveau président, nouveau quinquennat, nouveau ministre à l’Écologie. Même pas une semaine d’état de grâce. Il n’en fallut pas plus pour que revienne illico presto sur le tapis nantais la question épineuse de Notre-Dame des Landes.

    Nouvel aéroport : le fera, le fera pas ? Plus de quarante ans que durait le litige entre les pour et les contre. L’occasion était vraiment trop belle. Ségolène leur avait promis que non, mais qu’allait trancher le Hulot nouveau ?

    Les Zadistes, de plus en plus encabanés sur la zone à protéger parce que dite ‘humide’, de plus en plus barbus, de mieux en mieux armés (arcs, arbalètes, pieux, haches, masses…) érigés en voisins vigilants, après concertation et vote à main levée, eurent une idée unanimement lumineuse.

    Était-ce pour aboutir enfin à un consensus ou bien pour relancer la castagne ? La décision fut prise d’organiser une rave party géante afin de rameuter les anciens et d’attirer des nouveaux pour renforcer les rangs et faire face à toute nouvelle éventualité.

    Afin que le symbole de la lutte ne soit que plus visible, l’invitation fut lancée en ces termes : « rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres ! » Des prospectus furent distribués dans toute la région qui disaient qu’après la défunte présidence molle et indécise, bienvenue au grand défouloir de cette fête où seraient servis dans leurs attentes tous ceux qui avaient envie de se remettre en jambes dans la perspective d’un nouvel assaut gouvernemental. Figuraient au programme : bamboula, barouf, boucan, chahut, charivari, raffut et ramdam, bamboche, festin, soûlerie, polissonneries, lubricité & débauche : tout le tintouin serait permis lors de cette Dyonisie.

    Ils partirent cinq cents mais par un prompt renfort ils se virent trois mille en arrivant au bois.

    Bien mal leur en prit. L’adversaire inenvisagé et invisible attendit patiemment qu’ils aient ripaillé, forniqué, vidé des milliers de canettes, bref qu’ils soient tous bien beurrés pour leur tomber dessus.

    La nuit était si profonde et eux si bourrés qu’ils ne soupçonnèrent même pas l’approche de leurs assaillants caparaçonnés encagoulés de noir.

    Le préfet avait bien calculé ses effectifs : 1 C.R.S pour un Barbu. Ce fut un carnage !

    Il plut des torgnoles et des coups de matraques, des gaz ( !) furent même lâchés. La ZAD de verte de peur devint rouge sang. Au final, pas de morts mais pléthore de plaies et de bosses. Nombreux ce retrouvèrent en cabane mais pas dans les arbres ce coup-ci.

    Tout ça pour ça ! L’aéroport ne vit jamais le jour faute de financement.

  13. NON !!
    Le ministre a tranché.
    C’est Non ! Il ne cèdera pas à la rue. Il ne bougera pas de sa conviction. Il ne s’inclinera pas devant des forces rétrogrades. Il est grand temps d’entreprendre enfin des réformes trop longtemps différées. Et pour le reste, on verra après.
    Les « rétrogrades », c’est nous, et « le reste », c’est ce qu’on défend, les copains et moi, hausse des salaires et baisse des impôts, qu’on n’est pas prêts à « différer ».
    Alors on tient conseil. Tous les gars du syndicat se sont réunis ce soir, dans l’ancien bâtiment de la mairie. Il faut trouver un moyen d’action inédit pour frapper l’opinion.
    Ça cogite depuis un bon moment déjà. Quand Dédé prend la parole, comme ça, sans prévenir.
    Dédé, on l’aime bien, c’est un copain bon vivant, toujours à rire, mais il nous a pas habitué à avoir des idées.
    « Et si on se déguisait en arbres ? »
    Un ange passé et quelques explications plus tard, on a le fin mot :
    « J’ai lu ça dans un vieux bouquin : l’histoire d’un roi à qui des sorcières prédisent qu’il n’aura rien à craindre tant que la forêt ne marchera pas contre lui »
    L’idée de Dédé n’est claire que pour lui seul. Mais on finit par comprendre qu’il envisage de nous faire tous défiler déguisés en arbres pour reconstituer une forêt en marche, symbole d’une puissance à laquelle même un ministre ne peut pas résister.
    On juge l’option pas si mauvaise et un petit canon plus tard, tout le monde est d’accord. Ce sera un coup d’éclat pour la grande manif de samedi. Sûr que les médias couvriront l’affaire. On va faire le buzz !
    Et le soir, de joyeux lurons très remontés se donnent rendez-vous dans une semaine pour ce qu’ils anticipent déjà comme un triomphe inédit.
    Huit jours après, costumes fin prêts, tous les participants s’apprêtent à partir en convoi vers le lieu de rendez-vous. L’ambiance est à la fête. Les jeux de mots fusent joyeusement et Gros Louis, le poids lourd de l’équipe, s’en donne à cœur joie:
    – « Pour des rétrogrades, on va être sacrément branchés ! »
    – « Et vive les copains, hein, vieille branche ! »
    Arrivés sur les lieux, descente du bus en grande pompe, un groupe de badauds se forme au moment où sortent les costumes.
    Un peu dur à enfiler, mais enfin, à force de se tortiller, on entre dans les combinaisons sans trop de bobos. On doit encore se planter les branches sur la tête et là on crée un attroupement. Il faut assumer, les gars ! Notre honneur est en jeu ! La télé filme. Bon pour nous, ça !
    Le défilé s’organise. L’armée des arbres rebelles se place en rangs serrés au début du convoi, panneaux brandis haut.
    L’heure fatidique sonne. Le cortège s’ébranle.
    Ça se passe plutôt bien. Un peu de vent qui se prend dans les branches, mais ça donne à notre mime une allure très naturelle. Sauf qu’on n’a jamais entendu des arbres beugler aussi fort. Conscients d’être les vedettes, c’est à celui qui couvrira la voix de l’autre, et Dédé se surpasse. La forêt suit le leader, tant bien que mal, mais ça pousse à l’arrière et le vent persistant freine les arbres en se prenant dans les branches. Au premier rang, Gros Louis avance d’un pas martial, poitrail en avant face aux C.R.S. qui forment un front. Devant l’ambiance sociale survoltée, le préfet a préféré les convoquer. Ils patientent et se tiennent prêts, bouclier au pied. L’ambiance bon enfant donne à la manif un air de kermesse improvisée.
    Jusqu’à ce qu’une bourrasque un peu plus forte attaque Gros Louis de côté et le déséquilibre. Le voilà qui tournoie. Toute sa voilure s’agite, et se prend dans les branches de celui qui suit, qui fait un pas en arrière pour esquiver et marche sur les racines de celui de derrière, qui à son tour perd pied et se rétale de tout son long, entraînant dans un effet dominos parfaitement orchestré toute la forêt qui s’abat avec méthode dans un rythme parfait et une synchronisation au petit poil. Un accéléré tragique de la déforestation mondiale en une métaphore sublime. Sauf que ce n’est pas le sujet.
    La surprise a laissé place aux cris puis aux plaisanteries. Le public est plié en deux, et la compagnie de C.R.S., d’abord mise en alerte devant l’imprévu, en est maintenant réduite à se soutenir sur ses boucliers pour ne pas s’écrouler de rire.
    Gros Louis est furieux. Empêtré dans ses branches, il roule comme un culbuto en cherchant à se relever et chaque tentative se solde par une nouvelle chute. Dans ses efforts sans succès son teint rubicond a viré au rouge pivoine et le contraste vif avec le vert du feuillage ajoute encore au comique. Il cherche une victime sur qui déchainer sa fureur et Dédé se glisse bien vite hors de portée de sa voix.
    La télé est toujours là, et filme encore.
    Le soir, aux actualités, l’image fera le tour des chaines.
    Aux dernières nouvelles, le ministre n’a pas cédé aux revendications. Mais, mis de bonne humeur par cette manifestation hors du commun, il a fait un geste envers … les intermittents du spectacle.

  14. laurence noyer dit :

    L’allée qui la menait jusqu’à la Bacchanale
    ondulait dans les creux d’une forêt claustrale
    Les troncs denses dansaient resserrés autour d’elle
    et son corps dominé s’enfeuilla d’indolence.

    Ses cheveux s’araignèrent au Charme voluptueux
    Ses pieds s’enracinèrent à l’Hêtre d’abondance
    Ses poignets s’embranchèrent au Chêne luxurieux
    Ses cuisses s’enfleurirent au Pêcher éclatant

    Des oiseaux vinrent nicher dans sa broussaille ardente.
    Des serpents se hissèrent le long de ses sarments.
    Toute une faune avide en sa source ondoyante
    se dispersa en elle, l’absorbant jusqu’au sang.

    Ainsi parée, elle rejoignit la Bacchanale
    Sans aucune équivoque, ne laissant pas de marbre
    A pied comme indiqué, vêtue non pas en arbre
    mais en forêt au cœur du Monde Original

  15. durand dit :

    Quelque part, là-bas, avant qu’on y ait placé, puis détruit, puis restauré, des murs et des barbelés

    L’invitation était sans équivoque: « Rejoignez notre bacchanale à pied et déguisés en arbres! ».

    Ils s’y rendirent. Ce n’était vraiment pas une bonne idée.

    Empêtrés dans leurs costumes approximatifs, ils charriaient des mètres de lierre dans lesquels ils se prenaient les pieds de vigne. Leurs ceps ridicules avaient été taillés dans des morceaux de toges abandonnés à la sortie violente et arrosée d’une finale nord/sud des jeux du cirque.

    Ce n’est qu’en rentrant dans la propriété, le fameux grand cru Château Perrat qu’ils faillirent saisir leur erreur et qu’elle leur glissa des mains.

    La bande des grecs les attendait, la célèbre bande à Dionysos.

    Pendant longtemps, on avait cru qu’ils avaient été se faire voir ailleurs, qu’on était parvenu à les cantonner sur leur chapelet d’îles minuscules, à se tripoter les olives et à fourrer de riz blanc les feuilles de vigne.

    Et bien non, ils étaient là, fiers et pimpants avec leurs casques profilés et leurs chars aérodynamiques.

    La guerre des glandes allait reprendre.

    A priori, ils réclamaient leur dû, le dos d’un dindon extrêmement dodu, une grosse part de pininsule.

    Le combat fut violent à coup de flèches empoisonnés au phylloxéra et de troupeaux gluants de pyrales élevés pour l’occasion.

    On releva des deux côtés plusieurs centaines de morts selon la police des armées, plusieurs millions selon les deux rescapés pris en charge par les bataillons de soutien psychologique.

    Seul dans son coin, un gaulois resta fidèle à son sarment de résistance passive.

    Et lui seul profita pleinement de la bacchante qui lui frisa la moustache.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.