498e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…

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31 réponses

  1. Clémence dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…

    Ah, mais non, l’histoire ne commence pas comme ça ! Elle commence bien autrement et bien avant…

    ELLE

    Quand elle est arrivée dans cette petite bourgade provençale, les langues s’étaient tout à coup déliées. D’abord sous forme d’étonnement, puis de questions et finir en rumeur.
    C’est vrai qu’elle avait fait sensation avec sa petite Spitfire écarlate, ses boucles blondes, sa taille fine, ses robes en vichy et ses ballerines !
    Les commentaires désobligeants se multiplièrent quand il arriva ; play-boy aux tempes grisonnantes.
    « Mon chauffeur » minaude-t-elle.
    Très vite, ses voisins remarquèrent un étrange manège. Chaque matin, les clés en main, elle se déhanchait langoureusement devant son play-boy de chauffeur. Une oreille fine l’aurait entendu dire : « Je pilote ou tu co-pilotes ? »

    Les Provençaux trouvèrent cette attitude vraiment étrange. Tantôt, ils la voyaient au volant, lunettes solaires et carré Hermès noués sur les cheveux, tantôt, assise sur le dossier du siège, cheveux aux vent, épaules dénudées.

    EUX

    Les Provençales commencèrent à la trouver laide, (pas elle, mais la situation) quand elles remarquèrent que leurs hommes se mettaient à imiter son comportement. Quelle mouche les avait piqués ? A moins que ce ne fut un virus disséminé dans le ciel d’azur…
    Le cireur de meuble se fit crieur de rue à ses heures, le pêcheur se mua en pécheur aux heures tardives, la fermière troqua sa blouse et se métamorphosa en infirmière délurée, le pédiatre changea quelques lettres sur la plaque de cuivre et devint pédicure !

    GEORGES

    Mais le cas le plus étrange fut celui de Georges, boucher de son état. Lui qui était si sûr de lui, commença à se plaindre.
    D’abord d’acouphènes. Puis de strabisme. Son cas s’aggrava quand il fut atteint d’écholalie et que des troubles d’identité se manifestèrent.
    Ses proches disaient qu’il s’en tirait à bon compte car, en plus de tous ses maux, sa mémoire flanchait.
    Au fil des semaines, quand Georges était amené à prendre une décision, il s’y prenait en deux étapes. La première, à jeun, la seconde, aviné.
    Les résultats étaient stupéfiants : parfois, extraordinaires, parfois, catastrophiques.

    L’été se termina en douceur et l’automne fit une entrée flamboyante.
    Georges, qui venait d’atteindre l’entre-deux âges, multiplia les conflits avec son voisin pour une histoire de feuilles mortes. Il porta plainte. Un huissier trancha, sagement pensa-t-il.
    Le calme revint. Jusqu’au jour où Georges rompit la trève. Le combat autour du chêne tricentenaire reprit. Un jour, à jeun, il acceptait les arguments écologiques et urbanistiques de l’huissier.
    Le lendemain, aviné, il les réfutait et réécrivait quelques lois de botanique.

    LE CHÊNE

    Un doux après-midi, Georges, ni sobre ni aviné, quitta la table après un repas copieux. Les joues enflammées d’un sombre destin, il alla dans la remise, s’empara de sa tronçonneuse et d’une échelle qu’il posa contre le tronc du chêne. Sans la moindre hésitation, il grimpa et débita les branches, comme on débite les verres de vin, l’un après l’autre…
    De boucher, il était devenu bûcheron.
    Il haletait et en même temps se réjouissait de son massacre.
    Une tristesse infinie s’empara du chêne puis brutalement, il pleura des larmes de sève rouge.

    Tout à la contemplation de son œuvre sordide, Georges ne prêta pas attention à un léger étourdissement. La tronçonneuse pivota et sectionna d’un coup, non pas la dernière branche qui reliait le chêne à la vie, mais son artère fémorale.

    Dans un dernier cri, il chuta.
    Au festin qui suivit ses funérailles, ses amis, encore à jeun l’encensèrent.
    Avinés, ils le maudirent.

    LE DOUBLE JEU

    Alors que Georges se décomposait sous terre, le chêne reprit vigueur et déploya au fil des étés une frondaison royale.

  2. osebo-moaka dit :

    Il n’aurait jamais dû prendre cette décision alors qu’il était encore entre deux eaux, eaux troubles qui plus est! Quel imbécile, pourquoi avoir suivit Pascal? Lui et ses petites idées parfois très farfelues, qu’il fallait se triturées les méninges tellement fort que ce fichu mal de crâne en venait s’invité dans la danse.

    Danse difficile à maintenir surtout si en plus, la belle amphore était de la partie. Ouais à part qu’hier soir c’était la tournée des bers afin de rencontrer ce malabar à la descente que pour tout l’or du monde, je ne voudrai remonté. Quel bois sans soif ce mec!

    Pascal suivit le rythme durant une petite heure puis se coucha me laissant avec ce Christopher Daubois. D’après Pascal, lui seul connaissait la cachette d’un très vieux grimoire datant du temps de Naustradamus. Il cita à Pascal ceci,juste pour lui mettre l’eau à la bouche ce qui fonctionna parfaitement…Vous connaissez Pascal n’est ce pas!: » Le tremblement si fort au mois de May. Saturne, Caper, jupiter, Mercure au boeuf; venus, aussi Cancer; Mars en Nonnay, Tombera gresle lors plus grosse qu’un euf.

    Et nous voila avec cette idée de Pascal, ben voyons…: »Pour le faire parler, il suffisait d’après lui, de le cuité. Ouais mais qui, qui s’y colle là! Moi! Ais-je tans que ça la gueule de l’emploi? Ah mais mon cher Pascal, tu vas vite déchanté quand tu auras dessoûlé Pour ta part, c’est moi qui t’aurai …crois-moi mon vieux…un tiens vaut mieux que deux tu l’auras…
    Bon le gars me reluque de ses yeux gris acier, j’en mène pas large, ça fait au moins trois jours que j’ai une sacrée gueule de bois et la demande de ce cher vieux camarade, ne pouvait pas tomber plus mal aïe, aïe, aïe,!

    Vais-je tenir le coup? A voir! Il est presque minuit, le bar va fermé le barman nous regarde depuis un certain temps puis goguenard nous demande: » Et pour la dernière ce sera quoi? Un taxi peut-être? Messieurs le bar ferme ses portes. Emmenez vôtre camarade, nous ne faisons pas hôtel pour Ivrogne. »

    L’imbécile celui-là, c’est quand même grâce à nous que son bar fonctionne si bien non! T(en ficherai moi d’ivrogne. Bon pour Pascal c’est peut-être vrai après tout, il pionce non! C’est là que le Christopher me dit: » t’es encore avec moi ou tu fais comme lui tu te couche! »

    Ola que faire? Mon crâne pulse tous seul, mes neurones baignent dans la mélasse, mon coeur tambourine comme un furieux…ma vessie est si pleine que je vais…bon soyons sérieux, les bars sont fermés, c’est l’heure de rentré non?

    Ma bouche s’ouvre toute seule l’idiote, j ne lui ai rien demandé quoi! -Tu proposes quoi toi?
    _Je vis à trois pas d’ici, mon bar est plein, ça te dis? Je te parlerai de ce grimoire que ton ami désire au point de t’entraîner dans ce que j’appel une chasse à emmerde.
    oulà c’est quoi l’embrouille là, le mec est frais comme un gardon moi, moi ça yoyotte grave dans mon estomac ets ce que j’ai encore de la place pour quelques verres? Que faire de Pascal qui ronfle comme un sonneur!

    _Alors? demande Christopher, tu dis quoi?
    _Okay pour un ou deux verres de plus mais tu dois me donner les indications pour retrouver ce grimoire, tu tiens le dile?
    _C’est parfait pour moi, traîne pas mec, le coin est bizarre certains soirs.
    Oh le bougret en plus il veut me trouiller ou quoi.? Tout compte fais, il dit vrai. Il y a des ombres un peu partout ce coin est grave merdique. Bon en plus Pascal pèse un âne mort ouais il pèse son poids.

    Petit vieux tu perds rien pour attendre, je te réserve une surprise pas piquer des vers ou hannetons si tu préfères pépère… Nous suivons tant bien que mal Christopher, on arrive devant un immeuble de trois étages et c’est là que Pascal me murmure: » tu fais attention, on arrive. Il nous a tendu un piège sois vigilent Paul. »

    _Hein!_ Chut Paul regarde, écoute, reste aux aguets, je veille. » Le naze S’il savait ce que je pense de lui à cet instant le Pascal….il serait des plus surpris. Me faire ça à moi, moi qui, qui, qui et zut à la fin! Je murmure « Pourquoi tu fais celui qui en a ras la glotte? Il pouffe.

    « C’est plus crédible pour moi qui ne boit presque jamais alors que toi…tu es réputer pour te la noyait la glotte mon petit vieux ». Alors là, j’en perdrais presque mon latin. Quelle réputation.

    C’est bien parce que je le porte dans mon coeur le Pascal sinon tien…telle une vieille savate je te le laisserai bien tombée. Bon on y va, y a du monde dis donc. _Dis voir Pascal ce grimoire c’est quoi au fait?

    -« Chut, chut Paul on arrive. »
    _Messieurs donnez-vous la peine d’entrée, un verre nous fera le plus grand bien. J’ai invité quelques érudit, ils arrivent, juste le temps de passer la porte . Comme de fait cinq hommes dont trois à la fortes statures passent la porte. Va y avoir du vilain, tous ça pour un vieux bouquin en plus miteux c’est sûr….

    Je vous dis pas la raclée qu’on s’est prise, pas de bouquin pour l’ami Pascal mais tous sourire, il m’a dit qu’il était sûr un autre coup qui s’avérera juteux….Heureusement que je tiens plus debout. Comme quoi je dois respecter mes propres idées, pas de décision si je ne suis pas à jeun même si c’est un « Ami » qui me demande de l’aide, ça craint ….y.l.

    Sur une idée de Pascal Perrat.

  3. lecrilibriste dit :

    magnifique traitement de la consigne !

  4. Parfaitement Clair ou totalement éméché,
    Qu’on se le dise, Edouard savait décider

    Quand il prenait une décision et pour être sûr de ses choix, Edouard avait deux options
    – soit, il était parfaitement à jeun, et jugeait l’avancée de l’affaire, et ses conséquences, à froid
    avecmorgue et lucidité – soit il était totalement aviné, et dans ce cas particulier, allez savoir ce qui se passait et allez donc savoir pourquoi , ses décisions étaient parfaitement tranchées
    Alors que d’autres complètement beurés ne savent plus où ils habitent, Edouard savait où il mettait les pieds. Même s’il marchait de travers et tanguait, un étrange sixième sens s’éclairait dans son cerveau embrumé, et il avait la préfiguration de ce qui allait arriver.
    On dit qu’il y a un bon Dieu pour les ivrognes, mais celui d’Edouard était fort en besogne, les vapeurs de l’alcool agissaient sans vergogne bien mieux que le marc de café car jamais il ne se trompait.

    Il était cependant un cas pathologique qui toujours à Edouard se présentait lorsqu’ il était moitié, moitié , ni clair en plein, ni totalement aviné, il balançait entre les deux clichés et ne savait plus décider
    Assis entre deux chaises Edouard hésitait, une fesse à droite, une fesse à gauche, l’inconfort arrivait Edouard se trortillait. Il pesait le pour, pesait le contre tellement perdu entre brouillard et clarté que toute vérité disparaissait, que toute décision se dissolvait. Il begayait, balbutiait, bredouillait, baragouinait, une peur épouvantable le tiraillait. Et c’était vraie calamité car il était juge de paix !
    Jugez ! Clair il était sans état d’âme et jugeait sans aménité – Beurré il devenait extralucide et savait ce qui allait se passer ! Il arrivait même à savoir si le condamné n’avait rien fait de ce qu’on l’accusait. Et c’est cela qui lui plaisait… Connaître toute la vérité !
    Déprimé, totalement désemparé, un jour où il avait pris une abominalbe muflée , Edouard décida de démissionner, de laisser pour de bon sa robe de magistrature et d’ouvrir un cabinet particulier où il prédisait l’avenir à ses clients.

    Il fit imméidatement fortune . On lui attribuait une étrange habitude… Celle d’avoir besoin d’une flasque toujours à portée de main pour ne pas se tromper. Mais il mourut, hélas, d’une crise de délirium tremens au cours d’une consultation que lui avait demandé un ancien de ses pairs, un juge de paix  qui hésitait !

    Lecrilibriste

  5. pakitapom dit :

    Vincent
    Bien à l’abri derrière ses cornues , ses boite de Pétrie et ses tubes à essais, Vincent, à trente ans passés, n’avait du monde qu’une vision assez floue et la banalité de sa blouse blanche, sur fond de carrelage tout aussi virginal et aseptisé, lui offrait un anonymat confortable pendant que les verres très épais de ses lunettes le faisaient flotter dans une certaine irréalité.

    Du plus loin qu’il se souvienne, tout petit déjà , il avait toujours souhaité être invisible, transparent , peut être même ne plus exister pour ne plus voir son père frapper sa mère, les soirs de beuverie, et la laisser couverte de bleus, à demi inconsciente sur le plancher puis repartir, les laissant elle inerte et l’enfant hurlant, pour aller traîner sa peine dans les bars.

    Mais disparaître n’est pas si facile, oublier non plus. Toujours la même angoisse qui le tenaillait : et si c’était héréditaire. ?..Alors, pour conjurer le sort, il avait essayé de se faire aussi lisse et discret que possible et surtout, il s’était juré que jamais il ne boirait . Sa vie :  l’infiniment petit, peu de relations, pas d’ami, une page blanche exempte de tout sentiment. Un petit meublé, un petit boulot à l’Institut Pasteur qui lui donnait parfois l’illusion facile de travailler un peu pour le bien de l’humanité.

    Vincent …vain sans

    Et puis il y eut cette soirée où il fut entraîné malgré lui par ses collègues. C’était proposé avec tellement de délicatesse « Aller Vincent , il est temps que tu poses un peu ta gourme maintenant ! »
    que par bravade ou par lâcheté, il n’avait pas su refuser. Bardé de certitudes et d’interdits, il les avait suivi. Retiré dans un coin éloigné du buffet, il sirotait sa Badoit : l’illusion des bulles mais pas la joie, loin de la foule et des tracas en espérant pouvoir s’éclipser bientôt quand deux collègues, pleins de sollicitude, s’approchèrent en charmante compagnie .. Même à travers ses verres épais, Vincent voyait bien qu’elle était jolie surtout que, depuis quelques minutes , ils étaient seuls, face à face, les deux garçons s’étant promptement éclipsés
    Avec galanterie, inné ou acquis mais, dans ce cas, où donc avait il appris ?, il lui avait proposé un verre .Quand elle Avait posé sa main sur son bras, doucement, un tressaillement puis il s’etait senti devenir un titan

    « Je prendrai bien une petite coupe, s’il vous plaît .

    Mais, arrivé au bar, la peur l’avait saisi. Dépasser son angoisse, affronter l’inconnu, oser enfin et oubliant toutes ses belles résolutions , il s’était entendu dire :

    « Deux coupes , je vous prie ! »

    Un verre dans chaque main, il revint vers elle et découvrit bientô avec étonnamment le plaisir des bulles de champagne sur sa langue . A la quatrième coupe, Vincent n’était plus pressé de partir. Il pétillait, délicieusement ivre et elle trouvait son rire charmant . Finalement c’est ensemble, très discrètement, qu’ils ont quitté la soirée pour se découvrir d’autres affinités.

    On se fait vite vite au bonheur, on perd l’habitude d’avoir peur. Pour Vincent, maintenant, les nuits et les petits déjeuners solitaires étaient devenus un vrai tourment et pour ne pas risquer de souffrir, il décidait, d’un coup, de mettre un terme à cette aventure. Puis le soir venu, après s’être donné du courage à petites goulées de Croze Hermitage, il courait ventre à terre la retrouver et dans ses bras tout oublier.Le temps passe toujours trop vite quand on est amoureux. L’alcool aidant, le rat de laboratoire était devenu rat des champs et, pour garder sa belle, entretenait avec ardeur son regrettable penchant. A grands coups de Chablis, il épatais la galerie et elle riait, ravie !C’est d’ailleurs après avoir vidé une bouteille de Château Iquem , qu’il se hasarda un jour à lui dire je t’aime et lui demanda de l épouser…

    Noces discrètement ficelées à grands coups d’Aligotée.

    L’euphorie des premiers mois vite s’estompa quand la belle comprit comment fonctionnait Vincent. Petite rat un rien binoclard le matin, le soir surmulot de choc gonflé au Merlot et au Medoc . Rien que du vent, du toc ! Il n’a pas fallu plus d’une année à grands coups de Romanée, pour que la belle, lassée, prenne amant, un puis deux, dix, vingt, cents … Pauvre Vincent !

    A grands coups de Cremant Valmer, il comptait les amants et son cœur se faisait amer. Si le matin, à jeun, il lui pardonnait, le soir cafard, de pinard bien imbibé, il décidait de la châtier .C’est ainsi que naquit dans son esprit un peu imbibé l’idée de se venger. Elle allait payer !

    Le monde était en ébullition à cause d’un virus qui mettait jusqu’aux plus puissants sur le flanc et l’Institut Pasteur avait été mis en demeure par le gouvernement de trouver un vaccin pour stopper la pandémie…Vincent, le laborantin discret, était au cœur même de la tempête, dans l’œil du cyclone .Un matin, alors qu’il regardait avec intérêt une énième souris covidisée, les poumons bloqués, agoniser, il eut la révélation !

    Pourquoi ne se lancerait il pas, à titre personnel, dans la recherche de ce vaccin tant convoité. Il avait les cellules souche sous la main et sa femme l’avait prévenue que, par sécurité, elle réintégrait le domicile conjugal dès le lendemain….Vaste territoire d’expérimentation …
    C’est ainsi que, le soir suivant, vive le confinement, après avoir fêté leurs retrouvailles à grand renfort de Château Petrus, à sa femme un peu pompette,il inocula le virus. Puis, jour après jour, verres de Madiran se succédant en suivant, il lui pompa le sang pour tenter de créer un vaccin qui le rendrait enfin riche ,célèbre et sûrement plus impuissant …

    Sangre de toro ou de pouliche, pas chiche !
    Vin sang … Vincent, arrête, bon sang !

    Quand, une fois de trop, il a piqué la belle exsangue, dans un souffle, elle a expiré . D’un coup, dessoûlé, Vincent . A la place du corps livide, marqué d’ecchymoses bleuâtres là où il avait trop souvent enfoncé les aiguilles, il ne voyait plus que le pauvre corps de sa mère , criblé de coups . Pris d’un haut le cœur irrépressible il a dégueulé sur le tapis toute son amertume et sa haine , sa honte et sa peine ..

    Bien plus tard, en titubant , il s’est traîné jusqu’à la fenêtre. Conscient de l’air vicié qui avait tout envahi, il a ouvert tout grand les deux battants et … il a sauté !

    Alors que l’asphalte se rapprochait violemment, il entendit la voix honnie de son père, murmurant a son oreille :

    «  Pas si vite ! Attends petit , y en a un que t’as raté, il s’appelle le Paradis !

    Trop tard … dommage !

  6. Marianne B dit :

    Il ne prenait sa décision qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre deux états.
    Parce qu’entre deux états il n’y avait rien, c’était le vide…Et la décision qu’il pris dans cet état de vide, c’est de ne plus jamais avoir à décider : laisser le hasard guider le reste de sa vie.
    À partir de ce jour-là il conserva toujours dans sa poche une pièce de monnaie et deux dés. Chaque fois qu’un choix se présentait à lui, il utilisait la pièce ou les dés pour y répondre.
    S’il fallait répondre par oui ou par non, il prenait la pièce : oui, c’était toujours le côté face, comme un visage souriant qui respire le consentement ; non, c’était le côté pile, comme celui qui refuse en se détournant.
    Pour les choix à multiples propositions, comme par exemple une direction à prendre dans un rond-point, il lançait les dés et s’appuyait sur le nombre correspondant.
    Ce nouveau comportement donnait parfois des situations cocasses, comme ce jour par exemple où notre homme devait faire le marché pour toute la famille. Pour choisir le menu, il lançait les dés. Après lecture du nombre affiché l’homme tournait sur lui-même, façon derviche tourneur, en comptant mentalement, les yeux fermés. Puis il ouvrait les yeux et s’avançait, en titubant, vers le stand ainsi désigné. Ça fonctionnait habituellement bien et son entourage se réjouissait des bonnes surprises que leur apportait le hasard. Mais ce jour-là, le hasard se montra blagueur et le menu ne fut pas très équilibré : l’homme lança les dés à quatre reprises, et par quatre fois son doigt pointa un stand de fromager. La famille entière dégusta un repas du dimanche cent pour cent fromage, de l’entrée au dessert.
    Comme vous pouvez l’imaginer, et malgré l’intérêt d’avoir toujours des trucs marrants à raconter aux copains, ses proches avaient parfois du mal à suivre. Mais ils s’en accommodaient et finirent même par s’adapter : lorsqu’ils redoutaient une prise de décision incongrue, ils préféraient se passer de son avis et choisissaient pour lui.
    Ainsi notre homme, qui n’avait maintenant plus de comptes à rendre à personne ni de décision fâcheuse à assumer, vécu le reste de ses jours dans l’insouciance et la légèreté.

  7. françoise dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il finissait de boire son premier verre de vin qui se trouvait être le dernier de sa dernière bouteille.
    Il avait du mal à tenir sa tête droite mais bon il pouvait réfléchir la tête sur le côté aussi .Et puis quoi cette décision il n’avait même pas besoin d’y réfléchir par deux fois puisque cette décision elle lui était dictée, il ne pouvait pas tergiverser, il n’avait pas à tergiverser ; il n’avait qu’à apposer sa signature à la fin du texte dactylographié sur une jolie feuille blanche , posée sur le bureau, à côté de laquelle se trouvait un élégant stylo bille Starwalker Resine ; il n’avait même pas à le lire , il le connaissait presque par cœur : il était d’accord pour divorcer à ses torts (sans qu’il sache trop ce que sa femme lui reprochait ; mais on ne lui demandait pas de savoir mais de signer) .
    Sa femme, qui était assise au bout du rang, avait déjà signé,elle n’avait pas eu à réfléchir à deux fois pour prendre sa décision puisque c’était elle qui était la demanderesse. Ayant subitement un doute, il se leva et s’inclinant devant elle il lui demanda si elle avait bien réfléchi à deux fois avant de prendre sa décision. Furieuse elle le gifla et vu l’état d’ébriété dans lequel il se trouvait, il tomba par terre.
    Dans le brouhaha qui s’ensuivit on entendit la voix de l’homme de loi suggérer qu’on reporte la décision et fixa un autre rendez-vous.
    Malgré son état d’ébriété il eut bien conscience que ce report jouerait en sa faveur.
    Quinze jours plus tard, ils se retrouvèrent tous au même endroit, pour le même motf . Notre homme n’avait plus bu un verre de vin pendant ce laps de temps. Il avait toute sa tête et avait réfléchi à maintes reprises à la décision qu’il aurait à prendre. Sa femme semblait agitée.
    Un peu contre toute attente le divorce fut prononcé aux torts de l’épouse L’époux, sans réfléchir à deux fois, approuva cette décision d’un mouvement de tête.

  8. Catherine M.S dit :

    Conte de naissance

    Il n’allait pas prendre La décision
    A la légère
    Il était juste à la frontière
    Entre le monde d’avant et le monde d’après
    Mais en secret il craignait d’avoir des regrets
    Le monde d’avant il en connaissait
    Tous les atouts
    Du tout chaud et du tout doux
    Sans soucis et sans misères
    Logé, nourri et abreuvé
    Parfois avec quelques gouttes de folie
    Qui mettaient un brin de fantaisie
    Dans son univers confiné
    Et lui donnaient un air de fête
    Au risque de le rendre pompette !
    Mais c’était très rare
    Car il entendait aussitôt au dehors
    Une voix mâle crier très fort
    Du fin fond du corridor
    Stop, mon trésor
    Ou tu auras des remords …

    Dans le monde d’après
    Rien ne semblait facile
    Il le sentait à travers son nombril
    Son cordon faisant des nœuds
    A qui mieux mieux
    Au moindre bruit douteux !
    Et pourtant, par un beau matin d’avril
    Il a décidé, après mûre réflexion,
    De faire son apparition
    En toute tranquillité
    Le nouveau-né
    Félicitations !

  9. Mireille Perlot dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois
    aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…

    Mais elle avait tellement insisté.
    Elle était belle, émouvante, avec son ventre rond, son air défait et ses yeux en eau.
    L’eau, ça devait être ça. Pas bon, l’eau.

    « Juste quelques jours … aïeaïeaïe ça revient … pffpffpff … le temps d’accueillir
    celui-là !»

    Lui, le voisin de pallier, il était si gentil, si serviable. Et célibataire, et au chômage…

    Tandis qu’elle, avec le Kévin qui s’était barré deux mois avant, ses parents en
    croisière au Groenland et la petite Amandine en costume de pyjamasque qui se
    tortillait en chouignant, accrochée à la porte. Comment elle allait faire ?
    Et en plus, elle avait perdu les eaux.
    Ouais, pas bon l’eau.

    Et voilà. Il se retrouvait avec la mioche sur les bras.
    Sans mode d’emploi, sans nounours, avec juste du chili con carne dans le
    congélateur.

    L’hôpital appela quelques heures plus tard. Il faillit rater l’appel car la porte du
    placard s’était refermée sur lui, le méchant qui dévastait la ville ; Amandine criait
    victoire en hululant comme une sirène, son masque rose toujours sur le visage.
    Elle refusa de l’enlever pour aller voir sa maman.

    Quand il entra dans la chambre, un homme en tenue de bloc verte se gargarisait de
    son importance au pied du lit.
    « Gluglu ! » piailla Amandine.
    « Ah, voilà le papa ! » fit l’homme d’une voix sonore. « Je vous laisse en famille»

    Elle souriait, lumineuse et fatiguée. Qu’elle était belle dans sa simplicité. Il y avait au
    creux de ses seins une petite créature repliée dont les grands yeux pensifs reflétaient
    toute la sagesse du monde.
    Amandine fila vers elle. Elle lui fit une place dans ses bras.
    « C’est Zoé, lui dit-elle, ça veut dire La Vie ».
    « Ouahhh ! » approuva la gamine

    Il s’assit, un peu sonné, trois paires d’yeux dorés posées sur lui.
    Trois fées, trois princesses.
    « Il me faut des couches » dit la mère.
    « Je veux faire pipi » déclara Amandine.
    Le bébé rota sans ciller.
    Trois emmerdeuses peut-être ? Il allait falloir qu’il se décide.

    « Mes parents ont fait envoyer ça ». Elle désigna du menton une bouteille sur le
    rebord de la fenêtre. Du champagne.
    Le bouchon fit « plop » et le liquide glouglouta dans les verres à dent.
    Il soupira discrètement d’aise. A la seconde goulée il sentit la clarté, l’amour et
    l’évidence emplir son corps, son coeur, et déborder dans la chambre.

    « Je m’appelle Adam », dit-il comme en s’excusant du choix de ses parents.

    « je m’appelle Eve », dit Eve.

  10. 🐀 Souris verte dit :

    VOIR ROUGE

    Entre deux verres,
    La tête à l’envers.
    Vert d’une crise de foie aux abois.

    Il boit pour oublier justement ce vert
    Pourriture vermoulue qui évolue en éclairs zèbrant ses décisions.

    Scission du oui et ou du non.
    Gauche, rarement droit,
    Il a oublié ce nom
    Le sien qu’il devrait apposer dans sa déclaration.

    Éclatement, déviation, tous ces verres, vert de gris,
    Grimoire, gris noir, gris de Payne.
    Plus de peine, c’est fini.🐀

  11. M.B.Beguin dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…Eaux ! Heu… Entre deux vins. Un blanc d’Alsace et un rouge grave de Bordeaux. Lequel est le meilleur ?
    Louis aime boire avec son ami Jean. Ils partagent ce moment chaque lundi et lui parle de son travail et de ses projets d’une manière un peu délavée.
    Le reste du temps Louis aime boire seul à partir de 17h. Dans la journée il est à jeun pour pouvoir travailler dans sa menuiserie puisqu’il est ébéniste.

    Bérénice, sa voisine, est venue lui demander un meuble buffet moderne. Il y pense chaque jour pour lui faire de belles propositions. Il dessine des plans qu’il veut lui suggérer.
    Elle arrive mercredi vers 11h et semble complètement subjuguée par l’idée. Le prix sera de 2500€.
    Elle reviendra avec la réponse après en avoir discuté avec Paul son mari.
    Jeudi, à 20h, la porte s’ouvre, Bérénice tout sourire, vient signer le devis. Louis lui présente la feuille, posée entre deux verres un blanc et un rouge. Devis où il ne parle que de la qualité du bois, et de la somme… Bérénice lit, prend le stylo, écrit la somme en lettres, date et signe. Merci dit louis, qui signe aussi, l’oeil voyageur rempli d’alcool, et s’effondre sur le devis, sur la toile cirée, près de son assiette de soupe froide.

    Le réveil est lourd comme chaque matin, mais après la douche, il est en pleine forme, content du devis et du travail qu’il va mettre en oeuvre. Devant son bol de café, il relit le document, et se fige devant ce qu’il a signé. Un zéro a été barré sur la somme et en toutes lettres, il relit « deux cent cinquante euros », qu’il a signé derrière.
    Ah, la Garce !! il réfléchit à la façon de pouvoir s’en sortir. A jeun, son intuition ne lui fait pas défaut….
    Il ajoute au dessus de la signature de Bérénice : « les dimensions du meuble sont de 30cm/20cm hauteur 30cm.
    Comme prévu, cela conviendra, pour la maison de poupée de ta fille. »

  12. M.B.Beguin dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…Eaux ! Heu… Entre deux vins. Un blanc d’Alsace et un rouge grave de Bordeaux. Lequel est le meilleur ?
    Louis aime boire avec son ami Jean. Ils partagent ce moment chaque lundi et lui parle de son travail et de ses projets d’une manière un peu délavée.
    Le reste du temps Louis aime boire seul à partir de 17h. Dans la journée il est à jeun pour pouvoir travailler dans sa menuiserie puisqu’il est ébéniste.

    Bérénice, sa voisine, est venue lui demander un meuble buffet moderne. Il y pense chaque jour pour lui faire de belles propositions. Il dessine des plans qu’il veut lui suggérer.
    Elle arrive mercredi vers 11h et semble complètement subjuguée par l’idée. Le prix sera de 2500€.
    Elle reviendra avec la réponse après en avoir discuté avec Paul son mari.
    Jeudi, à 20h, la porte s’ouvre, Bérénice tout sourire, vient signer le devis. Louis lui présente la feuille, posée entre deux verres un blanc et un rouge. Devis où il ne parle que de la qualité du bois, et de la somme… Bérénice lit, prend le stylo, écrit la somme en lettres, date et signe. Merci dit louis, qui signe derrière, l’oeil voyageur rempli d’alcool, et s’effondre sur sa toile cirée, près de son assiette de soupe froide.

    Le réveil est lourd comme chaque matin, mais après la douche, il est en pleine forme, content du devis et du travail qu’il va mettre en oeuvre. Devant son bol de café, il relit le document, et se fige devant ce qu’il a signé. Un zéro a été barré sur la somme et en toutes lettres, il relit « deux cent cinquante euros », qu’il a signé derrière.
    Ah, la Garce !! il réfléchit à la façon de pouvoir s’en sortir. A jeun, son intuition ne lui fait pas défaut….
    Il ajoute au dessus de la signature de Bérénice : « les dimensions du meuble sont de 30cm/20cm hauteur 30cm.
    Comme prévu, cela conviendra, pour la maison de poupée de ta fille. »

  13. Kyoto dit :

    J’ouvre l’œil droit. Puis le gauche. Où suis-je ?
    Péniblement, je me redresse et m’assois sur le bord du lit.
    J’ai la tête comme une pastèque. Non, une grenade.
    Prête à exploser.

    « – Rappelle-toi qui tu es ! », me susurre une voix d’une douceur inhabituelle, venue je ne sais d’où. L’au-delà, peut-être. Alors, je suis mort ? Un vent de panique m’envahit. Je me frappe, je me pince, je m’entends crier, hurler même. Quel idiot, je fais ! Je suis bel et bien vivant. Une brume a épaissi mes idées. Il me faut réfléchir…

    Enfin, une lueur, pas plus grande que celle des mouches à feu, m’éclaire. Ah ! Oui ! Ça me revient ! La pendule ! Ces imbéciles me comparaient à une pendule : « un coup, il penche à droite ; un coup, il penche à gauche ». Et l’intellectuel de service a ajouté, avec son air méprisant : « Velléitaire, tu es velléitaire »…

    Ce mot, je ne l’avais jamais entendu. Mais d’instinct, il ne me plaisait pas. J’étais entre deux eaux. Pas vraiment à jeun. Pas tout à fait aviné. Je n’avais pas à prendre cette décision en réfléchissant deux fois. Ce mec, il me cassait les nougats. Alors je lui ai cassé la tête. Ma réaction fut fulgurante : un majestueux coup de boule !

    Le cafetier a cafté. Les pompiers emmenèrent le blessé estourbi. Les gens d’armes me menottèrent, pas gentiment. Direction, là où, ce matin, je suis. Ma situation est délicate mais pas désespérée. Comme me disait souvent ma grand-mère : « La vie est comme un yoyo. Un jour, du malheur. Un jour, du bonheur »

    Et quand je retrouverai ma liberté, la première chose que je ferai, c’est me payer une bonne bouteille d’entre-deux-mers.

  14. Fanny Dumond dit :

    Roger prenait ses décisions en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci.

    En ce début d’après-midi, Louis, son voisin, était venu lui faire une énième proposition d’achat de sa vigne. À cette heure-ci, Roger était encore à peu près lucide et avait décliné, une nouvelle fois, cette offre. Il la chérissait sa vigne héritée de ses ancêtres, que chaque génération entretenait avec passion. Louis avait beau argumenter qu’il n’avait pas d’enfant, qu’il se faisait vieux, qu’il devait profiter de son argent pour se reposer et faire des voyages, à cette heure Roger restait ferme sur sa décision.

    C’est alors qu’en ce début de soirée, Louis revint à la charge en toquant plusieurs fois à sa porte. Roger qui n’était plus entre deux vins, s’extirpa péniblement de son fauteuil dans lequel il ronflait comme un sonneur de cloches. Bougonnant, il accueillit Louis et l’invitât à s’assoir devant ses bonnes bouteilles. Après avoir refait le monde pendant deux heures, Roger, qui vidait ses verres dans le pot où végétait un ficus déshydraté, extirpa de sa poche une promesse de vente que le pauvre Roger signa d’une main tremblante. Sur ce, la soirée se termina illico presto. Le lendemain matin, Roger relativement à jeun ne se souvenait plus de rien. Il poursuivit sa petite vie en se demandant, parfois, pourquoi Louis ne venait plus tailler une petite bavette jusqu’au jour où il reçut un rendez-vous chez le notaire pour signer la vente de sa vigne. Fou de rage, il se saisit de sa carabine et se pointa chez Louis qu’il toucha en plein cœur.

    Depuis, il purge sa peine de prison, au pain sec et à l’eau.

  15. Grumpy dit :

    L’ennuyeux chez lui, c’était son métier. Il impliquait des décisions souvent très délicates et difficiles à prendre. C’est qu’il en allait parfois de la vie des gens qui restaient et de la mort de ceux qui étaient partis (de par la faute des présents à la barre)

    Il était Juge de paix, en Cour d’assises par-dessus le marché. Il avait donc à trancher des cas graves, des accusés aux précédents sanglants. Pas souvent des enfants de choeur, sauf la fois où ce séminariste avait éclaté à coups de chandelier le crâne de M. le Curé qui essayait encore de le tripoter.

    Il était d’autant craint de passer devant lui qu’on le savait porté sur la bouteille laquelle influait dans un sens ou dans l’autre selon la qualité de son millésime.

    les avocats le redoutaient tant ses décisions étaient sujettes à l’humeur du jour, celle-ci variant de l’indulgence la plus incompréhensible à une sévérité hors normes en fonction de ce qu’il avait bu.

    Il officiait depuis si longtemps que l’on connaissait ses bons et ses mauvais jours sachant que chacun avait son étiquette :

    – lundi : Alsace
    – mardi : Bordeaux
    – Mercredi : Bandol
    – Jeudi : Bourgogne
    – Vendredi : Gris de Boulaouane
    et quand les assises se prolongeaient le samedi : – Champagne.

    Le goût invétéré du Juge pour le pinard était si répandu que les crus qui lui réussissaient, ou pas, ne faisaient pas mystère. Tant les défenseurs de la partie civile que ceux des accusés redoutaient la convocation qui indiquerait le jour du jugement. La boisson du jour ferait pencher le verdict d’un côté ou de l’autre.

    Ce jour-là on juge un tueur en série coupable de crimes atroces. Mais voilà que l’on est jeudi = Bourgogne, le préféré du Juge au point qui prend deux fois triple dose pour se donner du coeur à l’ouvrage dit-il très sérieusement.

    A la sonnerie de la reprise de séance sans même attendre le retour des jurés, il arrive titubant, parvient de justesse à se poser dans son fauteuil :

    – Accusé levez-vous. Six ans dont quatre avec sursis.

    Brouhaha, cris d’indignation, pleurs et trépignements dans la salle.

    Excédé, le juge donne de grands coups de marteau et déclare :

    L’audience est levée. Circulez y’a rien à boire !

  16. iris79 dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…

    Autant au lever ce matin-là, il eut une vision claire de ce qu’il voulait faire avec la vente de son vieux vignoble que les voisins convoitaient depuis des générations, ce qui le sauverait de tous ses problèmes de dettes, autant aviné, il le savait, il n’aurait jamais laissé partir ces terres qui valaient de l’or dont il pouvait encore tirer profit malgré tout et un certain pouvoir. Mais cet après-midi de juin lui fut fatal.
    La fête de la Saint Jean promettait d’être parfaite. Il adorait cette journée qui depuis l’enfance lui rappelait des souvenirs merveilleux à veiller toute la nuit, à courir au-dessus du feu avec ses copains, les enfants du domaine voisin. Il mettait toute sa fougue et testait son courage à défier les flammes dansantes pour épater leur sœur dont il était tombé amoureux. Il voulait l’impressionner, et guettait les reflets chatoyants danser dans ses yeux. Chaque année il attendait fébrilement cette fête de la Saint Jean car il savait qu’il allait retrouver celle qui le reste du temps était murée derrière les grilles de l’école privée celle que lui, ne pouvait pas fréquenter.
    Les années passant, le temps faisant son œuvre, la belle s’en était allée vers d’autres contrées, enlevée par un autre prince charmant, épatée surement par un gars encore plus courageux bravant des flammes encore plus grandes. Il avait noyé son chagrin dans le vin et était devenu coutumier des fins de journées enivrées.
    Mais cette année était marquée par un événement de taille. La belle était de retour. Il avait entendu murmurer les mots « divorcée » et « célibataire » et avait osé imaginer qu’aujourd’hui, elle le regarderait enfin avec d’autres yeux que ceux de voisins.
    Ce qu’il avait omis ou pas voulu entendre en circulant dans la propriété, affairé aux préparatifs de la soirée, c’était les mots « dépensière », « panier percé » « pouvoir ». Aussi quand la belle usa de ses charmes pour l’amadouer, il se retrouva piégé en un temps record. Il ne vit pas les mâchoires d’acier de la belle se refermer sur lui. Il se noya dans son regard bleu azur et lui promit monts et merveilles. Cette nuit là il ne vit pas le feu de la Saint Jean, tant il se consumait déjà d’amour pour elle.
    Les noces furent célébrées très vite au cœur de l’été et il ne fallut pas plus de deux saisons pour que le conte ne tourne au fiasco.
    Agacée et déçue par les frasques de son mari qui ne parvenait à se défaire de ses vices avinés, d’autant plus qu’elle avait compris qu’il était d’une véritable perspicacité le matin et le soir, elle craignit d’être démasquée et avant de perdre le peu qu’elle avait gagné dans son mariage, usa de stratagèmes aussi tordus que les ceps de vigne pour récupérer les terres du mari éploré qui se retrouva sans le sou, sans domaine, mais croulant sous les dettes.

    Il ne conserva que quelques barriques qu’il ne quittait plus. Il s’était installé un lit dans les caves, noyant son chagrin au milieu de effluves de raisin, espérant que les anges venus chercher leur part l’emmènent loin d’ici avec eux.

  17. Nadine de Bernardy dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois:une fois à jeun,une fois aviné.
    Il n’aurait jamais dû prendre celle ci alors qu’il était le cul entre deux chaise.
    Quand il avait la tête claire ,il pesait le pour et le contre,se cassait les méninges,comme quand il avait décidé, en définitif,de ne pas divorcer d’avec Mélanie,si exaspérante, mais qui faisait un de ces cassoulet!
    Le soir, il avait choisit de prendre des calmants et de laisser courir.A présent il avalait les Xanax en buvant son vin.
    Ce matin là,une fesse sur chacune de ses chaises de réflexion,il se demandait s’il allait accepter le poste de chef de rayon proposé par son patron.Son salaire augmenterait,avec plus de responsabilités,c’est lui qui donnerait les ordres,moins de manutentions.
    Il accepta.
    Le soir,au troisième verre, il se rendit compte qu’il aurait le chef de service, Martin, sur le dos,un type autoritaire qu’il ne pouvait supporter. Un petit coup pour digérer la chose
    Un cinquième verre de blanc sec pour arroser la promotion à venir malgré tout.
    Il n’allait tout de même pas se laisser charmer,chermer,mârcher sur les chaussu…,les arpions,les pin..pin ,les pieds par un minable sef de cherviste,fesse de service,enfin le mec qu’il pouvait pas piffer.Ouais,c’était ça,pas piff…..ffer
    Le petit cheffaillon qui voulait lui marcher suuur les pie..pi..pieds.

    Il relut pour la troisième fois le petit mot posé sur la table
    « J’en ai marre de vivre avec un ivrogne,je pars chez Martin.Il n’y a plus qu’à faire réchauffer le cassoulet.
    Mélanie. »
    Il mit la tête sur ses bras posés sur la table,à côté de deux bouteilles et un verre vides.
    Un ronflement sonore se fit entendre tandis qu’une larme coulait sur sa joue.

  18. Antonio dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre deux belles femmes, aussi désirables l’une que l’autre.

    Mais voilà, à jeun, il a décidé de miser sur la plus jeune, de peur de se faire avoir par la plus ravinée mais qui n’en était pas moins la plus raffinée, la plus cultivée, la plus drôle aussi, et d’un charme qui n’était pas sans rappeler Meryl Streep sur la route de Madison, son film et son actrice préférés.

    Toutes ces pensées lui remontaient en haut-le-cœur, au petit matin, après avoir été saoulé toute la nuit par sa gamine, sa morveuse, sa petite merdeuse qu’il avait envie de fesser, non pas pour un de ces jeux érotiques grotesques qu’elle semblait affectionner, mais pour lui apprendre à mastiquer ses mots avec élégance, et pas la bouche pleine de grossièreté, à cultiver la sensualité pour que le désir éclose aux premières lueurs de caresse et pas en récitant la première scène d’un film X ou Y à l’eau de rose ou de Rocco Siffredi.

    Pourquoi avait-il décidé avant d’être plus avisé, les sens en éveil par la rosée du matin, le bon sens en réveil par le rosé du soir. En vain, il avait cédé par le rosé de son teint, celui de la jeune, à jeun, alors que la maturité de la volupté lui offrait l’ivresse à fleur de peau.

    L’une avait l’éclat de ses vingt ans quand l’autre avait balayé depuis longtemps les éclats du vert de son âge, en se coupant du regard des rustres. J’étais pile entre les deux, l’âge muré dans l’illusion de la jeunesse de mes artères qui ouvraient la voie aux aventures éphémères.

    A jeun, tout semble clair, entre la jeune et la vieille. Aviné, les illusions se fissurent, les murs tombent, l’évidence des sens reprend le dessus, les dessous s’envolent d’indécence et les traits de son visage se redessinent dans l’air en volutes d’un désir parti en fumée, à tire d’elle.

    Entre le jeun et la vieille prune, il n’hésitera plus avant de prendre sa décision.

    • pakitapom dit :

      encore une fois Antonio , à lire à voix haute pour e plaisir des mots . merci

      • Antonio dit :

        Merci Pakitapom, pour ce beau compliment. C’est en alexandrin que je rougis gaiement d’avoir prêté l’oreille à mes élucubra… ah zut, j’ai marché sur un pied ! 🙂
        En tout cas bravo pour votre belle cave de vocabulaire et l’art de raconter cette descente aux enfers. Vous êtes quelques unes à avoir rendu un bel hommage au « vain » saint patron des vignerons.

  19. camomille dit :

    Il ne prenait ses décisions qu’en réfléchissant deux fois. Une fois à jeun, une fois aviné. Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux…
    Jusqu’à présent, il tirait les ficelles tant bien que mal et ça marchouillait.
    A jeun, dans l’euphorie matinale, entre deux verres d’eau de source, il décidait : « écologie et tutti frutti »…
    Le soir, entre deux eaux il était plus combatif et, une certaine quantité de verres de bordeaux aidant, il décidait :« actions, et revendications».
    Jamais de juste milieu en effet.
    Pardon ? Ah vous ne saviez pas qu’il aimait la picole ? Hé bien oui ! Maintenant vous le savez mais c’est uniquement le soir et du bordeaux qu’il se fait livrer régulièrement par les nouveaux arrivants de cette région qui ne montent jamais les mains vides…. Il traficote un peu il est vrai !
    Bon, revenons à mon histoire :
    Effectivement, le juste milieu, Dieu, il connaît pas.
    Mais un beau jour, vers MIDI ça lui a pris…. IL s’ennuyait grave.
    Marie était en cuisine, Joseph l’aidait comme d’habitude, Jésus était en train de fabriquer des petits santons en bois et Marie-Madeleine…. mais où qu’elle est encore passée Marie-Madeleine ? Bref Dieu s’ennuyait et il se mit à rêver à une grande teuf.
    – C’est vrai, pensait-il, les pauvres humains adorent se déguiser… Ils sont joyeux les jours de carnaval par exemple ?!!! Mais ils restent trop entre eux…. Faudrait qu’enfin ils fassent la paix et la fête à l’unisson à la même date…. J’ai trouvé !… je vais provoquer une immense teuf MONDIALE ! Du jamais vu !
    Cette idée de la mi-journée germa, germa, germa et tout d’un coup DIEU s’écria :
    « ALLÉLUIA, y a plus qu’à »
    Son cri fit tressaillir Jésus qui faillit se blesser en taillant la queue de l’âne.
    – Oh Père, que vous arrive-t-il ? Ce serait bien la première fois que vous prendriez une décision à midi ?
    – c’est vrai mon fils, c’est vrai, mais c’est urgent…. les hommes ne sont pas assez joyeux, je m’en rends compte de plus en plus. Les frontières y sont pour quelque chose. Faut que je les relie entre-eux dans un mouvement festif collectif ?
    – Est-ce possible Père ? Comment allez-vous vous y prendre ? Ça me paraît bien difficile ?
    – Voyons fiston, rien n’est impossible tu le sais bien…..as-tu remarqué la joie enfantine qu’ils manifestent lors des carnavals ? Et bien je vais créer l’événement MONDIAL qui va leur permettre de porter UN MASQUE de leur fabrication tous ensemble à la même date.
    Ils seront enfin HEUREUX en même temps, et au même moment. De quoi les réconcilier et amorcer la paix dans le monde à laquelle je tiens tant. Tu le sais fiston ?
    – Père, vous êtes génial !
    A ce moment là, Marie cria : « A table ! »
    Dieu, avant de se précipiter dans la cuisine appuya sur le bouton « MASQUE » l’ordi clignota et afficha « raison ? » et proposa : Carnaval ? Pandémie ?
    Dieu avait faim, Marie savait faire bouillir bon et…. ni à jeun, ni aviné, mais distrait, il se trompa de bouton.
    L’histoire s’en souviendra.

  20. Blackrain dit :

    Vincent n’aurait jamais dû prendre celle-ci alors qu’il était entre-deux vins. Comme il était loin d’être devin il pesait le pour et le contre. Avec sa compagne il pesait plutôt le tout contre, ce qui était un véritable fléau pour son équilibre. A force de câlins il ne pensait qu’à l’autre. Et l’autre en profitait pour assouvir tous ses caprices. Un jour il reçut des amendes peu honorables qu’elle avait prises dans le centre d’Agen, des pruneaux qui lui restaient sur le ventre. Pour une fois ses flux alvins n’étaient pas dus à ses abus de vin. Durant la même journée, plusieurs papillons s’étaient posés sur son pare-brise pendant que madame voletait de boutiques en boutiques. Il décida de confisquer la voiture à son épouse. Mâle lui en pris. Sa femelle était plus menthe religieuse qu’amante affectueuse. Elle lui dévora la tête en reproches pimentés. Habituée à ce qu’il lui passe toutes ses incartades, elle n’avait pas digérée que cette rodomontade soient suivit d’effets une fois qu’il eut cuvé son vin. Ce qui advint alors fut une séparation qui ne fut pas à l’amiable. L’aimable compagnon s’était tout à coup dégrisé. La découvrant si vindicative, il parvint à oublier son visage divin pour ne plus voir que ses yeux de bovin. Vincent chanta une autre mélodie. Il parvint à surmonter sa douleur pour évincer la belle. Il intervint dans les statuts de son entreprise pour la retirer de son label. Il convint ses associés de la pousser dans le ravin du monde de ses affaires. Cet adepte de Calvin ne contrevint point à son dogme. Il ne se pensait pas immonde mais il ne comptait pas tendre la joue à celle qui se croyait invincible. Il quitta sa maison, sa province et revint à Paris. Le pari ne fut point gagnant. La demoiselle acariâtre survint un beau jour en son appartement. Ils en vinrent aux mains. Sans aucune retenue, la tigresse visait les yeux. Il la repoussa énergiquement. Il advint qu’un coin de table basse fut au bout de cette énergie. Le coin devint mortel pour la belle. Alors, une fois condamné, Vincent « canta » ses origines espagnoles dans la cellule grise de son noir désire.

  21. Laurence Noyer dit :

    Il ne prenait ses décisions
    Qu’après deux temps de réflexion
    Une fois à jeun, une fois aviné.
    Le temps pour sa pensée d’évoluer
    Il n’aurait jamais dû prendre celle-ci
    Ce fut le début d’une autre vie.

    Alors qu’il était entre-deux vers
    Il s’est soudainement découvert
    Un talent pour la poétique
    Un penchant pour le chimérique
    Il plongea dans l’Alcool d’Apollinaire
    Dans l’Ivresse de Baudelaire

    Peu importait le flacon
    Comme dit la chanson
    Il voulait s’enivrer
    Laisser les mots infuser
    Entre lyrique et éthylique
    Laisser les mots divaguer
    Dans le désordre symphonique
    De sa pensée désordonnée

    Devenu addict de la rime
    Il lui fallait sa dose matin et soir
    Consentant et victime
    Il demandait à voir, à boire
    Le nectar de la terre
    Le grain de ses soleils
    La liqueur éphémère
    De ses iles aux merveilles

    Finalement sans trop d’hésitation
    Il avait pris sa décision
    En vers libres
    Et figure de style
    Ne plus jamais dessoûler,
    Et voir le monde dégrisé

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