541e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
et traînassais sur les consonnes.
Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…

Faites plaisir à votre imagination, proposez-lui d’inventer la suite


Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.

41 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.

    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup, j’aperçus un point d’exclamation qui, entre parenthèses, ignorait les règles les plus élémentaires de la syntaxe et m’apostropha le verbe haut :

    « T’es bizarre toi. ! T’as un drole d’accent ! Tu serais pas un comme le point-virgule qui sait pas choisir entre le point et la virgule ! Il faudrait que toi aussi tu apprends une fois pour toutes qui tu es ! »

    « Je sais qui je suis. Grace à moi, la langue française s’est enrichie. Contrairement à toi qui ignore tout de sa finesse et de sa subtilité et qui ne sais que vociférer tempêter, fulminer, tonitruer sur un ton péremptoire. Toujours à jouer les intrus en te glissant entre les guillemets. Tu es un craneur, un becheur et bete avec ça. Maintenant, lache-moi. Point final »

    Je pense lui avoir cloué le bec car sa seule réponse fut : « !!!!! » et « …….. »

    Il n’avait pas complètement tort cependant. Il est vrai que je m’étais égaré entre le subjonctif et l’indicatif, l’imparfait et le plus-que-parfait, les guillemets et les crochets, les virgules et les tirets, les adverbes et les compléments, les épithètes et les attributs, n’ayant surtout jamais su choisir entre le grave et l’aigu

    J’avais perdu mon ame dans l’abime de la linguistique et le labyrinthe de l’orthographe

    Un groupe de jeunes randonneurs-grammériens la retrouva, au mois d’aout dernier, sur la cîme d’un chataignier dans le Rhone. La cîme d’un arbre : peut-etre le seul endroit où je n’aurais jamais du me trouver

    Un accent circonflexe

  2. Urso dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…
    Une forte envie d’uriner.
    Que m’arrive-t-il ?
    Pourtant je n’ai presque rien bu.
    Il est trois heures du matin et je suis toujours sur ma table de « travail ».
    A peaufiner un polar. Mon premier. Mon souhait serait qu’il soit édité. Que j’ai un prix. Celui du prix du quai des Orfèvres par exemple.

    Encore cette grosse envie.
    Bon cette fois-ci j’y vais aux toilettes.
    À mon retour, qui vois-je assis à ma place.
    Quelque chose d’informe. Oh la la c’est une lettre G, de la taille d’un enfant de dix ans.
    Incroyable. Je m’approche doucement.
    Hé toi la lettre G réponds-moi !
    Celle-ci apparemment ne me voit pas, ne m’entends pas, pliée en deux, assise donc à mon bureau, elle est en train d’écrire avec un Bic.
    Oh voilà qu’elle bouge, elle semble me fixer.
    Elle me lance d’une voix grave, un peu artificielle, genre électronique :
    Toi vouloir être écrivain. Moi avoir lu quelques passages de ton écrit, c’est pas bon.

    Je me frotte les yeux plusieurs fois. Je rêve ? C’est une hallucination ?
    Je suis debout dans le salon et à mon bureau, il y a un grand G, confortablement assis, qui me parle de mon polar.
    Je le regarde sans rien dire.
    Absorbé dans mes pensées, je n’ai rien vu venir. D’un coup, le G s’est jeté sur moi. Quelque chose d’assez visqueux.
    Oh la la, il m’a agrippé, on dirait qu’il veut m’étrangler.
    Je commence à lui faire des noeuds à cette lettre G, venue chez moi, je ne sais pour quelle raison.

    Non non ne me tuez pas cher monsieur. Pas ça. Sinon je vais revenir dans ma galère en pleine mer.

    Mais je rêve, ça continue.
    C’est vrai qu’à ma montre, il est trois heures trente du matin. Moi je suis un nocturne. J’aime écrire la nuit.
    Le jour je reste chez moi. Étant à la retraite j’ai tout le temps pour me reposer.

    On dirait que la lettre G, elle souffre. Elle se confie à présent. Elle parle de galère.
    Pitié monsieur. Pas de mal pour moi.
    Je la relâche.
    Merci monsieur.

    Vous savez je me suis échappé d’une galère. Je suis un galérien. Je viens d’une BD. Précisément celle de Astérix et Obélix.
    Vous connaissez me dit-elle ?
    Bien sûr.
    Et là, en un centième de seconde elle disparut.
    Pfft volatilisé. Sans trace. Sans fumée. Rien. Pas comme dans les films où il y a toujours un signe après la disparition d’un objet insolite. Venant d’un autre univers.

    Mince, encore le besoin d’uriner. Décidément je m’en souviendrais de cette nuit et de cette lettre G géante.
    Au fait qu’elle a été la signification de sa présence chez moi.
    Ah oui, ça me revient. Elle a dit que mon polar – du moins ce qu’elle a pu en lire – n’était pas bon.
    Peut-être que c’est vrai.
    Bon tenons compte de sa remarque. Je vais faire comme un écrivain français connu qui, pour son premier roman, l’a réécrit, paraît-il, plus de cent fois.
    J’en ferai pas autant. Le polar actuel, je vais le reprendre entièrement et intégralement. Ah ah. Comme je suis redondant.
    Bon, bon, on verra tout cela demain.
    Maintenant il se fait très tard pour moi.
    J’ai besoin de repos … bye moi je vais coucher, et faire dodo.

  3. Soledad Granger dit :

    « ETIQUETTE, DIS-MOI CE QUE TU CACHES »

    Remplie de signes,
    Comme un champs d’épis,
    Noircie
    Sous les ailes des abeilles
    D’une ruche

    Grouillement
    De signes

    Le noir
    Et l’or du miel
    Cachés

    Voyelles
    Consonnes
    Ponctuations

    Avant bien ordonnées
    Sur les lignes
    Des lignes
    À perte de vue

    Où est la fin de la phrase
    Qui a commencé
    Il y a tant d’années ?

    Raisonnement creusé
    De nids de poules
    Des rues
    Serpentent
    En cascades

    Puis

    Ces petits signes

    En méli mélo
    jetés
    En une poignée

    Sort aléatoire

    L’essence
    Sans le sens

    Les sens
    Giratoires

    Et les signes

    S’ordonnent
    En dansant

    Spirale

    Spider, et ta toile ?
    Elle vole au vent
    Je ris, toi aussi

    Mais tu ne connais pas
    Cette chorégraphie nouvelle

    En pagaille
    Éparse

    Ailleurs
    Quelque part

    Là où
    Aucune main
    Ne se lèvera
    Pour l’atteindre
    Et l’attraper

    Là où les constellations
    Te laisseront
    Consterné
    Si tu ne sais les rêver

    J’aime
    T’imaginer
    M’imaginer

    Allongés

    L’essen-ciel

    Au dessus de nous
    La terre et l’herbe
    Nous portent
    Tel un tapis volant

    Et vois-tu les signes noircissant
    ce sont maintenant ces étoiles
    Là-haut

    Qui illuminent
    Nos yeux

  4. Bernard Pauchant dit :

    J’aime bien ! Méfions-nous des claviers !

  5. Bernard Pauchant dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et trainassais sur les consonnes. Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés quand tout à coup…
    Au hasard de l’oiseau
    J’ai posé sur ma table la feuille de papier
    J’ai sorti de ma poche le stylo
    Pour toi, pour eux, j’ai commencé à écrire
    J’attrape un à un les mots
    Je cherche à les faire danser
    En les saupoudrant de virgules
    Mais ils ne cessent de piétiner
    Improprement
    Je lambine, je trainasse,
    Entre voyelles et consonnes
    J’allitère et j’altère
    J’assone et j’assomme
    Que dis-je, que suis-je ?
    Un piètre et pauvre poète
    Un haillon d’écrivaillon
    Qui se dit, tais-toi
    Préfère les pointillés
    C’est alors que sur ma table
    Vient se poser un oiseau
    Sa plume de feu
    Il sautille sur ma feuille, de son bec bleu
    La pique et la perce
    Immobile, interdit, je me plonge dans son œil immobile
    Qui fixe le grand cèdre

    Devant ma fenêtre ouverte
    Au creux de l’amphithéâtre de ses branches
    S’installe et chante en chœur
    Un souffle d’ailes
    Un arc en ciel de couleurs
    Alors me sautent aux yeux la noblesse et le mystère
    De mon arbre de vie
    L’infini du ciel où dansent les flocons des nuages
    Les caresses du parfum des fleurs
    Les messages de paix des paysages,
    Le foisonnement des existences
    Qui pour moi au moins
    Il faut que je l’avoue
    Firent des merveilles
    Enfant, peut-être un jour viendrais-je me poser sur ta table
    Peut-être m’entendras-tu chanter
    Simplement, nuement
    Et tout sera dit

  6. Retardée par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes. Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand… – l’un d’eux –, plus pointilleux que les autres, lévita sur mes lignes pour me mettre les « poings » sur les i, en criant à l’INSURRECTION. Il n’en fallut pas plus pour que toutes les lettres se mettent en branle, se gonflant chacune, de l’importance d’une majuscule.
    Horrifiée, je vis N empoigner M. Il n’était donc plus question de parler de P, puisque l’H de la guerre venait d’être déterrée. Chaque lettre s’employait à ABC l’autre. M fut jeté en l’R pour tomber sur le Q.
    Les derniers de la file X et Y m’invitaient – derechef – à résoudre la plus étrange des équations. J’en arrivai presque à regretter l’amère quiétude que j’avais, l’instant d’avant, sur la page blanche.
    Je convoquai alors « l’Esprit » de la lettre pour qu’il ramène chacune à la raison. Je l’invoquai même, car je n’étais pas AT.
    Lorsqu’il manifesta sa présence, évidemment je ne pouvais pas le voir, mais j’en remarquai immédiatement les effets. Les lettres reprenaient leur apparence d’origine, s’organisant dans la matrice des mots, selon l’ordre que j’avais décidé pour elles, afin de leur permettre d’incarner une histoire…
    Cette histoire.

  7. Phanie dit :

    LA MANIF
    Retardée par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup un point d’exclamation fit irruption, bousculant un point d’interrogation, un point virgule et une lettre majuscule qui tranquillement attendaient à côté de minuscules !…
    Afin de lui montrer mon mécontentement, j’effaçais ce point d’exclamation venu s’incruster illégitimement.
    Après cet événement et alors que tentais de me concentrer sur le texte que j’étais en train d’écrire, il revint en force accompagné de guillemets, de slash et de hashtagh.
    C’était à n’y rien comprendre… Mon clavier était hors de contrôle et je participais impuissante à une manifestation de lettres et de symboles sur mon écran, défilant avec des messages tels que : “#ManipulationDesLettres” ou “#Liberted’Expression!” ou “#LecombatDesMots” ou encore “#hhdfhdIsffrhefn§/!£”
    Je me réveillais en sursaut à minuit ! Je m’étais endormie sur mon clavier qui en avait profité pour s’exprimer librement ou n’importe comment !…
    J’allais me coucher car je n’étais décidément pas inspirée… J’eu du mal à me rendormir, me demandant si j’avais rêvé ou si tout cela était vraiment arrivé…
    Stéphanie

  8. Françoise Rousseaux dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes. 
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup, mon doigt dérapa sur le clavier. Un point- virgule incongru ponctua la fin de ma phrase.
    Là je vais m’autoriser une courte digression : je suis une inconditionnelle du point-virgule ; oui, je sais ,c’est complètement ringard, ça ne se fait plus, c’est un rescapé des rédactions d’antan, et d’ailleurs, certains sont surpris de le voir demeurer encore parmi les signes de ponctuation que proposent nos claviers, virtuels ou pas. Seulement, voilà, moi je l’aime bien le point-virgule, je n’ai pas envie de l’abandonner à son triste sort de laissé-pour-compte et je trouve toujours des prétextes pour le placer ici ou là, en me persuadant que sa présence est tout à fait justifiée.
    Mais revenons à notre intrus ; celui-là, il n’avait rien à faire là, je ne l’avais pas sollicité,c’était une erreur de touche , et sans plus attendre,je le supprimai ! Hop ! Disparu le point-virgule ! Non mais.. Je vous aime bien, mais je ne veux pas que vous surgissiez inopinément, je me dois de contrôler mon texte, sinon, ce sera vite le désordre, voire l’incohérence !
    Je me concentrai, donc et recommençai à tapoter, les yeux bloqués sur le clavier ; de temps à autre, je lançais un regard furtif sur l’écran et tout semblait bien se passer.Voyelles et consonnes se succédaient sans qu’un seul liseré rouge ne signale une faute, les accents se posaient là où il fallait, les espaces étaient respectés, les virgules étaient bien placées, les points ….ponctuaient, comme il se devait, chacun suivi de la majuscule réglementaire.J’écrivis ainsi plusieurs phrases sans m’arrêter jusqu’au moment où ayant ouvert des guillemets, je les vis apparaître inversés . Je dus les rappeler à l’ordre un peu sèchement en leur signalant que les parenthèses, elle, ne se permettaient pas ce genre de liberté ! Du coup, ils se remirent à l’endroit et se refermèrent un peu plus loin sans plus se faire remarquer.
    Mes doigts repartirent de plus belle sur les touches . J’étais inspirée, il fallait en profiter, mais après quelques minutes, des points de suspension m’arrêtèrent : combien de fois devaient-ils s’aligner ? Mais peu m’importe ! Ponctuez, ponctuez, deux, trois ou quatre fois ! De toute manière, l’effet sera le même ! Par contre, attention à la majuscule ! Comment vous voulez lui mettre un accent ? Mais je ne suis pas d’accord .On ne met pas un accent sur une majuscule. Comment, je ne sais pas le faire ? Mais si Monsieur le Clavier, je sais le faire et d’ailleurs, quand je ne sais pas, je finis toujours par trouver ! Vous devriez le savoir depuis que je m’acharne sur vous !
    Bon, on se tait et je continue . Je ne mettrai pas d’accent sur cette majuscule, un point c’est tout !
    Oh, pardon, c’était une façon de parler, revenez mes points de suspension , ne laissez pas votre copain tout seul !
    Là, ça devenait difficile ; et voilà que les lettres s’en mêlèrent. Je m’aperçus que j’avais oublié des pluriels, quelques verbes affichaient une conjugaison fantaisiste, et, horreur, un participe passé du verbe avoir ne s’était pas accordé avec son complément placé avant lui ! Décidément, rien n’allait plus ! J’effectuai quelques corrections, j’enregistrai mon texte et j’abandonnai la clavier.
    Dormez bien, consonnes, voyelles, points virgules et autres signes ! A bientôt, cher point-virgule !

  9. Dominique PORHIEL dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…
    Au détour d’une ligne, des signes sont apparus.
    Des points, des accents, des apostrophes, des esperluettes, des guillemets, des « point à la ligne », des « point trop n’en faut », des points d’interrogation, d’exclamation, de suspension même ….
    Bref, le chat avait renversé tout mon pot de ponctuation !

  10. Durand JEAN MARC dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes. Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés quand tout à coup me revint le vrai sujet de mon texte « La mélancolie d’une petite pluie ».

    Je n’allais pas m’embourber dans les virgules, ces petites verges flottantes. Ni me laisser impressionner par ces vocalises et leurs mats consœurs. Tant qu’à faire, j’allais me lancer dans le pointillisme, seule évidence de mon faux cul de sac d’écriture. J’allais peindre cette mélancolie d’une petite pluie à la Signac, à la Seurat. Mon texte parlerait du goutte à goutte de la vie. Le ciel se permettrait d’essorer la douleur de la semaine. Une tourterelle fabriquerait un nid en plein courant d’air. Les carreaux seraient sales, évidemment, comme toujours, et les ruisseaux de pluie dessineraient un delta. Je verrai dans les mouches bleues des flamants rose, et ça me ferait sourire, quand même. Les rideaux seraient déchirés parce que les chats ont toujours besoin de se balancer sur des propositions de paysages. Les poules se mettraient à l’abri de l’ondée car elles ne se croiraient pas courageuses. Moi, costaud de ma petite fragilité, je pencherai ma tête sur le côté gauche pour y deviner quelques palpitations de ventricule.

    La flaque de l’écriture s’étendrait, peu à peu et j’y tremperai mes pieds, mes mains, et qui sait, miracle improbable de la souplesse, ma tête.

  11. Michel-denis Robert dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes, je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés quand je rencontrais l’Oxymore au coin de la rue. Je n’avais pas envie de le voir. Tu tombes à pic, que je lui dis comme ça. Comme il n’est pas bavard, je le reçois avec joie. Il s’assoit sur le sofa et siphonne son soda citron sans susurrer un seul son. Pour engager la conversation, je mets un point sur la table, puis deux puis trois. J’ai vu dans ses yeux un zeugme. Il chercha mes intentions et son mouchoir de poche.
    – Je me tue à les faire vivre ces points, que je lui dis, désabusé. Il me répond :
    – S’ils sont occis, c’est mort.
    – J’ai compris l’Oxymore. Mais je ne veux pas les tuer, je t’ai dit vivre ! J’y mets un point d’honneur.
    Je pris une claque. Quel champion ce minus ! Moi, modeste, ça m’avait grandi tout-à-coup. Mais je réfléchis, au calme, après notre entrevue qui pourtant, s’éternisa. Ils ne sont pas géniaux ses jeux de mots. Qu’est-ce que c’est qu’un point noir ? Pas grand-chose. Le problème, c’est quand il y en a trois. On ne peut pas s’en débarrasser. Mais c’est qu’il m’a apostrophé, coupé l’inspiration, etc… Oh ! Mais, ça ne va pas se passer comme ça. En guise de conversation, il me fait des inversions.
    – Demain, je repasse, si tes points, tu vérifies.
    – Non, ici, tu restes un peu, ils peuvent attendre, les points.
    – Et mon point sur ton i…
    Il ne l’a pas dit fort mais je l’ai senti venir. Un peu plus, je l’prenais plein pot.
    Surtout, face au pleutre, rester neutre, je pris mon feutre pour me donner bonne contenance. Et je commençai à tracer un haïku. J’ai pensé le signer Lechim TREBOR mais je m’emberlificotais dans l’annagramme. J’avais encore à apprendre. J’étudierai « Tout commence dans l’eau signé Le Commandant Cousteau », c’est une belle annagramme mais elle n’est pas de moi. Non, ce que je recherche, c’est du fait-maison. Soudain, il change de conversation.
    – J’ai compris ! Pointer, pointer, pointer ! Si tu parles de points, c’est que tu pointes tous les matins, c’est ça ?
    – Voilà que tu me fais un polysyndète, maintenant.
    – T’as reçu ta feuille d’impôts ?
    – Pourquoi tu me parles d’impôts ?
    – Parce que soudain, je pensais à la parataxe.
    – En tout cas, les pointillés sont toujours là…

  12. Maguelonne dit :

    Je lambinais sur les voyelles, traînassais sur les consonnes, m’attardais sur les virgules… Vous l’avez compris je n’étais pas très inspirée. En fait je procrastinais depuis déjà deux mois. Deux mois ! Que le temps passait vite.
    Cela faisait deux mois que je l’avais aperçu dans son bureau, baie vitrée donnant sur la rue. Je ne pouvais pas le louper. Il était écrivain public d’où mon blocage. J’avais peur que ma prose lui semblât bien fade.
    Lorsque je le vis la première fois, je me mis à trembler, et larmes aux yeux, je commençais à transpirer : mains moites, pieds poites et aisselles inondées. Étant écolo, je ne mettais pas de déodorant et mes émotions s’exprimaient très fortement, surtout en plein mois d’août.
    J’avais provoqué une rencontre fortuite à l’angle de sa rue. Un petit « oh » et j’avais laissé tomber mes bouquins. Il s’était confondu en excuses, avait ramassé mes livres et j’étais restée bout de bois, parole bloquée, yeux fuyants et aisselles actives.
    « Vous allez bien ? C’est sûr ? Je suis vraiment désolé mais je suis très pressé. Je vous souhaite une bonne journée. » Et l’oiseau s’était envolé.
    C’est pourquoi j’essayais la lettre. Mais je ne me sentais pas à la hauteur. Même là, assise à ma table, devant la feuille blanche, je dégoulinais. L’avenir semblait bien sombre.
    Sauf si je prenais le taureau par les cornes.
    -Un, prendre rendez vous chez l’endocrinologue
    -Deux prendre rendez vous pour une thérapie comportementale.
    Ça donnait à l’hiver le temps d’arriver et le petit écrivaillon serait à moi.
    Le jeu en valait il la chandelle ? Je me creusais la cervelle, tourneboulait les méninges, torturais le ciboulot..
    .et décidais qu’aujourd’hui peut être ou alors demain…

  13. Avoires dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…

    les poings sur les hanches, déboula le couple exclamation/interrogation. Ils étaient menaçants avec leur rigidité, leur sécheresse, l’un droit, l’autre tordu. Pour les calmer, j’essayais d’argumenter, leur laissant entendre que j’allais m’occuper d’eux très bientôt, etc. Mais, vexés, ils m’ont tellement importunée que j’ai fini par les placer quelque part. Après tout, qu’est-ce que cela me coûtait de les placer çà et là ?
    Pensant être tranquille après la bonne accentuation ci-dessus, je m’attaquais aux consonnes doublées avec ou sans accent, sur les lettres muettes et m’interrogeais sur la forme à donner à ma phrase – devais-je mettre un point -virgule (ah celui-là! Ne pas oublier le trait d’union ) ou une virgule – Ma réflexion fut encore bousculée par l’irruption tonitruante de la petite armada de cédille, tréma, accents circonflexe, aigu et grave – les trois étaient bien là ! – trait d’union, parenthèse, guillemet. Même la petite apostrophe était dans la manif, c’est pour vous dire…Ils tombèrent sur moi comme une averse et envahirent ma phrase qui était devenue incompréhensible. Excédée, je leur lançai :
    « Vous êtes bien excités à ce que je vois ! Savez-vous que vous allez avoir bientôt de la concurrence ?
    Un brouhaha de tous les diables s’ensuivit, je ne pouvais plus placer un mot, si je puis dire. Guillemet, outré, répliqua:
    « Ça nous étonnerait bien car nous sommes déjà au complet et…
    – Le tilde a frappé à la porte et demande à entrer dans notre cher et vieux pré carré de l’orthographe.
    -Et qu’est-ce que c’est que ton titi?
    -Tilde !
    -C’est un petit signe que l’on place sur certaines lettres, comme le n, c’est un peu comme un s couché.
    La petite armada soupira. Il allait falloir faire de la place, se serrer.
    -Nous verrons cela répliqua perplexe circonflexe. Il n’aura qu’à bien se tenir »

  14. Catherine M.S dit :

    Avec mes copines j’aime baguenauder
    Sur les lignes des cahiers
    Ou tout autre support
    Peu importe le décor
    Sur un tableau noir c’est pas mal aussi
    Le maître en général
    Nous traite avec minutie
    Et les petits écoliers de la communale
    Tirent la langue pour mieux s’appliquer
    A former les pleins et les déliés

    Nous, on aime être bien traitées
    Nous sommes petites, discrètes
    Souvent même on ne doit pas dépasser
    Ne serait-ce que d’une tête
    Les lignes bien tracées
    A part certaines d’entre nous bien sûr
    Qui ont des formes plus allongées
    Et si fière allure !
    Personne n’ose les traiter de minuscules
    Même pas les fieffées virgules
    Qui n’hésitent pas, parfois
    Pour se faire remarquer
    A nous faire des croche-pieds …

    Mais elles font moins les fières
    Quand elles se font houspiller
    Et renvoyer dans leurs foyers
    Par les Majuscules en colère
    Allez oust, petites choses ridicules
    Qui ne servez à rien
    Notre seul Maître c’est le point
    Lui seul nous trace le chemin
    Et par pitié, laissez les minuscules tranquilles
    On en a bien besoin
    Pour aller main dans la main
    Écrire notre destin.

  15. Nouchka dit :

    Le porte-plume

    « Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand… »

    En ce début du mois d’avril 2021, une main énergique me saisit. Je végétais dans un plumier de bois laqué depuis des décennies, et voilà que quelqu’un chercherait, peut-être, à m’utiliser ?
    Je suis à la fois surpris, intéressé et ma foi, un peu réservé. Je n’ai pas été utile à qui que ce soit, comme je vous le disais depuis près d’un siècle. Alors pourquoi me sort-on du plumier sombre qui sent bon l’encre et le bois ? Je suis bien dans cette boite, même si je n’y vois goutte. L’extérieur du couvercle de cet antre a bien supporté les années. Les motifs dorés et argentés peints sur la laque bordeaux sont sobres et un peu abstraits. Ils datent sans doute de la période Art Déco. Je ne rappelais pas de cet habillage : du petit oiseau doré niché au milieu d’une végétation de feuilles de trois types différents.
    Je suis maintenant posé sur la table et reconnais l’encrier que la main s’apprête à remplir. C’est un pot de verre, introduit dans une sorte de coquetier à couvercle de métal sculpté, lui-même scellé sur une soucoupe ovale de même composition et décorée de la statue d’un enfant en costume marin, raquette de jeu de paume à la main, prêt à renvoyer la balle. Je crois reconnaître également la forme du flacon d’encre. De quelle couleur d’encre va-t-on m’enduire ?
    Une plume d’acier est introduite à mon extrémité. C’est une plume neuve ; elle brille un peu trop, dans ce décor d’une autre époque. Une feuille de papier vergé ivoire est posée entre l’encrier et le rebord de la table. La main a pris la peine de rechercher un buvard pour assurer, au mieux, son exercice.
    Mon extrémité est introduite dans l’encrier et la main commence mon application sur le papier d’une belle épaisseur.
    Je sens la fermeté de la main tenue sur mon corps ; elle me serre beaucoup trop à mon goût. Sans doute n’est-elle pas habituée à manipuler le porte-plume. Elle a mis sur sa gauche le brouillon qu’elle souhaite recopier. Tel un faussaire, elle tente d’imiter le graphisme de son ancêtre. Il avait, c’est exact, une très belle écriture, légèrement penchée sur la droite, avec des pleins et déliés réguliers, des jambages d’identiques longueurs, des majuscules fines, élégantes, régulières.
    La main appuie trop. La plume grince légèrement, l’encre sort irrégulièrement et encrasse les caractères calligraphiés. Retardé par les virgules, voilà que je lambine sur les voyelles et traînasse sur les consonnes. Je m’apprête à expédier vite fait quelques pointillés, quand la main maladroite démanche mon corps et tache le vergé à plusieurs endroits. La lecture du texte s’avère malaisé et ces salissures impossibles à effacer.
    La main, furieuse, froisse rageusement la feuille et range tout ce matériel là où il décorait son intérieur. « Comme Paul Valéry, on peut considérer l’écriture comme une activité complexe, où la part manuelle ne mérite pas moins d’attention que la part intellectuelle dont elle est indissociable. L’un des nombreux griffonnages qui jalonnent les cahiers du poète manifeste la préoccupation de savoir si c’est l’œil qui guide la main, lorsqu’elle trace une ligne, ou la main qui précède l’œil ».
    Il n’est pas aisé d’employer des outils sans en avoir fait préalablement l’apprentissage.
    La main, plus habituée aux touches de son ordinateur qu’aux outils de ses ancêtres, pourra néanmoins rédiger son testament olographe avec un stylo feutre, comme le font ses contemporains.

    • Durand JEAN MARC dit :

      Belle évocation d’un matériel d’écriture. Plus d’un écrivain en parle, qu’il écrive au scalpel ou à la petite cuillère!

  16. Nadine de Bernardy dit :

    Retardée par les virgules,voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes. Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés quand,tout à coup un martèlement de pas cadencés se fit entendre dans la rue.
    Ciel ! Un régiment de points d’interrogation bien alignés,l’allure martiale,arrivaient en rangs serrés droit sur moi !!!!!
    Je me demandais aussitôt:
    que me veulent ils?
    Prise de panique,je sortais mon mouchoir blanc et l’agitais frénétiquement au dessus de ma tête en signe de reddition.
    Eux marchaient toujours,le regard sur l’horizon,sans ralentir !! J’ai juste eu le temps de sauter sur le trottoir pour éviter le piétinement……
    Un peu rassurée,je retournais à mes pointillés.Mais cette alerte m’avait servi de leçon, j’y voyais une mise en garde.
    Dorénavant je regarderai la ponctuation autrement .Je la respecterai,je ne m’énerverai plus sur les virgules, les apostrophes et autre signe.
    Sait on jamais?

  17. Fanny Dumond dit :

    Retardé par les « virgules », voilà que je lambinais sur les « voyelles » et traînassais sur les « consonnes ». Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques « pointillés », quand tout à coup je fus emportée par un « point d’interrogation » qui m’obligea à faire marche arrière.

    Avais-je loupé une phrase importante dans ce livre que mon prof de philo m’obligeait à lire pour demain, afin de peaufiner mon mémoire de fin d’études ?

    Je relus ce si long chapitre en galopant comme un coureur de 100 mètres haies. J’enjambai allègrement les «points», ignorant leurs potes «points virgules», «deux points» et par surcroît ceux « d’exclamation ». Je n’avais plus le temps de finasser, les aiguilles du chronomètre avançaient plus vite que moi. Je renversai les «crochets» et leurs copains «guillemets». Je saluai au passage leurs amies «parenthèses» et filai d’un trait sur les «tirets» jusqu’à la ligne d’arrivée.

    Le jour de ma soutenance de thèse, je fus incapable d’analyser ce chef-d’œuvre de la littérature française et j’en fus quitte pour retourner sur la ligne de départ.

    • Durand JEAN MARC dit :

      Elle, elle court…Fanny….peur que l’ennui la rattrape… même pas! 😉

      • Fanny Dumond dit :

        Merci beaucoup Jean-Marc. Vous ne croyez pas si bien dire ! et votre perspicacité l’a bien compris. En ce moment la Fanny court à tel point qu’elle se demande si elle ne devrait pas embaucher une assistante, un comble pour une secrétaire à la retraite qui pensait s’y ennuyer. Bonne soirée à vous et tout plein de like pour vos magnifiques oiseaux 😉

  18. iris79 dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…

    Les guillemets s’invitèrent dans la page.
    « Heu, dis donc ! ça t’ennuierait d’y mettre un peu du tiens ! C’est quoi ce texte poussif ? A quoi ça rime ces phrases longues comme la pluie parsemées de virgules, de mots franchement ennuyeux, sans surprise ou les voyelles enlacent trop sagement les consonnes sans rien dire d’intéressant ! Nous sommes là, nous ! Pour exprimer des choses importantes, des choses qui osent, qui parlent qui donnent du sens alors fais nous la place qu’on mérite parce qu’on a plein de choses à dire !
    Alors, de guerre lasse, je les ouvris. Et bien malgré moi, des dizaines et bientôt des centaines de mots se parlèrent se répondirent allant à la ligne à chaque changement d’interlocuteur. Mon texte m’échappait complètement ! Pris au piège d’un méchant règlement de compte, je me retrouvais à convoquer bien malgré moi toutes les touches du clavier.
    Mais je dus me rendre à l’évidence. Arrivé en bas de page, je me relus rapidement et je ne pus que constater que le propos était vraiment intéressant. Encouragé par tant de créativité, je décidais de laisser faire et me fis embarquer par des démonstrations, des joutes verbales incroyables. Tout ce qui ponctue un discours, une analyse, un commentaire, des arguments était là, sous mes yeux et sous ma plume et cela donnait un texte extraordinaire !
    Je repris confiance et décidais dorénavant de laisser faire la langue, les signes, l’expression. Nous avions tous quelque chose à dire et tous ensemble, nous le disions bien. Les idées foisonnantes donnèrent un texte unique à la portée universelle. Jamais je n’oublierais ce moment.
    Je prenais conscience que chaque mot, chaque signe compte. Et qu’intelligemment ordonnés ils donnaient sens et un pouvoir insoupçonnable.
    Depuis lors, chaque jour, je viens à ma table et avant de commencer à écrire, salue chacun des caractères qui me font face et qui apporteront tant à mon discours.

  19. françoise dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand soudain deux points d’exclamation se figèrent devant mes rétines ! Je fus, en plus d’être aveuglé, assailli de doutes, car on met un point d’exclamation après une interjection ou une locution interjective employée isolément, de même qu’après toute phrase exclamative, introduite ou non par un adjectif exclamatif  et en la circonstance ce n’était pas le cas.
    A ce moment la Prof passa dans le rang, je mis mes mains sur ma feuille. Celle-ci me demanda ce qui m’arrivait. Je lui répondis que j’avais un léger trouble visuel. Mais encore ? Expliquez-vous !
    J’ai un problème avec deux points d’exclamation sur mes rétines !
    Ne soyez pas stupide ! Fermez les yeux vous ne les verrez plus !
    Je les fermai ,et effectivement ils disparurent ; sans doute un peu trop longtemps, car je m’endormis.
    Soudain la cloche sonna la sortie des classes.
    Un pote me réveilla et nous partîmes sans nous faire prier.

  20. Antonio dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles et traînassais sur les consonnes. Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…

    Crotte de Bic ! J’en ai mis partout. La lettre est toute salopée ! Voilà ce que c’est que de pisser de la ligne en rêvassant. Ah ! là, j’ai bonne mine, tiens. En plus c’est un rouge qui tache. Oh lala ! le gros buvard que je ne fais pas. Elle va se faire un sang d’encre, c’est sûr. Mais je m’en fiche comme de colin-tampon. Après tout, ce n’est pas moi qui ai bavé le premier. Non, mais qu’elle se relise, Élise ! Bon d’accord, elle s’appelle Simone, mais je trouvais que ça sonnait mieux avec Élise.

    Simone, c’est ma maîtresse. Depuis soixante ans, on trace la ligne ensemble, on voyage dans son pays imaginaire, en prenant les correspondances pour des aventures épistolaires. Un train-train quotidien dont on ne s’est jamais lassé, chaque matin, aujourd’hui encore. On s’est promis de partir ensemble, bientôt sans doute, mais ces lettres nous tiennent encore en vie, la main ferme, la mine appliquée, le trait droit et la bave à nos lèvres…

    Parce qu’il n’allait pas s’en tirer comme ça, le bougre !

    • Durand JEAN MARC dit :

      Avec Antonio, c’est toujours gai…pas trop de place pour « la mélancolie de petite pluie ». Ca fait du bien!

      • Antonio dit :

        Merci Jean-Marc, j’avais déjà prévu ma dose de pluie et de mélancolie devant le rugby du dimanche après-midi. Du coup, je vais copier-coller ton texte pour mon résumé des Brèves d’Ovalie, histoire de garder un peu de poésie et de tendresse après ce que je viens de voir 😉

  21. Kyoto dit :

    Au crépuscule, retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyeeeelles et traînassais sur les consonnnnnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés … quand tout à coup, un point d’exclamation, mince et élégant, s’exclama :
    – Un peu de respect, Monsieur l’écrivaillon !!! Si vous n’avez plus envie d’écrire, déposez vos armes et reposez votre esprit !!!

    C’est alors que les guillemets, loin d’être guillerets, s’en mêlèrent :
    – « Vous vous êtes exclamés, et bien maintenant interrogez-vous. Pourquoi vous nous avez oubliés ??? Quand un dialogue commence, on ouvre les guillemets « « « et …

    – Il est grand temps que vous les fermiez, les « je me mêle de tout ». Vous m’avez utilisé sans demander ma permission, grogna le point d’interrogation bedonnant et rouge de colère.

    – Du calme, les amis, intervint le sage et presque disparu point-virgule. Point de polémique ; je vous en prie. Vous êtes tous très sollicités ; je vous trouve for-mi-da-bles.

    – Merci, susurra le tiret. Vous pensez à moi, ça me touche ; d’autant plus que vous faîtes partie des signes en voie de disparition.

    – Aucune inquiétude. Je fais confiance à la « clique des habits verts » ; peut-être suis-je trop optimiste.

    – Et si nous faisions une parenthèse dans nos discours, dirent en chœur les joyeuses parenthèses.

    – Et si nous faisions une farce à notre nerveux mais sympathique plumitif, avant de mettre un point final.

    Accord parfait.

    Ainsi, à l’aube, l’homme, les yeux gonflés d’avoir pleuré, les cheveux en broussaille d’avoir cauchemardé, regarda, hébété, la dernière phrase notée la veille :

    (« , ;/ !:° _ [{#}]\|[¡¤^#)

    🙂 😉 ;-))

  22. camomille dit :

    Retardé par les virgules, voilà que je lambinais sur les voyelles
    et traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier vite fait quelques pointillés, quand tout à coup…
    une horde de points d’interrogation s’imposa à moi.
    Ah ! Les points d’interrogation ! Ces casse-bonbons qui remettent tout en question.
    Ces barrages aux certitudes et à la bonne conscience :
    Je hais les points d’interrogation, ils me terrorisent… pas vous ?
    D’habitude j’en rencontre un, parfois deux en même temps. Alors, je me mets en mode logique et je parviens à les contourner et à poursuivre mon chemin.
    Mais là, allez donc savoir pourquoi, ils m’ont assaillie à plusieurs.
    Impossible d’avoir la répartie, impossible de respirer.
    J’avais le tournis et ils me harcelaient de plus belles.
    C’était un véritable tribunal.
    J’appelais les parenthèses et les guillemets à mon secours, mais tous m’avaient abandonnée. Ah ! Les lâches…
    Mais pourquoi cette traque ?
    Mais pourquoi cet acharnement ?
    Mais pourquoi tant de haine à mon égard ?
    Je m’interroge… je m’interroge… je m’interroge…
    Pardon, vous disiez ? … J’utilise trop de points d’interrogations ? Ah ? Si vous les dites…

  23. blackrain dit :

    Je ne prends « point » garde à la « barre oblique » qui me séparait d’un tiers. Après avoir tenté un « crochet », j’essaie de parer le coup avec mes « deux poings ». Mais ce n’est qu’étoiles, plaies et bosses. Je regarde le tiers, il est dans un drôle d’état. Mon état n’est point non plus royal. Même si je suis de bonne constitution, je constate qu’un clair jet de sang rougeoie mon pantalon. Je « tirais » alors sur ma ceinture pour l’ôter et m’en servir de garrot. Sur mon état je ne fais « point d’interrogation » : j’ais probablement une fracture ouverte. Je prie « Saint Axe » pour qu’on me secoure au plus vite. Il n’y a « point de suspension » entre ma prière et sa réalisation. Voici que le tiers sort de son état somnolant. Il me connait et je le reconnais. Je suis le verbe et il est mon complément d’objet direct. Il se lève et me prend en « accolade ». Mon cri de douleur émet une forte « ponctuation », un bruyant « point d’exclamation » à cette retrouvaille un peu trop chaleureuse. Et voici qu’il « part en thèses », en excuses improbables pour gagner mon pardon. Je coupe court à ces vociférations. Voyelles et consonnes s’agglutinent autour de nous pour se muer en mots passant. Puis ils s’enracinent en mots lierres avant que l’un d’entre eux aille à la fontaine pour me quérir de l’eau. Je préfère l’eau d’ici que l’eau de là. Mais voici que les secours arrivent. La plaie est moins grave que je ne le craignais. On me soigne « par agrafes » et on me « chapitre » sur mon imprudence. Durant le transport je me fais une « ligne » pour me donner un peu d’énergie. Je vais pouvoir prendre un peu de congés pour me soigner, sursoir à la conjugaison durant quelques jours.

  24. Laurence Noyer dit :

    Retardé par les virgules
    Je lambinais sur les voyelles
    Je traînassais sur les consonnes.
    Je m’apprêtais à expédier
    Quelques pointillés, quand …

    Mon chorégraphe est arrivée
    //J’ai commencé par m’échauffer à la barre//
    Etirements, première, deuxième, troisième
    Il me fallait danser ma propre grammaire
    § Tracer des sarabandes de phrases simples
    Me relever, détailler, enchainer
    Déployer des rubans de compléments §

    Dans la syntaxe de la musique
    J’ai posé mon alphabet de petits pas
    § Et ma farandole de syllabe en syllabe §

    Mouvements du corps dans l’écriture
    ! Pour propulser les mots à la verticale !
    Donner aux textes l’exubérante volubilité
    De virgules de grâce, dans l’air, suspendues
    * Attendant qu’une étoile vienne les décrocher *

  25. quand tout à coup, la phrase m’a sauté à la figure : « alors que vous étiez dehors, un homme masqué s’est introduit dans la cave, il a fait quelques photos et il est reparti par le soupirail en soupirant. » Sans m’attarder, ni lambiner, ni traînasser, ce dont on m’accuse sans arrêt et sans raison, je poursuivis l’individu sachant ce que j’avais à faire, le démasquer.

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