434e proposition d’écriture créative imaginée pas Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs.

Au sens figuré, bien sûr…

Comment est née cette idée

39 réponses

  1. Michel-Denis ROBERT dit :

    C’était l’année dernière sur la brocante de la Saint-Jean. Il s’était installé sur cinq mètres restés libres. D’entrée, ses voisins l’avaient regardé. Ce n’était pas lui qui devait être là. Délibérément, il avait conquis un territoire. On le montra du doigt. Tranquille, dans son costume à queue de pie, sous chapeau haut de forme et son maquillage de mime, il traçait par terre, son domaine en trompe l’oeil avec des craies et des poudres de toutes les couleurs. Quel spectacle insolite allait nous offrir ce personnage ? On pouvait le contempler en train de se préparer. A chaque étape, une grimace et un pas de danse. Quelles surprises pouvaient bien cacher ses deux grandes malles rouge et verte en attente comme deux assistantes sur le trottoir ?

    – Il avait bu !
    – Mais non, il fait toujours le clown. Il provoque pour s’amuser.
    Le propre de sa concentration, c’était justement d’arrêter l’attention sur une création éphémère. En début de journée, la brocante n’était pas chargée. Seuls quelques curieux flairant l’aubaine animaient de loin en loin, attirés par des aimants autour des stands. La chine commençait à débrider les cordons des bourses.

    Les objets les plus familiers aux côtés de vieilleries poussiéreuses exposés sur les tréteaux décoraient la rue face à face. Dans cette grande allée transformée pour un jour en galerie marchande de souvenirs, on aurait pu se croire en visite chez les ancêtres. Des ondes perceptibles rappelaient, tiens, la voisine avait le même fer à repasser, chez nous, on avait le même moulin à café en bois. L’envie de les toucher, et déjà, à cent cinquante mètres, un attroupement bloquait la rue de la République transverse.

    – Je me suis approché avec le soleil dans les yeux. Les rangs serrés m’empêchèrent de m’informer. Vu ma petite taille, je dus changer de place pour profiter du spectacle. J’ai slalomé un peu et je l’ai découvert comme je ne l’ai jamais vu, accroupi en train de dessiner avec ses petits grains noirs, un enclos sur l’asphalte.
    – Un enclos ?
    – Oui, et c’est à ce moment-là que le garde municipal demanda son récépissé de location. Tous les gens autour se mirent à sourire croyant qu’il était un des acteurs. Il ouvrit les pourparlers…
    – C’était crédible, le garde fait du théâtre.
    – Mais le mime Martin, dans sa continuité expliqua qu’il n’avait pas de quoi payer. Avec les gestes, il est facile d’exprimer qu’on a les poches vides. Il les retourna et fit apparaître une pie.
    – Une pie ? Mais ça ne se dresse pas une pie !
    – Il avait réussi, c’est un phénomène. Le garde le somma de s’exprimer par le mode habituel. Mais le mime Martin mimait. Celui-là l’emmena à sa voiture pour faire des vérifications. Martin dit « Stop ! » de la main. Il sortit un panneau de la caisse rouge sur lequel était écrit : « Pie oeuvre en cage ! » Puis, résigné, il suivit le garde.

    Les spectateurs n’en crurent pas leurs yeux, ils les suivirent médusés. A ce moment, toujours dans l’amusement, les témoins voulaient toujours y croire.
    Quand on lui a dit :  » Souffler n’est pas jouer ! », on l’a libéré. Zéro grammes qu’il avait. Du coup, il est repassé au café pour fêter son besoin de s’exprimer. Sur le carrelage, il inscrivit ces quelques mots à la craie : « Plus on me fait barrage et plus mon art mûrit. »
    – C’est un gars qui est toujours franco, sans protection dans l’improvisation et quelques fois ça choque.

    Le soir, quand l’employé de la commune nettoya la place avec son balai, il évita l’enclos dessiné sur le sol, puis par touches l’effaça petit à petit. Il découvrit, inscrit sur le goudron : « Terre à pie ! »

  2. Morel dit :

    Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs

    En vérité, je vous le dis, je suis bien emprunté que d’écrire sur ce sujet.
    Pourquoi me direz-vous ?
    Eh bien, parce que je suis emprunteur, mais pas prêteur.
    Pourquoi me direz-vous  à nouveau ?
    Eh ben, à cause du prix des somnifères !
    Ah ! ?
    Oui, puisque jusqu’à présent, chaque fois que j’ai emprunté, ce n’est pas moi que cela a empêché de dormir, mais plutôt celle ou celui qui m’avait prêté !
    Par contre, emprunter un trottoir, j’s’rai obligé d’le rendre ?
    Ça me laisse songeur, pour ne pas dire pantois !
    La question existentielle par excellence .
    Tiens, en parlant d’existence, ça aussi , on l’a empruntée, et va falloir la rendre ; j’vous l’dis, la vie est d’un ennui !!!

  3. AB dit :

    J’y voyais un signe du destin. Un pari ! Lancé comme ça. Presque impertinent.
    Nous étions un groupe de copains, des quarantenaires et on venait justement d’arroser les 40 ans de Justine. Belle et sculpturale je l’admirais notre Justine. Une sorte de rêve indéfinissable d’être elle, admirée et aimée par son mari. Nous étions une dizaine, certains en couple, d’autres célibataires et heureux de l’être, il y avait même Jérôme et Lionel, ensemble avant l’heure du permissif, presque depuis toujours, je les connaissais ces deux-là, ils n’avaient pas seize ans et ils s’aimaient déjà diablement depuis la première. Ils en avaient parcouru du chemin et maintenant c’est dans la douceur de la reconnaissance de la différence qu’ils coulaient leur amour. Je les enviais aussi, parce que moi j’attendais. J’attendais celui qui me ferait vibrer, follement, irrésistiblement, indécemment. Mes 44 ans avaient sonné et si j’avais abandonné le bonheur d’être mère, le destin ne pouvait plus me refuser ce que j’espérais, l’amour.
    C’est alors que m’était venu l’idée du pari. Juste avant de nous quitter en cette fin de soirée.
    – Si j’arrive à tenir sur le bord du trottoir un pied devant l’autre sans tomber, en gardant l’équilibre, bras parallèles, pendant les 400 mètres environ que faisait le trottoir, ils devraient tous m’offrir un cadeau et dans le cas contraire, c’était moi qui devrais faire un cadeau à chacun.
    A l’intérieur de moi, c’était tout autre chose qu’il se passait. Je m’en foutais de leurs cadeaux et d’en faire aussi. Mon cadeau, il était en train de s’ouvrir, là, maintenant, comme un ruban qui glisse, tout doux, en soie et qui vole au vent, j’étais cendrillon et le carrosse s’offrait à moi. Je me mettais un défi et les autres n’en savaient rien, ils étaient loin du compte, loin de tous mes espoirs. J’avais immensément envie d’aimer et d’être aimée et je défiais mon égo et le destin.
    Le trottoir était situé sur le pont de l’espoir. J’y vis un signe. C’est bête, c’est tellement con d’avoir ainsi des prémonitions. Pourtant, je ressentais un désir infini de réussir quand ils me dirent,
    – Prête ? Allez, vas-y.
    J’étais lancée, bras ouverts, je devais tenir l’équilibre et Dieu sait que les pierres du si vieux trottoir étaient traitres, pointues, creuses. Voilà que presque dix mètres étaient faits, la douleur de l’équilibre se ressentait, il me restait pourtant tant à faire encore. Mais, irrésistiblement j’étais poussée comme une feuille par le vent car au bout, je le savais, je le sentais, je réussirai.
    Devenais-je folle ? Le besoin d’aimer me rendait-il imperceptible à la raison ? Non, non et non. Quel pari idiot et quelle mouche m’avait piquée ? Mais j’étais bien lucide, je tiendrai et je tenais. Je me rappelais mon jeune âge avec mon père, lui me tenait par la main et moi, j’étais fière sur le bord du trottoir, un jeu qu’il m’avait appris et où il avait ce même discours, il s’amusait à me parler pendant mon jeu d’équilibre du fiancé qu’un jour me tiendrait la main au lieu de lui. En fait il était pas si nul mon pari car il remuait le passé et avec cet avenir que je suppliais cela devenait une sorte de tambouille de minuit où tout reste permis.
    Plus que deux cents mètres et j’y suis !
    Les autres à côté me suivaient, me charriaient juste pour me déstabiliser. Il faisait nuit, les lumières devaient refléter mon espoir, la joie que j’avais à tenir car il le fallait, c’était vital. C’était comme si je devais vivre ou mourir. Si j’y arrivais, je trouverais bientôt mon homme, à moi, rien que pour moi et j’aimerais enfin.
    Plus que 20 mètres… Un silence d’église vide résonnait à mes oreilles, les autres ne disaient plus rien. Mes bras écartés semblaient êtres deux bâtons rigides que même la hache ne peut plus casser. Ils tenaient et mon cœur aussi.
    – Manue, tu y es presque. Résiste.
    Quand tout à coup, la sirène des pompiers sortie de je ne sais où me fit tressaillir comme un oiseau tombé du nid et je tombais. A quinze mètres de l’arrivée, je tombais du trottoir, il n’était pas haut, je ne risquais rien mais je perdais, le pari, mon défi et l’ultime cadeau virtuel que j’avais osé m’attribuer.
    Des « oh » de déceptions, des « tant pis » et des tu « y étais presque » n’empêchèrent pas mes yeux de se brouiller pour cacher l’immense désespoir qui m’envahissait mais, déjà le camion des pompiers qui venait de stopper juste un peu plus loin et où une sorte de géant se jetait par-dessus le pont pour vérifier où le malheureux car il s’agissait bien d’un suicide, où le malheureux s’était jeté.
    Je ne compris pas tout d’abord, ni mes amis, nous n’avions pas entendu, trop pris par notre jeu et mon défi alors que, juste à côté de nous se jouait un autre défi bien plus grave.
    Nous attendions, émus et scotchés quand un plongeur se jeta à l’eau. L’autre pompier, le géant vint nous interroger pendant qu’un plongeur était déjà à l’eau. C’est à cet instant, sous la lumière qui était devenue blafarde, que je vis un signe, je le sentis, il s’imprégnait en moi comme le regard de ce pompier, il inondait mon corps, j’avais honte car l’instant était difficile mais je le sentais, c’était mon rendez-vous avec la vie.

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    J’emprunte le trottoir tous les jours jusqu’à l’usure – non, je ne suis pas une péripatéticienne, je l’emprunte donc quotidiennement mais je le rends toujours impeccable – non, je ne suis pas non plus un ramasse-crottes, je l’emprunte vous-dis-je chaque jour que Dieu fait pour apporter de l’argent à l’État – non, je ne suis pas davantage un parcmètre et encore moins une contractuelle.

    Et ma vie est un enfer !

    Rue de la Grande-Truanderie (Paris Ier), je suis dépouillée
    Rue de la Bourse (Paris IIe), je suis spoliée
    Rue des Filles du Calvaire (Paris IIIe), je suis harcelée
    Rue des Mauvais Garçons (Paris IVe) je suis importunée
    Rue de la Contrescarpe (Paris Ve), je suis torturée
    Rue du Four (Paris VIe), je suis huée et conspuée
    Rue Jean Nicot (Paris VIIe), je suis enfumée
    Rue Balzac (Paris VIIIe), j’y perds mes illusions
    Rue des Martyrs (Paris IXe), je suis suppliciée
    Rue Bossuet (Paris Xe), je suis sermonnée
    Rue de la Roquette (Paris XIe), je suis incarcérée
    Rue de Picpus (Paris XIIe), je refuse d’être enterrée
    Rue Jeanne d’Arc (Paris XIIIe), j’ai des hallucinations verbales
    Rue de la Santé (Paris XIVe), je tombe malade
    Rue Pasteur (Paris XVe ), j’ai la rage
    Rue Goethe (Paris XVIe ), je vends mon âme au diable
    Rue Faraday (Paris XVIIe), je m’électrocute
    Rue de la Goutte-d’or (Paris XVIIIe), je m’enivre
    Rue des Fêtes (Paris XIXe), je loupe la queue du Mickey
    Rue du Pressoir (Paris XXe), je suis totalement à sec.

    Telle est la vie pleine de déboires d’un pauvre micro-trottoir parisien

  5. oholibama dit :

    De trottoir.
    Hé Léon , tu vas ou comme ça ?
    _ Salutation Hector, je vais rue Bertier partager le trottoir de Marie. Elle est d’accord pour la journée. Il paraît qu’il va y avoir foule aujourd’hui…un tas de visiteurs du monde. elle m’a dit qui, mais, je m’en souviens plus. Alors…je laisse pas ma place tu pense!
    _ Cela m’étonnerai que tu travail là-bas avec Marie._ Ah bon! Pourquoi cela?

    _Le trottoir est fermé pour toute la journée voila pourquoi!
    _ Ben c’est quoi le problème?
    _ C’est rapport à un accident qu’il y a eu dans la nuit. Il y a eu une bagarre entre la poubelle de quartier et un sac jeter là par des individus masqués.

    La poubelle, elle s’est pas laissé faire tu pense alors, il y en a partout. Le sac s’est défendu aussi, pourfendu il en a laisser traîné partout, des choses infâmes, indigne de ce trottoir et puantes en plus. Vraiment pas très catholique si tu vois ou je veux en venir!

    Marie est furax, son petit coin à elle, elle le bichonne depuis deux belles semaines alors là…elle nous en à servi des vertes et des pas mures. Je pensais pas que Marie connaissait ce genre de mots.

    _Oui da, Marie elle vient de loin tu sais. Elle en a vue et entendu des choses avec les clandestins. Elle est arrivé avec eux et eux, ils se voile pas la face pour sûr. Elle réserve ce gentil mélange pour les jours difficiles. Bon à croire que là, c’en est un. Il y a du monde autour?

    _Oui Léon et pas que du beau si tu veux mon point de vue…Marie elle en mangerait du foin, tu t’es mis en quoi toi ?
    _ Ah ça! Figure toi qu’hier soir j’ai suivi une mère et son fils qui jacassait tellement que je me suis demandais comment elles faisaient toutes ces mères à écouté toute la journée les jérémiades de leurs rejetons qui, leur poses pleins de questions!

    Alors j’ai eu l’idée de ça, t’en pense quoi toi Hector?
    _ Pour sûr mon vieux t’aurais eu du succès avec toute cette ribambelle de visiteurs mais bon, comme ils vont être détournés du secteur, tu ne le saura jamais. Va pas par là Léon , Marie à bouffé du lion et elle grince des mandibules c’est affreux ça grince tellement que Makis braille qu’il faut graissé la poubelle.

    Si tu voyais le trottoir de Marie, la pauvre elle en a pour des jours et des nuits à le remettre en ordre…je la plains.
    _ Ben dis donc Hector et si on l’aidait nous la Marie à remettre son trottoir en ordre comme tu dis hein!

    _ Hummm oui, bah je sais pas, faut voir, qui, qui viendrait d’après toi hein?
    _ Moi, je rameute ma famille les Bousiers ça c’est y faire. Ta famille à toi, les Coccinelles vous êtes nombreux dans ce quartier que ce serait vite fait si vous pouviez en plus demandé de l’aide aux gros Bourdons vos voisins ce serait cool tu vois ça Hector?

    _Ouais je vais voir, mais faut que les deux pattes nettoient avant parce que si la poubelle elle est pas nettoyée, si le trottoir reste tout sale avec les gros trucs qui traînent ben les Bourdons ils voudront pas se salir. Marie va demander l’aide à la famille Rat, eux ils sont forts pour tout déplacé ah ah ah! ça va être la fête sur le trottoir de Marie…tans pis pour ceux du monde on va faire avec les émigrés du coin.

    Je vais voir la famille Frelon, ils nous aideront.
    _ Oh là pas les asiatiques hein!
    _ Ben pourquoi ils sont très forts ces gros là._ Réfléchit Léon,ils viendront ça tu peux en être sûr mais…ils feront bombance…puis ils remarqueront les Frelons, les Guêpes, les abeilles noires d’Afrique, les Bourdons Napolitains, les guêpes de Suède…
    _Ah zut j’ai pas réfléchit …heureusement que t’es là Hector! Marie a besoin d’aide le trottoir c’est sa maison,il faut qu’il redevienne vite fait aussi propre que faire ce peut.

    _Oui da pour que le clébard de Simone pisse sur le carton du vieux Grégoire le cafard, t’en foutrais moi de ce vieux clébard.
    _ Oh là là soit bon Hector pour ce pauvre pékinois, l’a plus sa tête tu sais. Après cette belle concertation, tous le beau monde s’en vint pour donner un coup de main.Le pékinois en fut pour ses frais pas de déchets à se mettre sous les crocs. ..de colère, il pissa contre la poubelle qui, l’envoya boulée plus loin hors du trottoir de Marie.

    Quand les deux pattes revinrent ( après s’être bien goinfré) Ils restèrent comme deux rond de flan le trottoir était presque reluisant de propreté.
    Marie la petite fourmi Africaine passagère clandestine venue à bord d’un bateau avec des émigrés remercia tous le monde en ayant une merveilleuse idée.

    L’idée! Puisque personne ne viendrait foulé son beau trottoir, elle invita ses amis pour faire la fête,juste eux et un peu de nourriture, un peu de musique,de la joie, de la bonne humeur juste pour le plaisir d’être ensemble. Le pékinois ne fut pas invité faut pas poussé non plus.

    Quand le ciel pleure on peut comprendre mais quand le clebs lève sa patte et arrose tous le monde là pas d’accord. Si seulement cette pisse était du nectar ça pourrait finir la soirée en beauté…même pas, ce clebs n’est pas foutu d’apporté quelque chose de bon avec lui.

    Marie et son trottoir fut la reine d’un soir. Demain elle battrait son tapis et viderait son petit grenier car quoi qu’on en dise…demain c’est le printemps et Marie la fourmi ne reste jamais bien longtemps sans nettoyé son petit nid.

    A partir de ce jour et tous les ans, le trottoir de Marie et de sa grosse poubelle reçurent un nombre important d’émigrés et tous s’en retournèrent le coeur empli de joie et de bonheur. Ah rêvaient-ils avoir comme Marie juste un bout de trottoir à partagé les soirs venus avec les amis…que ce serait bien.

    Ben mince pense la Marie…Ils sont zinzin de croire en cela. Moi c’est ma famille qui me manque, le sol chaud de l’Espagne pense t’elle nostalgique, un jour j’y retournerais faut juste que je trouve un fruit, un avion , un deux patte et le tour est joué. C’est beau de rêver non?

    Ainsi va la vie secrète d’un banal trottoir recevant un mélange de vie qui fourmille du matin au soir. ceux qui passèrent devant lui ce jour là furent fort mécontent de ne pas traînés leurs savates sur lui, quoi! mais c’est notre trottoir on y est habitué, rendez-le nous…c’est un scandale titre la une du journal que lit Marie…

    Quoi juste pour une journée les gens ne sont pas capables de faire un petit tout petit détour! Eh bien, elle est belle la vie des deux pattes! Marie à le sourire, son trottoir reçoit de nouveau à toute heure, de jour comme de nuit. Vivement les vacances pense t’elle avec envie. Hector et Léon sont reparti chez eux mais ils l’ont dit à Marie, ils reviendront…le trottoir c’est la vie!
    y-l.
    une idée de Pascal Perrat.

  6. Je suis vieille, d’un âge indéfinissable et je ne sors plus de chez moi. Trop dur, trop fatigant.
    J’ai deux activités que je pratique tous les jours : mettre du vieux pain sur mon balcon pour les pigeons et observer le trottoir d’en face. C’est ma petite folie à moi.
    En ce qui concerne les pigeons, ce sont les seuls êtres qui communiquent avec moi dans la journée. Je ne connais plus personne dans mon HLM, et les gens sont toujours pressés. Alors, moi, je prends le temps de les regarder. Je ne m’ennuie jamais : ça va, ça vient, ça s’en va et ça revient. Tout le temps, par tous les temps. C’est incroyable !
    Observer la rue, c’est comme un jardin extraordinaire ! Qui prend le temps d’observer de nos jours ? Ce n’est pas du voyeurisme, non, ça me plaît ! Ca m’occupe ! C’est comme si je me baladais, je me fais toute petite dans mon coin, sans jumelles bien évidemment, toute en silences mais toute en pensées !
    Le trottoir, c’est mon ami, mon compagnon de route, mon pote, qui m’invite tous les jours. Je vois des milords, se pavanant comme des paons. Je vois des blonds, des bleus, des blancs, toutes les couleurs et toutes les origines. Quand je vois ces jeunes qui mangent leur fast food, ça me donne l’eau à la bouche.
    Le jour où la pluie vient, tout ce beau monde court, affublé ou pas d’un parapluie. Moi, je suis là, sous ma bâche, mais personne ne me voit, je suis devenue invisible.
    Les promeneurs ou les travailleurs sur le trottoir d’en face sont comme des mercenaires de mauvaise humeur, quand le temps est mauvais, prêts à dégainer. En revanche, quand le soleil brille, je peux les voir sourire ou rigoler ; il faut bien rigoler dans la vie !
    Je m’imagine leur vie à tous ces braves gens qui peuvent encore se déplacer sur le trottoir d’en face, leur vie comme une partition de musique, comme une valse à mille temps. Un soir, à la nuit tombée j’ai vu Julie la rousse avec son truc en plumes qui arpentait le trottoir d’en face dans une petite tenue. La pauvre, elle devait avoir froid. Elle me fait toujours un petit coucou, comprenant mon désarroi et ma solitude. Elle est gentille Julie la rousse !
    De mon balcon, j’observe aussi la foule qui manifeste, comme le flux et le reflux de la mer. Ils ont mauvaise réputation ces manifestants ! Les uniformes leur courent souvent après ! On dirait qu’ils jouent au chat et à la souris.
    Je vois aussi l’homme et son enfant, un weekend sur deux, tristes de devoir encore se quitter. Je vois aussi des enfants heureux d’acheter un bouquet de fleurs ou des roses de Picardie à la boutique d’en bas pour offrir à leur maman le jour de la Fête des mères, car ils pensent que leur maman est la plus belle du monde.
    L’été, je vois aussi ce marchand de bonheur, avec son petit camion à glaces. C’est réjouissant de voir le sourire de tous ces bambinos heureux !
    Vous aurez compris, tous ceux qui empruntent le trottoir d’en face sont mes potes. Ils passent sans me voir. Mais, moi, je les vois, et avec eux, c’est comme si je voyageais à Rio. Ils m’appartiennent tous ces gens, sans le savoir. Ils sont mon hymne à l’amour, ils me donnent la force de continuer car ils ne me quittent pas. C’est si bon de les voir tous les jours. Je n’attends personne en particulier. J’observe tout avec des yeux doux, tout doucement, encore plus réjouie au printemps, car sur le grand boulevard qui longe le trottoir d’en face, les amoureux des bancs publics se bécotent.
    Ils me rappellent mes jeunes années, quand j’empruntais le trottoir d’en face pour rejoindre mon amoureux ; j’étais alors comme une jolie fleur. Nous n’étions pas que des amants d’un jour. Lui ne ressemblait à personne, moi j’étais une petite canaille de Paris. Cet amour-là est mort comme on ramasse les feuilles mortes à la pelle l’automne venu.
    Que je suis bien sur mon balcon du trottoir d’en face avec tous ses emprunteurs : tout se mêle, le passé, le présent et le futur !

  7. sylvianne moreau dit :

    Ill avait tapé sur Google « trottoir – location – emprunt ». Il avait envie d’un trottoir devant chez lui. Un grand, un beau, un arboré avec un joli banc. Peut-être pavé à l’ancienne. Il en rêvait. marre de ce pt bout de ciment usé, sale et crotté.
    il avait envie d’espace pour déambuler.
    Google, distrait ce jour-là, avait compris « déboire ». Alors, il reçut des propositions saugrenues pour vivre des déboires. Louer un déboire, emprunter un déboire n’est pas chose facile. Peut-être plus difficile que louer un trottoir. Il n’y prêta pas attention. Il cliqua, accepta ! Amazon lui envoya contre code CB le livre Déboire de J.F Marquet. Ce fut son premier déboire, une déception. Dans ce livre, il n’était pas question de trottoir. Quand Amazon lui débita 250 € au lieu de 35, ce fut son 2e déboire, un évènement fâcheux.
    il décida de sortir et son petit trottoir le nargua. Une voiture était venue se garer le long de son petit portail. Impossible de sortir ! Une nouvelles déconvenue. Il remonta à son bureau. Il tapa : déboire sur un trottoir. Google lui envoya une escort girl le soir même. Elle était bien roulé mais muette comme sa carte bleue désormais. Il ne put utiliser ni l’une ni l’autre. De revers en mésaventure, il sombra certain d’être pour toujours malchanceux.
    Un matin, il se retrouva sur un trottoir. il était large, beau, propre. Il s’allongea sur le banc.

  8. Tous les jours, pour se rendre à son bureau, mon propriétaire me soulève des milliers de fois, sans imaginer une seule seconde, l’horreur que j’éprouve d’emprunter les trottoirs de nos jours.
    Lui ne regarde pas forcément où il met les pieds, il a la tête trop hautement perchée pour s’apercevoir des dégâts ici bas. Déjà, j’ai de la chance quand il me choisit, la belle paire en cuir marron qui annonce que l’hiver arrive à son terme. Quand il me nettoie ou me cire, je jubile en cachette.
    Mais, pas pour longtemps.
    Aussi propre que je suis, je suis contrainte de marcher, inlassablement sur des trottoirs pas très propres, en tout cas, dans notre pays. Je dois éviter tous les obstacles possibles : crottes de chien puantes, bien sûr, chewing-gums collés partout, mégots de cigarettes, parfois encore fumants, déchets ou ordures divers et variés témoignant du désintérêt des gens pour garder des trottoirs propres, des roues d’engins arrivant de toutes parts et dangereuses car je dois les éviter au tout dernier moment.
    A tout instant, je risque d’abîmer mon beau cuir si souple, que j’en transpire abondamment. Que dis-je, de le détériorer, de le détruire !
    Comment réagir à ces déboires, occasionnels certes, sur les trottoirs que j’emprunte, car je ne sors pas tous les jours ? Ennuyer mon propriétaire à ralentir mon pas, et je ne serai plus choisie du tout, et je risque de finir vendue en bien d’occasion, ou pire, donnée à une recyclerie. Je sais que les deux pieds qui m’habitent de temps à autre me siéent à merveille. Nous faisons une belle paire nous deux!
    Comment faire comprendre à cet homme qui m’a choisie dans un magasin haut de gamme que je suis fragile, que je ne supporte plus les odeurs nauséabondes qui me soulèvent l’estomac à chaque pas ! Comment lui expliquer ma souffrance de déambuler à sa guise sur des trottoirs sales, mal entretenus et rentrer crottée, salie et souillée par les extravagances de cette ville ? J’aimerais à me promener dans de belles allées, comme au château de Versailles, déambuler en faisant ma prétentieuse, aux côtés d’autres paires toutes aussi belles les unes que les autres !
    En fait, je sais quel est mon problème : je me suis trompée d’époque ! Je n’ai pas été fabriquée dans le bon siècle ! C’est terrible de constater ça ! Comment faire pour voyager dans le temps et revenir au temps des rois à Versailles, pour me voir décorée de rosettes de ruban, de pierres précieuses, dans un temps où on aurait pris soin de moi ! J’aurais pu avoir des talons rouges en cuir, des boucles, être ornée richement avec des garnitures en dentelle empesée ou avec des pompons. En un mot, j’aurais pu être somptueuse, voire pompeuse !
    Mais, tout cela n’est qu’un doux rêve, une douce illusion, car me croyant irrésistible, je suis malgré tout obligée d’affronter le quotidien du XXIe siècle. Et entre nous, ce n’est pas beau à voir ! Mais, comme ça fait du bien de pouvoir s’exprimer en toute liberté sans être jugée !

  9. Clémence dit :

    Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs.

    Je marche, je ne sais faire que cela.
    Je marche sur la terre, je marche sur les pierres, je marche. Du matin au soir.
    J’ai quitté mon pays et je suis arrivé ici.
    Et je marche.
    Un sac vert au bout du bras, un petit carnet au fond de ma poche. Juste pour l’essentiel.

    Je suis dans une ville. Une belle ville. Je l’ai entendu dire.
    Le ciel est bleu, presque comme chez moi.
    Le soleil tape, pas aussi fort que chez moi.

    Je suis fatigué et je me sens perdu. Je m’arrête. Je regarde autour de moi et mes yeux s’arrêtent sur un panneau jaune sur lequel il est écrit en lettres noires: « Piétons, empruntez le trottoir d’en face »
    J’ai oublié de vous dire. Le français n’est pas ma langue maternelle. Alors, je ne comprends pas toujours ce qui est dit et encore moins ce qui est écrit.
    Et c’est le cas aujourd’hui. Ma main plonge dans ma poche la recherche de mon carnet. Mon index tourne les pages et glisse sur les feuillets. Voilà… Emprunt – borrowing – Dette financière à long terme. J’avais ajouté ces mots : ne pas céder.
    J’en conclus que je devais rester où j’étais. Je poussai un soupir. Au même instant, un type me bouscula. Oh, juste un peu, comme ça. Et nous nous trouvâmes face à face.
    Du coup, je ne comprenais pas ce que la face du trottoir venait faire dans cette rencontre !

    L’homme qui m’avait bousculé me fit un grand sourire et me dit : « Pardon ». Je le regardais, interdit. Il avait la même taille que moi. Une tignasse un peu hirsute, des yeux qui disaient : « J’ai dix ans » et une voix banale. C’est déjà ça…
    On avance, me dis-je. Enfin quelqu’un qui se rend compte que j’existe.

    Et puis, tout alla très vite.
    Il m’attrapa par le coude et me dit :
    – T’es loin de chez toi et tu rêves. Viens, je t’emmène, mais on va d’abord sur le trottoir d’à côté…
    Il semblait s’y connaître ! Je résistais un peu, juste pour la forme. Mais il continua :
    – Quand je suis fatigué, j’vais m’asseoir sur le trottoir d’à côté. Et tu sais, il n’y a pas que moi. Tiens, aujourd’hui, nous serons deux.
    Je ne dis rien. Je me laissais entraîner car je n’avais pas envie qu’il pense que je ne suis jamais content.
    Nous attendîmes que la voie fut libre puis il me dit :
    – On avance, on avance…
    Cet instant me sembla bien étrange. C’est comme si le monde changeait de peau et que bientôt, je serais K.O. Les images défilaient dans ma tête, la foule, des filles, des antilopes …que de mystère !
    – Alors, Théodore, tu viens ?
    J’avais envie de pleurer, de crier « Allo, maman bobo ! »

    Il me prit par les épaules et me dit :
    – Tu n’as plus mangé depuis combien de temps ?
    – Un jour, répondis-je d’une voix lasse alors que mes yeux ne quittaient pas la pancarte jaune aux lettres noires, qui maintenant était de mon côté…juste à la hauteur de ma main.
    – Bidon, me répondit-il. Que dirais-tu de tailler la zone ?
    – C’est comme vous voulez…

    Il m’emmena dans un petit resto. Les conversations allaient bon train, mais stoppèrent quand on s’installa dans un petit coin là-bas, dans le fond de la salle. Il posa sur la table un carnet et un crayon et il me regarda droit dans les yeux.
    – T’as perdu ce que tu aimais. Mais c’est quoi, ce que tu aimais ?

    Je lui racontai mon histoire. De temps en temps, il écrivait un mot.

    Je ne vous en dirai pas plus sur la route que nous avons empruntée, c’est notre histoire.

    Mais ce que je peux vous dire, c’est que quelques mois plus tard, ce fut une déferlante. On n’entendait plus qu’elle. Cette chanson qui parlait de mes antilopes et de moi, qui marche tout bas et qui rêve de son Soudan qui se soulève… rêver, c’est déjà ça…

    © Clémence.

    A celui qui me fait toujours rêver…

  10. iris79 dit :

    Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs.

    Dimanche : comme chaque dimanche, j’emprunte le trottoir côté impair de la rue des oiseaux pour me rendre à la boulangerie située au n°21. Je ne dérogerais pour rien au monde à mon petit rituel hebdomadaire me conduisant de ce pas directement à mon flan coco. Mais je suis contrarié de constater qu’arrivé au numéro 11, le trottoir éventré m’oblige à traverser et me retrouver de l’autre côté pour contourner tout à fait cette plaie béante sur mon chemin. C’est en marmonnant et sans quitter du regard cette verrue dans la rue que je heurte violemment un corps que je ne peux identifier au premier abord. Je lève les yeux alors et je suis happé par un regard vert qui s’excuse d’avoir été là. Je la suis un instant avant qu’elle ne s’engouffre au numéro 20. Envoûté, dérouté et groggy je me surprends à rester hagard comme deux ronds de frites au milieu du macadam. Un klaxon m’extirpe de mes rêveries solitaires.

    Lundi : profitant du beau temps je décide d’aller au travail à pied réchauffé par les premières lueurs de printemps en faisant un détour par la rue des oiseaux empruntant le fameux trottoir. J’ai besoin d’exercice ; les flans coco de l’hiver sont tombés sur mes abdos qui souhaiteraient reprendre forme humaine. Les ouvriers s’activent aux travaux, je les contourne les yeux grands ouverts…vers le numéro 20.

    Mardi : mes abdos se réveillent et réclament leur cure de rajeunissement. Je repars donc à pied, direction la rue des oiseaux, à nouveau. Les travaux avancent bien. Je décide par précaution de traverser la route pour le trottoir pair. On ne sait jamais. Un bref regard vers le numéro 20, ici vit une personne très distraite, distraite et…soyons prudent…

    Mercredi : je décide d’emprunter directement le trottoir pair, je serai moins gênant pour les ouvriers qui s’affairent et j’aurais une meilleure vue sur les travaux qui s’achèvent. La plaie est devenue cicatrice et peut-être dimanche pourrais-je emprunter à nouveau à moitié endormi mon trottoir qui me mènera jusqu’à ma boulangerie.

    Jeudi : revigoré par un corps qui me réclame à nouveau de l’exercice, j’ai abandonné la voiture ! J’emprunte mon itinéraire habituel en prenant bien garde de ralentir à hauteur du numéro 20, on n’est jamais trop prudent. Justement ce matin la porte s’ouvre au moment où j’y passe et mon âme cette fois embrasse cette beauté aux yeux verts qui m’avait fait prisonnier un moment dimanche dernier…
    Elle murmure un bonjour d’une chaleur insoupçonnée, mes abdos se liquéfient, c’est n’importe quoi, juste au moment où ils semblaient vouloir retrouver une certaine dignité.

    Vendredi : j’ai aujourd’hui, dès que j’emprunte mon trottoir habituel, des papillons qui dansent à la place de mes abdos alors je me concentre sur mon torse sur lequel je compte maintenant pour me donner une allure folle, celle d’un type irrésistible. Je croise à nouveau la plus belle créature de cette rue. Après son passage, je traverse la rue en osant un petit saut suivi d’un claquement de semelles, j’adore le bruit de mes pas sur le bitume ! J’adore ces yeux, j’adore cette fille…

    Samedi : Mon nouveau rituel est maintenant bien réglé. Emprunter le trottoir impair puis traverser à hauteur du numéro 14 pour avoir l’air très naturel lorsque j’arrive au numéro 20. Je tombe à nouveau yeux à yeux avec celle qui m’a envouté et je peux maintenant lui rendre son sourire et son bonjour franc et plus beau que le printemps sans avoir l’air d’un idiot, du moins essaie-je de m’en convaincre.

    Dimanche : J’emprunte rituellement mon trottoir favori et je pousse jusqu’à la boulangerie. Je prends 2 flans coco. Incompréhensible pour mes abdos. Je ressors en empruntant le trottoir d’en face, celui qui me mènera au numéro 20. Ce matin, je décide de donner sans retenue mon cœur à celle qui me l’avait emprunté dimanche dernier.

  11. Fleuriet Mireille dit :

    Bonjour ! Aurais-je commis une erreur, j’ai écrit et je ne vois pas mon texte, je vais refaire, alors !

  12. Fleuriet Mireille dit :

    Tient ! Une nouvelle pancarte, ils doivent comme à l’accoutumée encore faire des travaux.
    Je traverse et me cogne à une file d’attente.
    A la personne qui est devant moi, je demande courtoisement :
    Pourquoi cette file ?
    Si vous voulez emprunter le trottoir, il va falloir payer.
    Payer ?
    Oui, c’est nouveau.
    Moi qui souhaitais simplement me promener.
    Vous payerez quand même.
    Ah bon ! On verra bien.
    Arrive enfin mon tour.
    Bonjour Monsieur, je souhaiterais me balader, flâner, aller et venir le long du trottoir.
    Vous voulez faire le trottoir en somme, ce sera 70 €
    Je ne vous permets pas Monsieur, pour qui me prenez vous ? Je ne suis pas celle que vous croyez. Mais, si j’avais été celle que vous croyez, combien VOUS, vous m’auriez donné…
    (sourire).

  13. Michele B.Beguin dit :

    D’où je suis, je ne vois que les chaussures et je compte les paires rouges, car elles sont moins nombreuses et j’aime le rouge. Des talons qui claquent, des semelles feutrées d’un papy en chausson qui font pfu..pfu, les petits pieds vernis d’une gamine qui me fait un clin d’oeil, un chien en chaussettes rouges …. Ah quel bonheur ! Des baskets silencieuses, des chaussures avec des fers qui font résonner le macadam.
    Tous ces gens passent, repassent sans s’arrêter ou très peu, le temps de faire sonner une pièce sans me regarder.
    J’écoute sans lever les yeux vers le soleil brûlant, mes fesses posées sur une couverture., j’écoute ce qui se passe, j’écoute les voix mêlées, j’écoute les sons des Klaxons, les appels, les cris, j’écoute la plainte du trottoir qui subit, presque à pleurer, il craque parfois. Et moi, je suis là comme tous les jours, j’attends… Quoi ? Tout et rien… C’est ma vie.
    Puis un coup de pied fait valser toutes mes affaires. Je lève les yeux « mais qu’il est grand au moins 2 m, il n’a pas l’habitude de regarder ses pieds, il a plutôt la tête dans les nuages au-dessus de tout le monde. » Il se plie en 4 comme un store bateau pour se pencher vers moi et ramasser ce qu’il avait fait voler.
    Il remet toutes les pièces de monnaie dans ma casquette, redresse ma pancarte et lit tout haut « j’ai emprunté ce coin de trottoir que je dois aussi rendre, mais aidez moi à payer ce bout de bitume que j’emprunte chaque jour ». Il la remet en place, en évidence, me sourit, farfouille dans sa poche et dépose dans ma main un billet de 10 €. Comme il avait créé un rassemblement de curieux, ma casquette s’en est trouvée remplie.
    Demain, je l’emprunterai encore avec plaisir.

  14. Alain Lafaurie dit :

    Serveur dans une pizzeria, faute de mieux.
    Pour se donner bonne conscience et soigner leur ligne, les parisiennes bon chic bon genre abandonnent les trottoirs.
    Quand je les débarrasse, leurs assiettes contiennent encore ces couronnes de pâte orphelines qu’à mes débuts je jetais à la poubelle.
    Devant tant de gâchis, je les ai un beau jour récolter dans un doggy bag pour fournir ma grand-mère qui en alimente les cygnes et les canards du Bois de Boulogne.
    Hier, le patron m’a vu faire et m’a carrément viré sous le prétexte fallacieux que je subtilisais de la nourriture. J’ai eu beau lui rétorquer que la dite nourriture finissait à la poubelle, il m’a dit qu’il ne pouvait plus me faire confiance.
    Furieux, je lui ai jeté mon tablier à la figure et en l’insultant je suis sorti précipitamment de ce boui-boui. Sur le trottoir, j’ai dérapé sur une peau de banane !

  15. Blackrain dit :

    Depuis qu’il n’avait plus d’argent il vivait à découvert. Son toit, c’était le ciel. Dés le matin il empruntait à taux zéro le pavé de la ville pour se rendre à la banque, à la banque du bistrot où il n’avait plus crédit depuis longtemps. Comme Jean-Luc était beau et qu’il avait du bagout, le patron l’appelait Jean-Luc de la rue. La rue, il l’empruntait sans jamais la rendre. Ce qu’il rendait trop souvent c’était ses trippes, noyés dans l’alcool du caniveau. La rue était capitale dans sa vie. Sa vie, il l’étalait sur le parvis, sur le parvis de Notre-Dame, de sa dame de cœur. Son cœur, elle l’avait brisé en mille morceaux. Il était mort sous les coups de ses mots, des mots laids pleins d’entrejambes infidèles. D’elle, il gardait le goûte de la bile, un goût qui revenait à tire d’ailes lui redonner des envies de boisson, des envies de poison qui lui brûlait la vie. Bois sans soif il était devenu. Son divin n’était plus que du vin, un vin aigre et bon marché qu’il buvait jusqu’à ne plus pouvoir marcher. Le trottoir, c’était déjà trop tard. Depuis elle, il était devenu bi, bitume et biture, esclave de l’alcool avec qui il s’était mis à la colle. Elle était sa nouvelle compagne, sa seule valeur, son seul intérêt. Pour elle, il n’épargnait pas ses chaussures. Il ne regardait pas leur taux d’usure. Elle le faisait marcher d’une quête à l’autre. Mais au bout il y avait la garantie, la garantie de retrouver une compagne toujours fidèle. En elle il pouvait avoir foi. Du foie un jour il perdrait la vie, l’avis de cet être suprême qui lui ferait rendre l’âme, l’âme arasée par le peu d’envie qui le retenait.

  16. Antonio dit :

    — Vous nous dites que vous l’aviez emprunté pour un taux de 5% sur une durée de 15 minutes, c’est bien ça ?
    — Oui, monsieur le juge. J’avais rendez-vous avec mon avenir, vous comprenez. À 11 heures précises, sur la place Victor Hugo, en haut de la rue. Une femme magnifique, avec qui je comptais bien m’installer, fonder un foyer, enfin, comme tout le monde, quoi. Il était 11 heures moins le quart, c’était le bon moment pour emprunter ce trottoir. J’avais un bel apport. 88 kilos pour 1 mètre 66. J’étais dans la force de l’âge, comme on dit. Je n’ai pas ménagé mes efforts pour relever la pente et honorer chaque échéance, pas à pas.
    — C’est tout à votre crédit.
    — Seulement, je n’en ai jamais vu le bout. Et pour cause, son taux n’arrêtait pas d’augmenter au fur et à mesure que je remboursais chemin faisant.
    — N’aviez-vous pas été informé qu’il s’agissait d’une pente à taux variable ?
    Mais non, m’sieur le juge, j’vous jure ! C’était juste écrit « 5% ». Il n’y avait rien de plus sur le panneau au moment où j’ai contracté le pied pour investir la rue. Seulement à chaque minute, l’échéancier de mon GPS m’annonçait un rallongement de durée avec une augmentation manifeste de déchéance. Je suais comme un bœuf et j’avais les deux pieds dans la merde d’un chien qui avait signé de long en large mon trottoir. Je me suis entêté à poursuivre coûte que coûte, je voulais réussir ma vie, vous comprenez.
    — Oui…
    Seulement, c’était trop dur. J’étouffais. J’ai fini par m’effondrer, sans moyen de me relever. La suite vous la connaissez, j’ai été signalé à la police d’assurance qui s’est payé ma tête avant d’envoyer les services du recouvrement me ramasser sur le trottoir… comme une merde, avec celle de ce chien, collée à mes chaussures.
    — Bien. Et vous espérez que nous annulions une partie de votre dette pour retrouver votre bien-aimée qui a été saisie par votre manquement à votre rendez-vous ?
    — C’est cela. Elle m’en veut terriblement. J’ai besoin d’une deuxième chance. D’ailleurs, à la place, j’ai emprunté à Victor Hugo une lettre d’excuses que j’ai signée de ma main.
    — Bien. Nous allons étudier votre cas. Mais si j’étais à votre place, j’oublierais l’emprunt pour les mots d’excuses. En mots d’amour, mieux vaut sortir du cash.

  17. durand JEAN MARC dit :

    C’est Jojo qui m’a mis la puce à l’oreille. Il voulait savoir combien je payais par mois. Lui, il connaissait la somme exacte à rembourser et pendant combien d’années. Moi, je savais qu’on devait payer pour emprunter l’autoroute, c’est tout. De là à imaginer devoir rembourser l’utilisation des trottoirs, je tombais de de toute ma hauteur de piéton. Ca doit être pour participer à leur entretien, qu’il me dit. Quand je vois, dans mon village, l’exiguïté et l’état de nos trottoirs, j’ai des doutes.

    De plus, je ne me souviens pas avoir signé un quelconque papier, contrat, avec qui que ce soit à ce sujet. Forcément qu’il m’explique Jojo, ce sont tes parents. A la naissance, comme tout le monde, la caisse d’épargne t’a offert un petit pécule, qu’ils disaient. Sauf qu’il ne t’a jamais rapporté quoi que ce soit et qu’ils te piquaient tous tes bénéfices. Les écureuils banquiers, ils s’en foutent. Ils sautent de branche en branche, ou ils prennent un jet pour les sauts plus importants, les sauts d’affaires. Les trottoirs, c’est pas pour eux. Et oui mon gars, déjà tout petit, tu remboursais sur le chemin de l’école. Effectivement, à l’époque, avec tes chaussures à clous et leurs passages cloutés, ça se voyait mieux, ca s’entendait mieux.

    Bon, d’accord, admettons. Ce que je ne comprends pas, c’est comment ils calculent la somme à rembourser et le nombre d’années, là ca me dépasse. Mais non, qu’il me fait Jojo, pour la somme, ils font une estimation d’après ton poids physique et ton poids social. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne sert à rien de tenter de maigrir ou de vouloir rester pauvre, tu paieras la même chose, à vie. Quant au nombre d’années….ils choisissent la moyenne nationale d’espérance de vie. Et ils ne prennent pas de gros risques, puisqu’qu’en général, quand tu as dépassé la moyenne, la plupart du temps, tu n’es plus très apte à user leurs trottoirs.

    Ben dit donc, j’aurai jamais cru çà. Maintenant, je saisis mieux pourquoi, toutes les semaines, depuis plusieurs mois ya des flopées de manifestants qui occupent le milieu des rues et des paquets de policiers qui tentent de les faire remonter sur les trottoirs. Ca a forcément un rapport.

    Je veux, mon neveu, qu’il me fait le Jojo…pourquoi que tu crois qu’is cherchent toujours à envahir les Champs Elysées….as tu vu la taille des trottoirs, là-bas…à tous les coups, ils leur collent une surtaxe.

    Et pis là, Jojo, il dit qu’il en marre de toutes ces conneries et qu’il change de sujet. Il commence à m’expliquer comment faire gaffe aux flaques news, que moi, je croyais juste que c’était une mauvaise prévision météo. C’était un peu long et compliqué, ces explications. Et brumeux, comme les vœux présidentiels en Janvier qui ne font pas arriver le printemps plus tôt.

    Heureusement, il m’a offert un quatrième demi. Je lui ai bien dit qu’il ne fallait pas abuser…que le zinc, il commençait à avoir des reflets argentés… et qu’après pour conduire…hein..!

    Tu t’en fous, qu’il me dit, tu rentres à pied, tu as déjà payé et tu vas encore payer …

  18. françoise dit :

    Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs :
    Faute de ne pas avoir pu emprunter de l’argent pour construire un château en Espagne dont il rêvera toute sa vie, il empruntait des trottoirs sans jamais en tirer le moindre profit car il ne savait qu’en faire. Et un jour que se confiant à un ami qui vendait des livres sur le Boul’Mich il lui dit “Je voudrais perdre la mémoire pour ne plus changer de trottoir quand je croise mes souvenirs.” , celui-ci lui répondit mais pourquoi changer de trottoir ?  moi quand je me souviens des bons et mauvais moments de mon existence, je continue tranquillement sur le trottoir me rappelant ce qu’Oscar Wilde disait «  Nous sommes tous dans le caniveau. Mais certains d’entre nous regardent les étoiles ».

    Bof lui répondit l’emprunteur de trottoir qui traversa le boul’Mich sans regarder ni les étoiles, ni les voitures qui roulaient à vive allure. Renversé et projeté dans le caniveau il fut admis aux urgences de l’hôpital le plus proche.
    Quand il fut rétabli, et compte tenu de son activité précédente on lui donna un emploi de cantonnier.françoise

  19. Souris-Verte dit :

    🐀 STREET ART.

    Pour emprunter son morceau de trottoir bien noir, il avait déjà rencontré un négociateur de virages, mais ce n’était pas pour lui: trop de bruit, trop de passants.
    Il avisa un serre-gens qui peut être en les groupant saurait lui libérer d’un coin de bitume. C’était vital pour lui.
    Ce garçon pas comme tout le monde impressionnait, mais jamais au sens propre non ! Car il était fait de morceaux de couleurs qui donnaient un sens figuré très coloré rien qu’en touchant et les choses et les gens et parfois même rien qu’en y pensant.
    Ce coin de bitume, ce n’était pas pour le peindre mais dans l’espoir d’inverser les tendances. Peut-être qu’en négociant, il accepterait d’absorber ses couleurs et lui prendrait celle de l’asphalte…
    Passer inaperçu était un rêve inaccessible.
    Fatigué, appuyé sur un mur décrépit il constata que sa vie était un enfer…
    Aussitôt le mur s’embrasa de flammes rougeoyantes.
    Un monsieur qui passait par là donna l’alerte…
    Pourvu qu’un psychopompe ne m’aspire pas craignait il…
    Il ne lutta pas, se laissa avaler dans le noir du tunnel et là, il pensa à tout ce qu’il ne verrait plus. Évoqua l’étendue d’or d’un champ de blé parsemé par-ci par-là de coquelicots et de bleuets… La vie quoi !
    Aussitôt, il transforma le quartier en une magnifique campagne juste troublée par le chant des oiseaux…
    Si heureux, il était au ciel.
    Ah! Oui ! Tiens le ciel… Il n’y avait pas pensé… Voilà une toile qui conviendrait à son art.
    Il leva la tête, fixa un nuage qui se mouvait doucement mais… il resta blanc…
    Il attendrait la nuit pour essayer les étoiles… Dans l’espoir qu’une filante lui prendrait la main pour l’entraîner au loin.
    🐀 Souris-Verte

  20. Nouchka dit :

    Chaque jour, j’ai un certain nombre de taches prédéterminées à accomplir. Logiquement, je devrais vivre dans une certaine routine. Les ordres qui me sont donnés sont assez répétitifs comme d’aller chercher à la boulangerie la commande passée la veille au soir ou déposer le courrier dans la grande boite jaune installée à cet effet.
    J’ai été programmé et conditionné pour cela.
    Ce n’est ni fastidieux ni harassant, les charges sont relativement légères même si elles sont parfois encombrantes.
    Comme vous vous y attendez les missions confiées ne se déroulent pas toujours comme espérées. En effet, il y a dans la petite ville où j’exerce, des conditions propres à son histoire. Cette jolie cité médiévale a gardé ses rues pavées, très cabossées avec des bouches d’égout en leur milieu et une absence de trottoir quasi généralisée. Or moi, j’ai été conçu pour suivre les trottoirs et me rendre, dans les meilleurs délais, d’un point à l’autre suivant mon planning du jour. Heureusement ici, la circulation des véhicules motorisés est très règlementée et les piétons sont tranquilles pour observer les maisons à pan de bois et autres ouvrages d’intérêt.
    Et oui, il me faut bien en arriver à la liste des récriminations en dépit de ce contexte idyllique. Je me déplace sur des roues susceptibles de monter et descendre les trottoirs facilement. Mais ici, les creux, bosses et inclinaisons des voies moyenâgeuses secouent ma carcasse continuellement.
    Dans une ville ordinaire, avec des trottoirs bitumés, le déplacement est régulier et les piétons marchent à la même vitesse que moi. Mais ici, je dois stopper ma course, faire des détours et anticiper les mouvements des autres occupants des lieux qui, touristes pour la plupart, s’arrêtent brusquement pour prendre une photo ou regarder la vitrine qui les attirent. Les pires, sont les promeneurs qui ont leur chien en laisse. Ils s’arrêtent éventuellement pour eux mais aussi pour répondre aux souhaits de l’animal qui sent quelque odeur intéressante ici ou là et alors, le maître joue avec la longueur de la laisse à enrouleur sans prendre suffisamment en considération les autres usagers. Enfin, je dois éviter les poussettes pour enfant et les caddies des habitués du marché local. Comment dites-vous déjà : « C’est une vraie galère ! »
    Mon concepteur, un charmant vieux monsieur a pensé à beaucoup de choses mais je ne suis qu’un robot prototype et il faudra encore quelques générations après moi pour éviter de rester coincé entre les lames des grilles d’égout ou sous le carrosse à grandes roues d’un enfant.
    Enfin, pour le moment, je suis seul à me débattre avec les obstacles mais rapidement, nous devrions être plusieurs, voire de nombreux chariots-robots, à nous déplacer sur les trottoirs ou comme ici, sur la rue. Alors, nous serons, j’espère, repérés et qui sait, respectés, pour notre utilité individuelle ou publique.

  21. Ophélie E. dit :

    Gaston, bistrotier de son état, les coudes sur son zinc se languissait d’attendre sa fidèle clientèle depuis qu’un matin une belle enseigne « Bar-Restaurant » était venue embellir la façade de l’ancienne agence immobilière située en face de son immeuble cossu qu’il n’avait jamais eu l’idée d’exploiter davantage. Verser des canons à longueur de journée lui suffisait amplement. Depuis un mois, ses habitués, qu’il pensait être ses amis, se précipitaient chez la belle Huguette, venue d’où ? Nul ne le savait, mais les langues se déliaient et allaient bon train pour dire que… et que…

    Durant ses nuits d’insomnie, il cogitait à n’en plus finir sur son chiffre d’affaires qui s’ingéniait à descendre tel un skieur sur la piste verglacée d’un slalom géant. Pour se rassurer, un tant soit peu, il se disait qu’une fois l’attrait de la nouveauté passé sa pratique reviendrait, la tête basse, prendre son petit ballon de rosé du matin, l’apéro de midi et celui du soir qui l’obligeait à baisser son rideau à point d’heure. Mais que nenni !

    Un matin, n’y tenant plus, il eut la bonne idée d’emprunter le bout de son trottoir. Il y installa tables, chaises, parasols et jardinières de fleurs. Quelques anciens accros à la dive bouteille revinrent, la tête basse, et louèrent sa bonne idée ; Gaston, jovial, s’en frottait les mains de plaisir. Son euphorie cessa brusquement lorsque madame Ursule, mal voyante, s’entrava dans une chaise et alla se fracasser la tête sur un bac de géraniums. Quelle panique lorsque les pompiers la transportèrent d’urgence à l’hôpital !

    Monsieur le juge mit une fin définitive à sa vertigineuse descente avant qu’il n’ait atteint la ligne d’arrivée. Le pauvre Gaston fut condamné à six mois de prison avec sursis pour non-autorisation de mise en danger de la vie d’autrui. Les dommages et intérêts demandés par madame Ursule pour son trauma crânien furent si élevés qu’il n’eut plus que le recours de bazarder son patrimoine au plus offrant.

    Désormais, une magnifique enseigne « Chez Huguette – Hôtel *** » attire de nombreux touristes pour la plus grande joie de la municipalité.

  22. Nadine de Bernardy dit :

    Oyez,oyez braves gens ,la complainte de Grégoire,emprunteur de trottoirs à déboires.

    En ces temps actuels où je divague en semi liberté sur les trottoirs de la capitale aux côtés de ma maîtresse,je me sens menacé,bousculé par des passants au champ de vision limité.
    Depuis quelques années ceux ci marchent en effet tête baissée,les yeux rivés sur des appareils où glissent et tapotent leurs doigts diligents.
    Captivés,ils se déplacent sans voir ceux qui les entourent,traversent à l’aveugle,se heurtant parfois,écrasant quelque étron laissé par mes congénères et leurs maîtres peu scrupuleux.
    Ils semblent parler tout seuls,s’énervent à l’occasion.Bref,une bande de zombis,la nuque courbée comme des esclaves.
    Je me faufile entre ces pieds barbares,tentant d’éviter le collision.Parfois à ma guise,parfois tenu en laisse,je renifle,je lève la patte dans l’indifférence générale.
    Que sont les échanges devenus?
    « Oh!qu’il est mignon! c’est une fille?Le mien c’est un petit gars très affectueux qui ne me quitte pas d’une semelle, hein Oscar? Sauf s’il croise une petite coquine,vous voyez ce que je veux dire? »
    Dorénavant les maîtres se font traîner par leur cabot,le nez dans leur monde,la laisse à la main.
    La mienne,elle n’est pas comme ça,elle fait attention à moi,souffre comme moi de la situation, elle à qui ses enfants avaient dit:
     » On va t’offrir un chien,cela va t’obliger à sortir,à rencontrer du monde »
    Et nous voilà,deux âmes en peine sur notre trottoir,solitaires au milieu de citoyens qui auront, dans un plus ou moins proche avenir, la vue basse et les cervicales démolies.

  23. Laurence Noyer dit :

    Racontez les déboires d’un trottoir emprunteur de troptard

    F. Dard : « Il est souvent trop tôt pour savoir qu’il n’est pas trottoir »
    P. Dac : « Le rythme de la vie moderne ne nous permet pas de nous arrêter un instant sur le trop tard de l’existence »
    M. Duras : « A dix-huit ans, il était déjà trottoir »
    W. Rogers : « Il faut bien qu’il y ait des gens pour attendre sur le trop tard »
    Aragon : « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trottoir »
    P. Delerm : « On se surprend à marcher sur le trop tard, comme quand on était enfant »
    M. Toesca : « Les parents ne découvrent que trottoir, trottoir. Qu’il est difficile de se faire aimer de ses enfants »

  24. Souris-Verte dit :

    STREET ART.

    Pour emprunter son morceau de trottoir bien noir, il avait déjà rencontré un négociateur de virages, mais ce n’était pas pour lui: trop de bruit, trop de passants.
    Il avisa un serre-gens qui peut être en les groupant saurait lui libérer d’un coin de bitume. C’était vital pour lui.
    Ce garçon pas comme tout le monde impressionnait, mais jamais au sens propre non ! Car il était fait de morceaux de couleurs qui donnaient un sens figuré très coloré rien qu’en touchant et les choses et les gens et parfois même rien qu’en y pensant.
    Ce coin de bitume, ce n’était pas pour le peindre mais dans l’espoir d’inverser les tendances. Peut-être qu’en négociant, il accepterait d’absorber ses couleurs et lui prendrait celle de l’asphalte…
    Passer inaperçu était un rêve inaccessible.
    Fatigué, appuyé sur un mur décrépit il constata que sa vie était un enfer…
    Aussitôt le mur s’embrasa de flammes rougeoyantes.
    Un monsieur qui passait par là donna l’alerte…
    Pourvu qu’un psychopompe ne m’aspire pas craignait il…
    Il ne lutta pas, se laissa avaler dans le noir du tunnel et là, il pensa à tout ce qu’il ne verrait plus. Évoqua l’étendue d’or d’un champ de blé parsemé par-ci par-là de coquelicots et de bleuets… La vie quoi !
    Aussitôt, il transforma le quartier en une magnifique campagne juste troublée par le chant des oiseaux…
    Si heureux, il était au ciel.
    Ah! Oui ! Tiens le ciel… Il n’y avait pas pensé… Voilà une toile qui conviendrait à son art.
    Il leva la tête, fixa un nuage qui se mouvait doucement mais… il resta blanc…
    Il attendrait la nuit pour essayer les étoiles… Dans l’espoir qu’une filante lui prendrait la main pour l’entraîner au loin.
    🐀 Souris-Verte

  25. Christine Macé dit :

    Selon la définition trouvée en ligne, « emprunter » signifie « prendre ailleurs et faire sien (un bien d’ordre intellectuel, esthétique…). »
    Emprunter un bout de trottoir, serait-ce vraiment possible ?
    J’interroge à nouveau mon ordinateur qui me propose une « simulation en ligne rapide ». A ma grande surprise, il existe bien une rubrique « trottoir ». Reste à indiquer la durée souhaitée : horaire, journalière, mensuelle voire annuelle. En face des cases à cocher, les tarifs.
    Une promo attire mon attention : « Tarif préférentiel ce samedi sur les Champs… » Je choisis un bel emplacement : 25 mètres de long, avec caniveau et bordure A2 classe T, un vrai luxe ! Le règlement effectué est automatiquement enregistré dans mon téléphone, il suffit de me rendre sur place le jour voulu. Fastoche !

    C’est une belle journée et je sors, tout guilleret à l’idée d’en profiter jusqu’au soir. Emprunter un trottoir est devenu très tendance de nos jours : apparemment, le quartier attire du monde.
    Soudain, un bruit assourdissant, de la fumée, une marée jaune qui reflue et nous oblige à faire marche arrière…

    Je n’atteindrai jamais mon but. Pascal avait prévenu « les déboires d’un emprunteur de trottoir… » !

    Bon samedi, Christine

  26. Jean Louis Maître dit :

    Trottoir

    Voilà c’que c’est de boire  !
    Quand j’suis rentré hier soir…
    – Enfin, plutôt, c’matin…-
    Je vous jure, y avait rien  !
    Et là, à pas y croire,
    – Ecoutez mes déboires – :
    Le long de mon jardin,
    – Ah  ! c’quej’ai mal aux crins  ! –
    Il y a un bout de trottoir
    Qu’était pas là, hier soir,
    – Enfin, plutôt, c’matin… –
    J’vous jure, j’y suis pour rien  !
    Emprunter les trottoirs  !
    – Moi, je veux pas d’histoires  ! –
    C’est pas mon verre de vin  !
    Alors,
    J’ai besoin d’un coup d’main
    Pour ôter ce bazar
    Avant qu’il n’soit trop tard.
    Car, si ma femme revient,
    Je suis dans le pétrin…
    A moi, les regard noirs,
    Les misères, les cauchemars  !
    Je l’attaque au burin…
    – Pas ma femme  !, le machin  ! –
    A grand coups de boutoir
    Je le vire dare-dare  !
    Travail herculéen  !
    En plus, je suis à jeun  !
    Allez, un coup d’pinard,
    De gingin, de nectar,
    Et j’ repars au turbin  !
    Avant la Saint Glinglin,
    Je vire ce trottoir
    – Avant qu’il n’soit trop tard… –
    Emprunté, par hasard,
    Et j’repars au plumard  !

  27. Emilie KAH dit :

    « Emprunter le trottoir d’en face », en voilà une idée q’elle est bonne ! Il n’y en a pas ! Le trottoir qu’on m’invite à quitter contourne un rond-point. Le centre d’un rond-point n’a pas de trottoir. Il n’en n’a jamais ! Peut-être que tout le centre est le trottoir ? On m’invite à traverser, je traverse donc en essayant de me souvenir des règles de circulation pour emprunter un rond-point. Je clignote de l’oreille gauche et je m’élance dans le flot des voitures. Symphonie désaccordée d’avertisseurs de toutes sortes : klaxons et voix scandalisées, voire injurieuses de tous ceux qui ont emprunté le rond-point. Apparemment, ils n’ont aucune envie de le rendre. Il est à eux. Il n’est qu’à voir avec quelle obstination ils tournent autour. Je tourne aussi, dans le même sens qu’eux, sur le gazon central, à l’affut de la prochaine pancarte « Empruntez le trottoir d’en face » pour retraverser. Il n’y en a pas.
    C’est alors que je remarque des panneaux « Emprunter la prochaine sortie ». Sont-ils pour moi ou pour les voitures. Il y en a à chaque sortie. Les voitures seraient condamnées à tourner sans fin ? Pour quel intérêt ? Quel est le taux de tous ces emprunts d’abord ? C’est bien joli d’emprunter, mais après il faut rendre. Je m’affole : les voitures tournent sans pouvoir emprunter aucune sortie, elles ont bien de la chance, elles limites les frais. Mais moi, moi, j’ai obéi : j’ai emprunté un rond-point. Par ces temps de Gilets Jaunes, ce n’est pas très malin. C’est bien ma chance, les voilà avec leur pancarte «Rendez-nous nos ronds-points ! » Vous voyez la situation du gugusse! Je vous entends rire, ce n’est pas très charitable. J’ai emprunté le centre d’un rond-point que les voitures ont emprunté sans pouvoir emprunter aucune sortie. Résumons nous : les voitures devront rendre la chaussée du rond-point et je suis sommé d’en rendre son centre. Quand nous aurons rendu tout cela, que restera-t-il ?

  28. Camomille dit :

    Racontez les déboires d’un emprunteur de trottoirs.

    – C’est combien l’emprunt ?
    – Ca dépend… ça dépend de ce que vous voulez en faire et ça dépend de la durée de l’emprunt… mais faut faire la queue.
    – Ah ! OK….
    – AU SUIVANT !
    – Bonjour…moi c’est pour une ½ heure SVP. C’est combien ?
    – C’est pour quoi faire ?
    – Me promener, SEUL…TOUT SEUL !
    – Difficile, mais je vais m’arranger : ça fait 50€
    – OK !
    – AU SUIVANT !
    – Bonjour… moi c’est pour pisser sur l’asphalte en dessinant une fleur,
    – OK… mais vous passerez en dernier – ça fait 70€
    – AU SUIVANT !
    – Bonjour…moi c’est pour un RDV amoureux,
    – ?
    – Ben, elle m’a dit « étonnez-moi », alors je veux l’étonner sur un trottoir car personne ne l’a encore fait. Il me faudrait 1 heure SVP,
    – Bon….je vous bloque en 3éme position. Ca fait 100€
    – AU SUIVANT !
    – Moi, c’est pour une réclamation !
    – ?
    – la semaine dernière j’ai emprunté ce trottoir pour 1h1/2, et pour faire une rencontre. Ca m’a coûté 80€ et j’ai rencontré personne.
    – Mais chère Madame, pour les rencontres fallait emprunter le trottoir d’en face….
    – Mais fallait me le dire alors !
    – Et vous ? il aurait fallu formuler la demande convenablement, c’est tout… j’ai cru que c’était une rencontre avec vous-même que vous recherchiez, car voyez-vous, c’est particulièrement demandé en ce moment…. je peux pas tout deviner si vous même n’êtes pas précise.
    – Ça va…ça va… vous fâchez pas!
    Vous faites quoi ce soir ?

  29. Janine dit :

    Promis, juré, je vous le rendrai votre trottoir ! Je ne fais que passer. Je veux juste aller à la boulangerie du coin acheter des croissants pour ma chérie qui m’attend sous la couette. C’est notre récompense, le petit déjeuner du samedi matin. Je ne vous en dirai pas plus… Alors vous vous doutez bien que je suis pressé et que je ne vais pas traîner. De plus, j’ai l’habitude de rendre ce que j’emprunte !

  30. Odile Zeller dit :

    Et de deux … hors sujet ?

    Emprunter le trottoir, un chemin, une destination, une route … pour la rendre, pour qu’ils me fassent payer une taxe comme sur les autoroutes, jamais. T’as vu sur les panneaux des autoroutes y a pas emprunter … tu penses … sont pas fous ! Je prête rien, j’emprunte rien … je suis honnête moi, pas comme eux, toujours à mettre la main à notre poche. Je veux rien avoir à faire avec eux, les richards, les banquiers, les cousus d’or et de papiers. Emprunter à taux zéro qui disent. Ça coûte toujours, sont des as dans l’enfumage, moi je vous le dis … quoi j’ai bu, moi j’ai emprunté le trottoir, un petit bout de l’impasse, le pont et l’escalier et un coup de rouge à mon pote … leur prendre un bout de leur macadam tout sale et bien pollué. Je suis pas fou moi. Faudrait leur rendre … porter leur sale machin jusqu’a la voirie … je suis pas assez costaud et surtout entre les crottes de chien, les papiers gras, les restes des manifestations du samedi … ça pue grave leur machin. Z’imaginez pas …que je leur prenne un gramme de … ils me fouteraient au trou pour …. vol, vol aggravé … j’emprunte rien, jamais. Même clochard, on a sa fierté, on accepte les dons, tous les dons, même les trucs inutiles … et on dit merci, on achète, on resquille un peu mais on emprunte pas, jamais on a ses règles quand même, faut pas croire … on emprunte jamais, jamais … parce que leur rendre on pourrait oublier

  31. Odile dit :

    Texte d’odile Deuxième essai

    Charles Denis Simard de Gaspe en Gaspésie, fraîchement débarqué de la belle province, marmonna : ça n’a pas d’allure… où crois-tu, toi, qu’ils vont percevoir quatre sous, ces gens-là ? J’y vois rien qui soit un releveur de taxes. Y a rien pour percevoir. On va ti pas leur prendre leur trottoir. Ça n’a pas d’air tout ça. »
    Charles Denis vira à gauche des qu’il put … dans une petite rue et faute de repères dans l’entrelacs de ruelles sinueuses, il se trouva perdu. Ça l’achalait vivement tous ces carrefours. Malgré les avis de ses amis il aurait pas cru que ce serait vraiment aussi pire. Pas question d’emprunter un autre chemin il n’avait en poche que des dollars et sa carte plastique ne jouait pas icitte. Comment faire ?
    Il avisa un autre piéton comme lui. «  Hello bonjour, vous sauriez pas me dire ou c’est que je pourrai acquérir un sous marin. » La dame le regarda d’un air étrange et réfléchit longuement : «  je vois bien que vous n’êtes pas d’ici … » Pour sur, il n’était pas de la place … mais sans cette histoire il n’aurait pas viré à gauche et serait déjà à table mais là sans plan et sans marque, avec des placards de rue qui changeaient à tout heure il fallait quelqu’un pour le chauffer.
    Elle lui sourit … «  posez votre sac et … je vais … »
    C’était bien ça … il allait lui déballer son souci . Astheure il avait vraiment de la misère et fallait au plus sacrant qu’il déjeune. Un café et des rôties …
    Elle regardait son gros sac, la dame… il voulait pas bargainer mais il avait …
    Un quidam s’avançait l’air Big Shot …
    Allô … alors t’as de la misère … c’est ça … c’est bien correct ? Y a pas de cabane à sucre par ici mais …
    Charles Denis se sentit chaud au cœur … et trouva rapidement un cabaret pour y placer deux cafés américains une tartinade et un sandwich… les deux compères se bécotèrent et dégoisèrent de tuques, de caribous et de construction dans de grands rires ….

    • Odile dit :

      Ça a marché … je sais pas si la version une va passer … trop tôt ? Trop fast … ch’sais pas et peut être habillé comme la chemise à Jacques !

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