506e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
Tout d’un coup lui vint une idée.

Inventez la suite


Idée trouvée en me réenchantant


18 réponses

  1. Avoires dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Tout d’un coup lui vint une idée.

    Maître Demy la reçut à 15h30 comme prévu.
    Elle s’installa sur la chaise, vaguement intriguée sur le contenu du testament. De quoi pouvait-elle hériter de tante Solange ?
    « Chère Madame, commença l’onctueux notaire, voici les dernières volontés …
    – Maître, allez droit au but
    Madame votre tante, Solange Demicelle vous lègue une demi-route.
    Une demi quoi ?
    Route, chère Madame !
    – Ah !, ça ne m’étonne pas d’elle! Cette pauvre tante Solange ne devait quand même pas avoir toute sa tête quand elle avait pris cette décision
    Oh que si ! Elle l’avait bien en entier »
    Elle fut sur le point de refuser l’héritage incongru de sa tante quand une idée tout aussi incongrue lui traversa l’esprit.
    «  Maître , j’accepte l’héritage mais à une condition.
    Laquelle chère Madame ?
    Voici : j’accepte l’héritage de ma tante Solange et je le lègue à mes demi-frère et sœur Jacques et Caroline.
    Mais, chère Madame, cela ne s’est jamais fait !
    Justement Maître, nous innovons, c’est un prototype, un modèle, une première, du jamais vu !
    Et comment diviser une demi-route entre des demis ?
    Voyez avec un géomètre et attribuez le nord à Jacques et le sud à Caroline. Au-revoir Maître. »

  2. pakitapom dit :

    Quant elle quitta son petit studio pour l’office notarial, bien sanglée dans son petit ensemble bon chic bon genre , tour de cou en perles et catogan sage sur la nuque, elle se surprit à rêver que la vieille dame qu’elle avait accompagnée sur la fin de ses jours en lui faisant la lecture, lui avait fait un legs qui, peut être, allait changer sa vie : l’appartement dans le 16eme, non, tout de même…une somme d’argent , peut etre ? Des livres plus sûrement, peut être sa bibliothèque tout entière ! Quel calvaire, qu’allait elle en faire ?

    Aussi sa surprise fut de taille lorsque le notaire l’informa qu’elle héritait d’une demi route
    -« Pardon ? Une demi route , cela existe , c’est possible ? Que faire de la moitié d’une chaussée ?
    -En tout état de cause, c’est ce que le testament de notre regrettée cliente stipule … »

    Alors la jeune lectrice voulut en avoir le cœur net et elle décida tout de go d’aller prendre connaissance de ce curieux cadeau.

    Le bus la déposa à l’intersection de deux routes, la nationale sur laquelle il circulait et une voie secondaire qui serpentait à travers champs jusqu’à un improbable village à demi caché derrière les arbres au loin .

    Sa moitié de route, elle la découvrait avec stupéfaction : à l’image de sa généreuse donatrice : raide , lisse, flanquée d’un côté d’un accotement à faire se trucider tous les poètes et les amoureux de la nature et, de l’ autre côté, d’une ligne blanche continue , doublée sur la gauche d’une ligne pointillée, attention !interdit de dépasser… ! Lui revenaient en mémoire, souvenirs fugaces, les petites phrases sèches dont la vieille dame ponctuait parfois ses discours : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » Lénine. Dans votre intérêt personnel, veillez à ne jamais oublier ce principe, si vous voulez faire quelque chose de votre vie . »

    Elle en était là de ses pensées quand elle se surprit à regarder de l’ autre côté de la double ligne blanche. Un joyeux méli mélo de cailloux, galets, sable et autres résidus de brique ocre qui formait d’improbables frises ponctuées de pissenlits fugueurs, contrastant de manière violente avec le sombre bitume dont elle venait d’hériter. Comment imaginer tant de différence sur une même route . ?
    Avançant à pas menus sur les terres dont elle était maintenant propriétaire, elle se remémorait ses premières impressions lorsqu’elle était venue prendre son poste de lectrice. L’appartement du 16eme, vaste certes mais figé dans le temps sans qu’aucun grain de poussière cependant ne dépara l’ordre strict des pièces et du mobilier trop souvent ciré. Des persiennes empêchaient la lumière de s’inviter sur les velours anciens et les marqueteries de valeur . Pas de plante ou de fleurs, pas de photo d’enfant ou de tendres petits enfants, rien….

    La femme qui, royale , la toisait du haut de son lit, était impressionnante d’austérité : un chemisier de soie noir, haut boutonné et le rire de gorge à jamais corseté sous une broche en forme de camé. Des cheveux blancs portés en bandeaux d’un autre temps, lissés sur ses tempes larges et un regard froid et inquisiteur, pénétrant au point de vous faire sentir mal a l’aise.

    La jeune lectrice n’avait pas vraiment le choix. Il faut parfois pour manger savoir plier et accepter.
    Pendant presque dix années , elle lui avait fait la lecture sans que jamais la vieille femme ne se livre en aucune manière . Quand elle essayait d’égayer un peu leur quotidien sévère, Cerbère, sans même aboyer, d’un geste sec, la rappelait à l’ordre , citant volontiers Goethe : « Nul ne s’est jamais perdu dans le droit chemin …’

    La jeune femme dont les ballerines commençaient à coller sur le goudron surchauffé de cette fin d’’été, rêva un instant, de sauter le pas et, pieds nus dans le sable et les graviers de l’autre côté, de continuer à avancer….

    C’était tentant mais, mutine, elle se contenta de jouer au funambule sur le fil de la ligne blanche continue et c’est tête basse, très concentrée sur la ligne dont elle ne devait pas dévier, les bras écartés, que , sans même s’en rendre compte, elle fit son entrée dans le village

    Des vivats et des applaudissement soutenus accueillirent cette entrée pour le moins insolite .
    Surprise , gênée, elle releva la tête, pivoine , et découvrit devant elle, tout esbaudis, un homme et deux enfants. Drôle d’allure, ne put elle s’empêcher de penser, barbu échevelé, jeans troués, pied nus dans l’herbe rase…les gamins à peine débarbouillés, hilares, les cheveux en pétard

    Se ressaisir, se redresser, retrouver un brin de dignité…
    « Bonjour, je cherche à rencontrer la propriétaire de la route par laquelle je viens d’arriver !
    Pas de problème, les enfants vont vous y conduire.fut la réponse de l’homme, accompagnée d’un grand sourire

    Telle une envolée de moineaux, les enfants se sont mis à courir à travers les petites ruelles du vieux village aux maisons basses, ignorant royalement un vaste et solide bâtiment aux volets tristement fermés

    « Mamie Lily , Mamie Lily ! »

    Ils se sont engouffrés, toujours hurlant dans une allée bordée de somptueux rosiers anciens qui embaumaient, ponctués ici et là de parterres de fleurs en joyeux fouillis pour finir, écroulés de rire
    dans les bras d’une très vieille dame qui riait autant qu’eux .

    Saisie la jeune femme s’arrêta ! Devant elle se tenait, les joues toutes rosies du bonheur de serrer contre elle ses bambin, la réplique exacte de « sa généreuse donatrice ». Enfin, non, pas vraiment…
    Celle ci était différente en cela qu’elle rayonnait , vibrait à l’unisson de ce qui l’entourait . Elle la regardait venir, le regard clair, ses boucles de neige chahutant joyeusement avec le vent, le visage buriné parle soleil et éclairé d’un magnifique sourire. Elle était comme ensoleillée de l’intérieur et la joie de vivre débordait de partout chez elle.

    « Approchez , je vous en prie, vous prendrez bien un rafraîchissement ou une tasse de thé peut etre? « Le timbre de voix était proche mais, là, on jouait sur du velours, un velours qui se serait frotté aux lavandes et qui en aurait gardé ce parlé un peu chantant qui vous met le cœur en vacances !

    C’est en sirotant une verveine citronnée cueillie au jardin qu’elle se présenta et qu’elle apprit en retour qu’elles étaient en fait deux sœurs, l’une, laborieuse et austère et l’autre, joyeuse, fantasque et voyageuse . La première avait tracé sa route sans jamais s’autoriser les chemins de traverse, pas même ceux du coeur, dans lesquels la cadette était, elle, allée butiner avec bonheur
    Elle avait choisi la vie , la fantaisie, l’amour et parfois aussi , elle l’avouait en riant maintenant, une certaine folie. Puis sur le tard, elle était revenue au pays, avait racheté les quelques maisons abandonnées du village , hormis bien sûr , celle de sa sœur, – vous avez du passer devant en venant – sombre et froide, que celle ci n’avait jamais voulu lui vendre .et elle avait choisi d’offrir la possibilité a de jeunes couples qui voulaient changer de vie, opter pour un monde plus en phase avec la nature, de s’installer ici.
    Pas une minute, elle avait regretté ce choix ! Sa vie était tellement plus agréable, plus riche maintenant, entourée de toute cette jeunesse bouillonnante de projets .

    « Chacun sa route, chacun son chemin , voila l’histoire de notre route commune, si l’on peut dire »

    Il y a quelque temps de cela, je suis passée, moi aussi, sur cette route nationale,. J’ai cherché le croisement avec la route secondaire, moitié bitume moitié fougère et je ne l’ai pas trouvée, tout au plus un espèce de chemin tout bordé de fleurs avec des coquelicots et quelques fières tiges de prêle qui explosaient les rares plaques de bitume encore visibles sous la mousse et les fleurettes

    Au plus loin que mon regard pouvait porter , j’ai vu, à l’entrée du village, une jeune femme , cheveux dénoués, au milieu des blés, qui me faisait de grands signes d’amitié …

    Ce héritage ,au final, n’était peu être pas un cadeau empoisonné !

  3. URSO dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Tout d’un coup lui vint une idée.

    C’est par le courrier du matin que cette information lui était parvenue : elle, une dame de 92 ans, qui en avait vu des vertes et des pas mûres.
    Dans son village à elle, dans ce cher département de la Meuse, la Poste, c’est un service qui fonctionnait encore assez bien. Le facteur ou pour être à la page, maintenant à l’heure d’Internet – le préposé à la Poste – il faisait son travail très correctement et surtout le matin, il ne perdait pas de temps pour distribuer le courrier des 300 âmes qui vivaient dans ce village. Bon revenons à nos moutons. Ce notaire, ce monsieur Durrier, qu’elle connaissait aussi très bien, lui annonçait cette drôle de nouvelle. Mais hériter d’une demi-route, c’est bien mais encore faut-il savoir de quelle route il s’agissait. Lui aussi ce notaire, commençait à prendre de la bouteille, de l’âge. Il officiait dans la grande ville d’à côté. Ce Durrier fonctionnait encore à l’ancienne. Les courriers, pas très officiels, il les écrivait à la main. Et là pour cette lettre, il manquait vraiment de précision : il indiquait tout simplement : Chère Madame …, …. Après …vous avez hérité d’une demi-route. Germaine lisait et relisait les quelques mots, elle ne trouvait pas du tout le lieu géographique de cette demi-route. Peut-être que le notaire avait bu, peut-être qu’il était trop près de sa jeune et belle secrétaire, malgré le Covid dont on parlait encore, lorsque il avait écrit cela. Demi-route … Bon sang une demi-route, mais les routes c’est du ressort de la collectivité, ça n’appartenaient pas à des particuliers. Et puis qui sait peut-être que c’est l’Etat qui lui faisait don de cette demi-route. Mais à son âge qu’allait-elle en faire. Certainement à côté de cette demi-route, il ne devait pas y avoir trop de cimetière. Et puis « son » convoi funéraire, lorsqu’elle quitterait ce monde, il ne ferait que quelques centaine de mètres, entre l’église et sa sépulture.
    Donc c’est sûr ce Durrier se moquait d’elle, peut-être qu’il était encore amoureux d’elle. Non – là elle divaguait – , ils n’avaient pas exactement le même âge, ni grandi dans la même région. Lui c’est un « sudiste », elle savait qu’il est originaire de Dijon.
    Bon, donc à quoi rimait donc cette demi-route. Elle voulait bien l’appeler ce notaire. Mais elle était un peu sourde d’oreille. Et au téléphone, elle n’y verrait que du feu ou plus exactement elle n’entendrait pas bien.
    Bon demi-route, demi-route. Elle eut subitement une idée. Elle allait prendre sa plume et de sa plus belle écriture, elle allait dire non à cette demi-route. Qu’elle n’en voulait simplement qu’un quart- comme pour un gâteau vendu chez le pâtissier qu’elle boudait et qu’elle ne voulait pas acheter dans son intégralité – , que le reste de la demi-route – elle le laissait à la commune, qu’elle faisait elle-même un héritage. A son âge, quoi de plus banal. Un quart de route, c’était bien. Elle allait renvoyer la balle au notaire, lui répondre du tac au tac. Et en plus, pour une demi-route dont le lieu géographique n’était même pas précisé sur cette lettre manuscrite. Pour un homme de droit c’était pas très fort, pensait-elle, cette absence de rigueur.
    Encore dans toutes ses idées, voilà que la sonnette de la porte d’entrée de sa petite maison se met à sonner. Là par chance elle avait très bien entendu le grelot, faire ding-ding dong plusieurs fois. Fonçant vers la porte pour ouvrir, pensant que c’était sa douce et jeune petite-fille qui venait la voir, comme à son habitude deux à trois fois par jour, voilà qu’elle se trouve nez à nez avec ce cher monsieur Durrier, notaire de son état. Mais celui-ci malgré sa tenue vestimentaire très austère paraissait bien éméché.
    – Eh Germaine, lui-il, poisson d’avril. Oh Oh Hi Hi , je t’ai bien eu avec cette route ou demi-route. Tu y as crû hein. J’ai tout vu à travers la vitre, depuis que le facteur t’a apporté ma lettre. J’ai vu tes grimaces sur ton visage, ha ha ha. Demi-route, demi-route …
    Il était vraiment fou cet homme de loi. Et en plus, il la tutoyait. Quelle journée, quelle journée. Ou plutôt comme cette demi-journée avait bizarrement commencé avec cette demi-route.
    Bon Germaine, laissant dans son coin ce monsieur Durrier, n’avait maintenant plus qu’une idée en tête. Parvenir le plus vite possible à son frigo, ou réfrigérateur, pour se servir quelques demis de bière très frais, car avec cette canicule frappant en ce moment son cher village de Lorraine, avec une température frôlant les 38 °, elle avait bien besoin de quelque demis de bière, pour oublier cette histoire de demi-route de ce notaire. Et voilà que Germaine après avoir bu quelques demi, maintenait parlait du notaire en le nommant un peu différemment – avec le nom un peu déformé de Durillon la Demi- route. Ha Ha Ha …
    Et là Germaine, ronflant maintenant sur son canapé, se voit flottant sur une espèce de demi-route, ayant juste 20 ans, avec un beau garçon à ses côtés, et filant comme une voiture de course en pleine campagne, ce garçon étant en réalité le notaire de notre histoire, quelques décennies plus tôt.

  4. Pompelair dit :

    Maître Wallet, Notaire et notable, croisa Zézette dans la Grand Rue. Toujours la même, se dit-il en son for intérieur, quelques rides de plus sur la figure mais pour le reste, elle a encore forci à trop manger de patates et surtout à rester trop souvent aplatie devant la télé. Les chaînes d’info, ça lui plaisait ça, tout savoir sur tout le monde, d’ailleurs avant l’arrivée de cette technologie, l’information du village c’est elle qui en avait le monopole.

    – Melle Zézette, vous passerez à l’étude, j’ai une bonne nouvelle pour vous.
    – D’accord Maître, je viendrai, toujours un plaisir de vous voir, vous savez.

    Il en rougit jusqu’aux oreilles. Ils étaient de la même génération issus des mêmes bancs d’école. Sauf qu’elle, il fallait l’asseoir à côté du gros Popaul pour faire contrepoids sur le banc et éviter la catapulte.

    La voilà à l’étude installée dans le fauteuil Club, le seul à sa mesure, ce cuir frottant ses grosses cuisses, agréable sensation, pensée coquine. Coquette, hier soir elle s’était mis les bigoudis et ce matin avait enfilé sa blouse du dimanche qu’elle tenait toujours bien repassée, au cas où.

    – Alors Maître, cette bonne nouvelle ?

    – Eh bien voilà, votre vieux cousin Alcide vous a légué une moitié de route. Mais ça n’a pas l’air de vous emballer …

    – C’est que je savais qu’il avait des Louis d’or dans une chaussette, j’aurais préféré, au moins j’aurais pu acheter un carré de terrain

    – En effet, il en avait, la chaussette en était pleine, même que c’était un mi-bas, il les a légués à la paroisse pour la réparation du clocher. Une demi-route ce n’est pas si mal, vous trouverez bien quoi en faire.

    – Vous inquiétez pas, c’est du terrain même s’il est tout en longueur, j’ai mon idée, je signe où ?

    Son idée était une idée noire, on se moquait trop d’elle au village (le tonneau, la fadade, la commère, même la cochonne parfois, pourtant …), elle allait pouvoir se venger.

    Sa demi-route et son autre moitié étaient très empruntées, à pied, à cheval, à vélo, en poussette, à brouette, en tracteur … Elle aussi y passait souvent, voire tous les jours, c’est là qu’elles les aurait. Tout simplement en se servant de son gros gabarit objet de leurs allusions et quolibets.

    Sa moitié de route lui permettait juste de passer elle-même et de croiser ceux de l’autre moitié sans qu’aucun soit gêné. Les gêner, tiens tiens ?

    Maintenant chaque fois qu’elle sortait c’était tête haute, le dos raide, en digne et fière héritière d’enfin quelque chose. Alors elle enfilait au bras droit comme au gauche un énorme panier d’osier comme on n’en fait plus.
    Toujours bien remplis ses paniers, devenus son alibi pour déborder. Les jours de mauvaise humeur elle y installait une oie dans chacun, approche-toi qu’elles te pincent ! qu’elle disait en donnant un coup de hanche vers celui qui avait eu la mauvaise idée de passer par-là.

    Chemin faisant, elle empiétait d’un bon quart sur l’autre demi-route ne laissant plus qu’une bien étroite lisière à ceux qui avaient à la croiser. Essayer de la doubler, impensable bien entendu.

    C’est ainsi que la vieille Ernestine manqua du pied et que se rompit un de ses cols de fémurs, qu’Albert le facteur vira dans le fossé avec sa mobylette, que la mince Suzanne dont elle était jalouse glissa et s’égratigna dans les ronces…

    Elle fit tant de victimes en y prenant tant de plaisir que la revanche ne se fit pas attendre. Joseph en avait eu l’idée, c’est lui qui l’accomplirait.

    C’est ainsi qu’il lui arriva par derrière avec la faucheuse attelée au tracteur, et que ma foi, celle qu’on surnommait parfois la cochonne se retrouva transformée en tranches de saucisson.

    • Perrat dit :

      Bonjour,
      J’ai tenté vous répondre deux fois, votre adresse mail ne semble pas valable, réponse du serveur :
      Adresse introuvable
      Votre message n’est pas parvenu à pompelair@yahoo.fr, car l’adresse est introuvable ou ne peut pas recevoir de messages.

  5. françoise dit :

    506/Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Tout d’un coup lui vint une idée.Elle allait refuser cette succession qui ne pouvait
    lui apporter que des soucis . D’abord elle devrait aller chez le notaire ;  jamais elle n’en avait rencontré dans sa vie ; les seuls contacts qu’elle avait eus ces dernières années c’était avec le cul de ses deux vaches quand elles les trayaient ; ensuite elle mettait son bidon de lait au bout du chemin qui était ramassé par le chauffeur d’un camion laitier. Il y a une trentaine d’années, les villageois venaient avec leur bidon en acheter pour leur consommation journalière mais c’était fini ce bon temps qu’elle n’avait sans doute pas assez apprécié.
    Peut-être devrait-elle de temps à autre témoigner à ses vaches un peu de reconnaissance mais bon on ne se refaisait pas.
    Quelques mois plus tard après sa décision, des employés communaux vinrent arracher ses haies qui d’ailleurs débordaient un peu sur la route. Et ce qu’elle vit la stupéfia : ses deux vaches se dirigèrent vers la route pour faire du stop sans doute. Avec ces bêtes à cornes on devait s’attendre à tout pensa-t-elle. Elle enfila vite ses bottes et un blouson et partit faire du stop avec elles…. On ne les revit jamais.
    ——————-

  6. Catherine M.S dit :

    Le notaire lui a dit
    Cette demi-route est à vous
    Mais il est complètement fou !
    Que vais-je en faire ?
    Pour aller où
    Si je ne peux pas aller jusqu’au bout ?
    M’arrêter en chemin
    Ce n’est pas très malin
    Revenir en arrière
    Me laisserait un goût amer …

    Qui est cet olibrius
    Ce zigoto qui m’a fait ce cadeau
    Ce lascar, ce gugus
    Qui veut m’amputer
    M’entraver, me priver de liberté ?
    Je n’en veux pas de sa moitié
    Je veux partir sans m’en retourner
    Je veux choisir ma destinée
    Je veux le chemin tout entier
    Tant pis s’il est semé d’embûches
    Tant pis si je trébuche
    Je me relèverai
    Et lui dirai à ce zoulou
    Que j’irai jusqu’au bout
    Que personne ne m’arrêtera
    Que sa moitié je m’en fous
    Je veux tout
    Que son cadeau empoisonné
    Je lui rends bien volontiers !

    Je veux être déshérité
    Que les choses soient bien claires
    C’est mon dernier mot
    Monsieur le notaire .

  7. camomille dit :

    – Mais que faire de la moitié d’une route Bon Sang ?
    Que faire de la moitié d’une route Maître ?
    Maître… vous m’entendez !

    Maître Santos, dont le regard se perdait dans le vide, sursauta,

    – Maître… la suite ?

    Surpris par le ton menaçant de l’héritière, Maître Santos répondit craintivement :

    – Mais quelle suite chère Madame ?

    – Ben voyons, la suite ?…Cette bourrique d’oncle Jules n’a pas pu rédiger un pareil testament sans explication ?

    – Je n’ai rien d’autre à rajouter Madame, s’excusa Maître Santos.

    – C’est impossible… c’est en dépit du bon sens !

    – Je n’y peux rien rajouta Maître Santos en rentrant la tête dans les épaules,
    Je n’y peux rien !

    – Mais voyons Maître, vous en convenez ? Que voulez vous que je fasse de la moitié
    d’une route ?

    – « Rien à foutre » (marmonna le notaire entre ses dents).

    – Quoi ?

    – Je disais: je vous comprends Madame, je vous comprends…

    L’héritière, voyant qu’elle n’obtiendrait pas plus du notaire, se tut et se concentra.
    Maître Santos apprécia fortement cette accalmie mais il n’osait lui proposer de prendre congé … à vrai dire elle lui faisait un peu peur, et il se demandait comment il allait pouvoir s’en débarrasser ?

    Mais tout d’un coup, l’héritière s’écria :
    – IL ME VIENT UNE IDÉE !

    Le notaire leva les yeux aux ciels ; elle n’était donc pas prête à partir.

    – Ah ? Fit-il poliment, il vous vient une idée ?

    – OUI ! Il me vient une idée !

    Alors, Maître Santos se leva solennellement et alla s’assurer que la porte de son bureau était bien fermée :

    Eh oui M’sieurs-Dames… le secret professionnel, le secret professionnel !!!

    Par conséquent, nous en resterons là.

  8. Blackrain dit :

    L’idée lui fut plutôt suggérée par Adam, son amant. C’était son « mac Adam ». Il agissait sur elle comme un aimant. Elle était irrésistiblement attirée par lui. Pourtant, il la frappait parfois et il avait un problème aux dents. Certaines d’entre elles s’étaient « déchaussées » après un litige avec la maréchaussée. Mais voilà, il savait « enrober » les phrases avec des mots velours, avec des mots d’amour qu’il soulignait souvent d’un trait d’humour. Ces mots satin avaient fait d’elle une catin, la couchant sur la « voie » du lucre près du Luc en Provence. Pour éclairer ses beaux yeux elle allait s’allonger sur de sales draps et dans de mauvais lieux. Elle s’était mise dans le « caniveau » pour le couvrir de cadeaux. Souvent, l’enfer est « pavé » de bonnes intentions. Lorsqu’il apprit qu’elle était héritière, Adam se vit milliardaire. Mais l’autoroute de la réussite s’avéra n’être qu’une demi-route. Cette demi-route lui apparut au premier abord comme une « déroute ». Puis, en y réfléchissant, il y vit une opportunité. On Eve avait le monopole de tout un trottoir. Elle « put ainsi » arpenter le « bitume » sans craindre la moindre concurrence. Ses gains en furent augmenté et son béguin pour elles décuplé. Il vécu heureux et n’eut aucun enfant. Voilà une histoire qui finit bien…

  9. LURON'OURS dit :

    BISONNE FUTÉE

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Tout d’un coup lui vint une idée
    En un jour, Sybille découvrit l’étude du notaire et qu’elle avait un oncle, qu’il avait fait fortune et qu’elle était seule héritière. Restait à la trouver, cette route !
    Quelque part dans le Far West elle grimpe dans les montagnes : une concession qui ne devait pas faire plus de deux mules de large mais de longueur illimité à condition de la prolonger. L’oncle l’avait gagnée dans un saloon, croyant que c’était une ligne du Pony Express. Déjà, dans la prairie, à l’horizontale et tout droit, file le chemin de fer. Alors, marché de dupe ?
    Sybille est allée sur place pour rechercher la trace du trappeur, l’oncle aventurier. Il avait jalonné son parcours de croix comptant les desperados qu’il avait soustrait à la voracité des Coyotes. Quelques Indiens faméliques passaient encore par là, seuls les sabots de leurs montures gardaient le tracé de la vieille route dans la Sierra. Sybille compris qu’elle n’avait droit à rien d’autre qu’ entretenir cette voie d’accès ainsi que les bonnes relations avec ses usagers. Elle n’est toujours pas revenue, le notaire pense qu’elle s’est adaptée, et même qu’elle a fait souche.
    Il va pouvoir maintenant rechercher l’héritier de la voie de chemin de fer, mais là, ça risque de faire parler la poudre …
    😸 LURON’OURS

  10. 🐀 Souris verte dit :

    🐀 LA BONNE MOITIÉ.

    Ils avaient en leur temps hérité de la moitié d’une route. L’affaire était insolite autant qu’ insoluble installant un esprit insoutenable.
    Les deux héritiers insouciants du désagrément continuaient leur train train comme si rien était.

    Le Gaucher, c’est pas la moitié d’un imbécile et l’y tient !
    Au bistrot en bas de la rue Casse-cul on en rigolait et pas que tout bas.
    Au café d’ en haut de la rue du Dévaloir on disait : la Fine, elle a pas deux mains gauches ni les pieds dans le même sabot !

    Au cadastre, c’était une catastrophe car le vieux père Gaucher -qui l’était sans aucun doute et autant que têtu- avait voulu garder sa demi-départementale car elle longeait son champ. C’était une aubaine pour passer son tracteur.
    Quand on le taquinait là-dessus il répondait d’un air malicieux
    – Rien à faire, la Fine elle a beau me faire la danse du ventre, elle aura pas ma ‘ bi-route’ !
    Et il a tenu parole en la baptisant la rue Casse-cul !
    Donc de l’autre côté, celui où vous avez toujours les doigts de pieds qui descendent en premier, la Fine en avait pris son parti et l’avait appelée le Dévaloir.
    -Elle qu’est plus large que haute, elle a qu’à s’mettre en boule ! qu’ils disaient les finauds après le troisième Ricard.
    Alors, évidemment dans les bureaux à la mairie avec une rue qui avait deux noms en montant et en descendant, ça n’avait pas de sens !
    Et puis les péquenauds prenaient de haut ceux d’ en bas qui ne manquaient pas de leur faire un bras lorsqu’ils voulaient remonter. Et toc ! Chacun pour soi.

    Aucun article de loi n’existait pour unir en largeur ces deux kilomètres de long.

    C’est la vie ou plutôt le contraire qui mit un terme à cette séparation en unissant dans le trépas les deux opposants.
    Du haut de la rue du Dévaloir Fine avala son bulletin de naissance le même jour que le père Gaucher remit sa ‘ bi-route’ aux mains du cadastre n’ayant jamais fait l’effort d’avoir des descendants.

    Le notaire fit son office du passage à l’acte.
    Le maire et les conseillers se réunir pour fêter ça en buvant en haut, un ‘ demi ‘ bien frais et un autre en bas, histoire d’être sûrs de l’avoir en son entier !

    🐀 Souris verte

  11. Fanny Dumond dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Revenue de sa stupéfaction, mais finalement même pas étonnée des dernières volontés de sa mère, elle demanda au tabellion :

    – De quelle moitié j’hérite ?

    – Celle qui monte au château.

    – Ah ! fit-elle.

    Tout d’un coup lui vint une idée. Aussitôt rentrée chez elle, elle créa un blog vantant le château féodal dans lequel un fabuleux trésor aurait été enfoui par les templiers dans la forteresse qui menaçait ruine. Son idée était géniale et la rendrait plus riche que son si maigre héritage. Vêtue d’un mantelet et coiffée d’une barbette, elle s’installa au bas de la côte dans une guérite commandée sur A*** et qui, soit dit en passant, avait mis 3 semaines à lui parvenir. Elle trépignait d’impatience, car la saison était déjà bien avancée. Pour compenser son manque à gagner, elle avait fixé le droit de passage à 30 euros par personne. Malgré ce tarif exorbitant, les bouchons se fixaient dès l’entrée du village, et ses habitants, qui étaient habitués à respirer l’air le plus pur de l’hexagone, n’en pouvaient plus d’inhaler les gaz d’échappement. Nonobstant la grogne, les municipalités alentour étaient enchantées de cette manne providentielle qui redonnait des couleurs à leurs quelques commerces et autres restaurants.

    Les chasseurs de trésor, munis qui de poêles à frire, qui de pelles et de pioches repartaient bredouilles, bien évidemment. Nul n’avait eu l’idée de vérifier que les templiers étaient passés dans ce village perdu dans le fin fond du Livradois. Certains chercheurs s’égaraient dans les dédales du château, d’autres se foulaient une cheville ou se cassaient un bras. Néanmoins, la plupart étaient ravis de cette aventure hors du commun.

    Au fil des ans, l’attraction dépassa toutes les espérances de l’héritière tandis que sa sœur était vénère d’avoir hérité de la portion congrue. Elle n’avait pas les finances pour entretenir sa moitié de route que tous ces détraqués du ciboulot avaient esquintée. Elle se disait que son héritage était devenu un véritable champ de mines avec tous ces nids de poule qui faisaient claquer les amortisseurs de ces engins de malheur et secouaient leurs occupants, un tantinet frustrés de s’en retourner les poches vides. Si ce n’était que ça ! Elle se pâmait de jalousie de voir la cassette de son aînée déborder d’espèces sonnantes et trébuchantes. Si bien qu’elle en fit une jaunisse qui lui fit prendre rendez-vous chez ce patochard qui l’avait bien eue, elle, la préférée de sa mère.

    Affaire à suivre…

  12. Nouchka dit :

    La demi-route

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route. Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Plutôt que de refuser tout de go ce cadeau, lui vint une idée : Se rendre sur les lieux afin de prendre contact avec la topographie, le décor.
    Jamais, elle n’avait fréquenté ce secteur. Elle avait été bien surprise d’apprendre que sa Grande tante Fernande l’avait couchée sur son testament. En effet, les souvenirs qu’elle avait en commun avec cette bigote gourmande et autoritaire ne la poussaient pas à l’attendrissement et, sans doute faudrait-il reconnaître que cet héritage ne serait pas non plus un cadeau.
    La semaine suivante, elle partit vers l’Ile et Vilaine, jusqu’au service du cadastre concerné. Tenter de comprendre ce que signifiait cette appellation de demi-route l’intriguait beaucoup.
    Quelle ne fut pas sa surprise de voir que la route en question n’était, en réalité, qu’un chemin… mais un chemin côtier. Il suivait le bord de la Rance, près de son estuaire.
    La parcelle qui lui revenait s’étirait sur près de cent mètres et sur une profondeur de 250. Elle visualisa, sur le plan présenté, qu’il y avait plusieurs constructions sur les lots contigus.
    Elle se rendit sur place et découvrit la beauté du site. « Sa » demi-route constituait un morceau du chemin de randonnée qui longeait le fleuve. Quant à « sa » parcelle, elle était idéalement située sur un terrain qui dominait le lit de la Rance. Elle pouvait accéder à « son » terrain, à pied par la demi-route et en voiture par une voie à l’arrière du terrain, comme les autres propriétaires du coin. La parcelle, actuellement en friche, pourrait, si elle en trouvait les moyens, être bâtie.
    Réaliste, elle n’osait échafauder de rêve immobilier, elle qui vivait, depuis des décennies dans un modeste deux pièces ! Mais quand même, cela valait bien la peine de se pencher sur la question et même, de se poser la question d’une vie nouvelle, ici, à la campagne et dans ce décor de rêve.

  13. iris79 dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route.
    Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda-t-elle.
    Tout d’un coup lui vint une idée.

    Comme cette route se déroulait entre le village et l’intersection de la départementale, elle n’était à priori fréquentée que par les habitants. Autrefois voie unique pour rattraper la grande route, elle avait été abandonnée au profit d’un nouveau ruban d’asphalte plus moderne et plus long qui serpentait au-delà des limites de cette fameuse demi-route.
    Peu ou pas de voiture l’empruntait et ma foi, vélos, chevaux et piétons y étaient les bienvenus. Aussi un soir de printemps placarda t’elle dans tout le village une invitation à venir se retrouver dans la petite salle des fêtes afin qu’elle puisse exposer son projet aux habitants.
    Fébrile et traqueuse qu’aucun de ses concitoyens ne trouve d’intérêt à sa cause encore secrète, elle retrouva le sourire quand passée l’arrivée des plus curieux, s’avancèrent des têtes connues y compris des vacanciers réguliers et fidèles qui avaient racheté, retapé les vieilles maisons du village.

    Elle commença alors timidement en leur exposant la situation, son récent et audacieux héritage, son attachement à cette terre, son envie de partage et le désir de faire ensemble. Puisque les gens d’ici aimaient emprunter ce chemin dont tous ignoraient plus ou moins volontairement son changement de statut et le panneau qui indiquait « propriété privé », car à pied cela évitait de faire un sacré détour pour rattraper le chemin du village, elle proposa que chacun y amène un plant de fleurs, des graines, des semis de ce qu’ils aimaient afin de faire de cette voie un ruban fleuri, odorant, coloré qui vivrait et changerait au fil des saisons et à l’ombre duquel on aimerait marcher se retrouver tout au long de la promenade.
    Après un silence qui lui parut interminable, elle accueillit avec soulagement les sourires et encouragements de chacun. L’idée plaisait et déjà certains s’emballaient porteurs d’idées nouvelles. Elle se surprit à reprendre en main et à noter organiser, classer les idées.
    Le week-end suivant, tous se retrouvèrent sur le chemin pour délimiter les portions de la route sur laquelle ils pourraient donner lieu à leurs créations végétales et le chantier qui prit plusieurs semaines donna lieu à de beaux échanges, vit le retour de conversations entre personnes qui ne se disaient plus que « bonjour » ou « au revoir ». Quelqu’un débarqua même un jour avec un vieux salon de jardin un peu rouillé mais qui s’acclimata très bien à l’ombre des herbes folles. Elles dansaient entre les fleurs des champs qui léchaient le chemin côtoyant les couleurs chatoyantes de leurs cousines ayant trouvé facilement leur place dans ce ruban de terre au bord de la demi-route.
    On commença à parler de cette expérience au-delà de la commune, il fallu bientôt ajouter un panneau indiquant un parking improvisé afin que les badauds puissent venir admirer et se promener sur cette demi route enchantée.
    Jamais elle n’aurait imaginé un seul instant que ce drôle d’héritage aurait créé à ce point du lien. Mais après tout, c’était bien aussi la fonction d’un chemin ?

  14. Nadine de Bernardy dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi route,que faire de la moitié d’une chaussée?
    se demanda-t-elle.Tout à coup il lui vint une idée.
    Après mûre r&flexion,elle alla vérifier quelques détails au cadastre,consulta des dossiers aux Ponts et
    Chaussées.L’affaire était saine,les 28 kilomètres dont elle avait hérité entre Bourgine la Coquette et
    Avalloir en Auxois étaient une route en très bon état,assez fréquentée,des bas côtés sans problèmes.

    Après obtention de permis,réception de devis,des travaux commencèrent le long de cet héritage.Ils
    durèrent plusieurs mois,chacun supputant sur ce qui se tramait là.Mais Bertille Hoinorat refusait d’en dire
    quoi que ce soit.

    A partir du quinze juin,les murs des deux bourgades se couvrirent d’affiches.
    INAUGURATION OFFICIELLE de votre nouveau CENTRE d’ACTIVITES le PREMIER juillet prochain,en présence
    des maires des deux communes.
    Il vous offrira un parc de loisirs pour les petits avec piscine à balles entr’autre
    Un snack vous permettra de vous désaltérer et vous restaurer
    La boutique de souvenirs située à mi parcours vous ouvrira grand ses portes
    Madame JEANINE vous proposera ,un peu plus loin,une coupe de cheveux adaptée à votre style
    Vous serez accueillis à la librairie,bureau de tabac,presse par monsieur DEMOULIN
    La supérette n’ouvrira ses portes qu’en septembre pour cause de retard de travaux
    Les plus sportifs iront s’exercer sur le circuit de karting:  » Les as du volant »
    Et le soir vous pourrez tester la piste de dans du MOITIE-MOITIE notre night club.
    Nous vous attendons très nombreux le 20 juillet pour l’inauguration exceptionnelle de notre nouveau
    centre
    LE BOURGUINAUXOIS
    en présence de celle sans qui toutes ces merveilles n’aurait pas vues le jour:
    Mademoiselle BERTILLE HONORAT.

  15. Laurence Noyer dit :

    Itinéraire en douze pieds

    Les vacances ont sorti leurs costumes de kermesse
    L’accès villégiature s’affiche au GPS
    Sur les voies rapiécées de vieux blue-jeans usés
    J’emprunte des chemins que je peux restituer
    Les sentiers creux arpègent les accords des cigales
    Les artères ruissellent d’estivants en balade
    Je m’arrête au lieu-dit « Une-moitié-de-route »
    Accessible uniquement la moitié du mois d’aout
    La rangée de cyprès me fait la haie d’honneur
    Pour accueillir mes pas entre sombre et couleur
    L’esprit en bandoulière, paré à m’envoler
    Jusqu’où m’emmènera cette allée des congés ?
    Au pays de l’Entr’acte en deux temps sans mouvement
    Dans la vallée sublime de la vie à mi-temps

  16. durand JEAN MARC dit :

    Un notaire lui apprit qu’elle héritait d’une demi-route. Que faire de la moitié d’une chaussée ? se demanda t’elle.

    Tout à coup lui vint une idée. Cette demi-route passait devant chez elle, sa maigre propriété et le petit bois des Clochettes appartenant à sa famille depuis des siècles. L’espace avait été prêté à la commune, le temps d’une activité agricole, florissante à une époque, mais tombée en désuétude.

    Pour une fois que le public ne rognait pas sur le privé, elle allait récupérer ce couloir d’espace. Elle se devait d’en profiter, rapidement et intelligemment.

    La route fut donc coupée en deux, le côté lui appartenant, totalement interdit à tous véhicules, à 4, 3, 2 roues et aux marcheurs, sportifs et autres piétineurs d’invisible.

    Il ne fallut pas longtemps aux animaux pour comprendre que ce nouveau monde leur était réservé. Ce fut d’abord une limace qui traça les 253 mètres de cette anti autoroute gratuite et ombragée. Puis un hérisson, une couleuvre, un merle et deux moineaux. Elle était heureuse. Elle se plantait au bout de sa demi-route, avec son petit carnet, lovée dans un fauteuil pliant. Et elle cochait, chaque jour combien de quoi passait, et à quelle heure!

    Elle fut heureuse de constater que renard et blaireau n’avaient pas disparu. Que tout ce monde cohabitait relativement bien et que peu d’accidents et d’embouteillages entravaient la libre circulation. Parfois, certains soirs, quelques énergumènes, légèrement énivrés par les senteurs printanières s’amusaient à de drôles de jeux.

    Des courses improvisées entre lièvre et escargot, des concours de chants entre grive et corbeau, des concours de plus belles ailes entre papillons de jour et papillons de nuit.

    Mais le plus impressionnant demeurait, certains soirs de canicules, les exhibitions acrobatiques des pipistrelles. Toutes les familles se réunissaient alors pour admirer les plongeons, les piqués de ces funambules de l’insolite.

    Elle aussi en profitait, pour le temps que cela durerait. Elle était bien consciente qu’il ne s’agissait que de colibricolage, qu’elle n’était pas éternelle, et qu’une fois disparue, les petits neveux, paumés dans les rails bétonnés des cités revendraient au plus offrant, l’ensemble, la petite propriété, le sous bois et cette demi-route.

    Mais elle n’avait que 60 ans, une santé d’épinard, comme disait son père, et de bonnes perspectives de survie, à court terme, face aux folies envahissantes des hommes.

  17. Kyoto dit :

    Un notaire m’a appris que j’héritais de mon oncle Jean-Lou d’une demi-route.
    Je ne fus pas étonné, car celui-ci avait la réputation de faire les choses à moitié.
    D’ailleurs tout le monde l’appelait le Loufoque.

    Mais que faire de la moitié d’une chaussée ?

    – Refuser l’héritage ? Ce serait trahir mon oncle et il ne pourrait pas reposer en paix.

    – Acheter l’autre moitié de la chaussée ? Ce serait multiplier le problème par deux.

    – Alors vendre la partie héritée ? Quelqu’un serait-il encore plus fou ?

    – Créer un péage pour arrondir mes fins de mois ? Ce serait injuste pour les plus démunis.

    – Aménager une aire pour y mettre ma Cabane à Frites ? Ce serait convivial et enrichissant.
    Y ajouter un boulodrome.
    Et pourquoi pas un jardin sauvage pour y entendre les murmures de la Nature…

    Dame Nature en a profité pour m’éclairer…
    Je ferai de ma demi-route un modèle écologique.
    Installer des panneaux photovoltaïques sur la chaussée.
    Au frais de la République bien entendu.
    Royale idée.
    Ainsi fut fait.

    Dans cette belle région, de Mazeau à Benet !

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