354e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat
manuscrit

Dans le noir d’un tiroir,
un manuscrit
attendait anxieusement
le résultat de son test de grossesse. 
Serait-il relié ou broché ?
Cette question le tourmentait. 

Inventez la suite 

Chaque proposition d’écriture créative est une bataille contre la routine et l’endormissement de l’imagination. Un petit combat pour maintenir en vie l’enthousiasme d’imaginer, d’inventer, de créer.

 

34 réponses

  1. Pascal Perrat dit :

    La recette de Kaouther Adimi, dans « Nos richesse » un livre retraçant la vie d’Edmond Charlot, éditeur algérien qui a publié Albert Camus.

    « Achetez une table, la plus ordinaire possible, avec un tiroir et une serrure.
    Fermez le tiroir et jetez la clé.
    Chaque jour, écrivez ce que vous voulez, remplissez trois feuilles de papier.
    Glissez-les par la fente du tiroir. Evidemment sans vous relire. A la fin de l’année vous aurez à peu près 900 pages manuscrites. A vous de jouer »

    Merci à Janine Gerson-Père pour ce bel extrait

  2. Joe Krapov dit :

    Dans le noir d’un tiroir un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait

    Car ce n’est pas le tout d’être et de se savoir génial. Il faut aussi passer par un stade de reconnaissance. Il faut que quelqu’un d’autre, après l’auteur, vous lise, vous apprécie, ce qui pousse votre géniteur à contacter un éditeur. Il faut aussi que celui-ci soit convaincu non seulement de la valeur littéraire du texte mais encore de sa valeur marchande.

    C’est pourquoi « La Chasse spirituelle » – c’était le nom du manuscrit – s’inquiétait de rester là aussi longtemps dans le noir de ce tiroir-purgatoire. On n’était même pas chez Arthur mais chez Paul, son pote et quand on dit « son pote » il faudrait plutôt préciser qu’on était chez les beaux-parents de son pote, le père et la mère Mauté de Fleurville, les parents de la maudite Mathilde, la souris, la fée Carotte, la punaise comme Paulo l’a appelée dans un billet qu’il a fait parvenir récemment à sa jeune épouse.

    Ca n’est pas très délicat. Et ça n’est pas très sérieux car dans son dernier courrier il réclame qu’on lui renvoie à Bruxelles ses effets personnels, le manuscrit de Rimbaud et « les lettres qui en font partie ».

    Qui en font partie ? Mon cul, si on peut dire ! Si un manuscrit peut dire ça ! Du fait de leur entassement dans la même chemise, pas très propre, du reste, le manuscrit sait bien ce qu’il y a dans les lettres. Si elles tombent entre les mains du beau-père, c’en est fait du mariage. Y’a d’la rumba dans l’air et de la séparation de corps dans l’décor !

    Il y a là-dedans de quoi refaire le procès des « Fleurs du mal » Toutes les preuves des mauvaises mœurs de ces messieurs les poètes vont ravir les défenseurs plutôt fripouilles de la morale traditionnelle et de « Une famille c’est un papa + une maman ».

    Et de fait, lorsque Mathilde les découvre, les missives, la jeune épouse se jure cette fois-ci que tout est bien fini.

    Que devient « La Chasse spirituelle », le manuscrit d’Arthur Rimbaud ? Il disparaît ! Mais on le voit réapparaître, enfin édité, au Mercure de France, s’il vous plaît, en 1949, soit plus de soixante-dix ans après.

    Relié ! Broché ! Préfacé par Pascal Pia ! Encensé par la presse !

    Mais, car il y a un mais, ô scandale, semelles de vents et scandalettes, il s’avère qu’il s’agit d’un faux ! L’engouement pour la poésie, la bibliophilie et surtout pour Rimbaud est devenu tel qu’à part André Breton personne ne veut croire qu’il s’agit d’un canular pondu par deux théâtreux.

    Ah il est bienheureux, le faux manuscrit ! « La vie est une farce à mener par tous », a écrit Rimbaud. Et les deux comédiens ont réussi leur coup. Après reconnaissance de la mystification, la maison d’édition retire le livre de son catalogue. Les exemplaires déjà vendus valent aujourd’hui une fortune sur E-bay ou dans les salles de vente.

    Oui mais… le vrai manuscrit ? Celui du début ?

    Il semble que la maudite Mathilde ait mis le feu au test de grossesse et jeté le bébé avec l’eau du bain.

    Les vrais Rimbaldiens ont fait une croix dessus. Tout comme Rimbaud a terminé sa vie en faisant du trafic d’armes, ils ont changé leur fusil d’épaule. Ils sont tous au Harar et ils creusent. Ils retournent tout. Ils cherchent dans le sol les bras de la Vénus de Milo.

  3. Michel-Denis ROBERT dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait.

    Le tiroir n’était pas coincé, mais le manuscrit, si, là, juste sous sa paume. Elle lissa le bois vernis et d’un geste vif, elle tira sur la poignée. Elle mit à jour la chemise verte serrée par une boucle. Le dos de la chemise était tout parcheminé. C’est le signe qu’elle l’avait peaufiné et retravaillé si souvent. Les feuilles se blottissaient en attente sous la couverture. La lumière perça légèrement. Le temps que leurs yeux s’habituent à la pénombre, ils sentirent la pulpe de ses doigts caresser le tissage puis ses ongles qu’elle fit crisser comme sur un rêve qui s’échappe. Il ne servait à rien qu’elle le retienne. Il devait trouver sa voie.

    Ils eurent le sentiment de se voir effeuillés comme une fleur. Aux souvenirs évoqués, son regard fondit. Ils ne la voyaient pas encore, mais sous son toucher, ils la devinaient fébrile. Ils attendirent un instant. Son attention les apaisa. Elle vérifiait si tout était normal.

    Quand leurs actions seraient accomplies, ils pourraient la voir. Elle disait pour le moment, qu’il ne servait à rien qu’ils soient en pleine lumière. Elle attendait que son inspiration s’épanouisse pour les livrer à la férocité et à la bienveillance. Le verdict de la lumière ne ferait pas de cadeau. Elle tendait le fil d’Ariane au maximum, au-dessus d’un précipice, et l’équilibre ne devait pas être précaire, mais solide et continu.

    Tous ses personnages avaient un point commun. Mais ils vivaient chacun dans un milieu différent. Elle leur prêtait toute son attention, surtout à celui-ci le plus étrange qu’il fallait surveiller. Elle lui tendait toujours la perche pour qu’il ne s’égare.

    Même le plus sournois était digne de son intérêt. Surtout celui-là aussi. Il devait être costaud pour être crédible. Le plus difficile pour elle était de trouver la cohérence dans son comportement. Travaillait-il pour le bien d’autrui ou pour un plaisir exclusif ? Avait-il réfléchi ou agi comme un automate ?

    Elle avait eu plaisir à se documenter sur la généalogie d’une famille. De l’influence des générations passées sur le comportement d’aujourd’hui. Toutes ces histoires de guerre entre chefs, entre pays, entre gens de même condition, entre frères, entre soeurs, n’avaient-elles leur utilité que pour être racontées ? Les guerres sont-elles évitables ?

    Ils trépignaient d’impatience de vouloir déjà sortir.
    – Mais attendez ! Ne soyez pas si pressés. Evoluez doucement ! Je ne tiens pas à vous perdre dans la foule.
    – Est-ce qu’elle va revenir ? demandèrent-ils tous en coeur.
    – Oui.
    Le manuscrit attendait la suite.

  4. Dans le noir d’un tiroir,
    un manuscrit attendait anxieusement
    le résultat de son test de grossesse.
    Serait-il relié ou broché ?
    Cette question le tourmentait.

    Comment allait-il s’attacher à ce monde ?

    Telle serait la grande question de sa vie.

    Quelle genre de personnes le liront ? Mais allait-il être lu ? Que faire pour être lu ? Aimer de ses créateurs mais aussi des autres et ainsi avoir un début prometteur en ce monde ?

    L’attachement est fragile, délicat, il met du temps à s’implanter en chaque manuscrit.

    Et pourtant, la question est décisive.

    Est-il écrit noir sur blanc ou blanc sur noir ? A la main, ancré dans la réalité matérielle ou sur le net, virtuel ?

    Cette question aussi allait devoir se poser.

    A la minute où il sera ouvert, il le sait, il sera juger sur ce qu’il est, et même sur ce qu’il n’est pas, les projections que le monde fera sur lui.

    La confrontation à l’autre met à jour les imperfections inconnues jusque là, les fautes de frappe, les problèmes d’orthographe…

    Relié ou broché ? Est ce la vraie question ?

    Etre, tout simplement, est la seule question.

  5. françoise dit :

    Dans le noir d’un tiroir,
    un manuscrit attendait anxieusement
    le résultat de son test de grossesse. 
    Serait-il relié ou broché ?
    Cette question le tourmentait. 
    Il en était à son septième mois de grossesse tout de même.
    Son propriétaire ayant sans doute pris conscience de son inquiétude lui fit passer une IRM. A la lecture du résultat de celle-ci l’expert gynécologique prescrit également une echographie pour savoir si son état lui permettrait d’aller à terme. A la lecture de ces examens il conseilla à son propriétaire dès  la naissance et sans tarder de le brocher plutôt que de le relier .
    De mémoire de libraire on n’avait jamais entendu dire qu’un manuscrit devait passer ce genre d’examen pour prendre la décision de le relier ou de le brocher. Il y avait de quoi en écrire un roman. Que de temps perdu aurait dit Proust : son propriétaire n’avait vraiment rien d’autre à penser.
    Soudain il sentit qu’on le saisissait et qu’on feuilletait ses pages puis il entendit une voix féminine demander « la viande on la fait cuire à la broche » ?
    « Laisse je m’en occupe « lui répondit son compagnon mais après avoir corné une page , il fit tomber malencontreusement le manuscrit à terre. Un enfant le ramassa et par jeu déchira avec ferveur toutes les pages.
    Son papa en le grondant lui dit « quel dommage, je devais aller le faire relier demain ; mais bon, ce n’est pas grave, j’en ai un autre exemplaire ; allez sois gentil ramasse et mets-le tout à la poubelle…..

  6. LELEU Yvette dit :

    Dans un vieux tiroir au grenier, c’est là que je t’ai laissé après bons nombres de rejets mais aujourd’hui mon bébé, aujourd’hui c’est le grand jour. J’ai décidé de remettre le couvert et te revoilà dans ma poche ventrale prêt à revenir voir le grand monde.
    Bon, c’est pas de la tarte et il faut batailler sec. Tu le sais,il y a sept ans de ça, j’avais essayé. Ils m’avaient tous laissé tomber comme une vieille chaussette trouée sous le faux prétexte qu’il était trop tôt pour toi de venir au monde.
    Les temps on changés et l’avenir te fait les yeux tous doux. Mon tout petit je te vois déjà brillant, éblouissant sur le podium.
    J’ai trouvé un éditeur, tu te rends compte! Un éditeur oh! un très jeune, au Salon du livre à Paris. Il veut bien mouiller sa chemise même s’il a peur du pavé que tu vas lancer.
    IL faut dire que tu pèses ton poids mon mignon. Bon, ton titre l’effraie vraiment,mais je t’assure qu’il ne t’auras pas autrement…pousse mon bébé, arrive vite ton heure est proche.
    Après sept année d’un dur labeur, de fortes douleurs se font enfin sentir. Il sera là dans deux mois, il brillera de tout son lustre. Broché, mon petit sera broché. Enfin édité quelle joie d’enfanter un monstre comme toi.
    Bon ma pensée rationnelle me revient et je découvre que ton titre va faire grincer pas mal de dents… » La Mort du Dernier Pape ». Tu es d’un noir mon petit!

  7. Clémence dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ?
    Cette question le tourmentait. 

    Je peux, sans honte aucune, vous l’avouer aujourd’hui. Je suis un enfant gâté, un enfant roi, un enfant tyran !
    Et que vous dire de ma gestation ? Un événement attendu et espéré avec une impatience impertinente.
    Mais lorsque tous les signes de ma présence réelle furent là, ce fut une déferlante de sentiments et d’émotions.
    Je crois que je ne me suis jamais tant amusé.
    Je fus déposé en des lieux prestigieux.
    Je fus l’objet d’âpres discussions.
    Je fus le centre du monde, le nombril de l’Univers.
    Je fis les plus beaux voyages, dans le temps et dans l’espace.
    Je fis les plus belles découvertes.
    Il n’y eu pas de mots, de phrases, de chapitres qui furent plus ciselés que ceux qui louèrent mon existence.

    Et puis, un jour, ce fut le néant.
    Je fus abasourdi par le silence et par l’obscurité.
    Je me posai mille questions.
    Pourquoi la gloire et les ors m’étaient-ils, tout à coup, usurpés ?
    Un autre que moi s’était-il traîtreusement infiltré dans les arcanes du monde de mon créateur ?

    Après cette voluptueuse période de nombrilisme, le doute et de la remise en question s’étaient insinués dans ma vie.
    Je ressemblais furieusement à un vulgaire manuscrit, relégué dans le noir d’un tiroir, attendant anxieusement le résultat d’un test de grossesse, selon une expression consacrée !

    Et puis, la lumière fut !
    Certes, ce n’était pas encore le siècle de lumières, mais pour moi, je valais plus qu’un lustre !

    La lumière explosa.
    Mon géniteur était enfin prêt à me donner un nom.
    D’une main sûre, il écrivit sur la page de garde :

    « Introduction à l’art de la reliure »

    © Clémence

  8. Camille dit :

    Merci beaucoup Odile pour votre commentaire. ça fait plaisir!

  9. Patrick Labrosse dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse.
    Serait-il relié ou broché ?
    Cette question le tourmentait.
    La vie en général le tourmentait et l’épilogue de cette histoire d’éditeur n’était qu’une facétie de plus à ses inquiétudes. Il devait agir, répondre à son éditeur sans délais : Broché ou Relié, Relié ou Broché ?
    Il se décida enfin et prit sa plume pour délayer son argumentaire :
    Cher Editeur,
    Vos questions techniques sur l’avenir anatomique de mon manuscrit m’agace au plus haut point. De Broché, je préfère le verbe embrocher. Imaginez chaque page embrochée les unes aux autres sur un pic à glace dans un ordre farfelu. Le charmant lecteur aurait alors deux possibilités : ce livre est passionnant et il s’empresse à retrouver l’ordre de la pagination. Chaque page pourrait être collée au mur de sa chambre, agrafée en guirlande sur la devanture de son chalet, cousue main par sa fille, remisée minutieusement dans son coffre-fort … Soit ce livre est insipide, mièvre et terriblement décevant, le lecteur pourrait alors se servir de cette broche à papier pour allumer son feu de cheminée, faire des cocottes en papier ou encore le recycler en papier toilette ( Evidemment pour cette dernière option , il serait bien de choisir un papier de grammage et de qualité supérieur, tant qu’à lire de la merde , il est bien de se torcher avec un papier vélin de bonne finition !)
    Si en revanche, vous choisissez l’option relié, il me serait gré de posséder une reliure en peau de bouc, plus odorante que celle de la chèvre. Ainsi, le livre séduirait olfactivement la charmante lectrice en proie à de jolies histoires d’amour.
    D’ores et déjà, je vous informe de ma décision sans appel pour l’accouchement de mon livre, j’opte pour la péridurale. (Certes moins rapide mais beaucoup moins douloureuse en terme de critique littéraire).
    La bise à l’imprimeur
    Digitalement votre
    L’auteur

    • Malinconia dit :

      je cite : « une reliure en peau de bouc, plus odorante que celle de la chèvre. Ainsi, le livre séduirait olfactivement la charmante lectrice en proie à de jolies histoires d’amour. »

      Plus macho tu meurs !

       » il est bien de se torcher avec un papier vélin de bonne finition ! »

      Résultat très incertain : absence de délicatesse, soit du papier, soit de l’auteur.

      Bref, un article qui, faute de bon goût, a l’avantage de l’odeur.

      • LABROSSE dit :

        désolé de l’indélicatesse ! je vois que mes aphorismes érotiques ont fait mouche. ne vous inquiétez pas , je ne suis point machiste ! Aux antipodes de ce que vous pourriez imaginer. Toutefois lorsque j’écris j’aime utiliser la provocation et l’impudeur.

        acceptez mes excuses en guise de bonne foi

        • Moi j’ai trouvé ça rigolo ^^
          Et puis si on part dans la projection, on peut imaginer un compliment sur les femmes en se disant que de les viser pour les attirer est la déduction qu’elles lisent plus….

          J’avoue je préfère le bouc à la chèvre mouahahaha.

    • Malinconia dit :

      Grâce à vous nous savons que les femmes apprécient l’odeur du bouc. Merci pour l’info !

  10. Cetonie dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait.
    Léandre avait mis un point final à son manuscrit, n’oubliant aucun détail de présentation, et avait d’abord fait quelques photocopies pour le soumettre à des éditeurs à des fins de publication.
    Il avait apporté un soin particulier à sa mise en forme : patiemment écrit à la main, d’une plume douce et attentive, sur un élégant vélin d’une teinte douce et satinée.,
    Et maintenant le précieux exemplaire, l’original, attendait la suite de son histoire.
    Ayant toujours profité d’une attention presque amoureuse de la part de son auteur, il s’était habitué à ce confort un peu désuet : le luxe, et comprenait mal qu’un simple éditeur se permette de porter un jugement sur l’intérêt de le publier : il était si beau !
    Et il se voyait déjà imprimé dans une belle édition, un papier Hollande lui aussi doux et soyeux, sous une reliure de cuir souple et odorant, avec sa centaine d’exemplaires numérotés et dédicacés.
    Mais voilà… Il y avait un test à passer, ce qui semblait une véritable humiliation pour ce pur objet d’art, celui du sens – demande-t-on à une jolie femme d’avoir quelque chose dans la tête ?-
    Un éditeur, moins moderne que ses collègues, remarqua quelques détails sur les photocopies, et se douta du caractère exceptionnel de l’ouvrage : il soupçonna que le soin exceptionnel apporté à l’écriture ne saurait être mis au service d’un texte quelconque.
    Cela l’incita à se replonger plus sérieusement dans la lecture du manuscrit, et il y découvrit de discrètes mais très nettes qualités d’écriture, un style fluide, impeccable, et tellement évident que nul ne l’avait remarqué : il était absolument naturel !
    Curieux de connaitre un homme aussi rare, il demanda à le rencontrer, puis lui rendit visite.
    Rouge de confusion, car il trouvait tout naturel de soigner son œuvre comme son enfant, Léandre lui présenta son manuscrit, et l’invita à le feuilleter : ils partagèrent ainsi un profond plaisir, se plongeant totalement dans une œuvre parfaite, qui comblait tous leurs sens, avec le craquant du papier et l’harmonie de l’écriture, autant que le plaisir intellectuel et artistique.
    Ils convinrent qu’il était impossible de traduire cette subtilité dans une quelconque édition commerciale, même avec un tirage exceptionnel, alors, qu’en faire ?
    L’éditeur commanda pour le manuscrit une reliure haut de gamme, en un beau cuir qui appelait les douces caresses, et l’exemplaire unique fut offert à la Bibliothèque Nationale, au département des manuscrits, mis à la disposition des seuls amateurs éclairés qui sauraient en apprécier la perfection tellement anachronique.

  11. iris79 dit :

    Elle ne tarderait pas ouvrir le tiroir comme chaque soir depuis qu’elle avait entrepris l’écriture de son histoire. Elle avait pourtant terminée depuis déjà plusieurs semaines. Le crayon avait cessé depuis longtemps de caresser mes feuilles de papier recyclés. Mais elle était hésitante, ne sachant pas vraiment si elle irait au bout de ce projet qui pourtant l’animait complètement depuis de longs mois. Dans le doute, elle me sortait du tiroir chaque soir et me prenait entre ses mains. Elle me retournait avec d’infimes précautions, touchant délicatement ma peau qui je l’avais compris ne serait que provisoire. Elle me parlait délicatement dans la douceur de cette petite chambre en faisant glisser les pages sous son pouce. Elle me confiait ses doutes. Moi j’étais pressé de m’émanciper maintenant. J’étais prêt ! J’incarnais fièrement cette histoire qu’elle m’avait confié, je la savais belle, attrayante, intéressante, je savais qu’elle avait tout pour plaire. Je voulais maintenant passer à l’étape suivante et savoir tout simplement si je serai relié ou broché, sur quelle étagère j’irai trôner, dans quelle ville, dans quelle maison j’irai vivre, dans quelles mains je serais mis. L’heure était venue de ne plus rester dans ce tiroir. Je serai relié j’en étais sûr ! C’est ce que je voulais au fond de mes pages. Mon destin était de parcourir le monde, de me trouver dans les gares, les aéroports, de m’ouvrir dans des toiles de tentes, de dormir dans des sacs à dos, de voir du pays, d’affronter la pluie peut-être des orages, de m’ouvrir sur des plages. Je le savais mieux qu’elle. Alors ce soir, non je ne retournerais pas dans ce tiroir. Un seul geste allait faire basculer nos deux destins, il fallait qu’elle le fasse.

    • kat dit :

      Dans le noir d’un tiroir,
      un manuscrit attendait anxieusement
      le résultat de son test de grossesse.
      Serait-il relié ou broché ?
      Cette question le tourmentait…
      Pourquoi donc était-ce si long ? Pourquoi aucun filet de lumière ne filtrait… ?
      Il étouffait.. le tiroir était devenu bien trop petit au fur et à mesure que ses pages s’étaient nourries de mots, de paragraphes, de chapitres…
      ça devrait être terminé maintenant mais alors pourquoi ce silence ? que se passait-il ? pourquoi ce tiroir ne s’ouvrait-il pas ?
      Je veux sortir ! je veux qu’on me libère !
      Pourquoi ne vient-il pas m’expliquer ? il devrait savoir maintenant…
      3 longues semaines déjà qu’il ne vient plus me parler… je déséspère… ses grandes mains me manquent. Sa plume aussi… Cette plume qui a glissé sur mes feuilles des jours, des mois durant… Il ne reste qu’une étape, une toute petite étape toute simple…
      Le manuscrit se sentait seul, retenait son souffle au moindre bruit de pas s’approchant du tiroir ou il se reposait en attendant le résultat… Hier, il a cru que la nouvelle allait enfin lui être annoncé mais non… Les pas se sont rapidement estompés.
      Et puis soudain… ccccrrrrr … ? la porte ! c’est la porte… des bruits de voix… des pas… le parquet qui grince…Il en était sur, ce n’était pas comme d’habitude.. tout était différent.
      Un mince filet de lumière apparut.. enfin le tiroir s’ouvrait illuminant sa couverture… Les mains plongèrent et s’emparèrent du manuscrit en criant joyeusement « A nous deux ! On va s’occuper de toi… »

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Le fameux tiroir en avait abrité plus d’un,de manuscrits,tous dans la même attente,rongés par l’inquiétude,dans un grand état de fébrilité.
    Plus il avançait en âge, plus il semblait au tiroir que les choix cependant se restreignaient.
    Foin dorénavant des ouvrages de luxe,des livres d’art que l’on manipule avec respect.C’était: « relié ou broché »
    Il sentait que ce locataire là était particulièrement anxieux,un fragile que l’attente du résultat mettait dans tous ses états. En le jetant négligemment dans le noir de son bureau,l’auteure avait lancé à la cantonnade:
    « Je dois aller chez l’imprimeur, mais il ne faut pas rêver,le choix est limité dorénavant .Je vais tenter de négocier la qualité du papier sans trop y croire.Ce sera la réponse habituelle sur le coût des matériaux qui fait monter celui des ouvrages. »

    Ses douze opus précédents s’étaient bien vendus, elle était optimiste, misait sur une bonne présentation, car ce petit dernier lui tenait très à coeur.
    De son côté le pauvre manuscrit, dont c’était la première épreuve ,était toujours aussi anxieux.Il manquait de confiance en lui, sa claustrophobie était mise à mal.
    Et cette façon désinvolte qu’elle avait eu de l’ abandonner, là,dans ce noir, après qu’il eût été l’objet de tout son intérêt ces derniers mois.
    Son petit coeur de papier format A4 palpitait douloureusement,il imaginait le pire,se froissait de peur, ratatinait ses feuilles sans pouvoir s »en empêcher.
    Elle était partie tôt le matin et,depuis, il guettait le bruit de l’ascenseur qui ne s’arrêtait jamais à leur étage, ces pas sur le pallier continuant vers d’autres portes.
    Il commençait à étouffer,appellait en silence sa délivrance.
    Un bruit de clef dans la serrure.
    Il avait dû s’endormir car il n’avait pas entendu la venue tant espérée.
    Ses pages bruissèrent de surprise.
    « Bon voilà ,c’est fait – dit-elle en ôtant ses chaussures – cette fois ce sera le relié. »
    Il faut dire qu’on lui avait proposé quelque chose d’original qui mettrait son roman en valeur.
    Elle ouvrit le tiroir du bureau,tapota le manuscrit avec bonhomie avant de le déposer dans sa serviette en peau de chagrin.
    « Je crois que nous allons être contents mon petit pote,tu vas être très beau.Les ventes devraient cartonner si je puis dire ».
    Rasséréné,confiant,notre héro s’abandonna à la douceur du moment dans le moëlleux d’un compartiment fleurant bon l’aventure et le cuir ciré.
    Un nouveau roman allait voir le jour,sans douleur et sous de bons hospices.

    • Mamireille dit :

      L’obscurité du lieu portait l’angoisse à son comble. Qu’attendait-on de lui ? Serait-il relié à une perfusion pour recevoir d’autrui ce qui le rendrait solide et consistant ou plus sommairement consolidé à l’aide d’une broche. Pourquoi le croyait-on malade à ce point ?
      Il s’était réjoui de voir la taille 32 désormais interdite aux mannequins de haute-couture parce que quand même… il y a toujours deux livres au kilo et incarner la beauté en confondant carnet et livre… c’était limite et ça lui troublait les sens. Alors il aurait bien pris un peu de ces mille-feuilles qui lui faisaient de l’oeil à l’heure du thé. Il aimait les rondeurs bien placées qui enrobent parfois les saillies acérées, mais sa gourmandise lui laissait entrevoir les grossophobes dont il ferait les choux gras s’il venait à s’enrober outrageusement.
      Ya basta ! Je suis comme je suis pensa-t-il ! Je plais à qui je plais. Je suis fait comme ça. Alors embrochez-moi si vous voulez mais s’il-vous-plait, ne le faites pas sans qu’un rai de lumière me relie aux regards susceptibles de me lire et relire. C’est pour ça que j’existe.

  13. grumpy dit :

    Oh non, ce n’est pas de mon test de grossesse à moi qu’il s’agit, mais de la pauvre chose que je deviens jour après jour depuis qu’elle m’a jeté avec rage dans ce tiroir. Je me ratatine, je me dessèche, en plus j’ai peur du noir, je ne supporte pas l’odeur de la naphtaline, je suis très malheureux.

    Pourtant elle y avait voué le plus gros de son cœur, fouillé dans son imagination la plus débridée et fait preuve d’une application parfaite lorsqu’elle m’avait rédigé jour après jour. Elle ne s’en rendait pas compte mais moi je me frottais les mains en la voyant tellement s’appliquer sur son style et sa calligraphie qu’elle en tirait la langue comme un enfant qui écrit ses premières syllabes.

    Elle avait fait de mes 300 pages un superbe manuscrit. Je me suis lu au fur et à mesure de l’écriture des chapitres, ça me plaisait bien, c’était du lourd. Du fond de mon ennui je me relisais de temps en temps, l’histoire tenait toujours le coup. Certain, j’avais l’étoffe d’un best-seller.

    Possible, mais encore faudrait-il être publié. Je languissais commençant à moisir, un petit cafard avait même fait mine de m’attaquer, heureusement celui que j’avais dans la tête eut le dessus. Je n’y tenais plus, il fallait que ça bouge avant l’ankylose et puis les escarres, après ça, c’est bien connu, c’est la mort.

    Voilà qu’un jour j’entrevois enfin un rai de lumière. A-t-elle de nouveau pensé à moi ? Du coup, je ne lui en veux plus du tout, elle va avoir envie de me relire, reconnaître ma qualité, s’en féliciter et me tirer de là. Alors elle se décidera sans doute enfin me faire imprimer. Ira-t-elle jusqu’à me demander si je préfère être broché ou relié ? Je m’en fous un peu, le principal c’est que je m’en sorte.

    Le tiroir demeure entrebâillé. Elle y a juste glissé deux doigts pour y récupérer sa plaquette de pilules. Découragée par un troisième test de grossesse négatif, elle aurait donc renoncé ? Mon possible retour en grâce ? Non, visiblement elle se soucie de moi comme de sa première chemise. Je dois agir maintenant, ça presse, déjà mes caractères qui eux aussi en ont marre font mine de s’effacer.

    Du peu de force qu’il me reste après ce long enfermement, centimètre par centimètre je pousse le tiroir, et vlan, me voilà par terre dans un nuage de poussière. Elle ne fait plus attention à moi, elle n’a rien entendu, elle pleure dans son fauteuil.

    Je rampe vers la porte, je tourne la clé des champs, me voilà dans l’escalier, je tape à la porte de Galligraseuil. J’y reçois un bon accueil, longtemps me disent-ils que d’aussi beaux manuscrits ils n’en avaient plus lus. Plus que des tapuscrits sans charme, Times Roman, tous pareils de sujets comme de facture, c’est frustrant me disent- ils, « merci, on vous écrira ».

    Ils n’ont même pas pris cette peine, mon contenu les a sidérés puis séduits. Ils m’ont inscrit dans la course, et cette année-là, le Goncourt, ben ça a été moi !

  14. Cetonie dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse.
    Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait.
    Léandre avait mis un point final à son manuscrit, n’oubliant aucun détail de présentation, et avait d’abord fait quelques photocopies pour le soumettre à des éditeurs à des fins de publication.
    Il avait apporté un soin particulier à sa mise en forme : patiemment écrit à la main, d’une plume douce et attentive, sur un élégant papier vélin,
    Et maintenant le précieux exemplaire, l’original, attendait la suite de son histoire.
    Ayant toujours profité d’une attention presque amoureuse de la part de son auteur, il s’était habitué à ce confort un peu désuet : le luxe, et comprenait mal qu’un simple éditeur se permette de porter un jugement sur l’intérêt de le publier : il était si beau !
    Et il se voyait déjà imprimé dans une belle édition, un papier Hollande soyeux et satiné, sous une reliure de cuir souple et odorant, avec sa centaine d’exemplaires numérotés et dédicacés.
    Mais voilà… Il y avait un test à passer, ce qui semblait une véritable humiliation pour ce pur objet d’art, celui du sens – demande-t-on à une jolie femme d’avoir quelque chose dans la tête ?-
    Et justement, c’était l’objet du test des éditeurs… qui achèterait cet ouvrage ?
    Après de longues concertations entre leurs assistants blasés, ils conclurent que leur clientèle était trop restreinte vu le peu d’intérêt de l’ouvrage, et proposèrent à son auteur de le transcrire en PDF qui pourrait être commercialisé sans trop de risques.

  15. Blackrain dit :

    Il était prêt et plus que prêt pour l’accouchement, pour qu’un éditeur le fasse naitre aux yeux du public. La grossesse avait été interminable. Plus de douze mois. Heureusement, les quelques mots ternes et minables des débuts de son auteur et maître n’avaient été que de maladroits préliminaires. L’inexpérience avait fait place par la suite et par le talent qui s’aiguille, à des phrases poétiques et chargées d’émotion. Il en pleurait parfois en les relisant. Sa larme venait miner le trait de crayon de son papa auteur. Mais papa n’en prenait pas ombrage et gardait toute son hauteur pour l’effacer avec le sourire de son chewing gomme hollywoodien. Le Stetson enfoncé sur la tête, son papa cow-boy ne rêvait que d’adaptation sur le grand écran. Dans sa ferme de l’Iowa, il crayonnait ses grands espaces en phrases interminables et ne mettait jamais ses émotions entre parenthèses. Son héros solitaire pensait sans réserve qu’indien vaut mieux que deux tu l’auras. Les vaches figuraient en bonne place dans les tables des matières et les mustangs lâchaient leurs chevaux sans que les derricks ne freinent leur essence.

    Voilà, il était prêt à sortir de sous la couverture, prêt à se mettre à la page des bobos épris de nature. Ouvert d’esprit, il ne serait pas aussi rigide que sa couverture et accepterait d’être couvert, même si la médisance bouchée de quelque roman broché prétendrait qu’il est de la jaquette. Car sous ses lettres déliées, sa coquetterie le préférait relié plutôt que de ressentir la punition d’avoir été collé. Il souhaitait le succès, que cette maitresse décolle, qu’elle remplisse le tiroir-caisse de son auteur et qu’au-delà des deniers, elle donne envie à ce dernier de lui enfanter quelques petits frères avec qui il pourrait partager ses maux.

  16. Christine Macé dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse.

    Serai-je relié ou broché ? Cette question me tourmentait, tout autant que la passion qui nous avait fait vivre tant de folies.
    La canicule estivale avait rendu les nuits éprouvantes mais je succombai, conquis. Guettant fébrilement l’instant où nous nous retrouverions. A l’affût du frôlement de sa main flatteuse. Il se tenait la tête un peu penchée, le bras gauche en replis. La plume alerte, affolée, gourmande, puis sensiblement apaisée, féline.
    Après ces heures incandescentes à me laisser écrire sous la lampe, il m’abandonnait pour sombrer sur le canapé du salon, vidé de toute sa moelle. Moi rempli de son écriture sauvage. Souillé de ratures, biffé des paragraphes à conserver, absolument.
    Pourtant, il arrivait que mon poète sombrât dans la désespérance. Il manquait d’assurance, bafouillait, pensait tout haut et l’encre séchait. Je retenais mon souffle. Consentant à tous ses caprices, aux accès de mauvaise humeur et méchantes tournures de pages. Une fois, de rage, il m’avait fait voler dans la corbeille où j’étais resté prostré, inquiet. Serait-ce déjà la fin de notre idylle ? Au petit matin, penaud, il avait demandé pardon, les larmes aux yeux. On n’en avait plus jamais reparlé.
    Septembre estompa la fièvre estivale et nos ébats, tiédis par les habitudes, gagnèrent en complicité. J’étais certain désormais que le lien s’était renforcé. Nous étions simplement réjouis d’être ensemble, quotidiennement, juste pour un moment. Les lignes allaient bon train, je le voyais parfois sourire.
    Lorsqu’il écrivit le mot fin sur la deux cent cinquantième page, nous sûmes d’emblée que l’avenir pourrait se parer de rose. Et pour en être certains, nous consultâmes. On nous conseilla de faire le test, ultime preuve.
    Chaque soir, depuis, j’espère qu’il vienne me chercher au fond du tiroir où il m’a déposé comme un objet précieux. Relié ou broché, je sais qu’il hésite, prend des avis, s’égare. Mais je sens bien qu’un peu de mon poète a disparu. Et il me vient alors la phrase de Cervantès : « Quand vient la gloire s’en va la mémoire »…

    Bon week-end, Christine

  17. laurence noyer dit :

    Le test de glossaire

    Dès le jour présumé des règles de l’édition, les tests de glossaire détectent la présence dans les manuscrits d’une hormone spécifique à la fécondité : la SIC ( Style Idée Créativité) secrétée par le N.D.T (Noir Du Tiroir)

    Placé en présence d’HTML (Haute Teneur de Maitrise Littéraire), le test révèle tout son talent. Sa fiabilité est désormais de 99 % à condition que les Ref. de la Loc.cit. aient été bien observées. Les résultats doivent être obtenus sur les premières N.D.L.R.(Notes Drastiques et Lectures Refléchies) du matin.

    Savoir si les tests de glossaire sont fiables est sûrement une des FAQ (questions les plus fréquentes posées par les futurs écrivains)

    Ils peuvent ainsi s’utiliser à une date plus ou moins proche de la date théorique de parution avant une mise éventuelle à l’index.

    N.B:il peut y avoir des tests qu’on appelle des « faux négatif » lorsque ceux-ci indiquent que vous n’êtes pas Ad lib, bien que la conception ait eu lieu.

    Le résultat du test parvient à l’écrivain in extenso
    Il faut attendre quelques mois pour découvrir le texte (nf ou nm), et prévoir l’habillage, relié ou broché.
    Après la parution, le B.B (Bouquin Bienvenu) est recouvert d’une couverture ou d’une jaquette en vue de son transfert à la B.N.F (Bonne Nursery Française)

    • ourcqs dit :

      Vive les tests de glossaire !!

      Bravo

    • kat dit :

      Dans le noir d’un tiroir,
      un manuscrit attendait anxieusement
      le résultat de son test de grossesse.
      Serait-il relié ou broché ?
      Cette question le tourmentait…
      Mais pourqoui tous ces tests ? depuis 1 mois, ça n’arrétait pas… il passait de mains en mains, pour être observé, lu… Certaines tournaient d’ailleurs les pages bien trop vite. Ca le fatiguait à la longue…
      Et toutes ces discussions autour de lui comme s’il n’était pas là !! Ce que ça pouvait être pénible..
      J’en peux plus… C’est beaucoup trop long… peu m’importe à moi que ce soit relié ou broché. Ce qui compte au final c’est que ce soit beau… et de qualité.
      Le manuscrit se prit à rêver…
      Après on va pouvoir faire l’annonce… Ils vont tous venir… Il y aura un cocktail pour fêter celà. Ce sera bien tous ces gens qui vont venir pour l’évenement… Il vont tous défiler devant moi avec leurs verres…
      Soudain des voix « alors mon cher ? cette décision ? » « Relié !! ce sera relié ! Nous allons pouvoir annoncer sa sortie… »
      Dans le tiroir le manuscrit secoua ses feuillets de plaisir… Enfin… enfin, Il allait pouvoir sortir et rejoindre les autres… Quitter cet endroit si sombre et aller profiter de la lumière…
      Le grand jour était déjà la… Depuis l’annonce, tout a été si vite… les flashs crépitaient, on applaudissait, on serrait des mains et soudain le manuscrit fut saisi et porté très haut :
      « Regardez ! le voici !! Regardez comme il est beau ! »
      Et c’est vrai qu’il était beau dans sa couverture de cuir…reliée…

  18. ourcqs dit :

    Dans le noir d’un tiroir,un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait. 

    L’attente était longue, pas de date précise. De temps en temps, il était soulevé, vérifié pour la énième fois, repris en main, caressé. Il sentait bien que
    la décision finale approchait.
    Il avait le temps de s’interroger sur sa vie après ….
    Serait-il la Création impeccable, sans défauts, affichée, posée, adulée, dont tout le monde parle sans beaucoup d’émotions ??
    Il ne voulait surtout pas terminer sur les étagères d’une bibliothèque sérieuse où les volumes sont tous bien droits, impeccables,que personne ne doit déranger.
    Il rêvait de souplesse, simplicité. Passer de mains en mains, se laisser manipuler, gardant avec tendresse les traces, les faux-plis de ses premiers pas, les petits mots dans les marges.
    Se lover dans le fond d’une poche, trainer sur un fauteuil, accompagner un café sur une table en terrasse, le rêve !!

  19. Odile Zeller dit :

    Une histoire toute en finesse et avec suspense et chute finale merci

  20. Odile Zeller dit :

    Dans le noir d’un tiroir, un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait il relié ou broché ? Cette question le tourmentait. Son voisin, le cahier écolier, tout modeste , le rassurait : « t’en fais pas, tu verras bien… t’auras pas le choix. Et lui, le manuscrit, retournait la question en tournant ses pages.
    «  je préfèrerais relié… broché, c’est moins chic et moins confortable pour le lecteur. La reliure, c’est fait pour durer. » Le cahier ne tarda pas à s’impatienter de toute cette anxiété qui maintenait la tension dans le tiroir. « Publier c’est bien l’essentiel non ? Ensuite tu verras bien… »
    Le manuscrit se recroquevillait sous sa couverture plastifié. » Oui, tu as raison, publié justement … et si l’éditeur réfléchissait et que tout compte fait … » «  s’il revenait sur sa décision, c’est ça ? Quel pessimiste tu nous fais .. » l’autre se tut et murmura : «  tant que je n’aurai pas vu le titre sur la couverture … au fond relié ou broché …  »
    Ils firent silence, dans le lointain à travers le bois, on entendait la voix de l’auteur au téléphone :
    «  Oui cher ami… la date … retardée mais j’avais réservé ce week-end là… dans quatre mois … on a le temps’… bon… dédicaces avec mes autres ouvrages dans trois semaines… peut être vous me confirmerez la parution dans deux mois … la publication n’est pas remise en cause ? … reportée … le coût du papier … allo allo … on a été coupé. L’éditeur ne rappela pas. Silence complet dans le noir du tiroir.

  21. Camille dit :

    Dans le noir d’un tiroir,
un manuscrit attendait anxieusement
le résultat de son test de grossesse. 
Serait-il relié ou broché ?
Cette question le tourmentait. 
    Il faut dire. Il était bien dans son tiroir tout noir et tout chaud, il n’avait pas envie d’en sortir. Et puis le balancement fréquent que lui procurait l’ouverture du tiroir l’amusait beaucoup. Cela lui permettait de parcourir quelques centimètres d’avant en arrière, de voir un peu de lumière mais pas trop. Ces ouvertures éphémères le grisaient. Et puis elles lui permettaient de sortir un peu de ses sempiternelles questions de sociologie qui constituaient l’essentiel de son sujet. Réalisme, éthique protestante, division du travail, positivisme, anomie, paradigmes divers et débats épistémologiques sans fin constituaient en effet l’essentiel de son contenu. Il en était lassé. D’autant plus que tout en décrivant en long et en large la société, il n’en avait aucune connaissance. Du moins les connaissances qu’il en avait étaient purement intellectuelles, savantes, théoriques, abstraites finalement. Il rêvait d’une véritable connaissance empirique, celle qui l’emmènerait vers les chemins tortueux de l’existence, qui lui permettrait si ce n’est de ressentir comme un humain, au moins de pouvoir observer la vie, la souffrance, la douleur, la joie ; mais aussi qu’est ce que véritablement la société des hommes, qui sont ils, comment se comportent ils, etc. Pour le moment il n’avait comme aperçu des rapports humains que le couple de la maison, qui se chamaillait souvent hélas. L’un voulait regarder Koh Lanta et l’autre Philosophie sur Arte. L’un, le même qui regardait Koh Lanta, voulait manger des burgers pendant que l’autre voulait manger asiatique. Arff, lassé était il de ces disputes sempiternelles et il espérait en secret que la société humaine n’était pas que disputes, Koh Lanta ou Philosophie, burger ou suchi, balsamique ou vin blanc, Kronenbourg ou Chimay, noir ou blanc en quelque sorte.
    C’est ainsi qu’il réfléchissait entre deux ouvertures de tiroir. Et puis depuis peu était venu se greffer un nouveau débat : serait il broché ou relié? Cette question le hantait. D’autant qu’il n’avait pas compris vraiment quelle était la différence. Broché, il imaginait être embroché comme les porcs, tourné sur le feu, chauffant petit à petit et se brulant les pages une à une, pour finir sur la couverture qui, l’imaginait il fonderait peu à peu. Sa matière à penser se consommerait donc lentement et il finirait comme un imbécile pensait il, sans plus une page ni même une couverture pour penser. En revanche la perspective de la reliure l’enchantait davantage. Il se disait qu’enfin il pourrait se sentir relié. Relié au monde, relié aux humains, relié aux autres livres même peut-être, espérait il en secret. C’est vrai, que pouvaient donc penser les autres livres, de quoi parlaient ils? Dans sa grande naïveté, il pensait que les autres ouvrages causaient de choses bien plus savantes que lui. Bref, il ne rêvait que de reliure.
    Hélas, il ne fut ni relié ni broché. Un jour que le couple se disputait pour la énième fois, pris d’un coup de sang le Koh lantien sorti le manuscrit du tiroir, commença par déchirer les pages et les jeta une à une à la cheminée. L’oeil médusé de la philosophe se fit souriant intérieurement car elle savait qu’elle avait une copie de sauvegarde. Mais elle l’aimait son manuscrit et le voir partir ainsi, encore tout naïf qu’il était sans avoir jamais connu la vraie vie mondaine des éditeurs, relecteurs et autres scribouillards, l’a déprimée pendant plusieurs jours. C’est juste après cette dispute que le couple s’est séparé, se disant définitivement « pas sur la même longueur d’onde ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.