381e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Suivant le conseil de son coach,
il descendit 
au plus profond de lui-même.
Un escalier en colimaçon y menait.
À peine avait-il atteint le premier palier
qu’il remonta les marches
quatre à quatre
et courut s’enfermer chez… 

Inventez la suite en retenant que ce peut être « ELLE » ou « IL »)

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25 réponses

  1. Michel-Denis ROBERT dit :

    Suivant les conseils de son coach, il descendit au plus profond de lui-même. Un escalier en colimaçon y menait. A peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer chez Nono.

    Nono, bien bâti, la cinquantaine dégarnie, ses lunettes lui donne un air docte, il porte un tablier bleu-marine, un torchon à carreaux rouges à l’épaule. Quand il a cinq minutes, il brique son bar. C’est une grande salle lumineuse dont les vitrines forment un arc de cercle qui donne sur la rue principale du village. Nono a bourlingué aux quatre coins de la France, il était représentant en toutes sortes de matériels puis il a réussi à se faire embaucher à la SNCF comme contrôleur. Il aurait pu être médecin, il en a la prestance.

    Nono appelle tout le monde Albert. Quand cinq ou six gars entrent dans sa boutique, il leur lance : « Salut les Albert ! » Ca détend. Pas de différence. On sent qu’il accueille avec bonhomie. Tous au même niveau. Une équipée arrive : Pierre, Paul ou Jacques, tout le monde c’est Albert. Chacun se sent rebaptisé dans son deuxième chez soi.

    Jacques, justement, le hasard n’existe pas, son coach le harcèle. Il veut le faire entrer dans son subconscient, comme il dit. Qu’est-ce que le subconscient ? Le coach lui en a touché deux mots mais Jacques aime le concret. Il n’a pas trop compris.

    Le coach lui explique sans arrêts. Ce n’est pas du harcèlement comme au téléphone mais plutôt lourd répétitif du genre : « Pense à une situation où tu as été mis en difficulté, que tu es à moitié détruit. Quel est ton premier réflexe ? – Ben… ! Le coach intervient et lui dit : « Non ! C’est pas comme si, c’est pas comme ça qu’il faut réagir. » Jacques est déstabilisé.

    Quelle faiblesse a-t-il eu d’accepter ce coach qui lui met des drôles d’idées dans la tête, des nausées quand il y réfléchit, plutôt des bâtons dans les roues dans ses gestes et puis des cauchemars qui le torturent la nuit !

    Quand Jacques pousse la porte du café à Nono, il est dans le brouillard. Il traîne la savate.
    – Salut Albert. Comment il va l’Albert, aujourd’hui ? dit Nono en donnant un coup de torchon sur le comptoir nickel. Oh ! Ca n’a pas l’air d’aller !
    – Si, si ! répond Jacques qui réfléchit… Tu t’y connais, toi en colimaçon ? qu’il demande à Nono.
    – Des colimaçons comment ? Des escaliers… des escargots ?… Je n’en ai pas vendu mais je peux me renseigner. Pourquoi ?
    – Oh ! C’est un gars qui m’a parlé de ça.
    – Y a le jeu de l’oie, aussi mais c’est pas pareil ! C’est pour les enfants. Pourquoi ?
    – Tu me sers un demi, s’il te plaît, dit Jacques un peu gêné.
    A ce moment, Paul fait sonner la clochette de l’entrée et claque la porte, comme d’habitude.
    – Eh ! Doucement, la porte, dit Nono, tu vas finir par me casser un carreau.
    – T’as qu’à mettre un groom ! répond Paul sèchement.
    – Eh ! l’Albert, d’habitude t’es plus sympa, tu ne la claques pas la porte, dit Nono en coupant la mousse du demi de Jacques.
    – Bon ça va, excuse-moi tu vas pas en faire un drame, dit Paul désabusé.
    – Tu t’y connais en colimaçon, lui demande Nono.
    – Non. Pourquoi ? répond Paul.
    – Ben ! C’est Albert; Je crois qu’il veut poser un escalier en colimaçon chez lui, dit Nono qui se tourne vers Jacques. Ah ! Ben tiens ! Il est parti. Il a payé son demi qu’il n’a même pas bu.

  2. Colette Bonnet-Seigue dit :

    Rendre visite à son Moi, s’il le veut bien…! Avec lui, on ne sait jamais, tout dépend de son humeur du moment !
    Le mien est si imprévisible ! Il suffit d’une volte-face et le piège se referme sur le Moi que je n’aime plus, parce que ce n’est pas moi tout simplement et que je n’ai rien à voir avec lui !!
    De nombreux psychanalystes ont voulu chercher le Moi en chacun.Descartes, Kant dans la Conscience, Freud et son Œdipe dans la mère, Lacan, contre toutes les guerrières. Moi, je recherche le Mien dans son triptyque : ça et Moi Pauvre deux Moi ! Et en plus, le Surmoi!!! Il court devant, je trébuche, rougit, bégaye ! Il est à la traîne, je piaffe, je l’injurie, le dévalorise ! J’ai envie, tout de suite ! Le ça me dit d’exulter ma gourmandise, le Moi y va tout droit et le Surmoi l’interdit ! Avec tout ce remue-ménage de méninges, bon voyage en vol intérieur !

    Alors, face à cette complexe introspection, je lui demande des comptes, mais, il ne sait pas me répondre. « En chacun sa réponse » me dit mon psy ! Parbleu ! Vous avez pu vous, discuter avec un Moi pareil ? Il n’a aucune conversation, or, les rares fois où il se manifeste, où il vous fait des promesses qu’il ne peut pas tenir, là vous prenez un « MOELLON » en plein cœur !

    Il n’a pas d’état d’âme. Tenez, pas plus tard qu’y hier, mon Moi a babillé comme un jeune chat en mal de mère, même que d’émoi, il m’a fait pleurer. Pour la première fois, j’ai perçu sa tendresse. J’entendais ronronner à l’intérieur : MOI-RE… Areu…Areu… vrai, qu’à cet instant, je l’ai trouvé craquant.Le Surmoi ayant dû fumer la moquette neuronale, subitement, il m’a donné l’envie de me vautrer dans ce drap de MOI MOËLLEUX et lumineux. Comme ça, j’aurais voulu le garder toujours, parce qu’il me ressemble. La douceur et moi, c’est une question d’amour.
    C’est bien une de ces seules fois où on s’est embrassé.
    Mais, comme il n’est jamais constant, il a recommencé, un matin il m’a doublée quand j’ai voulu décrocher le téléphone qui sonnait, il a été bien plus rapide que moi bien-sûr ! Il a fait jouer le Surmoi qui a répondu : « Je n’suis pas là ! » et a décanillé le ça qui disait le contraire ! Il n’a pas été de main morte le malotru ! A coup de MOI-GNONS intempestifs : « Et MOI, MOI, MOI et MOI, MOI, MOI !!!! » Le problème au bout du fil c’était Arthur, ma moitié, mon double, vexé, il a raccroché !

    Je soupçonne mon Moi de régler ses comptes avec Arthur. J’ai compris qu’il n’aimait pas celui de mon chéri, un peu trop jaloux sans doute ou concurrent. Il n’a pas tout à fait tort, le Moi d’Arthur a un Ego compliqué. Il m’oublie ou il ne sait pas toujours ce qu’il veut avec ses pirouettes de son Surmoi directeur !

    C’est bien la seule qualité que je reconnais de mon Moi : Sa franchise !

    Mais, hélas ! La plupart du temps,il est si envahissant (mon psy lui, trouverait des excuses en le qualifiant d’incompris) que j’ai voulu m’en séparer. J’ai rédigé cette petite annonce : « Echangerais Moi débordant contre un MOI-SONNEUR pour fleurir ma vie »

    Un MOI-SAC venu du Tarn y a répondu ! Un Moi plein de tendres et fines prouesses en besace. Un Moi magicien, enfin, qui me ressemble.

    Aujourd’hui, il me surprend, nous nous sommes apprivoisés dans la Moite heure du temps présent.

  3. Camille dit :

    Suivant le conseil de son coach,
    il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.
    À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre
    et courut s’enfermer chez… 

    … le Cervelet. En effet, le cervelet étant situé juste en dessous des lobes cérébraux, au moins il ne pourrait pas se « prendre trop la tête ». Et puis là au moins on pouvait être tranquille, il ne s’agit dans le cervelet que de capacités motrices, donc de mouvement. On pouvait ainsi se laisser tranquillement bercer sans trop réfléchir. C’est du moins ce que se disait notre écervelé! Il ne savait probablement pas que le cervelet est aussi le siège de l’attention, du langage et de la peur! Evidemment, il y était descendu en pleine nuit, alors à ce moment là du cycle, le cervelet est plutôt tranquille. Pas de concentration puisque l’esprit rêve, le langage est à son minimum, et encore, seulement lorsque la personne parle dans son rêve. Il avait oublié que les rêves peuvent être les plus violentes manifestations de la peur qui soient! Alors lorsqu’il a aperçu au loin une grosse femme blonde marchant si fort que les murs du cervelet tremblaient, avec un rouleau à pâtisserie à la main, il a commencé à se demander s’il était vraiment au bon endroit pour être tranquille. Ensuite, lorsqu’à huit heures le réveil à sonné et qu’il a fallu passer quelques coups de fil, les mots ont commencé à affluer et là ce n’était que brouhaha et tintamarre. La cacophonie était trop envahissante et ne le laisserait visiblement pas en paix. Pas question en tous cas de remonter là haut! Il en était à se demander s’il n’allait pas redescendre l’escalier lorsque son cerveau dut se concentrer sur une page du journal du matin. C’en était trop, il ne serait donc jamais en paix dans ce cervelet. Il se résigna à redescendre l’escalier. Il passa la gorge et sa thyroïde qui le saluèrent bien, en bonnes communicantes. Et il arriva dans le coeur. Il y avait certes un bruit sourd régulier, mais là au moins, il serait tranquille. Aucun pic d’activité particulière n’était à prévoir dans les heures à venir, donc tout devrait bien se passer. Alors que son corps arrivait au bureau, il croisa Murielle. Ce fut alors une chamade infernale. Il n’avait jamais vraiment remarqué que Murielle lui faisait cet effet. Il la connaissait seulement un peu. Cela faisait à peine trois semaines qu’elle avait été embauchée. C’est vrai qu’il appréciait beaucoup leurs conversations près de la machine à café, et qu’il se sentait bien avec elle. C’est vrai aussi, en y repensant, qu’il appréciait son joli minois. En fait, il ne s’était tout simplement pas connecté à son coeur pour y réaliser ce que Murielle lui faisait! « Très bien, je prends note » se dit-il. Je tâcherai d’y prêter un peu plus attention lorsque j’aurai fini ce voyage infernal ». Il reprit donc l’escalier qui décidément n’en finissait pas. Il arriva au milieu des tripes. Et là, ce fut le choc. Il vit toutes ses anciennes blessures qui étaient là, étalées, formant comme un tapis sur le sol des tripes. Il ne put en croire ses yeux ; il croyait en effet avoir réglé tout cela depuis bien longtemps. Il vit le rejet, l’abandon, la trahison. il trouva même l’humiliation, là, gisante et béante. Il aperçut ses parents, et en particulier sa mère qui ne s’était pas beaucoup occupé de lui quand il était petit. Il vit Mme Malemmancher, qui l’avait rabroué pendant toute l’école primaire. Il vit M. Sabrefin qui l’avait amputé au lycée de ses rêves de musique. Il commença à avoir la nausée. Il continua son parcours et là il aperçut une modeste cabane qui brillait au loin. Il s’avança vers elle et vit qu’était écrit sur la porte « Ame » en lettres toutes de bric et de broc. Le panneau était vraiment rafistolé, un peu branlant, il ne tenait qu’à un fil. Cependant, il fut étonné par la lumière qui s’échappait de l’embrasure de la porte. Une très forte lumière. Il ouvrit, et là, il fut frappé par la richesse du décor de cette si modeste cabane. Il y a avait de très jolis meubles anciens, style Louis Philippe. De nombreux objets et bijoux en pierres précieuses et semi-précieuses : coffret de jade, pendentifs en rubis, masques de turquoise et de grenat, chevaux en bronze, guirlandes de perles grises, et partout, des étoiles en diamants, des coeurs en nacre et en améthyste. Il entra et s’y sentit aussitôt très bien. Il eut alors l’impression que quelqu’un lui parlait à l’oreille, et lui disait : « tu vois, ici est ton royaume, vois comme tu es riche, et plein de beauté. Tes blessures à l’extérieur sont le terreau de ton âme. Tu peux te complaire dedans, ou tu peux entrer en ton âme en te nourrissant d’elles. Écoute aussi ton coeur, c’est ton plus bel ami. Ton esprit ne doit pas prendre le pouvoir sur toi si tu veux rester libre. Reviens ici chaque fois que tu le peux, n’oublie jamais ce que tu as vu, et je serai toujours là pour te guider. » il crut un instant à une hallucination mais il lui semblait quand même que quelque chose avait changé en lui. Il resta là un instant, comme étourdi, tenta d’embrasser complètement cette vue si merveilleuse qui s’offrait à lui, et il sortit. Il retraversa les blessures en leur portant un regard nouveau, plus détaché, plus optimiste. il comprit aussi le rêve de la femme qui le poursuivait avec son rouleau à pâtisserie. Et il remonta tout l’escalier jusqu’au cerveau. Celui-ci, aussitôt lui dit : « ah, c’est pas trop tôt, où donc étais tu passé? ». C’est là que notre héros, tout grandi et muri de ce voyage intérieur lui répondit du tac au tac : « bon alors toi ça suffit. Maintenant tu vas te tenir à carreau et t’en tenir uniquement à ce que je te demande ». Il avait dompté son esprit qui plus jamais ne tenta d’interférer sur sa vie. Dans les semaines qui suivirent, il était nettement plus détendu et il entreprit de séduire Murielle, avec sincérité et authenticité, des qualités auxquelles la jeune demoiselle n’était pas insensible. L’histoire ne dit pas s’ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants…

  4. oholibama dit :

    Suivant les conseils de son coach, il descendit au plus profond de lui-même. Un escalier en colimaçon y menait. A peine avait-il atteint le premier palier, qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer chez…
    Non mais ça va vraiment pas lui!

    L’autre fois, je devais grimper et quand je dis grimper… croyez-moi ça grimper sec. Un escalier tout en marbre blanc pour arriver devant un portail tout d’or d’argent de vermeil et de bronze qui, me barrait le passage. Une lourde cloche apparu …sonnant à tout va, un bel homme âgé ça c’est sûr vint ouvrir la grande grille.

    _Bonjour mon ami, que venez-vous faire ici?-Mon coach m’envoie vers vous, il m’a dit que je devais revoir mes priorités et que vous seul étiez capable de m’orienté dans le bon sens. Un éclat de malice traversa le regard brun doré de l’homme d’âge.

    _Voyez-vous ça! bon je peux faire de vous un cupidon oui, cela vous ira très bien,en pensez-vous quelque chose de bon vous?

    -Hein! Un cupidon, le p’tit truc aux joues gonflées et au sourire niais avec un p’tit arc…c’est de cela,nan pas pour moi Monsieur,moi je me voie plus comme un grand Ange oh oui ça c’est pour moi.-

    Un rire tonitruant se fit entendre,les marches se gondolèrent, la grande porte se referma sur moi et l’homme d’âge me dit tout en continuant à rire: »Quand ce sera votre tour mon jeune ami, je me souviendrais de vous, me faire rire ainsi moi! Il y en a eu peu, oh oui, je vais vous attendre.

    Rentrez chez vous, ce n’est pas ici que vous trouverez les explications à vos états d’âmes. Il n’est pas encore l’heure pour vous. Là-dessus, je me retrouve chez moi dans mon lit.

    Deux semaines plus tard, voila que mon coach remets ça! Ah bah quand il faut y aller hein!Les escaliers sont très chaudes. J’aime cette chaleur moi qui suit toujours glacé ça change. J’arrive au bout. Un garçon me fait signe, il me sourit et veut m’entraîner à sa suite, oh là non, moi j’ai des questions à posées…

    _Bon tu cherches quoi toi,me demande t’il?
    _ Eh bien mon coach m’envoie afin que je découvre moi moi existentiel donc j’arrive, serais tu mon guide?_Un rire froid sort de sa gorge et ses yeux de braise me fixent mais, il n’y a pas de chaleur dans ses yeux là.
    _Bon, je voie que tu aimes mon humour, ça fait plaisir.

    _Tu vas connaître le mien d’humour petit être, viens donc avec moi, je t’invite en mon domaine, me suivras-tu de ton plein gré?
    La peur me noue les tripes.
    Je veux mon p’tit vieux qui rit très fort…

    Celui qui me fait face porte en lui une noirceur qui me glace malgré la chaleur du lieu. J’ai les miquettes, je grelotte, mes jambes sont flasques et pourtant accompagné d’un hurlement strident…hurlement qui sort de ma bouche grandement ouverte, je remonte à toute berzingue les maudits escaliers qui tanguent sous mes pieds.Quatre à quatre je grimpe, mes pas m’emmènent vers celle qui a toujours su me protéger.Je pousse sa porte et en larme,je m’écroule dans ses bras.

    _Mon fils qu’as-tu?
    _Maman! Gardes -moi prés de toi…mes larmes se tarissent,je m’endors,mon coach? Ah ben celui-là,je lui réserve un chien de ma chienne.
    y-l.

  5. patrick labrosse dit :

    Suivant le conseil de son coach,
    il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.
    À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre (via l’ascenseur de service, évidemment)
    et courut s’enfermer chez son psychiatre ..
    Il s’allongea comme à son habitude sur le divan des confessions. Il était hors d’haleine, presque en transe, les mots s’entrechoquaient au sortir de son palais. Il lui fallait respirer ! Retrouver un rythme cardiaque stable, sans soubresauts.
    Le psychiatre ne tarda pas à franchir la porte, surpris d’une telle inquisition. Son patient était surexcité, il tressaillait, s’impatientait, s’enflammait, balbutiait de drôles d’onomatopées
    – Que vous arrive t’il mon cher ? S’étonna l’homme de science
    – j’ai trouvé ! Beuglait ’il ! J’ai trouvé …. Répétait- il
    – Parfait ! s’étonna le psychologue mais qu’avez-vous trouvé ?
    – Le chemin …. Celui qui vous donne la clé …
    – Très bien et quelle est donc cette clé ? interrogea le médecin
    – L’envol, un plongeon magistral, unique !
    Evidemment Le professeur connaissait l’engouement d’Henri pour la haute voltige, mais il ne voyait pas comment son patient pouvait espérer, concevoir ou même rêver d’une telle épopée !
    Voyons Henri, cela n’est pas raisonnable ? Souhaitez-vous que je vous prescrive quelque sédatif ?
    – Au diable vos narcotiques ! Il me faut juste un coup de main pour enfiler ma tenue et flop je m’envole ! Ne m’emmerdez pas avec vos théories freudiennes, il me faut agir, vivre encore, sentir la caresse du vent, laisser les émotions m’envahir, éprouver le frisson d’un vertige amoureux, bordel pourquoi vivre dans l’attente, à pourrir sur un siège !
    Henri avait certainement raison, le psychiatre tentait de refouler ces pensées ! Code déontologique oblige, il professait la survie, l’espoir, la ténacité, une moitié de vie, peut-être moins dans le cas d’Henri était préférable à rien du tout ! Pourtant il savait qu’en inversant les rôles, il aurait plongé…
    Après quelques minutes de réflexion, le psychologue soutira d’une petite armoire, deux verres de cristal accompagné d’un whisky écossais. Le liquide ambré s’épancha dans les deux verres, il porta délicatement l’élixir au bord des lèvres d’Henri ! Les deux hommes fermaient les yeux, se délectant de l’instant présent. L’enjeu était d’importance ! Solennel !

    Henri avait travaillé toute sa modeste de vie comme cordiste pour des entreprises de travaux acrobatiques. Sa vie fut une suite de prouesses aériennes, il se tenait en haut des échafauds, à la pointe des plus hauts gratte-ciels, au faite des pitons rocheux, la moindre avarie sur un pylône, un secteur à éboulis, un anémomètre défaillant, un relais radio à remplacer, il se portait volontaire !
    Il aimait ça ! La sensation du vertige, l’appel du vide, l’infime barrière qui vous sépare du néant, l’absolue vide mental qui vous embrassait lorsque vous étiez sur le fil, aux portes d’un nouveau monde, embarqué dans une autre dimension, vibrant dans l’absence, enfermé dans un cocon de sérénité ….le moindre faux pas, un geste imprécis, une mauvaise manœuvre et c’était la chute !
    L’exercice du métier exigeait d’être assuré, solidement amarré, une obligation. Pourtant malgré les consignes, Henri travaillait toujours sans assurance ! Certes au premiers pas il s’harnachait solidement mais dès que la pente, la falaise, l’échafaud était hors de portée, hors de vue des chefs, il reléguait baudrier et mousquetons dans son petit sac à dos ! Le risque faisait partie intégrante de son entité, une griserie, un besoin, une démesure propre à son harmonie, une symbiose avec les éléments…Ce métier il l’avait choisi pour le risque uniquement pour ça !
    Son mental trouvait l’équilibre au bord du vide et seulement dans ces conditions extrêmes ! Ses coéquipiers le surnommait : « le légionnaire des falaises » … en d’autres lieux, d’autres vies il aurait été alpiniste renommée ou encore kamikaze …
    Pour autant que sa vie fût calculée, bien rangée peut être trop, son engagement professionnel dépassait l’entendement !
    Et puis forcément la chute arriva, plusieurs années de convalescence, des couloirs à l’infini, des opérations sans succès, verdict : tétraplégique !
    Dix ans, à manger avec une paille, à espérer, à tenir, à supplier l’euthanasie…
    Et puis un jour, la révélation, une émission anodine, les hommes chauve-souris, le saut magique sans filet, le Wing suit, juste frôler les rochers… la jouissance une dernière fois !
    Alors bien entendu Henri se foutait des élucubrations psychologiques de son coach, tenir il vous faut tenir ne cessez-t-il de lui répéter !
    Mais Henri s’en tapez le coquillard, il voulait vivre, peu lui importer la durée, il voulait l’intensité !
    Assis dans un putain de fauteuil, avec deux moignons moribonds, qui pendouillent, vous appeler ça vivre ? On ne passe pas sa vie à attendre, hurlez t’il !
    Le whisky s’épanchait dans les gosiers, les larmes ambrées explosaient comme des pépites au détour de chaque papille, il fallait cueillir chaque sensation, la sentence éclaterait seulement à la dernière goutte, il fallait apprécier l’instant, intensément !
    Car Henri était décidé et dusse t’il gravir le sentier d’accès à la piste d’envol à la force de ses moignons, il était certain que l’homme l’eut fait, il était préférable à ses yeux de mourir debout que de vivre soumis …
    Alors, pour une fois, le psy dit merde à ses principes et conduit Henri sur l’aire d’envol, un lieu que seul fréquente les fous, suicidaires du Wing suit et les aigles royaux !
    Le vol fut majestueux, Henri vibra de tout son être, deux minutes et trente-sept secondes de jouissance pure avant le crash ! Il n’est pas certains que tous les hommes valides eussent atteint dans leur longue vie cet état d’éveil … à moins de descendre les étages inférieurs de l’escalier en colimaçon ! Qui sait !

  6. françoise dit :

    Suivant le conseil de son coach, il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait. À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer dans la maison plain pied de sa voisine qu’il croyait au travail à cette heure-ci.
    Bien qu’elle le connaisse à peine, elle le reçut aimablement et lui demanda s’il avait un problème. Oui un problème d’escalier lui répondit-il !
    Vous pouvez entrer lui dit-elle car ici il n’y a pas d’escalier et vous allez m’expliquer ce qui vous arrive.
    Alors il lui raconta que depuis qu’il était suivi par un coach il avait un escalier intérieur et que dès qu’il avait atteint le premier palier, il ne pouvait s’empêcher, bien qu’essoufflé, de remonter les marches quatre à quatre
    Vous m’amusez lui dit-elle, tout ceci est psychologique.
    Elle lui conseilla vivement de ne plus aller voir ce coach.
    Il lui objecta que c’était son directeur qui l’avait incité à se faire aider car il le trouvait un peu tête en l’air. Je n’entends rien à ces balivernes et vous savez ce que Diderot disait : …l’homme sensible, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et se retrouve au bas de l’escalier » ou quelque chose comme çà…..
    Auriez-vous l’esprit d’escalier se moqua-t-elle gentiment ?
    Il lui sourit, partit, donna congé à son coach et reprit son travail sans autre forme de procès.

  7. Sylvianne Perrat dit :

    Suivant le conseil de son coach,
    il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.
    À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre
    et courut s’enfermer chez sa mère ! Voulut franchir le col dans le sens inverse. La vie, les escaliers en colimaçon et les coachs l’effrayaient. Ben non, il n’était pas courageux, non, il n’était pas fort, non, il ne croyait pas en lui ! Qui d’autre que sa mère pouvait prétendre le connaitre. Elle l’avait toujours appelé « mon petit, mon poussin, mon colibri, mon chaton ». Elle disait de lui « il est fragile, il ne peut pas, il ne sait pas, c’est trop difficile, etc. » De plus, elle l’avait toujours mis en garde « attention aux escaliers, attention aux gens que tu ne connais pas, attention attention à tout ! »
    Quand son épouse l’avait poussé à aller se bouger le c.l avec ce coach, il y était allé à reculons. Nul envie de se bouger, de s’affirmer. Il était bien comme ça. Tranquille, solitaire dans sa tanière. Il n’avait besoin de personne et personne n’avait besoin de lui.
    Le coach l’appela. Un coach, c’est pire qu’un psy, car si vous ne bougez pas, il vous rappelle ! Il vous harcèle. « Alors, cette descente ? » dit-il.
    « Ben, ben, je suis remontée, ma mère m’appelait. Entre un escalier qui descend jusqu’en enfer et ma chère mère, j’ai choisi »
    « C’est la même chose », répliqua-t-il. En bas, vous auriez trouvé votre mère, cette vipère.

  8. Souris Verte dit :

    De Souris Verte

    L’ ACCEPTATION DE SOI D’UN MAL VISSÉ

    Il voulait partir tôt, s’extirper
    de sa boîte à outil : son chez-lui, un abri où sont soigneusement rangés les vis et les boulons essentiels à sa santé et sa survie.
    Cet individu aussi inattendu que rare était un puzzle à lui tout seul, une sorte de construction métallique soumise à de nombreuses symboliques : le beau, le commode, l’indispensable et surtout, surtout la précision. Il était lui-même le chef-d’œuvre de cette perfection. Chaque partie de sa personne, chaque rouage s’imbriquait l’un dans l’autre avec une précision d’horloge.
    Ce travail aussi astreignant que fastidieux le rassurait quand, en se  » finalisant  », il se voyait enfin en son entier : une réussite sur lui-même.
    Cette différence l’avait aguéri et relativisé les difficultés de la vie.
    Dès le réveil, il devait ouvrir le premier tiroir: celui aux Idées. In-dis-pen-sables les Idées, car, une fois bien en place, celles-ci l’aideraient à se construire de ses cheveux frisés à ressorts (sur la tête) jusqu’aux pieds. Veiller déjà à ce que ceux-ci soient dans le bon sens sinon, c’est cuit ! Il montra au lieu de descendre… C’est ce qui c’est passé ce jour là. Pour entrer voir si tout était en ordre dans sa tête en colimaçon, il lui fallait creuser pour y descendre vérifier ce qui était monté. Mais pour y arriver, il eût fallu que ses doigts de pieds le précédent… Or le syndicat indépendantiste de ceux-ci avait décidé purement et simplement de tourner les talons.
    On peut dire qu’il était mal vissé !!!
    Les idées s’entrechoquaient énervées, le monter-descendre les fatiguait et lasses, elles persiflaient essoufflées ‹‹ t’es lent, presse-toi…de tout remettre à l’endroit… C’est à y perdre la tête.
    Elles en avaient de bonnes, elles, les idées ! Il se pencha sur ses orteils et les morigèna
    – à quoi ça ressemble de me jouer un tour pareil ?
    Honteux, ils accéptèrent d’ obtempérer mais, par soucis de liberté, s’allignèrent en récalcitrant… Hélas ! lpas dans le bon sens !!!
    -il ne faut pas exagérer ! On veut bien obéir mais avant tout, on doit soulager nos cors.
    C’est ainsi que notre pauvre Légo eut les petits doigts de pieds à l’intérieur et le pouce dehors.
    C’était à prendre ou à laisser : il prit.
    Il eût ainsi conscience que la diplomatie avait pris le pas, si j’ose dire, sur ce qui le préoccupait : pousser l’unique porte de sa tête en colimaçon pour voir ce qui s’y passait. Avec tous ces roulements à billes, pensez s’il s’inquiétait de ce qu’il allait trouver.
    Enfin il osa.
    Cette porte, comme un œil unique se souleva à demi d’abord, dans le mouvement lent d’une paupière au réveil, et presque dans la nuit, tout de suite ce qu’il vit le ravit. Quand elle s’ouvrit entièrement ce fut pour lui un enchantement. Tiens ! un peu comme un gamin, se serait applaudi de bonheur s’il n’avait craint, en tapant dans ses mains entrechoquant ses bobines, de rompre le silence ce si bel instant.
    Mais que c’était beau cette grande étendue bleue comme le ciel et l’eau…d’abord il s’y mira, s’y admira, puis pour voir encore plus loin, s’accrocha par les bras à un souffle d’air frais et se balança tout doucement pour profiter de tout, sans déranger, sans bruit.
    Comme il était, finalement il se plaisait, et si pour en arriver là c’était parfois difficile, non ! Il ne changerait pas.
    Souris verte

  9. « Docteur Narcisse, Psychanalyste, Hypnotiseur, 3ème étage »
    Une large plaque dorée sur un immeuble ancien en centre ville invitait à entrer dans un cabinet vieillot mais cossu, aux lourdes tentures vert bronze, après avoir arpenté un couloir interminable dans le silence feutré d’une moquette épaisse. Un escalier de pierre en hélice, digne du « Vertigo » d’ Hitchcock, amenait auparavant le visiteur à l’étage souhaité.
    « Vous avez rendez-vous ? ». Une jeune femme affable désigna à X. la salle d’attente en le priant de patienter.
    X. remarqua qu’il était seul, prit une des revues qui traînaient sur une petite table et se mit à la feuilleter machinalement, tout en jetant un coup d’œil sur la lourde porte matelassée de la salle de consultation, d’où aucun bruit de conversation ne filtrait.
    L’attente s’éternisait sans nul signe de présence humaine. X. avait oublié sa montre sur la tablette de sa salle de bain et l’horloge rococo qui trônait sur un vestige de cheminée s’était brutalement arrêtée dans un hoquet peu de temps après son entrée.
    Enfin, la porte du cabinet s’ouvrit toute grande et un personnage bariolé de couleurs criardes, qui contrastaient bizarrement avec l’aspect bourgeois du décor, les yeux masqués d’énormes lunettes noires, engagea le patient à pénétrer dans le cabinet de consultation, avec force gestes obséquieux. X. résista à une forte envie de fuir, puis, reprenant ses esprits, pénétra à pas prudents dans la pièce. Il s’étonnait de ne pas avoir vu sortir le client précédent mais remarqua une autre porte derrière le bureau massif et en déduisit l’existence d’une sortie discrète vers l’extérieur.
    Le docteur franchit le seuil et la porte se referma derrière lui, lentement, avec un soupir ouaté. La pièce, où un fauteuil de cuir attendait X, plongeait dans une pénombre reposante. Il se cala bien au fond, comme pour se protéger dans son étreinte rassurante.
    Le praticien l’observait, tournant autour de lui sous prétexte de lui présenter le fauteuil, et X. fut surpris de l’entendre renifler deux ou trois fois pendant son inspection. Enfin, il s’assit en vis à vis sur son siège pivotant en cuir fauve, les bras bien calés sur les accoudoirs, les mains croisées. X. détailla son visage, un visage commun, aux oreilles décollées ornées d’un large pavillon. Mais, en un hochement de tête et un sourire, le docteur l’invita à parler.
    « Docteur, je suis surmené, à tel point que j’ai l’impression de ne plus savoir qui je suis vraiment, de me perdre, de ne plus retrouver ma véritable nature, d’aliéner mon identité » commença X. tout en surveillant les réactions de son interlocuteur dont il guettait un mot d’encouragement ou une question. En vain. Et X. se fit la réflexion qu’il n’avait encore prononcé aucune parole, et ne l’avait pas même salué en l’introduisant dans le cabinet. Il attendit quelques instants, mais le même léger hochement de tête l’encouragea à continuer.
    « Comprenez-moi bien, j’ai absolument besoin de faire une pause, de me ressourcer, de retourner en moi-même, de redécouvrir qui je suis …». Le même sourire figé sur les lèvres de l’autre, le même mouvement du chef, intermittent. X. avait la vague impression de parler dans le vide.
    « Il faut que je redescende au plus profond de moi-même pour me redécouvrir, pour pénétrer dans ma nature profonde, pour mettre au jour mon ego, pour révéler mon Moi primordial, ma sin-gu-la-ri-té !! »
    Les lunettes noires se figèrent, les deux orbites ténébreux le fixèrent, obsédants. La tête s’était immobilisée, le sourire avait disparu. X. regretta de s’être ainsi épanché et crut avoir commis quelque impair. Les secondes s’éternisaient. Et toujours le silence.
    Enfin, alors que X. pensait déjà à tourner les talons, le praticien quitta son siège comme expulsé par un ressort. Il fonça droit sur la porte du fond que X. avait déjà repéré, l’ouvrit, et d’un grand geste démonstratif, introduisit son patient.
    C’était la porte blindée d’un laboratoire, ou plutôt d’une salle d’examen médical. D’une blancheur aveuglante et uniforme, murs, sols, et plafonds recouverts d’une coque de plastique dur, elle s’ornait d’une multitude d’écrans disparates. Au centre, un lit-siège modulable recouvert de faux-cuir également blanc, sur lequel X. s’allongea.
    Les yeux face au plafond, il vit s’ouvrir devant lui un écran géant.
    Le docteur redressa le siège, pressa quelques boutons, et soudain, un feu d’artifice de voyants colorés s’animèrent sur les murs en une ronde folle, plongeant X. dans un film de science fiction. Le docteur pianotait sur ses claviers en virtuose, et ne semblait jamais totalement satisfait du réglage.
    Avant d’avoir pu réaliser ce qui lui arrivait, X. vit les lunettes noires se poser sur une tablette et deux faisceaux lasers plongèrent directement dans son cerveau. à travers ses orbites devenues douloureuses. En même temps, deux mains gigantesques amorçaient devant lui une danse hypnotique de méduses ensorcelées:
    « Vous allez dormir. Vous allez plonger dans un sommeil profond et partir très loin, retourner au tréfonds de votre être, voyager dans le temps et l’espace, jusqu’à ce que vous soyez rassasié de votre quête ! »
    X. n’entendit pas la porte se refermer. En même temps que l’obscurité enveloppait les lieux, l’écran du plafond s’illumina. Et la cabine amorça une descente, comparable à celle d’un ascenseur.
    Un mouvement lent comme si on le berçait. Il revit d’abord la journée de la veille, le sourire de sa femme, puis franchit quelques jours. Les dernières vacances d’été à la montagne. Ses enfants petits qu’il menait à l’école en voiture. La naissance de l’aînée et ses péripéties. Puis il se retrouva à quatre ans, à bord de son premier vélo.
    La descente s’accélérait. Il entra dans des souvenirs qu’il n’avait pas vécu. Les noces de ses parents. La dernière guerre, dans les pas d’un soldat qui était peut-être son grand-père. Plus vite, toujours plus vite. Une immense foret avec des animaux sauvages. Une chaumière au milieu d’une clairière. La vitesse de la descente l’oppressait à présent et lui plaquait la tête sur l’oreiller du fauteuil. Des animaux inconnus ? Mammifères pourtant. Des lézards géants ! Une fougère gigantesque ! Une amibe au fond des mers. Il respirait avec peine. La pression devenait insupportable. Une mer de feu !!
    Et soudain l’apesanteur. Douce sensation de flotter. L’écran géant montrait maintenant une multitude d’étoiles dans un ciel nocturne, qui défilaient, défilaient sans fin. C’était donc ça ? Il allait toucher du doigt le commencement du monde ?
    Et le voyage durait, durait encore, un aperçu de l’Infini. Les galaxies de toutes couleurs se succédaient. Plus loin, toujours plus loin.
    Et soudain, toutes les étoiles sous les yeux, toutes, rassemblées, regroupées sur une ligne, comme pour la parade. Le bouquet final d’un spectacle grandiose ! Rien que pour lui !!
    Comme si l’espace voulait lui offrir l’ultime féerie d’une guirlande de lumière magique avant de l’entraîner dans la masse d’encre opaque qui grandissait à vue d’œil juste en dessous… en même temps qu’il ressentait un tiraillement de plus en plus intolérable au niveau de ses pieds.
    X. eut juste le temps de réaliser qu’en Physique, c’est à dire dans la réalité, la Singularité qu’il appelait de ses vœux mène droit … à un Trou Noir.
    Et sa tête se détacha de ses épaules.

  10. Clémence dit :

    Suivant le conseil de son coach, il descendit au plus profond de lui-même. Un escalier en colimaçon y menait. À peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer chez… 

    Depuis qu’il avait ressenti un passage à vide, un phénomène étrange le tenaillait. Jamais il n’avait ressenti cela. C’était bizarre. Une espèce de tétanie qui bloquait tous ses circuits.
    Une autre perturbation l’ébranla. Jamais on ne l’avait informé que cela pouvait se produire. Qu’il suffisait d’un rien, d’une poussière d’étoile ou d’un atome en folie.

    Il se pencha avec application sur son état et analysa le plus objectivement possible ses compétences.
    Il commença par les plus simples. Les réponses.
    Oui – Non- Je ne sais pas – Je ne veux pas.
    Tout était correct.
    Il passa à l’étape suivante. Les directions.
    Gauche – Droite – Haut – Bas –
    Tout était correct.
    Il continua systématiquement. Mathématiquement. Selon un algorithme implacable.
    Tout était correct.
    Et pourtant, un grain de sable, tapi dans les tréfonds de son entité, enrayait son aisance et sa détermination.

    Après une nuit blanche, il se décida. Seul un coach pouvait le sortir de l’impasse.
    -Descendez au plus profond de vous-même, lui dit d’une voix tranquille, l’homme au costume trois pièces.
    – Oh….
    – Un escalier en colimaçon vous y mènera, continua-t-il, en passant une main aux longs doigts sur sa lavallière de soie.
    – Mais….
    – C’est inodore, incolore, insipide…, murmura-t-il en caressant l’araignée sur le revers de sa veste.

    Il entendit à peine le dernier mot qu’une décharge fulgurante le propulsa dans un tunnel aux lumières bleutées.
    La vitesse était affolante. Et pourtant, il avait l’impression d’être immobile.
    Des éclairs surgissaient des parois. Et pourtant, il lui semblait que c’était sa tête qui les produisait.
    Ce chaos insupportable amplifia d’une manière exponentielle. Un cri horrible surgit de ses entrailles et il se retrouva, penaud, assis au pied de l’escalier en colimaçon.

    Il remonta les marches quatre à quatre, retrouva de justesse son équilibre et courut se réfugier chez son pire ennemi.
    Celui-ci l’accueillit avec bienveillance.
    – Que vous arrive-t-il ? Auriez-vous perdu toute arrogance ?
    – Je ne peux répondre à votre première question. Quant à la seconde…
    – Pourriez-vous être plus explicite ?

    Un long monologue se déroula entre les deux protagonistes.
    L’un, figé dans une posture cocasse débitant un discours haché.
    L’autre, les yeux rivés sur son pendule qui oscillait au gré du récit.

    Puis, le silence se fit.
    Le radiesthésiste regarda son interlocuteur avec attention. Il admira le corps parfait et le visage aux traits délicats du Robot IA. Celui-ci pencha légèrement la tête.
    – Je crois, dit le radiesthésiste, enfin, c’est mon pendule qui le révèle, que ce qui vous a perturbé profondément est … une intrusion….imprévisible et pourtant, tellement espérée…
    – Je suis prêt à vous entendre, articula le Robot IA.
    – Vous venez d’éprouver de la PEUR. Or, la peur est une émotion…
    – La peur, répéta le Robot IA….Oui, la peur liée à l’horreur du détricotage des liens sociaux réels.
    – Tristement remplacés par des amis virtuels, des fake news, des …

    Le radiesthésiste gesticulait et son discours s’emballait, tant et si bien qu’il se prit les pieds dans le tapis et chuta lourdement aux pieds du Robot IA.
    – Mon ami, implora-t-il… mon ami, je crois que je me suis brisé les os…
    – Pas de panique, articula le Robot en faisant demi-tour.

    Il revint avec quelques planchettes, des bandelettes, un seau de plâtre et une petite truelle. Il se mit à l’ouvrage.
    En deux temps trois mouvements, le radiesthésiste ressembla à un robot alors que le Robot IA s’émerveilla d’une nouvelle émotion qui l’envahissait. 
    D’une démarche souple, il se dirigea vers une étagère, s’empara d’un CD et le glissa dans le lecteur.
    – La Neuvième de Beethoven, n’est-ce pas la JOIE ?

    © Clémence.

  11. Cetonie dit :

    Suivant le conseil de son coach, il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.
    À peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches quatre à quatre
    et courut s’enfermer chez sa maman en pleurant. C’est là que le retrouva le chaman interloqué : d’habitude, ses clients exploraient leur inconscient avec une grande curiosité, et souvent, arrivaient très satisfaits au bout de leur quête.
    Il entreprit donc de l’interroger avec précautions, pour ne pas relancer l’impressionnant flot de larmes.
    – Rassurez-vous, vous êtes en sécurité ici, rien ne peut vous arriver, mais nous avons besoin de savoir ce qui s’est passé pour éviter le retour de cette terreur !
    – Vous m’aviez promis que cette exploration me permettrait de faire connaissance avec mon animal totem, celui qui doit me protéger et me guider, à qui je peux faire confiance.
    Et devinez ce que j’ai aperçu, avant même la dernière marche ? Une ÉNORME araignée nonchalamment suspendue au milieu du passage, qui me regardait fixement de ses gros yeux ronds… Comment imaginer que cette horrible chose puisse être mon animal totem ? Non je n’ai pas peur des araignées, mais je les évite, je les chasse, je les pulvérise, et là, je n’avais même pas une bombe d’insecticide, quelle horreur !
    – Il me semble que je vous avais prévenu : ne pas vous arrêter à la première rencontre, si ce n’est pas l’animal qui vous correspond, saluez-le poliment et passez votre chemin…
    – Mais comment pouvais-je passer à travers cette apparition ? Au milieu exactement de mon passage, juste à hauteur de mon visage !
    – C’est une épreuve qui doit vous inciter, au contraire, à persévérer pour vaincre vos impressions superficielles, celles qui vous empêchent d’être réellement vous-même. Souvenez-vous de ce conseil : l’obstacle est là pour être contourné, pas pour vous faire fuir.
    Restons-en là pour aujourd’hui, mais je vous propose de recommencer l’expérience au sein d’un groupe, cela sera moins impressionnant.

    La semaine suivante, il se retrouva avec une dizaine d’autres en recherche, allongés en rond, les yeux fermés et attentifs.
    Au centre du cercle, l’homme de l’art, sur le rythme monotone d’un petit tambourin, délivrait doucement des indications pour ce voyage intérieur, pour une descente au plus profond de soi, comme on descend dans les profondeurs d’un immense bâtiment bâti en sous-sol.
    Oubliée la lumière du jour, tous les sens aux aguets pour saisir la moindre présence, il découvrit avec étonnement la richesse de la nuit et du silence, et surtout sa capacité à en percevoir toutes les nuances, ses idées flottant en lui aussi légères que les nuages au crépuscule, curieuses d’en savoir toujours plus sur son « moi » profond.
    A chaque étape, il rencontra des animaux ou des chimères, des arbres ou des poissons, et il prit le temps de les examiner, de chercher en quoi il était concerné, puis, toujours guidé par le son insistant du tambour, il cherchait sa voie vers l’escalier suivant, de salle en salle, de rencontre en rencontre, jusqu’à déboucher dans une tout petite grotte où l’attendait une minuscule chauve-souris qui, souriante, lui dit : « je t’attendais, viens avec moi » et, sans hésiter, confiant, il s’envola dans la nuit étoilée.

  12. Blackrain dit :

    …les poumons. Il voulait y reprendre son souffle, se donner un peu d’air. Il prit une artère. Il avait de la veine, la circulation était fluide. Il suivit le flot du liquide rouge. Il en but une gorgée pour se donner du cœur au ventre.
    Il s’arrêta un peu plus loin. Il avait un coup de pompe. Mais il fallait qu’il avance. Il ne pouvait se reposer sur ses oreillettes. Il poursuivit sa route.
    Il était solide et gardait la foi. Il descendit dans les reins pour vérifier les filtres. Il fit un rapide calcul. Le compte était bon. Encore un caillou de moins dans sa chaussure. Pas de bile à se faire, il pouvait rejoindre l’estomac.
    Il s’enfila dans le tube qui était à sa portée. Une fois arrivé, il en paya la note. Il était trempé de sueur. Il décida de s’arrêter un moment pour faire une petite lessive avec quelques enzymes gloutons. En suivant la vidange, il se mit à la recherche de l’intestin. Il progressa, à l’instinct. Il ne fallait pas qu’il le rate. Il suivit les mouvements de la grande courbure, sans fatigue. Il trouvait le système sympathique. Dans cette pénombre gazeuse, il longea des muqueuses qui souriaient, acides et moqueuses. Il avait un peu les glandes, décomposé par cet affront.
    Arrivé au gros intestin, il subit une grêle d’aliments qui lui pleuvaient dessus. Il tonna, il jura dans une diarrhée verbale fleurie, qui aurait certes choqué le moindre constipé, mais qui aurait surement réjouit quelques alcooliques frénétiques. En longeant la paroi, il rebondit sur quelques émaux roides, dur comme du mica. Avec ça il ne serait pas riche mais c’était mieux que de couler sur un bronze.
    Enfin il vit le bout du tunnel, la conclusion intestinale. Il ressortait vainqueur de cette introspection. Il n’avait pas essuyé la défaite et allait bientôt retomber sur ses pieds.

  13. Catherine M.S dit :

    Belle rencontre

    Suivant les conseils de sa psy
    Elle descendit au plus profond d’elle-même
    Un escalier y menait
    En colimaçon s’il vous plaît
    De quoi lui donner le tournis !
    A peine avait elle atteint le 1er palier
    Qu’elle remonta les marches quatre à quatre
    Et, complètement essoufflée,
    Courut se mettre à l’abri
    Avec bonheur
    Dans son petit coeur !
    Ses battements la bercerent en douceur
    Et lui permirent, très vite, de s’endormir.
    Finies les angoisses et l’anxiété
    Oubliées les frayeurs et les suees
    Au pilori l’effroi et le désarroi
    Envolées l’agitation et les préoccupations
    Elle se sentait comme dans un cocon
    Entre rêve et réalité
    Aucune envie de remonter. ..

    D’autant que dans cet organe sacré
    Elle y a rencontré un drôle d’individu
    Qu’elle n’avait encore jamais vu…
    – Bonjour, je m’appelle l’Amour
    Vous êtes perdue ?
    – Hum non, j’ai l’impression que je ne le suis plus
    – Êtes -vous ici en visite de courtoisie
    Ou installée pour la vie ?
    – Hum, si vous le permettez, je vais choisir la deuxième option
    Il faut juste que je remercie ma psy
    – De quoi donc je vous prie ?
    – De m’avoir indiqué le chemin
    De mon destin.

    • Baudinot Laurent dit :

      Suivant le conseil de son coach, il descendit au plus profond de lui-même. Un escalier en colimaçon y…
      conduisait. Aucune comparaison possible avec celui, monumental, du Château de Blois.
      Le sien plus modeste s’inspirait bien plus du savoir faire de Gustave Eiffel. Un judicieux équilibre entre solidité et légèreté, entre souplesse et rigidité.  Cela lui permettait de voir la lumière, d’avoir des perspectives. Mais la quelle choisir ?
      Au fil de sa descente au plus profond de lui même les souvenirs lui revenaient en mémoire

      Au fur et à mesure que les marches se présentaient sous ses pieds il les arboraient avec prudence. La profondeur des lieux, la pénombre qui y régnait engendrait la retenue. Il s’attachait à plus a leur facture, tel qu’une  compensation à leur inegalite ou à leur usure. Au-delà de l’apparence de chaque marche ce qui retenait son attention c’était la composition de chacune d’entre elles. Etait elle faite plus de compétences, d’expériences …

      Juste avant de descendre les dernières marches il fit un point sur ce cheminement, avant de poursuivre.
      Finalement il se trouvait dans une situation professionnelle relativement proche de ses rêves d’enfant ou d’adolescent.
      Heureusement qu’il s’était autorisé à rêver et à tisser le fil de sa Vie.

      Complaisant par rapport a lui même, mais sans laxisme, il remonta l’escalier pas à pas. Marche par marche il savourait ce parcours fait d’hésitation et de certitudes.
      Chaque pallier se trouvait être un promontoire d’où il pouvait contempler le chemin parcouru.
      Parvenu au point sommital, il profita de la douce lumière du soleil 
      Finalement, se dit il, bénéficier d’une oreille neutre et bien veillante c’est agreable
      Il repris son pas, tranquille, serein sans autre question que de faire un pas de plus et de profiter du momemt présent.

  14. grumpy dit :

    Monsieur E. Coli, coach de la jeune Listéria lui dit, en lui remettant son diplôme d’Agent Infectieux 3° degré, qu’elle devrait maintenant trouver où se loger et se mettre à travailler. Il lui conseilla pour ce faire de partir à la recherche d’un corps sain qu’elle pourrait rendre malade, il était temps pour elle de mettre en pratique le métier auquel il l’avait formée.

    Elle n’aurait pas besoin de chercher bien loin, le premier qui avalerait le yaourt dans lequel elle habitait ferait l’affaire. Aucun être humain n’ayant jamais échappé à la contamination par sa famille de bactéries, son premier essai serait un coup de maître, sa carrière serait lancée.

    Voilà qu’un imprudent se mit à déguster son yaourt pêche/abricot (elle avait choisi d’habiter ce parfum, à son avis le plus tentateur après celui à la fraise qu’elle jugea trop banal pour un début en fanfare.) Piéger un fin gourmet serait davantage gratifiant. Elle s’en léchait déjà les babines.

    Voilà qu’après avoir été glissée sur la langue râpeuse par quelques coups de cuillère à pot, elle frôla la luette et descendit l’œsophage en toboggan. Enfin l’estomac. Cette poche souple et élastique lui sembla très confortable, elle aurait bien aimé y faire une petite sieste, hélas celle-ci était déjà occupée à s’emplir d’acide gastrique.

    Ne voulant pas mourir si jeune elle courut à toutes jambes se réfugier dans l’intestin. Elle n’aurait jamais cru que ce fut si tordu là-dedans, un tunnel virant à droite puis à gauche, cela pendant près de 6 mètres, la cascade de sa vie ! Elle en eut presque mal au cœur.

    Essoufflée, elle s’accorda une petite halte curieuse lorsqu’elle vit poindre un rai de lumière parmi cet amas de tripaille. Hélas, ce n’était que le nombril qui se prenait pour un œil-de-bœuf.

    Après de longues minutes, elle arriva enfin au bout de ce boyau, décevant, le terminus n’était pas un endroit très glorieux. Elle se souvint des instructions de son coach, toucher le fond serait son pire moment mais cela faisait partie des risques du métier, elle regretta de n’avoir pas chaussé ses bottes de caoutchouc, et bien que là aussi elle eut perçu une probable ouverture sur le monde où elle aurait pu respirer une goulée d’air frais, elle fit prestement marche arrière en se pinçant le nez.

    Elle entama la remontée du plus vite qu’elle put et courut se faire filtrer par les reins puis s’enfermer dans le foie. Il allait la purifier pendant qu’ingrate, elle peaufinerait sa tâche en polluant aussi ce fragile organe.

    Mission accomplie, crampes, diarrhées, fièvre, déshydratation : un corps sain devenu un Grand Corps Malade, qui n’aurait qu’à slamer un poème rempli d’antibiotiques.

  15. iris79 dit :

    Suivant le conseil de son coach,
    il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait. 
    À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre
    et courut s’enfermer chez…

    le moi qu’il connaissait bien, celui qu’il maîtrisait autant que possible où les interdits étaient bien balisés, les sentiments contenus, les actes calculés.
    Puis il se dit qu’il n’avait pas accompli tout cela pour rien. Si son coach lui disait aujourd’hui d’aller plus loin c’est qu’il pensait forcément qu’il en était capable. Il s’arma donc de courage, se rallongea, ferma les yeux se concentra puis redescendit au fond de lui-même.

    A chaque palier se trouvait une porte qu’il pouvait pousser à sa guise.

    Derrière la première se trouvaient tous ses bagages de langage dans une pièce lumineuse. Des premiers babillages aux langues étrangères durement acquises en passant par la commode des modes pas commodes du primaire, les temps des verbes scolaires. C’était une pièce incroyable avec des bibliothèques majestueuses. Une petite échelle permettait même d’atteindre les recoins les plus difficiles,et il y en avait eu des moments délicats où les mots n’avaient pas été aisés à trouver…Il reviendrait vers cette pièce plus tard, il avait hâte de replonger dans son histoire de paroles.

    Mais il était encore plus pressé maintenant de continuer à explorer son monde intérieur. Il descendit un autre palier où il poussa la porte de ses premiers mouvements, ses premiers gestes, ses premiers pas. Il revit ses premières petites chaussures rouges offertes par la tante Adèle, le petit vélo jaune équipé de roulettes, puis le vélo vert,celui qu’il reçut à son anniversaire quand il fut plus grand. Il déroulait le fil des souvenirs. Derrière ce vélo tant de balades, de plaisir, de partage. Des printemps, des étés à rouler jusqu’au souffle coupé à travers champs, à travers l’île.

    Au fur et à mesure de son exploration, il avait l’impression de se recharger de vie comme la dynamo du vélo sous ses coups de pédales énergiques.

    Il reviendrait ici c’est sûr mais d’abord continuer à descendre l’escalier en colimaçon. Il avait l’intuition qu’il y avait encore à découvrir.
    Il descendit donc au pas de course un étage qui semblait être le dernier. Il savait déjà ce qu’il cacherait ; des sensations, les premières, les odeurs, les empreintes, des caresses. Les joies les peines, les rires et les larmes. Tout essoufflé, il poussa délicatement la porte et fut saisi par des parfums, des frissons, de la douceur, des émotions, intenses, diverses, celles qui embrassent qui bousculent, celles qui enlacent, qui basculent.

    Cette descente se révélait épuisante mais ô combien passionnante. Il voulait maintenant remonter voir son coach, le remercier de l’avoir invité avec insistance à ce périple intérieur. Il voulait maintenant avec lui établir un programme de voyages. Oui maintenant il était prêt pour retourner dans les profondeurs de son être et y explorer tout ce qui pouvait l’être.

  16. Nadine de Bernardy dit :

    Suivant les conseils de son coach il descendit au plus profond de lui même,un escalier en colimaçon y menait.
    A peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer chez son inconscient.
    Au moins,là, il serait à l’abri de la terrible redécouverte faite aux tréfonds de son être qu’il avait toujours cru libidineux.
    Encore essoufflé de sa preste remontée ,il ferma soigneusement derrière lui la porte du lieu réconfortant que constituait cet inconscient,qui lui permettait de refouler tout traumatisme du moment que personne ne venait forcer ce coffre fort contenant la mesquinerie et les chagrins accumulés au court de sa vie de turpitude et de dissimulation.
    Douillettement logé dans sa cellule, il s’autorisât à revenir sur ce que le coach imprudent l’avait obligé à revivre.
    Il avait six ans,en vacances chez ses grands parents dans leur ferme du Poitou,il jouait souvent avec la fille des voisins ,une petite brunette timide qui lui plaisait beaucoup,Jeanette.
    Un après midi qu’ils étaient dans la cour de la ferme,n’y tenant plus car cette idée le tourmentait depuis une semaine,il entrainât le fillette derrière le poulailler.
     » Je sais pas ce que ça fait d’embrasser une fille,tu voudrais pas me montrer?  »
    Rougissante et ravie elle posât un baiser délicat sur ses lèvres.
    Ils essayèrent plusieurs fois afin de confirmer ce trouble délicieux qui leur nouait le ventre,jusqu’à ce qu’un taloche vigoureuse ne lui claque derrière l’oreille
     » Petit vicieux,on se cache pour faire des saletés! C’est comme ça qu’on fait à la ville? Attends un peu que ton père l’apprenne! »
    Sa grand mère, indignée, l’enferma dans sa chambre ,mortifié,rouge de colère et de honte,jusqu’à l’arrivée de ses parents le lendemain pour le retour à la maison.
    Il ne revit jamais Jeanette,ne sut jamais si la grand mère avait vendu la mèche.
    Il attendit dans l’angoisse pendant des mois qu’on y fasse allusion, mais rien.
    Il enfouit ce traumatisme au plus profond de lui même durant des années,n’arrivant pas à rire de l’ incident.
    Et voilà qu’il était réapparu, cinquante ans plus tard, dans toute la vivacité de ses six ans,aussi cuisant,aussi humiliant,aussi beau.
    Son coeur s’étant remis à battre calmement,il se détendit,se prenant à sourire avec émotion à cet amour enfantin qui lui avait offert de tels émois.
    Car qu’est ce qu’une gifle au regard de la douceur des baisers maladroits d’une tendre fillette.
    Son surmoi pouvait aller se rhabiller,il n’était pas en faute,au contraire,il avait été curieux,entreprenant, amoureux
    .Un homme quoi!
    Il rit tout haut:
     » Merci coach! »

  17. Zeller dit :

    Suivant le conseil de son coach,
    il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.
    À peine avait-il atteint le premier palier
    qu’il remonta les marches quatre à quatre
    et courut s’enfermer chez lui. Mais aussi sa porte fermée, il se reprit. La coach avait dit que ce serait difficile, qu’il devrait faire preuve de courage pour aller à la rencontre de lui même et progresser. La peur du noir ? A son âge ? Il s’arma d’une lampe de poche et redescendit plein d’appréhension. Au premier palier il trouva un interrupteur et la lumière éclaira une porte avec le panneau sentiments. Il la poussa doucement et se trouva dans un couloir face à trois portes intitulées passé présent et avenir. Pris de curiosité il poussa la dernière, elle était vide mais une odeur de peinture annonçait une décoration en cours. Le présent ne révéla q’un petit animal, une souris ou un mulot qui disparut dès qu’il eût fait un pas. C’était sa peur, qui avait disparu dans un trou du plancher sinon rien. Le passé contenait un petit tas de boîtes couvertes d’une épaisse couche de poussière. Il arriva à lire les étiquettes presque effacées: amours, amitiés, angoisses et colères. Seules les deux dernières semblaient avoir été activés assez récemment. Les autres ne servaient plus depuis longtemps à en juger par la couche de saletés qui les recouvraient.
    Il ressortit sur le palier, curieux de connaître les autres étapes, fier de sa témérité, mais mortifié du peu de contenu découvert.
    En apercevant le mot savoir il se sentit prêt à affronter une autre face de sa personnalité.
    La porte semblait bloquée, elle résistait, il fallut un coup d’épaule pour qu’il puisse se créer un passage. Le désordre était total, des boites jusqu’au plafond amoncelées dans un chaos et noyées dans un poussiére noirâtre. Il dut reculer pour éviter une avalanche de dossiers déposés en vrac au dessus d’une pile. La poussière le fit éternuer si fort qu’une nouvelle avalanche roula à ses pieds : littérature, algèbre, sociologie, marketing put il lire. La colle et la crasse avait soudées entre eux de nombreux cartons. Il reconnut au passage l’écriture de sa mère sur certains documents. A ses pieds gisaient trois cartons plus récents actualités, internet et comptabilité. Le reste semblait devoir se déliter. Un carton lecture entrouvert s’était vidé.
    Il sortit l’esprit maussade et empreint une grande mélancolie. Il réussit à se convaincre de mener à bien le dernière étape et s’engagea sur le dernier palier dans une pièce dénommée créativité. Créatif oui…c’était son métier et pourtant il n’y trouva que trois dessins d’enfants un lego inachevé et le Pinocchio a qui il parlait quand il se réveillait la nuit…

  18. brigitte dit :

    Suivant le conseil de son coach il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait. À peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches quatre à quatre et courut s’enfermer chez…son psy.
    Non non non et non ! Il n’était pas prêt à affronter ses démons, pas encore…
    Cette descente en colimaçon, lui avait donné le vertige, la nausée, pas de rampe pour s’accrocher, un sol mouvant qui interdisait tout équilibre et tout cela dans un noir absolu. Sa cage thoracique était spammée, une douleur au sternum l’empêchait de respirer normalement. Retour à ses crises de panique d’antan.
    La salle d’attente était éclairée par une douce lumière dorée de fin d’après-midi, il se sentit mieux, puis peu à peu le son du ruissellement de la fontaine l’apaisa.
    Cela faisait quelques mois qu’il avait mis un terme à son analyse, alors pourquoi, de simples exercices prônés par son nouveau coach l’avaient fait de nouveau chaviré.
    Durant dix longues années, ils avaient, dans son cabinet, sillonné la carte de sa vie. Avaient franchi gués et précipices, affronté les ressacs et écueils des rives de son enfance, avaient extirpé du néant blocages et peurs. Alors pourquoi cette sensation si désagréable ?
    Il se reconcentra sur son souffle, reprit les techniques de sophrologie caysédienne apprise par son nouveau coach, et redescendit doucement au plus profond de lui, système après système.
    Il commença par la tête, scannant chaque partie de son visage et de sa boite crânienne, démêlant les nœuds de ses synapses, oxygénant chaque cellule de son cerveau. Alors, il comprit sa panique. Les échanges avec son analyste, n’avaient été principalement qu’intellectuels ou mentales. Aujourd’hui, il fallait qu’il ait confiance en lui et qu’il devienne son propre médecin pour contrôler les réflexes archaïques de son corps.
    Il sut que c’était cette nouvelle liberté qui lui avait fait peur, l’avait fait renoncer et remonter les marches comme un dératé, comme un détraqué.
    Désormais l’escalier en colimaçon s’éclairerait de torches d’espérance, un garde-corps de confiance l’accompagnerait en sécurité au plus profond de lui.
    La porte s’ouvrit, son psy s’approcha, un sourire de bienveillance à ses lèvres.
    -« Que puis-je faire pour vous ? »
    -« en fait, j’étais juste venu vous remercier, vous avez été une étape importante de ma vie et je viens de comprendre que cette étape faisait désormais partie de mon passé »
    Elle sourit, si vous n’êtes plus mon patient, que diriez-vous de partager un verre ?
    « ?! … »
    Décidemment passé, présent et peut-être futur resteraient mêlés de manière inextricable.

  19. durand dit :

    Selon les avis de son guide en spéléologie intérieure, il descendit au plus profond de lui- même. Un escalier en colimaçon y menait. Même s’il eut trouvé un ascenseur plus pratique, il fut surpris de trouver les dédales de son émoi aussi bien équipés. Il s’était muni d’un casque pour se protéger des chutes de tension. La descente paraissait aisée, les glouglous accueillants. Mais à peine avait-il atteint le premier palier qu’il remonta les marches huit à huit et courut s’enfermer chez son marchand de bière.
    « Marcel, tu me connais, comme client, comme ami, comme poète maudit du 5ème arrondissement… eh bien tu ne devineras jamais.
    – Quuoiiiii ?
    – Je croyais descendre en moi-même….en commençant par la boîte à musique crânienne. Je pensais juste faire un tour en alvéole, respirer les douces effluves de mes inspirations…et Pan…!
    – Pan ? Ben quoi… yavait un chaaaaasseur d’infections pupulmonaires dans tes bronches ??
    – MAIS NON….je m’étais tout bêtement trompé de tuyau. Et parvenu à la moitié du parcours œsophagien, j’ai été agressé par une drôle d’odeur, un mélange de vielle salive et de houblon glandulaire.
    – Aaaahh boonnn….!
    – Et puis ,j’ai aperçu comme une mare de lave avec de méchantes vagues me léchant les boyaux. Yavait des bouts de bras, de jambes, de têtes, de queues de piano qui s’agitaient partout. On aurait dit un tableau de Bosch revisité par Dali. Alors, je me suis dit….non ce n’est pas possible….ce n’est pas moi, ce fond marécageux de volcan déglingué…j’ai eu la trouille de ma vie….je me suis sauvé…et me voilà!
    – Pas graaafe…..!
    – Comment ça pas grave, je descends un peu en moi, relever ma consommation sur le compteur d’écoulement des mots…et je me retrouve face à un spectacle qu’à côté le vieux jus de Tchernobyl, c’est le pipi de l’aquarium de Monaco…
    – Pas graaafe…!
    – Arrête avec tes PAS GRAAAFE…je te dis que les problèmes de plomberie mentale, c’est terminé pour moi….je ne ferai plus que de la bluette, de la rosette, de l’oranginette…même pas secouée!
    – Fallait paaaaas quiitter ton goût ancré pour le siiilence de la bibiiiiiiière d’Abbaaaye belge. Cette mousse lààààà te convient, légère, onctuuuuueuse, maxi 6,5° en longitude et en laaaatitude, une bonne petite pééééééniche tranquille pour alimenter ton caaaaanal carpien.
    …et puis hier, t’as vouluuuu changer tes habibitudes!
    – Tu crois vraiment..??
    – Et oui mon P’tit Loulouis Ferdinand…. les justes dégâââts des 12° de la Bière du Dédééémon! « 

  20. Laurence Noyer dit :

    Un individu armé d’un stylo BARKA
    attaquait tout RABKA qui osait
    encore écrire en robe d’ABRAK.
    On comptait déjà plusieurs KRABA
    parmi les gens de lettres.
    Suivant les conseils de son COACH,
    Diderot dans sa BARAK
    descendit au plus profond du CACHO.

    Un escalier en COCHA le mena au CHAO
    À peine avait-il atteint le premier CHAOC
    qu’il CHOCA les marches quatre à CAC
    et courut s’enfermer chez CHOAC
    en hurlant OHCCAKBAR !

  21. Liliane dit :

    Suivant le conseil de son mentor, il descendit au plus profond de lui-même.
    Un escalier en colimaçon y menait.

    Arrivé au premier palier, il stoppa net.
    Des relents d’humidité, de moisissure, de pourriture l’agressèrent et provoquèrent un haut-le-cœur douloureux.
    Ça sentait le Soufre.

    Une peur incontrôlable le saisit.
    Il fit demi-tour.
    Remonta les marches quatre à quatre.

    Il savait où se réfugier en cas de panique.
    La buanderie !
    Là, où une tendre douceur régnait.
    Là, où l’odeur de la lavande l’apaisait.

    Il se lova dans cette couverture, abandonnée là, pour une raison qu’il ignore.

    Le calme revenu dans son corps et son esprit, il comprit qu’il avait eu tort de descendre.
    Il décida de faire le contraire.
    Il abandonna son coin douillet et sortit.

    Traversa la forêt.
    Grimpa la colline.
    Découvrit la chapelle.

    La porte en chêne clair était entrebâillée.
    Précautionneusement, il entra.
    Et la découvrit.

    Devant l’autel.
    Agenouillée sur un prie-Dieu.
    Tout de blanc vêtue.
    Nimbée des rayons du soleil filtrés par le vitrail.

    Il se figea, ébloui par la beauté de ce tableau vivant.

    Lentement, elle se leva.
    Il se maudit, il avait dû faire, ne serait-ce qu’un léger bruit.
    A moins qu’elle ait ressenti sa présence.

    Elle se retourna.
    A l’instant où son regard se posa sur lui, la tristesse de son visage s’évanouit.
    Alors, il courut vers elle.

    Elle le prit dans ses bras.
    Murmura :
    – « Pit’choune ! Tu m’as retrouvée ! »

    Il se laissa caresser.

    Et ronronna.

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