446e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant

Vous êtes invité (e) à inventer la suite

Cette idée vient d’une réminiscence de mon enfance

25 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Dès ma naissance, la tristesse me donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant, alors que je ne lui avais pas lâché la main, nous faillîmes périr tous les deux dans un accident de vitesse causé par l’effet conjugué du whisky, de la cocaïne, de la vitesse et de la jeunesse d’une automobiliste complètement frappadingue.

    Un charmant petit monstre, certes, mais cocaïnomane, alcoolique, fantasque et totalement imprévisible, qui brûlait sa jeunesse par les deux bouts.

    Mais moi, je n’avais pas envie de finir ma jeune existence dans un platane, fut-ce dans une Aston-Martin à 160km/h, sur une route, communale, départementale, nationale peu importe, mais qui s’avérerait à coup sûr fatale.

    Sans compter la célébrité tapageuse qui me commençait à me peser. Je décidais alors de déguerpir, sans me préoccuper une seconde de ma compagne

    Je rencontrai alors un Américain, mature, que je pensais plus sensé et plus pondéré. Hélas ! La malédiction pesait sur moi. Souffrant d’hypertension et de diabète, impuissant, bipolaire, à moitié  aveugle, il se fit brûler sa cervelle tourmentée un matin de juillet 1961 dans l’Idaho.

    J’avais frôlé deux fois la mort. Il me fallait pour sauver ma peau fuir pour toujours le monde des Lettres, changer de vie, de nom, et s’il le fallait, de pays et de langue.

    Je déguerpis pensant trouver ma place dans la presse et la nouvelle génération des Yé-yé mais les couettes tout comme les cheveux longs me chatouillèrent le nez et leurs fadaises me hérissèrent rapidement le poil tout. (1)

    Je tentais ma chance en Italie, dans la chanson et l’insurrection, mais je m’aperçus que là aussi je risquais ma vie à chaque instant. (2)

    Je traversais la Manche pour une incursion dans le monde du cinéma mais le mélo n’était pas pour moi. (3)

    Heureusement, je maîtrisais la langue de Shakespeare et émigra au Japon pour me réincarner en une poupée. Mais le rose et la mièvrerie me donnèrent la nausée (4)

    Je fis le tour du monde me métamorphosant en Hallo, Buenos dias, Kaixo, Hej, Olà ? Saluton…. La schizophrénie commençait à me gagner et je n’avais toujours pas trouvé ni la sérénité ni ma vocation.

    Mais je ne vais pas user de faux fuyants, la vie avec ma Fanfan, ma bonne Fanchon, ma vieille Françounette me manquait. Mon cœur battait la chamade à l’idée de la revoir

    Je retrouvai une femme fardée, de multiples bleus à l’âme, et ses éternels yeux de soie.
    Je me vouais à être son garde du cœur, lui apporter un peu de soleil dans l’eau froide, un certain sourire après un chagrin de passage ou de merveilleux nuages après un orage immobile.

    Mais ce n’était pas un sang d’aquarelle qui coulait dans ses veines : le lit défait, un profil perdu, le miroir égaré, la musique déprimante de Brahms qu’elle aimait tant et tout le reste…

    Je ne savais jamais quand tout cela finirait, dans un mois dans un an mais, de guerre lasse, je décidai de ne plus la quitter et de rester pour un matin, pour la vie, avec la fidélité d’un chien couchant

    C’est avec tristesse, ma première compagne, témoin de mes jeunes errances, celle qui me prit un jour la main que je décidai de traverser le reste de sa vie..

    Signé « Bonjour »

    (1) Salut les copains
    (2) O bella ciao
    (3) Au revoir Mr. Chips
    (4) Hello Kitty

  2. françoise dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant, alors qu’il avait dix ans et qu’il attendait que les feux passent au vert, il sentit que celle-ci distraite lui avait lâché la main. Sans réfléchir il traversa le boulevard des Invalides et fut renversé par une voiture. Quand il sortit d’un long coma, il fut surpris d’avoir deux mains avec chacune cinq doigts, libres de toute entrave.
    Il sauta du lit, mit son index dans le pot de confiture et le lécha goulûment, attrapa la queue du chat de la mère Michel qui passait par là, mit son petit doigt dans sa narine gauche,en sortit une crotte qu’il avala avec gourmandise.Puis s’étant habillé il partit à l’école les bras ballants.Lors des cours Il leva en vain deux trois fois la main pour être interrogé De guerre lasse, il la mit dans sa poche où il trouva un carambar qu’il dégusta. La maîtresse pour le punir frappa ses doigts avec une règle. Derrière son dos il lui fit un bras d’honneur ce qui fit rire ses copains de classe.
    Le soir au dîner sa mère lui servit de la soupe à la grimace et le priva de dessert.
    Les années ont passé. Il est devenu agent de police affecté à la circulation.Une de ses prérogatives est de faire traverser les enfants sur les passages cloutés à la sortie des écoles…..

  3. Clémence dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant…

    Ce matin, Jules se réveilla avec l’impression d’avoir une gueule de bois. Il fila vers la salle de bain et plongea sa tête dans l’eau glacée, puis, prit une douche.
    Il se sécha vigoureusement et tout à coup, un bien-être l’envahit. Il soupira d’aise. Il était d’attaque pour affronter l’épreuve du jour.

    Après un petit déjeuner rapide, il enfourcha son vélo et se rendit au bahut. Tout en admirant le paysage, il se demandait ce que serait le sujet du jour et surtout, par qui il avait été concocté.
    La petite bonne femme à la coiffure à la Mireille Mathieu ? Le grand dégingandé à la chevelure rousse et hirsute ? Le brinquebalant aux oreilles décollées ? A moins que ce ne fut le beau mec à la gueule d’ange ? Ou l’autre, le rêveur, celui qui semble être toujours ailleurs…

    Enfin, Jules arriva au bahut, bloqua son vélo sous le préau et cadenassa son engin. En sifflotant le Choeur des Bohémiennes de Verdi, il se dirigea vers la salle d’examen. Il se sentait bien et il ferait un carton, à coup sûr !

    Il balaya la salle d’un regard blasé. Sa place, celle de ses potes et ce que la fenêtre lui révélait. C’était très bien ainsi.
    L’enveloppe cachetée arriva sur sa table. Il l’observa longuement puis l’ouvrit. Il n’en crut pas ses yeux ! « Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois pourtant… » Comme s’est étrange, se dit-il, c’est un peu cette émotion que j’éprouvais à mon réveil.

    Jules installa ses affaires selon son rituel. Par ordre de grandeur.
    Il s’empara de ses feuilles de brouillon et laissa courir son crayon. Et les idées surgirent, comme par magie. Mais il s’avéra que le choix serait extrêmement difficile. « Choisir, c’est mourir un peu, non ? »

    Tristesse.Alfred de Musset.
    «J’ai perdu ma force et ma vie,
    Et mes amis et ma gaieté;
    J’ai perdu jusqu’à la fierté
    Qui faisait croire à mon génie. » 
    Jules se remémora rapidement sa biographie. Musset ne pouvait se plaindre que la tristesse lui eut donné la main pour traverser la vie. Seule sa fin de vie, marquée par l’alcoolisme, l’oisiveté et la débauche, pouvait prétendre à la tristesse.

    Jules passa à la ligne suivante.
    Tristesse. Chopin.
    Lui non plus n’avait pas de quoi inscrire la tristesse à sa ligne de vie, bien qu’il fut de santé fragile. Il mourut – jeune- entouré de ses amis.
    Tristesse…oui, mais sublime !
    Que dire de plus, sinon, l’écouter sous un ciel étoilé. Et s’émouvoir de la reprise par Gainsbourg.

    Jules leva les yeux… les aiguilles commençaient leur course folle. Son regard se posa sur la chaise vide du surveillant.

    Van Gogh !
    Le vieil homme triste. Assis sur une chaise de paille, le dos voûté, le visage entre les mains. Pour lui, certainement, la tristesse lui avait donné la main dès sa naissance.
    Vincent. Lui aussi pouvait se targuer que la tristesse lui avait donné la main…et , pour finir, l’avait même armée d’un pistolet.

    Jules se tortilla sur sa chaise. Il n’allait tout de même pas se résoudre à scribouiller quelques lignes de biographies pleurnichardes pour traiter le sujet du jour !

    Il se sentit tout à coup submergé par une vague de tristesse. Il était effondré. Sa créativité le lâchait. Traîtreusement !

    Comme ce vieil homme triste, Jules enfouit son visage dans ses mains et tenta une ultime évasion artistique.
    La première image qui le percuta le foudroya.
    La Pietà.

    C’est la fin pour moi. Plus la moindre étincelle de créativité et la tristesse m’anéantit.

    Jules dessinait des arabesques lorsqu’il ressentit une douleur fulgurante. Il porta sa main sur son coeur. « Albertine ! Albertine ! L’Astragale…Mais c’est sûr ! Le sujet était fait pour elle !»
    Un deuxième éclair frappa Jules et le nom de Sagan déchira l’espace.

    Jules s’ébroua et regarda l’horloge au moment où la sonnerie creva le silence.

    Il eut juste le temps de griffonner au propre : « Bonjour, tristesse »

    Jules se leva lourdement, déposa son enveloppe sur la table et s’en alla en murmurant : « ….Une fois pourtant, ma créativité m’a lâché »

    © Clémence.

  4. oholibama dit :

    Lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois,pourtant…
    Je me souviens de ces jours ou jeune femme, j’étais assise derrière mes parents lorsqu’un fou du volant, nous percuta sur le côté.

    La voiture fit plusieurs tonneau et moi, je pensais stupidement que ma seule journée de plaisir, venait encore d’être gâchée. Je voyais le regard fou d’angoisse de ma mère, celui de peur intense de mon père puis… l’horreur total. Un bruit dément, un craquement,un embrasement puis…plus rien…le néant.

    Je m’éveille dans la douleur, je respire et le mal m’attaque de toute part. Un bip résonne, des pas précipités se font entendre. Une voix douce m’interpelle: »enfin Mademoiselle Frest vous voila de nouveau parmi nous, ne bougez pas je vais vous aider. »

    Quoi! Pourquoi dons ne puis-je bouger? Oh le retour de flamme me percute de plein fouet. Je croasse: » Mes parents? » L’infirmière se tend, elle me murmure
    _Le médecin va passer il vous expliquera tout, soyez forte mademoiselle Frest.

    C’est pas bon ça! Pourquoi ne pas me le dire vous?
    _ Ce n’est pas à moi de vous…
    Je hurle et mes larmes coulent et inondent mes joues. Une voix grave demande…_Eh bien quel est le problème ici? _Ah Docteur Gérardo , Mademoiselle Frest vient de se souvenir et elle ne va pas bien.

    C’est pas de le dire, pour sûr que je vais pas bien, c’est quoi ce cirque?
    _Mademoiselle Frest, cela fait presque un mois que vous êtes maintenue inconsciente, hier soir, nous avons décider de vous laissez reprendre contact avec la vie. Vous êtes jeune et toute la vie s’ouvre pour vous, ayez confiance, bon reposez-vous,je passerais ce soir.

    J’y crois pas, il me balance ça avec le sourire puis hop-là,il s’en va gaillard devant!Et de déblatérer que j’ai toute la vie pour moi! Pauvre mec, s’il connaissais ma vie,bref, je dois reprendre pied dans cette triste réalité.

    Deux jours plus tard, Joëlle et Myriam viennent me voir, elles font partis de celles qui au travail ont une petite attention car, il ne faut pas trop m’approcher au cas ou le mal vivre pourrait s’attrapé hum!

    _Bonjour Morenne, comment vas-tu aujourd’hui?
    _Bonjour à vous, je vais au mieux, je sorts dans une semaine, donc c’est un signe n’est ce pas?
    _Tu en es sûre ? me demande Myriam avec cette voix douce que l’on prend pour parler à ceux qui sont hospitalisés à croire que nous devenons débile…

    _Je ne sais pas, le médecin est confiant alors…
    _Oh si lui te le conseille!
    _Oui hein!
    Phrase vide de sens, un soupçon d’incertitude,une difficulté à engager une conversation banale…le pied quoi!
    _Merci d’être passé les filles, vous êtes les seules et j’apprécie grandement.
    _Paul_Vincent n’est pas venu te voir? Peut-être qu’il ne sait pas que tu es réveiller!
    Ben voyons!

    _C’est possible, je le verrais plus tard, ce n’est pas trop grave.
    Elle me salue et passe la porte qui ne se referme pas et j’entends: »la pauvre elle ne s’est pas vue, sûr que Paul_Vincent va être plus que surpris.

    Je sonne mon infirmière qui souriante s’amène le sourire aux lèvres.
    Je l’attaque de suite: » je veux un miroir ».
    _Mademoiselle Frest, il est trop tôt pour cela, soyez patiente s’il vous plaît!

    _Patiente! Le seriez-vous à ma place?
    La colère inonde mon esprit. J’ai vécu tant de misère, reçu tant de coups du sorts, je vie sans vie, la nostalgie, l’angoisse, la peur du lendemain me tiennent la main. Je ne suis rien , rien que le vide et le néant, pour un instant de ma vie sans douleur, sans tristesse, sans mélancolie, sans l’angoisse de ce vide infini, je serais prête à donné la moitié de ma vie.

    Aussitôt la porte s’ouvre Paul_Vincent entre le sourire aux lèvres et là en un instant, son sourire se fane telle la rose qu’il tient fortement. Ses mots me font tombé si loin, si profondément que je ne sais à quoi me raccroché.
    _Non! Ah non! Pas ça, là…je ne pourrais pas, pardon. Il passe la porte, me laissant morte.

    De nouveau celle-ci s’ouvre à nouveau.

    _Bonjour jeune fille, alors on veut faire un pacte! Je suis prêt et vous?
    Bel homme, dent blanche, yeux noirs, cheveux blond comme les blés, il me sourit et mon mal-être s’enfuit…

    Bonjour la vie et tans pis pour le reste! Oh peste que je suis… Aujourd’hui, je ris, je souris à la vie, suis-je pour autant sauvé? Non, au contraire…Pourtant , je suis ravie.

    y.-l.
    sur une idée de P.Perrat.

  5. RENATA dit :

    Une fois pourtant , à un carrefour sa chaussure lui échappe , elle se retourne , se rechausse , se relève et aperçoit la façade lumineuse d’un théâtre qui affiche
    Week-End Comédie : « Entrez en laissant votre tristesse dehors « . Elle se précipite , pousse la porte , saisit le programme qui annonce : Spectacles comiques non-stop
    Elle prend un billet , s’installe dans une magnifique salle rouge et or aux fauteuils confortables même si quelques relents de poussière lui chatouillent le nez .
    Noir , pleins feux sur la scène , ça y est ça commence . Ce ne sont que réparties humoristiques ,quiproquos ,portes qui claquent ,jeux de mots ….
    Elle commence par sourire , timidement , elle ose à peine montrer son plaisir , plus la pièce avance plus son rire se fait sonore voire cristallin pour finir à gorge déployée .
    Elle ne savait pas qu’elle pouvait émettre de tels sons . Elle à mal au ventre , elle pleure même , mais ces larmes , elle ne les connait pas . Elles sont douces et chaleureuses , elles sont apaisantes ,réconfortantes et jouissives .
    Elle est sur un nuage de joie et de bonheur . Ces mots , nouveaux aussi pour elle , deviendront ses compagnons du futur qu’elle partagera avec ceux qui le voudront .
    Comment ?
    C’est elle , bientôt , qui sera sur cette scène pour faire et entendre les rires du public venu l’applaudir avec joie et bonheur laissant tristesse à l’extérieur .

  6. LURON'OURS dit :

    🐶 AVIS DE TRISTESSE

    Dès sa naissance la tristesse lui avait pris la main pour traverser la vie. Elle ne le lâcha plus sauf que maintenant c’est lui qui la tenait.
    Tristan ne parle plus que javanais. Il rajoute la syllabe ‘ av ‘ à chaque syllabe. C’est pour garder son secret. Iseult, Marc et lui sont le trio: le mari, la femme, l’amant. ‘ L’ avamavant ‘ a partagé le philtre ‘ d’avamavour ‘.
    L’amour l’a pris comme une mer qu’il traverse avec Iseult la blonde. Marc, mari fort marri est ‘ cavocavu ‘. C’est une belle histoire, des princes et des princesses qui ont des malheurs, ça aurait plu à la concierge de ‘ Savachava ‘. Si elle lui était contée. Elle y prendrait un plaisir extrême…
    ‘ bavonnes vacances ‘. 🐶

  7. Jean-Pierre dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus.
    La tristesse du petit Jean-Baptiste est en réalité celle de sa mère qui venait d’apprendre que son mari avait reçu un avis de mobilisation car on était en 1939.
    Elle savait qu’il allait partir et la laisser seule avec le bébé dans un monde en guerre, et elle a communiqué un peu de son désespoir à l’enfant. Elle ne travaillait pas, et n’avait guère de ressources.
    Elle restait à la charge de la famille, dispersée un peu partout en France. Ses beaux-parents à Bordeaux. Ses parents en région parisienne. Et sa sœur, également à Paris, dont le mari était mobilisé lui aussi, mais qui n’avait pas d’enfant.

    Contrairement à une « fille-mère » parfois rejetée par certaines familles peu charitables, la maman de Jean-Baptiste avait le soutien de sa famille. Ils étaient accueillis avec bienveillance, bien que ce soient des bouches supplémentaires à nourrir pendant cette période difficile où on manquait de tout.
    De tout, ou enfin presque, car la vie continuait quand-même dans un milieu composé de femmes, d’enfants, de vieux et de bras cassés. Grâce au « système D » et à quelque cousin de la campagne profonde qu’on avait laissé tomber depuis des années, et à qui on mendiait de la nourriture. Par chance, celui-ci était charitable et distribuait davantage de provisions que de coups de fusil.

    Jean-Baptiste était un enfant difficile et il était triste comme sa maman.
    Même après la fin de la guerre et l’explosion de joie de la « libération ». Car les privations et le chaos était toujours là. Pour tout le monde, ou presque. Après les bombardements et les règlements de compte, il fallait reconstruire le pays et les gens qui avaient été durement éprouvés.

    Toutefois, Jean-Baptiste avait été touché par quelques débris de l’explosion de joie de sa mère quand son mari, revenu entier de cette « drôle de guerre », l’a prise dans ses bras. Puis quand ils ont mis un disque sur le phono et dansé « le plus beau tango du monde ».

    Depuis ce jour Jean-Baptiste a beaucoup dansé. Et il lui a suffi d’un autre tango pour rencontrer une femme qui n’est jamais triste et qui ne l’a jamais lâché.

  8. Laurence Noyer dit :

    Anhédonie était née dans le quartier de Grand Dénuement
    Près du Port de l’Angoisse à Spleen sur Amer
    Son père Jean Peuplus était Homme de peine
    Sa mère, Eléa Fliglé, était Souffre-douleur
    Ils avaient déjà quatre enfants Rembruni, Dépité, Mortifié, Flapie
    Descendante de la prestigieuse famille Atavique
    Anhédonie avait hérité d’un bagage bien pesant   
    Il contenait du linge griste, des histoires padrôles, des faits d’hiver,
    Etait-elle destinée à porter ce fardeau toute sa vie ?

    Elle décida un jour de vider son sac
    Et découvrit qu’il contenait un double fond
    Rempli de liesse de gaieté, de ciel d’été , d’étoiles de mer, de faridondaine,
    de lendemainchantants.
    Elle retraversa l’existence ce bagage à la main.

  9. Sylvianne dit :

    Dès sa naissance, La Tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus.
    Une fois, pourtant La Joie l’attrapa par la manche. C’était un jour de pluie, ses larmes tombaient averse. L’eau ruisselait sur le pavé.
    Sa vie avait commencé avec des larmes. Née enfant bleue, à moitié morte, une bonne soeur lui avait donné une petite fessée pour la ramener à la vie. Elle avait crié, pleuré. Cette femme avait changé son destin mais pas le cours de ses larmes. Elle était triste. Tout le temps, triste.
    Aujourd’hui, LA JOIE en personne la secouait. La Joie la détournait de son chemin de croix. Lui montrait le ciel, le soleil, le rire des enfants, les fleurs et les arbres.
    « Donne moi un sourire, un seul et je te promet une autre vie »
    La femme ne savait pas sourire. Elle grimaça. Recommença. La Joie éclata de rire. La femme sentit un picotement, un chatouillis inconnus. Sa bouche se détendit, ses yeux scintillèrent un instant. « Beau début ! On va y arriver » s’exclama La Joie toute souriante.
    La Joie se battit longtemps contre la Tristesse qui s’accrochait. La femme était tiraillée.
    Elle philosopha : Peut-on être joyeux et triste ? Doit-on choisir ? Puis-je renvoyer cette tristesse qui me colle à la peau ? La jeter ? La brader ? Est-ce vraiment la mienne ?
    Et La Joie, si je la choisis, sera-t-elle fidèle ?
    Ah ! non, maintenant La Peur s’en mêle.
    La femme dit NON à tout ça et choisit La Sérénité !

  10. Ophélie E. dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant, Régine avait eu la joie de rencontrer l’homme de sa vie qui la dérida et l’emporta vers les riantes contrées de la passion.

    Tout n’était que chagrin depuis sa naissance. Lorsque ses yeux s’ouvrirent à la vie, sa mère n’avait pas fait le deuil de son mari. Combien de fois Régine entendit-elle le récit du stupide accident qui coutât la vie à son père pendant qu’il bucheronnait. Elle ne se souvenait de sa maman que perpétuellement vêtue de noir, car quelque temps plus tard ce furent ses oncles qui ne revinrent pas des tranchées. Quand elle rencontra Jim, elle se fit un sang d’encre de le voir risquer sa vie pour libérer la France. Mais il était intrépide et se jouait de la mort. C’est ainsi qu’elle se donna à lui, car il lui avait promis, juré qu’ils ne se quitteraient plus. Mais, un soir, il ne vint pas à leur rendez-vous dans la grange du Toine.

    Après maintes recherches, elle comprit que Jim était reparti en Louisiane, sans elle, brisant ainsi ses beaux rêves de vivre loin de toute cette grisaille. Elle traîna toute sa vie l’opprobre de sa famille, du village et du canton qui la montraient du doigt lorsqu’elle se hasardait hors de chez elle. Jimmy, le bâtard, avait depuis longtemps pris la poudre d’escampette pour voir si l’herbe était plus verte ailleurs.

    Un matin, le village étonné de voir les volets de Régine fermés depuis huit jours, s’enhardit à appeler les pompiers. Ils la trouvèrent dans son lit vêtue de sa robe de bal à manches ballon. Dans sa main, elle tenait la vieille photo jaunie et écornée d’un séduisant officier noir.

    Au dos, ils purent encore lire : Régine, mon amour, tu ne quitteras jamais mon cœur. Jim

  11. Blackrain dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Dès le ventre même, elle savait que sa mère ne la désirait pas. La mère buvait et fumait sans se préoccuper d’elle. Pourtant elle avait donné de rudes coups de pied pour lui faire comprendre son inquiétude. Puis ce fut le lait que le sein ne lui donna pas. Dans son lit à barreaux Il fallait qu’elle pleure longtemps pour que sa mère daigne s’extraire des bras d’un énième passager. Alors ses lèvres avaient refusé de sourire comme pour lire une mise en accusation dans les prunelles de sa mère. Puis les années étaient passées, grises et mornes, jusque dans les bras d’un homme falot qui avait bien voulu d’elle pour s’enfuir à tire d’aile loin de son manque d’amour. Elle changea de grisaille pour le vert de gris de l’usine et les verres un peu souvent vidés par un mari au chômage. Peut-être que lui aussi n’avait pas appris la tendresse. Les caresses se faisaient rares ou alors un peu vite torchées. Son dos s’était vouté et la tristesse avait dessiné de profondes rides sur son visage fermé. Une fois pourtant le coin de ses lèvres avait amorcé un sourire. Une lettre de sa mère lui demandait sa visite. La mère avait été mordue par le crabe et la souhaitait auprès d’elle avant que la chimio ne la dissolve à jamais. Elle avait alors embrassé sa joue décharnée et avait lu dans les yeux de sa mère comme un regret, comme un appel au pardon. Elle avait alors pris sa main froide dans la sienne. Pour la première fois elle avait ressenti de la chaleur. Cette chaleur, elle aurait tant voulu la ressentir dans cette main autrefois, pour que la tristesse ne vienne pas la saisir à sa place pour faire illusion et ne plus la lâcher.

  12. Le miracle de l’Aubrac

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant, la tristesse elle-même était fatiguée de toujours jouer le même rôle envers Noémie, qui n’avait jamais souri de sa vie et finit par la lâcher un beau jour pour lui redonner sa liberté.

    Il faut avouer que Noémie était née dans une famille peu aimante, avec des parents se disputant et criant sans cesse, dans leur minuscule appartement situé dans un quartier mal famé d’une grande barre d’immeuble, accolée au périphérique parisien.
    Son horizon était fait de voitures collées les unes aux autres, tout le jour, dans des bouchons interminables, avec des bruits de klaxons, de pneus crissés sur la chaussée parfois glissante, et surtout le ciel était gris, interminablement gris, surtout pendant les longs mois d’hiver où un rayon de soleil ne perçait que rarement le nuage de pollution, planant comme un dôme au-dessus de la capitale. La tristesse régnait en maîtresse, sûre de n’être jamais détrônée dans un tel cadre. Elle tenait la barre, et la jeune fille élue s’y accrochait avec ferveur !
    Noémie ne se sentait pas heureuse, enfant, au milieu de cet environnement. Elle jouait peu, et restait souvent accoudée à sa fenêtre du quinzième étage à regarder au loin, et à imaginer…quoi, d’ailleurs ? Elle ne le savait pas vraiment ; elle n’avait jamais quitté son quartier depuis quinze ans. Elle avait toujours vécu dans cet endroit, un lieu morose ; elle le sentait bien que cela ne lui convenait pas. Alors, il lui prenait parfois l’idée d’imaginer un endroit calme, plein d’arbres, présentant leurs cimes majestueuses vers un soleil radieux. Tout cela, elle pouvait bien l’imaginer, avec toutes les images qu’elle voyait à la télévision, allumée jour et nuit chez elle, que personne ne regardait vraiment, mais qui trônait au milieu de ce qui servait de pièce principale. Mais la tristesse veillait au grain : c’était une chose d’imaginer, une autre de vivre une autre réalité.
    Noémie était fille unique et s’entendait peu avec ses camarades d’école, qui profitaient de la moindre occasion pour la malmener. Tristesse oblige !
    Quinze ans à respirer l’air vicié de sa ville, à arpenter les mêmes trottoirs, à visiter seule des coins secrets d’elle seule, à s’ennuyer à mourir.
    Puis, un été, sans raison apparente, ses parents avaient décidé de l’envoyer en colonie de vacances, car d’après leurs dires, ils devaient déménager et ils ne voulaient pas s’encombrer de sa présence. Elle partit donc, accompagnée, en route vers un monde inconnu, si ce n’est à travers les images du poste de télévision. Elle ne perdit pas une miette du trajet en train vers l’Aveyron. Elle s’étonna de voir autant de champs, de verdure, de calme, de beauté et de ciel bleu. Toutes ses émotions restèrent enfouies en elle, n’ayant aucunement l’habitude de partager avec les autres. La tristesse lui collait à la peau.
    Elle se retrouvait dans un groupe d’adolescents de son âge. Les débuts en société furent difficiles pour cette sauvageonne parisienne. La tristesse, la fidèle compagne de Noémie, avait été du voyage. Elle n’aurait raté ça pour rien au monde !
    Mais, la douceur des animatrices et des animateurs, leur patience, leur humour cédaient peu à peu la place à des ébauches de sourires. Puis, progressivement, Madame la tristesse, qui se croyait bien installée dans l’esprit de la jeune fille, finit par la lâcher, contre son gré, en dépi de ses tentatives de résistance, et cette dernière s’ouvrit à la douceur de la vie, à son environnement, à ses vacances inoubliables sur le plateau de l’Aubrac. Noémie découvrit même qu’elle n’était pas d’un tempérament triste, comme elle l’avait toujours cru, mais qu’elle pouvait converser, sourire, et puis rire avec les autres. Que de découvertes un en mois !
    Le séjour de quatre semaines tira à sa fin, mais Noémie n’était pas du tout mélancolique. Elle avait tant découvert et appris sur les autres, la nature, mais aussi sur elle-même qu’elle était profondément sereine. En rentrant dans son foyer parental, seule sa mère l’attendit car ses parents s’étaient séparés pendant ce laps de temps. Cela ne l’attrista pas. Elle était tellement heureuse de ce qu’elle avait vécu.
    Elle savait, en son for intérieur, qu’elle retournerait vivre là-bas, où elle avait laissé la tristesse derrière elle, là-bas où elle était vraiment née. Mais, ça, c’était son secret. Elle n’était pas prête à la partager !

  13. Grumpy dit :

    On la qualifiait de mal embouchée, de tête de lard, de gueule de raie … Que voulez-vous, elle était née de travers : sa mère avait eu si mal, tant de mal à la mettre au monde.

    Du coup, la petite était restée grincheuse, malgracieuse , sauvage, et susceptible avec ça, on ne pouvait rien lui dire !
    Elle grandit dans la foulée, revêche mais si brillante à l’école qu’elle sauta plusieurs classes et arriva bien jeune au bac, décroché haut la main, sans un merci ni un sourire au jury à la remise de son diplôme.

    Ne respirant ni chaleur ni amitié, elle n’eut guère de camarades de cour d’école. Sauf un qui devient son grand ami, comme elle, il restait dans son coin, son autisme profond faisait reculer les plus charitables, mais eux deux, parlaient le même langage, se comprenaient sans nul besoin de s’exprimer.

    Ils faisaient des maths ensemble, alors fusaient équations, théorèmes et formules couvrant de craie jusqu’au plus petit morceau d’immenses tableaux verts, chacun poussant au summum les capacités de l’autre.

    Alors qu’il devint physicien polyglotte elle se contenta d’une agrégation de maths, matière qu’elle enseigna en Fac. Sa science et son talent éblouissaient à tel point ses étudiants qu’ils estimèrent que son incroyable don était dû à son sale caractère et à sa permanente grise mine : jamais ils n’eurent prof qui les tira si haut.

    Et puis, un jour, tous furent sidérés de surprise lorsqu’ils la virent à la télé candidate à un concours international de calcul mental. Elle y fut fulgurante, championne des champions, elle écrasa autant qu’elle épata ses rivaux, les vérificateurs eux-mêmes s’embrouillèrent dans leurs calculs, obligés de reconnaître qu’elle était la plus rapide et avait toujours tout juste.

    Elle remporta un très joli magot, un beau petit tas de millions.

    A la stupéfaction de ceux qui la connaissaient bien et l’avaient toujours fuie et moquée pour son inaltérable triste mine, voilà qu’elle esquissa un sourire en recevant son chèque et qu’elle partit d’un rire énorme et sarcastique résonnant tout au long du couloir menant à la sortie.

  14. Souris verte dit :

    🐀 LA SAINT TRISTESSE
    Appelé ainsi parce qu’il était né ce jour là, Triste ne correspondait pas du tout aux critères de son nom. Car voyez-vous, Triste, enfant de la famille Oxymoron était gai et même un joyeux drille.
    Il prit tous les suivants par la main pour leur faire partager son bonheur de vivre mais sa jumelle, Joie ne l’était pas.
    Est arrivé Obstiné, un ‘ j’m’en foutiste ‘, puis Délurée assez fermée.
    Importun, le plus jeune et le plus respectueux était souvent taquiné par La-Gène, une friponne à la cuisse légère. Du reste ce pauvre Importun clamait si haut et si fort : où il y a La-Gène, il n’y a pas de plaisir qu’on entend encore résonner l’écho.
    Croyez-moi, dans cette famille où tout était son contraire ce n’était pas facile de s’y retrouver. c’était même, n’ayons pas peur des mots : le foutoir.
    Triste a eu des enfants avec une mademoiselle Tout-l’temps, une voisine à cheval sur l’heure. Ce fut un miracle qu’il réussisse à s’accrocher à elle, perchée qu’elle était sur les aiguilles de l’horloge de la vie qui passe.
    Il a pris en main l’éducation de ses deux petits : Toujours-Jamais, à la fois dans le temps mais souvent à côté !
    C’est de famille, on n’y peut rien changer.
    Le Grand-Tout lassé par ce désordre installa en vis à vis la famille Place-nette.
    Une sorte de redresseurs de torts ou de ‘ lisseurs de maux’ .
    Chez eux, ça ne rigolait pas et tous obéissaient au diktat psycho-rigide : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place !
    Ils eurent fort à faire et même, y travaillent encore maintenant.

    Tout ça c’était il y a très très longtemps.
    Si tous marchaient déjà sur la tête, ils étaient cependant l’avenir et représentaient l’ espoir du ‘ Nouveau Monde ‘.
    Réveillons-nous ! L’ Avenir : c’est Nous !.. 🐀

  15. Webfourmi dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus.

    Je remâche les mots de ton épitaphe encore et encore le long du sentier mal entretenu qui m éloigne de ta tombe.
    Comment une vie si courte ne peut-elle etre ressentie que sous le filtre terne et maussade des larmes ?
    Je me souviens de tes premiers regards, à peine née. Et déjà toute tremblotante,fragile comme une perle de rosée, une première larme traçait les premiers jalons de toute ta vie.
    Je te le rendais, moi ,pourtant ton regard, les yeux brillants de te voir face à moi.
    Alors que les plis de mes lèvres hésitants esquissaient un premier sourire, les tiens , s abaissaient en une moue désespérée.
    Tes premiers pas, trébuchants, tes genous écorchés et tes cris déchirants faisaient accourir papa, désespéré de te voir si mal. Et mes premieres galopades et mes premieres escalades me gonflaient le coeur d’un orgueil que je ne pouvais partager. Je venais te reconforter à mon tour.

    Le tracé malhabile de tes premières lettres, les esquisses hésitantes de nos vacances , tes mains crispées sur le crayon, te donnait invariablement le droit aux calins et aux embrassades de maman. Mes nouvelles annotées des commentaires enthousiastes de mon professeur , mes portraits au fusain et à la sanguine restaient cachés dans mon tiroir. Et j épinglais tes oeuvres inachevées aux murs de notre chambre.

    Tu restais si sage dans l écrin de ton fauteuil, la voix déjà perdue, les gestes si rares. Je partais m étourdir et me griser de sons et de lumiére, et de parfums loin de chez nous. Pour ne pas déchirer la bulle qui te préservait , à pas feutrés je te déposais quelques pétales soyeux, ou un mouchoir de soie parfumé dans le creux de tes mains.

    Pourtant, lorsque tes yeux presque éteints m’ont su près de toi, j’ai vu la tristesse s’envoler loin de ta peau meurtrie, loin de ta chair malmenée , loin de ton coeur blessé, et te laisser partir là bas, enfin libre .

    Et tu m as laissé quelques grammes de tristesse, pour que je puisses lester mon âme et rester ici, sans toi.

  16. Anne dit :

    Oui, pourtant….
    Il se souvenait de ces nuits australes où les couleurs étaient de feu, comme incandescentes, les palettes des couleurs de la vie.mais à peine né, il avait décroché rejoignant l’océan. Tout juste né, déjà voué à disparaître. Le soleil était la source de tout. Il pouvait donner vie, il pouvait donner mort. Donner, reprendre. Élever, diminuer. Éclairer, assombrir. Désaltérer, assoiffée. Développer, altérer.
    Oui, le don…pour la postérité.
    C’est ce pour quoi il avait opté se sentant sur le déclin. Peut être resterait il quelque chose de lui, vivant. La France était bien placée depuis 1950 pour 1 forme de don. Il y réfléchissait sérieusement. Il se raccrochait à cet espoir. Il sui n’avait pas la parole, devait se faire comprendre. De son corps des craquements plus importants se firent entendre. Comme il était sous scop depuis sa naissance, les oscillations changerent. On alla à son chevet. Des spécialistes virent auprès de lui pour comprendre. La science était son salut, il avait confiance. Il savait pourtant qu’il sautait dans l’inconnu. Mais il devait vivre, et vivre c’est risquer. On prit des outils, des torsions se firent sentir, il avait mal malgré les précautions. Il ne pouvait réagir, mais il percevait leurs paroles. Il sentait au fond de lui qu’il avait fait le bon choix.
    Oui, cette fois, pourtant il avait de la chance. Cette chance était née d’un trio de circonstances entre Lui, le Soleil et l’Homme.
    Je vous laisse deviner qui je suis et ce qu’il est advenu de mon Don. Souvenez vous, nous sommes en 2030 et Pascal m’avait invité à sortir de l’imagination de mon auteur.

  17. Christine Macé dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus.
    Une fois, pourtant, par inadvertance, sa vigilance avait faibli. Une seconde suffisante : elle avait disparu.
    Paniquée, elle était revenue sur ses pas, plusieurs fois, hélant les passants, arpentant le pavé de long en large. Elle alla même au poste de police voir si on ne l’aurait pas retrouvée. Lorsqu’elle cessa enfin ses recherches, le jour baissait. L’appartement était lugubre : on aurait dit qu’il allait pleuvoir. Si seulement… elle se serait fait copieusement arroser par l’averse. Aurait pu y mêler ses larmes, se laisser emporter par le naufrage. En mourir peut-être.
    Où pouvait-elle être désormais ? Si petite, si fragile. Comment allait-elle s’en sortir sans son aide ? Sans sa main rassurante qui lui avait toujours indiqué le chemin pour lui éviter les pièges de la vie. L’obligeant à traverser dans les clous, par sécurité. Pour faire les choses comme il fallait, comme on devait. Saurait-elle s’en souvenir ? Se protéger ? Survivre ?
    Pas très loin de là, elle marchait dans les rues de la ville qu’il lui semblait découvrir pour la première fois. Le nez en l’air, admirant les façades, hypnotisée par les devantures des magasins, faisant brusquement stopper une voiture pour courir vers le trottoir d’en face. Elle souriait aux passants avec le sentiment tout neuf d’exister. C’était grisant.
    Pourtant elle finit par faire demi-tour en profitant de tout, encore un peu, à petites doses. Gommer tout doucement le bonheur dont il ne fallait pas abuser, ça aurait pu lui être fatal, se souvenant des mises en garde…
    Et elle poussa la porte de son immeuble.

    Bon week-end, Christine

  18. durand JEAN MARC dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois pourtant, l’amertume lui glissa des doigts.

    Elle se trouvait au milieu d’un parc. Juste 8 ans, l’âge où tous les adultes abusent de leur pouvoir. Que faisait ‘elle donc, seule dans un parc, cette enfant, égarée, fugueuse ?? Elle demeurait plantée au milieu des tourbillons d’humains, des poussettes ventrues poussées par des mères accoucheuses, des joggeurs sourds, centrés sur leurs palpitations de pompe à pognon, des antiques sur des bancs sertis dans le ciment, distribuant leur immangeable repas à des pigeons bouffis.

    Et puis, ce jour-là, un écureuil poursuivi par un chien lui agrippa la jambe, en fit plusieurs fois le tour, grimpa sur sa poitrine et se percha sur son épaule. Si immobile était-elle, transie de solitude, l’écureuil l’avait pris pour un arbre.

    Elle ne bougeait pas d’une brindille, juste un peu de feuillage tremblotant dans les paupières. L’écureuil la regardait dans les yeux, ce n’était pas la première fois qu’il croisait le regard d’un arbre, ce cri de coupe, cette mutilation de saison, cet élagage de vie. L’animal commença sa toilette puis tourna la tête de droite à gauche. Sa queue n’était qu’un point d’interrogation. Le maître avait récupéré son chien. De nouvelles pistes se présentaient au delà des boulevards de la sauvagerie.

    L’enfant demeurait là. Pour la première fois, la sève coulait sans ses veines. Mais, faute de mouvements, risquait de coaguler.

    L’écureuil sauta sur le plancher des hommes et disparut dans un buisson avant d’escalader un bouleau.

    Elle resta un long moment, hébétée, puis sentit la brise dans sa ramure. Une petite pluie d’orage grignotait l’horizon. En tant qu’arbre, elle craignait peu de la foudre, en tant que pousse d’homme, ses racines demeuraient de surface. Rien ne la protègerait de la colère du ciel.

    Elle se décida donc à regarder ses pieds bouger. Peut-être une mère lui proposerait ‘elle un abri temporaire, un petit coin de parapluie, peut-être un éléphant la saisirait avec sa trompe, l’installerait sur son dos, l’emmènerait sous le couvert de la jungle, peut-être le joggeur lui prêterait son k-way, peut être une louve l’accepterait’ elle dans sa nichée, peut être l’un des antiques l’inviterait dans sa cabane, peut-être l’un des pigeons lui apporterait ‘il un souhaitable message ?

    Peut-être le banc se déboulonnerait-il de son statut d’immobile. Il l’aiderait à traverser le cœur gonflé des villes, à trier les ronds-points, à décoller des banlieues, les cages sous le souffle puant des avions.

    Le banc s’installerait au bord d’un étang sage aux gardons libres, aux carpes muettes. Elle découvrirait de nouvelles nourritures, un estomac costaud, pour digérer les bouillies du passé.

    Peut-être….peut-être…?

    Tous ces peut-être accumulés, pour simplement, pouvoir être.

    • Stéphanie dit :

      Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant un événement inattendu boulversa son quotidien.

      Alors que Tristan s’était un peu éloigné des enfants jouant au square, une vieille dame s’approcha de lui. Le pensant perdu elle chercha à l’aider.

      « Quel est ton prénom mon petit bonhomme?
      -Trist..heu Félicien, je m’appelle Félicien !  »
      se surprit-il à répondre joyeusement.

      C’était son premier mensonge. Il avait 5 ou 6 ans et cet élan d’imagination lui sauva sans doute la vie…

      En effet, régulièrement, il entendait ses parents dirent de lui qu’il était souvent triste. Sans savoir pourquoi Tristan avait associé sa tristesse à la consonnance de son prénom.

      Les jours qui suivirent, il garda pour lui sa nouvelle identité. Cependant, autant Tristan était triste et timide, autant Félicien était joyeux et entreprenant. Il décida alors, à 6 ans, qu’il s’appelerait Félicien pour toujours.

      Il aura suffit d’un mensonge pour lui changer la vie. Chaque jour il remercie cette dame qui, sans le savoir, lui a permis de changer son point de vue. Certains changements sont parfois essentiels pour vivre heureux.

      « J’en connais qui, à 40 ou 60 ans n’ont pas encore eu la chance de croiser la vieille dame »…pensa Félicien en emmenant son petit fils au square.

  19. iris79 dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant elle crut qu’elle pouvait définitivement la lâcher et se laisser aller à croire, elle qui n’avait connu que la tristesse, que le bonheur pouvait la remplacer.
    Il s’appelait Pierre et fit fondre son cœur, avant de le fendre. Pendant quelques années, elle avait presque réussi à l’oublier. Chaque nouveau matin, elle remerciait la providence ou elle ne savait trop qui, d’avoir mis sur son chemin ce bel ami qui tenait à distance la puissante tristesse, tyrannique, envahissante, mais qu’elle connaissait si bien.
    Elle essaya de retenir le bonheur de toutes ses forces, mais un beau matin il lui lâcha la main sans ménagement. La tristesse revint comme un boomerang et se referma sur ses doigts délicats.
    Au moins celle-ci ne la trahirait pas. Son existence désormais se déroulerait sans saveur, sans surprise dans un quotidien monotone et attendu, sans promesses. Elle ne pourrait la décevoir cette vieille connaissance qui l’accompagnait à nouveau sur son chemin, qui reprenait ses droits.

  20. Antonio dit :

    Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus. Une fois, pourtant, il parvint à s’en défaire.

    « Reviens tout de suite ! » lui avait-elle sommé du haut de ses talons de quinze centimètres de peur.

    Jamais il n’aurait osé s’opposer à sa mélancolie supérieure. Mais là, il s’était mis à courir, sans réfléchir, guidé par son cœur. C’était la première fois qu’il courait. Quelle sensation exquise, il se souvint. Filer comme le vent à travers un sourire sous le ciel clair et bleuissant d’un premier regard, sentir l’herbe tendre d’une émotion légère glisser sur sa peau, à en avoir la chair de poule.

    C’était grisant, mais pas comme d’habitude.

    Elle s’appelait Sarah et elle avait comme lui dix ans. Elle s’était assise à côté de lui, à la rentrée scolaire. Elle était nouvelle et elle lui avait souri. Il aurait voulu lui sourire en retour mais deux doigts lui pincèrent fermement le cœur.

    « Qu’est-ce que je t’ai dit, Vincent ? Tu dois m’écouter ? Ne me lâche plus jamais la main ou bien je te mure dans le silence. Tu dois te protéger de la vie. Elle ne te fera pas de cadeau. L’école c’est fait pour étudier, pour que tu deviennes un jour médecin, pas pour éparpiller ton cœur avec la première fille de joie ! »

    Elle était claire. Vincent en aurait pleuré. Il n’avait pas le droit de s’émouvoir d’autre chose que la peine que la vie lui avait infligée. Parce qu’il avait une dette. Sa naissance avait coûté la vie de sa maman. Il ne devait désormais consacrer la sienne qu’à sauver celles des autres.

    Il regardait Sarah sortir sa trousse toute neuve. Des crayons de couleur dépassaient leurs mines joyeuses, prêts à bondir sur le cahier de dessin avec une tête de cheval sur la couverture. Vincent n’avait pas de trousse, juste un crayon à papier usé qu’il tenait déjà dans sa main.

    « Tu veux que je t’en prête ? » lui dit-elle d’une voix douce.

    Son cœur lâcha un « oh oui ! » mais une voix parla pour lui, un air triste, effaçant le sourire que ses yeux venaient de dessiner.

    « Non merci, je n’aime que le gris. »

    (Tristesse d’exercice, alors qu’il fait beau dehors sous un ciel jaune et bleu… Belle finale, Pascal ! 😉 )

  21. Camomille dit :

    Oui, une fois pourtant, la tristesse commença à s’inquiéter car elle s’était bien habituée à ELLE, à cette docile compagnie qui lui convenait parfaitement et qui ne lui lâchait jamais la main.
    Elle avait pris le pouvoir et la menait par le bout du nez, ELLE .
    La tristesse régnait en maître absolu sur ELLE.
    Aucun espace de légèreté,
    Aucune éclaircie dans le ciel,
    Aucun espoir de gaieté,
    La tristesse avait su tisser sa toile d’emprisonnement sur ELLE.
    Mais… mais…
    Un jour cependant ELLE, commença à sourire, et voulu lâcher la main de la tristesse,
    Alors, la tristesse réagit aussitôt et renforça sa prison en vue d’éliminer cette nouvelle rivale fantaisiste : la gaieté.
    ELLE, essaya de résister,
    Mais la tristesse était trop puissante et défendait son territoire avec autorité.
    ELLE, lui redonna la main.
    La tristesse se calma et redevint plus modérée.
    Un autre jour, ELLE, fit un nouveau faux-pas : un autre sourire suivi d’un léger rire.
    La tristesse paniqua.
    ELLE, parvint à dégager sa main,
    La tristesse devint furieuse,
    ELLE, résista,
    La tristesse rua dans les brancards,
    ELLE, releva la tête, vit l’éclaircie dans le ciel puis aperçut l’espoir.

  22. Souris verte dit :

    🐀 LA SAINT TRISTESSE
    Appelé ainsi parce qu’il était né ce jour là, Triste ne correspondait pas du tout aux critères de son nom. Car voyez-vous, Triste, enfant de la famille Oxymoron était gai et même un joyeux drille.
    Il prit tous les suivants par la main pour leur faire partager son bonheur de vivre mais sa jumelle, Joie ne l’était pas.
    Est arrivé Obstiné, un ‘ j’m’en foutiste ‘, puis Délurée assez fermée.
    Importun, le plus jeune et le plus respectueux était souvent taquiné par La-Gène, une friponne à la cuisse légère. Du reste ce pauvre Importun clamait si haut et si fort : où il y a La-Gène, il n’y a pas de plaisir qu’on entend encore résonner l’écho.
    Croyez-moi, dans cette famille où tout était son contraire ce n’était pas facile de s’y retrouver. c’était même, n’ayons pas peur des mots : le foutoir.
    Triste a eu des enfants avec une mademoiselle Tout-l’temps, une voisine à cheval sur l’heure. Ce fut un miracle qu’il réussisse à s’accrocher à elle, perchée qu’elle était sur les aiguilles de l’horloge de la vie qui passe.
    Il a pris en main l’éducation de ses deux petits : Toujours-Jamais, à la fois dans le temps mais souvent à côté !
    C’est de famille, on n’y peut rien changer.
    Le Grand-Tout lassé par ce désordre installa en vis à vis la famille Place-nette.
    Une sorte de redresseurs de torts ou de ‘ lisseurs de maux’ .
    Chez eux, ça ne rigolait pas et tous obéissaient au diktat psycho-rigide : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place !
    Ils eurent fort à faire et même, y travaillent encore maintenant.

    Tout ça c’était il y a très très longtemps.
    Si tous marchaient déjà sur la tête, ils étaient cependant l’avenir et représentaient l’ espoir du ‘ Nouveau Monde ‘.
    Réveillons-nous ! L’ Avenir : c’est Nous !.. 🐀

  23. Nouchka dit :

    Sur l’île de Skagen à l’extrémité nord du Danemark vit, en 1884, une enfant. Dès sa naissance, la tristesse lui donna la main pour traverser la vie et ne la lâcha plus.
    Cette année, les jours de semaine, Ellen fréquente l’école. Par beau temps, elle se rend sur la plage regarder les vagues blanches, sentir le soleil et le vent la réchauffer, la caresser.
    Elle porte ce jour-là, la robe du dimanche et le chapeau bleu assorti. Sabots aux pieds, elle reste sur le sable, tête baissée, regard à la lisière du bord de son chapeau, à observer les pêcheurs entourés de mouettes et les garçons qui s’éclaboussent dans les premières vagues.
    Ellen, cheveux relevés, sent le vent remuer son chapeau, tenter de le soulever. Ses lèvres ont le goût du sel marin. Un collier de boules couleur corail pèse à son cou. Il est l’attribut des jours de fêtes et des dimanches. Des bas de laine saumonée plissent le long de ses jambes. Sa taille cambrée fait ressortir le petit ventre rond. Attentive, elle garde sagement les mains derrière le dos.
    L’après-midi s’achève sur le sable de cette longue plage blanche. Le mouvement et la musique répétitive des vagues sont hypnotiques. Dans la lumière rasante, les oiseaux de mer rient et dessinent un ballet saccadé autour des embarcations.
    Ellen, si triste, si silencieuse, si observatrice n’a pas envie de rentrer retrouver l’ombre, dans la maison. A vrai dire, elle a, pour une fois, envie de s’offrir une folie : courir à perdre haleine, tout au bord de l’eau, s’égosiller comme les mouettes, de toute la force de ses poumons et battre des bras tel un moulin dans le grand vent….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.