416e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

– Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
– Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

Inventez la suite de ce dialogue

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26 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    Heu … oui effectivement.
    Et…. ?
    Hé bien elle m’a semblé aux abois et ..
    Et… ?
    Elle n’arrêtait pas de me frôler. Je l’ai trouvée franchement bizarre. Elle faisait du rabattage. Cela ne ressemble pas aux biches en général réputées si douces, si pures…
    Et… ?
    Un trouble, une langueur se sont emparés de moi. La sensation de me ramollir avec pourtant mes énergies vitales qui avaient envie de brailler. Curieux, non ?
    Hum…
    Puis un faon, son petit je crois, est venu m’effleurer et là, là …
    Oui, à quoi pensez-vous ?

    A ce moment du récit, l’auteur de ce billet précise que le médecin en question est un psychanalyste

    Ce n’était pas le perdreau de l’année si vous me passez l’expression. Pourtant…
    Oui…
    J’ai senti en moi comme une montée de …
    Une montée de lait ?
    Non pas vraiment. (Rires gênés) Non plutôt une envie de raller qui montait, qui montait, qui …
    Et alors ?
    Un véritable gibier de potence, un oiseau de mauvais augure, un faisan, un … (bredouillements). Plus rien à voir avec le gentil Bambi. Un perverti si vous voulez mon avis.
    ???
    Ensuite, un daim est venu me raser de près, de vraiment très près.
    Que s’est-il-passé ?
    Avec lui, rien. C’était un pauvre hère, un dégénéré, un insuffisant si vous m’autorisez la litote qui me donnait envie de crier et de pleurer.
    Et c’est tout ?
    Un chevreuil à l’allure folle s’est approché de moi. Je pensais qu’il allait… Le bredouille par excellence. Un pauvre gland si vous voulez mon avis
    Oui ?
    Et enfin ! Un cerf gigantesque, bien pourvu, heu je veux dire bien nanti en bois est venu se frotter à moi. Et alors qu’un feu intense m’embrasait…
    Je vous écoute
    Un inverti si vous voulez connaître le fond de ma pensée. Il s’est détourné de moi pour suivre un puissant sanglier, un solitaire et ses coups de boutoir. A plume, à poil tout lui est bon.
    Qu’en concluez-vous ?
    Mes fluides corporels sont tout chamboulés et la race des cervidés est décadente, pervertie, incapable de faire souche. Comprenez-moi Docteur ! Je voudrais protéger ma forêt, l’empêcher de devenir une nature morte
    De quand date votre dernier frottis ?
    Hou la !!!!!!!!!!!
    Je ne peux hélas rien pour vous. Allez plutôt consulter un gynécologiste.
    Un gynéco… quoi ?
    Un gynécologiste. Un spécialiste chargé de la préservation de la flore vaginale.
    Mais…mais…pourquoi ?
    Vous ne cessez de citer les maux et les soucis de votre être et je pensais …
    Je ne parle pas de mon être mais de mon hêtre.

    PS. Frottis : Décollement et effilochage de l’écorce des jeunes tiges par frottement des bois de cervidés.

  2. Beryl Dey Hemm dit :

    Le monde changeait.
    Après avoir cessé de considérer une partie de l’humanité comme pur objet sous prétexte de sa couleur, on avait renoncé à prendre 55% des bipèdes pour des jolies boules de noël sur le sapin et on daignait désormais leur accorder une volonté propre.
    Mais les progrès moraux ne s’arrêtaient pas là.
    De nouvelles applications, basées autant sur la médecine que sur l’innovation informatique, permettaient désormais de partager avec les animaux pensées et sensations. Des greffes de puces électroniques dans des zones choisies du cerveau établissaient une connexion directe avec les bêtes.
    Il suffisait dorénavant de regarder un animal dans les yeux pour se mettre à l’écoute de ses ressentis.
    On avait même l’espoir d’étendre prochainement cette technologie aux plantes et aux arbres, nouveau terrain d’expérimentations prometteur de sensations fortes.
    En attendant, chacun pouvait s’offrir une conversation muette avec l’animal de son choix et les résultats étaient plus ou moins surprenants.
    On se doutait déjà que les bêtes sauvages n’aspiraient nullement à se retrouver dans un enclos bétonné de 50m carrés, même paysager, et que les nombreuses visites dont ils bénéficiaient ne les distrayaient nullement.
    On apprit sans surprise que pour eux comme pour les hommes, les barrières n’existaient que pour être franchies, même lorsqu’elles délimitaient des réserves de protection sous le doux nom de parc naturel.
    De leur côté les chiens firent savoir qu’ils détestaient courir après des balles ou des bâtons et que ce n’était pas la peine de vanter leur intelligence pour les convier ensuite à des jeux idiots.
    Quant aux chats, ils se plaignirent de ne plus avoir à boire que du lait U.H.T au goût épouvantable, et affirmèrent que, comme pour les humains, les rats ne figuraient à leur menu qu’en cas de disette critique. Inutile donc désormais de compter sur eux pour chasser cette bestiole immonde.

    Henry B. extrait la feuille qu’il vient de taper d’une traite, dans un élan d’inspiration incontrôlée, sur sa vieille machine électrique. Il la relit attentivement. Et sourit.
    Parfois il est agréable de se laisser aller, de délirer.
    Mais là, non ! Il ne peut pas garder ça.
    Personne ne croira une histoire pareille. La fiction a des limites.
    L’humeur du temps n’est pas à l’empathie. Même les humains qui fuient leur pays en guerre n’émeuvent personne.
    Alors !.. Ce que pensent les chats ou bien les éléphants dans les zoos, n’a aucune chance de trouver son public.
    Il soupire.
    Et s’attarde, pensif, sur le mur en face de lui :

    Deux lions le fixent d’un regard hypnotique dont on ne voit que les prunelles jaunes, dans une nuit meublée d’extravagantes plantes fluorescentes. Une flore de Genèse, un écrin somptueux pour les deux fauves, attentifs, oreilles dressées, prêts à bondir . Les fougères arborescentes, souvenir du carbonifère, s’écartent doucement devant les animaux, surpris par la présence du voyeur importun. Ils lui renvoient l’effroi de son regard devant leur surgissement inattendu. Ils témoignent de l’interrogation du Monde devant son irruption de trouble-fête.
    « Que fais-tu là ? Quelles sont tes intentions ? »

    Alors, pris sur le fait, Henry B. plonge en abîme dans le tableau qu’il contemple.

    Le Douanier Rousseau, peintre visionnaire, pénétrait les profondeurs d’une Nature mystérieuse.
    Mais la Nature ne peut rien pour l’Homme, qui s’obstine à parler un autre langage.
    Et la technologie ne l’aidera pas.
    La porte est fermée, dont l’Art seul détient la clé.

    • Michel-Denis ROBERT dit :

      « La porte est fermée, dont seul l’Art détient la clé. »
      Belle formule !

    • RysameVdW dit :

      Oui, et la clé c’est le cœur, le vrai, pas celui en papier mâché ni celui vendu sur les étals des bouchers.
      l’Art et le cœur ne font qu’un.
      le cerveau avec sa puce greffée n’est encore qu’un passe temps obsolète de l’humain en devenir.
      Les animaux des zoos continuent d’espérer une libération prochaine, les chats et chiens se serrent la pattes en cachette et les chevreuils, sangliers, renards, etc continuent à courir en espérant que les chasseurs auront enfin un peu de plomb dans la cervelle!

      Merci pour votre sublime texte! Waw!

    • Monique della dit :

      Très beau texte. Merci.

  3. LABROSSE dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    C’est horrible, vous ne lisez donc pas les journaux ?
    – Très peu, l’information nuit à ma santé se confia le patient
    – Mais vous devriez ! Tout le village est aux aguets, chacun se barricade, on soupçonne qu’un serial killer de la pire espèce s’en prend aux biches. Surtout aux plus jeunes !
    – Vraiment ? Mais que fait la police ? S’enquit l’homme avec anxiété
    – Elle est déjà fort occupée par la manifestation des gilets jaunes. On suppose même que ce psychopathe pourrait se trouver parmi eux.
    – Tout de même, comment peut-on affirmer de telles sornettes et pourquoi pas Jean Luc Mélenchon en personne pendant que nous y sommes se rebella l’homme
    – Mais ouvrez les yeux mon cher, cela est évident, nul besoin d’être un fin limier. Les magasins d’outillage ont étaient dévalisés juste avant le 17 novembre, ne voyez-vous point de corrélation entre ces différents points? Il faut être aveugle ou politicien pour ne point deviner l’auteur du crime.
    – Calomnie ! S’insurgea le « Mélenchoniste » dépressif, comment pouvez-vous accuser sans preuve Madame la psychiatre ?
    – Aux dires des médias on aurait retrouvé l’arme du crime. N’est ce point suffisant comme preuve ?
    _ Malgré tout le respect que je vous dois, je ne comprends point votre analyse Madame la psychiatre.
    _ Allongez-vous mon ami, je vais vous dévoiler la clé de cette affaire. Si vous aviez lu la presse de ce matin, vous auriez certainement fait le lien. Souhaitez-vous prendre un ou deux prozac avant que je vous énonce les faits ? ce que j’ai à vous révéler est vraiment sordide.
    L’homme semblait estomaqué, déjà que ses affaires de cœur n’étaient point lumineuses, sa propre biche venait de se carapater avec son psy. Si maintenant on liquidait les biches, comment ferait-il pour en trouver une nouvelle ? Aussi, il n’hésita pas et ingurgita derechef une vingtaine de petits comprimés sous l’œil condescendant du psychiatre
    – Vous pouvez me révéler les faits, je suis prêt se confia le malheureux
    – Eh bien voilà, on a retrouvé les pieds de plusieurs biches accrochés à un tracteur. Susurra la pédiatre.
    – Comment ça ? Mais c’est horrible ? Comment expliquer vous cette infamie ?
    _ Je suppose que le propriétaire du tracteur se prit pour un prince. Il a eu fantasmé son tracteur en carrosse et à défaut de trouver chaussure à son pied il a déclenché une phobie « pédipathe ». Des cas rares de lycanthropes qui s’attaquent uniquement aux pieds.
    _ Mais comment faites-vous le lien avec les gilets jaunes ?
    – Evident mon cher : en partant du fait que ce sont les paysans qui ont le plus besoin de carburant pour leur déplacement (il leur faut cinq litres de lait pour se payer un litre d’essence) c’est la goutte de lait qui a fait déborder la cruche. Et nul besoin de vous affirmer que la plupart de ces derniers sont en accord avec le mouvement des gilets jaunes.
    – Vous êtes vraiment une psychiatre hors pair, avoua le patient groggy tant sous l’effet des sédatifs que de cette admirable plaidoirie. Mais pourquoi avoir dévalisé les magasins d’outillage ?
    _ Tout simplement pour trouver des pieds de biche mon cher Watson !

  4. Clémence dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être.
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    Elle avait pris place dans un fauteuil, dans le salon de l’ hôtel. Moi, j’étais au bar. Juché sur un tabouret. Mes yeux ne la quittaient pas. Elle était sublime, même avec un verre de whisky dans une main et une revue people dans l’autre.

    L’ambiance feutrée fut brisée soudainement.
    En même temps qu’elle, je tournai la tête vers la porte d’entrée poussée par deux hommes au verbe haut. Le plus petit, chauve et moustachu, piaillait d’une voix de fausset :
    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être…
    Son interlocuteur, grand et flegmatique, chevelu et imberbe, répliqua mais sa réplique fut avalée par le vacarme de la circulation.

    La femme me regarda.
    Je réprimai un hoquet.
    Elle posa délicatement un doigt sur sa bouche, m’intimant le silence.
    J’obtempérai.
    Et je peux vous affirmer que je ne fus pas déçu. Elle non plus !

    Les deux hommes s’installèrent au salon.
    Je quittai négligemment le bar pour un fauteuil confortable, à proximité de la jeune femme.
    Un scénariste aurait probablement écrit : « Tous les acteurs sont en place. Reste l’intrigue. »

    – Docteur, m’avez-vous entendu ? s’inquiéta le petit moustachu.
    – Certes, certes. Vous avez des émotions qui brament.
    – C’est bien cela, reprit le petit homme.
    – Pouvez-vous nommer ces émotions ? questionna le docteur en haussant les sourcils.
    – Heu…. Des émotions qui brament, suggéra le petit en écartant les mains.
    – Cela n’existe pas, des émotions qui brament. Elle sont ou ne sont pas, énonça le docteur.
    – Émotions qui brament ou pas, elles viennent de mes sous-bois, répéta le petit chauve moustachu.

    Le docteur s’enfonça dans son fauteuil, joignit ses doigts en cathédrale, leva les yeux et questionna :
    – Avez-vous rencontré une biche ?
    – Une biche ? N… non, mais son pied.
    – Son pied ? répéta le docteur, estomaqué par tant de pertinence.
    – Oui, son pied-de-biche.
    – Vas-y.

    Ce fut sur ces deux dernières syllabes que je compris la supercherie. Ma voisine, peut-être ou peut-être pas. Mais les deux hommes, ne s’étant pas rendu compte de leur lapsus, continuèrent leur conversation.

    – La porte a cédé et quand je suis entré… la classe ! Le grand vertige, le grand huit. C’est tout comme ! déclama le moustachu.
    – Quelles étaient les couleurs dominantes ?
    – Une tenture de velours noir, puis du rose satiné dans l’entrée.
    – Je vois, je vois, mais encore ? demanda le docteur en glissant son index dans l’encolure de sa chemise.
    – Et puis, je te dis, le grand frisson. Jamais je n’aurais cru que cela existait en vrai ! Un boudoir !
    – Est-ce bien la réalité ou un fantasme ?

    La jeune femme me regarda. Son regard scintillait. Moi, je commençais à ressentir de délicieux picotements…

    Le petit moustachu continua, emporté par ses souvenirs sensoriels :
    – Je l’affirme. Un boudoir. Une odeur ! Envoûtante ! Shalimar ou Chanel 5. Et puis, du rouge flamboyant, des bonheurs du jour, des bibelots, des bougeoirs et des ors, des ors…. dorés, bref, un décor complètement désordonné !
    – Et qu’avez-vous ressenti ? reprit le docteur sur un ton pondéré.
    – Ressenti ? L’urgence. Oui, c’est cela. Pressé…. Je devais conclure.
    – Conclure ? Mais encore, s’offusqua le docteur.
    – Mais oui, ouvrir, fouiller, extraire puis refermer. Recommencer, ouvrir, fouiller…
    – Ça va, j’ai compris, reprit le docteur.
    – Hé, non. Je crois qu’il y a maldonne ! C’est pas ce que tu crois, mec ! J’ai vraiment ouvert des tiroirs. Des vrais. Et alors, la débauche ! Ddentelle noire, violette, rouge, ivoire. Toutes les tailles, toutes les formes, avec lacets, sans lacets, tu peux pas imaginer, et aussi des access…
    – Hum… je ne suis pas un enfant de chœur ! toussota le docteur, les joues en feu…

    La conversation et l’excitation gonflaient comme des bulles de savon. L’explosion n’était pas loin…
    – Et devine, reprit le petit moustachu, devine ! Je suis tombé sur une cachette. Le jackpot !
    – Combien de carats ?

    Je ne le sus jamais, car, à cet instant, la jeune femme glissa sa main dans son sac. Elle se leva, aussi rapide que l’éclair. Elle se rua sur le petit moustachu et saisit ses poignets.
    Je la regardais, ébahi.
    Les menottes claquèrent en même temps que la jeune femme faisait un clin d’œil au « docteur »
    – Bien joué, l’ami ! On le tient enfin, notre Arsène !

    Quelques heures plus tard, au commissariat, assis dans sa cellule, le petit chauve moustachu bramait :
    – Je le sens dans les sous-bois de mon être, la colère sourd ! Je me vengerai ! Je me vengerai !

    © Clémence.

  5. 🐀 Souris-Verte dit :

    🐀 Y A DU MOU DANS LA CORDE À NOEUD.
    Docteur, depuis le temps que vous me dites que je ne suis qu’un cervidé écervelé, j’ai constaté en plus, à la suite d’une rencontre fortuite avec une femelle aux yeux tendres que j’étais resté de bois.
    Force m’est d’en conclure que ça ne biche pas pour moi.
    La médecine ayant ses limites et n’étant pas une science exacte, j’ai décidé de me prendre en mains et me tourner vers un ami-daim.🦌

  6. Ophélie E. dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être.

    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    – Comment vous savez ça ? Vous êtes voyant ou psy ? Effectivement, hier matin j’ai failli avoir un grave accident à cause d’une harde qui était au beau milieu de la route. Éblouie par mes phares, elle restait là comme hypnotisée. J’ai freiné à mort et j’ai failli m’encastrer dans la falaise.

    – Ah, je comprends ! C’est pour cette raison que vous vient votre métaphore pour exprimer votre mal-être.

    – Peut-être bien. Je suis poète. Vous n’avez pas lu mon dernier recueil de poésies ?

    – Désolé, j’adorais lire dans ma jeunesse. J’en ai lu des Jules Verne, des Dumas, mais maintenant je n’ai plus du tout le temps de me plonger dans un livre à cause de ma salle d’attente au bord de l’implosion tous les jours que le bon Dieu fait. Croyez-moi, une fois rentré chez moi, je n’ai qu’une hâte : celle de rejoindre mon lit. Mais, ne voilà-t-il pas que je n’arrive pas m’endormir tant je ressasse les histoires de mes patients et les problèmes de ma vie qui part à vau-l’eau. Si vous saviez, j’en entends des vertes et des pas mûres. Et je ne vous parle même pas de mes visions. Je suis poursuivi par des hordes de pervers narcissiques, de femmes hystériques, de harceleurs. À tel point que ma femme qui n’en pouvait plus a pris ses cliques et ses claques. Elle passait ses nuits à me réconforter et à m’apporter des verres de lait comme le faisait ma mère quand je faisais des cauchemars ou des crises de somnambulisme. Pourtant ça bichait bien entre nous au début, mais je la comprends. Ça bichait, vous voyez comme l’esprit fait vite des associations d’idées. Elle s’est amourachée d’un comptable qui, lui, rentre à heure fixe. Ils attendent leur deuxième enfant et moi je n’en aurai jamais et je finirai ma vie dans la solitude. Ah ! J’aurais dû écouter mon père quand il me conseillait d’être podologue comme lui. Il m’expliquait que la santé passe par les pieds et qu’il faut les soigner avant de tenter de guérir la tête. C’était sa philosophie, je le laissais dire ; il n’était pas commode le paternel, je vous passe les détails. Bon, ce n’est pas tout ça, je pense que votre cas qui m’intrigue nécessite une dizaine de séances. Donc, je vous revois la semaine prochaine, même jour, même heure. Vous me devez cent euros.

  7. Michèle B.BEGUIN dit :

    Des émotions martèlent mon entité
    Je n’ai pourtant pas croisé une caille

    J’ai gueulé, vociféré, sangloter
    Et toute ma futaie devenait braille

    Une angoisse s’agite sous mon bonnet
    Ma personne serait elle simple bétail

    Un calme sournois se met à hurler
    Une biche aux abois de belle taille

    Timide, fière et douce, se met à bramer
    Appelant furieusement son faon de paille

    Elle affronte tout mon espace subway
    Cela se répercute dans mes entrailles

    Sous-sol bouleversé, undergrowth troublé
    Un état de frissons et de cassaille

    Mon cher toubib qu’est ce que vous en penser
    Est ce la dégoupille de la grenade

  8. RysameVdW dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    – Ho oui ! Ma biche, ma biche ou êtes vous ? Ma biche !
    – Elle est surement dans les bois, vous avez chassé dernièrement ?
    – Chassé ? Pas cette fois ci, non, d’habitude il est vrai je chasse surtout sur les sites de rencontre du net, parfois même dans les bars mais là c’est elle qui m’a trouvé.
    – Mmmm ! Est-ce la première fois que vos sous bois soient sens dessus dessous ?
    – Oui, Docteur, oui ! Ho ! Son regard ailé me rends pratiquement amnésique à tel point que j’en oublis son nom de baptême.
    – Dites moi, mon cher Monsieur, ressentez vous des papillons dans le ventre ?
    – Mais oui, Docteur tout a fait ! Surtout lorsqu’elle souligne au crayon noir ses jolis yeux, moi je m’imagine que ce sont deux papillons bleus ! Biche, ho ma biche !
    – Je vois, je vois.
    – Vous les voyez aussi ?
    – Quoi donc ?
    – Ses papillons bleus !
    – Heu, non.
    – Mais vous savez Docteur, sans artifices elle est vraiment très, très jolie et je ne vois vraiment pas pourquoi elle ne laisse ses yeux sans rien autour ?!
    – Ha ça Monsieur c’est pour la séduction et ces artifices mettent parfois des papillons dans le ventre et vous n’avez vraiment pas besoin de mon aide.
    – Ha bon ?
    – Vous savez ce sont les yeux de l’amour ! Mon diagnostic est simple, vous êtes amoureux mon cher Monsieur, du moins pour l’instant, amoureux de deux jolis papillons bleus.
    – Non Docteur uniquement de ma douce biche, ho ma biche !

    (petit clin d’œil sans papillons inspiré de la chanson de Franck Alamo 😊)

  9. françoise dit :

    Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    – Pa une biche mais j’ai cru voir un animal qui avait la tête d’une vache et le corps d’un loup

    peut-être un nouveau centaure ?
    vous m’effrayez Docteur
    faites-vous chambre à part avec votre femme ?
    Je ne vois pas le rapport ?
    C’est peut-etre çà le problème ! Répondez-moi par oui ou par non
    oui parce qu je ronfle dit-elle
    – c’est une raison qui peut se comprendre ! Elle pourrait mettre des boules Quies
    elle ne les supporte pas
    je vais prendre un rv à l’hôpital Saint-Antoine pour vous et votre femme
    vous croyez que nous avons un cancer ?
    Non mais çà pourrait être salutaire pour vous deux de voir de vrais malades si je puis dire !
    Comment osez-vous docteur me tenir de tels propos ?
    J’ose Monsieur et je vais vous diriger vers un autre confrère
    quelle est sa spécialité
    troubles mentaux ! Vous réglerez mes honoraires au secrétariat
    sont-ils conventionnés
    non
    il ressortit bouche bée !
    Je ne le revis plus mais un jour que je me rendais au service de neuropsychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine, j’aperçus l’homme aux émotions qui brament dans les sous-bois de son être les membres supérieurs pris dans une camisole de force. J’interrogeai le médecin du service qui me précisa que c’était la seule solution qu’ils avaient trouvée pour faire taire ces émotions .

  10. Michel-Denis ROBERT dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être.
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ? dit-il en maudissant cette mouche qui arpentait depuis dix minutes le vitrage de son bureau.

    Il avait répondu distraitement, sachant qu’il devait aider ses patients à s’exprimer librement et non les orienter. Il tenta de corriger son inattention. Un peu de professionnalisme !
    Maintenant qu’il avait amorcer sur ce chemin, il continua à suivre son inspiration sans perdre le fil.

    Sur le divan la demoiselle se relaxait enfin en confiance. Sa robe en tissu léger d’un jaune presque d’or animée de petits dessins de feuilles et de fleurs minuscules de toutes les couleurs mettait en valeur ses jolies formes arrondies.

    La seule préoccupation de l’écoutant était cette mouche qui n’en finissait pas de couvrir le même trajet de sentinelle et son bzzz qui zébrait sa réflexion. Arrivée au sommet de la vitre, elle redescendait comme attirée par un élastique. Puis elle remontait inlassablement le même manège à ressort sur le carreau où elle progressait en agitant ses ailes. Les mouches n’ont pas de mémoire, se dit-il en observant son comportement mécanique. Sa présence dérangeante l’empêchait de s’intéresser à l’objet de sa visite.

    Il remarqua que le peuplier dehors avait perdu quatre-vingt dix pour cent de ses feuilles et se dénudait inexorablement. A cent kilomètres au sud, les mêmes peupliers avaient encore préservé tout leur capital de verdure. L’hiver approchait doucement. On aura peut-être le temps de s’adapter au grand froid cet année. Ce voyage avait été éreintant et la nuit agitée.

    Les mésanges virevoltaient joyeusement autour du pot de graines de tournesol. L’une d’elle s’agrippa sur la pierre et sembla observer la mouche égocentrique qui monopolisait l’attention du toubib.

    Une autre mésange s’accrocha sur une feuille de l’azalée et s’assura qu’il restait suffisamment de graines pour la soirée. Cette azalée, comme par hasard s’était configurée en la forme d’un coq avec sa crête rouge sur la tête. Et la petite oiselle juchée sur son dos et sans doute gavée, attendit qu’une consoeur plongeât son bec dans la réserve pour se servir et s’envoler en direction des taillis. Il se dit que ces petites demoiselles sympathiques respectaient une hiérarchie entre elles. Pendant que l’une mangeait, l’autre gardait son attention et surveillait alentour pour ensuite aller picorer sa ration.

    – Vous êtes là, Docteur ? dit la jeune fille.
    – Je vous écoute.
    – Vous n’êtes pas attentif comme d’habitude.
    – Il fait chaud pour la saison, vous ne trouvez pas ! Il se leva pour aller ouvrir la fenêtre et fit sortir l’insecte en le chassant d’un geste vif.
    – On dirait que vous êtes préoccupé Docteur, dit-elle. Allez dites-moi tout.

    Voilà ce qui arrive quand on n’est pas concentré sur son travail, se dit le médecin pas mécontent qu’elle s’intéresse à lui. Peut-être qu’elle est guérie maintenant.

    – Allez dites-moi tout Docteur. Je ne vous ferai pas payer ma consultation, dit-elle en tendant la main dans laquelle il remit son billet.

  11. Grumpy dit :

    ELK le cerf a attendu avec impatience que sonne la fermeture du Zoo à 17H. Sa journée de boulot est terminée.

    Il a RV chez le docteur et trotte vaillamment, zigzague entre passants, réverbères et autres trottinettes, il a hésité mais finalement reculé devant l’idée de s’y rendre en métro, timide et dépressif il évite le plus possible de se faire remarquer.

    En temps normal les parisiens auraient trouvé bizarre ce cerf déambulant dans Paris, mais nous sommes en pleine période de Noël, on pense qu’il se rend faire son nocturne dans une vitrine des Galeries Lafayette.

    Voilà l’immeuble du docteur, c’est la première fois qu’il vient le consulter, il vérifie la plaque de cuivre « Dr. CERVIDÉ – Psychiatre – 2ème étage gauche ».

    Impossible d’utiliser l’ascenseur, sa ramure n’en passe pas les portes, ni en largeur, ni en hauteur. C’est qu’il est bien portant et porte beau le bougre, impressionnant, majestueux !

    Il grimpe les escaliers quatre à quatre : clop la patte avant droite, clap la patte arrière gauche, clop la patte avant gauche, clap la patte arrière droite (ou le contraire …. jamais vu jusqu’à présent un cerf monter un escalier ni non plus essuyer si soigneusement ses sabots sur le paillasson avant d’appuyer sur « sonner et entrer »)

    Le Dr pas étonné pour un sou devant cet original nouveau patient, blasé, dans son métier comme on dit : on en voit de tout acabit, le fait allonger sur le divan, pas bête l’animal, il a vite compris comment plier ses pattes pour se sentir à l’aise et décontracté.

    – Bonjour dit le Docteur lui serrant aimablement la patte, permettez avant tout que je prenne votre tension, je vous trouve le nez un peu rouge

    – Non Docteur, si c’est ce que vous pensez, je n’ai pas picolé, c’est le trajet à pattes, je me suis hâté

    – qu’est-ce qui vous amène ?

    – Docteur, dit-il en lâchant une grosse larme, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être

    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    – Bien plus qu’une, plusieurs

    – Alors qu’est-ce qui vous inquiète ?

    – C’est que ça ne fonctionne jamais. J’ai commencé mes aventures avec des biches matures, puis des plus âgées pensant que leur expérience aiderait, ensuite des débutantes pour la fraîcheur, nada, rien n’y a fait.

    – Si je saisis bien, vous n’y arrivez pas ?

    – Non, je suis gêné de l’avouer, pas une seule fois …

    – Et il y en a eu beaucoup ?

    – Tellement que j’ai du prendre ce boulot au Zoo, en forêt à la période du rut j’étais devenu la risée de toute la colonie, même les écureuils et les blaireaux se moquaient, à chaque essai raté, la biche filait tout raconter.

    – Ça pour être cocu, je ne peux pas juger, mais pour être cornu …

    – Eh oui, les deux, docteur, c’était moi qui attirait le plus de biches car je portais la plus magistrale ramure de la forêt, hélas et c’est là ma honte, à chaque occasion manquée me poussait un cor de plus, ça pèse si lourd que je peine à garder malgré tout la tête haute,

    Alors si vous pouvez faire quelque chose …

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Docteur j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous bois de mon être
    Dernièrement vous avez rencontré une biche peut être
    Que nenni je vis en solitaire au fonds de hautes futaies
    Une quelconque femelle aux doux yeux bordés de cils épais?
    Allons faites un effort mon cerf ami.Une faone,une daine ,une izarde
    Non,vous dis je,rien du tout je suis un cervidé vivant dans sa mansarde
    Depuis deux ans au moins je ne vois plus personne,ni bête ni humain
    Les forêts se dépeuplent,je rée au secours mais en vain
    Mon pauvre et vieil ami comme vous voilà en mauvaise posture
    Quel serait donc la cause de cette mésaventure
    Ca brame plutôt le soir ou bien est ce le matin
    Est ce accompagnés de signes pour vous inopportuns
    Examinez vous vos selles,vos urines,votre appétit?
    Tout semble bien fonctionner.Docteur,ces brames me prennent la nuit
    Ils résonnent en moi et font battre mon coeur
    Me causant angoisses,insomnies et grandes frayeurs
    Ah!je vois,le mal est en vous,la solitude vous pèse,vous aspirez à de la compagnie
    Vous espérez,malgré votre grand âge,rencontrer l’âme soeur,l’amie
    Je crois que c’est le cas,même si je ne veux l’avouer
    Je ne l’ai pas trouvée mais la voudrait rencontrer
    Bravo!voilà un souhait admirable,sortez de votre trou,découvrez le monde
    Allez avec courage au devant de vos pairs,faites un tour à la ronde
    Et revenez me voir dans quelques mois,je gage que vous aurez des choses à me dire
    Vous avez de l’allure,vous êtes vigoureux,vous plairez encore messire
    Remerciant son docteur,le cerf rasséréné,partit à la conquête du bonheur
    Il revint trois mois plus tard cogner à son huis, avec à ses côtés un sémillant chasseur.

    • LE QUILLIEC pascale dit :

      – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
      – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

      En ai-je compris le sens ? Qu’est-ce qu’il l’autorise ? À part la chasse de l’année dernière chez Fred, je ne le connais pas plus que ça le toubib !

      – C’est l’hiver depuis longtemps chez moi, et pourtant mes sens s’affolent depuis quelques semaines. J’ai chaud, je transpire, j’ai des envies que je ne saurais vous avouer. Comme, je sais que la cause est perdue d’avance, y aurait-il un traitement ?

      « Bah ! c’est plutôt sain », dit-il en se foutant bien de ma tronche de vieux gars introverti, empêtré dans de grandes jambes, de longs bras et avec un nez qui n’en finit pas. Alors ! imaginez moi lever la biche au coin du bois ?
      Maintenant que toutes nos vies sont informatisées, Il se mit à taper comme un dingue sur son clavier des phrases qui n’en finissaient pas, certainement sur ma pauvre carcasse de puceau … Oh ! Pas celle d’un cerf fringuant, plutôt celui d’un vieux bouc en rut… Il va bien finir par me donner des calmants ce con !

      – Non, non rien pas de traitement, allez ! Faut bien que le corps exulte comme disait Brel…

  13. Odile Zeller dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    – Non enfin oui le mot biche est valable au Scrabble et j’y joue tous les mardis matin mais la biche ne brame pas, docteur, c’est le cerf.
    – Donc vous vous prenez pour un cervidé. Mâle ou femelle.
    – Écoutez moi, docteur, vous me faites perdre un temps précieux. Ce sont mes émotions …
    – Oui, j’avais compris … dans les sous-bois de votre être. Vous voilà poète, ce qui n’est pas une pathologie. Ça vous dérange ce brame ?
    – Certainement, c’est bruyant. Au bureau, dans un open Space …
    – Un quoi ?
    – Une plateforme de bureau …
    – Très bruyant, cette forme de bureau, non ?
    – Oui certes … elles brament violemment, tout l’étage m’entend.
    – Y a t’il des adeptes de la chasse ? De la chasse à courre ? autour de vous ?
    – Aucune idée mais c’est une bonne question. Personne ne s’est déclaré chasseur.
    – Alors vous ne craignez rien, avec l’hiver, vos émotions passeront en mode hiver et se tairont. Les sous-bois m’interrogent. Les sous-sols de votre psyché ?
    – Je me suis fait la même réflexion avec l’approche du froid mais je crains le printemps. Les chants d’oiseaux en mode polyphonique dans les transports et au travail … à mon âge et avec ma carrure de rugbyman… difficile pour un fonctionnaire des impôts.
    – Vous voulez quoi au juste ?
    – Comment frapper mes émotions de mutisme ?
    – Impossible elles s’exprimeraient autrement.
    – Ah et comment ?
    – Par des odeurs, d’autres bruits, des gestes inappropriés… impossible à prévoir … dangereux
    – Une médication ?
    – Aucune thérapie connue, l’arrêt temporaire du travail …
    – Avec la réforme à venir ?
    – Revenons en aux sous-bois…cette poétique dans vos délires mono-maniaques … voilà une piste de guérison, un éveil d’idées positives et nouvelles, notez, notez tous vos délires….
    – Vous êtes sur. Mes émotions brament des chiffres, des bilans, des erreurs de calcul …une vraie brasserie et l’écume …
    – Notez tout, notez … je connais un éditeur …

  14. Antonio dit :

    — Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    — Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    — Justement, docteur, ma bichette s’est envolée avec un commissaire volant soi-disant à son secours. Et depuis je rée dans les artères de mon cœur.
    — Que s’est-il passé ?
    — Elle et moi, on était comme les deux doigts de ma main qui prenait juste son pied pour lui ouvrir les portes du paradis. Vous voyez le genre. Je reconnais que c’était parfois un peu brutal. Mais que voulez-vous, quand la pauvre se ferme à double tour, par timidité, et que vous n’avez jamais eu la clé des préliminaires. Arrache tout, disait mon père. Le pied de biche, y a que comme ça qu’on s’en sert. Ça avait le don de la faire sortir aussitôt de ses gonds. Mais, docteur, on n’est que des bêtes, vous savez bien.
    — Et elle a porté plainte au commissariat, si je comprends bien.
    — Moi, je ne comprends pas. Il paraît qu’ils ont même accroché ma tronche sur leur mur. Mais bon, qu’est-ce que j’en ai à raire qu’ils me prennent en chasse. Jusqu’ici, je touche du bois, ils ne m’ont toujours pas coincé.
    — Vous rendez-vous compte que c’est grave ce qui vous est reproché ?
    — Grave ? Mais c’est moi la victime. C’est moi qui porte les cornes, bon sang de bois ! L’autre jour, elle était en rut pour son travail quand je les ai surpris sous un préau, batifolant brame dessus brame dessous. Drôle de chasse à cour du commissaire ! Plus encline à piéger le cœur de ma bichette, oui ! Je lui aurais bien réglé son compte dans un « cors à cors » mais j’ai préféré l’ignorer, par dédain.
    — Vous avez bien fait d’éviter un brame de plus.
    — Vous n’imaginez pas, docteur, ce que j’endure depuis des jours. J’ai l’impression que tout mon corps se joue de moi, comme si à chaque inspiration quelqu’un soufflait dedans rameutant ces chiens à ses trousses. Ma pauvre bichette. Je n’en dors plus la nuit.
    — Vous allez me prendre ce fusil à air comprimé et avaler deux cartouches. Ne bougez pas, je vais vous aider. Ouvrez la bouche.
    — Mais… Doc’…eur… vous êt’ chû que… ch…
    — Oui, c’est radical, vous n’entendrez plus bramer qui que soit.

    PAN ! PAN !

    — J’ai horreur qu’on touche à la mère de Bambi !

    • RysameVdW dit :

      M.D.R. j’adore!
      Je prends beaucoup de plaisir (ou mon pied!) à vous lire,
      votre sens de l’humour est génial pour dérider (a mon âge ça fait du bien) 🙂

      Bravo!

  15. iris79 dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    -Oh oui…C’est-à-dire…Pas vraiment…En fait, c’est qu’au repas de la Saint Hubert la semaine dernière…

    -Oui ?

    Je me suis retrouvé à table en face d’une bien belle personne. Ses yeux de biche m’ont envoûté avant même que je le comprenne.

    Je suis resté en arrêt tout au long de la soirée devant ses gestes graciles, ses longs cils et ses regards énamourés. Un peu farouche, elle semblait cependant se méfier de moi. Puis chemin faisant, entre le pâté de lapin et le civet de sanglier, j’ai compris que je m’embrasais vraiment et que peut-être celle qui semblait être la proie de son voisin allait quitter son giron pour le mien.
    J’en étais tout perturbé. Impossible d’avaler mes girolles, je ne pouvais plus regarder le contenu de mon assiette. J’étais hypnotisé. Grisé par le bon vin servi à table, je me laissais aller à quelques blagues et traits d’esprits du moins m’y essayais-je. C’est que je m’y noyais dans ce regard vert qui me plongeait dans les sous-bois de l’automne. Là où j’aime tant me perdre en foulant les feuilles mortes. Le parfum qui me remontait de ce souvenir se mêlait au sien. J’étais enivré.

    Quand le café est arrivé, j’ai commencé à paniquer. Je ne voulais pas la quitter, j’aurais voulu arrêter le temps, me retrouver avec elle, marchant dans les layons en lui serrant la main, caler mon pas sur le sien. Son intelligence vive finit de m’intimider totalement.

    Puis tout est allé très vite. Le digestif m’a chauffé les joues, mon regard s’est embrumé. Je l’ai vu se relever. Je ne pouvais pas la retenir. Paralysé par l’émotion, je ne pus que la regarder partir, belle, libre. Je la laissai filer, le port altier, au bras d’un autre. Sa robe magnifique et le mystère insondable du regard qu’elle me lança subrepticement m’achevèrent. Je restai figé sur place. Depuis mon cœur déréglé, pleure et se lamente…

    -Je vois, je vois…Un électrocardiogramme serait inutile puisque je viens en quelque sorte de le lire, ou de l’entendre devrais-je dire…Je ne puis que vous encourager à continuer à arpenter les chemins des forêts à respirer l’humus des sous-bois, à écouter le champ des oiseaux, pour vous ressourcer, et réfléchir à la suite à donner à votre « problème ». Un conseil, si vous choisissez de retrouver votre biche …Allez-y la fleur au fusil…

  16. Camomille dit :

    -Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être

    -Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    – Oui !

    – Dans quelles conditions ?

    – Dans le parc de l’établissement,

    – Connaissez-vous son nom ?

    – Pas encore, mais je sais qu’elle occupe la chambre N°11,

    – Ha oui… je vois, c’est Mme LORY, la biche en question !
    Elle suit ma bramathérapie depuis peu, et ça lui réussit parfaitement en effet !
    Hé bien mon cher ami un conseil :
    Lâchez-vous…. Bramez,…bramez ensemble, ça vous fera le plus grand bien !

    – Mais ça va s’entendre ?

    – Justement….comme ça je pourrais mieux vous débusquer, car moi, j’en ai marre de rentrer bredouille tous les soirs…..

  17. durand JEAN MARC dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être.

    – Dernièrement, avez-vous rencontrer une biche ?

    – Non, pas encore, juste un troupeau de chasseurs.

    – Ah…ça pourrait s’envenimer. Etes vous vacciné ?

    – Depuis mes 65 ans, sans faute et surtout depuis que j’entretiens ma carcasse en marchant dans les bois.

    – Et ca fonctionne ?

    – A priori, oui,j’entend les balles siffler autour de moi mais aucune n’ose s’approcher trop près.

    – Ah…c’est toujours çà….mais la biche, elle vous aborde ?

    – Elle n’ose pas, pour l’instant. Mon brame intérieur ne doit pas être assez puissant.

    – Ah… prévoyez-vous un stage de perfectionnement… je connais de très bons spécialistes.

    – Je crois bien que je vais devoir y passer. Ca ne me vient pas naturellement dans la gorge, ca demeure au creux de l’estomac, ca m’ulcère surtout les boyaux.

    – Enfin, Mr Touffe…quand même… ca évolue plutôt positivement…souvenez-vous du temps où vous fréquentiez les maternités en imitant les cris de douleurs d’accouchement de la laie….ça vous est passé…!

    – Oui, et surtout grâce à l’écoute de l’équipe médicale. La chambre mise à disposition avec vue sur la Sologne, c’était chouette.

    – Bon, Mr Touffe, on va en rester là pour aujourd’hui. J’ai d’autres personnes à visiter dans la clairière.

    – Pas de problème, docteur, encore merci…et n’oubliez pas, rdv dans un mois pour mon futur problème, ma difficulté à glapir.

  18. Laurence Noyer dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?
    – Une biche aux émois !
    – Osez-moi ? c’est vous, alors, qui bramez dans mes sous-bois ?
    – Oui je brame dans votre âme, depuis cette chasse à courre, je cherche à vous faire la cour.
    – Mais je ne suis qu’un homme qui s’embrume en automne, et qui compote ses pommes.
    – Soyez mon écureuil, ma châtaigne, mon 17 novembre.
    – Et vous serez ma feuille d’or, mon unique saison.
    – Ferons-nous des enfants ?
    – Nos enfants ranimeront nos étés indiens, raviveront nos tapis de sol, de chrysanthèmes, de cyclamens.
    – Nous serons la famille de novembre, l’équinoxe traversante des jours et des nuits…
    – … Le coup de foudre d’un jour pâle, l’hyménée des brouillards…
    – Ah mon cerf, je vous sers en serf, et je vous serre de mes serres.
    – Alors, c’est grave, docteur ?
    – Oui ma biche, c’est grave comme le son du cor au fond du sous-bois.

  19. Cirroco Jones dit :

    – Docteur, j’ai parfois des émotions qui brament dans les sous-bois de mon être
    – Dernièrement, avez-vous rencontré une biche ?

    Miséricordieusement, une éclipse de Lune mit fin à ce dialogue stupide.

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