492e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.

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24 réponses

  1. caillaud dit :

    Lulu circule précautionneusement sous le couvert des arbres, prenant bien soin d’incliner sa tête afin qu’aucune branche ne se prenne dans ses cheveux. Le soleil lui fait profiter de ses doux rayons automnales. Les feuilles des arbres commencent à jaunir, certains tronc se retrouvent déjà encerclé par un tapis marron. Lulu apprécie sentir les feuilles se froisser sous la plante de ses pieds. Elle se délecte à la perspective que bientôt, ces mêmes feuilles craqueront, que les branches de bois mort se briseront et les glands éclateront, à chacun de ses pas.
    Lulu traverse une clairière ensoleillé et s’assit face à Féfé, dressé à son orée. De son vivant, Féfé a choisi un merisier pour le représenter. Lulu admire la finesse de son tronc, il s’élève désormais à trois mètres de hauts, il est superbe. Lulu saisit une de ses feuilles orangée tombées au sol. Sa pointe plus foncée, vire vers des tons plus rouge. Elle se mit à l’émietter soigneusement.
    – Mon cher Féfé, comment te portes-tu ? Toujours à te chamailler avec Mia ? Moi ça va plutôt bien, Rentlo se met encore à faire des siennes. Aujourd’hui il a piaillé pendant des heures à cause du chat de la mère Michèle. Tu l’aurais entendu, il n’a pas changé d’un poil depuis ta mort. Enfin, je ne suis pas venue te contait de jolies choses aujourd’hui. C’est même un sujet assez délicat.
    – …
    – Tu ne dis rien ? Ca ne m’étonne pas de toi, tu es toujours le même, toujours muré dans ton silence, à garder tes pensées pour toi. A savoir si tu as véritablement émis une pensée dans ta vie !
    – ….
    – Mes éclats n’y ont jamais rien fait, ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Tu te souviens de la fois où j’ai brisé toute la vaisselle soigneusement pour te faire réagir ? Comme à ton habitude Monsieur est resté de marbre. Tu t’es contenté de vider ton verre de rouge et de dire que tu allais te coucher.
    – ….
    – J’en ai pleuré de rage toute la nuit ! Le pire dans tout cela, c’est qu’à l’instant où tu as tourné les talons, je me suis mise à ramasser chacun des morceaux pour les jeter. Le lendemain la cuisine était propre et tu as lu ton journal comme si de rien n’était…
    – ….
    – Enfin ce n’est pas pour radoter sur de vieilles histoires que je suis venue. Je peux le dire tu m’as bien rendue malheureuse mais qu’importe. Aujourd’hui, je suis peut-être vielle et toute fripée mais je suis restée jeune dans ma tête. Tu te souviens du gros Roger, le boulanger ? Et bien aujourd’hui il m’a pétri les miches si tu vois ce que je veux dire. En fait ça fait déjà deux ans qu’il le fait et que je te le cache.
    – …
    – Tu n’en dit toujours rien ? De toute façon, de ton vivant, j’aurais pu tout aussi bien me transformer en truie ça n’aurait rien changé. On ne peut pas dire que tu ais pris soins d’entretenir la chaleur de mon corps. C’est bien malheureux de découvrir l’amour à 67 ans !
    – …
    – Tu te tais toujours ? Vieux égoïste ! Je t’ai toujours été fidèle et pourtant j’en ai eu des occasions. Tiens, avec le vieux Pinel par exemple ! Mais là n’est pas là question, je suis venue te dire que le gros Roger m’a demandé de l’épouser. Qu’est-ce que tu en dis, hein ? Ca t’épate que quelqu’un puisse me trouver désirable et m’aimer un peu ?
    – …
    – Toujours rien ? Ca te fait une belle jambe n’est-ce pas ? J’aurais dû m’en douter. Je te souhaite bien du bonheur mon vieux Féfé !

  2. oholibama dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le nom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé.
    _ah Féfé dis-moi donc. J’ai compté les arbres, il y en a quinze en tout, ils sont immenses du moins certains le sont. Ils sont très serrés les uns contre les autres, ils se murmurent des choses entre eux quand, je suis près d’eux, ils se taisent un peu comme si, je n’étais pas des leur. Le doute devint une évidence quant à la réunion familiale du mois de juillet et si tu te souviens bien de ce moment là; j’avais demander à la famille de se groupés devant les arbres pour une photo.

    Tout se passa bien.En fait de photo, je fis une vidéo, lentement je me suis approchée et là…Je n’eus plus de doute ,même les autres ont perçu ce mal être que quelque chose n’était pas net. Au plus vite, ils se sont empressés de venir vers moi, sous le motif futile que sous les arbres…il faisait froid.

    La belle blague. Trente degré, vingt quatre sous les arbres et il faisait froid! Les rires étaient faux et même Victorine la petite tornade n’était pas dans son élément. Son regard si brillant habituellement, était terne, elle se tenait tranquille, trop tranquille. Pour tout te dire Féfé cela me fit, froid dans le dos.

    Le lendemain, j’ai visionné la vidéo…quelle horreur. Dis-moi Féfé j’ai le droit de faire ce que je veux de la grande parcelle n’est ce pas?
    _Euh…Lucinda dans les grandes lignes …oui mais euh, non, c’est délicat pense à eux enfin! Tu ne peux les éliminés alors qu’ils sont si bien ancrés, qu’ils se plaisent, qu’ils ont trouvés leur place. réfléchis Lulu et puis qu’en ferais-tu?

    _J’ai eu l’idée du siècle Féfé. Des chalets de cent mètres carrés de quoi réjouir toute la famille en été. De la place pour tous, chacun sa chambre, chacun son emplacement, chacun son souvenir…tu trouves pas cette idée pharamineuse?
    _Un chalet pour chaque membre, ce qui veut dire neuf chalets mais…il en manque un!
    _Oh ne t’inquiète pas Féfé, je garde le meilleur pour moi.
    _Ah bon! Et quoi donc Lulu?
    _Je vais me servir du gros chêne et créé un magnifique restaurant avec trois pièces , cuisine, salle de bain pour moi.
    _Okay Lulu et que feras-tu de l’arbre à Dédé?
    _Lui! Oh lui , il va assister à tous cela. Il verra ses frères, cousins finir en belles planches qui, à leur tour deviendront de beaux chalets, qui seront habités par des familles. Des cris, des rires, de la vie. Adieux leur tranquillité.

    _Pourquoi fais-tu cela Lulu?
    _Ben voyons…vois, je n’ai jamais fait partie de la famille. Chaque réunion me laissait de plus en plus écarté par la famille, par leur regard amers. Je voyais leur colère, leur haine, leur envie de me voir morte. Pourquoi, pourquoi, qu’avais-je fais moi l’enfant sans père et sans mère?

    Dis-moi toi qui sais tout dis-moi, j’ai tans besoin de comprendre. Pourquoi cet héritage? Oncle Fran-fran m’a tout légué, j’ai tout les droits, la fortune m’appartient…les autres non rien reçu. Leur haine me poursuit jour et nuit alors dis-moi pourquoi?

    Féfé me regarde, ses yeux brillent de larmes contenues. Il baisse la tête, se tord les mains puis dans un souffle commence à me raconter mon histoire. L’histoire cruelle de ma pauvre vie. a la fin de cette atroce découverte, je compris une chose…et mon coeur devint encore plus froid.

    Féfé ne verra pas la construction, il ne verra pas le bazar complet, les déchets, le feu ou les restes de ses frères finirent enfin leur vie. Mais Féfé verra ma réussite car de son arbre bien que petit,naîtra la mascotte du village vacances. Yvan le charpentier fit un excellent ouvrage.

    Féfé et son courage, Féfé le protecteur de la vilaine graine venue mettre sens-dessus, dessous la vie bien réglée d »une mini communauté d’hommes aimant tout dénigré…et voulant encore surveiller au travers l’esprit nature d’un arbre la vie des survivants. Féfé qui prit si souvent ma défense, féfé restera le protecteur de bien des familles en surveillant de son pied de granit la vie qui continue.

    Il est beau mon Féfé, sa haute silhouette de gardien plaît même aux passant. Un beau Dogue assis tel un sphinx le regard perçant , presque menaçant, gardant l’entrée du domaine. Je pose souvent ma main sur sa tête bien faite et comme lui j’attends. Le domaine sera bientôt envahit par cette bruissance de la vie…aimons-la, elle nous le rend bien.y.l.
    sur une idée de Pascal Perrat.

  3. Françoise - Gare du Nord dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Elle veut bien de cet héritage mais ce qui lui importe davantage c’est de savoir où sont ses racines. Qui sont ses ascendants, de quel lignage elle est issue ? Comment démêler toutes les ramifications et remonter toute l’arborescence ? Pour tout dire elle suspecte un sombre secret de famille enfoui sous les feuillus.

    Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier séculaire. Mais Féfé, est un taiseux. C’est regrettable car c’est le plus ancien, l’ancêtre qui sait tout sur tous et plus qu’il n’en dit sur Lolo, qui bien que d’une essence rare et noble, n’en est pas moins de la branche cadette. Origine obscure donc mais existence bien moins mystérieuse que celle de Riri, le frêne ténébreux, repris de justice resté à l’ombre durant 20 ans – le nombre de cernes en faisant foi – et récemment sorti de cellule.

    Mais Lolo tout comme Riri ne pourront rien apprendre à Lulu. Pas plus qu’Ouin-Ouin, l’érable canadien et Zaza, le cèdre libanais, deux étrangers qui ont fait souche récemment dans cette forêt d’une contrée française. Elle ne peut pas plus espérer apprendre quelque chose de Nana et Lola, ces deux cônes, en perpétuelle pâmoison « aux pieds » de Sissi – surnom de Sylvestre – le sapin.

    Lulu continua ses recherches. Momo, le dépressif et suicidaire qui, tous les quatre matins, menace de se noyer ne lui fut d’aucune aide, tout comme Vivi, shakespearien et théâtral qui ne sait que clamer « Hêtre ou ne pas hêtre »

    Ron-Ron le soporifique tilleul et Snif-Snif, le saule toujours en train de pleurer l’ennuyaient ; Guigui le parasite visqueux la dégoûtait ; Jojo, le bonsaï, le nabot, lui faisait un peu peur tout comme Pin-Pon le platane meurtrier ; Fifi, cette tête de nœud, aux yeux globuleux l’écœurait et elle se méfiait de Can-Can qui se vantait d’avoir vu l’orme qui a vu l’orme qui a vu l’orme.

    Pour finir on lui vanta Chichi, le Grand Chêne, cet arbre remarquable s’il en fût qui, à l’instar de la rose considérée comme la reine des fleurs ou la pomme celle des fruits, est tenu pour être le roi de la forêt. Solide, fiable, résistant, puissant, une source sûre à laquelle on peut se fier.

    Fier et imbu de son importance c’est certain. Il a toisé de toute sa hauteur Lulu qui, du coup, craint que le secret de famille qu’elle soupçonne ne demeure définitivement enterré.

    De plus elle se demande si les qualités qu’on lui prête ne sont pas exagérées. Car après tout, lorsqu’on y réfléchit bien, le chêne n’a pas à se glorifier de sa descendance : il n’engendre que des glands.

  4. françoise dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé qui était à la besogne quand un orage avait éclaté en même temps que la colère de Dédé. Il n’est jamais content Dédé comme Fredo lui avait fait remarquer en début de matinée . Par contre, Fredo a une âme de poète.Hier soir par exemple alors que la lune s’apprêtait à tomber – c’est une façon de parler car elle n’est jamais tombée sur personne du moins de mémoire d’arbre – a récité cette très jolie poésie :
    L
    Trois arbres tombés
    sont restés au bord du sentier.
    Oubliés du bûcheron, ils s’entretiennent,
    fraternellement serrés, comme trois aveugles.
      Le soleil couchant verse
    son sang vif dans les troncs éclatés,
    les vents emportent le parfum
    de leur flanc ouvert.
    L’un, tout tordu, tend un bras immense,
    frissonnant de feuillage, vers l’autre
    et ses blessures sont pareilles
    à des yeux pleins de prière.
    Le bûcheron les a oubliés.
    La nuit viendra. Je resterai avec eux.
      Je recueillerai dans mon cœur
    leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
    Muets, pressés les uns contre les autres,
    que le jour nous trouve monceau de deuil.

    Lulu, ému, lui a demandé qui en était l’auteur.
    C’est Gabriela Mistral. Parfois elle s ‘allonge à l’ombre sous l’un d’entre nous et elle compose ses poèmes.
    Tu nous feras signe la prochaine fois qu’elle viendra pour Que nous soyons tout ouïe….

  5. RENATA dit :

    – Féfé tu as grandis dans cette forêt , te voilà marqué d’une croix blanche , tu sais ce que ça veut dire . Les bûcherons vont venir te chercher . Il est temps pour toi de nous dire pourquoi Lolo est si différente :
    Elle est toujours envahie par les chats , les grenouilles et les crapauds se réfugient dans son écorce au cœur de l’hiver , seuls les corbeaux nichent dans ses branches , son écorce a une couleur sombre qu’elle est seule à porter , ses feuilles sont toute l’année rouges et jaunes , ses branches sèchent plus que de raison , qu’a t’elle ? n’emporte pas ce secret avec toi , explique nous .
    – Mon cher Riri , tu as raison , ma fin approche et les secrets doivent être dévoilés pour aider les autres à grandir .
    Sachez que dans les temps très anciens , les descendants de Lolo vivaient nombreux dans nos belles forêts . Ils étaient majestueux , verdoyants, donnant des fruits si délicieux que les hommes et les animaux se les partageaient , ils abritaient toute la faune avec bienveillance . La vie rêvée pour un arbre .
    Un matin , des hommes vêtus de noir sont venus , ont choisis les arrières grand-parents de Lolo , puis les grand-parents et enfin les parents , les ont débités et emmenés à la ville . Nous ne comprenions pas pourquoi autant d’abattage .
    Le soir venu , au loin , des lueurs jaunes et rouges éclairaient l’horizon , des cris , des hurlements indescriptibles s’élevaient , toute la forêt en tremblait .
    Le lendemain des promeneurs conversant nous apprenaient qu’un grand bûcher avait été installé pour brûler toutes les sorcières et autres guérisseuses du pays , ainsi que leurs chats .
    Depuis , Lolo ne se développe plus et se consume de culpabilité et de tristesse .
    Elle essaye de réparer en s’occupant des compagnons dont ces femmes s’entouraient mais surtout en conservant dans son écorce profonde et ses feuilles le souvenir des couleurs du bûcher .
    C’était un autre temps …..
    Moi je deviendrais sûrement un meuble télé ou de salle de bain , c’est mieux non ?

  6. Les quatre coins

    Ils étaient quatre arbres copains
    réunis, pile, aux quatre coins
    d’un très beau carré de jardin
    où jouaient cinq phénomènes
    cinq copains féminin/masculin
    qui habitaient dans le domaine
    Le chêne, on l’avait baptisé le Tché
    Cheyenne était toujours à ses pieds
    Le tilleul était nomméTiti ,
    toujours choisi par Thierry
    le châtaigner repaire de Charly
    On l’avait baptisé Chacha
    enfin le quatrième, le noyer
    avait été nommé Nono
    car Noémie s’en était éprise
    un jour où soufflait une brise
    légère comme un souffle d’été
    Le dernier des copains
    n’aimait pas son prénom
    il s’appelait Cloud allez donc !
    Surnommé méchamment
    Kakaclouclou, kakaclcouclou
    par les quatre autres drôles
    qui le prenaient pour n guignol
    Au milieu il était toujours
    cherchant à gagner une place
    lors des déplacements suspense
    des quatre criant son surnom en tout sens
    Car les arbres avaient leurs chéris
    ils tendaient des pièges au petit
    accrochant ses pieds avec une racine
    quand il allait gagner la partie
    et rejoindre l’ arbre ami
    de l’un des quatre phénomènes
    Un buisson d’églantines regardait tout ça
    et voyait d’un mauvais œil
    si mal traiter ce petit Cloud là
    Il avait hérité de sa grand-mère Rose
    le don de provoquer bien des choses
    sans en avoir l’air, rien qu’à son parfum
    il ensorcelait tous les malandrins
    Et c’est ce qu’il fit un beau matin
    où il en eut vraiment marre
    de voir toujours Kakaclouclou
    pleurer dans le noir
    attendant qu’un coin enfin se libère
    pour gagner un moment éphémère
    de réussite et de gloire.
    Ennivrés par un parfum de roses
    comme seul ce buisson d’églantines
    savait faire les chose,
    à cause de Grand-Mère Rose
    les arbres emmèlèrent leurs racines
    tellement embrouillées
    qu’elles ne puissent se séparer
    Châtaignier et tilleul unirent leurs bouquets
    et se nommèrent « Ticha »désormais
    Le chêne et le noyer glands et noix mélangés
    prirent le nom de « Chenoix »
    il n’y alors plus que deux arbres rois
    pour jouer aux quatre coins
    car tout finit un jour lointain
    Et le petit Cloud amoureux d’églantine
    devint un parfumeur émérite et sublime
    avec sa création « Le clou des citadines »

    Lecrilibriste

  7. pakita POM dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur …

    Lulu n’a, hélas, hérité de rien du tout ! Et pour cause, son père, un joueur invétéré, a tout flambé dans les casinos, jusqu’au château qu’il a fallu vendre pour éponger les dettes… Le domaine, les écuries, les forêts, les pacages, tout est parti à l’État, parce que, là non plus, encore une fois son père n’avait pas su gérer et le fisc s’est gavé. A croire que le sort s’acharnait !
    Lucien, à l époque, n’était encore qu’un gamin mais c’est la misère au cœur qu’il avait dû tout abandonner et particulièrement sa forêt d’ancêtres !

    Lulu , faut croire que la déroute de son père l’avait poussé, lui, dans le bon chemin . La forêt ne lui appartenait plus. Elle était devenue forêt domaniale, forêt d’Etat donc, mais tous Ses arbres étaient encore là et lui, eh bien lui, il n’allait surement pas les abandonner . Il allait s’en occuper et c’est comme cela qu’il est devenu garde forestier. Chance ou piston, allez savoir , mais tout de même garde forestier de la forêt de ses ancêtres, faut le faire , non ?

    Chaque jour, il la parcourt, sa forêt, attentif au bien être de chaque plante, s’essayant au mieux à maîtriser la bio diversité du lieu pour en préserver la beauté, l’authenticité.. C’est toujours avec émotion qu’il retrouve tous ces grands arbres par ses ancêtres autrefois plantés . Il s’arrête un instant, pose sa main contre l’écorce et salue l’arbre par son surnom familial, une vieille tradition que son père lui avait expliqué au temps où le jeu n’avait pas encore ravagé son esprit. Et, le cœur apaisé, conscient d’avoir fait son devoir, il continue sa ronde forestière après que chaque arbre, en toute simplicité , lui ait rendu son salut et souhaité une bonne journée..

    Aujourd’hui ses pas le portent au milieu de la forêt, où, gigantesque et assez incongru dans cet environnement de montagnes des Pyrénées , un bosquet d’eucalyptus s’étale, ramure au vent. Ces arbres sont une énigme pour Lucien : personne dans sa famille ne lui en a jamais parlé . Qui donc aurait pu les planter ? Il a bien essayé de tirer les vers du nez du grand chêne mais celui ci lui a opposé un silence assez hautain , comme s’il n’était au courant de rien.

    Bon, d’accord, mais tout de même, ces arbres, là ,au milieu de la forêt étaient en train de saboter la bio diversité . Gros buveurs d’eau, ils assoiffaient les voisins et, sur le sol, à leur pied, rien ou presque ne poussait . Il allait devoir s’en débarrasser mais pourtant …un scrupule le retenait .

    Alors Lulu s’en alla voir son copain Féfé, le châtaignier que l’arrière grand oncle Ferdinand avait planté. Ils étaient depuis longtemps tous deux liés d’amitié et le jeune garde forestier espèrait en apprendre plus sur ces exilés…Féfé est un peu dur de la feuille et il en joue, le malin , faisant celui qui n’a rien entendu, ce qui confirme Lulu dans son impression qu’il y a quelque chose de louche dans ces rejets de souches pour le moins exotiques .

    Quand Lulu lui dit assez abruptement que, s’il n’y a aucune explication valable à la présence de ces étrangers dans sa forêt, il va devoir s’en débarrasser, Féfé, soudain inquiet, s’emmêle les branches dans des explications touffues…se met à trembler de toutes ses feuilles .

    -« Ah ça , ça tu ne peux pas ! Il ne faut pas , surtout pas
    Les feuilles des arbres s’agitent tout à coup en un bourdon inquiétant
    -Pourquoi ?
    -C’est , c’est un secret … Ici, dans la fore,t nous avons tous promis de ne jamais rien révéler. »
    En un instant, le vent s’est levé et les branches des arbres s’entrechoquent violemment
    -Tant pis, je vais les arracher
    -Nooon !
    La foret entière gronde maintenant
    -Féfé, vas tu enfin m’expliquer !
    -Vous tous, les arbres de la fore,t vous êtes témoins que c’est sous la contrainte que je parle et uniquement dans le but de les sauver.
    La tempête s’est arrêtée pour faire place a un silence terrible.

    -Ces eucalyptus, comme nous tous ici, ont un nom, Ils font partie de notre grande famille même s’il ne furent pas vraiment plantés comme nous l’avons tous été.

    Louis, ton arrière grand oncle , avait deux frères : l’aîné, ton arrière grand père hérita du château et des terres, son frère Ferdinand se fit militaire – une carrière exemplaire et Louis, selon la tradition , c’était chez les curés qu’il devait aller.Mais dans sa tête, le vent de l’aventure soufflait depuis qu’il était tout petit alors, le séminaire ….c’était pas vraiment son affaire. Il est parti comme missionnaire , évangéliser les peuplades lointaines. Il a drôlement voyagé à travers le monde entier . Afrique Asie, Papouasie, Australie… Des années, ça a duré.
    Puis, un jour, il a débarqué au château .

    – Comment mais on m’a toujours dit que Louis était mort à l’autre bout du monde et que l’on n’avait jamais pu retrouver son corps, que la tombe qui porte son nom das la crypte du château est vide … ? »

    -Je sais . Tout le monde connaît cette version de l’histoire ! C’est la plus confortable mais tu vas voir, la réalité est toute autre : Louis est revenu dans la demeure familiale . Il ne demandait pas grand chose, l’hospitalité rien de plus, le temps de s’organiser mais le châtelain , ton arrière grand père n’a rien voulu entendre . Il faut dire que Louis, dans ses bagages, avait ramené une femme qu’il aimait : une aborigène . Jeune et belle comme le diable, totalement perdue dans ce monde pour elle inconnu, forte et fragile à la fois., le geste sûr, le regard franc et droit à une époque où les femmes minaudaient et lorgnaient le monde à travers leur coquettes voilettes. Elle allait simplement vêtue et souvent presque nue alors que les demoiselles cachaient leur fesses sous des faux culs et n’autorisaient à voir que leur cheville menue.

    « Mon pauvre frère, elle t’aura ensorcelée C’est une sorcière, il faut t’en débarrasser, revenir a la réalité »

    IL est vrai qu Allinta , flamme en langue aborigène, était différente mais c’est sans doute pour cela que Louis l’aimait. On disait même, là bas, dans sa tribu qu’elle avait quelques pouvoirs .

    Rejetés par sa famille, ils se sont installés dans une cabane dans la forêt – seule alternative autorisée par l’aîné – et ils y furent heureux tout simplement . Parfois quand la nostalgie de son pays la prenait ou qu’elle sentait Louis un peu triste, Allinta prenait son iydaki ( dijderidoo), une sorte de bâton de bois, de l’eucalyptus je crois, tout décoré de peintures joyeuses, dans lequel elle soufflait et la musique qui s’en échappait était incroyable. Des sons inimaginables s’envolaient comme si, tout à coup, la grande forêt de tes aïeux se remplissait d’animaux inconnus et d’oiseaux multicolores.

    Ils furent heureux aussi longtemps que le temps demeura clément mais , tu le sais bien, Lulu, parfois, par chez nous, les hivers peuvent être rigoureux et Allinta n’était pas préparée à affronter un tel froid. Libres et fiers, ils ont essayé de s’en tirer sans rien demander. Nous pouvons en témoigner , nous étions là , incapables de les aider, sinon en les protégeant de nos branches pour éviter que la neige ne fasse s’effondrer le toit de leur pauvre cahute . Un jour Allinta s’est mise à tousser si fort qu’elle ne pouvait plus faire chanter son instrument . Le temps du rêve était passé et de fait, les forces de la belle s’amenuisaient de jour en jour. Louis, prêt à tout pour la sauver, alla demander de l’aide à son frère, acceptant veulement humiliations et moqueries pourvu qu’on leur donnât un abri. Après l’avoir bien raillé, ils lui ont claqué la porte au nez

    Il a couru dans la nuit, il savait que le temps lui était compté mais, quand il est arrivé, Allinta n’avait pas eu la force de l’attendre. Le bleu du gel recouvrait déjà sa belle peau ambrée. Dans ses yeux grands ouverts, il a vu le serpent arc en ciel et celui ci s’est mis à parler : «  Pourquoi l’avoir emmenée si tu n’étais pas capable de la protéger ? »

    Toute la nuit, malgré la peine et le froid, Louis a creusé une fosse assez large, qu’il a tapissée de ces écorces peintes que sa femme avait dans ses bagages apportées. Puis, délicatement dans ses bras, il l’a portée. Là, dans ce lit de terre, il l’a couchée . A côté d’elle , il a déposé son instrument . Tendrement il a recouvert son corps d’une couverture qu’elle avait un jour tissé pour lui. Puis, il s’est allongé tout à côté, les yeux fermés et doucement, sur leurs corps réunis, a jeté une poignée de terre en murmurant ALi Lo, Allinta et Louis, pour toujours réunis .

    Le lendemain, ton arrière grand père les a fait chercher par des valets. Ce sont les chiens qui les ont retrouvés. Libérés pour l’éternité… Sur ordre, la fosse, à la hâte, fut comblée et le silence des valets fort cher acheté et tout le monde dut …oublier

    Mais vois tu Lulu , la terre, elle, n’oublie jamais.

    Un jour, on a vu de l’humus sortir les premiers rejets de ces grands arbres dont tu t’étonnes qu’ils puissent avoir été par tes ancêtres plantés… Pourtant Lulu, ils font bien partie de notre grande famille .

    Quel meilleur terreau que l’amour de ces deux la pour faire reverdir le bâton d’eucalyptus qui chantait si bien !

  8. Fanny Dumond dit :

    C’est une forêt domaniale, Lucien alias Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Félix alias Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Laurent le métayer, alias Lolo.

    – Dis-moi Féfé, toi qui sais tout, pourrais-tu me dire ce que mijote Lolo à fouiner depuis quelques jours autour de toi. J’ai l’impression qu’il cherche quelque chose.

    – Ah bon ! Je n’ai pas fait attention. Il doit chercher des châtaignes, répond Féfé.

    – Me prends pas pour un con. Nous sommes au printemps et il y a belle lurette que tes fruits sont morts et enterrés. Je l’ai vu le Lolo, pas plus tard qu’hier, en train de creuser un trou à deux pas de toi. Ce domaine m’appartient et je voudrais bien en avoir le cœur net. Je sais qu’il pose des collets un peu partout, mais bon je n’en suis pas à un lapin près.

    – Ben moi, je sais ce qu’il cherche dit Dominique alias Dodo, le chêne bicentenaire.

    – Chut ! s’énerve Féfé. Tu peux pas la fermer pour une fois !

    – Je dirais ce que je veux, s’ébroue Dodo de toute sa ramure. Je sais que le Lolo t’a promis de ne pas t’abattre pour faire la charpente de sa cabane.

    – Quoi ? En plus il abat mes arbres, s’écrie Lulu. Je l’aurais, je l’aurais, foi de Lucien. Alors qu’est-ce qu’il cherche ?

    – Eh ben, pendant la révolution des prêtres auraient enterré un trésor quelque part dans cette forêt au pied d’un châtaignier, peut-être c’est pas sûr, sur lequel serait gravé un G comme Gérard, explique Féfé en faisant tomber quelques bogues ratatinées qui le gênaient aux entournures.

    – Quoi ? s’écrie Lulu. Elle est immense ma forêt. Il ne va quand même pas me faire des trous partout autour de mes châtaigniers ! Alors pourquoi il creuse à tes pieds alors que toi tu es Féfé et pas Gégé ?

    – Qu’en sais-je moi ! Le curé devait bégayer ou alors il avait bu trop de vin de messe.

    – Bon, à vrai dire il n’y en a pas tant que ça des châtaigniers. Ils ont dû servir à faire les beaux meubles de mon manoir, s’enorgueillit Lulu le proprio.

    Ayant une idée, Lucien s’en retourne chez lui et cogite toute la nuit. Puis, le lendemain matin, il commande une « poêle à frire ».

    Et c’est ainsi qu’il passa trois ans à creuser partout dans sa forêt parce que trouver un G sur les écorces s’avéra impossible, si bien qu’au bout des ans tous les arbres dégringolèrent un par un. Lulu entassa dans son débarras tout un tas de boîtes, de socs de charrue, de clous rouillés. Bref, un vrai bazar hétéroclite qui avait fait chanter son détecteur et il se retrouva fort marrie d’avoir une taupinière en guise de forêt.

    Il maudit jusqu’à la fin de ses jours cette coutume de donner des diminutifs, plus débiles les uns que les autres, aux gens et honnit ceux qui avaient planté ces arbres en les baptisant de leur nom. Et moi, je remercie l’instigateur de cette histoire qui m’a bien occupée ce dimanche, confite dans mon antre, à lire et relire ce conte à dormir debout qui m’a fait perdre mon latin (que je n’ai jamais étudié !).

  9. Clémence dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.

    Les aïeux de Lucca Lavighju, dit Lulu, avaient ancré leur casa dans la Castagniccia, à quelques deux heures à dos d’âne de La Porta.
    De mariage en mariage, ils avaient étendu leur domaine.
    De naissances en naissances, ils y plantèrent un nouveau châtaignier . Le jour du baptême, après avoir versé un peu d’eau de source sur la tête du bambin, ils laissaient couler le reste de la cruche au pied du nouvel arbre, en gage de prospérité.

    Les années passèrent, la famille s’agrandit et les conflits éclatèrent. Les uns accusèrent les autres, les autres se défendirent en tournant le dos et en se murant dans un silence morbide.
    Mais rien n’empêche, la Castagniccia s’étendait de plus en plus.

    Pour en revenir à la famille, ce fut dans la branche de Lulu qu’une des caractéristiques corses se développa avec une force inouïe, à savoir : la rancoeur. A savoir ? En fait, ce n’est pas très exact . Ce serait davantage « à ne plus savoir ! »
    Bien malin qui pouvait encore connaître le pourquoi du comment et du quand et de qui ! La situation ressemblait à un labyrinthe diabolique.

    Et c’est ainsi, qu’au seizième siècle, Lucca l’Ancien fut inspiré. Il décida que, dorénavant, chaque châtaigner serait porteur d’un surnom choisi très subtilement en fonction du méfait de son propriétaire. Et pour ne rien oublier, L’Ancien grava au canif, sous la table massive de la cuisine :
    Lolo l’obsédé
    Luighi le lubrique
    Lala l’avare
    Féfé le faign…

    Quelques mois avant que ne fut signé l’Edit de Moulins, Zùzù, qui travaillait chez un notable de La Porta , modifia subversivement le plan d’attribution des forêts. Sa parcelle ne tomberait pas dans l’escarcelle du roi, mais dans la sienne. Sa châtaigneraie serait sa propriété privée. Son bien à lui et à ses descendants pour des siècles et des siècles et encore ceux à venir.

    C’est à ce moment précis, en l’an de grâce 1566 que Lucca grava rageusement : Zùzù l’usurpateur.

    Alors que Zùzù et les siens se vautraient dans leurs richesses, le reste du clan se mourrait. Les quelques châtaigniers rescapés leur fournissaient un peu de farine pour le quotidien et quelques châtaignons pour les jours de fête.

    Les lustres se succédèrent. Parfois avec une lenteur exaspérante, parfois avec une furie ravageuse mais toujours avec cette rancune clanique entre les Lulu et les Zùzù.

    A l’aube du vingt-et-unième siècle, il fut remis, à Lulu Junior, un pli de la plus haute importance, venant d’une maison notariale. Elle devait certainement être de la plus haute renommée au vu de la collection de sceaux en cire. Des rouge carmin, des rouge vermillon, des rouge corail et même un bleu.

    Lulu Junior décacheta le pli et prit connaissance du contenu.
    Sous ses yeux s’étalait le mensonge originel de Zùzù et toutes les conséquences qui marquèrent les clans. Et l’ultime conclusion était fatale : on n’hérite pas d’une forêt domaniale : elle appartient à l’État.

    Lulu Junior était abasourdi. Telle vilenie au coeur de sa Castagniccia… quel déshonneur. Cela méritait une cruelle vendetta !

    Lulu Junior attendit que la nuit lui portât conseil.
    Au petit matin, il s’en alla dans la forêt. Il marcha lentement jusqu’à Féfé, en méditant. Certes, Féfé avait une réputation quelque peu faiblarde d’après ses ancêtres, mais il savait être de bon conseil.
    Lulu enlaça le vieux tronc et lui murmura :
    – Je sais que tu en sais plus sur Lolo, mais aujourd’hui, ce n’est pas cela qui m’importe.
    Féfé frémit en se demandant ce que Lulu Junior attendait de lui. Lulu continua d’une voix grave :
    – Aide-moi pour la vendetta !
    – Rien que ça ? répliqua Féfé.
    – Rien que ça, répéta Lulu.

    Il y eut un grand souffle puis Féfé commença :
    – Approche, approche, mon petit, écoute….

    Lulu s’approcha et écouta avec ferveur. De temps à autre, il hochait la tête, haussait une épaule ou un sourcil. Enfin, la confidence cessa. Et Lulu s’en alla, d’un pas allègre.

    Le lendemain, de bon matin, Lulu quitta sa maison, son couteau Vendetta personnalisé au fond de sa poche. Il savait ce qui lui restait à faire !

    Se venger et tuer ?
    Non.
    Il marcha loin, jusqu’aux sept châtaigniers millénaires. Il les enlaça tour à tour en leur murmurant des paroles que nul ne pouvait entendre. Chacun des houppiers lui répondit par un immense frémissement. Alors, Lulu commença sa tâche avec d’infinies précautions.

    De retour chez lui, Lulu Junior s’installa à sa table, aligna les sept branchettes . Avec une patience infinie, il les creusa et y glissa une mine de couleur.
    Le soleil couchant enflammait La Castagniccia.
    Lulu murmura :  « Je vais enfin pouvoir colorier ce monde devenu trop noir. »

    © Clémence

  10. Catherine M.S dit :

    Forêt hantée

    C’est une forêt domaniale
    Lulu en a hérité, génial !
    Chaque arbre porte un surnom
    Mimi, Féfé, Lolo, Grognon
    En général celui du membre de la famille
    Qui l’a planté
    Normal, vous me direz
    Oui mais tout ceci crée des bisbilles.

    Quand Lulu traverse les allées
    Il entend à peine le chant des oiseaux
    Mais plutôt un échange …de noms d’oiseaux !
    Mimi, la fougère, se plaint des glands de Féfé,
    Le vieux châtaignier, qui n’a pas son pareil
    Pour troubler son sommeil
    Tout comme la belle Mireille
    Qui, en son temps, se plaignait à son amant
    Des bruits incongrus de son Félix de mari
    – Savez-vous, mon ami, que je n’ai encore point dormi
    Mais Féfé, le roi de la forêt,
    N’en a que faire
    Des jérémiades de sa fougère
    Car, vous vous en doutez, Féfé force le respect
    Il avait bien sûr percé son secret…

    Elle continue à jouer la favorite
    La belle avec ses feuilles en dentelle
    Mais elle n’a que ce qu’elle mérite
    Et Lulu l’a bien compris
    Après toutes ces années
    Les tensions ont persisté
    Mimi et Féfé ne l’ont pas enterrée
    La hache de guerre
    Par Jupiter !

  11. Michel-Denis ROBERT dit :

    Ils entrèrent dans la forêt domaniale. Lulu promenait sa mère sur son fauteuil roulant.
    – Tu vois cet arbre là-bas.
    – C’est un bouleau.
    – Quand le fille de Lili a planté cet homme qui l’avait soi-disant agressée, je me suis dit planter pour planter, autant planter un arbre et voilà le bouleau.
    – Comment s’appelait-t-elle déjà ?
    – Léna. Le plus important dans l’histoire, c’est qu’elle avait été violée par son père, et surtout que le père de Lili avait dit que vu ce qu’elle avait fait, elle ferait mieux de se suicider. Et Lili obéissante s’arrangea pour que sa propre fille se suicide en prison.
    – Je me doutais bien qu’ils cachaient quelque chose.
    – Tu ne crois pas si bien dire.
    – Pourquoi ?
    – Parce qu’elle lui a passé des cachets en prison au nez des gardiens.
    – Pauvre Léna.
    – J’ai planté ce splendide chêne, à cause des chaînes que la pauvre Léna avait subi au cours de sa courte vie. Ce fut un travail pour le transporter jusqu’ici.
    – Oui, je me doute, un vrai boulot. Il a grandi depuis l’année dernière.
    – Et ces deux arbres tout tordus !
    – Ca, c’est pour tes deux cousines.
    – Qu’ont-elles fait ces deux-là ?
    – Je ne t’ai pas mis au courant, parce que tu les aurais sûrement zigouillées. Elles ont voulu me faire avaler une mixture pour m’endormir et me faire signer l’héritage à leur profit. Ce sont des faux, une variété de hêtres qui vient d’Allemagne. Ils poussent bien, avec leurs feuillages, on dirait des robes de mariées. Finalement, je les aime bien quand même. Celui-ci, c’est quand le père de Léna a crevé.
    – Maman, on dit mourir pour un homme.
    – Oui mais non ! Lui, il crève, on l’appelait Nick, c’était un homme de rien. Regarde, en six ans, il n’a pas grandi d’un seul centimètre. J’ai pourtant mis beaucoup de fumier au pied, mais on dirait qu’il pourrit tout autour de lui.
    – Qu’est-ce que c’est comme arbre ?
    – Je ne sais pas, aucune importance.
    – Et ces pins parasols !
    – C’est suite à mon retour de Corse.
    – Combien il y en a ?
    – Huit, comme j’ai eu huit enfants. Leur prénom est gravé dessus.
    – Et celui-ci !
    – C’est mon châtaignier préféré entouré des huit pins parasols. Mon père adorait les châtaignes, alors à ma naissance, il est allé chercher un tout petit arbre dans la forêt, et voilà, maintenant il a quatre-vingts ans. J’ai gardé l »espace autour. Le châtaignier forme une boule et les pins ont tendance à se tourner vers lui comme s’ils désiraient recevoir quelque chose de lui.

  12. ourcqs dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.

    En vieux sage, Féfé a beaucoup vu, entendu. Drapé dans sa verte dignité, canopée un peu dégarnie, est toujours resté discret. La timidité, la réserve du petit dernier l’interpellaient.

    Lolo, apparemment encore un peu fragile, a développé un grand réseau souterrain de com, observations, alertes, émanations , diffusion se virus ou autres effluves plus ou moins nauséabonds. La nuit, pour éloigner les importuns, il agitait ses fines branches, ombres fantomatiques et grinçantes. Si certains osaient cogner son écorce, s’appuyer, ou graver quelques messages, horreur, il lâchait des torrents de larmes sévicoles gluantes, collantes.
    Le vide se faisait autour de lui. Personne ne s’arrêtait.
    Féfé diagnostiqua un mal interne, profond, xylophagite aigüe

  13. iris79 dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la fa-mille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.
    -Allez, Féfé, tu peux bien me le dire maintenant…Lolo fricotait avec Loulou dans tes branches derrière l’épaisseur de ton feuillage, c’est ça ? J’ai retrouvé des photos dans le vieil album caché entre les draps de la grosse armoire de mémé. J’ai vu des clichés étranges où Louise regardait Laurent de façon assez explicite.
    -Demande donc à Pierrot…Je ne me rappelle plus très bien…Pierrot saurait ça je pense. Lolo l’avait planté tout près de moi pour une bonne raison. Si tu regardes autour de moi, tu remarqueras peut-être une logique à ces implantations. Peut-être bien que je me trompe, mais je pense qu’on n’est pas là par hasard ni pour la beauté du paysage. Et ça remonte tu peux me croire…
    Fort de ces informations, Lulu se recula pour observer ce magnifique paysage que Féfé dominait et que l’on admirait tel un sage à la force tranquille derrière lequel s’épanouissaient ses congénères. Il s’avança ensuite et contourna le tronc de Féfé. Il observa comme si c’était la première fois, ces arbres robustes, fiers, plus ou moins grands mais à l’allure altière au creux desquels il venait se réfugier en-fant. Ils faisaient de leurs branches des décors naturels remarquables pour des scénettes qu’ils met-taient en place avec ses cousins, se souvint des coins et recoins que formaient les arbustes et derrière lesquels ils adoraient se cacher.
    Il alla s’asseoir au pied de Pierrot et comprit que d’ici, il n’était vu de personne, comme Lulu et Loulou probablement ne l’étaient pas quand ils flirtaient alors sous les branches des arbres de leurs aïeux qui avaient préparé jadis des alcôves pour les futurs amours naissants …
    Tout à coup, tout devint limpide pour Lulu qui revint au pied de Féfé et lui lança :
    -Dis donc Féfé, tu veux dire que les arbres plantés ici forment une cour intérieure qui abrite les amours de la famille depuis le début ?
    -C’est à peu près ça oui…Regarde un peu, là-bas, Lili et Chacha furent plantés par tes arrière grands parents Elizabeth et Charles, ceux-là même qui ont permis à leur fille en plantant Nana de protéger ses amours avec son futur mari.
    Lulu qui connaissait la forêt comme sa poche réalisa qu’il n’avait jamais comprit cela avant aujourd’hui alors que tout était là comme dans un livre ouvert. Il s’amusa à reconstituer son arbre généalogique en circulant et en nommant les arbres de la forêt. Il fit même des découvertes d’amours contrariés et cachées en relavant la position surprenante et néanmoins explicite de certains.
    Lulu découvrit aujourd’hui qu’il avait fait un sacré boulot de mémoire et que le charme des arbres, fut d’être un révélateur de son histoire en la libérant de chaines invisibles.

  14. Patricia dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé.

    Je m’appelle Lulu, j’ai 8 ans.
    On m’a dit que cette forêt était à moi, moi, je ne sais pas si une forêt peut être à quelqu’un, je ne sais pas si un arbre peut appartenir à quelqu’un. D’autant plus que ces arbres là, ils sont comme ma famille, alors, je ne peux pas dire que quelqu’un de ma famille m’appartienne.
    Mais bon, c’est encore une bizarrerie que les adultes me disent… je verrai ça plus tard.

    Aujourd’hui, j’ai envie de parler à mon papi, Félicien. Félicien, c’est le nom de cet arbre là, il est beau, je l’aime beaucoup parce qu’il y a de la mousse autour de son tronc, c’est doux, c’est humide, c’est épais, et ça sent bon ça fait comme un coussin quand on met sa joue dessus.
    Quelquefois je lui parle, je mets mon oreille contre son tronc, et j’ai l’impression qu’il me répond. C’est comme une toute petite voix qui vient de loin, loin…
    Peut être que mon papi, il utilise cet arbre pour me parler, de là ou il est, peut être qu’il crie tellement il est loin et que moi je l’entends avec une toute petite voix.

    Papi, dis moi, toi qui es là haut, ou loin, là bas, je ne sais pas trop où, dis moi, qu’est ce que tu vois de la bas?
    Je suis parti de la maison, les autres ne vont pas tarder à me chercher, mais chuuut, normalement, je n’ai pas le droit, à cause du virus. J’en ai marre de cette histoire de virus, j’en ai marre de rester à la maison, de ne pas voir mes amis, de ne pas jouer au foot.
    Je m’en fiche moi du virus, j’ai besoin de courir, de respirer, et de retrouver mes copains, alors au moins je viens te voir.

    Dis moi, il parait qu’une fois qu’on est plus là, on voit tout ce qui se passe dans le monde.
    Dis moi, qu’est ce qui se passe au juste dans le monde.
    Papa et maman regardent la tele, mais j’ai l’impression qu’ils ne sont pas plus avancés, ils s’inquiètent, ils s’énervent, ils se disputent même quelquefois.
    Quand je leur demande ce qui se passe, ils me disent ce qu’il voient à la tele, et quelquefois la dispute commence.
    Mais toi, tu vois tout alors?
    Tu peux me dire?
    Qu’est ce qui se passe au juste? Est ce que je vais revoir mes copains?Est ce que le virus existe, est ce que tout va de travers, ou bien est ce que tout va s’arranger?

    Quelquefois, j’ai l’impression que nous vivons dans un rêve et qu’on n’existe pas vraiment. Qu’on est comme dans un film, et que tout ça ce sont des histoires, alors il y a pas de quoi se quereller, il faut juste s’amuser… dis moi, qu’est ce que tu vois?

    Lucien posa son oreille contre la mousse moelleuse et attendit. Il attendait quelquefois très longtemps, ou bien il s’asseyait , et il attendait. Il attendit donc, ferma les yeux et respira l’odeur de la mousse, il sentait que l’arbre était vivant et qu’il lui transmettait de l’énergie, il se sentait traversé par une vague de douceur.
    Il resta un moment, et puis, le vent se leva, il commença à virevolter entre les feuilles et un murmure se fit entendre…. chchchchchchchchcht.

    Lucien l’entendit. Il resta là contre cet arbre, ses bras autour du tronc, la joue contre la mousse. Il souriait.
    C’était tellement ça qu’il lui fallait, il se sentait bien, il n’était plus là, il entendait sa respiration: chuuuut … c’était tellement reposant.
    Lucien écouta les arbres, il écouta le vent, il écouta le chant des oiseaux. Sentit la chaleur du soleil sur sa peau.
    Il se sentait heureux, il n’avait plus de question.

  15. 🐀 Souris verte dit :

    🐀 LA FORÊT DES G-PAS-PU
    Lulu prenait connaissance de ce bois ancestral. Les anciens lui avaient expliqué- avec l’air d’un chat devant sa souris- chaque arbre, et les noms dont ils les avaient baptisés. Aussi fut-il surpris de ce qu’il vit car en fait, pour ancienne qu’elle fût, cette forêt n’avait jamais été belle ! Traversée par une allée bordée à gauche par les Joré- Voulu et en vis à vis avec les G-pas-pu.
    Tous avaient participé aux temps de guerre, des pendus, des amours -courtois et les autres. Vaillamment ils avaient résisté, assistés par les druides insistant sur l’importance de ces bois touffus abritant des habitants qui refusaient le servage. Ils entretenaient, coupaient, replantaient. Chaque centenaire était décapité ou abattu ne laissant en souvenir que sa souche et un éventuel rejeton. Ainsi naquirent les Fo-voir, puis des piqués les Fé-lé, de ceux-ci les Fond-u et pour finir les Dur-de-la-feuille. Et comme ils ne s’entendaient plus n’ont pas pu se reproduire. L’allée maigrichone se terminait donc avec les G-pas-pu armés de ramures sans envergure. Cette forêt de souches, pourtant de racines illustres restait au ras du sol. Lulu assis sur un tronc avait tenté de comprendre mais les Dur-de-lafeuille ont fait la sourde oreille.🐀

  16. 🐻 LURON'OURS dit :

    🐻 Le forêt de Lulu n’en avait que le nom et la variété des essences. Le terrain aride, perché sur un confort au nord abritait une garrigue où résistaient des hêtres nains, arbres rabougris d’un grand âge qu’au Japon on s’ingénie à créer à force de privation, de souffrance, en un mot : d’Art. Dans notre massif ces végétaux rejetons n’attiraient pas un mouflon, pas un chamois. Lulu avait tenu à découvrir à ses risques et périls ce coin de falaise où ne se serait pas aventurer un cueilleur de génépi et dont il est l’héritier. Il soigne des bonsaïs, il les aime. C’est devenu une passion qu’il partage avec d’autres amateurs de l’ ADN de la forêt primaire. 🐻

  17. Antonio dit :

    — Allez, Féfé, il est temps d’éclore cette affaire. Tout le monde t’a vu, t’es le premier à lui avoir mis une châtaigne.
    — C’est faux, Big Mama lui avait déjà allongé un beau marron dans le citron.
    — Ah ! je ne savais pas. Pour quelle raison ?
    — C’est que le Lolo s’est cru sur le Mont des Oliviers, tu vois.
    — Non, pas vraiment.
    — Bah, révise un peu ton catéchisme, Lulu, sinon on n’y arrivera pas. On est ce fameux dimanche avant Pâques, tu vois.
    — Non, toujours pas.
    — Bon bah, le Lolo commence à nous brancher sur sa procession après nous avoir montré son bouquet de rameaux, tout fier, attendant je ne sais quoi. Notre bénédiction, peut-être.
    — Et ?
    — C’est là que Big Mama lui a soufflé dans les branches, tu sais comme il est sensible depuis qu’un de ses congénères a brûlé sous les feux de la Saint-Jean, au siècle dernier. Dès qu’il a entendu le mot procession, sa sève n’a fait qu’un tour et il lui a craché son pollen à la figure, en blasphémant sur les Saintes huiles et la Vierge dont il faisait son beurre.
    — Je vois, Lolo l’a mal pris…
    — Et pas qu’un peu, à fleur de peau, voyant ses rameaux décomposés, il est devenu vert olive et lui a balancé quelques amuses bouches, à sa sauce piquante, sur son origine bâtarde de faux-châtaignier et de cochon d’Inde. Comme Lolo ne lui lâchait pas la grappe, Big Mama lui a fait une fleur en l’agrémentant d’un seul marron.
    — Et toi, qu’est-ce que tu viens faire là-dedans ?
    — Moi ? j’ai juste voulu participer au don de rameaux, par charité chrétienne. D’ailleurs, ça lui a fait un joli bouquet avec deux œillets au beurre noir.

  18. Alain Lafaurie dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un bouleau qui peine à survivre dans une plantation de hêtres.
    Fédor a toujours été original, c’est ce qui avait attiré Lulu en primaire à l’école du Bois Joli. Elle en avait fait son chéri mais lui la regardait à peine.
    Sous sa frange qui lui couvrait le front, ses yeux charbonneux semblaient défier la terre entière. C’était un solitaire habité d’une sorte de fièvre créatrice. Elle le voyait souvent à la récréation, adossé au seul platane de la cour, à l’écart des autres élèves, sculpter un morceau de bois avec son opinel. Alors que les copeaux s’accumulaient à ses pieds, du bois surgissaient, saisissant de réalisme, un renard, un sanglier, une perdrix. Lulu s’était approché de lui. Elle lui avait dit qu’il était doué. A ces louanges, Fédor avait répondu d’un vague mouvement d’épaule.
    Dans sa forêt, Lulu enlace le tronc de Féfé. Immédiatement, elle ressent une vibration qui l’apaise. Au bout de quelques minutes, elle s’en détache et en fait le tour. Lulu manque de tomber à la renverse lorsqu’elle voit, sculpté dans le fût, un cœur transpercé d’une flèche avec les initiales F et L.
    Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Fédor !

  19. Nadine de Bernardy dit :

    C’est une forêt domaniale,Lulu en a hérité.
    Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté.Aujourd’hui Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé.
    La forêt est entourée de hauts grillages en interdisant l’accès.Un vagabond,son sac au dos passe outre et se faufile dans le domaine.
    Les arbres sont magnifiques,devant chaque espèce une pancarte est plantée.Il se penche pour lire:

    Ci git Mathilde,empoisonnée par son oncle à qui elle se refusait.
    1872-1888
    Qu’elle repose en paix
    Cèdre du Liban planté par Nénette,sa soeur aînée.
    Un peu plus loin
    Ci git Charles Edouard,poignardé par son frère Jean Eude pour une question d’héritage
    1850-1878
    Qu’il repose en paix
    Erable du Japon planté par Filou,fils de Jean Eude
    Et ainsi de suite.

    Au détour d’un sentier,il entend des murmures,il s’avance prudemment.
    Une femme interroge un chêne respectable qui n’en mène pas large.
    Ci git Aude Jeanne,retrouvée pendue dans les caves du château.
    1890-1915
    Qu’elle repose en paix
    Chêne européen planté par Féfé,meilleure amie de la défunte

    Je veux la vérité dit la femme,tous les autres me l’ont dite,c’est à ton tour ou je te ferais abattre.
    Ecoute Lulu,gémit le bel arbre ce sont de vieilles histoires tout ça.
    La vérité crie la femme.
    Bon,soupire le chêne.
    Aude Jeanne était la plus jeune fille du comte,il la destinait à un vieux nobliau argenté,histoire classique Or la pauvre était amoureuse du grand veneur dont elle attendait un enfant.
    Honte et scandale.On tua le suborneur que l’on jeta ensuite dans les douves et Aude fut enfermée dans une chambre jusqu’à la naissance.L’enfant fut donné à une femme du village.
    Le désespoir fit le reste.
    Lulu pleurait en écoutant Féfé qui perdait ses feuilles de honte et de remords.
    Depuis ce jour,Lulu,l’héritière au cour tendre, fleurit régulièrement ces sépultures ignominieuses

  20. durand JEAN MARC dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom d’un membre de la famille qui l’a planté. Aujourd’hui Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.

    De fait, Lulu a cru lire dans l’écorce de Féfé que Lolo, à une époque, avait certainement fréquenté Doudou. Or, en ce temps-là, Doudou était officiellement fiancé avec Riri. Même si Riri n’était pas tout à fait en âge, et en plus demi-frère de Bébé, un autre enfant de l’amour tombé du ventre de Suzanne, la bonne à tout faire à tout le monde.

    Gaga, le grand père n’avait rien reconnu de Bébé, le bébé de Suzanne. Et Froufrou, sa femme, la comtesse, de toute façon ne l’aurait pas autorisé. D’après Féfé, le cousin Jojo avait bousculé Gigi sous les branches. Des griffes illisibles en témoignent. On y devine quand même l’étonnement, bien que tout cela soit toujours demeuré dans le sein secret du groupe. Kiki et Kuku avaient gravé aussi leur surnoms entrelacés, deux frères très proches l’un dans l’autre.

    Lulu découvrit encore les silhouette syllabiques de ses parents Mimi et Loulou. Inscrits à 80 cm de hauteur, cela correspondait bien à l’âge de leur rencontre, 8 ans et leur long cheminement parallèle vers le monde balisé des adultes et leurs responsabilités d’aînés de la lignée.

    Par contre, il n’avait aucun souvenir de Nunu, de Foufou, de Titi, et de Dada, tous certainement furtifs mouvements de l’amour.

    Face à toutes ces marques du passé, Lulu devait prendre une décision. Accueillant bientôt les membres du Conseil, il tenait à décrocher la place de Président qu’il convoitait depuis peu.

    Féfé le châtaignier allait être présenté à Raymond, le bûcheron, ce suprême entailleur des réalités à enterrer.

    Une petite flambée dans la cheminée du château, ça engourdirait les douleurs et ça faciliterait la positivité des suffrages.

  21. Laurence Noyer dit :

    Lolo est le surnom de Laurier Noble
    Et il pense qu’à côté de lui
    Mémé le Merisier
    Fifi le Figuier
    Coco le Cornouiller
    Font figure de roturiers

    Son grade élevé
    Lui ayant monté à la couronne
    Il se croit le plus jojo
    Il pense être le chouchou
    Et devient un peu zinzin du toctoc
    Un peu gaga, un peu neuneu

    Il se prend pour Sissi
    Veut des tutus, veut des bibis
    Comme les nanas
    Pour aller au crincrin des dondons
    Mélanger ses froufrous au bouiboui
    Sans chichi, sans flonflons

    Mais après trop tchintchin
    Lolo fait yoyo
    L’est un peu cuicui
    Dans sa tête un tamtam
    Fait tsoingtsoing, fait bobo
    Dit byebye au cancan
    C’est l’heure du dodo

    Et Lolo s’endort sur ses lauriers
    En rêvant de Loulou, de Fanfan, de Pioupiou, de Tintin, de Ronronronron……….

  22. Kyoto dit :

    C’est une forêt domaniale, Lulu en a hérité. Chaque arbre porte le surnom du membre de la famille qui l’a planté.
    Aujourd’hui, Lulu a décidé d’éclaircir quelque chose avec Féfé, un vieux châtaignier qui en sait plus qu’il n’en dit sur Lolo.
    Le sage Féfé, puisqu’il paraît qu’en vieillissant la sagesse s’installe, est vraiment inquiet. Alors, il se penche vers Lulu et s’épanche :
    – Lolo est malade, très malade. A la moindre bise, il s’effeuille. Quand l’été arrive sa nudité choque. Les commentaires désobligeants accentuent son désespoir. « Celui-là, il est mort. Il faut l’abattre. Il ne ferait même pas un magnifique feu de bois… » Mais moi, je vous le dis, Monsieur Lulu, il faut le soigner, l’engraisser, le sauver.
    – D’accord, je vais prendre conseil près d’un expert. Mais, dis-moi, Féfé, donne-moi des nouvelles de Titi.
    – Titi, le tilleul se porte comme un charme, d’autant plus qu’il aime agacer Rominet avec le parfum enivrant de ses fleurs.
    – Rominet ? je ne connais pas ce nom.
    – C’est le surnom qu’on a donné à Roro, à cause de Titi et Grosminet…
    – Quel humour ! Et les plus jeunes ?
    – Les bouleaux, nos chers triplés !
    – Excuse-moi, Féfé, mais j’ai oublié leurs noms.
    – C’est indigne de vous, Monsieur Lulu, ils se nomment Riri, Fifi et Loulou. Des joyeux lurons, Monsieur Lulu.
    – L’apanage de la jeunesse ! Globalement, excepté Lolo, tout va bien.
    – En effet ! Mais, promettez-moi de venir nous visiter chaque jour. Et nous parler. Et nous enlacer. Chaque tronc que vous voyez possède un cœur. Et si vous approchez votre oreille de notre écorce, et si vous nous aimez, vous l’entendrez battre.
    – Je vous le promets. Je reviens demain. Maintenant, il faut que j’aille travailler sur mon arbre généalogique. Alors, salut, mes vieilles branches !

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