380e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Les gens de lettres étaient en émoi.
Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.
On comptait déjà plusieurs victimes, dont…

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  • Akbar : Le plus grand – Diderot : Regrets sur ma vieille robe de chambre

Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.

30 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot kbar, attaquait ceux qui osaient   encore écrire en robe de chambre.

    On comptait déjà plusieurs victimes, dont la lettre K. Les premières investigations donnaient à penser qu’il pouvait s’agir d’une agression islamophobe.

    En effet, le présumé meurtrier était allé le matin même Boulevard Kellerman à la bibliothèque Franz Kafka – écrivain réputé écrire en robe de chambre – des ouvrages de Kant.

    Dans l’allée K, il tomba nez à nez sur Karim Kenzema, son ancien camarade du Lycée Henri Krasucki.

    Le hasard ne suffisait pas à expliquer cette curieuse coïncidence. Etait-il voué à la lettre K ?

    Cette lettre fut le cauchemar de ses années d’école primaire. Jamais il ne parvint à l’écrire correctement. La boucle jamais totalement fermée, les pleins toujours trop fins, les déliés trop épais le tourmentèrent du Cours préparatoire au Cours moyen. Il passa ces années à tenter de composer boucles et jambages. En vain. Une véritable malédiction.

    Et ce matin, il comprit pourquoi il avait pris cette lettre en aversion pour la vie. Enfin, c’est ce qu’il pensait. Car, il prit conscience que cette lettre maltraitante et honnie avait hanté sa vie plus qu’il ne le croyait.

    Car curieusement il s’aperçut que

    son apéritif préféré est le kir,
    ses desserts favoris sont le kouign-amann et le kouglof,
    l’animal qu’il adore est le koala
    il exerce le métier de kinésithérapeute
    le fruit dont il se délecte est le kiwi,
    il est ceinture noire de karaté,
    il adore porter la couleur kaki,
    il a rédigé sa thèse d’histoire sur le Ku Klux Klan,
    il prévoyait de partir l’été prochain au Kenya avec la compagnie aérienne KLM,
    son écrivain de prédilection est Kierkegaard,
    son peintre préféré est Kandinsky,
    et pour finir, il a prénommé ses enfants Kevin et Karine.

  2. Michel-Denis ROBERT dit :

    Les gens de lettres sont en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaque ceux qui osent encore écrire en robe de chambre. On compte plusieurs victimes dont le créateur de vêtements.

    En effet, la semaine dernière, en plein jour, quel culot ! tel un acrobate, l’homme a escaladé la façade de l’hôtel particulier du couturier, jusqu’au troisième. Il a forcé la fenêtre de l’atelier, sauté sur le parquet puis il a mis en joue le personnel avec son arme, un énorme stylo à pompe, en criant des mots incompréhensibles. Le personnel, stupéfait, comme pétrifié, armé de ses seules petites aiguilles, en pleine création, s’est arrêté de coudre. Une femme effrayée est tombé dans les pommes.

    Profitant de l’effet de surprise, le forcené s’est précipité sur le modéliste, l’a maîtrisé avec une corde, lui entrava les bras et lui a hurlé des mots arabes dans l’oreille. L’action fut fulgurante. Le furieux s’en prit ensuite à tous les vêtements accessibles à sa vue, surtout les robes de chambre qu’il macula d’un noir indélébile. Puis il est reparti par le même chemin qu’à l’aller, en s’aidant , cette fois-ci, de la corde restée encerclée autour du pauvre artisan qui n’en put mais, de se retenir à tout ce qui lui tomba sous la main, au passage, une de ses employées. Il furent tous deux entraînés par le poids de l’individu. Pendant l’échappée de l’aventurier, le long de la paroi, le styliste, appréhendé au cou par la corde qui avait glissé, faillit être étranglé.

    Le patron victime a demandé à garder l’anonymat car cette mésaventure pourrait lui causer une contre publicité. Mais la nouvelle fit grand bruit dans les salons.

    Paul Marchand, un des collaborateurs de Diderot, en lisant le journal, fit le rapprochement avec ce qui est arrivé à l’écrivain, ce matin. Dans les mêmes conditions, un quidam masqué a fracturé la fenêtre du deuxième de l’appartement de Monsieur Diderot. Il a menacé celui-ci, de son arme scripturaire, au cri de : « Diderot akbar ! » Et, même scénario, il a aspergé la robe de chambre de Monsieur.

    – Il paraît que c’est un luxe bourgeois qui rappelle trop la royauté, affirma Marchand à son collègue.
    – Quoi donc ? demande l’imprimeur anglais.
    – Mais ! La robe de chambre ! répond Marchand.
    – Hum ! L’agresseur est sans doute un illettré ou quelqu’un qui commence son érudition. il n’a pas lu tous les mots des billets que Diderot publie régulièrement. Il doit être fou. Il aura été payé par le fabricant de stylos. Sachant que l’objet sera décrit dans la presse, les lecteurs, qui sont quand même au nombre de cent mille, s’intéresseront sûrement au stylo en question. Ecrire des pages entières sans discontinuer, sans tremper sa plume, c’est un privilège. C’est un coup de marketing bien orchestré, énonce l’imprimeur dont l’intelligence exotique perçoit l’événement avec objectivité.
    – Vous n’y pensez pas ! Et qu’est-ce que « marketing » ! demande Marchand froissé d’entendre un mot qu’il ne connaît pas.
    – Marketing ! C’est le commerce, mon cher ! répond l’imprimeur visionnaire de son accent pâteux londonien.
    – Dans ce cas, Diderot devrait en profiter, dit Marchand en éclairant son visage d’un demi sourire.
    – Sûrement ! Mais je ne comprends pas le rôle de la robe de chambre, s’étonne le londonien.
    – C’est un symbole ! Du fond de son alcôve, le penseur mène son affaire. Cela ne plaît pas à tout le monde. Cela fait bourgeois marionnettiste, vous comprenez ! Cela ne plaît pas à la censure. Elle est peut-être en cause, dit Marchand retombant ainsi sur ses pieds.
    – Yes, je comprends. Et le crazy ? demande le voisin d’outre-Manche.
    – Embastillé.
    – Embas-quoi ?
    – En prison !

  3. Maryse Durand dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre, dans leur bureau poussiéreux, alors qu’un beau soleil faisait scintiller les surfaces des fleuves, rivières, mers et océans. Notre individu menaçant n’avait de cesse que ses victimes se retrouvent en tenue de plage, sous un parasol, s’emplissant les yeux de bucoliques décors. Ceci afin de dépoussiérer leurs méninges, et qu’ils puissent, à terme, offrir de magnifiques pages qui seraient le phare d’une littérature renouvelée. On comptait déjà plusieurs victimes qui s’accrochaient désespérément à leur fauteuil, à leur encrier, voire à leur pipe . C’est pourtant ceux-là même que l’on retrouvait, deux semaines plus tard, frais et dispos, voire légèrement hâlés, allongés sur un transat et dictant à de jeunes étudiants avides de conseils des phrases mirifiques qui s’inscriraient au fronton du Panthéon des plus fameux écrivains.
    Mais, dans l’ombre, la résistance s’activait : d’antiques auteurs attachés à leur costume traditionnel, armés par la confrérie des fabricants de robes de chambre, lançaient une campagne sur les ondes qui se propagent, comme on le sait, à la vitesse grand V. Ils défilaient derrière des portraits d’écrivains célèbres posant dans leur bureau, devant leur encrier, leur fauteuil, pipe à la main. Notre individu tenta alors de rameuter les écrivains « new-look » qu’il avait formaté, mais ceux-ci n’avaient nulle envie de quitter leur transat.
    Il dut alors, vaincu, mettre genou à terre et déposer son stylo à pompe avant d’être interné.

  4. Daisy dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre. On comptait déjà plusieurs victimes, dont tous les matinaliers à la mode qui avaient l’habitude, en rentrant chez eux en début d’après-midi, de prendre un bon bain avant de se mettre à préparer leur émission du lendemain. Le forcené n’avait pas non plus épargné les stars du 20 heures qui se prélassaient en peignoir jusqu’au milieu de l’après-midi. Ses pamphlets ironiques avaient l’effet d’une bombe dans le monde de la radio et de l’édition. Plusieurs carrières avaient déjà été soufflées. Tous les squelettes sortaient des placards et les présidents des radios et les éditeurs, qu’ils fussent de gauche ou de droite, avaient peur. Leurs discours de fraternité et d’union sacrée n’étaient qu’une façade, car il n’y avait pas de trêve possible dans la guerre pour les parts de marché.
    Le mystérieux justicier dideroiste n’épargnait que les femmes, empêchées par leur double journée de se glisser dans une robe chambre. Elles préparaient leurs chroniques et leurs colonnes dans les transports en commun, dans les parkings des écoles de danse ou sur le coin des tables de cuisine, jonglant entre leurs devoirs familiaux et leurs passions littéraires. Mais tout était peut-être sur le point de changer. Quelqu’un avait décidé d’accomplir les paroles de Diderot : « Femmes, que je vous plains ! Il n’y avait qu’un dédommagement, à vos maux ; et si j’avais été législateur, peut-être l’eussiez-vous obtenu. Affranchies de toute servitude, vous auriez été sacrées en quelque endroit que vous eussiez paru. »

  5. Pascal Perrat dit :

    L’angle choisi taquine notre curiosité, Odile.
    Et si cette femme coiffée d’un chapeau noir et en redingote n’était pas…

  6. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Quelle mouche a piqué Diderot lorsqu’il a écrit ses « regrets sur sa vieille robe de chambre » ??  
    Je suis tombé par terre. Et ce n’est pas la faute à Voltaire, mais suite à l’intrusion d’un énergumène qui vient de m’assommer d’un violent coup de stylo à pompe géant en hurlant : « Diderot akbar !! » avant de m’envoyer une giclée d’encre indélébile bleue en plein visage.
    J’en suis là de mes réflexions quand je me relève prudemment, – Ils sont partis ? – à moitié groggy. Dans ma tête qui sonne encore le film des événements se déroule en flash-back.
    « Flash-back ! » : ça fait du bien de le placer celui-là ! Vous allez comprendre pourquoi !
    Personne n’a rien vu venir.
    Au départ ils se postèrent comme défenseurs de la langue française, et prirent l’encyclopédie et son instigateur, Diderot, comme maître à penser. Il fallait défendre l’Académie et bouter hors de France tous ces écrivassiers qui souillaient notre belle langue en la métissant outrageusement d’emprunts allochtones. Le temps de comprendre de quoi ils s’agissait exactement, beaucoup de gens de lettres se retrouvèrent excommuniés sans prendre de gants. Quand ils demandèrent des explications, on le leur jeta à la figure (le gant) et on les provoqua en duel. Cela valut quelques joutes picaresques dont la télévision fit un moment ses choux gras.
    Les bannis commencèrent par plaisanter et ricaner de ces ayatollahs de la Langue Pure, et retournèrent à leurs occupations et à leurs livres, à l’abri – croyaient-ils – des outrances des zigotos. Confortablement enfermés dans leurs donjons, ces forçats de l’écriture se drapèrent dans leur dignité, et dans la robe de chambre qui revêtait traditionnellement leur profession.
    « Sacrilège !! » hurlèrent aussitôt les Puristes auto-proclamés. Comment osait-on salir ainsi le vêtement attitré d’un de nos plus Grands Esprits, symbole de la beauté de notre langue en sa perfection, personnage clé du fameux Siècle des Lumières français ?
    Les indignés trouvèrent rapidement des oreilles attentives à leurs jérémiades, motivées par la jalousie ou par le dépit, qui approuvèrent leurs salades, et des médias pour relayer leurs doléances. Ils s’organisèrent en commandos, prenant pour cible les porteurs de robe de chambre ou les magasins qui osaient proposer à des mécréants l’acquisition de cette parure sacrée. Drapés de blanc , les signes « alpha » et « oméga » dessinés sur le torse de leur tunique, coiffés de casques gaulois à cornes d’aurochs, et masqués d’un loup blanc, ils agissaient en bande la nuit, s’incrustaient dans les habitations marquées d’un « bêta » – « stupide » dans leur jargon – et surgissaient à l’improviste devant le coupable désigné en hurlant leur « Diderot akbar ! ». Le pauvre philosophe devait se retourner de honte dans sa tombe.
    J’étais leur dernière victime.
    Le temps d’appeler la police, ils avaient évidemment disparu. Et j’étais quitte pour déposer une plainte qui n’aboutirait pas, faute d’indices. Les autorités, submergées de cas semblables, ne faisaient même pas semblant de rechercher les coupables. Certes, quelques rares gens de lettres, très médiatisés, n’étaient pas touchés, mais ça ne constituait pas pour autant une preuve tangible de leur culpabilité.
    Impuissants à se défendre ou à faire valoir leur bon droit, les écrivains durent renoncer à leur vêtement favori et adoptèrent à sa place un confortable poncho long de laine pour vaquer à leur occupation quotidienne. Ils espéraient ainsi préserver la tranquillité nécessaire à leur profession.
    Faute de gibier, les « Diderot akbar » durent renoncer et leur mouvement se dilua dans les eaux glauques de la lâcheté humaine.
    La paix revint. Momentanément.
    Aux dernières nouvelles, des défenseurs des animaux se sont inquiétés de l’élevage intensif de lamas et de l’exploitation exponentielle de la laine de ces pauvres bêtes pour satisfaire les inutiles et abusives coquetteries occidentales.
    Alors ?..
    Alors on attend avec résignation l’avènement prochain des « Défenseurs du Lama Sacré » et leur futur cri de guerre.

    • Pascal Perrat dit :

      Peut-être écrivez-vous vêtue d’un confortable poncho long de laine ?
      Merci pour l’avertissement, Béryl, Méfiions-nous des « Défenseurs du Lama Sacré »

    • Mamireille dit :

      Les gens de lettres étaient en émoi.
      Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar,
      attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.
      On comptait déjà plusieurs victimes, dont… un certain Jacques qui, plus fataliste que personne avait ouvert sa robe de chambre et bombé la poitrine face à l’agresseur en hurlant :  » Que mon sang d’encre t’abreuve jusqu’à plus soif ! »
      L’apostrophe avait piqué le tireur qui fit mouche illico.
      On n’aurait su définir la sombre couleur que créait le sang bleu de l’homme de lettres en s’écoulant sur le velours rouge de sa robe provocante. Sa vue semblait fasciner l’agresseur enstylé jusqu’aux dents. Un moment interdit, il sortit de sous sa toge blanche un smartphone et sa perche, s’approcha du corps sanglant, posa un pied sur la poitrine inerte du poète et déclencha le selfie du siècle… selon lui.
      Le défunt aurait probablement conté la scène autrement… Lors de ses obsèques en grande pompe, tous y pensèrent en voyant le stylo déposé sur son cercueil :
      Dans un envol de plumes, l’âme blanche de la victime attirée qu’elle était par le gazouillis enjôleur du petit oiseau bleu sorti de l’objectif, convola avec lui vers d’autres horizons. Ce cliché fut le premier d’une longue série qu’un follower baptisa «  »himtoo ».
      Blanc ou bleu ? Ce conte et ces oiseaux ouvrirent la cage des uns et menèrent les autres derrière les barreaux. Clavardeurs et gens de lettres en émoi consignèrent les détails de ces évènements dans ce qu’ils appelèrent la Tweetypédie, consultable uniquement après avoir croqué la pomme.

  7. françoise dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe 
et hurlant Diderot Akbar, 
    attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.
On comptait déjà plusieurs victimes. La dernière fut jules Maigret. Miss Marple l’avait pourtant mis en garde à plusieurs reprises du danger d’écrire dans cette tenue.
    Il avait été attaqué avec un stylo à pompe alors qu’il consultait l’encyclopédie de Diderot tout en buvant une tasse de thé Akbar qui se renversa sur la page 22 de ladite encyclopédie . Dans un premier temps, Maigret sortit un mouchoir de la poche droite de sa robe de chambre pour éponger le thé, dans un deuxième temps un pistolet de sa poche gauche pour obliger « l’agresseur » à mettre ses mains en l’air. Terrorisé ,celui-ci laissa tomber son stylo à pompe sur la moquette ce qui eut pour conséquence de faire une tache. Miss Marple eut tôt fait de la faire disparaître avec une bombe aerosol spéciale.
    Penaud, le jeune avoua qu’avec quelques amis étudiants ils avaient fait le pari de menacer d’un stylo à pompe tous les écrivains connus qui écrivaient en robe de chambre.
    Pas rancunier Maigret lui offrit une tasse de thé Akbar et lui fit promettre en guise de punition de copier cent pages de l’encyclopédie de Diderot.

     
     

    r

    ­

    • Pascal Perrat dit :

      Merci Françoise : grâce à vous je découvre le thé Akbar.
      Ce terme, dans ma proposition d’écriture, a semble-t-il dérangé plusieurs personnes en carence d’humour, déjà 6 désabonnement…

  8. Clémence dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant : « Diderot Akbar », attaquait ceux qui osaient  encore écrire en robe de chambre.
    On comptait déjà plusieurs victimes, dont…

    … dont le commissaire Eddy Moitou qui se faisait un sang d’encre en raison des pistes qu’il ne parvenait pas à hiérarchiser.

    Affalé sur son fauteuil de cuir fauve, les pieds croisés sur le bureau, une main soutenant sa nuque, l’autre passant sur son menton noir et râpeux, il laissait son esprit filer sans retenue.

    Après quelques minutes, il articula : Primo….
    – Pourquoi Diderot et pas… Voltaire et son fauteuil ; Molière et ses Fourberies ; Rousseau et son Émile ; Proust et ses madeleines, Zola et « J’accuse »….
    – Oui, pourquoi des Anciens et pas des contemporains ? Douglas Kennedy, Stephen King, Guillaume Musso. Ils avaient aussi le droit de se faire une place ! Qu’importe le format ou le style, pourvu qu’on ait l’ivresse de la lecture !

    Il rogna quelques particules de kératine puis crachota.
    Deuzio :
    – Pourquoi s’en prendre à ceux qui écrivent en robe de chambre et non à ceux qui écrivent en toute nudité, en état d’ébriété, dans un isolement absolu ou mollement alités ?

    Tertio :
    – Et pourquoi ce détail, infime, me turlupine, me lancine, comme cette déchirure de la cuticule de mon pouce gauche, rongé jusqu’à la lunule….

    Il regarda par la fenêtre. Il admira un instant cet éblouissement nocturne: une lune argentée aux rondeurs parfaites se lovait dans les replis d’un velours bleu profond piqueté d’étoiles…

    Il posa son ordinateur portable sur les genoux, se mit à pianoter avec frénésie. Il ouvrit un dossier qu’il nomma : « Enigma Eroica»

    Fichier EE1.
    Comment l’individu, armé d’un stylo pompe, s’était-il – à moins que ce fût « elle » – procuré la liste de ceux-celles qui écrivaient en robe de chambre?

    Fichier EE2.
    Profil des premières victimes recensées.

    Fichier EE3.
    Correspondance  OUI/NON entre les premières victimes et les auteurs recensés sur la liste?

    Fichier EE4, auquel il donna un mot de passe et le rendit invisible.

    Alors, les premiers mots défilèrent en un carrousel affolant : Liberté de la presse – – Surveillance globale – Big Brother/Sister – Qui ? Depuis quand ? Enjeux – Dark Web – Organisation criminelle – Suspicions – Conflit d’intérêts – Vie privée ? …

    – Je deviens parano, soupira-t-il en s’apprêtant à supprimer le fichier. Mais il ne le fit pas.

    Il ferma les yeux et se concentra sur les dernières vingt-quatre heures. Il analysa les siennes puis, en ondes ex-centriques, celles de son entourage.

    A nouveau, un détail lui revint en mémoire. Fugace et intense à la fois. Il rageait. Fulminait. Il ne pouvait admettre cette évidence.
    Tout collait parfaitement pour tout le monde. A la seconde près.
    Pour tout le monde, sauf pour lui.
    Un trou noir.
    La panique s’empara de lui.

    Il respira profondément, le temps de retrouver son calme, puis il reprit depuis le début.
    – Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant…  mais qui ?
    – Plusieurs victimes…Je suis le seul à posséder cette liste !
    – Et ce trou noir… qu’a-t-il englouti ?

    Le commissaire Eddy Moitou suffoquait. Sa tension était extrême. Et tout à coup, ce fut l’explosion. L’explosion de rire.
    – Mais oui, cela ne peut être qu’Elle….

    En une fraction de secondes, il revit la scène. Une silhouette sensuelle, moulée dans un fourreau lamé or. Elle avait murmuré en lui tendant une coupe de champagne :
    – Toi seul pourrait m’aider….

    Le commissaire ouvrit lentement les yeux. Ses paupières étaient gonflées. Il était affalé sur son bureau. Il regarda ses mains. Elles étaient parfaitement manucurées. Il prit son smartphone, pianota, le sourire aux lèvres….

    – Allô ? Darling ? Oui….oui….Avoue, ton champagne pétillait un peu au Gardénal ! ….non, je ne t’en veux pas… je comprends parfaitement… ton besoin de silence absolu pour écrire le 380… Un thriller en vue! Félicitations, Darling… félicitations !

    © Clémence.

    • Pascal Perrat dit :

      Votre héros a raison, pourquoi pas Voltaire et son fauteuil ou Proust et ses madeleines ? Il me souffle de bonnes idées✍️ d’exercices. Merci Clémence

  9. Jean-Pierre LACOMBE dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.
    On comptait déjà plusieurs victimes.
    « Diderot est le plus grand », c’était le credo de ce fanatique certes, mais avec quelque raison. Il s’agit tout de même du Diderot peint par Van Loo revêtu d’une magnifique veste de chambre bleue, en train d’écrire, l’air lointain, la main gauche en arrêt comme frappé par l’inspiration.
    Celui encore de L’Encyclopédie et surtout l’auteur de « Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune »
    Notre lanceur d’encre était simplement pour une littérature en robe de chambre servie avec sa peau, une littérature cuite à sec, sous la cendre, gôuteuse et roborative qui ne berce pas son lecteur mais le sort de son lit confortable à toute heure, l’oblige à revêtir rapidement un saut de lit, un peignoir ou un déshabillé et à se plonger dans ces phrases rudes, difficiles mais si fortes qu’elles vous tiennent éveillés et admiratifs jusqu’à l’aube.
    Il faut en effet oser écrire ainsi, de nos jours, avec la certitude de ne pas être lu. Ce que ne supportait pas cet admirateur de Denis Diderot, c’était les écrivaillons adeptes d’écrits vains qui singeaient Denis, avec des airs hautains, des chemises blanches ouvertes, des coiffures aérées pour laisser passer le vent de leur vide intérieur et évidemment une robe de chambre bleue comme dans le tableau du Louvre.
    Donc les marquer, les maculer d’encre noire, usurpateurs, copistes. Oui, le Landernau « littéraire » était en émoi , tant d’entre eux ressemblait à ces faux Diderot ; ils tombaient un par un visés par le stylo vengeur de notre diderotphile, repérant sans coup férir les poseurs.
    Il fallait que cela cesse, il fallait sauver le soldat Brouillon.
    Il tomba sous les cartouches des stylos de Parker et Waterman, critiques littéraires du RAID :
    Récit Autobiographique Inconsistant et Décousu.
    Il eut le temps de citer une dernière fois son Diderot :
    “Quand on écrit, faut-il tout écrire ? Quand on peint, faut-il tout peindre ? De grâce, laissez quelque chose à suppléer par mon imagination !”

    • Pascal Perrat dit :

      Merci Jean-Pierre pour cette belle sentence : “Quand on écrit, faut-il tout écrire ? Quand on peint, faut-il tout peindre ? De grâce, laissez quelque chose à suppléer par mon imagination !”

  10. Camille dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaquait ceux qui osaient   
    encore écrire en robe de chambre.
    On comptait déjà plusieurs victimes, dont…

    Le président Macron. En effet, le président avait pour habitude de se promener en robe de chambre. Il ne faisait pas partie à proprement parler des « gens de lettres » mais il aimait écrire, et pas seulement des discours. Il avait pris l’habitude, à ses heures perdues, de se présenter en robe de chambre devant sa femme, qui avait pour fantasme les jeunes gens en robe de chambre. Elle aimait tout particulièrement voir son homme à demi nu et apercevoir son torse glabre sous l’étoffe, en soie de préférence. Toujours est il qu’entendant la nouvelle de cet individu étrange scandant « Diderot Akbar » à tout individu en tenue légère de nuit, le président s’était concerté avec sa femme. « Tu sais, peut-être vaudrait il mieux que je cesse de me promener en robe de chambre, compte tenu des circonstances ». Elle avait finalement compris, après plusieurs heures de négociations et de multiples essayages de robes de chambre en tous genre, qui, avait elle dit, « compenseraient le manque de ne plus le voir dans une telle tenue ». Elle avait pourtant exigé de le voir en boxer moulant pour définitivement compenser la perte de son jeune éphèbe en tenue légère. Macron, revenu au conseil des ministres, prit la température : « alors que pensez vous faire au sujet de cet individu? ». « eh bien nous comptons nous mettre nus ». « comment cela, mais vous n’y pensez pas! ». « Oui, nous pensons que l’individu, trop prude pour supporter la nudité, cessera immédiatement. De plus, il n’est pas question de se faire dicter la loi par le terrorisme, alors autant répondre à la provocation par la provocation ». Macron ne put que se rendre à l’évidence, les ministres avaient raison. Il eut cependant un peu de peine à l’idée de devoir se fader les torses bedonnants de ses amis politiques. Il proposa alors que chacun se promène comme en homme sandwich avec un carton accroché devant et derrière. Cette proposition est actuellement en délibéré au Conseil…

    • Pascal Perrat dit :

      Bonjour Camille : J’attends impatiemment que la proposition, actuellement en délibéré, soit acceptée et adaptée😀

  11. Cetonie dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar, attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.
    On comptait déjà plusieurs victimes, dont les meilleurs philosophes du siècle, admirés pour la profondeur de leur pensée ou la rigueur de leurs raisonnements.
    Mais bientôt, il fallut se rendre à l’évidence, le terroriste insaisissable semblait décidé à éradiquer tout écrit raisonnable, toute expression de la sagesse des philosophes, et l’Académie elle-même dut se pencher sur le problème, épuisée d’avoir à remplacer aussi souvent ses meilleurs écrivains.
    L’on se posa sérieusement la question : était-ce bien à la robe de chambre qu’il fallait attribuer cette étrange épidémie ? Quel lien pouvait-on faire entre ce vêtement négligé et ces écrits subtils ? Quel était cette arme redoutable, un stylo à pompe, que personne ne connaissait (il faudrait encore attendre un ou deux siècles pour que les écrivains renoncent à leur légendaire plume d’oie, puis quelques décennies pour que le stylo soit relégué au fond d’un tiroir au profit de l’ordinateur, en attendant mieux), mais dont on pouvait voir les effets désastreux : une immense tache d’encre projetée avec force sur le manuscrit à peine noirci, pour le désespoir de l’auteur qui avait difficilement accouché de son texte, et s’écroulait de désespoir.
    C’est alors que se levèrent les poètes, vêtus avec raffinement, qui cherchaient l’inspiration au bord des eaux rugissantes et des forêts sans fond, et qui échappèrent à la malédiction, c’est alors qu’à la lumière de la révolution le classicisme froid et sévère céda peu à peu la place au romantisme échevelé et brûlant.
    Nul ne sut jamais si le terroriste-au-stylo-à-pompe appréciait réellement les poètes, ou si, plus prosaïquement, il avait, comme tant d’autres, disparu dans le tourbillon de la Révolution.
    Mais, au vingtième siècle, chacun se sentit libre d’assouvir sa passion pour l’écriture sans se soucier de sa tenue, qui n’intéressait plus personne.

  12. grumpy dit :

    Comme chaque dimanche matin en prenant tranquillement mon café au lait, j’ouvre le Figaro et je tombe pile sur ce titre : « l’Académie française a fêté hier soir l’anniversaire des 300 ans de la naissance de Denis Diderot. » …. L’article continue…

    « Comme chaque année l’Académie française a rendu hommage à l’un de nos écrivains des plus méritants faisant l’honneur et la renommée de notre Nation. C’est donc à cette date du samedi 5 octobre 2013 que ses membres se sont réunis pour leur traditionnel bal masqué dédié cette année à la mémoire du grand rédacteur de l’Encyclopédie, Denis Diderot.

    Le carton d’invitation au bal costumé précisait de s’y présenter cette fois en robe de chambre, ceci en souvenir de cet auteur attaché à manier la plume d’oie vêtu de ce confortable vêtement, sa chaleur douillette encourageant la fertilité de ses méninges disait-il (paraît-il …)

    Alors ce fut un véritable défilé de mode : les robes de chambres toutes plus belles les unes que les autres, variété infinie de tissus précieux, chamarrés, satinés, damassés, galonnés, brochés, brodés, ouatés, doublés de douce pelisse, à col de fourrure même, fanfreluches dépassant au col et aux poignets, ils s’amusaient comme de petits fous à jouer à l’ancien temps en se faisant des révérences et l’on entendit même ‘ c’est sacrément plus moelleux que notre raide costume de lézards verts.’

    Le dernier Reçu alla jusqu’à l’audace d’arborer une moderne polaire. La Secrétaire perpétuelle horrifiée autant qu’indignée devant la vulgarité de ce tissu si commun sermonna ce jeunot septuagénaire. Ce qui irrita Jean d’Ormesson qui entra dans une vive colère, ce freluquet en provoquant cet éclat, volontairement ou pas, lui avait volé la vedette (à quoi il n’était pas habitué et qui n’était pas chose facile !)

    Son œil bleu devint fulgurant, il tira son épée et commença aussi sec à faire des moulinets fort maladroits faute d’entraînement, écorchant, tranchant ça et là au hasard quelques-uns de ces fabuleux tissus. Tous se mirent en garde et s’ensuivit une mêlée générale rappelant peu ou prou une querelle de Mousquetaires.

    Le bruit métallique des épées entre choquantes fit redoubler d’ardeur ceux qui retrouvèrent spontanément les gestes d’apprenti escrimeur de leur jeunesse et leur jeunesse avec. Quelques mollets furent molestés et quelque peu sanguinolents. Peu importe, c’était bien la première fois qu’ils se marraient franchement au lieu de s’emmerder royalement dans le vénérable hémicycle.

    Hélas, comme toujours, il se trouva un pisse-froid pour mettre fin à la fête. Alain Finkielkraut, avec sa figure de martyr et évidemment très énervé, sauta sur son fauteuil, dénoua sa robe de chambre, laissant apparaître autour de son petit bedon une cartouchière bourrée de stylos à pompe, et cria « Diderot Akbar ! »

    Là-dessus il explosa en mille miettes de viande hachée. Enchanté devant ce qui fut le clou et la clôture de la soirée, tout le monde bâtit des mains et rentra se coucher.

    Et l’article de conclure : « Et un fauteuil de libre, un ! »

  13. Blackrain dit :

    …quelques académiciens qui était fiers de l’être, en robe de chambre, telles de vieilles pommes de terres à la peau fripée, des faux mages un peut trop persillés par les lauriers académiques. Ils avaient été bien trop alitrés pour réagir face à ce Jacobin qui préférait s’encrer dans la violence pour violer Larousse et ses Petit Roberts avec ses mots issus de la rue, plutôt que d’attendre la condescendante reconnaissance de ses pairs embourgeoisés.

    Ce militant d’une écriture populaire, pleine de slam et d’interjections, était au Coran des pratiques littéraires, de ces émissions télévisées qui Apostrophent et qui deviennent le Pivot du bien écrire bourgeois. Tous ces Montblanc imbus d’un savoir inné qu’ils n’avaient pas eu à gravir, il les connaissait Parker. Lui préférait écrire au stylo Bic un rap saignant et multiracial plutôt que de se gargariser d’apophtegmes chez Maxim’s et d’emprunter la périphrase pour se faire une bonne conduite. Il trouvait que le stylo habille mieux l’écrivain d’aujourd’hui que tous ces Pélicans à plumes qui chassent les écrits vains à coup de cartouches. « Quand le stylo à bois, le Caran d’Ache passe » aimait-il à sentencer.

    « Cet homme est timbré ! » hurlaient les gens de lettres, prisonniers dans leur enveloppe bien pensante, prêt à nier tout ce qu’ils avaient thésaurisé. Ils étaient terrorisés. Ils le voulaient « occis, mort » dans l’obscure clarté d’un matin blême, tué par la police des lettres, par le courage d’un serif tiré d’un New Roman. Ils se le représentaient pendu dans un crayon de lune, la mine défaite dans un ultime cri : « Et moi, et moi, et moi… »

  14. Christine Macé dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi. Un individu armé d’un stylo à pompe, et hurlant « Diderot Akbar », attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre. On comptait déjà plusieurs victimes…

    Jobert relisait le rapport qu’Adrien lui avait fait passer discrètement. Le jeune flic et ancien coéquipier, passait le voir de temps en temps, profitant de l’occasion pour évoquer les derniers potins et affaires qui alimentaient le quotidien du commissariat. Jobert, heureux retraité, appréciait qu’on ne l’oublie pas totalement.
    Rien de très original cette fois : il se dit qu’il avait bien fait de mettre les bouts.
    Le temps des truands coincés à force d’interminables planques nocturnes touchait à sa fin. Exit les petits malfrats qu’on envoyait mijoter quelques années à la Santé, s’en refaire une, auréolée de bonne conduite. Nourris et blanchis, à l’abri de toute mauvaise tentation, les plus futés en profiteraient pour reprendre des études trop souvent négligées, voire écrire un bon polar ! Vu la surpopulation carcérale, l’endroit qui attirait presque autant que le Club Med, devait valoir le détour !
    Aujourd’hui, on avait affaire à des commandos fanatiques, pétris d’idéologie pseudo-religieuse, qui n’hésitaient pas à faire feu de tout quidam. Non content de blasphémer notre Diderot, homme des Lumières, lumière qui faisait manifestement défaut dans le cerveau lobotomisé du fêlé, celui-ci avait trucidé une bonne douzaine de doux lettrés qui prônaient les bénéfices de « l’écriture en robe de chambre ». Une nouvelle toquade largement relayée par les réseaux sociaux et moult blogs dédiés à la recherche de la félicité – avantageusement dénommée « développement personnel ».
    Illuminés pour illuminés, ceux-là au moins ne faisaient de mal à personne et n’avaient en tout cas pas mérité leur funeste sort.
    Dans le fatras des infos débitées au JT, un tel fait divers serait passé inaperçu si cet aréopage savant n’avait compté dans ses rangs un digne représentant de l’État : le ministre de l’Intérieur lui-même, qui s’adonnait à cette activité clandestine jusqu’alors protégée par les plus hautes instances. Un secret dévoilé par un agent de la fonction publique un peu trop zélé, muté séance tenante, en toute discrétion, sur une île peu paradisiaque.
    Désormais, chacun se savait en danger. Interdiction de couler des petits matins indolents, café fumant et couette chaude à l’envi, en gribouillant des riens de textes, pour le simple plaisir d’allier paresse et littérature ! Finie la découverte gourmande du sujet sorti tout droit de l’imagination d’un Pascal débridé (encore un philosophe !) à qui on aimait donner la réplique comme on aurait croisé le fer autrefois, entre gens de bonne compagnie.
    Jobert, piètre écrivaillon mais défenseur impénitent du café-couette, eut soudain envie de reprendre du service, histoire d’en découdre une fois pour toutes avec ces empêcheurs de bien vivre. Le pyjama en bataille, oubliant d’enfiler ses charentaises, il fonça sur le téléphone pour appeler le Divisionnaire…

    Bon week-end, Christine

  15. Nadine de Bernardy dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi,un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant Diderot Akbar,attaquait ceux qui osaient écrire en robe de chambre.
    On comptait déjà plusieurs victimes,dont de nombreux prix Goncourt et quelques académiciens adeptes de Balzac.
    Dans sa soupente,muni de son critérium mine large,assis devant un pile de feuilles vierges,un écrivain non encore reconnu entendit vaguement circuler la rumeur.
    Jeune,talentueux,désargenté, il ne comprenait guère tout ce tintouin fait autour d’un forcené .
    Soit dit en passant,quelques écrivains de plus ou de moins la belle affaire! C’était toujours autant de places qui se libéraient.De plus,mourir en héros!
    Qui pouvait avoir peur d’un stylo à pompe?Que risquait on,un petit jet d’encre indolore atteignant un organe vital peut-être.
    Mais alors c’était la gloire posthume assurée,l’immortalité promise,une entrée au Panthéon!
    Et ce cri ridicule,qui pouvait bien être ce Diderot affublé d’un tel prénom Akbar.Ca sonnait sucré,enfantin:
    Carambar,malabar,Babar et j’en passe.
    Non,pas de quoi fouetter un chat. Lui,Maximilien,cela le faisait bien rire.Il en rêvait,d’être la cible du type en question,il voulait être un martyr,une victime sacrifiée sur l’autel de terrorisme littéraire.
    Tout cela juste pour une question de tenue.On massacrait pour une histoire de pilou ou de laine des Pyrénées.
    Bienvenue à l’extrémisme aveugle.
    Et bien soit,il l’appellait lui,ce sacrifice,il l’attendait, la gloire,imaginait sa plaque sur la montagne sainte Geneviève.
    Maximilien s’exaltait,tournait à présent en rond dans sa mansarde,nouant et dénouant fiévreusement la ceinture de son peignoir.
    On frappa à la porte.Le coeur battant il alla ouvrir.
     » C’est lui! mon heure est enfin venue »
    Sur le seuil,un petit homme fluet,un stylo à pompe à la main:
     » Excusez moi de vous déranger,je suis
    Denis,votre voisin du dessous.Vous n’auriez pas un peu d’encre à me prêter,le chat de la mère Michèle a renversé ma bouteille ce matin »

  16. Liliane dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe et hurlant »Diderot Akbar », attaquait ceux qui osaient encore écrire en robe de chambre.

    On comptait déjà plusieurs victimes, dont Miss Birgit Start, poète à ses heures folles, qui, surtout adorait se déguiser en princesse. Que du clinquant et une œuvre fade.
    Elle eut droit à une salve de mots percutants. Finis les vers et les rimes !

    Puis l’individu s’attaqua à celui qui était connu sous le nom de »prince des mots ». Un aristocrate élégant, qui, surtout, adorait snober ses concitoyens. En fait, il se prenait pour Dieu.
    Il fut définitivement muselé par un tir de mots dédaigneux..

    Des plaintes furent déposées pour harcèlement moral.
    Les policiers chargés de l’enquête prirent la chose au sérieux.
    Ils finirent par découvrir l’individu sur des vidéos espionnes.

    Consternation !
    Le suspect avait une silhouette floue.
    Comme un fantôme.

    Pendant ce temps, le fantôme (ce fut désormais son nom !) continuait ses agissements.

    La dernière victime connue concernait ce philosophe affable et charmant qui connaissait la Vérité.
    A ses conférences, chacun, subjugué, avalait ses paroles.
    Mais, pour lui, ce n’était qu’un terrain de chasse.

    Le fantôme tira une bordée d’injures appuyée par un chapelet de preuves.
    Cette canonnade délivra les menottes du silence et de la peur.

    Des plaintes furent déposées pour harcèlement sexuel.
    Classées sans suite.

    A ce jour, personne ne sait qui est cet individu au stylo à pompe qui continue sa lutte.
    Un homme ? Une femme ?
    Un extra-terrestre ?
    Peut-être, tout simplement, un fantôme….

  17. Odile Zeller dit :

    Les gens de lettres étaient en émoi.
    Un individu armé d’un stylo à pompe 
et hurlant Diderot Akbar, 
    attaquait ceux qui osaient   
    encore écrire en robe de chambre.
On comptait déjà plusieurs victimes, dont l’honorable François M., le discret Maxence F. … on soupçonnait un Voltairien ou un Rousseauiste.
    Certains changèrent leurs habitudes et passèrent au jogging, plus moderne, moins cher et tellement plus confortable.
    Un écrivaillon inconnu mais opiniâtre mena l’enquête. Le stylo à pompe qu’il avait vu de loin le mît sur une piste. Le format lui indiqua qu’il s’agissait d’une femme et sa prononciation d’Akbar, cette vibration particulière n’y était pas. Il élimina alors toutes les auteurs d’origine marocaine ou algérienne.
    Le motif lui paraissait évident : la colère. Elle n’avait pas eu la chance d’être éditée et ses manuscrits, pourtant excellents à ses yeux, avaient été impitoyablement refusés sans un mot d’explication. Notre jeune auteur se trouva bloqué dans ses recherches. Il tenta une offensive sur la Toile, vantant les mérites de la robe de chambre pour booster l’inspiration. Il n’obtint d’abord que quelques commentaires ironiques « ah ah ah » « et le bonnet comme Voltaire ? » «  encore une plume croulante ! » puis une longue diatribe contre ces écrivains installés qui bien placés dans les grandes maisons d’éditions, se croyaient tout permis et, habillés d’un peignoir ou d’une veste à motifs cachemires, tranchaient sur la destinée des auteurs moins connus qu’eux.
    Elle signait Artemis. Il entretint un long moment une conversation avec elle. Ils décidèrent un jour de passer aux messages privés. Ils se trouvèrent en matière de textes des goûts communs.
    Un soir il décida de lui proposer une rencontre « Aux éditeurs » près du carrefour de l’Odéon. Elle accepta immédiatement. Il crut reconnaître là une habitante du quartier plus très jeune et soucieuse de ne pas trop se fatiguer.
    Arrivé en avance, il s’installa à l’intérieur et guetta Artemis. L’heure du rendez vous passa, il accepta de lui accorder une vingtaine de minutes de retard pendant lesquels il consulta impatiemment sa messagerie.
    Un sms arriva : retard train, désolée, patientez, merci A.
    Deux heures plus tard une femme assez jeune, coiffée d’un chapeau noir et d’une redingote … elle arrivait de Bruxelles et riait de la surprise de notre jeune auteur. Oui elle avait parfois l’esprit taquin et s’offrait alors quelques facéties. Celle-ci lui avait valu bien des rires. Elle était peut être allée trop loin … mais finalement les victimes anesthésiées quelques heures n’avaient eu à souffrir que dans leur amour propre…

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