547e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

La belle-mère avait pris de la bouteille,
ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe…

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33 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe qui prit connaissance de la missive et tomba curieusement sous le charme de la nonagénaire

    Mais prenons connaissance de ce mystérieux billet qui eut des conséquences inattendues

    xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

    « A vous qui trouvez cette lettre..

    – Prudence. Ne vous fiez pas à sa posture sage et posée, elle a, comme qui dirait, une araignée au plafond
    (Le fils)

    – Méfiance. Elle a l’air digne de la Grand-mère du célèbre café. Mais toute sa vie, elle a trompé Papa au cours de parties de pattes en l’air en compagnie de Bernard l’Ermite
    (La fille)

    – Gare à vous. Sans en avoir l’air, avec son humour pince-sans-rire, elle vous étrille, elle vous lessive, la Mère Denis
    (Le gendre)

    – Restez sur vos gardes. Elle d’une intuition redoutable. Au bout de ses pattes velues, se dissimulent non pas des ongles mais de véritables antennes
    (La bru)

    – Faites gaffe. Ce n’est pas Mamie Nova. Elle est coriace, la vieille. Elle ne possède pas un épiderme mais une véritable carapace
    (Le petit-fils)

    – Attention. Elle n’est pas du genre à faire des confitures, Bonne Maman.
    (La petite-fille)

    xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

    Pour quelle étrange(s) raison(s), le crabe tomba-t-il sous le charme de cette vieille dame pourtant si vilipendée par sa propre famille ?

    Avez-vous, lecteur, lectrice, une petite idée ?

    Quant à l’aïeule, elle ne se posa jamais la moindre question et elle accueillit ces hommages comme une chose tout à fait naturelle

    Elle et le vénérable crustacé vécurent encore quelques lustres dans une quiétude bercée de crises de fou rire. En effet, ils ne passèrent pas une journée sans jouer au jeu « Dans la famille Panier de crabes », je demande … le fils, la fille, la bru, le gendre, le petit-fils, la petite-fille

  2. Avoires dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe…
    Ah !, c’est comme ça, je suis de trop maintenant ! Ils ont bien fait ! Mais ils ne savent pas, ces innocents combien je suis contente de eme retrouver dans cette bouteille à la mer !!!
    Vogue, vogue, à moi cette semi-liberté, en attendant d’être trouvée, et , qui sait, peut-être vais-je être recueillie par quelqu’un de sympa…
    … Et voilà, les vagues m’ont amenée ici, sur cette plage entourée d’énormes rochers … Je suis sûre que vais rencontrer quelqu ‘un un jour ou l’autre, je ne suis pas pressée…
    «  Salut !
    – Salut.
    – D’où viens-tu ?
    – Où suis-je ?
    – Alors, dans l’ordre : présente-toi
    – Je suis la belle-mère d’une mignonne cocotte, j’étais trop belle, elle était trop jalouse et lui, mon fils, ce grand dadais n’a rien vu venir !
    – Ah ! Je vois ! Comme toi, je me suis retrouvé ici un jour tout simplement parce qu’ils n’avaient plus besoin de moi… Pour ta gouverne, tu es en Bretagne. Je suis le Vieux Crabe et c’est moi qui gouverne ici. Il y a de la place, si tu veux t’installer …
    – Avec plaisir ! Dis-moi, ai-je l’air si vieille pour qu’on me jette ?
    -Mais non ! Depuis tout à l’heure je te regarde , je te trouve, comment dire, très appétissante…
    – Ah ! Mais d’habitude, c’est toi qu’on déguste avec de la mayonnaise…
    – Holà ! Avant d’en arriver là, tu ne veux pas qu’on fasse plus ample connaissance ? Tu me plais bien, tu sais …
    – Faut voir !…
    – Allez, viens, viens faire un tour… Tout vieux crabe que je suis, je peux peut-être t’apprendre des petits secrets, ne serait-ce que l’endroit où le destin t’a portée
    -OK , je te suis et surtout ne te presse pas, j’ai tout l’avenir devant moi !… »

  3. christophe p dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement. Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe.
    Omar, le vieux grigou, ne se fit pas prier pour aider le canot de Line à accoster. Séduit, il admira cette magnifique quinquagénaire aux cheveux roux, qui lui sourit aimablement et engagea la conversation, à peine décoiffée par son périple balnéaire.
    Omar lui conta sa vie de plagiste, son image de vieux bougon renfrogné – qui lui allait si mal, lui qui aimait tout le monde à part les touristes. Line lui expliqua comment sa fille avait épousé un fieffé maffieux fielleux qui, avec sa clique, avait décidé de la jeter par-dessus bord de leur yacht bling-bling battant pavillon marmoréen. Et comment elle avait tout juste eu le temps de négocier un canot de fortune, avec l’aide, du bout des lèvres, de son ingrate progéniture.
    – Tiens, j’ai pris de la bouteille, lança Line, indiquant du menton les deux flacons attachés au flanc du radeau. La première est à boire, l’autre est à lire, j’imagine.
    Omar déboucha les deux, remplit des verres et demanda à Line de lui faire lecture de la missive, car il ne lisait « que l’arabe et le boréen ».
    – Je la découvre avec toi, précisa-t-elle. J’imagine les horribles billevesées que ces goujats auront inventé à mon endroit…
    Elle parcourut rapidement la longue lettre, qui était à vrai dire une mise en garde à tout bon entendeur. Il y était surtout question de son envers, et de son comportement amoureux (fantasque ascendant scorpion), à l’origine de sa mise par-dessus bord. Que sa fille puisse lui reprocher son aventure avec son gendre, quelle pudibonderie décidément ! Qu’elle ait craqué pour ses tatouages, sa chaîne en or et son côté (très) mauvais garçon, quoi de plus banal. Tout comme elle en pinçait désormais pour Omar…
    Elle fit de la lettre un résumé de son cru à sa nouvelle conquête.
    – Ma fille m’assure de son amour intact et me souhaite une bonne croisière. Je te passe la litanie de ses compliments me concernant. Elle demande à celui qui me recueillera de prendre grand soin de moi, car je le vaux bien.
    Cependant Omar lisait aussi le français, et le marmoréen. Il ne tarda pas à jeter un oeil à la missive…
    Ce fut une folle nuit d’ébats, qui ébroua ses 70 ans bien comptés et le laissa courbatu à mort. Line tout autant, qui après Omar, expérimenta sur la plage abandonnée les talents horizontaux de Rachid, Ahmed, Jean-Sébastien et Déadora.
    Le lendemain matin, le vieux crabe griffonna un message, le mit dans une bouteille et proposa à Line une ballade en bateau. Il n’aimait ni les grimaces ni les mœurs légères. Cette fois-ci, un simple gilet de sauvetage remplacerait le radeau.

  4. pakitapom dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille… Faut dire que la Katell, elle levait bien le coude . Dans le Chouchen, entre nous, c’était pas vraiment le miel qu’elle préférait…et quand elle avait trop bu, on ne la tenait plus. Elle insultait les agents, jurait bien pire que le Yannick, le maréchal ferrant et parfois même , soulevait ses robes pour montrer son .. aux passants.
    Bref sous l ‘effet de la gnôle, elle perdait tout contrôle et déballait toutes leurs histoires de famille, leurs petits secrets. Et ce qu’elle ne savait pas, elle l ‘inventait. Pas besoin d’aller au lavoir pour avoir droit à la grande lessive , c’était en direct sur la place publique, et là, vous pouvez me croire, ils étaient tous à la bader tellement elle tenait bien le crachoir …et pour que la fête continue , ils lui resservaient un petit coup, des fois qu’elle aurait pas assez bu .
    Et le soir où on l’avait ramenée, ronde comme un barrique, toute dépenaillée, quasi inconsciente , quand elle avait dégobillé dans les sabots du Corentin, son gendre, après l’avoir traité d’impuissant – y a des mots comme ça , trop puissants, un truc à vous retourner les sangs – Le gars, il n’avait pas pu se maîtriser, malgré les hurlements et les supplications de sa femme – il avait empoigné la Katell et- qui se ressemble s’assemble- l’avait coincé dans la grande barrique qui leur servait de réserve d’eau de pluie et puis, comme il ne savait pas écrire , il avait juste dessiné une tête de mort sur un papier et l’avait cloué sur le bois du baquet – au moins les gens sauraient qu’il fallait se méfier, se tenir éloignés, que c’était écrit danger et il a donné un tout petit peu d’élan au tonneau …
    Préméditation ? Non, non Monsieur le Juge, juste un moment d’inattention …
    Ils habitaient au bord de la mer, la falaise n’était pas abrupte mais assez pentue pour que la barrique et son contenu prennent de l’élan et que personne ne puisse les arrêter . Il y eut un grand plouf puis plus rien que le clapotis des vagues contre les rochers,  comme chaque soir . Kenavo Katell !
    Sous la houle ou par temps plat, la Katell, elle ne dessaoulait pas . Faut dire que même les éponges ,elles arrivaient pas à rivaliser… tellement elle était imbibée. Il en a fallu du vent, des embruns et des tempêtes pour que de son tonneau enfin elle sorte la tête . Sa bigouden parfumée au chouchen transformée en périscope improbable donnait à sa barrique des airs de sous marin presque atomique – la tête de mort , tout de même -…Quand elle prit enfin conscience de sa situation, elle jura, blasphéma, s’en prit aux mouettes qui jacassaient au dessus de sa tête et, en bonne veuve de marin, se fit un hameçon de l ‘épingle à nourrice qui agrafait son jupon , qu’elle attacha à la cordelette qui tenait son tablier et… pêche à la traîne, pour manger, elle ne serait pas en peine .
    Je ne me suis jamais penchée sur le sujet et je ne sais donc pas si l’eau de mer, salée est bonne pour les cures de désintoxication, mais toujours est il que cela lui fit de l’effet et bientôt son esprit brumeux retrouva un peu de lucidité. N’ayant rien d’autre à faire, en pleine mer, elle appréciât les levers de soleil et les couchers ici puis les hais, vouant le pauvre Corentin aux gémonies …Le temps passait, le soleil tapait fort et Katell , au fond de sa barrique avait perdu tout ressors. D’épuisement , elle s’évanouit .
    Par une nuit toute étoilée, sur une plage de sable rose, bordée d’exotiques palmiers, la barrique vint s’échouer…Dans le lointain , quelques paillotes , des rires, des chants. On entendait les sonorités joyeuses d’un ukulélé qui faisait onduler voluptueusement les flammes d’un feu de camp…
    Katell a ouvert les yeux. Elle les a entendu s’approcher. Enfin, elle était sauvée.
    Mais, quand elle a vu le déferlement de gros crabes rouges foncer vers la barrique, petits yeux vicieux rivés sur elle et pinces claquantes d’enthousiasme, , quand elle a entendu celui qui semblait les mener hurler :  « A l’abordage, cette nuit la marée nous a rapporté un festin de Katell mariné au chouchen! Regardez les amis, c’est de la bombe, c’est même écrit dessus … »
    Là elle a compris qu’elle était perdue.Peut être que finalement l’eau salé, c’est pas assez pour se désintoxiquer …

  5. Urso dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille,
    ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe …

    Oh que je suis triste. Que vois-je sur ma belle plage. Une femme à moitié dénudée, une naufragée sans doute, assise sur le sable en train de lire une lettre.
    Elle crie, elle hurle.
    Assassins, assassins ! Ah si je vous tenais ! Quelle monstruosité de m’avoir jeté à l’eau. Moi une vieille dame qui vous a rendu maints services.
    Elle répétait le même refrain, comme prise de délire.
    Moi tapi dans mon coin je me faisais tout petit.
    Tout à coup elle me désigne du doigt.
    – Eh toi le vieux crabe, tu restes tranquille. Ou je te jette à la mer.
    Puis un beau sourire éclaira son visage. – Non ne crains rien, je ne suis pas du tout méchante.
    Mes amis les dauphins m’ont transportée jusqu’ici. Précisant que sur cette plage je serai en sécurité.
    Je l’ai regardée sans comprendre.
    – Je sais que tu parles notre langue. Tu as bossé dans de grands restaurants parisiens. Tu en parles même plusieurs.
    – Oh oh vous en savez des choses sur moi.
    Ensuite elle détourna son regard et se mit à regarder l’horizon.
    J’en profitais pour rapidement m’échapper et rejoindre ma femme qui à cette heure-ci m’attendait impatiemment pour le repas du midi.

    Le lendemain je suis revenu au même endroit. La dame n’y était plus.
    Un jeune crabe qui passait par là m’apprit qu’au cours de la nuit la femme s’était transformée en dauphin.
    C’était un autre dauphin qui venait de lui passer cette information.
    – Je dis à ce jeune, qu’elle était maintenant une dauphine libérée de son ancienne vie.
    – Une dauphine répéta-t-il.
    – Une femelle dauphin quoi. Pas la voiture.
    Une nouvelle fois le jeunot ne parut pas comprendre
    – C’est vrai j’oubliais. Tu sais il y a bien longtemps la dauphine était une voiture que j’aimais beaucoup.
    Il fronça les sourcils et m’annonça qu’il devait rentrer au plus vite. Car sa copine ne voulait pas qu’il traîne trop sur la plage à regarder les jolies crabettes.
    Bizarrement ces quelques mots me mirent en colère et je lui dis :
    – Quitte vite ta nana et change également de vie !
    Il me sourit et il s’éloigna.
    J’en fis de même, sans oublier de jeter deux oeils de lynx en direction des belles crabettes, qui allongées sur le sable chaud, profitaient du beau soleil de notre île …

  6. Phanie dit :

    ADAM ET EVE
    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe…
    Après avoir repris ses esprits, elle se demande où elle est… Comment en est-elle arrivée là ?
    Elle s’était occupée des enfants de feu son mari depuis leur plus tendre enfance ; elle les avait choyés, élevés comme ses propres enfants, leur génitrice les ayant abandonnés au profit de nombreux voyages avec tel ou tel amant…
    Lorsqu’ils lui avaient proposé cette croisière pour son anniversaire, elle n’avait pas hésité un seul instant ; elle adorait leur compagnie ; il lui semblait que c’était réciproque.
    Elle comprit qu’ils l’avaient menée en bateau lorsqu’ils la poussèrent du haut du paquebot qui avait pris le large quelques jours plus tôt…
    Et maintenant, elle se retrouve seule, abandonnée, sur une île qui semble déserte…
    Elle en est là de ses réflexions lorsqu’elle entend un bruit derrière elle…
    Elle se retourne et découvre un paysage magnifique : derrière la plage des arbres majestueux, derrière les arbres des montagnes d’où s’échappent de grandes chutes d’eau…
    Au loin, quelqu’un l’observe se lever et se diriger à l’opposé de lui. Il la suit, sans faire de bruit cette fois-ci…
    Quelques heures avant, quand il avait vu quelque chose flotter au loin, sa curiosité l’avait poussé à aller voir, c’est ainsi qu’il l’avait sortie de l’eau pensant qu’elle était morte, mais elle était juste inconsciente. Alors, il l’avait allongée sur la plage et attendu qu’elle se réveille…
    Cet endroit, c’est lui qui l’avait choisi alors qu’il vivait encore chez son fils qui avait accepté de l’héberger, le temps de trouver un EHPAD qui pourrait l’accueillir…
    Le soir, il entendait chuchoter son fils et sa belle-fille ; ils parlaient souvent “du vieux crabe”, il savait bien qu’il s’agissait de lui…
    Un globe terrestre se trouvait dans la chambre qu’il occupait, il la fit tourner et son doigt pointa au hasard une toute petite île. Dès le lendemain, il avait pris un aller simple et avait disparu de la circulation…
    Et maintenant, en observant cette jolie femme aux longs cheveux oscillant entre le gris et le blanc, son coeur s’emballe, puis plus rien…
    Elle se dirige vers le bruit sourd qu’elle vient d’entendre : “eh oh, y’a quelqu’un ?”… “eh oh”… Après quelques pas, elle découvre un homme à terre… Elle se penche au-dessus de lui et entreprend un bouche à bouche qui s’avère efficace puisque l’homme ouvre les yeux, surpris de voir au-dessus de lui, un ange…
    Elle : “Vous pouvez parler ? Comment vous appelez-vous ?”
    Lui : “… Adam”
    Elle : “Bonjour Adam, moi c’est… Eve !”
    Lui : “Vous me faites une blague là ?”
    Elle : “Pas du tout !”
    C’est ainsi qu’Adam et Eve commencèrent leur rencontre par un franc fou-rire et finirent leurs vieux jours heureux comme jamais ils ne l’avaient été auparavant.
    Epilogue : la lettre d’accompagnement fut perdue dans la mer qui effaça à tout jamais le mot qui y était écrit… Ce qui contribua une fois de plus à la pollution de la grande bleue…

  7. Françoise Rousseaux dit :

    PD
    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.
    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe…Tout d’abord, cette arrivée ne l’intéressa guère ; à son âge, il se croyait revenu de tout et les bouteilles échouées ne le faisaient plus rêver. Malgré tout , il la récupéra et la rangea dans un recoin de sa vaste demeure. Elle serait peut-être rester là très longtemps si un jour, ses petits enfants ne l’avaient découverte lors d’une partie de cache-cache. Ils l’emmenèrent sur la terrasse qui surplombait la plage et essayèrent en vain de l’ouvrir. Finalement, à force de la retourner dans tous les sens, ils la lâchèrent et elle explosa sur le sol carrelé de la terrasse ! Alors, sous leurs yeux ébahis, un tourbillon argenté jaillit des débris, tournoya dans l’air et se transforma peu à peu en une silhouette humaine. Cheveux argentés, tenue très soignée, une dame apparut devant eux et doucement se posa sur le sol. Elle leur fit un clin d’oeil enjoué et s’écria : 
    «  Bien joué ,les enfants, je commençais à me sentir à l’étroit là-dedans ! Comme ça fait du bien de se retrouver à l’air libre ! Oh mais, c’est merveilleux , nous sommes au bord de la mer !
    Comme les enfants restaient bouche bée, elle se tourna du côté de la villa et siffla d’admiration
    « Mais quelle maison magnifique ! Dîtes moi, mes petits chéris, elle est à vos parents ?
    – Non..on , à notre papy .. balbutia l’aîné des enfants.
    – Dans ce cas, si vous pouviez me présenter à ce papy si gâté et j’espère, pas trop gâteux ? Finalement, mon gendre et ma fille, en voulant se débarrasser de moi, m’ont fait un beau cadeau ! »
    Ils coururent chercher le vieux crabe, qui fut d’abord surpris, mais très rapidement sous le charme de l’ex-occupante de la bouteille.
    Quelques temps plus tard, ils se marièrent mais durant leur lune de miel, le vieux crabe disparut, sans laisser de traces. Il y eut une enquête, bien sûr, mais on ne trouva aucun indice ; aucune piste sérieuse n’aboutit. La nouvelle épousée fut suspectée, mais rien n’indiquait qu’elle ait orchestré cette mystérieuse disparition .
    De retour à la villa en bord de mer, elle invita les petits-enfants à la rejoindre, elle avait d’importantes révélations à leur faire.
    Le jour de leur arrivée, elle plaça une grande casserole d’eau sur la cuisinière et la laissa bouillir longtemps,longtemps…Mais les petits crabes ne vinrent pas. Ce qu’elle ignorait, c’est qu’ils avaient récupéré la lettre qui était avec elle dans la bouteille et l’avait déchiffrée avec l’aide d’un magicien. Ils savaient maintenant ce qu’ils avaient à faire pour ne pas finir ébouillantés vivants comme leur pauvre papy ! Et là où ils allaient l’enfermer, elle n’en ressortirait plus jamais !

  8. iris79 dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille,
    ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement.

    Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe qui ne fut pas surpris par l’arrivée de la vieille femme.
    En effet, depuis un bon moment déjà, il était témoin du phénomène. Mais fort de ces années passées sur ce coin de plage, il en avait vu et entendu d’autre…Cela avait rempli presque toute sa vie ! Alors une belle-mère de plus, pensez donc, pas de quoi casser ses pattes qui souffraient tout de même de plus en plus d’arthrose et lui donnaient une allure unique quand il se déplaçait sur le sable. Il se réjouit presque de l’arrivée de celle-ci. Au moins la belle-mère arrivée mardi ne serait plus seule. Parce qu’il faut dire qu’elle avait un peu accusé le coup d’être refoulée ainsi de cette façon. A chaque fois, les belles-mères arrivaient dépitées, avec des airs de chien battu sur une petite embarcation spéciale dont le concepteur fournisseur semblait voir son entreprise devenir de plus en plus florissante apparemment…
    On les repérait de loin parce qu’elles aboyaient leur rancœur au large et leurs mots aigris, portés par les vents ramenaient sur le rivage leurs propos venimeux. Mais grâce à la magie des lieux, ils s’échouaient sur les rochers et lorsqu’elles posaient le pied à terre, elles semblaient déjà en phase de transformation. Le crabe avait l’habitude, il saisissait alors la bouteille que les femmes lui tendaient fébrilement et il les ouvrait pour prendre connaissance des messages qui ne variaient guère de l’une à l’autre (mais quel manque d’imagination ! On ne peut pas dire qu’elles innovaient beaucoup sur le foutage de merde qu’elles s’appliquaient tant à mettre dans la vie de leurs fils, bien que certaines, mais rares, soient d’une créativité particulière. En général, leurs actes étaient d’une constance affligeante !)

    Le crabe, presque blasé fit signe à la belle-mère de le suivre et ils se rendirent en partageant presque la même allure, à la grotte qui surplombait la plage. Dans cette grotte, se trouvait un passage secret qui permettaient aux belles mères de se retrouver dans un centre très spécial…
    Elles y passeraient le temps nécessaire (certaines étaient là depuis des années) pour apprendre les us et coutumes imputables à leur rôle de belle-mère, et s’appliqueraient autant que possible à apprendre, à intégrer, parfois même découvrir pour certaines, les attitudes exemplaires attendues.
    Quand elles comprenaient enfin que leur travail consistait ici à se débarrasser le plus possible de ce qui les encombraient (jugements, comparaisons, humiliations, piques à gogo, méfiance, défiance et j’en passe…), elles ressortaient d’ici rajeunies ! A un point de non-retour qui les poussait bien souvent à opter pour d’autres choix que de refaire la route dans l’autre sens. Elles décidaient souvent de prendre du temps pour elle, de retomber amoureuse, de partir en voyage, de gagner en sagesse… Elles pouvaient alors retrouver le chemin d’une famille apaisée.

    Bien sûr, quelques cas restaient désespérément irrécupérables. Pour celles-ci, la vie dans la grotte était leur dernière destination. Elles finissaient souvent seules et recluses dans leur petite chambre de pierre à l’image de leur cœur abîmé. Il n’y avait plus qu’à souhaiter qu’elles trouvent la paix dans une autre vie que celle-ci…

  9. françoise dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement. Elle échoua sur la plage. Un vieux crabe se précipita, enjambant la lettre, et commença à festoyer Il fut rejoint par tous les décapodes du coin.
    Ils étaient tous à la tâche quand des policiers arrivèrent.
    Leur attention fut immédiatement attirée par la lettre qui semblait avoir été écrite par un homme et signée par plusieurs personnes. On pouvait y lire « elle a pris de la bouteille,nous n’en avons plus l’usage faites-en ce que vous voulez . »
    Scandalisés,après l’avoir fait transporter au funenarium, ils commencèrent leur enquête,
    La police des différents quartiers n’avait enregistré aucune disparition.
    Sa photo fut apposée dans les commissariats et autres lieux adéquats. On ouvrit son tiroir pour quelques quidams sans succès.
    Et puis un jour un homme vint faire une déclaration : cette femme était une ancienne prostituée qui avait disparu du jour au lendemain.
    On lui posa quelques questions supplémentaires : connaissait-il son nom ? avait-elle un souteneur ? quel était son périmètre d’action ?
    Ses réponses ne permirent pas de l’identifier.
    On l’enterra au carré des indigents qui se trouve au cimetière de Thiais près de Paris. Peut-être aurait-elle préféré l’immensité de la mer ?

  10. Le vieux crabe, curieux, s’approcha de la vieille femme qui, les bras ballants, et le regard désabusé, regardait autour d’elle. Qu’allait-elle trouver là ? Ne disait-on pas que sur ces îles étaient des cimetières à ciel ouvert, comme l’était autrefois le cimetière des éléphants ? Bien que ceux-ci avaient au moins la dignité de s’y rendre d’eux-mêmes, alors qu’elle s’y était tout simplement résignée.
    Ce siècle ne voulait plus de ses vieux. « Prendre de la bouteille » décidément ne leur réussissait pas. Au contraire du bon vin, ils ne se bonifiaient pas.
    Si autrefois, en des temps très reculés, ils avaient leur place, au sein de la communauté, ce n’était plus le cas aujourd’hui.
    Des mesures sanitaires drastiques les nommaient comme étant de vrais réservoirs à virus, donc potentiellement dangereux. La santé étant devenue le « bien ultime », il allait de soi que d’eux-mêmes, ils fissent le choix de l’euthanasie, un choix éclairé et librement consenti.
    Ceux qui ne s’y résignaient pas étaient conduits, manu militari, dans des camps d’isolement où se trouvaient déjà des êtres « non essentiels » tels les improductifs, les malades ou les handicapés.
    Pour éviter cette mort lente, teintée de honte et de rejet, la vieille avait exposé à ses enfants un tout autre projet. Et son gendre, sur les instances de sa femme, l’avait conduit à bord de cette barque sur laquelle elle avait dérivé, durant plusieurs jours. Son stock de nourriture et d’eau était presque épuisé.
    À présent, elle jetait un œil à cette lettre qui accompagnait son voyage et sur laquelle étaient rassemblés de nombreux conseils empruntés à un manuel de survie. Comme construire une cabane dans les branches, si tant soit peu, elle en avait encore la force. Répandre son urine tout autour de l’arbre pour marquer son territoire. Ou frotter deux silex l’un contre l’autre pour allumer un feu.
    C’est alors que son regard rencontra celui du crabe. Elle se dit qu’elle pourrait bien en faire son repas et elle commença à tâter dans sa poche son couteau suisse.
    Tandis que sa main approchait l’animal, elle vit que celui-ci reculait avec beaucoup de difficulté. Sans doute était-il trop vieux pour esquisser un rapide mouvement de fuite. Alors, elle s’assit près de lui et s’épancha longuement sur ce temps où il ne faisait pas bon vieillir. Qu’importe, à présent qu’il était son ami, elle irait pour lui et pour elle, ramasser quelques coquillages.
    La vieille femme et son crabe de compagnie vécurent de longs jours heureux.

    • Françoise - Gare du Nord dit :

      Béatrice
      un texte, teinté de science-fiction, sur le sort réservé aux vieilles personnes un peu effrayant. Une situation actuelle – difficile de ne pas y penser – qui évoque un certain passé et pourrait effectivement déboucher sur celle que vous évoquez : « Ce siècle ne voulait plus de ses vieux « , « de vrais réservoirs à virus » « La santé étant devenue le « bien ultime »

  11. Nadine de Bernardy dit :

    Ils en avaient assez de la belle mère ,Marie Hortense Cabernet, veuve Cliquot.
    Ils la jetèrent à la mer,non loin de Brest, bien bouchée,avec une lettre d’accompagnement.
    Elle prenait de la bouteille, de la poussière et de la place dans le chais désaffecté.
    Elle fut heureuse de cette décision car elle s’ennuyait ferme au milieu des araignées,dans l’odeur de vin suri.
    A elle l’aventure,les grands espaces,la perspective d’une destination inconnue.
    Se laissant bercer par les flots accueillants,elle subit des tempêtes,sentit le soleil lui chauffer le cul.Un oiseau vint même se poser sur son col avant de repartir vers le large.
    Au bout de quelque temps,fatiguée,elle s’endormit.La sensation d’immobilité la réveilla.
    Elle reposait sur le sable fin et blanc d’une plage bordée de cocotiers.En roulant sur elle même afin d’en voir plus, la veuve Cliquot vit venir un crabe.
    Il allait à bonne allure malgré une démarche assez étrange.Il n’avait pas l’air bien jeune,comme elle. Pas inquiétant pour deux sous.
    L’arthropode scruta la naufragée,vit le message.De ses pinces encore solides,il ôta le bouchon et,chaussant ses lorgnons,en déchiffra le contenu à voix haute:
     » Qui que vous soyez,nous vous confions notre belle mère,elle a trop de bouteille pour être encore utile à grand chose.Faite de votre mieux pour lui accorder une fin paisible.D’avance merci »
    P et B Cliquot
    Le crustacé fut outré de cette désinvolture, la veuve le rassura, lui expliquant la situation, son plaisir de découvrir de nouveaux horizons.Elle semblait sereine , son épaisse robe verte brillait des mille feux du soleil couchant
    Subjugué,le crabe la fit rouler jusqu’à sa demeure, entre deux rochers.
    Il en pinça tout de suite pour elle qui lui rendit son amour sans calcul.
    Ils coulèrent là une vie paisible jusqu’au jour,où,fatigués par cet éternel soleil et le manque de compagnie,ils allèrent, d’un commun accord,s’enfoncer dans les flots afin de rester ensemble pour l’éternité.

  12. blackrain dit :

    Robinson avait cru Zoé lorsqu’elle lui avait affirmé que sa mère ne serait point un fruit amer sur le canoë de sauvetage. Il aurait dû se méfier lorsqu’il avait vu la charmante douairière donner de vigoureux coups de rame sur les naufragés qui essayer de monter dans l’embarcation. Cette ancienne douanière avait fait toute sa carrière assise à l’arrière un guichet d’émigration. Elle n’était que sourires lorsqu’il avait accepté d’épouser sa fille. Il faut dire qu’il n’avait point demandé de dote et qu’il offrait quelques garanties de sécurité à la veuve avec les revenus confortables de sa banque. Il ne s’était pas méfié de son visage émacié et de ses lèvres en lames de couteau car elle l’avait couvert de compliments, usant d’une voix suave et de gestes câlins. Mais au bout de deux petits jours passés sur leur île désertique, en compagnie de cette veuve noire qui lui aboyait dessus pour n’avoir pas encore satisfait ses exigences de confort, il déchantait grandement. En voyant au loin les débris du transatlantique d’où il l’avait extrait à force de volonté, il aurait bien volontiers hurlé : « Titanic ta mère ! ». Mais il avait trop d’éducation pour s’y abaisser. Une semaine plus tard ce fut Zoé qui craquait. Elle ne pouvait plus supporter sa marâtre, cette femme acariâtre qui avait probablement poussé son père au suicide. A force de s’empiffrer de noix de coco, de ne point vouloir partager avec d’autres, la diablesse avait pris de l’embonpoint. Mais ce n’était pas un bon point pour son humeur. Elle restait inchangée. Un mois plus tard les jeunes mariés avaient craqué. Ils portèrent la harpie jusque dans une coque de noix qu’ils avaient fabriquée, lui laissèrent quelques provisions, puis ils l’accompagnèrent à la nage au-delà de la barre que formait le déferlement des vagues sur les hauts fonds. Ils savaient qu’elle ne serait pas capable de la franchir pour revenir leur empoisonner la vie. Les larmes de la mère ne suffirent point à émouvoir la fille. Elle la livra sans remords aux caprices de la mer. Elle fit tout de même une prière pour que le caprice des Dieux conduise le frêle esquif jusqu’à un rock fort ou bien venir couler jusque sur une plage accueillante, plage sur laquelle un vieux crabe aux dents dures lui apprendrait à vivre et qui en pincerait pour elle.

  13. Maguelonne dit :

    Gaspard Bibeline, cracheur de feu de son état et accessoirement grand buveur de bière se cassa le nez sur Gasparine, punkette en révolte contre sa famille, pauvre et très snob qui pétait plus haut que ses moyens.
    La rencontre fit tilt. La jeunette était mignonne et Gasparine trop heureuse de présenter son artiste de rue à ses parents
    Gaspard perdit rapidement le souffle mais conserva une bonne descente. Gasparine prit goût aux débauches alcooliques.
    Six enfants n’acquirent : d’abord les jumeaux Anthrax et Gravelax. Douze mois plus tard Furax pointa le bout de son nez. Quatorze mois après, deux mignonnes Prétentieuse et Précieuse virent le jour. Trois ans passèrent et arriva, d’on ne sait quelle planète, Grognon. Même sa mère ne l’avait pas senti venir.
    Les mioches s’élevèrent tout seul. Ils étaient morveux, gueulards, vicelards, débrouillards, resquilleurs. Mais pouvait on leur en vouloir ?
    La bière est très mauvaise pour la gent féminine et eût raison de Gasparine qui quitta l’appartement les pieds devant alors que Grognon n’avait que dix ans.
    Quelques éclairs de lucidité firent comprendre à Gaspard qu’il lui fallait une femme. Il proposa l’affaire à Marie qui s’occupait parfois des enfants.
    Marie Débilette était un peu vieille fille, gentillette et naïve. Elle aurait voulu être infirmière mais n’avait jamais réussi le concours. Voyant le temps passer, ses parents voulaient la caser bonne sœur. Pour une fois dans sa vie Marie se rebella : elle était allergique à la cornette.
    Elle se maria avec Gaspard sans se douter dans quel panier de crabe elle tombait. Gaspard n’était plus qu’une éponge imbibée de bière, et la fratrie lui en fit voir de toutes les couleurs. Et ce n’était pas l’arc en ciel, je peux vous l’assurer.
    Gaspard, en pleine débandade réussit, par une nuit de pleine lune à planter son ultime graine. Un petite Lou fut la septième enfant de cette famille Groseille. Cornaquée par ses frères et sœurs, elle devint vite le chef de la bande.
    Gaspard rendit son dernier soupir en éclatant son foie. Marie, malmenée par les enfants vieillit plus vite que prévu et prit de la bouteille.
    Dans un conseil de guerre les enfants décidèrent qu’elle ne servait plus à rien. Ils l’enfermèrent dans une barrique de bière avec une lettre d ‘accompagnement où était écrit : CADEAU. Ils la jetèrent à la mer.
    Après avoir bourlingué, traversé plusieurs tempêtes, vomi ses tripes Marie échoua sur la plage d’une île radioactive. Un seul habitant avait survécu : un crabe géant à huit paires de pattes, trois pinces dont une monseigneur. Les yeux exorbités tournicotaient dans tous les sens et se télescopaient. Tant pis pour la vue, restait l’odorat. Par l’odeur de bière alléché, notre crabe libéra Marie. N’ayant plus vu d’êtres vivants depuis longtemps, il tomba fou amoureux. Il apprit à Marie les règles de survie. Il sût désamorcer ses pinces, se faire câlin et conquérir Marie devenue vilaine.
    Ils vécurent heureux et sans enfants.

  14. Marilyn Thiéry dit :

    UNE BELLE MERE A LA MER

    Un beau matin au milieu de nulle part, enfin si, au milieu de la mer mais cela je ne le savais pas encore, je me réveillais.
    Que se passe til ? Où suis-je ? je frotte mes yeux endormis, ma bouche asséchée humidifie mes lèvres, elles ont un goût salé, cela me surprend. Je prends peur, je me lève, je me rassois aussitôt, le sol tangue, et là je comprends que je suis seule, déposée là comment, pourquoi, par qui ? je ne le savais pas, la seule chose que je sais c’est que j’étais au milieu de l’eau dans un petit bateau où le seul bruit qui venait à mes oreilles étaient mes cris de torpeur et le clapotis des vagues frappant contre la coque.
    De suite, je fais un état des lieux, de ma condition déjà, je suis en panique et en sueur, je la sens dégoulinée le long de mon dos, sur mes tempes, sur ma bouche, toujours ce goût salé j’observe mon environnement. Qui ne paniquerait pas non seulement de se retrouver là, toute seule, là où personne ne vous voit, ne vous entend, dans un milieu naturel où règnent des prédateurs, les seuls qui s’intéressent à vous, vous épiant.
    Je portais mon pantalon de la veille, un pantalon noir en coton, tout simple, coupe droite, sans chichi, des baskets blanches, des chaussettes, on avait pris la peine de me les enfiler et un sweat rose, rose clair à capuche, à croire que c’était fait exprès, je m’appelle Rose. Pour être ironique, cela l’était. Il y avait aussi un motif sur ce sweat qui me permettait de me protéger du soleil, un crabe, pourquoi un crabe ? je ne me pose pas de questions, il y avait plus urgent là ; il me tenait chaud cela tombait bien car l’angoisse qui me tenaillait, qui me tordait les tripes me rendait frileuse, il fallait juste espérer qu’il ne pleuve pas, je n’avais rien, ni veste ni parapluie.
    Ai-je été frappée, enlevée, volée, violée ? Je regarde mon corps, je l’inspecte à la recherche d’un moindre coup, d’une moindre trace, d’un coup, d’une cicatrice. Rien. Je veux voir mon visage, est-il tuméfié ? Je l’aurais senti en me touchant tout à l’heure en me réveillant et je ne ressens aucune souffrance. Et puis comment me voir, je n’avais rien. Ironie du sort encore une fois, le ciel reflète tant sur la mer qu’il la rend si belle, si bleue, que l’on confondrait l’eau et le ciel, elle est si transparente que je peux me voir dedans. Tout est si calme, si beau, si bleu alors qu’à l’intérieur de moi cela bouillonne, tout est si noir.
    Je fais un retour en arrière pour me souvenir de ma journée d’hier. Rien de plus banale. J’étais avec ma famille et on évoquait ma sélection à une émission de télévision qui consiste à se retrouver seule sur une île, à apprendre à se faire confiance et à croire en soi. De se prouver de quoi on est capable et démontrer la richesse de l’instinct de survie. En effet, là est mon bât blesse, mes doutes, mon manque de confiance en moi, sont mes faiblesses, alors j’ai voulu participer à cette émission et comme par hasard, rien n’arrive par hasard, j’ai été sélectionnée, j’allais pouvoir montrer de quoi j’étais capable, à moi-même. Et puis croire en soi et s’aimer, c’est croire en l’autre.
    Je cherche dans ma mémoire, rien de plus, à part cela, ma journée avait été normale comme tout le monde, métro, boulot, dodo. Je veux me voir, car je ne comprends pas ce que je fais ici. Soudain, je me dis mais je suis entourée d’un grand miroir où je peux me refléter dedans, alors je me penche au dessus du bateau pour me voir, rien, mon visage est de ce qu’il y a de plus normal.
    De bonne condition physique, d’un tempérament dynamique, mon énergie se décupla et mon instant de survie s’éveilla.
    Je regarde le bateau et constate, à mon grand soulagement, qu’il est équipé d’un moteur. Quelle chance ! Aurais-je assez d’essence pour arriver là où le destin me conduira, sur terre si possible ? Je ne me pose pas de questions. Mais comment fonctionne ce truc, j’ai jamais fait marché un moteur de bateau dans ma vie. Comme quoi, dans la vie, on ne sait pas toujours tout. Je commence à actionner tant bien que mal tout ce matériel, en tirant, en relâchant, en bidouillant et surprenant, là, j’inspire et j’expire longuement, comme si on m’ôtait un poids de plusieurs kilos que je trimbale depuis si longtemps. Le ronronnement du moteur raisonne dans ce calme divin, son bruit fait même peur, mais je m’en fiche, au moins, il fera peur à cette faune aquatique tout comme il peut d’ailleurs, attirer. Moment de soulagement mais de peur également. Un squale passe par là, un énorme, ou autre bestiole des fonds marins, un coup de queue et vlan me voilà sans protection à la merci de celui qui voudra s’intéresser à moi.
    De suite, j’actionne le petit gouvernail, là pareil, je l’actionne sans savoir si j’avance droit, difficile de savoir dans cette immensité mais j’y vais.
    J’avance, il fait bon, un léger vent souffle sur mes joues et le soleil brille généreusement mais il est doux, nous ne sommes qu’au mois d’avril, l’eau quant à elle, bizarrement est chaude, et je ne reconnais absolument pas les lieux, comment les reconnaitre ? et puis, moi, je vis à la ville, je suis une citadine et la mer est bien loin et quand vient même que je sois sur la méditerranée, je ne verrai pas la différence mais pour se rassurer, on se raccroche à n’importe quoi. En avançant, mes yeux se baissent sur le bateau, et à l’intérieur, que vois je ? une bouteille de verre, avec un papier à l’intérieur. Un message ?
    Je coupe le moteur de suite et je me dirige vers la bouteille, j’essaie de l’extraire, difficile de l’attraper, je n’y parviens pas, mes doigts étant trop gros et comme une idiote, je n’ai pas pensé à la fracasser contre le bateau. Alors je la jette dans la coque, énervée, insultant la bouteille. Je verrai plus tard, ce qui m’importe c’est de m’enfuir d’ici, de retrouver la terre.
    Il n’y a pas à dire quand ce n’est pas notre milieu naturel, on ne s’y sent pas à l’aise.
    Alors, je me remets à l’œuvre et le moteur ronronne à nouveau, tout guilleret, comme s’il chantonnait. Après quelques minutes, plusieurs minutes, de longues et très longues minutes. Que vois-je au loin ? une île, de la terre, de la vie, enfin j’espère. Je n’avais ni sac, ni papiers, ni téléphone, quoi que là il ne m’aurait pas servi à grand chose, il n’y avait que moi et ce bateau et cette satanée bouteille. Excitée, soulagée, le sourire aux lèvres, je me dirige sur ce que je vois. L’île est toute petite, plus je me rapproche, et plus elle parait petite, mais suffisante pour moi, bien assez grande pour me soulager. J’arrive sans difficulté particulière, surprise moi-même, le ciel et la mer sont toujours du même ton, un bleu intense qui vous transporte tant c’est bleu, le bleu est la couleur du calme, de l’apaisement et bien là, je ne suis pas calme du tout mais un peu quand même, je vais pouvoir me nourrir, mais me nourrir de quoi ? d’insectes ?, crus ? J’ai tellement faim que je mangerais n’importe quoi même des insectes, je fermerai les yeux c’est tout, j’avais trop faim et soif surtout, moi qui ne boit jamais, à qui on me dit toujours, bois. Et bien là avec toute cette eau face à moi, je ne pouvais boire. Décidément ce n’était pas mon jour.
    Je dépose le bateau sur la plage de sable fin, une belle et jolie plage comme dans les films avec des palmiers et des jolies filles, sauf que là, il n’y avait pas de jolies filles, j’étais toute seule, sans maillot de bain, j’avais faim et soif et il n’y avait aucun transat, aucune serviette de plage, ni de vendeur de chouchous.
    De suite, je repense à la bouteille, j’aurais pu partir à la découverte de l’île mais non je pense à la bouteille. J’arrive enfin bon gré mal gré à ôter le papier de cette satanée bouteille, bien sûr je ne pensais toujours pas à la briser.
    Je déplie le papier rapidement pour savoir si j’avais un message et j’en avais un, il indique :
    Rose, nous t’aimons même si tu as pris de la bouteille
    Une fois l’île trouvée, cherche le vieux crabe
    Surprise, je me dis « mais qu’est ce que c’est que cette histoire » ?
    Mais un peu rassurée, tout de même, vraiment un peu, j’avance à petits pas, aux aguets, sur cette terre hostile à la recherche du vieux crabe. Mais comment trouver un crabe et vieux ? C’est pas très gros, quoique certains le sont, et puis j’en fait quoi moi de ce crabe ? Je pense brièvement à mon sweat. Bref, j’avance. L’île est généreuse, il y a de la vie, j’entends des oiseaux, et puis oh, soudain un singe, puis deux, s’élancent d’arbre en arbre, j’espère ne pas croiser un cougar, encore moins une mygale, je déteste ces bestioles, un serpent, quelle horreur mais je n’ai pas peur, je suis vaillante et puis même si j’en ai peur, j’affronte.
    Je ramasse un bout de bois pour avancer plus vite, faisant plier les herbes sur mon passage, poussant les branches venant sur mon visage, lacérant mes jambes, même à travers le pantalon. Et puis, soudain, il est là planté là. Je n’ai pas marché beaucoup.
    Je vois un totem représentant un crabe, un vieux crabe. Je m’approche, je le touche, je le regarde, à la recherche d’un indice, d’une indication. Et la je vois, une enveloppe à son pied, je me baisse, je la saisis, je l’ouvre et j’en sors encore un papier, je le déplie, je lis et là on m’indique d’aller sur la droite, de passer le cocotier qui se trouve à 20 mètres et de compter 100 pas dès que je l’aurai franchi. Je m’exécute, toujours pas rassurée. Je le vois. Des noix de coco, humm. Non, je me ressaisis, mais j’ai soif. Je marche et je compte, 1, 2 , 3 , 4…. 98, 99, 100 et là je m’effondre.
    Ce que je vois n’a pas de mots, je pleure, je pleure, et ne cesse de pleurer, non pas de peur, mais de joie. Toute ma famille sont là, me souriant, mon petit fils me courant dans les bras, « mamiiii ». On voulait être là avant que tu ne partes pour cette émission et puis en quelque sorte, c’était pour te mettre « dans le bain », vous parlez d’un bain ! Puis, un homme s’approche avec un tee-shirt sur lequel est inscrit Vieux Crabe, me sourit en voyant mon sweat à son effigie, à l’effigie de son hôtel, de son lieu de vie, de ce lieu de nulle part, perdue en méditerranée, j’y étais, il me souhaite la bienvenue et un bon séjour sur son île, l’île du vieux crabe, où subitement derrière toutes celles et tous ceux qui étaient là pour moi, pour me dire qu’ils m’aimaient tout simplement, qui m’avaient réservée une surprise, ça pour en être une, cela en était une. Je vis ce magnifique hôtel arboré, décoré, dont les parterres étaient jonchés de fleurs, où je vis des verres de sodas posés sur des petites tables devant ces salons en rotin. Là, je compris que je n’allais pas mourir, que je n’étais pas abandonnée, que j’étais entourée des gens que j’aime et que la vie réserve bien des surprises, qu’il fallait toujours y croire, j’allais enfin pouvoir apaiser ma soif et ma faim et m’apaiser.
    Mais au fait, comment ai-je atterri là sur ce bateau ?

    © Marilyn Thiéry
    23 mai 2021

  15. Fanny Dumond dit :

    Ne dérogeant pas à ses habitudes, Yann admirait le lever du soleil. On le surnommait « le vieux crabe », ce loup de mer taciturne. Il marchait depuis un moment le long de la plage, lorsque ses yeux furent attirés pas une bouteille fermée par un bouchon de liège. Intrigué, il l’ouvrit et y trouva un message, comme au bon vieux temps de ses lectures d’adolescent. Après avoir trouvé ses lunettes dans son caban, il put lire :

     » À quiconque trouvera ce message. J’ai mis Suzanne, ma belle-mère, sur un matelas pneumatique, car j’en ai ras la casquette de ses intrusions dans ma famille, de ses conseils à la noix pour faire le ménage comme ci, comme ça, comment éduquer mes trois petits, de ses coups de fil intempestifs, de mettre son nez de fouine dans mon couple. Ne voulant que son bien, je vous remercie de bien vouloir l’accueillir.  » 

    Ahuri, les mains en visière sur son front, l’ancien marin scruta l’horizon et aperçut une femme pagayant de ses mains pour accoster sur le rivage. Une fois qu’elle fut à sa portée, il l’aida à mettre pied à terre.

    – Mon Dieu, je ne sais pas ce qu’il s’est passé  ! C’est un cauchemar, je vais sûrement me réveiller ! Qu’est-ce que je fais sur cette île après avoir navigué sur ce truc qui se dégonfle ? J’ai bien cru que mes derniers jours étaient venus. Je suis si fatiguée !

    – D’où venez-vous ? lui demanda gentiment Yann.
    – Ben de là-bas, de la ville en face, ce n’est pas très loin, mais il y a belle lurette que je ne m’amuse plus comme une gamine. 

    – Heum, heum ! Ne trouva qu’à répondre son sauveteur en se grattant la tête.

    – Je ne suis quand même pas dingue ! s’horrifia la naufragée. Comme tous les jours, j’avais récupéré mes petits-enfants à l’école, je les ai fait goûter, j’ai aidé le grand à faire ses devoirs, je les ai douchés et mis en pyjama. Et quand ma belle-fille est rentrée du boulot à 20 heures, elle m’a offert un thé avant que je rentre chez moi. Et je me suis réveillée en pleine mer. Voilà ! 

    – C’est loin chez vous ? s’émut le « vieux crabe » tout ridé.

    – Oh oui, à une bonne vingtaine de kilomètres de chez eux et je me les coltine tous les jours ! soupira l’éplorée. Dès que j’arrive dans mon appartement, je me jette dans mon lit. Et croyez-moi, nul besoin de somnifères pour m’endormir. N’ayez crainte monsieur, je ne suis pas encore folle bien que je me demande si je ne vais pas le devenir.

    – Allez, venez vous réchauffer chez moi, dit le bourru personnage en la soutenant.

    Quelques mois plus tard, alors que les deux tourtereaux coulaient des jours heureux dans la maison du marin, ils lurent une annonce dans le quotidien régional.

     » Recherche Suzanne désespérément. Belle récompense.  »

    Le journal s’embrasa dans la cheminée. 

  16. Nouchka dit :

    Dans les effluves d’un rhum brun,
    j’ai des images peu banales
    Margarete van Eyck, la belle-mère
    nous regarde au bord d’un canal

    Dans Bruges, elle rappelle sa devise
    « Als ich can : du mieux que je peux »,
    Hieronymus éclate de rire
    Quand Bosch évoque l’enfer céleste

    Bruegel le vieux fait du patin
    Sur les étangs hier gelés
    Rembrandt peaufine sa femme Salkia
    Qui fut la belle mère de quelqu’un

    La femme en bleu à la balance
    Migra de Delft à Washington
    Vermeer nous montre L’ambigüité
    Entre plaisirs et pur respect

    Où la belle mère dérive-t-elle ?
    Avec la lettre d’accompagnement ?
    Débarque-t-elle sur une plage
    Pas encore avec Pieter Claesz

    Il préfère peindre son beau crabe
    Entier sur un étain ovale
    Assurément c’est difficile
    De voir Belle-mère trouver un crabe

    Pourtant chaque jour sur la plage
    Un homme –crabe rose aux jambes arquées
    Cherche la bouteille et son message
    Que la marée ramènerait

    Et c’est ainsi que Belle-maman
    Est adoptée par un vieux crabe
    Qui devisa au préalable
    « Festina lente », qu’elle comprit

    Depuis ils vivent des jours heureux
    Buvant ensemble le rhum brun
    Sans se soucier du reste du monde
    Et sans regard sur leur destin.

  17. LURON'OURS dit :

    LA BAIE BÊTE QUI MONTE

    Un mot de billet accompagnait belle-maman : prière de rapporter cette grâce au Val du même nom. Ce qui arrivait quand, d’estaminet en rade, : de verre en ballon, elle avait pris de la bouteille. Prise de boisson, elle était ronde. De là à la rouler ! Un vieux crabe seulâbre si saoul qu’il marchait  »droit devant » en pinçait pour cette morue. Mordu qu’il était, il la poussa dans les orties, voir si elle n’avait pas de culotte. Elle se rebiffa pire qu’un contrôleur des impôts victime d’un redressement fiscal, allant jusqu’à lui donner des noms d’oiseaux ! Dans ce cas de figure, elle n’était pas une tête de linotte ! Ça, c’est une litote.
    🐻 LURON’OURS

  18. Rondeaux Annick dit :

    La belle-mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement. Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe que l’on avait oublié de longtemps.
    Voilà ce que Eric avait lu dans la gazette de la ville. Il se demanda  bien qui avait eu cette idée saugrenue de  proposer  cet exercice pour le concours  d’atelier d’écriture ! C’ est ‘vrai que le premier prix était très alléchant. Un week-end insolite pour deux personnes dans la région de leur choix.
    Ah sa belle mère, il se rappelle encore quand il l’avait vu la première fois. Audrey,  son amoureuse voulait absolument qu’ils dorment chez elle  « T’inquiète  les parents sont partis pour le week-end , nous serons tranquilles » . C’est ce qu’elle lui avait dit les yeux pleins d’amour. Confiant,, il avait donc  dit oui.  Ah c’est sûr,  il  se souviens encore quand  sa chère belle mère avait irruption dans la chambre . Tous les deux, à peine réveillés , le sourire au lèvres d’avoir bravé l’interdit.  Eric avait eu juste le temps de se cacher sous les draps pour sauver l’honneur de sa dulcinée. Souvent  ils en parlaient et en riaient ensemble.  Eric avait appris  bien plus tard que Régine,  sa belle mère n’avait jamais été dupe de son manège. C’est  d’ailleurs ce qu’il appréciait chez cette femme sa délicatesse et son savoir être . C’est pour cela que cela ne lui viendrait jamais à l’esprit de la jeter sa belle  mère à la mer. Et même si elle emportait n’importe quelle bouteille. Cela lui donna une idée  pourquoi ne pas offrir à ses beaux parents un week-end de la sorte ?  Depuis le temps qu’ils cherchaient  quelque chose de singulier pour remercier ces gens.  Comme quoi une bouteille jetée à la mer  peut nous donner une autre vision  Eric se mit à sourire il adore faire confiance à la vie.

  19. Kyoto dit :

    « – T’as vu P’tit-Jean, la belle-mère elle prend de la bouteille.

    – C’est vrai, mon pote ! Mais elle n’y peut rien, la Huguette ! Et ce n’est pas de les avoir vidées ces bouteilles ! Ce n’est pas comme son ivrogne de mari. Dionysos ait son âme !

    – C’était un pote à lui ? J’ connais pas ! La belle-doche, elle ne boit que de l’eau. De l’eau, de l’eau et de l’eau. Dis, P’tit-Jean t’aurais pas une idée pour aider la moche-doche ?

    – Ah ! Tu ne peux pas l’appeler Huguette comme tout le monde ! Et si on jetait la bouteille à la mer ?

    – Et ?

    – On mettrait un message à l’intérieur pour expliquer la dégénérescence d’Huguette. Le destin fera que cette lettre tombera entre les mains d’un chirurgien esthétique, ou d’un mage ou même d’Apollon.

    – Connais pas non plus celui-là ! J’te fais confiance P’tit-Jean. Mais qui va l’écrire c’te lettre ?

    – Demande à la Marie, elle est instite, elle ne devrait pas faire trop de fautes. Et le jour de la mise à l’eau nous pourrions faire une petite fête.

    – T’as de bonnes idées, P’tit-Jean. »

    Au jour J, un groupe de fêtards arriva sur la plage avec tambours et trompettes. Confettis. Langues de belle-mère. Pétards. Rires et cris de joie. Chants et danses. A l’heure H, ils prirent place dans les motomarines louées pour l’occasion. Elles s’éloignèrent et stoppèrent à un mile de la côte. Le plus jeune de tous eut alors l’honneur d’accomplir le geste majestueux de lancer de bouteille. Le retour se fit dans un silence de plomb.

    Les années passèrent. Huguette tira sa révérence. Et bientôt chacun oublia la lettre à la mer.

    Jamais ils ne surent que le jour où Huguette trépassa, la bouteille échoua sur une plage abandonnée. Enfin presque. Un vieux crabe y habitait. Il jouait à Robinson. Et ce jour-là, il trouva un trésor. Il nettoya avec délicatesse la bouteille, la réchauffa près de son cœur. Et quand il eut réussi à retirer le bouchon, il fut ébaubi. Une lumière vaporeuse s’échappait, qui se transforma en une magnifique sirène dorée. Le vieux crabe l’enlaça. Elle devint femme et reine. Il devint homme et roi. Miracle édénique.

  20. 🐀 Souris bleue dit :

    🦀 CRABOUILLE ET BRACHYOURE

    Un vieux crabe en bout de crique dans un carcan gluant cancanait avec un congénère.
    – z’ont pas fini d’nous envoyer l’courrier ! Qu’on s’péte les pinces à crever leurs canettes et leurs bouteilles pleines de mots à la file et sans queue ni quête..
    – ni tête…
    Pourquoi ni tête ?
    – parce qu’après la queue, c’est la tête, cherche pas c’est comme ça !
    – ben dis donc, faut être souple !
    – C’est le kamasutra des crustacés.
    Moi tu sais depuis qu’il y a un bout verre qui m’a niqué l’oeil je suis moins intéressé..
    – tu l’as cherché au moins ?
    -quoi ?
    -Ton quinquet !
    – tout a fait
    -qu’est-ce t’en as fait ?
    – J’lai becqueté
    – mais t’es dingue ou quoi !
    -non j’l’ai bouffé à l’œil et me le faire piquer par quelqu’un d’autre ! mon œil !
    Bon, et après ?
    – je suis le cyclope de la crique, le pirate des ‘Crabaïdes »!
    – Arrête, tu crânes !
    -Ça me va, un Crabe-Crâne
    – dis-donc l’arsouille tu ne vois rien qui flotte, ça baudruche gluant et sa bouche la crique.
    – encore dès, qui ont jeté la belle-doche à la baille…
    Touche-z-y pas… Elle est p’ t’être contaminée.
    – bon, ben qu’est-ce qu’on en fait d’la vioque si on ne l’a croque ?
    – elle pue le vin
    – déjà assaisonnée ?
    – regarde, elle est venue avec des munitions, une bouteille autour du cou,..
    – c’est la sauce ? Non c’est le courrier.
    -du cœur alors ! Un cœur au vin !
    Décidément cette vioque avinée me fait craquer…
    -Allez ! A la baille qu’on l’étrille et la graille !
    🐀 Souris bleue

  21. Durand JEAN MARC dit :

    La belle mère avait pris de la bouteille, ils la jetèrent à la mer avec une lettre d’accompagnement, une sorte de mode d’emploi. Elle échoua sur la plage d’un vieux crabe. Lui aussi avait été balancé dans l’eau plusieurs années au paravent sur le sable. De fait, il s’agissait bien d’un ancien beau père, lui aussi jugé encombrant par une méchante belle fille.

    La presse internationale l’évoquait peu mais le fait était là. Beaucoup de mariés et de mariées se débarrassaient de leurs belle mamans et de leur beaux papa, une fois les enfants casés et donc l’inutilité de la vieille nounou et du vieux poupou. Une sorte de Mafiable s’était installé sur ce marché rentable et on pouvait compter sur eux. On téléphonait à un 07…….. (je ne donne pas le numéro, pas envie de me faire repérer!), on effectuait un virement d’une centaine d’euros, cent cinquante pour un couple et hop, on vous débarrassait discrètement des vieux débris.

    Ce que le monde ne savait pas , c’est que la Nature est coquine et que le plus ordinaire des petits courants rejoignait toujours la plus vaste des masses marines, toujours en mouvement et systématiquement croisant cette île.

    Peu à peu, avec les perpétuels nouveaux arrivants, une civilisation était née. Les exilés paraissaient tellement éloignés des côtes continentales qu’on les avait laissé s’épanouir. La nature sauvage est la meilleure prison avait décrété le chef de la Mafiable. Erreur.

    Aux dernières nouvelles leur expansion était telle qu’un retour au pays original serait dans leur projet. Des photos satellitaires ont repéré les traces de véhicules flottants, des mouvements de troupes.

    Et voilà, moi, pauvre soldat de quatrième catégorie, moi qui des mathématiques n’ai compris que la soustraction, l’Etat m’a chargé d’accompagner l’avion qui balancera la prochaine bombe nucléaire sur cet îlot de déjà révoltés…et bientôt conquérants!

    C’est pourquoi, belle maman, je t’ai raconté cette histoire, toi que j’aime tant, toi dont j’ai encore besoin pour élever les trois mouflets que ta chère fille m’a laissé sur les bras, alors, s’il te plaît, belle maman, tiens toi tranquille!

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