404e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

– Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
– Nature ou fumé ?
– Nature.
– Ce sera tout ?
– Non, avez-vous du Néanmoins ?
Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.
Poursuivez ce dialogue loufoque

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41 réponses

  1. MF Morel dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.
    _ Ah, non, pas de Désormais, je préfère le Dorénavant. Mais il était meilleur avant, beaucoup plus doré. J’en ai pris la semaine dernière, c’était du prêt à l’emploi, mais je lui ai trouvé un goût bizarre.
    _ Bizarre, vous avez dit bizarre ?
    _ Tout à fait, et, vous m’y faites penser, je voudrais un peu de bis
    _ ah, mais ça fait longtemps qu’on n’en fait plus. Il y a au moins un an qu’il a été remplacé par le ter.
    _Terre ? pas question, je ne veux pas de terre ! d’abord ça ne se mange pas, je ne suis pas un ver moi.
    _ verre, mais qui vous parle de verre ? le verre, c’est en face, chez le vitrier
    _ Ri-ez !!!! mais franchement, vous ne me donnez pas envie de rire, Monsieur. J’aimerais simplement que vous me serviez correctement.
    _Correctement ? Alors là, aucun problème. J’en ai justement reçu ce matin et je l’ai mis au frais. Voulez-vous le goûter ? Je vous en sers un verre ?
    _ Vous vous moquez de moi ? Vous venez de me dire que vous n’avez pas de verre ! Oh, et puis flûte, finissons-en, donnez-moi le La !

  2. Camille dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du désormais, tout prêt à consommer, si cela vous sied.
    – Me scier? Mais pourquoi donc voulez vous me scier?
    – je n’ai jamais parlé de vous scier. Je vous demandais simplement si cela vous sied.
    – ah écoutez cela suffit. Je prendrai votre simplement et cela ira bien.
    – et bien c’est parfait. Un simplement alors. Mais je ne vous ai pas demandé l’essentiel : votre simplement, voulez-vous la version simple ou la version en option compliqué?
    – oh mais le choix est trop difficile. Comment puis je savoir? Expliquez moi la différence entre les deux options s’il vous plait.
    – et bien c’est simple. Le simplement simple est brut, dénué de toute fioriture, prêt à consommer. Il est présenté sans le moindre artifice, nature dirons nous. Il est fait avec le coeur voyez vous. Le simplement compliqué est beaucoup plus élaboré. Le chef y a mis tout son mental. Il est sophistiqué, se laisse désirer.
    – Ah? Mais quel est le meilleur?
    – Et bien tout dépend de vos goûts M. Goutu.
    – Ah mais je n’arrive pas à choisir entre le simple et le compliqué. Ce dilemme est trop compliqué.
    – Oui je comprends. Cela vous scierait il d’essayer le simplement simple dans un premier temps?
    – Les premiers temps c’est toujours compliqué.
    – Heu oui, mais avec le simplement, il est sage d’aller vers la simplicité.
    – Je suis rarement sage vous savez. Mais allez, je vais suivre votre conseil, mettez moi un simplement…
    – Oui, mais… Simple ou compliqué?
    – Ah mais vous m’exaspérez à la fin, ne pouvez vous pas être plus simple?
    – Ne compliquez pas les choses M. Goutu! Je vais vous mettre un simplement simple pour commencer.
    – Oui mais j’aimerais bien finir aussi!
    – Et bien dans ce cas, je vous joins un finalement alors.
    – Un finalement? Ah quelle bonne idée! Mais l’avez vous en stock? Car s’il faut attendre la fin des temps, je ne suis pas d’accord.
    – Ne vous inquiétez pas, le finalement n’est jamais très loin. J’avoue que pour des raisons pratiques, je l’ai rangé en fin de remise, mais il est facilement accessible.
    – Un facilement? Vous me proposez un facilement finalement?
    – Hé bien non pas exactement. C’était pour… les besoins… de l’expression orale, vous comprenez?
    – Et bien non je ne comprends plus rien. Et je commence à en avoir assez de toutes ces simagrées étranges et irrationnelles. Je suis quelqu’un de simple moi.
    – Oui M. Goutu, ne vous inquiétez pas, j’ai bien noté votre commande : Un simplement simple et un finalement. Vous reviendrez plus tard pour prendre des exactement, des facilement si vous le souhaitez. J’ai aussi pour des usages plus raffinés des pourtant, des cependant, des toutefois, et le dernier arrivé : le inversement.
    – Ah heu oui. Mais n’allez pas inverser le cours normal des choses. Mettez moi simplement ma commande.
    – Très bien M. Goutu. Voici…
    Il lui tend le sac de courses, où est écrit en gros « tentations littéraires », et M. Goutu tourne les talons en disant simplement « Au revoir ».

  3. Michel-Denis ROBERT dit :

    – Bonjour ! Je voudrais un peu de Ceci et de Cela.
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, vous avez du Néanmoins ?
    – Nous sommes en rupture de stock mais j’ai du Désormais tout prêt à être consommer. Mais où étiez-vous passé, ça fait un moment qu’on ne avait pas vu ?
    – Nous étions en Amazonie de Mais à Ou Car j’avais besoin d’Or Et Donc vous ne m’avez vu Ni moi Ni ma femme.
    – Mais pourquoi aller si loin ?
    – Ma femme me dit : « Il te reste des ors mais j’en veux des
    bruts ! »
    – Mettez-moi un peu de Désormais, du bien frais s’il vous plaît.
    – Il sort juste du frigo, je vous en mets combien ?
    – Un seul, il ne faut pas forcer, une résolution à la fois !
    – Et avec ça ?
    – Avez-vous du Déjà-Vu ?
    – Si je me rappelle bien, j’en ai vu quelque part, mais où ? Je vais le retrouver, sinon je vous en mets combien ?
    – Un seul, on en a encore plein les cassettes. Je peux vous commander du Néanmoins pour la semaine prochaine ?
    – Combien ?
    – Un seul aussi, ça nous fait réfléchir.
    – C’est sûr, trouver moins que néant, ça devient impossible. C’est pour ça qu’il est cher. Vous en prenez pour quoi ?
    – C’est pour nous endormir, on en prend un demi au coucher. Le temps d’en parler et hop !
    – Ah ! J’ai retrouvé votre Déjà-vu. Il était mélangé aux M’as-tu-vu. Je ne l’avais pas vu.
    – Merci ! Vous avez des idées ?
    – Ca tombe bien, j’ai une caisse d’idées reçues de ce matin. J’en mets combien ?
    – 5 idées préconçues, mon fils s’amuse avec, il les démonte et il les remonte.
    – Et avec ceci ?
    – L’addition.
    – Ne vous inquiétez pas, vous paierez la semaine prochaine. Qu’est-ce que vous faites ce weekend ?
    – Je vais à la journée du patrimoine. Il parait qu’en hauts-lieux, ils mettent tout à plat pour être plus près des gens.

  4. DUCORNETZ Claude dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais…
    Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire de mots ? Rupture de stock ? Quoi, il manquerait des mots dans mon vocabulaire-stock ! Tous ces mots que j’avais emmagasinés dans mon magasin cerveau, alors que j’étais encore dans le ventre de ma mère, un fond sonore noyé dans du liquide, d’abord incompréhensible, il faut bien l’admettre, sauf ceux de ma mère, bien plus familiers que les autres, et après ma naissance, dans mon berceau !
    Et puis, au fur et à mesure que je les entassaient sur mes rayonnages-neurones, toujours les mêmes au même endroit, ou presque, ils prenaient une vague signification, et parfois un sens plus précis : qu’est-ce que j’ai pu m’amuser à les répéter des dizaines de fois, ceux-là, juste pour voir des sourires sur le visage des gens.
    Et encore après sur les bancs un peu rudes de l’école, et plus tard au collège, et même au Lycée.
    Tout un tas de mots, bien plus compliqués, bien plus pratiques, que ceci ou cela, ou même que néanmoins, que l’on n’utilise pas souvent, il faut le dire !
    Là, je les vois tous ces mots, je les vois mais je ne peux pas les atteindre. Entre moi, mon moi intérieur et eux, se dresse une sorte de grille, de vitre. Et une voix, deux voix, parfois plus qui de l’extérieur semblent désigner les mots empilés sur les rayonnages : « je voudrais un peu de Ceci, une peu de Cela ».
    Mais les mots ne bougent plus, ne viennent plus exprimer mes pensées. Une pensée sans mouvement, c’est une pensée sans émotion.
    Je comprends, encore, ce qu’on me dit, mais je ne ressens plus rien, plus rien d’exprimable. Juste un clignement des yeux, le seul mouvement volontaire qu’il me reste !
    Il faut les voir, tous, penchés sur moi, leur regard rivé à mes yeux, rivés à la vie qui me reste.
    Ma vie n’est qu’un clignement d’œil.
    Et cette voix parasite qui demande, tout à fait incongrue : « nature ou fumé ? ».
    Ma nature, elle n’existe plus, ma nature, partie en fumé. Imperceptible mouvement de cil, le seul qui fait sens dans ce corps inerte, allongée sur ce lit d’hôpital. Recroquevillée dans un coin de cerveau indemne.
    Et pourtant je pense, je ne fais même que cela, penser ! Car sur les rayonnages-neurones les mots dansent, se mélangent, s’agglutinent, s’enchaînent en phrases, se décomposent en syllabes, se désagrègent en lettres. Follement, librement, totalement libre puisqu’il n’y a plus la contrainte de dire. D’une liberté de solitude.
    « Etre libre c’est aussi être en exil » dit Pascal Quignard.
    Je suis en exil de moi-même, victime du syndrome d’enfermement expliquent les médecins.
    Depuis mon accident de voiture.

  5. Murielle dit :

    Bonjour ! Je voudrai un peu de Ceci et de Cela.
    Nature ou Fumé ?
    Nature. Ce sera tout ?
    Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock,
    Mais je peux vous proposer du Cependant,
    Qui, somme toute, reste assez proche.
    Ah ! Je réfléchis.
    Par contre, vous disposez peut-être d’un peu de Ritournelle ?
    Oui, c’est envisageable.
    Salée ou Poivrée ?
    Vous n’en avez pas de Sucrée ?
    Je vous demande une petite minute, je vais vérifier.
    Voilà, voilà, effectivement, je dispose d’une petite réserve.
    Oh ! Je crois bien que je vais plutôt prendre de l’Instantané.
    La seule chose que je me demande : sera-t-il plus délectable
    Au Propre ou au Figuré ?
    Qu’en pensez-vous ?
    Et bien à mon Sens, il y a l’Art et la Manière de préparer
    Son prochain, et bien sûr, soi-même à la dégustation.
    A vous de voir…

  6. LURON'OURS dit :

    🐹 AU MOINS, LE NÉANT M’OINT.
    Je me baladais dans les rues nonobstant l’air froid qui les traversait, comme s’il avait voulu en prendre possession.
    Les passants suivant leur chemin étaient freinés, chahutés ou entraînés dans un tourbillonnant parcours qui, pour le mieux, les jetait dans l’embrasure d’une porte cochère. Enfin la pluie se mit de la partie, luttant elle-même contre la bourrasque en un combat qui semblait n’être pas près de finir.
    Les chalands n’étaient pas mécontents de se réfugier chez les commerçants, quitte à demander ceci ou cela, nature ou fumé, jusqu’à  » du néanmoins » en rupture de stock.
    La boutique du juif Elias ne désemplit pas : salaisons… fumaisons et autres delikat-essen, toutes les spécialités étaient appétissantes. Les nouvelles pratiques, intimidées, passaient leur tour pour observer les achats des comères en robe bariolée, des barbus à casquette et touloupe semblant sortis du Vitebsk e Marc Chagall.
    Une mariée s’envola les pieds en l’air en serrant son petit chien. Ça ne parut pas plus incongru que de ressortir dans la ville silencieuse, déjà recouverte de neige ouatée.
    Un accordéoniste s’éloignait, son instrument sur le dos.
    À n’en pas douter,c’est était l’homme vert qui, du soufflet de son instrument en était la cause. 🐹

  7. Souris-Verte dit :

    LA RUE DES CECI-SONT.
    Étroite comme un boyau on y entrait à reculons tant elle était noire pour profiter au maximum du rayon bien pâle qui tombait du réverbère.
    La première échoppe indiquait un restaurant de potages : ICI SOUPE À LA GRIMACE.
    Tout était dit, c’était sans surprise. Déjà pour y pénétrer il était utile de se mettre de profil tant l’entrée était exiguë… Mais après, on n’était pas déçu… Serrés les uns contre les autres et tous de dos car il était impossible de contourner le tréteau placé le long du mur, ils étaient si serrés que celui qui lâchait sa cuillère aurait pu, sans s’en apercevoir continuer son repas avec celle du voisin.
    Le nouvel arrivé était sommé de prendre le rythme déjà établi…. sinon la cadence se rompait dans une cascade de cuillères qui laissaient les dîneurs la bouche ouverte et privés de leur becquée. Et Zou! Ça décalait tout et il fallait reprendre depuis le début. Le repas se passait en trois temps sur un rythme de valse. Dans le 1er : le bruit rassurant du râclement et remplissage de la cuillère, le 2e temps était la seconde de silence quand on levait le coude avec précaution et avançait le menton pour ne rien perdre . Le 3e, le meilleur, le rassurant : celui de l’aspiration, le  »schchllourpf » du dîneur content.
    Si on était rapide on pouvait et déglutir et redescendre la cuillère pour renouveler le cycle.
    Une fois la gamelle finie, on se faufilait ravi vers la sortie: ça donnait chaud et tenait au ventre. Un vrai bon moment de partage…
    La Soupière se servait chez sa voisine la Charcutière: À LA TÊTE DE COCHON. Mais je vous rassure, elle avait aussi des pieds de veau.
    -tiens! qu’elle lui disait, un bon pied de veau, un bio ‘porio’ et un grous zognon à 4 feuilles.. car y f’ra froid c’t’hiver zont 4 pieaux ! c’est un signe qui ne trompe pas. Et pendant que vous z y êtes demandez z y en core un autre au père En Coin pour mettre dans votre plumard… à c’qu’on dit c’est bon pour les rhumathisses… Après la bouillotte bien sur sinon ça r’niflerait l’pot au pieu !!! Hahaha ! Plaisantaient les mégères fières de leur bon mot.
    C’est à ce moment là qu’ elles entendirent, sortant de la glacière, le cul de veau qui pour avoir moins froid chantait à tue tête sur l’air de la carmagnole : elles sont pas belles mes roubignoles… Grillées ou en fricadelles…
    Pan, d’un coup de son hachoir le Charcutière mit fin à la chorale séparant la base de ses frivolités.
    Un peu de dignité tout de même!
    Le père En Coin c’était l’épicier pas trop gâté physiquement. Le pauvre, avait dû être bercé un peu trop près du mur, chez lui on ne voyait que le nez long et pointu, à croire qu’il n’y avait que cet appendice qui était ressorti! il avait les côtes aplaties, les épaules rentrées. Et les mauvaises langues disaient qu’y avait pas que ça qui était resté dedans.. du reste.. Il n’a pas eu d’enfants.. alors ? Hein? Ça veut bien dire quelque chose non ?
    Il avait engagé pour la saison une petite jeune fille pas très futée, du genre de celles qu’ont pas mis des queues aux cerises. Ce jour là, la jeune écervelée avait par mégarde posé le cervelas sur le même rayon que le Ceci-son sec d’âne qui fila aussitôt une ruade à la prétentieuse Celle-la fumée et pistachée très fâchée d’une telle proximité. Et c’est pas tout, au dessus, un vieux calandos coulait voluptueusement et depuis déjà pas mal de temps, des jours heureux laissant vagabonder ses asticots qui descendaient, faisant la chenille jusque sur la rombière pistachée qui fulminait contre ces avortons grouilleurs.
    Dans un coin et bien qu’ amputé à la suite d’un mauvais combat, le petit dernier des Nez-anmoins de la famille Lunchbox sentit le roussi.
    À l’opposé, les sacs de farine et de sucre, probablement malmenés, laissaient filer par leurs pliures percées de jolis rubans blancs coiffant ainsi du chapeaux pointus des fées les tomates, oranges et melons leur donnant, dans leur cagette placée juste en dessous, l’air d’être en goguette. Le concombre, lui, s’allongeait en dragon. Pour fermer la ruelle
    Une BOUQUINERIE s’ouvrait à ceux s’enquiquinaient. Ils tournaient frénétiquement des pages, en enlevaient quelques unes les tenant à bout de bras, les mettaient à l’envers puis à l’endroit, pour finalement les glisser au hasard dans n’importe quel autre livre… Pour en lire un en son entier, c’est était un vrai jeu de piste et encore, sur certaines feuilles étaient crayonnées à la hâte des listes de courses: prendre Ceci-son sec, farine…, de Celle-la fumée… Et plus loin, à l’envers : plus de Nez-anmoins… Rupture de stock.
    Victime de son succès !!!

  8. Clémence dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    – Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.

    C’était une nuit parfaite.
    D’un noir d’encre absolu où la lune, telle une bille d’argent, y dansait voluptueusement.
    Nina fixait la lueur rougeâtre de Mars.
    Elle frissonna et resserra son châle sur ses épaules.
    Elle soupira, ses yeux quittèrent Mars pour se poser sur Venus la scintillante.

    C’était une nuit parfaite, comme elle les aimait.
    Nina huma les dernières senteurs nocturnes puis rentra.
    Elle ferma doucement les persiennes et tira les tentures.

    Elle déposa, sur sa table de nuit, avec une minutie calculée, sa tablette, un petit carnet et un crayon et se coucha.
    – Je suis prête, pensa-t-elle. Mais prise d’un doute, elle s’empara de sa tablette, triple-cliqua et relut le titre. Il lui sembla que quelque chose lui échappait. Un détail. Explicite ou implicite, elle ne pouvait l’affirmer.
    – Pourvu que cela ne gâche pas mon sommeil…

    Nina savait ce qu’il lui restait à faire. Relire tranquillement la proposition. Et puis commencer son analyse. Le genre, le style, le lexique et la syntaxe. La ponctuation avait aussi son importance ! Une fois ce travail terminé, laisser planer le doute et attendre que quelque chose émerge. Facile !

    Au loin le campanile tinta. Le rituel pouvait commencer.
    Penser à cinq petits bonheurs du jour.
    Respirer.
    Un, deux, trois, quatre, inspirer, pause, un deux, trois quatre, expirer, pause. Recommencer. Une fois, deux fois, trois fois, quatre…

    Nina sombra et la sarabande onirique commença.
    En musique d’abord avec Haendel et la Sarabande. Qu’il était beau… Barry Lyndon ! Beau, audacieux mais pervers, intriguant de-ci, courant de-là, profitant de Ceci et de Cela, surtout auprès d’une richissime lady …Et un jour, tout partit en Fumée. Chassez le Naturel, il revient au galop !

    Une Petite Voix s’éleva :
    – Mais tu n’y es pas du tout, ma pauvre ! C’est pas ça du tout !
    – Non, tu as raison, mais c’est ma façon de composer. Et puis, c’est à moi que la proposition s’adresse, pas à toi !
    – Mais ne suis-je pas ta Muse ?
    – Ma Muse, tiens, tu m’amuses à te prendre pour ma Muse !
    – Ce Sera Tout ? demanda la petite voix.

    – Ce Sera Tout ! répéta Nina. Mais après un long silence, elle soupira:
    – Néanmoins, je me demande ce que les autres vont trouver comme idée !

    La petite voix resta silencieuse.
    Nina se retourna dans son lit. À part le bruit des draps froissés, tout était silencieux.
    – Tu boudes, demanda-t-elle à sa Petite Voix.
    – Pas vraiment, Néanmoins, je suis blessée. Tu m’as vexée. J’étais convaincue que j’étais ta compagne fidèle, ton amie de cœur, ta source d’inspiration…
    – D’inspiration…. reprit Nina, voilà, c’est ça ! je suis en Rupture De Stock.
    – Ce n’est pas la première fois que cela t’arrive. Mais je te jure, à deux, nous y arriverons ! Il ne faut pas te décourager. c’est comme pour le Concerto de la Main Gauche, de Ravel. Même écrit pour une seule main, on dirait que les deux jouent…
    – Mais il ne s’agit pas d’écrire de la musique, mais un texte. Le quatre-cent-quatrième. Et je suis dans le noir absolu, moi ! C’est la nuit.
    – Pas de panique, ça viendra ! Dis-toi que Désormais, tu es a Reine de la Nuit ! suggéra la Petite Voix, sotto voce….
    – Et quoi encore ? Quand je me réveillerai le matin, sur mon petit carnet, il n’ aura pas la moindre production, pas le moindre texte à consommer Tout Frais….se lamenta Nina.
    – Peut-être, mais en attendant, dors ! Et demain matin, tu liras ce que les autres ont écrit….
    – Ah oui, il y aura un peu de Ceci, un peu de Cela, Nature ou Fumé. Et Ce ne Sera pas Tout !
    Néanmoins, je suis convaincue que chacun y sera allé de son inspiration, plongeant dans un stock inépuisable ! Et Désormais, dès le samedi matin et chaque jour de la semaine, à l’heure du petit déjeuner, il y aura du Tout Frais, du Prêt À Consommer…

    Un doux rayon de soleil se posa sur la joue de Nina. Il était l’heure de se lever.
    Elle jeta un coup d’œil sur son petit carnet.
    Toutes les pages étaient blanches….pas le moindre mot griffonné.
    – Pourtant, j’étais sûre d’avoir noté quelque belles idées….

    Nina se dirigea vers la cuisine, se prépara un café bien serré…
    Elle regarda le jardin, le ciel d’un bleu impeccable…une journée idéale pour rêver, pour lézarder…
    – Hmmm, ce n’est pas encore aujourd’hui que j’écrirai mon texte !

    © Clémence.

  9. iris79 dit :

    Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.

    -Pourquoi pas…Soyons fous, goûtons tout !

    -nous avons aussi du néanmplus !

    -Parfait ! J’adore ces nourritures pleines de vitamines.

    -Alors vous apprécierez les « c est sûr » et les « tout est possible »

    -Ah mais c ‘est Noël !

    -On s’y croirait !

    -Et j’attends un arrivage de « tout est permis ! ». alors là, je vous préviens, mieux vaut réserver ! Tout va partir ! Il y aura la queue ! Entre nous, je suis en ce moment en train de dénicher de petits producteurs de « tout va bien », il va m’être difficile de révéler la traçabilité de ce produit ! Ah là là, je n’en dors presque plus la nuit !

    -Alors il serait peut-être temps de trouver des « tout roule ! »

    -ah comme vous dites ! Je m’y attelle dès lundi !

    -Et bien profitez-en pour nous trouver un producteur de « c’est toujours dimanche » !

  10. Jean Louis Maître dit :

    Oreilles en moins ?

    Deux notes s’étaient échappées
    D’une portée.
    Jolie portée, pourtant, de nouveau-nés !
    Petit amour en bouton, trop vite fané…
    Un « si » assis là
    Et bien là,
    Et qu’on aimait pourtant bien, même rassis,
    Nous avait tourné le dos, néanmoins, sans souci de celer cela !
    Céderait-on à ses desiderata ?
    Y mettrait-on le holà ?
    Et voilà qu’un  « la », assis là, lui aussi, se disant notre seul ami,
    Coincé entre deux soupirs de lassitude,
    Sifflant sur sa tessiture,
    L’imita, pour cela, derechef.
    Et, d’un sol si lisse et si facile à cirer, mais qui laissait à désirer, il s’éleva et s’en alla.
    Un « la » mineur nous lamina, l’animal !
    A jamais.
    C’est ainsi !

    Fallait-il oublier ce « si » assis là, un peu fat, un peu las ?
    Ce faux ami, cette fausse note, ce couac, cette tête à claques !
    On hésitait, ce coup-ci,
    Couci, couci…
    Devait-on rayer ce « la » assis là, lui aussi, sale ami ?
    E cosi !
    Pardonnerait-on ce coup-là ?
    Couça, couça…
    On ne cessait de ressasser !
    De droite à gauche, de gauche à droite.
    Notre machine était enrayée, et en panne d’oreiller !
    On faisait une gueule de raie
    Ainsi dépouillé de ce « la », sale ami et de ce « si » un peu fat, un tout petit peu las, las d’ici !
    Allait-on déprimer ?
    Devait-on tirer un trait, sur ce « si », sur cela ?
    Fallait-il tergiverser ?
    En rester là ?
    A tout jamais…
    La mélancolie s’y mêla…

    Ah ! Si quelqu’un avait la clé
    De la durée en amour !
    Ah ! la durée en amour !
    Ce macaron délicieux !
    Mais si fragile !
    Ce régal pour les yeux !
    Mais si cher !
    Ce plaisir si long en bouche !
    Mais si fugace !
    On n’en serait sûrement pas là !
    Jamais on ne se lasserait !
    Toujours on s’enlacerait,
    Mais voilà !
    Les lacets… sont lassants
    On se préfère sans lacet que s’enlaçant
    Et on s’élance sans balancer,
    On balance l’ami qu’on a aimé,
    On le sait, on le sait !
    Et pourtant, on essaie sans cesse.
    Néanmoins.
    Ou nez en plus…

  11. Miclaire dit :

    – Nous avons du toutefois bien mûr, du malgré tout très approprié, du nonobstant d’un autre temps, mais l’on s’éloigne un peu de votre demande. Veuillez m’en excuser, je vous en prie.
    Que voulez-vous au juste ? Passer du temps ? Disserter ? Vous semblez bien hésitant !

    – Mais, sans un « néanmoins » comment faire un discours politique, gérer un entretien d’embauche, conduire un entretien d’évaluation, modérer le propos à souhait ? faire en sorte que tout et son contraire soient susurrés dans une même phrase ? faire avaler des couleuvres à mes interlocuteurs ? faire en sorte que chacun se sente unique, pris en compte, entendu ? Il y a des mots et des locutions dont un bon politique ne saurait se passer ! Il permet de dire non à un interlocuteur, sans l’affronter réellement « Vous avez certes raison, néanmoins… » essayer de le convaincre à son insu. Insinuer qu’il a tort, tout en douceur et l’amener ainsi à la raison. « Vous avez atteint l’ensemble de vos objectifs, néanmoins… » tout peut ainsi se dire… et s’entendre par la suite « Je ne peux malheureusement pas … », « vous êtes excellent, j’en conviens, néanmoins je ne peux pas accéder à votre demande ». Vous avez flatté le type, gagné sa confiance, gardé son estime, l’honneur est sauf, « néanmoins » !!!, la crise étant là, les quotas étant dépassés (vous avez toute la panoplie des arguments en main) …vous n’aurez pas un sou d’augmentation (mon coco). Vous pouvez dégainer la suite « néanmoins » je vous invite à renouveler votre demande l’an prochain, à réitérer votre question lors d’une prochaine rencontre, à redéposer votre candidature… tout devient possible vous faites une ouverture, le gars peut repartir plein d’espoir !

    – Vous avez tout à faire raison cher Monsieur, néanmoins, il me reste du « malgré tout », tout aussi convaincant et utile, du « nonobstant »t, même s’il a un peu vieilli, du « n’empêche que » (que l’on emploi plus volontiers dans la rue)… Et je vous réserve les meilleurs pour la fin. Vous pourriez tout aussi bien oser puiser dans la langue de Shakespeare avec le « anyhow » très sélecte, ou le « still » plus populaire, ou encore surprendre votre auditoire avec un « jedoch » tout droit venu de la langue allemande, ou choisir le plus coloré et exotique de tous nos néanmoins, le « ‘ãtia réã », venu tout droit du Pacifique sud aux senteurs de tiaré, aux couleurs changeantes du lagon et aussi chaleureux que le soleil !

  12. LABROSSE dit :

    – Bonjour ! Je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    – Nous sommes en rupture de stock, mais nous pouvons passer commande et vous recevrez votre article dans une petite semaine !
    – Une semaine ! mais c’est une éternité… je ne peux attendre un tel délai, il me faut ce breuvage pour ce soir ! c’est une question de vie ou de mort !
    – Dans ce cas je peux vous décongeler le dernier article, mais il me sera impossible de vous garantir l’état de fraicheur de votre cocktail.
    – Soit, je prends l’article car mon petit ne peut attendre une semaine son jus de cacahuète. Il en va d’une crise certaine d’épilepsie carabinée en cas manque. Vous savez ce que c’est les enfants : vous leur refusez l’immédiateté et il devienne insupportable, il ne faut point les contrarier !
    – Sans vouloir vous contredire, vous pouvez peut être remplacé le jus de cacahuète par une grosse fessée. Cela marche aussi !
    – Mais vous n’y pensez pas ! Je suis seule pour élever mon fils et je n’ai plus la capacité de le contraindre, c’est un adolescent … un passage difficile ! Sans son jus de cacahuète, ses capacités tactiles diminuent, il n’arrive plus à emboiter correctement ses pavés tactiles, il perd des points, beaucoup de points et il lui faut absolument atteindre le niveau de pack man supérieur avant la fin de journée…
    – Pack man tout un art ! Effectivement je comprends ! J’ai peux être une solution de remplacement, j’ai un cocktail spécial qui détartre le conditionnement virtuel, souhaitez-vous l’essayer ?
    – est ce sans danger ? Êtes-vous certain du résultat ? Ne vais-je pas subir les foudres de son mécontentement ?
    – Aucun danger Madame, c’est garantie ! Je peux vous faire une démonstration si vous le souhaitez ?
    – Avec plaisir !
    _ Cela vous occasionnera néanmoins quelques dépenses !
    – Au diable l’avarice, je suis prête à tout pour rendre à mon fils sa créativité et le soustraire à cette addiction « packmanophobe ».
    – Alors dans ce cas, il me faudrait votre téléphone portable ! Posez le sur la meule de granit ici présente et reculez de trois pas, cela peut être dangereux !
    La femme non sans réticence dépose solennellement son iPhone dernier cri, un iPhone black and white modèle 4807 de série limité, à l’emplacement indiquée. Juste au creux d’une une petite dalle en marbre de carrare, spécialement taillée pour recevoir l’objet.
    Juste au-dessus cette réalisation particuliére, on peut observer un petit autel dans lequel repose l’effigie d’une vierge phosphorescente. Sous cet édifice, une petite plaque en laiton stipule qu’il s’agit de Notre Dame des Grâces Virtuelles.
    Un peu surprise par une telle dénomination, la jeune dame s’inquiète un peu ! Comment est-ce possible ? Le créateur a t’il dévoyé une nouvelle sainte pour palier à ce fléau de l’addiction virtuelle ? Est-elle dans l’antre d’un fou ? Un islamiste de l’iPhone ?
    Après une absence de quelques secondes, le vendeur réapparait subitement. Celui-ci est à présent affublé d’un habit de moine et doté d’une lourde crosse d’évêque en fer forgé. A la tête de la crosse on peut reconnaitre l’effigie de pack man.
    Sans plus attendre, ce dernier clame plusieurs incantations shamaniques « retourne en enfer objet de Satan ! » Qu’il répète trois fois en l’accompagnant d’un jet de poudre de perlimpinpin (une poudre brillante aux éclats safranés). Enfin Le vendeur brandit sa lourde crosse et fracasse l’objet.
    La femme ahurie se jette au sol, crache, tousse, suffoque, hurle, aboie, jappe et finit par se rouler parmi les éclats métalliques de son fétiche.
    _ Mais qu’avez-vous fait supplie-t-elle ? Rendez-moi mon bébé, mon doudou, mon cordon ombilical, avec qui vais-je communiquer maintenant ? Éructe la femme folle de rage.
    Le vendeur s’approche lève encore une fois sa lourde crosse, frappe trois fois le sol en psalmodiant de nouvelles incantations :
    « Gloire à pack man, gloire à pack man, gloire à pack man » puis il finit par se tourner vers la femme en pleurs et lui rétorque d’une voix d’outre-tombe :
    – Vous pourrez désormais communiquer avec votre fils ! Prenez cette crosse et partez en croisade…
    Quelques jours plus tard, tous les médias lancèrent de concert un avis de recherche :
    Avis à la population : une mère et son fils armés de fourche satanique à l’effigie de Pack man s’en prennent à tous les détenteurs d’I phone de la région. Avec de grands fous rires ils brisent moult portables. Attention la maladie est contagieuse … si vous les croisez ne tentez pas de les appréhender ou de vous mettre à courir, jeter simplement vos portables, ils ne vous feront aucun mal…

  13. Jean Louis Maître dit :

    Nez en plus

    Deux notes s’étaient échappées
    D’une portée.
    Jolie portée, pourtant, de nouveau-nés !
    Petit amour en bouton, trop vite fané…
    Un « si » assis là
    Et bien là,
    Et qu’on aimait pourtant bien, même rassis,
    Nous avait tourné le dos, néanmoins, sans souci de celer cela !
    Céderait-on à ses desiderata ?
    Y mettrait-on le holà ?
    Et voilà qu’un  « la », assis là, lui aussi, se disant notre seul ami,
    Coincé entre deux soupirs de lassitude,
    Sifflant sur sa tessiture,
    L’imita, pour cela, derechef.
    Et, d’un sol si lisse et si facile à cirer, mais qui laissait à désirer, il s’éleva et s’en alla.
    Un « la » mineur nous lamina, l’animal !
    A jamais.
    C’est ainsi !

    Fallait-il oublier ce « si » assis là, un peu fat, un peu las ?
    Ce faux ami, cette fausse note, ce couac, cette tête à claques !
    On hésitait, ce coup-ci,
    Couci, couci…
    Devait-on rayer ce « la » assis là, lui aussi, sale ami ?
    E cosi !
    Pardonnerait-on ce coup-là ?
    Couça, couça…
    On ne cessait de ressasser !
    De droite à gauche, de gauche à droite.
    Notre machine était enrayée, et en panne d’oreiller !
    On faisait une gueule de raie
    Ainsi dépouillé de ce « la », sale ami et de ce « si » un peu fat, un tout petit peu las, las d’ici !
    Allait-on déprimer ?
    Devait-on tirer un trait, sur ce « si », sur cela ?
    Fallait-il tergiverser ?
    En rester là ?
    A tout jamais…
    La mélancolie s’y mêla…

    Ah ! Si quelqu’un avait la clé
    De la durée en amour !
    Ah ! la durée en amour !
    Ce macaron délicieux !
    Mais si fragile !
    Ce régal pour les yeux !
    Mais si cher !
    Ce plaisir si long en bouche !
    Mais si fugace !
    On n’en serait sûrement pas là !
    Jamais on ne se lasserait !
    Toujours on s’enlacerait,
    Mais voilà !
    Les lacets… sont lassants
    On se préfère sans lacet que s’enlaçant
    Et on s’élance sans balancer,
    On balance l’ami qu’on a aimé,
    On le sait, on le sait !
    Et pourtant, on essaie sans cesse.
    Néanmoins.
    Ou nez en plus…

  14. Grumpy dit :

    Il fait froid en ce matin de février. Une longue file s’étire depuis la boutique encore close, jusqu’au coin de la rue. Des femmes jeunes et vieilles frigorifiées, certaines avec le landau ou le petit agrippé au bas du manteau. Quelques jolies silhouettes cependant dans leurs cache-misères râpés, coiffures ramenées haut sur le front comme il est de mode, enveloppées d’écharpes ou de foulards, jambes nues, chaussettes et semelles de bois.

    S’ouvre enfin l’unique épicerie du quartier : « Au Bon Beurre » : quelle ironie ! S’appeler ainsi par les temps qui courent. Personne n’y trouvera à redire, du moins ouvertement, on a trop faim.

    Et puis, vraiment pas le moment de s’attirer les mauvaises grâces de ces commerçants, c’est qu’ils ont leurs têtes. Pas content ? Allez voir ailleurs … sauf qu’ailleurs, il n’y a rien.

    Déjà même chez eux c’est la disette. Presque rien sur les rayons (une voyante aurait pu prédire qu’une décennie plus tard cette scène se passerait à Moscou dans un magasin d’État.)

    Un magasin d’État, c’était presque ça, instauré par le couple Roger et Andréa Poissonnard, au nom prédestiné même si l’on n’avait jamais vu chez eux la queue d’une morue.

    – Bonjour ! Je voudrais pour un ticket J1 de beurre (8 gr) et un ticket J2 de jambon (25gr).

    – Nature ou fumé ? – Nature.

    – Vous avez les tickets ?

    Et il faut la voir l’Andréa, enrobée et mielleuse à souhait, quel plaisir sadique elle prend à tailler à minutieux coups de ciseaux dans la plaquette de tickets tout juste perçue en ce début de mois.

    – la cliente ose un « néanmoins….. »

    Roger n’apprécie pas : – Néanmoins ! Et puis quoi encore, si vous n’êtes pas contente, Quoi néanmoins ? On vous donne ce qu’on peut, nous sommes en rupture de stock…

    – Rien, rien, excusez-moi.

    Rupture de stock, tu parles ! La grosse Andréa jubile, comme elle l’admire son Roger, il n’a pas son pareil pour mater le récalcitrant.

    Dans la file on se regarde d’un air entendu. Nombreux sont ceux qui savent pour avoir souvent vu la nuit la camionnette de Jambier venir approvisionner la boutique en bons produits normands. Rupture de stock ? Sûrement pas, leur cave regorge de fromages, œufs, farine, jambons, lait … et ce lait quand ils en servent est tellement étendu d’eau qu’il ne risquera pas de faire de la crème.

    Ici, on ne sert pas les ‘néanmoins’, c’est qu’on a des relations nous, des relations vert-de-gris.

  15. AMARYLLIS dit :

    Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ? – Nature. – Ce sera tout ? – Non, avez-vous du Néanmoins ? Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer … Cependant, notre pourvoyeur de mots devrait arriver incessamment, nonobstant les encombrements encyclopédiques dus à la réforme de l’ortografe décidée par ces messieurs et dames de l’Académie. D’ailleurs, si vous voulez mon avis, celle-ci (l’Académie) ne tardera pas à s’écrouler sous le poids de ses inepties ! Ne m’en faites pas grief et ne m’en tenez point rigueur, je ne suis pas coupable, ni même responsable ! On peut argüer (mais oui!) et je le concède, que mes allégations puissent paraître ambiguës, ou plutôt maintenant ambigües, mais c’est bien la filosofie des temps qui courent ! Cependant, ainsi va la vie et bientôt tout ceci sera aussi inutile que d’enseigner le grec aux dinosaures : les SMS suffiront, dans un premier temps, a exprimer la pauvreté de la nouvelle pensée unique universelle, et bientôt, ils seront totalement inutiles, eux aussi, remplacés par le nuage omniprésent et omnipotent GOOGLE.

  16. Catherine M.S dit :

    Corvée de courses

    – Bonjour !
    Je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou Fumé ?
    – Nature sinon c’est trop salé
    Et ma bourgeoise elle n’aime pas
    – Ce sera tout ?
    J’vous mets un peu de Partout ?
    – Ah non, avec ça elle va se sentir débordée
    Et c’est moi qui vais trinquer
    Mettez-moi plutôt un peu de (nez)anmoins
    – Allons-y pour le (nez)anmoins
    Mais j’rajoute une joue en plus ?
    – Non en ce moment elle n’a pas très faim
    Les enfants, le boulot, la rentrée
    Elle n’arrive pas à s’organiser
    Dans sa tête c’est tout fouillis
    Pas loin du chaos
    – OK mon ami, j’ai ce qu’il vous faut
    Un Désormais tout frais prêt à consommer
    – Un Désormais ?
    Ah ça m’plaît, elle va adorer
    – Du Plutôt ou du Plus tard ?
    – Plutôt maintenant, elle va le faire goûter aux enfants
    – Plus rien Dorénavant ?

    Devant la boutique les gens s’impatientaient
    Qu’on en finisse !
    On va attendre encore longtemps ?
    Mais donnez- lui donc un paquet d’Et Caetera
    Et qu’il nous fiche la paix !
    Aussitôt dit, aussitôt fait …

  17. Beryl Dey Hemm dit :

    Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais…

    Au premier abord, personne n’y avait cru. Personne n’avait osé imaginer qu’on en arriverait là.
    Dans n’importe quelle situation, on n’utilisait désormais plus que des mots standart pour échanger.
    Car sans s’en rendre compte, on était parvenus à un stade de non communication sans retour, faite essentiellement de chipotage sans fin sur le sens et le contenu des mots, vidés de toute subtilité ou nuance. On comblait ce grand vide en inventant de nouvelles significations, toujours superlatives, au point qu’à force de gonflage le mot ne voulait plus rien dire du tout. En sens inverse, on dissertait et on décortiquait jusqu’à l’infini des concepts ou des idées simples, auxquelles on trouvait un sens caché qu’ils n’avaient pas. A force de couper les cheveux en quatre, les idées tournaient en rond, donnaient lieu à des discussions sans fin et les débats sonnaient creux.
    Dans un premier temps, des humoristes défendirent le « non-sens », espérant mettre tout le monde d’accord par une une pirouette, mais ils n’eurent aucun succès. Les gens s’obstinaient à chercher un sens caché dans n’importe quelle sentence, surtout si celui qui la prononçait jouissait de quelque notoriété.
    Et les palabres étaient interminables.
    Contre la durée excessive des échanges à propos de tout et de rien, on ne pouvait pas grand chose. Personne ne savait comment empêcher quiconque de demander « Ca va ? » à son voisin de palier et lui faire remarquer que « le fond de l’air est frais ».
    Aussi, on décréta que dorénavant ne seraient plus employés que les mots les plus neutres du vocabulaire, ceux classés invariables, mots de transition et autres trucs et bidules. Et ce quelle que soit l’importance et le sujet de la discussion.
    Celles-ci gagnèrent à devenir pacifiques, puisque chacun y entendait ce qu’il voulait. Ainsi fut préservé l’ordre social.
    Et comme personne n’écoutait réellement ni n’attendait de réponse substantielle, le sens des mots n’avait aucune importance, et tout le monde s’en accomodait sans difficulté. L’essentiel était d’échanger, analyser, parader sans fin ou du moins le plus longtemps possible. Les bonnes manières demandaient de garder toujours un sourire de courtoisie sur les lèvres, même lorsque le ton montait ou que la discussion s’échauffait, allant parfois jusqu’aux pires insultes, sans qu’on puisse le deviner puisque les mots restaient neutres, le sourire de façade, et le ton égal.
    On établissait des records à travers des concours locaux ou même nationaux. Non pas internationaux parce que le changement de langue, donc les mots mais aussi les expressions corporelles, les gestes, l’humour même, rendaient la comparaison impossible. Le duo, ou même trio, ou quatuor pour les plus téméraires, qui parvenait à maintenir son public éveillé le plus longtemps possible obtenait un prix et se voyait glorifier pendant une année entière.
    Et à ce propos, vous qui m’avez suivi jusque là sans vous endormir, vous que j’ai maintenu éveillé depuis quelques dix minutes devant une hypothèse absurde, si vous avez aprécié ma performance, n’hésitez pas à cliquer sur le lien en bas de page pour « liker ». Un nombre minimum de « like » est requis pour participer à un concours local où j’espère me distinguer prochainement.

    Mais bien sûr, au pays de Descartes, une telle contrée relève de la pure fiction. Personne ne parle sans fin avec des mots dénués de sens et pour ne rien dire. Il suffit d’écouter autour de soi pour se rassurer.

  18. Ophélie E. dit :

    – Bonjour ! Je voudrais un peu de Ceci et de Cela.

    – Nature ou fumé ?

    – Nature.

    – Ce sera tout ?

    – Non, avez-vous du Néanmoins ?

    – Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai reçu ce matin des Pourtant mûrs à point, goûteux, parfumés ; vous m’en direz des nouvelles. D’ailleurs, ils proviennent d’un producteur local. Faut bien les faire vivre, n’est-ce pas !

    – Parlons-en ! Celui que vous m’avez choisi la semaine dernière avait un goût de rave.

    – Un goût de rave ! C’est bien la première fois que j’entends ça. Les Pourtant sont des fruits et pas des légumes. Les raves c’est des légumes. Cherchez dans le dictionnaire.

    – Ben ça alors, c’est la meilleure ! Vous voulez m’apprendre le français alors que vous écrivez artichaut avec un D ! Les fruits n’ont plus aucun goût tant ils sont cueillis encore tout verts. Et puis, jusqu’à preuve du contraire, j’ai quand même encore le droit de donner mon avis.

    – Moi aussi j’ai le droit de m’exprimer et je vais vous apprendre que les Pourtant mûrissent petit à petit chez vous. Celui-ci par exemple sera à point dans deux jours.

    – Idées reçues que tout ça ! J’ai lu sur Internet qu’une fois cueillis ils restent en l’état et c’est logique. Comment voulez-vous qu’ils mûrissent et prennent du goût dans mon compotier ? C’est comme pour le filet de Cependant que j’ai gardés trois semaines et qui étaient durs comme du bois quand j’ai voulu les utiliser pour décorer une salade. Il m’aurait fallu une scie pour les trancher.

    – Ah ! Où allons-nous si tout le monde croit à toutes ces conneries de l’Internet ? Je n’aurais plus qu’à mettre la clé sous la porte.

    – Et moi, chère madame, je regarde mon porte-monnaie qui n’est pas extensible. Sachez que ça m’a fait plus que tiquer de balancer dans mon composteur cinq euros qui eux ne poussent pas, cela se saurait !

    – Bon, si vous le prenez sur ce ton ! À qui l’tour ?

  19. Camomille dit :

    Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.
    du Désormais frais prêt à consommer ? Ben non merci…. je ne suis pas prête ; j’aurais préféré du Néanmoins.
    C’est pour Jules…. parce qu’avec du Néanmoins, voyez-vous, Jules fait ses salades de Compromis… une pincée de Ceci, une pincée de Cela, il mâchouille un peu de Cependant, et ainsi il s’accommode de la situation vous comprenez ? Et moi ça me va bien, alors que si je vous achète du Désormais frais à consommer tout de suite en plus, ça va lui donner des idées de changements, voire d’Ultimatum.
    – Ah ! Je vois…. Néanmoins, il est délicieux mon Désormais, et il est frais !
    Mais puisque je vous dis que je n’en veux pas de votre Désormais…. que ça va donner de mauvaises idées à Jules….Désormais moi ça me fait flipper, c’est comme PAR CONTRE, ça précède toujours quelque chose de pas catholique.
    Ah je vois…. néanmoins mon Désormais…..
    – Mais vous me bassinez avec votre Désormais vous savez ?
    J’en veux pas du Désormais frais ou pas frais, c’est dangereux pour mon équilibre le Désormais, je suis allergique au Désormais….
    le Désormais, c’est comme le Dorénavant, c’est comme le Dés lors….. c’est comme…..moi ça m’angoisse tout ça, oui ça m’angoisse….
    ?
    et vous vous m’angoissez par la même occasion.
    ?
    oui, vous m’angoissez avec votre tête de Par contre, votre tête de Toutefois, votre tête…..Tenez, reprenez vos Ceci et vos Cela, désormais je ferai mes emplettes chez « Evidemment ».

  20. Antonio dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    – Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.
    – J’aimerais bien, mais mon mari ne s’y résoudra jamais, trop dur à digérer.
    – Peut-être du Cependant, alors ? En rajoutant de l’eau dans le vin de cuisson, c’est très digeste.
    – Bonne idée !
    – Ce sera tout ?
    – Non, j’aimerais du Maintenant, si vous avez.
    – Ma pauvre dame, vous arrivez trop tard, ça part en un rien de temps ici. Repassez plutôt demain.
    – Mais… vous m’avez déjà dit ça hier ! … Réservez m’en alors deux kilos, s’il vous plaît.
    – Impossible ! Nous ne faisons pas de précommande sur du Maintenant. Du Demain, du Toujours ou du Jamais si vous voulez, mais du Maintenant, nous ne savons jamais à l’avance combien nous en recevrons. Cela dépend de la pêche du moment.
    – Bien bien… à quelle heure est-il préférable de passer alors ?
    – Juste après la criée. On les prépare en filets. Mais il faudra vous armer de patience. Il vous fallait autre chose ?
    – Pour finir, je vais vous prendre de l’Enfin, je vois qu’il vous en reste un dernier morceau.
    – Voilà ! Ce sera tout ?
    – Oui.
    – Voici, je vous offre ces quelques Riens pour déguster sur le chemin.
    – Oh merci, c’est très aimable à vous.
    – Oh ! trois fois Rien. Cela vous fera quarante huit euros et trente cinq centimes, s’il vous plait.

  21. Laurence Noyer dit :

    bravo
    j’aime beaucoup!

  22. Nadine de Bernardy dit :

     » Bonjour je voudrais un peu de Ceci et Cela
    – nature ou fumé?
    – nature
    – ce sera tout ?
    – avez vous du Néanmoins?
    – nous sommes en rupture de stock mais j’ai du Désormais tout frais prêt à être consommé
    – ah! alors là, je vous arrête tout de suite.Votre esprit mercantile est inadmissible.Je venais,toute contente,faire ma provision de Néanmoins et sous prétexte de rupture vous tentez de me refiler une espèce de Désormais soi disant frais.
    Fi mon ami,vous semblez ignorer tout ce qui se dit au sujet de ce produit frelaté que les pays du tiers monde mettent sur le marché.
    Il est bourré de A1515,E1789 et E1418.Il a été le plus souvent cultivé(sur des terres confisquées aux paysans du coin)et récolté par des retraités exploités par les pouvoirs en place!
    Vous devriez avoir honte.Vous n’avez donc jamais entendu parler du moins de 200 kms,des petits producteurs?
    – mais…
    – pas de mais qui tienne.Je suis outrée,me faire ça à moi une cliente fidèle et ancienne.Ah! c’est pas votre pauvre père qui aurait osé cela.Un homme si intègre,généreux
    – enfin madame….
    – enfin quoi? Vous osez dire que je n’ai pas raison.Et insolent avec ça le petit bonhomme.Car c’est ce que vous êtes: un petit commerçant de rien du tout.
    Je vais aller dorénavant me fournir à la nouvelle coop.Ils y proposent en ce moment des promotions sur les Alors voilà,le Je vous ferai dire , les Y a pas de problème et Je dis ça je dis rien.
    Ca me semble prometteur et appétissant.Rien de tel qu’une bonne expression qui n’engage à rien pour se sentir mieux.
    Allez môssieur je ne vous dis pas adieu. »

  23. Odile Zeller dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à
    _ il est à quel prix ?
    _ 15 machins la pièce
    _ à ce prix là, c’est un luxe …
    _ et du un-petit-plus-une-deuxième-fois ?
    _ trop salé mon mari n’aime pas. Et vous faites toujours du non-merci-c’était-délicieux, il a beaucoup plu et n’était pas trop cher.
    _ il n’est plus disponible, je ne le fais que pour les bons clients et sur commande.
    _ à quel prix ?
    _ attendez, je vais regarder …. le „on se recontacte“ ça vous intéresse ?
    _ un succès …vous n’avez pas idée mais justement on ne le voit pas partir et les invités en redemandent. Je ne sais pas… Non ce sera tout pour aujourd’hui.
    _ et en boisson du revenez-y ?
    _ oui j’allais oublier mais juste 6 bouteilles, vous me livrez ?
    _ oui pour vous la livraison est gratuite. Toujours la rue monte-a-regret. Le numéro 18 …
    _ pour la facture toujours pareil l’auberge des „malgré tout“. A bientôt
    _ bonne journée Madame N‘y-revenez-plus

  24. Laurence Noyer dit :

    Livrée de famille

    Article 212 : Les époux se donnent mutuellement beaucoup, passionnément, à la folie.
    Article 213 : Les époux assument ensemble Hier, Aujourd’hui et Demain. Ils pourvoient à Toujours, Tellement, et Tout à fait.
    Article 214 : Néanmoins si l’un des époux ne remplit pas Ceci, il peut être contraint à Cela par l’autre époux dans les formes prévues au code des ruptures de stock.
    Article 215 : Les époux s’obligent mutuellement pour le pire et le meilleur, le simple et le compliqué, le rouge et le noir.

    Nous déclarons Monsieur Nature, fils d’Univers et de Terre, et Madame Fumée, fille de Souffle et d’Effluve, comme Légitimes époux et nous avons prononcé au nom de la Loi qu’il advienne que pourra.

    Ce sera tout ! ou son contraire !

  25. Liliane dit :

    – Bonjour ! Je voudrais un peu de ceci et de cela.
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du néanmoins ?
    – Non, nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du désormais tout frais et prêt à consommer.
    – Non merci !

    Il quitta l’échoppe. Plié sous le poids des riens du tout. Entra chez l’apothicaire.

    – Bonjour ! Je vous rends vos peut-être.
    – Pour quelle raison ?
    – Inefficaces !
    – Comment vous sentez-vous ?
    – Couci-couça.
    – Pour me faire pardonner, je vous offre cette fiole de plus jamais.

    Ravi, il ressortit, droit comme un if. Marcha rapidement malgré la chaleur.
    Dégoulinant de sûrement, il s’arrêta à l’estaminet.

    – Bonjour Georges, je te sers une…
    – Un… naguère…glacé.
    Sitôt servi, sitôt ingurgité.
    – Sacrément goûteux !
    Rafraichi, ragaillardi, il grimpa le chemin pierreux du Toutourien.
    Arrivé au sommet de la colline, il s’assit à l’ombre d’un autrefois.
    Lut une dernière fois l’épitaphe :

    PARFOIS, des ombres
    SOUVENT, des rires
    JAMAIS, des regrets
    TOUJOURS , de l’amour.

  26. françoise dit :

    – Bonjour ! je voudrais un peu de Ceci et de Cela
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    Ce sera tout ?
    non, avez-vous du Néanmoins ?
    Nous sommes en rupture de stock, mais nonobstant nous avons du pourtant ; cependant je dois vous dire qu’il a subi une augmentation de 5%.
    – Tout de même ! Toujours est-il et malgré tout je vais en prendre mais seulement la moitié de ceci et de cela ! Tout de même et avec tout cela je devrais réussir une bonne fricassée de synonymes ! Pour autant j’hésite  entre la faire nature ou fumée ?

  27. durand dit :

    – Bonjour! je voudrais un peu de Ceci et de Cela.
    – Nature ou fumé ?
    – Nature.
    – Ce sera tout ?
    – Non, avez-vous du Néanmoins ?
    – Nous sommes en rupture de stock, mais j’ai du Désormais tout frais, prêt à consommer.
    – Pourquoi pas, cela changera du ceci et, entre nous, s’il a vraiment du goût ,le Néanmoins pue. C’est juste pour faire plain-chant à ma féodale.
    – Et avec ça ?
    – 4 belles tranches de Pourquoi pas, et pas de l’étranglé, s’il vous plaît, du loquace!
    – Nous sommes bien d’accord, rien ne vaut nos prodigues régates.Alors comme çà, Mr Curedent, on se prépare un petit whisky sur la côte avec sa comparaison… heureux rétrogradé!
    – Faut bien souffler un peu. La vitre n’est pas un long flirt transitoire, comme disait le torchon, et entre ma vieille bassine et les petits enfantillages, j’ai pas mal à débouter.
    – Allons Monsieur Curedent, faut pas vous retourner le pilori pour si peu. En plus, j’ai aperçu votre nouvel acharnement; alors toujours fidèle à la carambole ?
    – Ah si vous saviez, tous ces croque mitaine encombrant les airs de staccato, je n’en peux plus. Moi, je reste cruche, les touristes aboient, la carapace leur pète au nez.
    – Oh, Mr Curedent, vous y allez un peu formaliste. Il en faut pour tous les gourous! Laissez les hâler à leur duc!
    – Bon c’est pas tout cela, Mr Bouchencoin, mais la patriarche m’attend.
    – D’accord, d’accord … et tenez, je vous offre un petit morceau de branchouilette pour votre première apesanteur, c’est cachalot, vous penserez à moi. Allez…je vous mets tout cela sur l’artichaut….pas de souscription,…depuis le temps qu’on se congratule…Bonne roulotte!

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