417e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…
Inventez la suite

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44 réponses

  1. Cirroco Jones dit :

    Original : j’aime beaucoup cet « inventaire à la Prévert ».
    Merci de nous faire partager ton imagination 🙂

  2. Pascal Perrat dit :

    Le carré de “Vache qui rit”
    À chaque fois que les enseignants lui demandaient de dessiner un carré, un enfant dessinait un triangle. Tous pensaient que cet enfant était débile. Mais un prof des écoles, plus curieux et plus à l’écoute que les autres, passa du temps à faire parler l’enfant.
    C’est ainsi qu’il découvrit qu’à chaque fois qu’il mangeait une portion de Vache qui rit, sa mère lui disait : « Tiens !, mange un carré de formage. »

  3. françoise dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder.Eh bien non c’est la pluie qui tomba, une pluie diluvienne et une jeune fille me ramassa, me défripa et j’abritai sa tête , abri tout relatif si bien qu’elle s’engouffra sans trop réfléchir dans le premier café venu, c’était le Flore…
    Elle commanda un club Rykiel et un café. Après m’avoir défroissé, avec un stylo à plume elle se mit à écrire et je fus recouvert en peu de temps, de mots, de points, de virgules etc. Un vieux monsieur, qui s’était assis à la table voisine, lui demanda si elle était écrivaine ? « en herbe » lui répondit-elle en souriant ajoutant qu’elle n’en était qu’au stade de l’atelier d’écriture.
    Je suis professeur de lettres émérite et si vous vouliez bien je pourrais vous aider à améliorer votre style par exemple.
    Après quelque manière elle accepta.Ils échangèrent leur n° de téléphone,elle nota le sien au bas de ma page, lui régla leurs consommations ( à son grand soulagement car elle était au R S A) et ils se séparèrent.
    En pouffant de rire, elle me sortit de sa poche, me déchira et me jeta dans une poubelle.
    Bien sûr, je ne sus pas ce qu’elle avait écrit. Quelle importance me dis-je tout en pensant que grâce à elle mes derniers moments d’existence avaient été bien romantiques.

    • Malinconia dit :

      Séduit par le bandeau que la jeune fille portait dans ses cheveux, ce vieux Monsieur portant des lunettes la regardait d’un drôle d’oeil …

  4. Michel-Denis ROBERT dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé, j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…

    Voici mon histoire :

    J’avais enfin trouver le filon dans cette boutique d’accueil où des carcasses d’animaux arrivaient transportées tous les jours. Après la sortie de la fac (fabrique à cartons), je jouais, donc aux mille-feuilles bien rangés avec les copines côté balance Roberval. A température modérée en osmose avec l’albâtre du comptoir, je coulais des jours heureux. La ligne simple de la vitrine réfrigérée donnait une touche agréable à déguster du regard. Les rôtis agrémentés de barde s’alignaient docilement comme une portée de mets succulents qui ne dénotait pas avec le reste. Tout cela mettait en appétit du premier coup d’oeil. Et cette odeur de viande fraîche qui ouvrait le désir, peut-être que c’était l’envie de se restaurer qui rendait les gens communicatifs. La petite clochette de la caisse de son doux bruit ne chômait pas. Des mains expertes du boucher qui m’emmitouflaient autour d’un bon morceau, je migrais vers celles plus délicates de la ménagère qui m’emmenait chez elle et on passait un bon moment ensemble.

    Et puis un boudin arriva. On l’appelait main de fer à cause du gant de métal qu’il gardait toujours avec lui. On aurait dit qu’il venait d’une autre planète. Il me surveillait jour et nuit. Et sa pression constante me démoralisa. Il me fit faire la plonge où je n’avais pas pied. Quelle andouille, du papier dans l’eau, c’est censé faire quoi ?
    – C’est pour retirer la graisse.
    – N’importe quoi ! la graisse est insoluble dans l’eau, répondit l’apprenti.

    Et les voilà partis sur une histoire de lard. Je les ai laissés s’expliquer. Je ne sais ce qu’ils fumaient, en tout cas ce n’était pas les quartiers de jambon. Ils se mirent à deviser sur la guerre. L’apprenti étant un passionné de cette période qu’il n’avait pas connue. Je surpris leur conversation alors qu’ils étaient en pause. Leur sujet étant le papier justement, j’attendais d’emballer tranquillement avec une copine et ça me mit la puce à l’oreille, comme un papier qu’on froisse pour le jeter. Main de fer dit alors :

    – Pendant la guerre ils disaient : « papiere ! s’il vous plaît ! Avec leur accent on entendait « pas pire ! »
    En moi, je me fis cette réflexion :  » C’est vrai qu’on ne trouvait pas pire à l’époque ! »
    Ma copine se gondola de rire.

    Les deux compères s’accordaient bien finalement. Ils m’enchantaient de leurs débats croustillants. Et puis il y eut cette crise de la vache folle. Les gens se plaignirent. On n’osait plus manger de la viande. On parla de supprimer cette boutique de quartier. Des gens se posèrent des questions sur la manière se s’alimenter autrement. Le régime carné est-il nécessaire à l’être humain ? Les ventes ont diminué et ils se sont mis à craindre pour leur emploi.

    Main de fer se demanda pourquoi cette vache est devenue folle. L’apprenti qui n’était pas né de la dernière couvée dit simplement :
    – C’est parce qu’on a donné de la viande à des herbivores.
    – Ce n’est pas la vache alors qui est devenue folle, c’est l’homme.
    Leurs discussions devenaient intéressantes. Si c’est comme ça que les choses évoluent, peut-être que je vais me retrouver à ne rien faire aussi. C’est à ce moment-là que j’ai perdu des kilos et que je me suis recyclé.

  5. Beryl Dey Hemm dit :

    ORDURES
    Les papiers gras, Monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ! J’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être subjugués.
    Car enfin, reconnaissez-le : Que seriez-vous sans nous ? Que resterait-il de vos brillantes civilisations sans ces vestiges innocents laissés sur votre passage, sans ces traces modestes de votre réalité ?
    Sans vos papiers gras, Monsieur, vous n’existeriez même pas pour ceux des siècles à venir qui fouilleront vos poubelles et révéleront chaque détail de votre vie en étudiant les reliquats de votre quotidien. N’oubliez pas que vous ne laisserez sur terre que quelques os blanchis, des déjections de nourriture et des contenants dont le plastique sera l’élément le plus précieux pour les archéologues, puisque impérissable.
    Nous, les déchets, sommes matière à science et à ce titre vous nous devez le respect.

    Vous me méprisez, Monsieur ? Vous oubliez donc que j’ai été le matériau premier du plus beau rêve de l’Humanité ? Lorsque l’homme regardait avec envie les oiseaux dans le ciel et aspirait à s’envoler lui aussi ? Alors il imagina des « plus légers que l’air » et je me fis l’instrument de son désir. Moi, le papier gras, je me prêtais à son inventivité sans limite, et à la confection d’énormes ballons qu’il baptisa montgolfières. Pour la première fois il put contempler de haut la terre qu’il habitait.
    Plus tard, il rêva de vitesse, et, au lointain Japon, le modeste papier, graissé pour le rendre plus solide, tendit sa peau translucide sur un squelette de bois sensé imiter les ailes des oiseaux. Les premiers avions étaient nés. Et même si depuis le métal a pris la relève, grâce à la puissance des moteurs, il fut un temps, Monsieur, où les aéroplanes planaient dans le ciel aussi silencieux que les oiseaux. Et c’est à moi que vous devez ce rêve éphémère .

    Mais je vous parle du passé. Pourtant notre esprit d’aventures ne s’arrête pas à l’aube du vingtième siècle. Le papier a eu son heure de gloire. Pour l’instant il patiente, un peu à l’écart.
    La relève est assurée par le plastique, sans démenti le roi de notre temps, ce grand aventurier féru d’explorations improbables qu’on retrouve maintenant partout. Même dans le ventre d’une baleine, où, tel le légendaire Jonas, il s’est introduit récemment. Il se répand ainsi sur tous les continents, et montre dans sa conquête de l’espace planétaire une constance comparable à celle de l’humain lui-même. Après avoir conquis les terres, voilà qu’on le retrouve dans les océans les plus vastes, dans les eaux les plus inaccessibles. Conscient de l’enjeu, pour contrer la montée du niveau marin, il a même entrepris de fabriquer patiemment un sixième continent, flottant donc insubmersible, indestructible par la longévité du matériau, qui hébergera dans l’avenir les espèces vivantes en détresse ! Cela ne mériterait-il pas le prix de l’opportunité écologique ?
    C’est une grande injustice, Monsieur, que celle faite à ce noble matériau !

    Alors, Monsieur, cessez de considérer vos ordures comme des déchets à détruire par tous les moyens !
    Pourquoi voyez-vous d’un si mauvais œil l’entreprise continentale du plastique dans l’océan ? Vous qui pourtant n’hésitez pas à y construire vos plate-formes, pétrolières ou autres ! Est-ce parce qu’il est mobile ? Et que vous faites depuis peu une phobie de tout ce qui se déplace sur la planète de façon incontrôlée ?
    Êtes-vous vexés, vous les humains, de ne pas y avoir pensé tout seuls ?

    Et nous, pauvres résidus de votre vie quotidienne, pourquoi sommes-nous seulement promis à vos horribles fours d’incinération, après un tri discriminatoire qui ne vous honore pas ? Ou à des dépôts isolés, aux frontières de vos villes, en zones de non-droits, où on nous laisse pourrir en espérant nous oublier ?
    Dans les temps passés, n’existaient ni sols en carrelage ni parquets cirés dans la plupart des demeures. On nous jetait sur le sol et nous rejoignions en nous décomposant la terre maternelle. Des siècles plus tard, des détectives patients reconstituaient notre histoire.
    A présent, on nous enferme dans des sacs en plastique et on nous entrepose dans des cuves à roulettes puantes. Avant de nous déverser dans des lieux infâmes loin de chez nous. Ou de nous faire disparaître par brûlage.
    Et nous n’aurons plus d’histoires à raconter à personne. Mais peut-être pensez-vous n’avoir aucune histoire à raconter ?

    En fait, vous nous détestez alors que nous vous sommes aussi familières que vos chiens, chats et canaris, et que nous partageons votre vie.
    Peut-être en savons-nous trop sur vous ?
    Peut-être vous renvoyons nous à ce que vous êtes ?
    Miroir ! Mon beau miroir…

  6. Alain Lafaurie dit :

    Une coquille dans mon dernier envoi :
    Lire Basquiat au lieu de Basquine

  7. Alain Lafaurie dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller.
    J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…
    J’avais soigneusement enveloppé un Big Mac. M’en restaient accrochés des coulures de mayo, une virgule de ketchup et un moignon de cornichon à la menthe.
    Piétiné par un habitué du Mac Do, je me suis accroché à la semelle de ses baskets fluo.
    « Merde, c’est dégueulasse », s’est-il exclamé lorsqu’il a constaté mon intrusion. Et d’un geste brusque de la jambe, il m’a éjecté sur le parvis de La Défense. Une empreinte quadrillée noire s’ajoutait désormais à toutes mes décorations.
    L’espace d’un instant, le spleen m’envahit. Je me voyais finir clouté par la pique d’un nettoyeur et finir à la décharge. Au mieux, je pourrais finir réincarné, recyclé quoi.

    Un coup de vent me fit tutoyer le Pouce de César. Puis, une main délicate me ramassa et devinez quoi. Aujourd’hui, je figure sur une toile en compagnie d’autres détritus plastiques et métalliques du quotidien. À la Foire internationale d’art contemporain, je côtoie les œuvres de Basquiat et Egon Schiele. Si c’est pas la célébrité ça !
    Ceux qui disaient que je souille me contemplent en extase figé dans une touille !

  8. Nadine de Bernardy dit :

    effectivement objets délaissés vous avez tous une âme. merci pour votre commentaire
    Nadine de Bernardy

  9. Françoise - Gare du Nord dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder.

    En effet, me voilà propulsé dans une décharge où je retrouve un tas de papiers gras, mes semblables : Papier Reblochon, Papier Saumon, Papier Saucisson, Papier Graillon, Papier Jambon, Papier Bacon, Papier Gardon etc…

    Je parviens à les gagner à ma cause et nous décidons de créer le Mouvement des Papiers Révoltés dont le but est, entre autres, de retrouver nos lettres de noblesse.

    Mais il faut, pour nous faire entendre, comme nous l’a fait justement remarquer Papier Fromageon, d’autres voix et rallier des forces nouvelles et différentes.

    C’est ainsi que nous contactons les papiers de toutes sortes mais nous nous trouvons, hélas , confrontés à leur refus :

    le papier d’Arménie car il organise une marche blanche en l’honneur de l’icône d’Erevan : Charles Aznavour
    le papier Clairefontaine et le papier brouillon car ils ont cours de physique-chimie
    le papier cadeau multi-sollicité à l’approche des fêtes de fin d’année
    Kleenex, le papier mouchoir cloué au lit avec un rhume carabiné
    le papier Bristol à cause du Brexit
    le papier bulle en audience au Vatican
    le papier d’emballage en plein déménagement
    le papier hygiénique, alias PQ, coincé sur la cuvette à cause d’une dysenterie
    le papier buvard toujours imbibé et en état d’ébriété
    le papier journal en raison d’un bouclage
    le papier Kraft parce qu’Angela a dit « Nein »
    le papier carbone et le papier machine inexistants depuis que l’ordinateur les a rendus caduques
    le papier d’argent toujours en guerre d’egos avec le papier doré
    le papier alu aux fourneaux avec le papier sulfurisé
    le papier tue-mouche englué ne parvient pas à se dépêtrer d’un mille-pattes
    le papier peint dans les préparatifs d’un vernissage
    le papier mâché et le papier crépon trop fatigué ou trop fripé
    le papier millimétré, trop petit, pourrait se faire piétiner
    le papier verre trop abrasif pourrait faire échouer les négociations
    les papiers volés pourraient se faire repérer lors d’un contrîole d’identité

    Alors, malgré toutes ces déconvenues, notre maigre cohorte de papiers gras s’élance en direction de l’Imprimerie Nationale mais, à un moment du parcours, nous nous heurtons, à un immense cortège : celui des Sans-papiers.

  10. isabelle Mantel dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…et hop une petite brise qui ne manquait pas d’air me dépose en pleine face d’un homme bien apprêté sirotant son café sur une terrasse animée. Surpris par ma laideur, il me dégage d’un coup sec et me pose en me froissant énergiquement sur le bord de la table. Son œil ne semble pas engageant. Il me délaisse pendant quelques minutes dans l’attente de pouvoir me livrer au serveur et me faire prendre « perpète » dans la benne à ordure. Quand tout à coup, il découvre une partie de mes lignes dans l’entrebâillement d’une froissure. Intrigué il jette d’abord un œil furtif. Les courbes de mes lettres semblent attirer sa curiosité tout en le dérangeant. Il re-zieute, fronce le sourcil et très discrètement sans me déplacer élargit de ses doigts longs et fins, l’ouverture que je lui offre. Il semble de plus en plus intrigué. D’un coup d’œil, dans un va et vient très rapide, il vérifie que personne ne le regarde. La voie est libre. Les hôtes de la terrasse sont trop occupés dans leur jeu favori. C’est mercredi. Jour de marché. Jour ou tout le monde sauf notre homme trop distingué, alimente de sa brève les ragots du quartier. Il se sent rassuré. Il va pouvoir agir à sa guise. Sans être vu par quiconque individus. C’est alors qu’il m’empoigne de sa main ferme et décidée, pour me déplier et me mettre à nu. Quel coquin. Mes lignes le choquent et certaines ne semblent pas lui déplaire. Vu son allure, j’aurais pu m’attendre à ce que je le dégoute. Bien au contraire. J ai même l’impression parfois de le faire rire. Après avoir découvert et parcouru chacune de mes lignes, il est pris par mon jeu. Incroyable. Encore un superstitieux ou il aime mon humour ! Sans attendre l’homme tire de son veston un stylo à la mine rétractable et en clic en fait jaillir sa pointe. Puis lentement il déflore un espace vierge de ma personne, me caressant de sa plus belle écriture pour inscrire à son tour sa blague la plus grasse, la plus cochonne dans une concentration extrême et faire perdurer ma fameuse chaîne de lettre…« Si tu n’écris pas quelque chose de bien gras, il t’arrivera des jours de vache bien maigre ! Alors montre-moi que tu ne « veau » pas cela…. !

  11. Ophélie E. dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’irrite ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder car mes ailes frémissent.

    J’espère rejoindre Purple, mon amoureux, coincé sous la chaise de la femme buvant son café à la terrasse du restaurant, là juste à deux pas. Plongée dans ses réflexions, elle ne m’a pas remarquée, dommage ! Pourquoi m’accusent-ils de souiller l’environnement ces idiots ? N’ont-ils pas vu que lui et moi avons glissé du carton à dessin de Mélie et que nous sommes des croquis au crayon gras. Ils n’y connaissent absolument rien ces bipèdes qui râlent de marcher dans des chewing-gums indécollables, des mégots non recyclables, des crottes de chien indécrottables. Heureusement, ils me lorgnent en rouspétant, et pas un seul ne m’a piétinée. J’aurais l’air de quoi après ? Il faut dire que j’ai fière allure ; Mel m’a bien croquée et je suis à croquer avec ma robe multicolore et mes ailes de papillon. Une voiture, toutes sirènes hurlantes, passe en trombe devant moi et me projette dans le bac de géraniums ornant la terrasse. La buveuse de café m’aperçoit, se lève et, ce faisant, aperçoit Purple qu’elle ramasse et contemple. Et nous voici réunis dans la vitrine du restaurant où le barman nous a affichés dans l’espoir que Mélie nous remarque.

    Aucun casseur ne fracturera la devanture de cette brasserie car, je ne vous l’ai pas dit, j’ai une baguette magique.

  12. Clémence dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé, j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…

    C’était un bel été. Alors que tous ces potes avaient décidé de migrer vers le Sud, lui avait choisi l’opposé.
    Son choix s’était arrêté sur le Plat Pays. D’après le Guide du Routard, il y avait mille merveilles à découvrir. Et il ne fut pas déçu !
    Le dernier jour venu, il décida d’une ultime visite dans la capitale. Son périple se termina aux Sablons. Et c’est là qu’une sensation de faim gronda dans ses tripes.
    Il consulta son guide. Page cent-quinze, à la rubrique spécial des petites bourses, il dégota une friterie proche et réputée.
    – Va pour la Friture de la Chapelle !
    Après un accueil chaleureux, il partit s’asseoir sur un banc, le cornet brûlant entre les mains.
    Le routard avait dit vrai ! Les frites étaient excellentes ! Blondes et craquantes à l’extérieur , moelleuses à cœur.
    Instants de grâce moult fois répétés : saisir une frite entre le pouce et l’index, la glisser voluptueusement contre la masse tremblotante de la sauce, ouvrir en grand sa bouche, croquer puis laisser les saveurs fondre et exploser contre le palais….
    Un plaisir infini qui fut gâché par un regard terre-à-terre et circulaire. Les pavés étaient jonchés de papiers gras.
    – Dommage, soupira-t-il en partant à la recherche d’une poubelle, cet endroit est si … poétique!

    L’histoire aurait pu s’arrêter sur ces regrets ainsi que sur l’espoir d’un titanesque coup de vent. Mais elle ne se termina pas ainsi…

    Le printemps suivant, ce même individu – Max pour les intimes – retrouva ses potes pour décider de la destination de leurs vacances. Un scénario identique se reproduisit. Tous choisirent une croisière antarctique. Lui, il opta pour une croisière sous les Tropiques. Et il ne fut pas déçu.

    Plages de sable blanc et eaux turquoises. Mais c’était sans compter sur le dérèglement climatique qui donna naissance à un cyclone sans pareil, quelque part du côté de la Polynésie. La nuit fut dramatique. Le voilier ne résista pas.

    Au petit matin, Max se réveilla sur une plage immaculée. Il se leva péniblement, fit deux pas et retomba lourdement. Il rampa pour se mettre à l’abri sous la végétation luxuriante et sombra dans un sommeil lourd.

    Il ne vit ni le coucher de soleil ni la nuit aux milliers d’étoiles. Ce fut la faim et la soif qui le sortirent de sa torpeur au petit matin. Faim à laquelle succéda la panique. Les images tragiques de « Seul au Monde » explosaient dans sa tête.

    Il se mit en route. Jambes flageolantes, poitrine serrée. Il découvrit, non loin de là, un point d’eau. La transporter ne serait pas un problème majeur. Sur le chemin du retour, ses yeux se posèrent sur une noix de coco qui semblait le narguer.
    – C’est ça, lui dit-il, rigole d’un pauvre mec ! ricana-t-il en la ramassant.
    La noix de coco le snoba par un silence rugueux.
    Max s’empressa de se fabriquer un abri de fortune.
    – Fortune, tu parles, Charles! Je vais devoir pêcher du poisson, maintenant !

    Le premier jour, il dévora son poisson cru.
    Le deuxième jour, il le fit rôtir à la broche.
    Le troisième jour, il le dégusta, fondant, cuit sous la cendre .
    Le quatrième jour, il savoura du poisson en papillote de feuilles de bananier.
    Le cinquième jour, au menu : du poisson.
    La semaine qui suivit, du poisson.
    Encore et toujours, du poisson.

    Ses rêves, jusqu’alors pacifiques, devinrent cauchemardesques. Chaque nuit, avec ses potes, il s’asseyait à des tables réputées et savourait mets et vins étourdissants.
    Et chaque matin, les effluves dissipés, Max déchantait amèrement.

    Le temps passait, avec pour seuls repères, des entailles sur un tronc de cocotier. Les cauchemars furent moins luxueux. Max devait se contentait d’un « moules-frites », d’un steak-frites ou d’un boulet-frites,et d’un demi.
    Le réveil en était moins douloureux.

    Mais ce matin, quelque chose avait changé. L’odeur de frites persistait. Max regarda autour de lui et découvrit un papier gras. Il le huma. Frites, sel et piccalilli.
    Il en salivait.
    Il en bavait.
    Il en pleurait.
    Doucement d’abord, puis les sanglots éclatèrent, déferlèrent, le submergèrent et l’étouffèrent. La solitude s’abattit sur lui. Alors, pour la vaincre, il se mit à beugler:
    « Viens il me reste trois sous
    On va aller se les boire
    Chez la mère Françoise
    Viens il me reste trois sous
    Et si c’est pas assez
    Ben il me restera l’ardoise
    Puis on ira manger
    Des moules et puis des frites
    Des frites et puis des moules
    Et du vin de Moselle … »

    Max s’écroula sur le sable blanc, le papier gras serré sur son cœur. Il ferma les yeux.

    « Veux tu que je dise
    Gémir n’est pas de mise
    Aux Marquises »
    Et la nuit l’enveloppa.

    © Clémence.

  13. LABROSSE dit :

    AVIS AUX BLOGEURS :
    Ceci n’est pas une publication juste une petite observation, merci de vos remarques.
    Il me vient une idée insolite. J’écris, il écrit, nous écrivons pour être lu, faire passer un message, une émotion, un ressenti… aussi, il me semble qu’hormis pascal, notre vénéré professeur, chacun de nous espère secrètement recevoir un avis, un éloge, un commentaire sur son texte.
    Cela semble difficile au vue du nombre de textes publiés. Aussi pour remédier à cet état de fait, je me disais que nous pourrions collaborer, en émettant un commentaire et un seul sur le texte suivant sa parution. Ainsi, nous pourrions nous attarder avec une meilleure acuité sur un texte, donner notre avis, encourager, corriger, aider… et ce au petit bonheur la chance de nos publications. Bref un blog participatif. Cela n’est qu’une idée, merci de vos commentaires.

    • Michel-Denis ROBERT dit :

      Bonne idée ! Mais qu’en pense Pascal !

      • Pascal Perrat dit :

        Il suffit de réagir comme vous le faites ici même. Mais positivement. Il n’est pas question de corriger le texte de quiconque. L’apprécier, oui, l’évaluer, non !
        .
        J’invente des exercice de façon à ce qu’ils ne donnent pas l’impression d’écrire, mais de jouer.
        Ils surprennent et emballent l’imagination des participants. Certains exercices rassurent celles ou ceux qui pensent ne pas avoir assez d’imagination ou pas assez de talent pour écrire. Car il est essentiel que tous les participants au blog gardent un souvenir positif et plaisant de cette expérience.
        Mon but est de leur donner envie d’écrire ce qu’il souhaitent et comme ils le souhaitent.
        Amicalement. Pascal

        PS : je réponds directement à chaque personne qui poste un texte sur le blog

        • Ophélie E. dit :

          Bonsoir, Pascal,

          Ce qui fait le force et l’originalité de votre blog est cette liberté que j’ai trouvée de donner libre cours à mon imagination, de sortir de mes retranchements et de rester ébahie de lire la diversité de nos écrits. Vous avez raison, ne changez rien car je ne me vois absolument pas en tant que bêta-lectrice et, qu’en outre, ma spontanéité à écrire s’envolerait. Et, comme vous le soulignez, il n’est pas interdit de donner notre avis sur le fond comme vous le faites si amicalement pour chacun de nous et je tiens à vous en remercier chaleureusement. Les auteurs qui veulent avoir un avis plus pointu sur leur texte peuvent accéder à une rubrique dédiée. Amicalement et à bientôt ! Ophélie

        • Cirroco Jones dit :

          « L’apprécier, oui, l’évaluer, non ! »…Ce qui donne peut-être aux auteurs/autrices à penser que les textes non commentés ne sont pas appréciés…..
          J’espère me tromper 🙂

  14. RysameVdW dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…
    Mais je n’ai aucun regret car maintenant j’ai encore sur mes fibres la douce empreinte des lèvres d’une femme exquise qui m’a tendrement fait glisser sur sa bouche rouge baiser après avoir dégustée cette glace parfum vanille et chocolat.
    Je ressent encore ses doigts fins me presser tout contre sa bouche et tapoter avec délicatesse ses lèvres pulpeuses.
    Que du bonheur, car voyez vous, j’aurais pu être mal traité contre une moustache hirsute ou bien encore et c’est pire, servir de mouchoir à un mouflet enrhumé.
    Je n’étais pas supposé être sur le pavé, mais la serveuse en débarrassant la table dans un mouvement pressé m’a laissé glisser à terre, coup du hasard qui m’évita de finir dans une poubelle.
    Le passage d’une voiture non loin du trottoir provoqua un déplacement d’air et me projetât sous la table.
    Une main d’homme vient de me ramasser et cet étrange individu m’inspecte de tous cotés.
    Etonnement, il ne semble pas avoir de regard irrité !
    Il passe un doigt sur le rouge à lèvre dont m’a fait don la jolie dame et je l’entends murmurer « 06 11 33 2 ? ha zut ! cette tache de crème fraiche me cache le dernier chiffre ! »
    L’homme me plie en quatre et m’ introduit dans la poche de son pantalon.
    Je ne m’envolerai donc point aujourd’hui et qui sait grâce à moi ces deux là se retrouveront ils peut être un jour et mon existance de serviette deviendra le trophée d’une rencontre amoureuse rangé dans une boite à souvenirs.
    Et dire qu’il y en à qui finissent au fond d’une poubelle !

  15. Liliane dit :

    Un papier gras abandonné sur le pavé !
    Je ressens son impatience à vouloir s’envoler.
    Pourquoi l’accuse-t-on de souiller ?

    Un coup de vent n’a pas tardé.
    Armé de ma trottinette électrique, je le suis.
    Je le poursuis.

    Il se dirige vers l’océan.
    Pourvu qu’il n’aille pas rejoindre ses cousins plastique !
    Sa course ralentit.

    J’abandonne mon engin. Fonce vers la plage.
    Sprinte sur le sable mouillé.
    Je le vois se poser avec délicatesse sur un voile.

    Une voile de mousseline abandonné sur le sable.
    Un corps délaissé.
    La mariée était en blanc.

    J’appelle les secours.
    Ne bouge pas. Ne touche à rien.
    Attends. On arrive.

    Je m’assois. Je tremble.
    Trop de silence.
    Pourquoi l’a-t-on souillée ?

    La douleur est trop intense.
    J’étouffe.

    Le papier gras a repris sa course folle.
    Dernière image. Dernier souffle.

    Même l’océan a cessé de respirer.

  16. LABROSSE dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller.
    J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…
    Il me faut fuir au plus vite, je les entends déjà, une armada de grossiers personnages, braillards et haineux.
    Par chance, la bise a pris fait et cause à mon encontre. Elle souffle, me porte et me soulève. Elle tente de me venir en aide. Mais les aléas climatiques et l’anticyclone des Açores lui mène la vie dure. Aussi parfois, elle s’enfuit et je dois attendre dans ma cachette, son prochain passage.
    Eux, les barbares n’ont point de répit, dés que la bise s’absente, les revoilà au combat. Ils vont et viennent, me traquent jour et nuit, en particulier à l’aube. C’est à cette heure matinale qu’ils achèvent la plupart de leurs proies. . Ils vous jettent dans la gueule béante d’un trou noir. Vous mourrez par strangulation, la tête enfermée dans un sac. Une fin ignoble que je ne souhaite à personne. Et aujourd’hui j’ai bien peur qu’il ne me trouve. J’entends déjà leurs mâchoires d’acier claquer dans le caniveau. Mon dieu, priez pour moi, les bourreaux sont de retour.
    Il me faut trouver au plus vite un témoin, quelqu’un qui sera entendre ma tragédie. Il me faut quérir un écrivain, même petit. Je ne ferais pas le difficile, même un auteur auto édité fera l’affaire. Mon histoire ne doit pas finir aux oubliettes.
    Il me semble que vous autres, écrivains en herbe, fidèle adepte du blog de Pascal Perrat, seraient peut être m’entendre et vous emparer de mon histoire. Avec un peu de style, et quelques belles tournures de phrases, pas de doute mon histoire sera en haut de l’affiche.
    Ainsi, Il était une fois un petit papier, multicolore, né des mains d’un célèbre créateur. Dès le mois de décembre, chaque famille, chaque enfant n’eut d’yeux que pour lui. Il brillait, resplendissait d’un éclat sans pareil. Personne n’eut songé à passer noël sans l’avoir à ses côtés. Il se tenait là, rayonnant et malicieux, juste sous les frondaisons d’un joli sapin. Même les familles les plus pauvres, les plus démunis, s’octroyaient sa compagnie. Aussi, même si aucun cadeau ne vint remplir les petits souliers, lui le petit emballage serait toujours là. Il suffisait à l’enfant, au vieillard esseulé, au clochard, au malade, à tous ceux que la vie n’eut point étaient favorables, de voir un instant l’éclat du joli papier pour plonger dans ses souvenirs et vivre une minute, une minute seulement, le souvenir des jours heureux.
    Mais voilà à présent, on jetait un ultimatum, trop de papiers, trop de déchets, même les papillotes seraient illicites. Seul pourrait se présenter le sucre d’orge, le chocolat praliné ou la pâte de fruit mais point d’habits, point de dorures, point d’étincelles. Noël deviendrait le jour de l’austérité !
    Une tragédie shakespearienne. Oui mesdames et messieurs, je vous parle de génocide, le génocide de nos souvenirs. Plus de blagues, plus de magie, juste un craquement boulimique sur la sucrerie dépourvue de charme. Ce fut comme si vous supprimiez la haute couture, si les femmes n’eurent plus de chatoyants habits, juste la nudité, l’effrayante nudité.
    Je suis peut être le dernier de cette ethnie encore vivant. J’ai échappé à mes poursuivants, les islamistes du papier doré. Un clan papyphobe qui réclame la mort par lapidation de tous mangeurs de papillotes. Et voilà on me traque, sans répit.
    Mais je résiste, je ne lâcherai rien, mon ami le vent reviendra comme toujours.
    Alors la prochaine fois que vous vous indignez sur la présence d’un petit papier gras, prenait le temps d’user d’un peu bonté avant de me jeter avec dédain dans votre vide ordure.

  17. Jean Louis Maître dit :

    Sur une musique de Michel Berger,
    Et des paroles un peu… arrangées
    Par Pascal Perrat proposées,
    Vous voudrez bien pardonner ce…

    Papier gras abandonné.

    Devant le Mac’Do, dimanche et semaine,
    Matin, midi, et à toute heure
    Y a plein de saletés qui trainent
    Et ça fait peur !

    Tous les clients qui se ramènent
    Nous donnent avec leurs hamburgers
    Une certaine image du malheur

    Ils ont fait le plein de nuggets
    Ils ont fait le plein de cheeseburgers

    Papier gras abandonné
    Abandonné sur le pavé
    Il a bien décidé d’irriter
    – Tant pas pour sa vie ! –
    Ceux qui l’accusent de souiller !
    Le vent l’aidera à s’envoler,
    Cela ne devrait pas tarder

    Mais lui, il se demande qui il est
    Abandonné,
    Oui, abandonné

    Aucune fille ne l’attend
    Tout le monde lui dit : « Va t’en ! »
    Personne ne le comprend
    Sa vie, c’est d’être malheureux !

    Oh, alors, il s’en va souiller
    Dans la nuit ou bien la lumière,
    Tant puis si ça fait mal aux yeux !
    Et ça fait le vide dans sa tête,
    Oui ça fait le vide dans son cœur

    Papier gras abandonné
    Qui a vécu sans se retourner
    Sûr que le blues est inventé
    Pour lui, cette nuit

    Parce qu’il s’est su abandonné
    Par ceux qui n’ont pas voulu l’aimer
    Qui l’ont jeté sur le pavé
    Alors lui, il se demande qui il est
    Abandonné
    Oui, abandonné

    Tant pis s’il faut payer
    Sans être pardonné

    C’est triste et il le sait
    Que d’être abandonné

    Vivre, sans être aimé
    Vivre, sans partager
    A jamais abandonné
    Vivre, sans partager
    A jamais abandonné
    A jamais abandonné
    Vivre, sans partager
    A jamais abandonné

  18. Emilie Kah dit :

    Que je vous dise d’abord, que je suis victime d’une injustice ! Car enfin, quelqu’un fut bien content de m’utiliser pour protéger ses doigts d’un hot-dog. J’ai fait mon travail, on me doit une certaine reconnaissance. On peut me plier gentiment avant de se défaire de moi. Et bien non : le mangeur de saucisse m’a jeté sans ménagement sur le pavé, après m‘avoir roulé en boule. Notez que je lui suis reconnaissant d’avoir négligé la poubelle du square, je préfère être par terre. J’ai plus d’air. Un gamin m’aperçoit et ne peut s’empêcher de me donner un coup de pied, puis un deuxième et même un troisième : un bon dribbleur. Sa mère lui crie de laisser ce papier dégoûtant. Lui me trouve épatant. Ils sont comme ça, les gosses, ils adorent jouer au football. Voilà ma boule qui se défait, je peux respirer tout à mon aise. Du coup, l’enfant cesse de s’intéresser à moi et je gis, délaissé, dans une allée. Voilà le préposé au nettoyage du jardin avec sa pique. Question d’hygiène et de précaution : on ne ramasse pas un papier sale, on n’y touche surtout pas, on le perce, pire on le transperce, par son milieu, on lui plante une flèche en plein cœur. Quelle cruauté ! Aïe, le mauvais moment est passé. Je respire de mieux en mieux, je flotte, juste retenu par ce méchant outil. Et, il arrive le coup de vent salvateur. Pfitt, je m’envole et j’atterris dans un arbre. J’y resterai jusqu’à mourir de ma belle mort. N’en déplaise à ceux qui m’accusent d’être un pollueur, un « souilleur » !

  19. Grumpy dit :

    A l’origine, nous en convenons tous, le papier est une matière noble n’est-ce-pas ?

    Comment peut-on faire subir le pire affront à cette invention innovante qui fit tant pour l’évolution de l’écriture, de la lecture et de tout le patati et le patata qui s’en suivit.

    Moi, je suis un morceau du papier le plus maltraité d’entre tous. On ne me présente pas en belle feuille lisse aux formats variés, on ne me glace jamais, mais quand il s’agit de me froisser, me chiffonner, me gaufrer, là, y’a du monde, il y a TOUT le monde.

    On me lamine, on me sèche, de l’énorme bobine (le papier journal, il en a de la chance, lui) on me découpe en bande étroite longue, très très longue, large de 10, ajourée de traits de découpage tous les 15. Et me voilà en rouleaux emballés par paquets de 6 ou à la douzaine.

    Le seul agrément de ce traitement est à la base – et je dis bien à la base – parce qu’au final … – c’est que l’on me teint de jolies couleurs (on se demande pourquoi quand on sait comment je vais finir) on m’agrémente de petits motifs, on va même jusqu’à parfois me parfumer.

    Moi, pour être franc, je suis plutôt papier-cul que papier gras, celui-là est d’ailleurs juste dans la catégorie inférieure des mauvais traitements, ex-aequo avec le mouchoir jetable. Je tiens la tête.

    Et bien, à Moi Papier-Cul, il m’en est arrivé une belle, si je m’étais attendu à un pareil coup du sort, la chance de ma vie, et j’en ai fait des jaloux ! Combien de papiers chics auraient payé pour être ce jour-là à ma place.

    Un de mes morceaux avait été lâchement abandonné sur le sol marbré des toilettes du salon des VIP à l’aéroport de Chicago.

    Et qui m’a marché dessus sans aucun ménagement, qui m’a écrasé et m’a fait si mal ? Pour me venger je me suis collé de toutes mes forces à sa semelle. On verrait bien jusqu’où je pourrai tenir.

    J’ai tenu, juste le temps qu’il fallait à ce Monsieur puissant et méprisant pour grimper lourdement une à une les marches de la passerelle de son monstrueux avion fédéral.

    Les gardes du corps tétanisés ont bien vu mais, pas un n’a osé broncher pour tenter de sauver du ridicule ce gros Monsieur aux réactions imprévisibles avec Moi agrippé à son talon.

    Les caméras du monde entier, ravies de l’aubaine, m’ont filmé à loisir et pas qu’un peu, les TV, les Iphones, ont diffusé en boucle les gros plans de ce moment inoubliable, tweeté, re-tweeté, Facebooké, des millions de fois.

    C’est ainsi que j’ai été pendant quelques minutes une star, le premier Papier-Cul à avoir fait, pour une fois, rigoler la terre entière. Si fier d’avoir sauvé l’honneur de ma corporation.

  20. Nadine de Bernardy dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé,je décide d’irriter ceux qui m’accusent de souiller.J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder.
    Enfin gras,c’est vite dit.Juste une petite tache en mon milieu,due à la couenne de ce jambon qui garnissait un casse croûte bon marché avalé en quelques bouchées par un inélégant,avant qu’il ne me jette,roulé en boule,sur le trottoir.
    Depuis,coups de pied,écrasements sous diverses semelles ont été mon lot.Je gis,triste et fatigué attendant un destin meilleur digne de moi.
    Nous sommes en plein été,point de zéphyr,d’aquilon point du tout,je me dessèche au soleil sans grand espoir,quand je sens une ombre qui s’arrête à mon niveau.
    Une main me ramasse,m’examine,m’aplati soigneusement avant de me plier en quatre et me déposer dans une poche où se trouvent déjà quelques trouvailles glanées par ce dénicheur.
    Dans le noir je me balance au rythme de ses pas. Puis immobilité.
    L’on me sort de ma tanière,me pose sur une table,me déplie avec soin.
    Je me retrouve à nouveau plié,mais dans un ordre bien précis afin de me donner une certaine forme dont je ne sais rien.
    Intrigué,je me laisse manipuler par des doigts doux et précis.C’est très agréable et j’en oublie mes envies d’évasion.
    Apparemment le résultat est satisfaisant car on chantonne au dessus.Une main me saisit délicatement,une bouche s’approche de la pointe de ma nouvelle forme et un léger hhaa!hhaa! me réchauffe.
    Un bras prend son élan,me propulse et me voilà filant à travers une fenêtre ouverte vers l’infini.
    Ephémère,léger,gracieux.
    Ca y est je vole!

  21. iris79 dit :

    apier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller.
    J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder…

    Ça y est ! Et bien ça n’a pas trainé. Allez c’est parti ! pousse-moi donc sur le pare-brise de ce quatre quatre. De nous deux c’est quand même lui qui pollue le plus non ? Allez, allons le titiller ! Ah, ah, ah ! OOOOOH . Aïe ! Il vient de piler, ce n’est pas bon pour moi ! Collé sur son pare-brise, je ne vais pas y rester longtemps… Ouille ! Bon je m’en doutais il m’arrache de sa carcasse en rageant et me rejette sans ménagement. On n’en attendait pas moins de ce genre d’individu… Allez me revoilà virevoltant.. Pousse pousse le vent !

    Et me voilà, volant là-haut. Que c’est beau vu d’ici ! Ah et au moins c’est facile de voir ceux qui souillent bien plus que moi ! Tiens là, devant cette maison, non mais je rêve ! Qu’est ce que c’est que cette façon de préparer les poubelles ! Ils n’ont absolument pas trié les déchets là ! Qu’est ce que c’est que ce bazar ! On dirait une décharge sauvage, et devant chez eux en plus, non mais je rêve ! Je m‘en vais leur donner une petite leçon !

    Et le papier se posa discrètement devant la portière de sa voiture. Le propriétaire finirait bien par sortir. En effet, il ne fallut pas une heure pour que ce malotru se dirige vers sa fierté de voiture en mangeant un sandwich énorme. Vu son embonpoint, il n’était pas en capacité de voir en dessous de son ventre ce qui mettait à l’abri le papier gras qui se réjouissait déjà de son méfait :

    -Allez, gros balourd, approche, approche…Viens mon petit !

    Quel plaisir ce fut pour lui de voir les deux pieds patauds s’envoler lourdement après s’être posé sur le fameux papier gras, qui dans cet élan se retrouva à quitter le sol emporté par une brise de plus en plus dynamique. On aurait dit qu’elle s’était fait sa complice et qu’elle y prenait beaucoup de plaisir. Alors à eux deux, ils se firent un temps les justiciers de l’environnement, donnant de bonnes leçons à quelques ingrats et inconscients.

    Fatigués par cette journée mouvementée, ils finirent par se poser sur un banc. La brise déposa le papier gras qui savait qu’il devait à son tour, renoncer à polluer et prendre la décision qui s’impose.

    -Allez petite brise porte moi où je dois aller maintenant. Agissons pour le bien de tous, il n’y a point de geste perdu. Tout compte et l’heure est venue pour moi d’accomplir mon destin. Emmène-moi, s’il te plait. »

    Alors la petite brise se fit aussi douce que possible et souleva le papier gras pour l’amener à sa dernière demeure, parmi les autres papiers à recycler. Arrivé à la déchetterie, elle le déposa délicatement près de la benne où une main d’enfant le ramassa pour le déposer avec les autres. Bientôt, une autre vie l’attendait et cette perspective le réjouissait !

  22. Souris-Verte dit :

    🐀LES PÉRÉGRINATIONS D’UN PAPIER GRAS.
    Après avoir été arbre, je fus papier, puis imprimé, j’ai fait la Une d’un grand quotidien.
    Parcouru avec attention on m’a abandonné sur une table.
    Recueilli par un marchand de marrons il m’a chauffé les lettres auprès d’un brasero.
    Content malgré tout parce-que j’étais au chaud. Là où ça c’est gâté, c’est que sans ménagement on m’a jeté chiffonné sur le pavé.
    Je n’ai pas aimé.
    Ça m’a mis en boule !
    Des gamins en mal de jouer m’ont shooté et envoyé dans un panier.
    Depuis dans ma corbeille je me morfonds.
    Rejoint par un turfiste et un journal de cotation notre pronostic est pessimiste. L’arrivée d’un roman photos. Glamour et joyeux nous a réveillé.
    Que l’héroïne blonde et bouclée est donc jolie ! Succombera-t-elle au charme ravageur du bellâtre qui la courtise ?
    Vite on tourne les pages, ça devient chaud ! Aussitôt le turfiste prend les paris. Va-t-elle… Va-t-elle pas ? Ça nous tient en haleine.
    Mais on ne le saura pas car un sans logis s’en ai saisi.
    Assis sur un banc il s’installe et le lit… Il sourit puis se lève et me choisit dans la corbeille à papiers. Il me prend pour entourer sa bouteille qu’il met avec précaution dans la poche intérieure de sa veste et me serre sur son cœur.
    Pour moi, qui ne suis plus qu’un papier gras c’est une fin magnifique.
    🐀 Souris-Verte

  23. Odile Zeller dit :

    Papier gras abandonné sur le pavé j’ai décidé d’irriter ceux qui m’accusent de souiller. J’attends impatiemment qu’un coup de vent m’aide à m’envoler, ce qui ne devrait pas tarder… Tout de même ce n’est pas ma faute si cet imbécile n’a pas eu le courage de trouver une poubelle. Elle n’est pourtant pas si… mais non y en a plus … retirées les poubelles à cause des attentats. Maintenant ils jettent tout à terre, forcément. Attends, j‘y pense …tout seul je ne suis pas grand chose, discret pas très gênant. Faut s’unir, se rassembler, l’union fait la force, se syndiquer. Ah un trognon de pomme, c’est oui, le mégot puant aussi, un sac plastique … on fait foule et encore un papier et un autre … on fait déjà un petit tas que le ramasseur avec sa petite moto ne pourra plus aspirer avec son entonnoir-suceur. Encore un papier. Allez ma petite dame oui c’est ici. Ça y est elle a compris. Le petit aussi avec son papier de bonbon quelque colle au doigt. Et un ticket de métro usagé … Regardez en une heure on s’accumule en un vrai monticule. C’est pas propre, ça défigure l’entrée du square. On dérange ? Ben oui on n’est pas propre, pas si sale des déchets. On ne demande que cela d’être traités recyclés, utiles. Eh oui les déchets ça peut être retraités … mais ça on n’y pense pas, on nous culpabilise … quoi j’emphase, je grandiloque … ben oui maintenant qu’on est un vrai tas, une montagne, qu’enjeu surplombe le pavé, je ne me sens plus … non pas de ça, pas de vent, ça … eh eh je m’envole, mon tas s’écroule la rue est bouchée par les déchets … vive nous vive nous chantons les amis chantons …. qu’un sang impur quoi trop patriotique? L’internationale ? L’anarchie ? Ça va finir mal … évidemment on va nous incinérer … nous malaxer, avec un peu de chance nous trier … chantons mes amis chantons

  24. Laurence Noyer dit :

    L’agent de la circulation de l’air, l’arrête et lui demande : vous avez vos papiers ?
    C’est la loi, si vous voulez continuer à voler.
    Ce papier voyageur en a vu du pays
    Papier Japon il a plié l’origami
    Venant de Chine il s’est tissé de lin
    En Arménie, il a brûlé des parfums
    En Hollande, il a imprimé à tirage limité
    On se demande ce qu’il a en-tête ce papier !
    Son passeport est-il en papier gommé ?
    Sur figure de papier mâché ?
    Il s’est illustré dans la presse, papier journal
    Puis dans le dessin, papier canson
    Et l’emballage, papier kraft
    On l’a même retrouvé dans une chanson
    Il était dans ses p’tits papiers à l’époque
    Alors, vous avez votre laisser-passer, redemande l’agent ?
    Il avait bien tout un sac de papier
    De l’adhésif, du recyclé et même du millimétré
    Du papier à musique, du papier à poncer
    Mais pas de papier à circuler
    Il a fini sa vie en papier gras abandonné sur le pavé

  25. Camomille dit :

    « Papiers gras mes amis,
    ça suffit, révoltons-nous !
    FINI ce harcèlement et ce mépris !
    nous avons le droit de vivre nous aussi
    nous protégeons jambon, saucisses, etc….
    et nous retrouvons systématiquement
    abandonnés sur le pavé
    contre notre gré… oui ! contre notre gré !
    Alors amis mistral
    viens vite à notre secours
    s’il te plaît… s’il te plaît !
    Et vous papiers gras mes amis
    mobilisez-vous
    revêtez vos gilets jaunes
    rejoignez-moi
    et entrons dans la danse
    tourbillonnons, tourbillonnons
    jusqu’à ce que sarcasmes cessent
    et que justice soit rendue ! »

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