388e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une bonne idée…

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18 réponses

  1. françoise dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine.
Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua 
Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. 
Cela lui donna une bonne idée // elle éternua, éternua,éternua donnant l’impression qu’elle ne pourrait s’arrêter. Tout le monde descendit. Elle rit en pensant qu’elle les avait fuir . Mais dans la journée elle continua à éternuer fréquemment.Demain elle irait consulter un médecin car il ne fallait pas que son état s’aggrave.
    Mais qu’est- ce qui lui arrivait ? C’est vrai que la nuit dernière elle n’avait pas mis de chaussettes pour dormir contrairement à son habitude.
    Sa collègue à qui elle faisait part de la gravité de sa maladie lui rit au nez en lui disant qu’elle avait toujours un pet de travers, qu’elle était hypocondriaque et que c’était un psychiatre qu’il fallait qu’elle consulte . Inquiète, elle prit un rendez-vous en urgence.

    Lors de la consultation celui-ci lui conseilla dans un premier temps  :
    de prendre les escaliers pour monter à son bureau,
    – de continuer à mettre des chaussettes pour dormir,
    – de faire des inhalations avec 2/3 gouttes d’huile essentielle d.’Eucalyptus Globulus.
    S’il n’y avait pas d’amélioration,ajouta-t-il, il lui prescrirait une thérapie cognitivo comportementale .
    Elle n’eut plus que ces trois mots dans la tête « thérapie cognitivo comportementale ». Elle imaginait le plaisir qu’elle aurait à les prononcer devant ses amis.
    Le lendemain en se rendant à son travail elle glissa sur une peau de banane et en tombant elle se cassa la jambe. Elle fut en arrêt de travail pendant trois mois. Quand elle reprit son activité,elle emprunta l’ascenseur sans appréhension, puis le lendemain et les jours suivants elle monta par les escaliers   tant elle se sentait en pleine forme. Elle n’éternua plus et se dit avec joie que la sinusite dont elle avait dû souffrir était guérie .
    Plus de thérapie cognitivo comportementale non plus : elle n’était plus hypocondriaque et l’avait-elle seulement été ? That is the question !

  2. Clémence dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une bonne idée…

    Une silhouette androgyne attendait devant la porte de l’ascenseur. D’elle, on retenait son sourire énigmatique et l’initiale de son prénom. G.
    G, comme j’ai besoin ; G comme j’ai pensé ; G comme j’ai voulu…
    Et malgré les commentaires ironiques, chacun appréciait G pour un de ses traits de caractère ou pour ses convictions humanistes.

    Un tintement retentit.
    La porte chuinta.
    G fit un pas puis se faufila au centre de la cabine. Les exhalaisons des passagers l’oppressèrent subitement, provoquant un éternuement discret.
    Aussitôt, l’espace se libéra.
    L’ascension se termina dans un silence absolu.
    G foula la moquette épaisse jusqu’à son bureau d’où la vue panoramique était époustouflante.
    C’est alors que l’ idée explosa.

    G tourna son regard vers les montagnes qui lacéraient sauvagement l’horizon.
    G éternua.
    Les montagnes s’alignèrent en une chaîne harmonieuse de cônes aux sommets poudrés de neige scintillante.
    G se dit que c’était bien.
    Au loin, G vit des ouragans, des cyclones et des tornades qui tourmentaient les airs.
    G éternua.
    Les vents s’apaisèrent et un doux zéphyr se faufila dans les nuages malicieux.
    A l’est, la forêt luxuriante étendait son tapis émeraude. Un univers impitoyable, où le microcosme affrontait le macrocosme, où la lutte se faisait à armes inégales.
    G éternua.
    L’harmonie revint.
    A l’ouest, un volcan éternua et cracha une lave écarlate qui emportait tout sur son passage.
    G éternua.
    Le volcan s’effondra.

    La paix était revenue. G pouvait se reposer. La nuit serait douce.
    Le soleil se leva sur une aube rosée. G ouvrit les yeux.
    Le désordre, le chaos étaient revenus, plus sauvages que jamais.
    G éternua et entra dans une colère terrible.
    L’apocalypse s’invitait brutalement.
    La planète entière explosa.

    Le Big Bang intégral. Radical. Assourdissant.

    Sur un caillou minuscule, G retrouva son équilibre, ébouriffa sa tignasse blonde, tira sur son costume vert, ajusta sa ceinture et son nœud papillon rouge.

    G s’appuya contre un réverbère et admira dans les rayons d’un soleil nouveau, une rose qui s’éveillait….

    © Clémence.

  3. L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine.
    Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. 
    Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. 
    Cela lui donna une bonne idée.
    Ou plutôt plusieurs bonnes idées.
    Des répulsifs à « fâcheux », elle en connaissait des centaines :
    Alors que choisirait-elle demain ?
    Un excès de parfum, dans cette cabine surchauffée par la chaleur humaine ? Sauf qu’elle en serait la première victime.
    Emmènerait-elle avec elle son petit animal domestique, une ravissante souris blanche, qu’elle découvrirait inopinément au fond de son sac en jouant la surprise ? Ces dames apprécieraient sans doute !
    Le camembert acheté sur la route qui exhalerait son parfum sublimé par les 35 degrés ambiants ? Difficile ensuite de ne pas traîner cette odeur avec soi toute la journée !
    Le masque isolant sur le visage dans l’ascenseur ? Elle pourrait faire croire à une bonne grippe. Mais comment justifier ensuite qu’elle le quitte dès sa sortie de la cabine ?
    Un casque sur les oreilles avec la musique à tue-tête peut-être ? Mais c’était remplacer un désagrément par un autre !
    Se tourner et se retourner dans l’ascenseur avec des talons aiguilles en prenant soin d’ écraser consciencieusement les pieds des voisins mal protégés par les sandalettes estivales ?
    Déplier ostensiblement un journal encombrant lui vaudrait sans doute des remarques acerbes…
    En attendant, cette machine était d’une lenteur !… cette ascension n’en finirait donc jamais ? Et il n’y avait même pas moyen de bouger tant on était serrés !
    Non ! Décidément, il n’y avait qu’une seule façon d’échapper à cette promiscuité gênante : Prendre l’escalier !
    Ce qu’elle entreprit dès le lendemain.

  4. Souris verte dit :

    🐀Oh! Elle prenait peu de place, le poil luisant, la taille fine elle ne fréquentait que les palaces. Cette souris d’hôtel grimpait par les balcons s’introduisant doucement pour se glisser douillettement dans les draps de soie… Il faut ce qu’il faut !!! Et souricette tenait à son standing… Elle ne crachait pas non plus sur un bon coup mais voilà que récemment elle est harcelée par un rat de cave qui, l’air grave la menace des pires sévices si elle continue ses menus larcins et ne cède pas à ses avances… Souricette eut tellement peur qu’elle n’osa pas rentrer et dormi pelotonnée derrière un pot de fleurs. Gustave, notre rat de cave en fin ‘ manigancier ‘ se doutait bien que l’heure de la faim n’allait pas tarder…
    Souricette, l’air de rien, profita d’un manteau en fourrure à poils longs pour passer le portillon du palace et se faufiler subrepticement dans l’ascenseur archi bondé au milieu de escarpins et mocassins vernis… Mais elle avait eu beau se réfugier dans le plus petit coin, le froid de la nuit avait fait son œuvre… Souris ne riait plus, le poil terne éternua…des petits ts..tsi…tsi… Pas forts mais si nombreux que tous les manteaux de fourrure commencèrent à se regarder de travers…. c’est elle, à coup sûr, avec son renard argenté elle veut nous en mettre plein la vue dit celle au lapin russe… Mais non c’est l’astrakan répondit le renard piqué au vif d’être si mal considéré… Pfutt fit la zibeline, il y a longtemps que je ne fricote plus avec les visons rien que d’en voir un, tient.. ça me donne le frisson… Tsi…tsi…si… Continuait la souris… Verte de peur au milieu de tous ces poils arrogants… Les chaussures en cuir vernis, finirent par se soulever et le gens à regarder par terre quand ils découvrirent le minuscule animal enrhumé ils poussèrent des hauts cris ! Eux qui s’exhibaient sans vergogne avec au moins cinquante visons sur le dos autant de renards argentés ne parlons pas de la centaine de queues des pauvres lapins russes … avaient peur d’une minuscule souris qui simplement était enrhumée !!
    En un rien de temps l’ascenseur s’était vidé de tous ces occupants ‘ empoilés ‘ hurlants de terreur.
    Souricette était dégoûtée et décidément si le genre humain ne l’aimait pas, elle leur rendait bien… À tout prendre… Pourquoi pas un Gustave même à la moustache piquante
    🐀

  5. patrick labrosse dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine.
    Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua.
    Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place.
    Cela lui donna une bonne idée :
    Un répulsif, eurêka !
    Le printemps échauffait les hommes, ces derniers tels des bourdons enfin libérés de la ruche ne pensaient que par et pour le sexe.
    Comment contenir cette liesse, ces œillades permanentes sur son corsage, ces attouchements anodins, chaque soir le même refrain, la petite main qui vous frôle, l’air de rien, comme ça juste en bas des reins …
    Pourquoi ne pas avoir eu cette idée plus tôt ! Elle détenait la clé, il suffisait d’éternuer, de postillonner, de cracher de vilaines glaires, de renifler à plein nez, bruyamment, longuement. Suivrez une quinte de toux, grasse à souhait et enfin le vil crachat au pied de l’homme. Mieux celui-ci se collerait inopinément sur son joli veston.
    Pour vous excuser, vous vous approchez de votre mesquin séducteur, tenterez d’effacer la pustule glaireuse à l’aide d’un vieux mouchoir à carreaux maculé de sang et de grasses tâches.
    Celui-ci penaud, ferait marche arrière, outré. Mais vous n’en resteriez pas là : dans un geste d’excuse, le buste incliné vers l’avant, vous laisseriez entrapercevoir à l’intrus l’esquisse d’un sein. Déjà la bête reviendrait à la charge, prête à oublier la vilenie. Vous la laisseriez approcher, lentement, vous l’appâtez d’un petit clin d’œil et alors qu’elle se tient prête à bondir, vous fermez les yeux, gonflez vos narines, relever la tête bien en arrière et faites semblant d’éternuer. L’homme recule, surpris, se protège le visage ! Vous riez, vous excusez et recommencez le manège à loisir …
    Il y a dans toute tentative de harcèlement un répulsif certain, il suffit d’observer le male et vous comprendrez que son imagerie érotique se trouve inhibée dès qu’il aperçoit un zest de saleté, un bubon aux atours peu alléchant, une anodine crotte de nez… Alors vous pensez bien qu’un affligeant bruissement nasal suffira amplement pour enrayer les rouages de son érection !
    A vos mouchoirs à carreaux et poivrières Mesdames !

  6. Durand dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine.Oppressée par les exhalaisons des passagers, elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une idée, si simple, si évidente.

    Elle resta plantée là. A chaque voyage, elle repérait celui ou celle qui dégageait le plus d’effluves de prétention, de sueur camouflée sous des torrents d’anti-humidité renforcé. Elle sélectionnait celle ou celui qui puait l’arrogance par tous ses porcs, celui ou celle qui, même mentalement parvenait à écraser les pieds de qui risquait de lui faire de l’ombre. Elle lui balançait le pire de ses irritations de muqueuses par un large mouvement convulsif, apparemment subi mais ciblé.

    L’autre chancelait, tentait de se protéger, d’accrocher du bout des doigts, un tant soit peu de cette vaporisation. Mais le plus souvent, il craquait…. descendait, dès l’étage supérieur…parfois entamait l’escalier de secours, le plus souvent demeurait hébété sur le palier…rarement redescendait.

    Malgré tout, l’ascenseur social demeurait plein comme un bœuf aux hormones. Mais elle ne désespérait pas de sa volonté.C’était une petite paresse à la bien grande volonté.Et la flemme était bien l’avenir de l’homme.

  7. Nadine de Bernardy dit :

    L’ascenseur était bondé,elle se faufila au centre de la cabine.Opressée par les exhalaisons des passagers,elle éternua.
    Cela lui donna une bonne idée.
    Elle était d’ailleurs payée pour cela, en tant que DRH de la société : avoir de bonnes idées.
    L’idée des couloirs plantés c’était elle.Désormais le personnel pouvait,au moment de la pause, cueillir quelques tomates ou arroser les bégonias au lieu de cancaner contre la direction devant le distributeur de boissons.
    L’idée de la lecture obligatoire et silencieuse entre treize heures et treize heures trente, dans un pièce ou poufs,coussins et moquette épaisse accueillaient les employés au lieu qu’ils aillent dénigrer le patron dans un coin de couloir,c’était encore elle.

    Cette fois, son idée ne coûterait pas grand chose et garantirait à tous fesses fermes et coeur en bon état.
    Elle fit,avec l’accord du PDG,imprimer deux affichettes qui furent fixées en bonne place près des deux ascenseurs qui desservaient les dix huit étages de l’immeuble » Mac Intosh,Mac Intosh et Compagnie » :

     » Tout employé utilisant les escaliers pour se déplacer dans nos locaux se verra attribuer une primes égale à 0,2% de son salaire par étage emprunté.
    Un petit escaladomètre sera remis gracieusement à toute personne qui en fera la demande.
    Tout employé surpris par nos caméras à utiliser le ou les ascenseurs sans une raison sérieuse se verra rétrogradé à l’échelon inférieur du tableau d’avancement.
    Dans un souci de démocratie professionnelle et de tolérance éclairée,cette mesure ne concerne pas:
    – les femmes enceintes de plus de cinq mois
    – les travailleurs de plus de 60 ans
    -notre quota de travailleurs handicapés à mobilité réduite.
    Nous espérons une compréhension participative de toute l’équipe et vous rappellons que depuis janvier dernier, les syndicats sont dissous
    Que vos bureaux ont été climatisés à nos frais
    Que leur bail en est facilement renouvelable

    Nous nous tenons à votre disposition pour toute question concernant ces nouvelles mesures.

    Cordialement vôtre
    L’équipe de Direction.

    Depuis elle pouvait se pavaner,s’étaler dans des ascenseurs quasiment vides,toujours propres et aseptisés.
    Elle se sentait la maîtresse des lieux.

    Montrer l’exemple? Mais enfin, il fallait bien que quelqu’un veille au respect de cette dernière idée.

  8. Grumpy dit :

    Nadège, la femme de ménage antillaise venait de terminer son boulot dans les locaux de la start-up du 18e étage. Le boss ferma les portes des bureaux derrière elle. Elle prit l’ascenseur en même temps que les derniers employés en heures sup.

    Son nez se mit à picoter de manière irrésistible. Horrifiée sachant qu’elle ne pourrait se retenir alors, évidemment :

    «Atchouououm ! » suivi à petit intervalle d’un «atchiiiiiiiiiii ! » tout aussi sonore et postillonneur. Morte de honte elle rougit en voyant les uns se détourner, d’autre pincer la bouche, remonter précipitamment leur col roulé ou celui de leur manteau au ras des yeux.

    Arrivée de l’ascenseur au rez-de-chaussée : bousculade et ruée vers de l’air plus frais et plus sain. Elle resta seule devant les portes de verre un peu plus humiliée qu’elle ne l’était déjà de devoir dépoussiérer les bureaux et vider les poubelles de ces jeunes freluquets qui la regardaient de haut croyant déjà être les maîtres des horloges.

    Des horloges ! Parlons-en… ses horloges de travail à elle tournaient plus qu’il n’en fallait, heureusement bloquées sur 24 heures, sinon elle aurait passé sa vie entière, ou ce qu’il en restait, à respirer l’air saturé de nauséabonds exhalaisons et remugles accumulés sur un étage dont les fenêtres ne s’ouvraient pas.

    Soit elle était âgée, bien obligée de reculer sa retraite, mais au moins, elle, elle était propre et si elle dégageait quelque chose ce n’était qu’un parfum de javel qui forcément l’avait auréolée de son nuage sa vie durant.

    Eux, souvent, non contents d’être condescendants puaient et empestaient tout à la fois : transpiration, cheveux gras, relents de pieds des garçons, aigre et mauvais parfum tourné sous la sudation acide des filles.

    Elle aurait mérité une prime de risque pour devoir accomplir sa tâche dans de telles conditions, mais l’époque n’était pas venue et ne viendrait sans doute jamais où les techniciennes de surface serait considérées. Femme de devoir et d’obligations, elle revint respecter son contrat, de soir en soir, nettoyer et fermer boutique.

    Au souvenir du dégoût qu’elle avait suscité lors de son double éternuement gigantesque (dont d’ailleurs seule la saison des pollens était responsable) elle se gardait bien de prendre l’ascenseur en compagnie et patientait parfois plusieurs montées et descentes avant de pouvoir enfin s’y trouver seule et se moucher à loisir.

    Et puis vint le soir où, en raison de la fermeture de l’immeuble après une dernière charrette, elle ne put faire autrement que d’embarquer avec les derniers retardataires, ceux-là même qu’elle avait tellement repoussés quelques semaines plus tôt. Plus jamais si belle occasion ne se présenterait. Elle les avait écœurés, et bien, ce coup-ci ce serait la dernière fois et pas qu’un peu. Ils ne l’oublieraient jamais, ni le piège de l’ascenseur, ni celui qu’elle leur avait tendu.

    Comme lors de l’affront, elle se plaça bien au centre de la cabine, regardant par terre, l’air de rien, jetant un coup d’œil en coin à droite, à gauche, pour guetter le moment où elle verrait ces sales merdeux se protéger nez et yeux, s’écartant d’elle autant que faire se pouvait quitte à se marcher sur les pieds des autres.

    Arrivés à mi-parcours, elle prit la plus grande respiration de sa longue vie et émit un Atchoum suivi d’un Atchi à en détraquer Roux et Combaluzier eux-mêmes.

    Pour être dégoûtés, ils seraient dégoûtés : elle éjecta au milieu d’un nuage de postillons bien enrhumés ses lunettes, sa perruque, son dentier, même sa culotte lui tomba sur les chevilles. Elle sortit les pieds ainsi entravés, néanmoins tête haute et triomphante : elle était dans le vrai, la vengeance était bien un plat qui s’éternuait.

  9. Antonio dit :

    Jean attendit que tout le monde sorte et la prit par la main.

    « À nous ! » dit-il, en lui souriant.

    Ils s’avancèrent dans le couloir jusqu’à la porte du directeur que Jean poussa avec détermination. Il aperçut Martine, en plein monologue avec Jacques et Corinne dont les airs décomposés en disaient long sur les effluves du récit de l’assistante de direction.

    « Jean ! Nous vous attendions… La réunion n’a pas commencé. Figurez vous que… »

    À peine avait-elle fait un pas dans sa direction qu’une odeur de poubelle de poissonnier le prit à la gorge. C’est que Martine refoulait du bec dès la première heure de la journée. Rien de bien étonnant pour la poulette du patron qui ne devait jamais se laver les dents. Et comme elle caquetait du matin au soir, son haleine emplissait l’air comme un ban de sardines les étals à la criée.

    Mais ce n’était rien à côté de Hugo, le boss, un vieux bonhomme rondouillard qui, sous son costume de dirigeant très affectueux avec ses employés, s’auréolait de deux bouquets d’infection qu’il offrait simultanément à chacun en arrivant, les bras grands ouverts.

    « Mon Jeannot ! Pas de chichi, on s’embrasse ! … Mais dis-donc, tu vas à un enterrement ou tu te prends pour un des Blues Brothers ? Haha ! »

    S’il aimait bien charrier ses collaborateurs, un courant d’air nauséabond se chargeait des millions de molécules d’azote et de soufre que son embonpoint accumulait sous les aisselles au moindre effort. L’atmosphère de son bureau était aussi âcre qu’un vestiaire de vingt-trois rugbymen après quatre-vingt minutes de jeu intense.

    Jean ne respirait plus. Il la regarda. C’était à elle de jouer. Elle éternua. Une fois. Puis deux. Deux détonations à bout portant. Martine tomba à la renverse, rattrapée in extrémis par Jacques, non loin derrière.

    « Mais c’est… une bombe ? » demanda Hugo, stupéfait par cet acte.
    « Oui, à la citronnelle » répondit Jean, montrant l’arme de légitime défense qu’il détenait dans sa main.
    « C’est infecte, dit alors Martine, d’un ton sec. Qu’est-ce qui vous prend de nous empester avec ça ? »

  10. Cétonie dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une bonne idée…
    Elle venait de réaliser la phobie des maladies contagieuses qui obnubilait la plupart de ses compatriotes, il lui suffirait donc d’arborer un signe extérieur de maladie pour faire le vide autour d’elle. Elle regretta de ne plus avoir la solution des lépreux, qui devaient s’annoncer à l’aide d’une clochette, mais qui étaient parqués loin des villes, et n’auraient certainement pas eu accès au métro ou au bus.
    Il fallait trouver mieux, elle chercha…
    Longuement…
    Elle fit le tour de toutes les maladies réputées, peste ou choléra – trop rares de nos jours en métropole pour que quiconque puisse y penser,
    Dengue ou paludisme ? Encore fallait-il avoir des moustiques sous la main pour effrayer ses voisins !
    Coqueluche ou varicelle ? Ces maladies avaient quasiment disparu avec la généralisation du vaccin obligatoire.
    Sida ? Effrayant bien entendu, mais quels symptômes simuler pour alerter la population ?

    Ayant fait le tour de la question sans trouver aucune idée facile à mettre en œuvre, elle renonça à chercher plus loin.
    Mais comme elle avait largement enrichi ses connaissances dans ce domaine, elle en fit un livre « comment déceler et éviter une maladie contagieuse », best-seller qui lui rapporta tellement qu’elle eut les moyens de ne plus se déplacer qu’en taxi, et d’éviter les heures d’affluence

  11. iris79 dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine.
    Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. 
    Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. 
    Cela lui donna une bonne idée…

    Comme elle devait se rendre au dernier étage de cette haute tour chez le Grand Patron qui aujourd’hui et dans moins d’une heure recrutait, elle décida de renouveler volontairement les éternuements cette fois en les accompagnant de plates excuses commentées.
    « -Ah je suis vraiment désolée, j’ai dû attraper la grippe,les frissons m’assaillent depuis une heure, je crains le pire… »
    Sans demander leurs restes plusieurs personnes sortirent donc à l’étage suivant. Profitant de son petit effet, elle ne se découragea pas quand elle comprit que bien sûr d’autres potentiels concurrents monteraient encore aux étages suivants.

    Elle continua donc sa petite comédie en l’agrémentant de détails plus ou moins douteux et répugnants, n’hésitant pas, par exemple, à sortir son mouchoir en tissu souillé qui malencontreusement effleurait l’épaule de ses voisines…qui descendirent donc à l’étage suivant…

    Elle mit à profit ses cours de théâtre pris autrefois au lycée avec son inoubliable professeur Latriche qu’elle remercia intérieurement puisqu’elle pouvait mettre aujourd’hui à profit cet exercice d’exclusion travaillé alors et semblable en tout point à sa réalité en ce moment cocasse. Elle dut réprimer un sourire au souvenir de ce moment qui a l’époque l’avait plutôt fait souffrir.

    Elle fit ainsi très efficacement le vide autour d’elle et c’est seule qu’elle sortit d’un air triomphal de l’ascenseur au dernière étage ! Elle fila vers les toilettes où elle se refit une beauté grâce à son kit de maquillage qui ne la quittait jamais. Elle fut donc la première à prendre place dans la salle d’attente du Grand Patron où bientôt d’autres postulantes vinrent se presser, ébahies de retrouver leur camarade et concurrente aussi fraîche que pimpante dont elles croyaient toutes s’être débarrassées un peu trop vite…

    La porte s’ouvrit sur un homme à l’allure altière, sobre et élégante. Son futur Patron ! Il n’en serait pas autrement !

    « -La première arrivée s’il vous plaît ? »

    Elle se leva ni trop vite ni trop lentement et embrassa la salle d’attente d’un dernier regard triomphant avant de suivre le Patron qu’il fallait encore conquérir. Mais elle était sur la bonne voix…Ce travail serait le sien !

  12. Michel-Denis ROBERT dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers, elle éternua. Un élément allergisant agissant comme une onde de choc, projeta ses voisins et les compressa contre les inoxydables parois. Discrètement, elle étouffa son rire.

     » J’ai provoqué un tsunami dans un espace réduit, la cabine a tangué et frotté le mur à l’extérieur. les gens impressionnés par la puissance de mon diaphragme qui les a éloignés de moi ! je dois m’attendre à un retour. Ce mouvement contraire s’appellerait le mouchta (1), mais je ne veux pas me prononcer. Il n’y a pas encore de statistiques sur les éternuements en ascenseur. C’est une étude qui pourrait être intéressante. L’urgence est d’accéder à mon mouchoir, se dit-elle, en l’espace d’une seconde. Ce qui est un paradoxe, puisque d’espace, en l’occurrence, je n’ai plus que celui de mon corps. Le temps d’une seconde, se serait-il transformé en espace ? Et me voilà le centre d’intérêt. Ce n’est pas désagréable.
    A propos de moucher, je pourrais moucher celui ou celle qui m’importune avec son virus ou sa particule. »

    Quelqu’un du fond lui dit :

    – Vous voulez un mouchoir ?
    – Merci ! J’ai ce qu’il me faut. Mais je ne peux y accéder, compressée que je suis.
    – Heureusement qu’il n’y a que quarante étages ! dit la même voix. Vous allez où ?
    – Au trentième, répondit-elle.
    – Ah ! C’est l’étage de la médecine.
    – Oui. Je suis allergologue. J’essaye de déterminer quelle est la cause de mon allergie en ce moment, c’est peut-être la moustache de Monsieur ou le parfum de Madame, répondit-elle, offusquant ses voisins de boîte à sardines. Et vous ?
    – Je suis psychologue, je prépare une thèse sur les émotions dans les trains.
    – Dans les trains ?
    – Oui, je fais une étude comparative entre les émotions éprouvées dans les trains et celles dans les ascenseurs. Imaginez… pendant huit cents mètres, comment elles peuvent monter. Le romantisme des trains se perd, on se reporte sur les ascenseurs, maintenant.
    – Vous parlez de ce fameux immeuble.
    – Oui. J’y vais la semaine prochaine. Je vous emmène ? proposa la voix intéressée.
    – Je n’ai pas du temps à passer dans les ascenseurs ! répondit-elle.
    – Il n’y a pas que dans les ascenseurs, dans les avions aussi.
    – Les trois dimensions, quoi ! Vous respirez, vous voyagez, c’est bien !

    – Pourvu qu’on ne tombe pas en panne, dit une voix plombant l’ambiance.
    – Portez pas la poisse, dit une voix coincée derrière l’armoire à glace.
    – Ne craignez rien, je suis la maintenance de l’ascenseur, dit la voix mâle se voulant rassurante.

     » La promiscuité incite à la communication, se dit-elle. Je leur ai donné mon virus. »

    – Comment feriez vous, puisque vous êtes enfermé, répondit la voix pragmatique à la voix mâle.
    – Avec mon portable, répondit celle-ci.

    Tout le monde éclata de rire.

    – La Palisse en aurait dit autant, émit la femme parfumée.
    – Ce n’est pas une lapalissade, c’est une évidence ! dit la voix pragmatique.
    – C’est du pareil au même, dirent trois voix en coeur.
    – Et l’ascenseur part sur une réflexion philosophique lapalissadique, dit l’homme à moustache, suspecté de faire passer son virus en douce.
    – Lapalissadiste, serait plus convenable… dit la dame en noir.

    Pendant ce temps, l’ascenseur passa le trentième étage, sans s’arrêter. Les gens sur le palier se questionnèrent :

    – Tiens ! Il ne s’arrête pas aujourd’hui. En plus, ils ont l’air de s’amuser, là-dedans !

    • Michel-Denis ROBERT dit :

      (1) MOUCHTA : Ce mot est d’origine inconnue. Le dictionnaire populaire dit qu’il pourrait être l’abréviation de « mouche ton nez. Mais celui du verlan revendique l’envers de « Atchoum ! »

  13. Laurence Noyer dit :

    Cela lui donna une bonne idée…
    celle de se désencombrer grâce à l’Atchoum
    Sésame précieux qui permet de gagner de la place et de s’alléger,
    vide grenier des pensées, débarras des idées,
    un Atchoum et ça dégage, ça déblaye,
    ainsi tout devient net, tout devient clair.

    La période des rhumes des foins est la plus indiquée pour commencer l’expérience
    Faire la liste des encombrants, des gêneurs, en faire un tas, et se « lâcher »

    Atchoum sur les cauchemars qui ajournent les nuits et nuisent aux jours
    Atchoum sur les programmes télé qui nous téléprogramment
    Atchoum sur les cinq fruits et légumes qui nous compotent la soupière
    Atchoum sur le marché des médocs retirés du marché
    Atchoum sur les guerres au nom d’un Dieu qui ne veut que la paix
    Atchoum sur l’art quand il est lard
    Atchoum sur les cueilleurs de fleurs des champs qui dépouillent nos regards
    Atchoum sur les constructions innombrables dans les zones inondables
    Atchoum sur les morts injustes car toute mort est injuste
    Atchoum sur le vide des chansons sur le vide
    Atchoum sur le temps passé à penser au passé
    Atchoum sur les bavards, les vantards, les veinards, les peinards
    Atchoum enfin sur tout ce qui mérite d’être mouché

    A vos zamours et à vos souhaits

  14. Odile Zeller dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une bonne idée…
    Elle s’exerça à éternuer 🤧 sur commande. L’apprentissage dura une semaine. Puis elle appliqua la méthode en famille. On la crut enrhumée, on lui suggéra aspirine et paracetamol et de se reposer. On garda la distance et elle profita ainsi d’une tranquillité bienvenue. Elle fut dispensée d’un dîner entre cousins, d’un pèlerinage sur les tombes d’ancêtres inconnus. Au bureau cette expression d’allergie provoqua des réflexions compatissantes. «  la climatisation c’est vraiment mauvais pour la santé » «  ma pauvre quand on est allergique ! » On fit preuve de compréhension quand elle sortait précipitamment pour écourter une salve d’éternuements. Elle commença peu à peu à choisir le moment propice : distribution des tâches ingrates, réunions inintéressantes et chronophages. Personne ne semblait remarquer son manège qui lui permettait de se défiler, de quitter plus tôt du bureau et de gagner du temps pour elle. Son directeur la couvrait d’un regard compatissant et ne manquait pas de souligner sa tendance à l’allergie.
    Un jour toutefois une collègue du service export la prit à part dans un coin de couloir. «  admirable ta technique. Moi c’étaient les crises de larmes mais tu passes vite pour fragile et déprimée. Les grosssses et les enfants, ça n’a qu’un temps, mais vite on s’habitue et les petits grandissent . Ton truc est vraiment parfait : imparable, malade mais sans gravité. Contagieux ….personne ne songe à t’approcher. Bravo j vais m’y mettre. Mon directeur n’y verra que du feu. A moi le temps libre, les dossiers porteurs d’avenir … vraiment bravo une super bonne idée. Merci ! »
    De ce jour là elles furent toutes deux connues pour leur allergie. Le syndicat dit passer une note pour demander un contrôle des installations de climatisation. Demande restée sans suite. La médecine du travail, lors de la visite annuelle, entérina cette maladie professionnelle sans effectuer le moindre test coûteux, elle recommanda , aux frais des salariées, une visite chez un allergologue, remboursée par la sécurité Sociale.

  15. marino dit :

    L’ascenseur était bondé, elle se faufila au centre de la cabine. Oppressée par les exhalaisons des passagers elle éternua. Aussitôt, elle eut beaucoup plus de place. Cela lui donna une bonne idée…Son frigo étant vide, elle prit le métro pour aller au premier supermarché de la ville. Bondé, le métro dégageait des odeurs de début de journée. Elle éternua et le miracle se produit de nouveau. A elle une place et de l’espace. Elle reproduit toute la journée son précieux rituel : caisse du supermarché, salle d’attente du médecin, hall d’accueil des impôts, toilettes publiques.
    Son dernier éternuement eut lieu dans le bus du retour. Elle s’était installée à la meilleure place près du chauffeur. Son nez la chatouilla et elle reconnut l’arrivée de l’atchoum.
    Paul le chauffeur sursauta, lâcha son volant et le bus alla s’encastrer dans un arbre.

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