480e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Il (ou elle) devait avoir… ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère

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Inspiré par une nouvelle de Hans Christian Andersen


Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

20 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Il devait avoir 15 ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère, cette femme rompue prématurément par la vieillesse. « Tu as les mains sales » lui asséna l’insolent. L’aller et retour qu’elle lui asséna le ramena à la réalité. Et il lui fallut supporter encore quelques années un huis-clos irrespirable avec elle. La tentation du suicide l’effleura un instant mais il n’avait qu’une seule alternative : continuer à être ou le néant. Il choisit la première option.

    Vint enfin le temps où il atteint l’âge de raison mais Dieu qu’ils furent longs et ardus les chemins de la liberté, celle de penser et celle d’aimer. Et d’écrire.

    L’écriture fut la grande affaire de sa vie et les mots ses plus fidèles compagnons, ses indispensables nourritures.

    Il rencontra,  dans un amphithéâtre de la Sorbonne, une sommité de la littérature française, une grosse tête à qui il voua son existence. Il avait épousé, parfois la mort dans l’âme, il faut bien le dire, tous les combats de son idole et toutes ses dérives qui les mirent tous deux dans des situations où plus d’une fois l’engrenage s’enraya.

    Ensemble, Ils connurent le même engagement et vouèrent dans une longue marche existence à lutter avec verve contre la République du silence en particulier et à toutes les injustices. en général : ces morts sans sépulture dévorés par les mouches dont les visages les hantaient, la cause des femmes – le deuxième sexe -, les putains respectueuses ou non, la bombe H, les séquestrés d’Altona ou d’ailleurs emprisonnés mais la liberté au cœur, les privilèges au détriment de ceux que l’on nomme péjorativement les bouches inutiles tenaillés par la faim et tous les boucs émissaires

    Mais quand prime le spirituel, le sensuel vient parfois à manquer.

    C’est ainsi, qu’il fit connaissance, lors d’une série de conférences données aux Etats-Unis où il fut la vedette invitée, d’une grande plume américaine, nouvelliste et essayiste, qui lui fit découvrir l’Amérique au jour le jour. Il noua avec elle une relation amoureuse intense, autant physique qu’épistolaire. Il allait droit dans le mur, le savait et en avait la nausée d’avance mais il persista et conserva, outre les belles images de leur intimité, l’anneau, offert au matin de leur première nuit d’amour, jusque dans la tombe.

    Dans la force de l’âge, il contracta une pneumonie aiguë qui devait lui être fatale. Les mandarins n’y purent rien, le sursis tant espéré ne lui pas serait accordé mais il connut tout compte fait une mort très douce.

    La cérémonie des adieux se fit, par un matin d’avril ensoleillé et paisible, au Cimetière Montparnasse où il retrouva pour l’éternité cette si grande personne d’1m53.

    Vie et mort du Castor *

    * surnom donné par un professeurs de philosophie à Simone de Beauvoir et repris par Jean-Paul Sartre

  2. stephane dit :

    Elle devait avoir trois ans traversant la place des grands hommes, elle s’aperçut qu’elle était devenue une grande personne. elle retira sa mains de celle de sa mère et s’évanouie. la mère resta de marbre au milieu de la place.
    Nous sommes en 1342 à la nuit tombante, soeur Camille rentrant au couvent pour les vêpres est la seule à voir la scène. Elle recueille cette jolie jeune fille, de bonne famille au vue de ses vêtements, prise pour morte. Malgré les remontrances de la mère supérieur, elle la convainc de soigner cette jeune fille. Le couvent est en émoi. Elle est au plus mal et toute la communauté la veille jour et nuit.
    A l’aurore, la nouvelle se répands comme une trainé de poudre et toute la ville veux voir cette statue tombée du ciel. Pour les uns c’est un miracle tant elle est de belle manufacture, pour les autres c’est de la sorcellerie une statue de femme en plein milieu de la place des grands hommes. Mais tous sans exception sont en extase sur cette statue d’un réalisme à vous couper le souffle ses yeux rayonnent de bonheur et a le sourire délicat des anges. ce qui les intrigues, c’est ce bras qui semble tenir quelque chose mais lorsqu’un gamin vient prendre cette main, tout le monde comprends.
    Le conseil de la ville s’est réuni sur la place des grands hommes devant cette statue doit statuer de toute urgences, mais les avis diffèrent. le conseil décide de la déplacer à l’entrée des halles.
    La vie reprends son cours dans la ville.

    Le matin même le curé fut appelé pour baptiser la mourante, qui s’appelle désormais Angeline. La mère supérieure était formelle, pas de non chrétien ici. Angeline dans son délire, parle le latin et l’hébreu, d’astrologie et de mathématique. Ce qui rassure la mère supérieure tout en la décontenançant. La fièvre ne descends pas mais son état est stable.
    Soeur Camille reste à son chevet le plus souvent possible.

    La statue reste indéboulonnable, les plus grands spécialiste de la région sont venu mais aucun n’y est parvenu. Elle semble, d’après le dernier à s’y être essayé, qu’elle a été coulé sur place. Le conseil doit prendre une décision depuis trois semaine que cela dure.
    C’est l’attraction de la contrée maintenant, chaque enfant à le devoir de prendre la main de cette statue. Elle a la particularité d’avoir la main toujours chaude et donne de la sagesse aux enfants a ce que l’on raconte. Elle est sanctifié. Même l’église s’en mêle et est venu la bénir. Le conseil n’a pas le choix. Elle restera là.

    La mère supérieure a fit des recherches pour retrouver la famille mais aucune disparition n’a été signalé chez les bourgeois. Angeline se réveille enfin après trois semaines, sans aucun souvenir, son corps lui fait mal comme après la mue d’un serpent. Encore quelques jours et elle pourra se lever.
    Soeur Camille commence à la questionner pour savoir qui est sa famille mais elle ne se souviens de rien. Elle est devenue amnésique. Soeur Camille, pour garder le secret, lui annonce que on l’a trouver, à l’âge de 3ans place des grands homes et elle a été éduqué au couvent depuis maintenant quinze ans. On a jamais retrouvé ses parents.
    Angeline commence une vie de couvent, qui ne lui convient pas et ne se plait que dans la bibliothèque où elle y passe le plus clair de son temps. La nuit elle sort dans le jardin pour lire dans les étoiles, elle prédit le temps et les moments de semailles. Elle s’endort de lassitude et de fatigue, lors des messes ou oublie simplement d’y participer pris dans sa lecture.
    Soeur Camille tente de la raisonner mais rien n’y fait. Angeline commence à faire de l’ombre à la mère supérieure, ce qu’elle n’apprécie guère.et qui la prend pour une sorcière.
    Elle est demandé chez la mère supérieure, elle est renvoyé du couvent pour insubordination sur le champs.
    Soeur Camille, ne pouvant laisser sa protégé dans un avenir incertain, lui remets à son départ, une lettre de recommandation pour pour une de ses tantes. Angeline promet de ne jamais oublié soeur Camille et de donner des nouvelles rapidement.
    Elle est enfin sortie de cette prison et respire à plein poumon. Sa nouvelle vie commence.
    Pour arriver treize rue Condorcet, Angeline traverse la place des grands hommes, embrasse spontanément la statue qui lui sourie. Elle est troublé, un peu perdu. Elle se reconnait dans cette statue. quelque chose en elle la bouleverse sur le point d’en rester pétrifié sur place. des souvenirs trop vague lui reviennent.

    Quelque chose ne vas pas mademoiselle, puis je vous aider ? Demande un charmant jeune homme qui fait sortir Angeline de sa rêverie
    Oui, pouvez vous m’indiquer la rue Condorcet. Je suis un peu perdu, s’il vous plait?
    Bien sur, puis-je vous accompagner. Les rues sont peu sûr pour une si jolie demoiselle que vous êtes.
    Merci, volontiers
    Je me présente Charles Dubois pour vous servir.
    Angeline

    Prenant Angeline par le bras et déambulant dans la ville, Charles lui conte l’histoire surprenante de cette statue. le jour de son apparition, c’est le jour où a disparu sa mère et sa très jeune soeur de trois ans. il y a tout juste un an.
    Arrivée rue Condorcet Charles prends congé et lui promet de revenir pour lui faire découvrir la ville et terminer la conversation si prometteuse.

    Encore aujourd’hui, les enfants sont pris en photos, prenant la main chaude de cette statue si particulière, place des grands hommes. Elle n’a rien perdu de son pouvoir d’attraction pour faire grandir en sagesse. mais nul ne sais pourquoi. le secret est resté bien gardé au couvent par soeur Camille.

  3. osebo-moaka dit :

    l devait avoir presque cinq ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de son grand-père. Le vieil homme sursauta. Violemment ,on tira sur sa main faisant ainsi lâché la main menu de son petit fils. Etonné, furieux,il posa son regard vert d’eau sur ce fâcheux qui, en un instant, venait de le séparé de son petit fils. Il en était en ce mardi brumeux le gardien. Qui s’était permit une chose pareil? Sa main libre tatona à la recherche de cette petite menotte chaude, l’appelant d’une voix forte ou perçait l’angoisse._ »Arthur, Arthur, ou es tu? » puis à nouveau,il regarda le jeune homme qui se tenait debout à la place d’Arthur. le même regard, la même mâchoire, les cheveux mi-long, brun et sur le côté gauche, presque au-dessus de son oreille…une petite touffe de blanc. Il se disait que cet inconnu qui le fixait avait quelque chose de familier. Son coeur de grand-père palpitait de plus en plus. L’angoisse le prenait à la poitrine,il respirait doucement essayant sans trop y arriver les accoues qui, le faisaient souffrir. Il cria à nouveau: »Arthur, Arthur ou es t uuuu? Il s’écroula , le visage livide, les traits tordus de douleur. Le jeune homme s’activa aussitôt. Il positionna ses mains sur le plexus de l’homme et massa,massa,massa. Des gens s’arrêtèrent,il ordonna d’une voix entre coupés par l’effort: » un médecin vite, appelez un médecin c’est urgent mon gran…euhh l’homme fait une crise cardiaque. Une femme réagit _ La pharmacie,eux ils sauront quoi faire…j’y vais continuez le massage jeune homme! pas besoin de le lui dire. Des pas précipités, l’attroupement s’espaça, des murmures.  » Oh il sait faire cela! _Moi je n’en aurai jamais eu le courage! _Comment sait’il qu’il faut faire ainsi? _Regardez-le on dirait qu’il fatigue…qui peu le reprendre? Pas de réponse puis une voix forte retentit_poussez-vous,allez-donc voir ailleurs,poussez-vous bandes de…Le pharmacien, la petite cinquantaine tenait dans ses bras une sorte de grosse machine. Il la posa pat terre puis dit: » Tenez-bon mon gars, j’arrive, faut que je branche tout ça. Allez encore un petit effort ça vient. Regardez Monsieur Trufaut respire c’est ça qui est important. J’ai prévenu sa femme, elle arrive ainsi que l’ambulance. Quel beau travail vous avez fait mon p’tit gars. Continuez, je branche puis laissez la machine va prendre la relève. Si son coeur flanche, elle lui enverra une impulsion électrique. Ah! on entend l’ambulance courage Monsieur Trufaut. Quoi? Non,non, non ne vous énervez pas hein!_le petit? _ Quel petit? _Fils ou est…_Vôtre petit fils? Le pharmacien regarda autour de lui, il vit de loin des petites jambes maigrelettes. _Il est là Monsieur Trufaut ,je le vois, il va bien. Vôtre femme arrive, elle en prendra soin,ou moi j’en prendrais soin, restez calme. Confiant le vieil homme se laissa faire. Son regard plongea à nouveau dans les yeux vert d’eau de celui qui lui avait sauvé la vie._Nom? _Arthur. Monsieur Trufaut s’évanouie. Bien plus tard, la vie ayant reprit son cours Monsieur Trufaut regardait souvent son petit fils de cinq ans et lui, le lui rendait quoi qu’il était songeur ce regard là…avec une lueur espiègle en prime. Arthur passa souvent les fins de semaines chez ses grands parents pour son plus grand plaisir. François Trufaut mourut un petit matin de brume sous le regard attentif et plein de tendresse et d’amour d’Arthur. Quand le vieil homme fut prêt, Arthur lui murmura: » aujourd’hui papy, je ne peux rien faire si ce n’est, te dire mon amour. Je vais prendre soin de mamie, elle restera à la maison. Tu peux partir serein. » _ Ce jour là, c’était toi? _Oui papy c’était moi, ce jour là j’allais avoir cinq ans. J’ai eu si mal dans mon coeur, que j’ai demandé de l’aide puis, j’ai senti une forte poussée, j’ai lâché ta main, tu me regardais sans me reconnaître…puis, tu m’as appelé. je t’ai dis que j’étais là prés de toi, tu ne m’entendais pas. Tu es tombé, j’ai su ce que je devais faire. J’ai tenu bon, je ne voulais pas que tu parte, j’avais besoin de toi. je t’ai gardé aussi longtemps qu’on me l’a permis. Aujourd’hui, je vais avoir vingt trois ans toi, tu en as quatre vingt trois, je t’aime tant mais,il est l’heure et cette fois, je ne peux rien faire si ce n’est, cette promesse de prendre soin de mamie et d’être à ses côtés quant elle fermera ses jolis yeux. Une pression de main, un doux sourire, un râle puis…plus rien. Le vieil homme était parti laissant derrière lui ses amours. Arthur tint sa promesse, jamais sa mamie ne fut seule et quant elle ferma ses jolis yeux , Arthur se tenait à ses côtés elle avait quatre vingt sept ans ne se souvenait plus de lui mais ne pouvait se passer de lui. Il était loin ce jour ou encore tout petit , ou par une prière, il devint homme et sauva la vie de son grand-père. Un amour profond lia à jamais ces deux âmes…est seulement possible? y.l.
    Sur une idée de Pascal Perrat.

  4. Clémence dit :

    Elle devait avoir… ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère…

    Elle devait avoir … quel âge ? Personne ne lui avait jamais dit. Aussi vieille que l’humanité ou aussi jeune qu’un futur fragile.
    Elle ne se posait pas de questions. Elle était là . C’était l’essentiel.
    Mais ce dont elle était certaine, c’était qu’elle était petite, tellement petite que presque invisible. Alors, son péché mignon était de se cacher partout. Mais sa préférence était la douceur des plis de la longue jupe de Bella.

    Alors, sa vie était un véritable enchantement.
    Elle partageait avec Bella toutes les beautés de l’Ile Intense.
    Elles s’extasiaient devant les panoramas des vieux volcans écroulés, le cirque de Salazie, le cirque de Cilaos et le cirque de Mafate.
    Elles randonnaient sur les chemins chaotiques du Maïdo ou de la forêt primaire de Bélouve.
    Elles étaient hypnotisées par les coulées de lave du Piton de la Fournaise.

    Après ces journées d’aventures, elles se reposaient en regardant l’Océan et elles dégustaient une citronnade sur une terrasse de Saint-Denis.
    Portant le regard vers l’aéroport Roland Garros, Belle soupirait en rêvant…Un Grand Homme , ce Roland Garros ! Mort dans un combat arien si loin de chez lui…soupira Bella en se levant et en lissant sa longue jupe.
    – Et si nous allions vers Hell-Bourg, manger un rougail-saucisse ? demanda Bella à voix haute.
    Mais la Petite resta muette.
    – Va pour Hell-Bourg pour les saveurs chaudes d’une cuisine épicée. Et puis, un petit dé de rhum-vanille.

    Bella eut une pensée pour ce jeune esclave réunionnais de 12 ans, Edmond Albius, qui réussit la pollinisation artificielle de la fleur de vanille….Un Grand Homme, aussi !

    Au fil des jours, la Petite comprit qu’elle aussi, pouvait devenir grande. A défaut de Grand Homme, elle serait une grande femme !Tellement importante que tous les yeux seraient rivés sur elle. Elle deviendrait alors l’unique objet de toutes les attentions. Mais il était nécessaire que toutes les conditions soient réunies pour que s’accomplisse son fabuleux destin.

    Ici, sur l’Ile de la Réunion, il n’y avait plus de place pour elle. D’autres avaient déjà occupé le terrain !
    L’opportunité arriva enfin : Bella fut invitée à rejoindre la Métropole.
    En passagère clandestine, la Petite fit le voyage aussi.
    Et découvrit avec ravissement la capitale.
    C’est alors que se manifestèrent les premiers émois, les premiers frissons.
    L’heure était venue d’accomplir son destin.

    L’occasion ne tarda pas.
    Un rendez-vous galant pour Bella. Non loin de la Place du Panthéon.
    La Petite sentit battre son cœur, il était sur le point d’éclater.
    – C’est là que se joue mon avenir, pensa-t-elle, en glissant doucement. Il n’y a rien qui pourrait faire ombrage ma future célébrité.
    Elle glissa encore, quitta la douceur et la protection de Bella.
    Elle roula et s’insinua dans un charmant nid de terre.
    Il ne lui restait plus qu’à attendre. Qu’elle soit forte. Et enfin, le monde serait à elle !
    Elle grimperait sur les murs, s’accrocherait aux balustrades, atteindrait les sommets des terrasses !
    Elle pourrait enfin hurler sa joie, sa victoire, sa domination !
    «  Vous avez vu, moi, la petite graine de rien du tout, la petite graine de vigne marronne, je domine le monde et il m’appartient ! »

    Et c’est ainsi la petite plante voyageuse transforma les murs gris en murs végétaux.
    Les Parisiens et leurs édiles se réjouissaient de l’aubaine.
    La Petite aussi en imaginant, dans le futur, le désarroi du maire :
    – Nous en reparlerons, murmura la Petite, quand vous réaliserez que je suis une plante invasive !

    © Clémence.

  5. caillaud dit :

    Elle devait avoir neuf ans. Traversant la place des Grands Hommes, elle s’aperçut tout à coup qu’elle était devenue une grande personne. Elle retira sa main de celle de sa sœur, décidant qu’elle se conduirait désormais comme une jeune fille. Elle ne grimperait plus sur les murets, ne slalomerait plus entre les piliers des immeubles, ne sauterait plus par-dessus les poteaux dans les rues, n’éviterait plus les tâches sur le bitume, ne suivrait plus les lignes sur le sol, ne grimperait plus les escaliers trois à quatre, n’associerait plus le nom des rues et les lieux à des histoires mystérieuses… Elle ne repensera plus du tout à ces jeux d’enfants pendant longtemps. Elle deviendra une collégienne obsédée par les garçons, focalisée sur les réseaux sociaux, se maquillant un peu trop. Elle deviendra une lycéenne en rébellion qui se teindra les cheveux en vert et séchera les cours pour aller manifester et fumer des joins. Elle deviendra une étudiante studieuse, toujours assise dans les premiers rangs la semaine, buvant un peu trop le week-end. Elle deviendra une jeune salariée volontaire ne quittant jamais son bureau avant 19h par conformisme, oubliant ses rêves. Elle deviendra une femme triste, flirtant avec les amis de son mari. Elle deviendra une maman nostalgique, lorsqu’elle redécouvrira ses jeux d’autrefois au travers des éclats de rire de ses enfants.

  6. Patrick LABROSSE dit :

    Il devait avoir deux cent, trois cent ou peut être mille ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de cette surface crevassée par le temps. Des coups l’avait marqué jusqu’au cœur. Quelques plaies superficielles en surface et puis d’autres plus sournoises, plantées à l’intérieur. Ils étaient similaires en quelque sorte.
    Ils avaient luttés, résistés à tout et à tous. Chétif dans leur jeunesse, on n’avait guère misé sur leurs avenirs. Et puis les baliveaux avaient mué. Tenace était leur principal qualité. Il se souvient qu’une jeune femme du nom de Clark l’avait aidé dans ce choix.
    – ne lâche rien, il se peut que le miracle arrive quelques secondes après ta mort lui avait murmuré cette effrontée.
    A présent ils étaient là à contempler les hommes et leur débâcle. Au final, il était faible, un rien pouvait à présent le terrasser. L’autre n’avait cure de cette incurie. Lui avait connu Hiroshima, les foudres nucléaires et bien d’autres avatars. Et pourtant il se tenait droit, digne et mordoré de pétales d’or.
    Il était né ici, n’avait point bougé, à peine quelques centimètres, cela lui suffisait. Lui avait couru, cherché, abordé tous les continents sans jamais trouvé sa place.
    Eu égard à son héroïsme, on l’avait gratifié d’un bout de métal, un médaillon bien ridicule. L’autre avait fait de sa vie une bataille et personne ne l’avait remercié. Se pouvait-il que l’on accomplisse des actes autres qu’idéaux ?
    Si toutefois , en traversant la place des grands hommes, vous croiser un Ginko biloba : n’oubliez pas de le saluer.

  7. françoise dit :

    480°/Il devait avoir à vue d’oeil 45 ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne.Il Il avait fallu pour çà qu’il aille chez le coiffeur qu’il venait quitter d’ailleurs, qui lui avait dit qu’ il souffrait d’une alopécie androgénétique, autrement dit qu’il était chauve C’était une expression nouvelle pour lui.Mais bien sûr il savait bien qu’il était chauve mais que quelqu’un lui dise à voix haute et intelligible c’était une autre affaire.
    Enfin c’était son affaire et qui pouvait-il ?
    s’acheter une perruque,
    investir dans une implantation (mais il aurait fallu qu’il l’envisage avant d’être complétement chauve). E puis la perte sur investissement lui semblait trop importante.
    Il en était là de ses élucubrations quand soudain une forte averse se mit à tomber. Il se précipita vers le café le plus proche qui était déjà noir de monde. Il s’assit rapidement, bientôt rejoint par une jolie femme. Elle entama rapidement la conversation et de fil en aiguille ils en vinrent à échanger leur numéro de téléphone.
    Quand ils se quittèrent il n’était plus le même homme. Demain il prendrait rv pour savoir si malgré tout il ne pouvait pas envisager une implantation !
    L’amour quand tu nous tiens ???

  8. Pompelair dit :

    Elle a quatorze ans. Le culot, l’énergie, le sens de la justice, le questionnement, en somme la maturité d’une adolescente actuelle.

    Partie en balade avec sa mère, au hasard comme souvent, les voici devant le Panthéon.

    Frappée par l’inscription « Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante » elle demande:

    – Maman, c’est quoi exactement un Grand Homme ? Tu en connais ?

    – J’en ai connu quand j’avais ton âge. Il y en avait. Maintenant il n’y en a plus, ça n’existe plus les Grands Hommes …

    – Mais ceux-là, ils sont combien ?

    – Un peu plus de 70

    – Et aucune femme ?

    – Si, si, il y en a cinq.

    – Seulement cinq ?

    – Oui, mais elles, au moins, pour être arrivées là, tu peux être sûre que ce sont toutes vraiment de TRÈS GRANDES FEMMES.

    Saisie, elle serre un peu plus fort la main de sa mère.

  9. iris79 dit :

    Il devait avoir 12 ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère pour s’approcher un peu plus du reflet que lui renvoyait la vitre de la grande fenêtre devant laquelle il venait de passer. Parlant alors à sa mère, il s’était tourné vers elle et avait remarqué la personne qui lui faisait face. Ne l’ayant pas reconnu sur le coup, il avait marqué un temps d’arrêt avant de comprendre que c’était lui qu’il voyait, lui l’individu qui maintenant touchait de son front l’épaule de sa mère, lui qui s’était allongé, avait perdu ses rondeurs d’enfant et ne portait plus de pantalon un peu grand. Bien sûr, il se regardait chaque matin dans la glace lorsqu’il se préparait mais ici sur cette place, c’est comme s’il en trouvait une nouvelle pour lui-même. Alors que sa mère lui énumérait pour la énième fois les illustres représentants qui dormaient pour toujours tout près de là, il se vit lui, ici, bien vivant à l’aube d’une autre vie. Cet étrange sentiment de s’être vu un instant comme un inconnu se mua en l’intime conviction de devenir un autre, de quitter à ce moment le monde de l’enfance pour celui de l’adolescence.

  10. Fanny Dumond dit :

    Il avait douze ans. Traversant la place des Grands Hommes où se tenait la fête foraine, il pensa tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère qui le couvait tant et plus. Elle lui mettait une honte pas possible lorsqu’elle lui donnait des bisous devant l’école et lui disait de bien travailler.

    Il s’enfuit en courant ignorant ses cris et se faufila à travers la foule. Il s’arrêta devant le stand de barbe à papa et, tout fier de lui, sortit quelques pièces de sa poche qu’il tendit à la marchande. Le temps de la déguster, il s’attarda devant les stands de tir à la carabine et de pêche aux petits canards en se disant qu’il était idiot ce jeu. Il dirigea ses pas vers le manège pour bébés et se remémora la queue du Mickey qu’il gagnait souvent au grand dam de sa maman qui lui faisait des coucous chaque fois que son camion de pompiers passait devant elle. Comptant son argent, il se dit qu’il pouvait se payer un tour d’autos tamponneuses. Quand il fut terminé, il se jura de ne plus jamais monter là-dedans tant il avait reçu des gnons dans tout le corps. Poursuivant ses découvertes, il monta dans le train fantôme et en sortit terrorisé. Puis, il se dit que c’était pour de faux, qu’il n’était plus un gamin et qu’il pourrait raconter comment c’était bien à ses copains. Il recompta ses euros et constata qu’il ne pourrait pas tester toutes les attractions. Le choix était cornélien et, finalement, il se décida à monter dans le grand huit et qu’après il pourrait encore se payer une gaufre au chocolat nappée de plein de crème Chantilly. Il adora les premiers virages à fond la caisse, puis il hurla lors de la première descente vertigineuse. Le supplice n’en finissait plus et chaque seconde devinrent des heures. Lorsque le manège s’immobilisa, enfin, il mit l’éternité à se remettre de ses émotions. Il sortit tout chancelant de cette prison et dit au gars dans sa cabine qu’il était fou d’avoir inventé cette machine infernale. Le type ébahi haussa les épaules et lui demanda son âge. Il ne répondit pas et s’éclipsa aussi vite qu’il put, car il était pris de hauts le cœur incoercibles. Il se pencha au-dessus d’un buisson qui avait eu la bonne idée de pousser ici et se soulagea de son aventure. Blafard, il erra sans but et ses larmes commencèrent à affleurer le bord de ses cils. Des passants le remarquèrent et c’est ainsi qu’il retrouva sa maman folle d’angoisse qui l’embrassa à l’étouffer devant tout le monde.

    Elle ne le gronda même pas et ils rentrèrent chez eux, main dans la main.

  11. Maguelonne dit :

    Il devait avoir sept ans . Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle de sa mère.
    C’est bien moi qui ait sauvé ma famille. Je suis le plus intelligent, le plus brave. Et mes frères continuent de me railler parce que je suis plus jeune, plus petit, paraît il !
    Je vais leur montrer qui je suis. Je me casse
    Il chausse les bottes de sept lieues de l’ogre et part sans regrets
    Il arrive chez la Princesse au petit pois. Une vraie princesse qui demain épousera son Prince. Mais Petit Poucet a des rêves bien plus grands que lui. Il se voit Prince à la place du Prince et fait une cour éhontée à la Princesse. Mais celle ci le rabroue sans ménagement.
    « D’abord t’es petit, t’as la peau rugueuse, tu pues la misère. Dégage ou mon Prince t’emprisonnera à vie »
    « Encore une qui a la grosse tête, même pas belle d’ailleurs »
    Il fait un départ fulgurant, pas très bien maîtrisé et rate de peu la falaise.
    Continuant son chemin, il rencontre Petite Poucette. Celle ci est ravie de découvrir celui qu’elle croit son alter ego. Elle lui raconte ses malheurs : son faux ami le rat l’a violemment menacé car elle refusait le mariage avec la taupe. Elle a dû s’enfuir précipitamment et la voici seule et complètement démunie. Petit Poucet la regarde dédaigneusement, encore une minus qui veut me tirer vers le bas.
    « Je suis pressé. Débrouille toi,la naine »
    Ses bottes l’emmènent très loin, dans un éclat de rire sardonique. Sa vilenie n’a même pas apaisé sa colère.
    Puis il rencontre le petit Chaperon Rouge qui flânait dans une belle forêt. Elle est mignonne et en plus son panier est rempli de bonnes choses. Petit Poucet réalise qu’il est affamé
    « Mes provisions sont pour Mère Grand qui est malade. Il n’y a rien pour toi »
    « Mais je meurs de faim. Je serai ton héros »
    « T’es petit, t’es pas beau, t’es défraîchi. Va t en »
    « T’es qu’une sale greluche, retourne dans ta cuisine ». Il part en volant la galette et le beurre.
    Vraiment s’il y a un créateur, il n’est pas très futé. Je vais changer d’univers.
    Il arrive chez Superman et se sent chez lui. N’est il pas devenu super héros en sauvant sa famille? Il propose une association à Superman en lui faisant miroiter des exploits fabuleux grâce à leur duo. Superman fait la grimace
    « Toi, je ne te sens pas »
    « Comment ça? Je me lave au super blanc et me soupline parfum lilas »
    « Non tu sens l’ambition, l’envie, l’aigreur. Si tu sauves des gens, tu le feras payer »
    « Et alors! Tout travail mérite salaire »
    « Ce n’est pas un travail, c’est un sacerdoce »
    « Saceur d’os, chasseur d’os? Dis est ce que j’ai une gueule de gypaète! »
    Furieux, il repart droit dans ses bottes et décide d’aller chez Thor, le plus fort de tous les super héros, un dieu, un fier guerrier qui saura reconnaître sa valeur. Il fait des rêves de gloire, de grandeur et se voit Thor à la place de Thor.
    Distrait, il rate son atterrissage et finit écrasé sous la semelle droite de Thor qui ne se rends compte de rien

  12. sylvianne perrat dit :

    Elle devait avoir 14 ans. Traversant la place des Grands Hommes, elle s’aperçut tout à coup, qu’elle était devenue une grande personne. Elle retira sa main de celle de son père. Surprise, elle avait grandi trop vite.
    Elle n’a rien vu venir. Ses socquettes, certes étaient devenues chaussettes. Ses couettes avaient été coupées. Mais ses yeux étaient les mêmes. Nos yeux ne grandissent pas, parait-il. On a ceux de notre naissance. Son regard était toujours aussi naïf, elle aimait croire au Père Noël et à la petite souris sous l’oreiller.
    Sa grande soeur avait essayé de la prévenir. « Tu grandis, fais gaffe ! T’es plus un bébé. Arrête de sucer ton pouce ! »
    Elle ne la croyait pas. Elle aimait toujours les barbes à papa et les pommes d’amour. Et le soir, elle se blottissait contre son père comme un petit enfant. Là, elle était bien en sécurité.
    Que pouvait-elle faire ? Comment régresser ? Rapetisser ? Elle adorait lire Peter pan, ce héros qui ne grandit jamais.
    
Mais là, place des Grands Hommes, il y avait des hommes, des petits, des grands, des beaux. Ils la regardaient. Autrement. Ce n’était plus le sourire affectueux et rassurant. Ils lui souriaient en grimaçant, en se dandinant. Leurs yeux brillaient étrangement.

    Elle reprit la main de son père qui la serra.
    Tant qu’elle avait un père, elle était son enfant !
    Elle chuchota aux étoiles : « Papa, ne meurs jamais ! »

  13. Nouchka dit :

    Ianek devait avoir une quarantaine d’année. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira la main droite de sa poche et posa les fesses sur un muret afin de se donner le temps de réfléchir.
    C’était incontestable, à quarante deux ans, on est adulte pour l’état civil ; mais dans sa tête et son cœur, Ianek se sentait toujours jeune, naïf, exubérant comme un enfant.
    La notion de Grand Homme l’amenait à prendre quelque distance avec les références usuelle de l’intelligentsia locale : Pourquoi considérer et vénérer tel prédicateur qui, en son temps, faisait massacrer au nom de son Dieu, ceux qui ne manifestaient pas le même égard que lui à cette entité abstraite ?
    Pourquoi cet écrivain, reconnu et étudié depuis des siècles pour avoir écrit sur l’éducation, était-il Grand alors que, par ailleurs, il avait abandonné ses enfants ?
    Pourquoi tant de compromissions étaient-elles occultées pour cet autre, homme politique qui, à son époque, avait tourné le dos aux concitoyens de l’autre bout du monde, sans le moindre geste pour leur sauvetage et sans l’expression du moindre repentir ?

    Être Grand, pour l’Humanité est relatif, en fonction des circonstances, de l’époque et des conventions.
    Ianek n’était, tout compte fait, pas très enclin à devenir une grande personne. Il avait envie de rester lui-même, tentant de n’être pas influencé par les croyances, les valeurs ou les idées du moment.
    Il s’assit plus confortablement sur un banc, à proximité, et s’abandonna au plaisir de sentir les rayons de soleil le réchauffer et l’éblouir, au point de ne plus discerner le lieu et ses références aux Gloires nationales regroupées là.
    Il finit par s’assoupir et rêver à ses mains :
    – « J’ai chaud, dit la main droite
    – Sors-la de la poche du pantalon, réplique la main gauche
    – Non, je ne peux pas, il a mis ses clés ici ; j’en ai la garde
    – Tu en fais des histoires pour deux clés !
    – Si moi, je devais énumérer tout ce qui me chagrine, tu ne serais pas déçue !
    – Comme toujours, tu vas me sortir la litanie de la « pauvre esclave »….
    – S’il en est ainsi, je ne te parle plus.
    – Toi, tu vois le paysage, tu bouges comme bon te semble.
    – Tu parles ! Tenir un parapluie n’est pas, ce que j’appelle, la liberté de mouvement.
    D’ailleurs, toutes les corvées sont pour moi, puisqu’il est gaucher : de l’ouverture des pots de confiture à la coupe des poils dans le nez en passant par tous ces travaux qui nécessitent des outils faits pour les droitiers.
    – Tu oublies les poignées de main que je dois serrer, à qui mieux, mieux : les grandes, les miniatures, les flasques, les chaudes, les froides, les collantes, voire gluantes. Si ce n’est pas une corvée çà ?
    – Heureusement qu’il y a les poignées de main pour te faire travailler un peu ! Regarde tes ongles, ils sont deux fois plus beaux que les miens. Mon travail de main gauche est constant et, avec les années, mes articulations le ressentent.
    Quand, par bonheur, je peux me reposer dans sa poche, il y a souvent des pièces de monnaie qui y trainent ou un mouchoir racorni. Sans parler de la place réduite de ma poche gauche, réduite par la position de son sexe, toujours positionné de mon côté. D’accord, il réchauffe l’espace mais il prend de la place…
    – Tu oublies de signaler que grâce à ce positionnement, tu es tout de suite avertie des états émotionnels de notre maître !
    – Trêve de baliverne. Nous ne pouvons rien au sort qui nous est réservé. Inutile de nous comparer où de faire subir à l’autre nos états d’âme. »

    À ce moment précis, une ombre passa devant Ianek et le sortit de son rêve. Il chercha à faire un lien entre ce rêve et les réflexions qui avaient précédé : Etait-ce à dire que tout, en ce bas monde, est relatif et dépend du positionnement que l’on prend pour observer les faits ?
    Sans doute, n’y a-t-il pas de vérité absolue ! Alors, les Grands Hommes….

  14. Grumpy dit :

    Si sa mère avait su, elle ne l’aurait pas appelé Alexandre. Trop tard ! Né grand bébé, de grand gamin, il devint grand ado, puis grand junior, enfin grand homme. Elle n’avait jamais pu le faire rentrer dans un landau, pas plus dans une poussette. Il fallait bien lui faire prendre l’air à ce ‘petit’, elle garnit d’un matelas idoine un chariot de supermarché, les pieds dépassaient encore un peu, mais bon. Si quelqu’un trouvait mieux, qu’il le lui dise ?

    Parvenu au stade de grand gamin, lui et sa mère promenaient ensemble main dans la main, déjà il pouvait lui parler les yeux dans les yeux.

    A l’école il endura bien des misères, traité d’asperge, d’escogriffe, d’échalas, de grand sifflet, de dadais et on en passe …

    Il fut déclaré inapte au service militaire, le magasinier ne disposant pas en rayon de rangers taille 51, et lui ayant en treillis standard l’allure d’un golfeur en bermudas. Sans parler de son tour de tête, le casque y restait perché. Du jamais vu, même la toise bien trop courte ne permit pas d’estimer sa hauteur.

    Sa haute taille présentait malgré tout quelques avantages, toujours volontaire pour épousseter les lustres ou quérir un dossier sur une armoire sans le moindre risque d’élongation, pas une tête capable de lui boucher la vue au ciné. Quelques inconvénients cependant, aussi banals que d’oublier de se baisser en passant une porte ou d’attraper un lumbago, obligé de faire sans cesse des courbettes afin de pouvoir dialoguer.

    Il était de tempérament aimable, modeste, décomplexé. On l’abordait volontiers. Par chance sa voix n’avait pas suivi l’amplitude de sa carcasse, sans quoi elle eut fait trembler les vitres et fait fuir les demoiselles, elles l’aimaient bien, trouvant qu’il sortait du lot qu’il dépassait de plusieurs têtes. Et puis, s’il entendait parfois des réflexions blessantes, il ironisait, disait que ça volait si bas que ça lui passait par-dessus la tête.

    Il tenta bien de se mettre au sport, les clubs l’intégrèrent bien volontiers pensant détenir-là la perle rare. Hélas, on dû l’exclure des compétitions, trop fort : en natation, au saut à la perche, en longueur, en hauteur, il avait toujours ses 2,50m d’avance. Restait le basket, l’équipe démoralisée le rejeta, juste d’une petite tape il marquait tous les paniers.

    Il réussit à passer le permis de conduire, et fit aménager une DS à sa mesure : siège avant ôtés, volant monté sur un axe rallongé, il s’asseyait sur la banquette arrière, ses jambes atteignant pile les pédales.

    Il vécut heureux à regarder le monde de haut, à promener souvent tenant la main de sa maman devenue si petite qu’on la prenait parfois pour une fillette malgré son visage de pomme reinette.

    Place du Panthéon était leur balade préférée, là, comme s’il en avait besoin, il se tenait droit comme un I, et se délectait à lire sur le fronton « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ».

  15. Anne Lonjaret dit :

    Ce thème m’a fait tout de suite penser à un poème allégorique que j’affectionne et qui me parle.

    « Une nuit, j’ai eu un songe.

    J’ai rêvé que je marchais le long d’une plage, en
    compagnie du Seigneur.

    Dans le ciel apparaissaient, les unes après les autres,
    toutes les scènes de ma vie.

    J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à chaque
    scène de ma vie, il y avait deux paires de traces sur le sable:
    L’une était la mienne, l’autre était celle du Seigneur.

    Ainsi nous continuions à marcher, jusqu’à ce que tous
    les jours de ma vie aient défilé devant moi.

    Alors je me suis arrêté et j’ai regardé en arrière.
    J’ai remarqué qu’en certains endroits, il n’y avait
    qu’une seule paire d’empreintes, et cela correspondait
    exactement avec les jours les plus difficiles de ma vie,
    les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur
    et aussi de plus grande douleur.

    Je l’ai donc interrogé :  » Seigneur… tu m’as dit que tu
    étais avec moi tous les jours de ma vie et j’ai accepté
    de vivre avec Toi. Mais j’ai remarqué que dans les pires
    moments de ma vie, il n’y avait qu’une seule trace de pas.
    Je ne peux pas comprendre que tu m’aies laissé seul
    aux moments où j’avais le plus besoin de Toi.  »

    Et le Seigneur répondit :  » Mon fils, tu m’es tellement
    précieux ! Je t’aime ! Je ne t’aurais jamais abandonné,
    pas même une seule minute !

    Les jours où tu n’as vu qu’une seule trace de pas sur le
    sable, ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien:
    c’était moi qui te portais. « 

  16. Kyoto dit :

    J’avais trois ans. Mon père était directeur de l’école des garçons et maire de notre village ligérien. Ma mère, institutrice à l’école des filles. La culture était primordiale, disaient-ils souvent. Je pensais qu’ils parlaient des fermiers qui cultivaient le blé pour qu’on puisse manger du pain. Mon grand-père me l’avait expliqué.
    Ils disaient aussi que cela ouvrait bien des portes. Chez nous, elles étaient toujours ouvertes. Je ne comprenais pas. Mais je ne posais pas de questions.

    Un après-midi de vacances, nous prîmes l’autobus pour aller à la ville voisine. Une expédition, une aventure. J’en aurais des choses à raconter à mes camarades. Mon impatience et mon exubérance faisaient sourire mes parents.

    Mon père nous guidait dans les longues rues dont il clamait le nom : Monquestieu, Montagne, Foltaire, Sourreau…Ce n’étaient pas des noms que je connaissais. Au village, personne ne s’appelait comme ça. Il faudrait que je me rappelle pour quand je raconterais à mon grand-père.

    – Ouvre grand tes yeux, Pierre-Emmanuel, nous arrivons Place des Grands-Hommes, un panthéon à ciel ouvert, s’exclama mon père.

    Je levais les yeux. Je ne voyais que le ciel tout bleu. Sans nuage et sans pantalon. Puis je découvrais l’immense place. Mais déception ! Il n’y avait pas de Géants ! J’avais envie de pleurer. Je ne comprenais pas.

    Je retirais vivement ma main de celle de ma mère qui, d’ailleurs me la serrait trop fort, de peur que je me sauve. De peur que je me perde. Je traversais la place en courant, grimpais sur un banc, et en écartant les bras et les jambes, la tête dirigée vers le ciel je criais : Je suis un Grand Géant ! Je suis un Grand Géant !

    Ce fut ma première colère.
    C’est mon premier souvenir.

  17. Nadine de Bernardy dit :

    Il devait avoir 72 ans.Traversant la place des Grands Hommes ,il s’aperçut qu’il était devenu une grande personne.Il retira sa main de celle de sa mère.Celle ci, malgré ses 95 ans le tenait ferme depuis sa naissance.
    Il n’arrivait pas à se souvenir d’un seul jour où il n’avait pas été agrippé par cette main qui, au fil des ans,s’était ridée,couverte de taches brunes et mise à trembloter sans perdre de sa poigne.
    Elle était là pour l’accompagner à l’école maternelle,elle le tenait le jour de son entrée en sixième.Il fut chahuté par les élèves moqueurs:
    Comment tu vas y arriver sans ta môman?
    Elle le tînt par la main jusqu’à la salle d’épreuve du Baccalauréat,tenant dans l’autre un petit en cas si défaillance.Elle marchât à ses côtés dans les couloirs de l’université de droit, pour être sûre qu’il trouve l’amphithéâtre A2G.
    La main maternelle le traînât,rouge de honte dans son complet gris trop grand, à la remise de son diplôme.Ce fut elle qui le menât dans les différents cabinets d’avocat lorsqu’il postulât un peu plus tard.
    Ses confrères ricanaient derrière son dos, mais ses compétences dans le domaine des droits des enfants les empêchaient de le faire ouvertement.
    Il tombât amoureux d’EloÏse.Ils se voyaient en cachette,mais quand,après plusieurs semaines de rencontres furtives,elle tentât de lui prendre tendrement la main,il s’enfuit à toute jambes.
    Les années passaient,il vivait chez sa mère ,partait avec elle en vacances tous les été à Noirmoutier,main dans la main.
    Il avait bien tenté de la mettre en maison de retraite,mais la vieille dame fit une crise cardiaque sévère ce qui le culpabilisât très fort.
    Ce matin,il s’était levé tout guilleret,il avait rêvé qu’il se promenait sur une plage,sa femme à ses côtés,leurs enfants courant devant eux en toute liberté.
    C’est lui qui proposât à sa mère une promenade place des Grands Hommes.C’est lui qui lui pris la main pour l’entraîner dehors.
    Arrivés à destinations,il tirât fermement sa main de la griffe maternelle. La nonagénaire chancelât un peu et le vit,interdite, courir droit devant lui,en hurlant :
    JE SUIS UN HOMME,UN GRAND,UN GRAND HO-HOMME

  18. 🐀 Souris verte dit :

    AVENIR… ESPOIR
    Toute petite, étant déficiente je m’y cramponnais déjà.
    – L’ira pas bien loin, trop maigre, trop chétive, trop…
    En fait, j’étais tout pas assez. Je m’étais faite à cette idée et vivais confortablement de l’aide que chacun voulait ou se devait de m’apporter.
    Les années passaient lentement… Trop vite le temps m’étant compté ! Comme tout ce qui m’entourait. Trop haut, trop bas, à l’aide !
    Laide, je ne l’étais pas et en même temps que j’attirais la compassion je lisais sur leur visage une forme d’intérêt. Presque, on m’aimait. Enfin c’était mon ressenti et, grâce à ça, je grandissais dans ma tête assez joyeusement.
    Alors que je tenais fermement la main de mon avenir pour traverser la place des Grands-Hommes, le hasard mit sur mon passage clouté de toutes mes impossibilités, un garçon qui me parut immensément haut autant que filiforme. Lui voyait loin, moi pas, me renversa.
    Il pencha son double-métre pour me rattraper au vol. C’est quand il me serra contre lui que je sentis que j’avais grandi.
    Mon espoir avait pris forme.🐀

  19. durand JEAN MARC dit :

    Il devait avoir 110 ans. Traversant la place des Grands Hommes, il s’aperçut tout à coup, qu’il était devenu une grande personne. Il retira sa main de celle qui se prenait pour sa mère, sa femme ou sa fille.

    Il marchait encore très bien sans béquilles. Sa force de caractère s’était endurcie avec les épreuves. C’était chez lui comme du plomb, ferme ou amortissant, selon le choc. La puissance du chêne conjuguée à la souplesse du roseau lui avait permis de vivre sur plutôt que de survivre. Seule la méchanceté sciante des hommes avait failli l’abattre.

    Et puis, il avait trouvé sa place, sur le banc, au milieu du village. On venait le consulter pour obtenir des échos du passé. Personne ici, dans le département, dans le pays même n’avait connu 3 guerres, 3 camps de concentration, 3 mois de prison, 3 mariages et 30 gouvernements.

    En tant que vétéran de l’humanité, on avait prédit à Marcel Crampon sa statue sur la place, après son départ. Un artiste était même passé prendre ses mensurations, faire quelques croquis de ses attitudes favorites. « Croque- monsieur ou croque-mort ? » lui avait-il demandé.

    Sa statue de la sagesse, lui la voyait simplement dans sa posture sur strapontin toilé, assis face à la rivière, tentant d’accrocher quelques poissons, ceux qu’il nommait ces arcs en eau.

    La vision beaucoup plus prétentieuse du comité l’agaçait. On allait récupérer sur le dos de sa longévité, la qualité de l’air de la vallée, la pureté exceptionnelle de ses eaux de source et la richesse de son fromage.

    L’absence de vignes dans la région allait dans le sens de l’Etat qui souhaitait que le peuple boive moins d’alcool, surtout avec cette petite garce de Modération.

    Mais Marcel Crampon s’en foutait. Lui, savait tous les pays traversés, les villes , les banlieues, les campagnes. Il se souvenait de tout ce qu’il avait bu , mangé, embrassé.

    Et que, si il était encore vivant, c’était surtout dû à la chance. Une chance énorme qu’il avait toujours refusé de gaspiller dans des jeux aléatoires. Sa seule fortune était sa chance.

    Ce jour- à, en lâchant la main de cette dame de compagnie tenant plus du capitaine de bataillon, il se libérait d’une attention envahissante.

    Le docteur allait lui présenter son nouveau combat et il choisirait lui même s’il sortirait de la tranchée ou pas.

    Une ultime liberté, choisir de rester dans la boue du commun ou de courir dans celle dont on fait les statues.

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