Ce petit guide de ponctuation rend souvent service

Quand j’ai un doute sur la ponctuation je consulte mes notes
sur ce sujet. Je les ai recueillies au cours des stages d’écriture que j’animais pour les journalistes au CFPJ . 

Principaux signes de ponctuation :

le point (.)

le point d’interrogation (?)

le point d’exclamation (!)

la virgule (,)

le point-virgule (;)

les deux points (:)

les points de suspension (…)

les parenthèses ( )

les crochets [ ]

les guillemets « »

le trait d’union –

le tiret (-)

l’astérisque (*)

l’alinéa.

« La ponctuation, ce n’est pas de l’orthographe, c’est la pensée »
C’est elle qui restitue, dans l’écriture, des choses que seuls peuvent donner le ton et les silences dans le discours ou la conversation. (Alexandre Vialatte)

La ponctuation est très importante, c’est elle qui donne le sens aux phrases. Une virgule mal placée peut faire dire le contraire de ce qu’on entend exprimer.

La ponctuation d’un texte doit être sobre, comme le style lui-même, elle est là pour faciliter la lecture et non pour la gêner.

Le point

Le point termine une phrase. Il offre au lecteur une respiration, et signale les articulations du papier.

Une phrase peut se résumer à un mot, c’est totalement licite.

Le point permet de donner du rythme à un texte. Nombre d’auteurs emploient le point « stylistique »

« On avait donné dans le Nord, un grand coup de pied dans la fourmilière, et les fourmis s’en allaient. Laborieusement. Sans panique. Sans espoir. Sans désespoir. Comme par devoir » St Exupéry, Pilote de guerre.

Il se place aussi après tout mot écrit en abrégé   T. G. V.

Le point d’interrogation ?

Il clôt toutes les phrases exprimant une question directe :

Qu’est-elle devenue ? – Où est-elle ? – Où se cache-t-elle ?

Il peut aussi être suivi de points de suspension dans un dialogue pour tenir le rôle d’un interlocuteur demeuré silencieux.

Il peut aussi terminer une phrase non interrogative si son intonation syntaxique l’est.

On met un point d’interrogation quand il y a un doute sur la véracité d’une info « Jean Rehaut ( ? 1549)

L’interrogation indirecte n’a jamais de point ?  

Qui peut dire de quoi sera fait demain.

Quand une phrase interrogative est suivie d’une incise (dit-il, répond-il, etc.), le point ? se met après la phrase interrogative : – Vous iriez voir ma femme ? me demanda-t-il

Le point d’exclamation !

Il achève les phrases exclamatives. Toutes celles qui expriment des sentiments ou des émotions : la joie, la peur, la colère, la surprise, l’angoisse, l’étonnement, l’admiration, l’indignation, le soulagement. Même si la phrase ne contient qu’un mot.

Il accompagne les interjections comme : Oh la la !, Non mais !, ça alors !, Eh bien !, les apostrophes et les impératifs sur lesquels on veut insister : « Approchez ! », « A l’aide ! »

Le point d’exclamation sert aussi toutes les phrases qui apostrophent « O grand manitou ! »

Dans les locutions interjectives eh bien ! hé quoi ! le point d’exclamation se met après la locution complète et non après le premier élément.

Si l’intonation ironique de la phrase l’emporte sur l’interrogation, on termine avec un point d’exclamation.

« T’as vu ce mec comme il se la joue ! »

Évitez l’abus du point d’exclamation, qui affaiblit le sens du signe et trahit souvent une incapacité à exprimer sa pensée avec les mots.

Répétition de points d’exclamation et d’interrogation =  marques d’inculture.

La virgule ,

Elle marque, à l’intérieur d’une phrase, une pause légère entre les éléments non reliés entre eux par des termes de coordination ou de subordination.

Plus une phrase est simple, moins elle exige de virgules.

Peu de virgules dans une phrase sujet-verbe-complément d’objet ou circonstanciel.

Bien virguler pour être bien compris

Attention, l’usage immodéré de la virgule peut donner l’impression au lecteur de devoir marquer un arrêt à chaque « coin de rue », ce qui risque franchement de lui taper sur les nerfs. Trop abondante, la virgule est l’ennemi numéro un de la fluidité d’un texte.

Pis encore, si vous usez sans réfléchir de ce signe, il risque de vous faire dire ce que vous ne pensez pas.

Des exemples ?

Si vous écrivez : « J’aime, quand il fait beau. » On se demandera : « Et les jours de pluie vous êtes misanthrope ? »

Supprimez la virgule : « J’aime quand il fait beau », et on vous dira : « Nous aussi ! »

Dans un registre plus sombre : « Verrai-je, le jour où tu viendras ? » Vous êtes un aveugle espérant. « Verrai-je le jour où tu viendras ? » Vous attendez une visite dans la semaine des quatre jeudis, ou vous ne désespérez pas d’avoir enfin la visite attendue.

Il n’existe pas de façon unique de ponctuer. Mais il faut demeurer flexible et prudent.

Dans une proposition, on met la virgule 

1° En général, pour séparer les éléments semblables (sujets, compléments, épithètes, attributs) non unis par et, ou, ni :

La charité est patiente, douce et bienfaisante. Les aises de la vie, l’abondance, le calme d’une grande prospérité font que les princes ont de la joie de reste pour rire d’un nain, d’un singe, d’un imbécile et d’un mauvais conte. (La Bruyère.)

Remarque. – Quand les conjonctions et, ou, ni sont employées plus de deux fois dans une énumération, on sépare par une virgule les éléments coordonnés : Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port, sont des champs de carnage où triomphe la mort. (Corneille.) Les idées qui se présentent aux gens qui sont bien élevés, et qui ont un grand esprit, sont ou naïves, ou nobles, ou sublimes. (Montesquieu.) Un bon financier ne pleure ni ses amis, ni sa femme, ni ses enfants. (La Bruyère.)

2° Pour séparer tout élément ayant une valeur purement explicative :

Sigefroy, chef des Normands, pressa le siège avec une fureur opiniâtre. (Voltaire.)

3° Après le complément circonstanciel placé en tête de la phrase ; toutefois, on omet ordinairement la virgule quand le verbe suit c immédiatement ce complément circonstanciel placé en inversion : Après cette invocation. Cymodocée chanta la naissance des dieux. (Chateaubriand.) Au sortir de ce bois coule la rivière de Parts. (Voltaire.)

4° Pour isoler les mots qui forment pléonasme ou répétition : Mettez, mettez, Monsieur, Trissotin pour mon gendre. (Molière.) Je vous assure, moi, que cela est.

5° Pour isoler les mots en apostrophe : Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte. (Racine.)

Dans un groupe de propositions, on met la virgule :

I° En général, pour séparer plusieurs propositions de même nature juxtaposées : On cherche, on s’empresse, on brigue, on se tourmente, on demande, on est refusé, on demande et on obtient. (La Bruyère.) L’habile homme est celui qui cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie beaucoup de choses, qui a su acquérir du bien ou en conserver. (Id.)

2° Avant les propositions introduites par les conjonctions autres que et, ou, ni : Il ne faut pas faire telle chose, car Dieu le défend. (Acad.) Il est fort honnête homme, mais il est un peu brutal. (Id.) Je pense, donc je suis.

3° Avant les propositions compléments circonstanciels ayant une valeur simplement explicative : Tout vous est pardonné, puisque vous vous repentez.

Mais, dans des phrases telles que les suivantes, on ne met pas la virgule, parce que la proposition complément circonstanciel est intimement liée par le sens à la principale et qu’aucune pause n’est demandée : Nous commencerons quand vous voudrez. Vous serez roi dès que vous voudrez l’être. (Voltaire) Elle sort sans qu’on la voie.

4° Après les propositions compléments circonstanciels placées en tête de la phrase : Quand vous commanderez, vous serez obéi. (Racine.)

5° Pour isoler une proposition relative explicative : Ta fausse vertu, qui a longtemps ébloui les hommes faciles à tromper, va être confondue. (Fénelon.)

6° Pour séparer la proposition participe ou la proposition incidente . L’air devenu serein, il part tout morfondu. (La Font.) Vous voyez, reprit-il, l’effet de la concorde. (Id.)

7° Ordinairement, pour marquer l’ellipse d’un verbe ou d’un autre mot exprimé dans une proposition précédente : Le devoir des juges est de rendre la justice; leur métier, de la différer. (La Bruyère.)

Le point-virgule ;

Il marque une pause, plus forte que la virgule. Il allonge les phrases, ce qui nuit à la lisibilité.

Il s’emploie pour séparer, dans une phrase, les parties dont une au moins est déjà subdivisée par la virgule, ou encore pour séparer des propositions de même nature qui ont une certaine étendue : L’objet de la guerre, c’est la victoire; celui de la victoire, la conquête; celui de la conquête, la conservation. (Montesquieu.) Un bon plaisant est une pièce rare; à un homme qui est né tel, il est encore fort délicat d’en soutenir longtemps le personnage; il n’est pas ordinaire que celui qui fait rire se fasse estimer. (La Bruyère.)

Le plus souvent le journaliste a intérêt à remplacer le point-virgule par un point.

Les deux-points sont employés :

– pour annoncer les paroles d’un personnage ou une citation : Écoutez cette sage parole: « Il faut mériter la louange et la fuir ». Le loup reprit:

« Que me faudra-t-il faire ? » (La Font.)

– avant une énumération

– pour amener une explication, un exemple, une description

– pour présenter sans périphrase la conclusion, la conséquence, la synthèse de ce qui précède : Il n’y a pour l’homme que trois événements : naître, vivre et mourir. (La Bruyère.)

Les points de suspension (jamais plus de 3)

Ils terminent ou suspendent une phrase qui demeure inachevée, pour quelque motif que ce soit

– interruption – hésitation

– changement d’idée – pause

– émotion – ironie – sous-entendu

– prolongement inexprimé de la pensée, etc.

Ils ne sont jamais plus de trois.

Ils signifient souvent : etc., qui ne doit jamais être suivie de points de suspension.

Comme c’est souvent le cas, les points de suspension «psychanalysent» le texte. Ils tiennent en suspens ce qui ne doit pas être dit explicitement. BACHELARD, l’eau et les Rêves, p. 51.

Les points de suspension indiquent que l’expression de la pensée reste incomplète par réticence, par convenance ou pour une autre raison

Un point, c’est tout, trois points, ce n’est pas tout… (Claudel)

Attention ! Les points de suspension induisent :

Le second tome de son journal métaphysique et polémique est publié ce mois-ci. Il est Dans la collection Blanche, chez Gallimard. C’est différent, très différent…

L’abus de point de suspension est un aveu d’impuissance, c’est comme l’orateur, à court d’idées, qui termine ses phrases par : etc., etc.

Les parenthèses (   )

Elles servent à isoler un mot ou une phrase non indispensable au sens général de la phrase, mais qui fournit une précision, une explication, un rappel permettant de mieux la comprendre.

Les parenthèses minimisent le passage qu’elles encadrent et freinent la lecture.

On conte qu’un serpent voisin d’un horloger (C’était pour l’horloger un mauvais voisinage), entra dans sa boutique. (La Font.)

Les crochets [ ]

Ce sont des parenthèses renforcées. Dans la presse, on les utilise souvent pour isoler un bref commentaire de la rédaction après une information, une lettre de lecteur, etc.

Les parenthèses et les crochets servent aussi à enfermer les points de suspension qui, dans une citation, représentent un passage que l’on n’a pas jugé utile de reproduire.

Exemple : « Ce n’est pas nous qui l’avons abandonné […] c’est lui qui s’est éloigné de nous ».

Les guillemets « »

L’inventeur des guillemets – en forme de chevrons en français et de doubles apostrophes en anglais – est un imprimeur du VIIe siècle au nom incertain : Guillaume, Guimet ou Guillemet.

Les guillemets servent aussi bien à signaler une citation ou un changement de locuteur qu’à manifester de l’ironie, de la distance ou une réserve à l’égard de certains mots, parfois pris dans un sens second. Dans un journal ils abritent les néologismes, des termes douteux ou étrangers.

Pour le journaliste, les guillemets sont sacrés : toute citation incluse entre guillemets doit être parfaitement fidèle aux propos prononcés.

On place entre guillemets :

– les citations et les paroles que l’on rapporte textuellement dans le corps d’un article

– les mots ou groupes de mots dont l’auteur ne veut pas prendre la responsabilité

– les néologismes, les mots ou groupes de mots dont on veut marquer le caractère argotique, étranger, technique, ou le sens inhabituel.

Quelques cas particuliers :

– dans une citation de plusieurs paragraphes, les guillemets sont ouverts au début de chaque paragraphe et fermés une fois seulement, à la fin du dernier

– dans un dialogue, les guillemets sont ouverts avant la première citation, et fermés après la dernière. Les changements de locuteur sont signalés par un nouvel alinéa d’un tiret

– lorsque, dans une citation, l’auteur de l’article reprend la parole, et d’une manière générale lorsqu’il s’y trouve une incise qui n’appartient pas à la citation, on ferme les guillemets avant ce passage et on les rouvre après. Cependant lorsque l’incise est très courte, comme : dit-il, répond-elle, on la place simplement entre deux virgules.

– quand le texte guillemeté, considéré isolément, demande une ponctuation finale, celle-ci se place avant les guillemets fermants. Exemple : Vous m’avez demandé : « Que faites-vous ? » Je réponds : « Je vous attends. » Autrement, la ponctuation se place après les guillemets. Exemple : « C’est la fin des « jolies colonies de vacances ».

Les tirets, contrairement aux parenthèses (qui minimisent), valorisent le mot ou le passage qu’ils encadrent.

Exemple : »Après tout – j’en suis convaincu – ils n’ont aucune preuve ».

N.B. Lorsque le second tiret se trouve à la fin de la phrase, on le supprime, et l’on met simplement un point.

Exemple : « Après tout, ils n’ont aucune preuve – j’en suis convaincu ».

Le trait d’union

Sert de liaison entre les éléments de certains composés (ex. : arc-en-ciel) et entre le verbe et le pronom postposé (ex. : Crois-tu? Prends-le…).

On met aussi un trait d’union lorsqu’un mot se trouve coupé en bout de ligne et continue à la ligne suivante.

Le tiret –

Emploi stylistique du trait d’union pour marquer que ces mots ont été prononcés d’une seule émission de voix (ex. : «très demoiselle-qui-tapotait-sa-gamme», H. Bazin

Aussi pour détacher les syllabes d’un mot (ex. : «Je serai impitoyable… im-pi-to-yable»,

Dans un dialogue pour signaler les changements d’interlocuteur.

Il peut aussi, comme la parenthèse, séparer une expression ou un mot qu’on veut mettre en valeur

Sert également pour marquer les éléments d’une énumération.

Il sert à, soit parce que l’orthographe l’exige, soit parce qu’on en tire un effet pour

L’astérisque (*) ou appel de note (1)

Il est utilisé pour renvoyer à une note, imprimée généralement en caractères plus petits et installé en bas de colonne ou d’article.

À utiliser avec parcimonie.

Utile pour détacher une information pratique : adresse d’un organisme, jours et heures d’ouvertures, etc.

Il peut aussi, quand il est triple remplacer les lettres d’un nom propre qu’on ne veut pas faire connaître. Monsieur P*** est un homme…

L’alinéa

           C’est une séparation, qui s’emploie quand on passe d’un groupe d’idées à un autre.

On commence la phrase en retrait par rapport à la précédente.

L’alinéa tend à disparaître en typo, les textes perdent en clarté.

Les accents ne sont pas des accessoires périmés, ils facilitent la lecture du texte. “Il a parle aisément” est incompréhensible, “Il a parlé aisément” l’est.

En français, les accents expriment souvent une musicalité et doivent être nettement marqués ainsi d’ailleurs que les points sur les I et les J

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

11 réponses

  1. Shirley dit :

    Bien pratique ce guide, merci !

  2. MEZIER dit :

    Bonjour Pascal,
    Je tiens toujours ton site pour Référence dans ma future (proche) activité d’écrivain public. Et diffuse l’adresse de ton site à qui mieux mieux.
    MERCI pour le partage de tes connaissances, telles celle sur l’incontournable ponctuation !
    Amicalement
    Pascal

  3. Cétonie dit :

    Merci, Pascal, ces précisions me confortent dans ma réflexion« quelle ponctuation donner à mon texte ? »
    Il me reste une question : quelle est la règle pour l’espace à laisser entre la fin du mot et la ponctuation ? (s’il y en a une !)

    • Clémence dit :

      Le signe de ponctuation se colle contre la fin du mot. L’espace vient après le signe de ponctuation.

      Merci, Pascal, pour ce rappel judicieux des usages de la ponctuation.

  4. Assoula dit :

    BONSOIR

    MERCI POUR CE PRECIEUX PARTAGE TRES UTILE
    BON WEEK-END

  5. Sylvie W dit :

    Merci beaucoup, Pascal, pour ce vade-mecum. Je le garde précieusement.

  6. Remande dit :

    Merci Pascal pour ce précieux guide 🙂

  7. delphine B dit :

    Merci Pascal ! je vais garder précieusement ces notes !

  8. Sylvie H dit :

    J’ai bien aimé, Pascal, ce rappel fort utile. Moi aussi, je m’entête et continue à faire faire souffrir les étudiants et les stagiaires au CFPJ avec mon armada d’exercices.
    Et il y a de grands moments de stupéfaction quand, en ajoutant une toute petite virgule, on fait purement et simplement ressusciter une personne.
    Saint-Exupéry n’est pas mort comme on l’a dit vs Saint-Exupéry n’est pas mort, comme on l’a dit.
    C’est un bonheur ! Quel pouvoir !

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