Exercice inédit d’écriture créative 269

colereUn jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir.
puis s’en était prise au passé,
sur lequel elle avait craché.
Mal lui en pris…

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25 réponses

  1. Miclaire dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir, puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché. Mal lui en pris. Ils lui tombèrent tous dessus : ses oncles, ses tantes, ses frères, ses cousins, ses neveux et ils étaient nombreux. N’était-elle pas bien née ? lui demandèrent-ils. L’une de ses cousines lui rappela combien elles avaient passé une enfance heureuse. Elles n’avaient jamais manqué de rien. Elles avaient reçu une bonne éduction, par leurs mères et par toutes les femmes du village. Elles feraient ainsi de bonnes épouses pour le mari qu’on leur choisirait. On leur avait appris à cuisiner, langer les enfants, servir les hommes, aller chercher l’eau au puits, être attentives au moindre besoin des hommes et à la façon de les satisfaire et de les servir. Quand à l’avenir, sa tante lui rappela combien son futur mari était puissant, riche et généreux. Elle serait heureuse dès demain, jour du mariage.
    Mais elle était toujours très en colère, en colère contre les traditions qu’elle ne comprenait plus. Elle ne pouvait pas accepter qu’on la marie de force, au plus vieil homme du village, qui aurait pu être son père, et avait un œil de verre. Un homme qui l’emmènerait loin de tous ceux qu’elle aimait, parce que les Peuls sont avant tout nomades et continuent à se déplacer en fonction des besoins de leur troupeau. Un homme qu’elle n’aimait pas et qui lui faisait horreur.
    Raïja était toujours très en colère lorsqu’elle demanda à se retirer dans sa chambre. Enfin seule, elle prît une décision qui allait bouleverser sa vie. C’est à ce moment-là que je fis sa connaissance par hasard, à l’occasion d’un voyage touristique dans son pays et qu’elle me raconta l’histoire de son peuple. Elle était pleine de haine et anéantie par la décision qu’elle venait de prendre.

  2. Kacyne B. dit :

    Dans son rocking-chair,
    Le vieil homme se balance.
    Au gré de ses souvenirs.

    Insulter l’avenir?
    Quelle idée absurde!

    Avec son sens paysan,
    Il sait le chemin.
    Inéluctablement.

    Cracher sur le passé?
    Quelle idée saugrenue!

    Un père alcoolique.
    Une mère déglinguée
    D’être trop tabassée.

    Un frère parricide
    Un soir d’orages.

    Une sœur détraquée
    D’avoir été souillée.

    Son secret : la Terre.
    A semer, à récolter,
    A humer, à respecter.

    Le rocking-chair se tait.
    Le vieil homme frissonne.

    Sa colère l’envahit.
    La sienne.
    Intense.
    Intime.

    Elle était si belle.
    Il n’a jamais pu lui dire
    « Je t’aime ».

    Elle s’en est allée.
    Ailleurs.

    Le vieil homme se balance.

    Une corde a brisé
    Sa colère.

  3. Françoise - Gare du Nord dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir. Puis s’en était prise au passé,
    sur lequel elle avait craché. Mal lui en prit, les deux incriminés qui n’avaient pas leurs mots dans la poche l’invectivèrent à leur tour.

    Avertissement au lecteur : Avant de poursuivre, je souhaiterais demander au lecteur de ne consulter les annotations qu’à la toute fin du texte

    Le passé prit la parole en premier au nom de son droit d’aînesse :
    -« Je sais bien que je ne suis pas plus-que-parfait mais je trouve que tu es dure avec moi. Tu me juges imparfait et m’accuses de tout ce qui ne va pas dans ta vie actuelle. Tu me reproches de n’être qu’un passé composé de pénibles souvenirs (1), d’expériences traumatisantes (2), de commémorations pénibles (3), de périodes troubles (4) et de sentiments de culpabilité mêlés de honte (5). A qui la faute ? Et c’est moi que tu voudrais enterrer !

    -« Et moi » intervint le futur « tu me condamnes d’emblée bien que je n’aie pas encore fait mes preuves. Alors que je suis prometteur et brillant, tu me décris comme pas tout rose et même sombre. Mais vois ce que tu es en train de faire de moi avec tes mauvais choix, tes tactiques foireuses, tes erreurs de jeunesse… Que serais-je avec toi au printemps prochain si… ?

    Et, l’interrompant, le présent s’immisça dans la conversation
    -« Taisez-vous tous les deux » s’exclama-t-il d’un ton impératif. Puis se tournant vers elle avec un regard empreint d’une telle suffisance que la petite lueur de tendresse ne parvenait à dissimuler. « Pourquoi t’accrocher à l’un qui est mort et te projeter dans l’autre qui n’est pas encore né. Vis plutôt en moi, jouis de moi qui suis là chaque jour pour toi. Je ne te lâcherai jamais, moi !

    -« Oh toi tais-toi » lui répondit-elle sèchement. Pour qui te prends-tu ? Tu es peut-être un présent mais tu n’es certainement pas un cadeau

    Avec dans le rôle de « Elle » : l’Equipe de France de football
    Et dans la période « Passé » les apparitions de :
    (1) les interventions a micro de Franck Ribéry

    (2) le coup de boule de Zidane (finale contre l’Italie Coupe du monde 2006)

    (3) la demi-finale perdue contre l’Allemagne (Séville Coupe du monde 1982)

    (4) le sexe-tape de Valbuena

    (5) le refus de descendre du car à Knysna (Coupe du monde Afrique du sud 2010)

  4. AB dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir.
    Puis s’en était prise au passé,
    sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en pris…

    Sale, mal fagotée, les cheveux retombant sur le visage, bouclier involontaire qui cache son minois jeune et marqué, Lisie n’en peut plus.
    Comme chaque soir, assise sur ce bout de semblant de trottoir, apprivoisé par elle, elle médite, ou plutôt maugrée. Regarde au travers de cette frange- rideau, indomptée d’un manque d’hygiène, les lumières du Samu-social qui crèvent la nuit comme les battements de son cœur.
    Manu, un peu plus haut derrière elle, assis sur le banc qui soutient sa carcasse ne la quitte pas des yeux. Il croit qu’elle ne craint rien tant qu’il la collera. Mais, il se trompe. Lui, qu’un simple petit geste mal intentionné donné sur sa personne, mettrait hors combat. Une loque remplie d’amour pour elle.

    – On a fière allure, dis, mon Manu ! Deux merdes collées au bitume, sans fric, sans famille et sans honneur.
    Elle montre du doigt le véhicule qui se rapproche de plus en plus.
    – Et eux, les anges de la compassion qui viennent colmater notre malheur. Mais que croient-ils ? Nous sauver ?
    Fini pour moi. Plus rien à tirer. Je crache sur la terre et sur ceux qui l’occupent. Rien, il n’est plus rien qui puisse me récupérer.
    Elle se lève soudain. Se tape sur la poitrine comme un singe dans la jungle et hurle à la nuit, les yeux rivés au ciel.
    – C’est « Moi », « Moiiiii », « Moiiiii », la crevure, la laissée-pour-compte. Puis un cri strident mais sec, « Moi ».

    Les cris mêlés aux larmes font l’effet escompté sur Manu cuvant son vin, mais, qui, dans un sursaut de lucidité inespéré l’invective.

    – Gueule ma tigresse, crache ton venin, ça soulage, mais tu en gardes pour demain, parce que ce sera pareil.
    En se pressant, les gens du Samu arrivent près d’eux, s’occupent de Manu pendant que deux autres essayent de rattraper Lisie qui vient de se mettre à courir pour leur échapper.

    Après un bout de course, une jeune femme, l’agrippe par la manche la stoppant.

    – Nous ne vous voulons que du bien. Il fait froid. Nous pouvons vous aider.

    Elle appuie sur le terme, nous pouvons.
    – M’aider ? Mais il y a bien longtemps que l’on aurait dû m’aider. Quand j’avais 15 ans, c’est Beaucoup trop tard maintenant.

    – Nous pouvons parler. Je peux même vous écouter. Sans rien dire. Juste vous écouter. N’ayez crainte, ni jugement ni leçon, juste vous écouter.
    – Mais vous dire quoi ? Que je suis une enfant abandonnée par sa mère ? Que mon père la battait ? Que j’ai été en famille d’accueil ? Vous voulez que je vous fasse pleurer ?
    Je le pourrai, mais je vous mentirai.
    Doucement, mais sûrement, la femme attentive la prend par le bras, la rapprochant petit à petit du camion. Elle voudrait tant lui communiquer sa chaleur.

    – Ne vous méprenez pas sur moi, je n’en vaux pas la peine. Je suis une fille perdue malgré tout l’amour que j’ai reçu. Oui, Madame, tout l’amour. Parce que j’ai été riche. De tout. De parents, de grands-parents, d’amis. Tous aimants, protecteurs, mais, la cause est plus profonde. Plus insidieuse. Elle s’est épanchée en moi comme une liqueur au goût de roses, un sucre parfumé. J’avais tout et j’ai tout perdu à cause d’elle, « la drogue ». Petit à petit, elle a fait son œuvre depuis le jour de mes quinze ans. Vous voyez, tout est écrit, imprimé à la poudre. J’ai bu à la coupe empoisonnée et maintenant, il me faut mourir. Ah, ah, ah ! Vous riez moins maintenant. Je vous épate ? Vous me méprisez ? Partez. Allez, oust.

    Avec une infinie tendresse dans le regard, comme si cette dernière vivait les excès de Lisie, la femme ouvre son anorak, descend la fermeture de son gilet puis enfin dégrafe les boutons de sa blouse blanche sous laquelle apparaît un ventre tailladé, zébré de cicatrices rouges.

    – J’ai connu moi aussi, l’enfer. Je suis un peu toi et toi, tu es un peu moi. Nous sommes toutes les deux meurtries. Viens, suis-moi. Tu pourras aussi m’écouter. La deuxième chance, tu connais ? On y a tous droit.
    Le Samu social s’enfonce dans la nuit. Cette fois, Lisie n’y croit pas. Elle est à l’intérieur. Pour la première fois, elle a osé se faire aider. Mieux. Elle sait qu’elle va essayer de se pardonner à elle-même. Peut-être plus. Qui sait ?

  5. Antonio dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir, puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché. Mal lui en prit, les deux lui claquèrent la porte… au nouveau-né.

    Elle venait d’accoucher d’un petit Toto.
    Toto fut un bébé adorable, mais lorsqu’il grandit les deux tares dont il était affublées l’empêchèrent d’être un garçon comme les autres.
    Il était amnésique, comme si son cerveau n’était doté d’aucune mémoire. L’apprentissage était donc impossible, tout comme une vie sociale.
    Sans une once de donnée en mémoire, il ne pouvait avoir d’avenir.

    Toto ne vivait qu’au présent, à l’instant même.
    Sa vie était un film de 24 images par seconde, dont chaque cliché ne s’imprimait jamais dans sa tête, au point de les repasser autant de fois que cela l’enchantait.
    Il vivait instinctivement au plus près de la nature et des besoins de son corps.
    Il respirait, sentait, ressentait, entendait, touchait, interagissait avec les éléments autour, goûtait, déglutissait, éructait des sons de contentement, de désapprobation ou de bien manger, souriait, hurlait, pleurait, riait, hoquetait plutôt.

    Chaque instant était une renaissance, les minutes, les secondes se suivaient sans lien entre elles. Toto n’avait donc peur de rien, il était l’insouciance pure, il ne savait pas ce qu’était le danger, et encore moins la mort. Rien ne pouvait l’effrayer car le sens des choses lui échappait forcément.
    Il était comme un légume mais avec une activité débordante, à quatre pattes puis debout, tout instinctivement, ses membres n’en faisant qu’à leurs têtes, pas à la sienne. Il était une sorte de hochet ambulant de la vie.
    Sa mère pleurait, elle, chaque jour, toutes les larmes de son corps, ce qu’il trouvait aussi beau que l’eau coulant du robinet.

    Un jour, elle maudit sa propre vie. Mal lui en prit, elle lui claqua entre les doigts de Toto qui, fort de ses 90 kilos, l’étrangla par inadvertance, cherchant à valider la force qu’il découvrait instantanément entre ses mains, alors qu’il s’agrippait à son cou.

    Deux jours plus tard, Toto fut interné dans un asile sans passé, ni avenir… mais avec un présent plein de promesses.

  6. smoreau dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir.
    puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en prit, le temps s’arrêta. Stoppa sa course net.
    Elle resta bouche bée. L’air béat.
    Pétrifiée, sa colère tomba. Ben ! Me voilà bien, chuchota-t-elle au balancier, inanimé. J’ai encore fait une bêtise. Mon caractère emporté me joue une nouvelle fois des tours. Des tours ? Justement, elle ne ferait peut-être plus de tour du tout. Le tour du cadran, à jamais interdit. Il est vrai, certains jours, elle râlait de tourner, tourner. Courir, courir après la grande gigue. Là, elle se tient sur une patte en attendant la reprise du temps. Elle aime le temps qui passe. Elle avance à grande enjambée. Elle adore cela. Si elle sait que je suis responsable de notre chômage technique, je vais en entendre. Ne bougeons pas…
    Eh eh ! Hé le temps ! tu m’entends ? Ne sois pas fâché, excuse moi. Je râle, je râle mais je ne pensais pas ce que je disais. Tu es un bon temps ! Tu n’es pas gros. Non, tu n’es pas de l’argent. Tu n’es pas maussade. Tu es beau ! Ne perds pas de t…s, je ne t’ai pas tué tout de même. Allez, donne moi un petit coup de pouce et je vais reprendre la marche. Promis, je serai raisonnable jusqu’à la nuit des temps.

  7. francoise dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir.
puis s’en était prise au passé,
sur lequel elle avait craché.
Mal lui en pris…son molard lui atterrit dans l’oeil droit, celui avec 7/10°, le gauche avait seulement 3/10°. Elle fut aveuglée, le présent lui échappait. Du coup elle fit retomber sa colère contre elle.Et ce fut pire. Sans penser à essuyer son œil, elle se flanqua plusieurs violentes gifles sur les deux joues qui devinrent rouges. A ce moment son compagnon arriva. Il n’en crut pas ses yeux et en colère lui aussi la bourra de coups avant de partir avec sa valise en claquant la porte. Là elle était enfin dans le présent. Sa colère tomba et elle aussi. Percluse de douleurs, elle essaya de se relever mais n’y parvint pas. la nuit elle aussi tomba.Elle était dans de beaux draps….
    Au matin,on frappa à la porte, elle cria entrez. C’était un homme,représentant d’assurances, qui venait lui proposer une assurance vie, qui la prémunirait contre les aléas de la vie…Dommage qu’il ne soit pas venu plus tôt mais sans doute l’aurait-elle envoyé promener.Il la releva, non sans mal, appela une ambulance qui la transporta à l’hôpital. On la soigna, on la questionna et un psychiâtre vint lui parler. Elle se confia, lui parla de son état perpétuel de colère contre le passé, l’avenir. Il lui conseilla de vivre dans le présent. Elle lui promit d’essayer mais lui dit qu’elle ne savait pas trop si elle y arriverait. Il rétorqua qu’elle était à nouveau dans l’avenir….
    Elle rentra chez elle, s’acheta un punching ball et passa sa colère ainsi. Petit à petit, elle ne se remémora que les bons moments de son passé (hélas ils n’étaient guère nombreux), le présent n’était pas terrible. Elle mit donc tous ses espoirs dans l’avenir. Et un jour, on frappa à sa porte, elle alla accueillir le visiteur avec le sourire : c’était l’assureur qui l’avait secourue et qiui venait prendre de ses nouvelles et si possible placer une assurance. Ils papotèrent, elle signa une assurance, ils se revirent et une idylle naissa et elle pensa enfin à l’avenir sans colère……

    



  8. oholibama dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir. Puis s’en était prise au passé sur lequel elle avait craché. _ Tu me dis toujours de voir grand, de voir loin, ben quoi! c’est ce que j’ai fais…et alors? Tu sais quoi? Rien, rien du tout. Toutes tes finesses d’esprits, tout tes coups montés à l’endroit ou à l’envers, tout ça, y a plus rien. T’es ou maintenant, tu m’avais pourtant promis, tout on avait tout et tu ne me laisse rien. Va, va, retourne toi, juste une fois et dis moi ce que tu vois! Moi, moi mon grand je vois plus rien, juste le néant alors l’avenir, le passé tout ça c’est du vide. Laisse moi.

  9. Emmi A dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir.
    Puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché. Elle se sentait désormais le détester.
    Mal lui en pris en s’emparant de tous ses bons sentiments par un excès d’envie.
    Son orgueil étouffé se libéra pour faire une razzia sur son passé qui lui sembla si plat.
    Mais n’en était ce pas moins que de l’avarice que de vouloir changer ce qui a été ?
    Car à trop vouloir ce que l’on a pas, ou à regretter ce que l’on a pas eu, on se gave de ressentiments.
    Aussi commença t-elle a sentir que la gourmandise pouvait être un bien vilain défaut…
    Beaucoup se perdent dans la luxure par trop d’excès et de paresse.
    Aussi ses accès de mauvaises pensées la fit terriblement trembler et elle se vit courir au gré de ses idées pour se délester de ses sept péchés capitaux!
    C’est alors qu’elle se réveilla en sursaut…
    Heureusement y avait il toujours un vieux réveil pour qu’elle puisse remettre ses idées en place après s’être autant défoulée dans ses rêves…
    Elle était alors prête un bien démarrer la journée et envisager sereinement l’avenir.
    Et c’était bien là sa meilleur vertu !

  10. Beryl Dey Hemm dit :

    Son passé ne lui laissait pas que des bons souvenirs. Son avenir lui paraissait bouché. Alors elle insulta l’avenir, avant de cracher sur son passé. Mal lui en prit : Aussi soudainement qu’une averse en été, elle, qui était archéologue et se plaisait à faire revivre les civilisations prestigieuses des temps anciens, vit l’écran temporel s’éteindre, comme si une panne d’électricité avait brusquement plongé le cinéma dans le noir en plein film. Elle secoua la tête, se massa les tempes pour se détendre, ferma les yeux pour se concentrer, et les rouvrit sur un univers vide. Elle ne savait plus d’où elle venait, ne se reconnaissait pas dans les miroirs, encore moins sur les photos, ignorait où elle allait et ce qu’elle ferait le jour suivant. Ces questions même n’avaient plus de sens. Seul subsistait le présent, et encore, réduit à l’instant même. Sa main gauche ignorait ce que faisait sa main droite pour peu qu’elles ne soient pas synchronisées.
    Quant au monde romain qui jusque là occupait son horizon professionnel, il lui paraissait dorénavant pure fiction. Elle essaya de se souvenir, consulta son agenda : Elle devait présenter dans trois mois sa thèse sur la céramique antique mais ne voyait plus ni l’intérêt du sujet ni son utilité pour elle.
    Incapable désormais de se projeter dans le futur, son horizon se limitait au pas qu’elle allait faire et qui effacerait du même coup le pas précédent. Prise de vertige, ivre d’angoisse, la tête lui tournait. Elle s’assit et regarda un moment les passants dans la rue. Leurs déambulations semblaient rythmer le temps, mais comme l’eau d’un fleuve qui s’écoule, sans commencement ni fin, vers nulle part. Plus de demain donc plus d’hier, plus de racines. Seule, la dictature de l’instant.
    Elle devait sortir de ce cauchemar.
    La nuit tomba avec la rapidité d’un rideau tiré sur le monde et un vent violent se mit à hurler : l’air du temps cherchait à s’enfuir plus vite encore dans la volatilité de l’avenir.
    Alors elle se leva, campa sur le sol les plantes de ses pieds et tendit ses paumes vers le ciel. Elle prit conscience des branches aériennes qui naissaient de ses doigts antennes, autant que des racines profondes plongeant de ses orteils dans la terre grasse. Elle sentit pousser au bout de ses doigts de nouvelles promesses d’avenir et au bout de ses orteils des ancrages dans le passé du Monde. Et son tronc long et dru assurait la liaison entre l’un et l’autre.
    Elle se réconcilia avec elle-même en se laissa porter dans les limbes du Temps, où son esprit qui autrefois flottait à tout vent entreprit de rapprocher Avenir et Passé.
    Le vétéran des arbres de la planète est depuis 5000 ans le gardien de la mémoire du monde. Et il veille tel une sentinelle sur la Terre et le ciel, garant de la sagesse des Anciens et promesse de jours sourires.

  11. patricia dit :

    L’avenir,cette belle inconnue
    reçut une flot d’insultes
    qui emporta tout sur son passage
    noyant tous ses espoirs

    Puis elle brûla ses souvenirs
    méthodiquement de son fer à repasser
    sur lequel elle se mit à cracher
    pour éteindre la braise de son enfer

    Cette braise qui rougeoit
    dans l’ombre de la nuit
    pendant que les âmes torturées
    n’arrivent pas à dormir

    Mal lui en pris;
    Le venin de sa haine
    raviva les cendres et
    le feu reprit de plus belle
    dans son coeur malheureux

    Brulée au dernier degré
    elle se consuma en cris
    dans un orgueil démesuré
    elle mit un terme à sa vie.

  12. Sylvie dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché. Mal lui en prit. Elle avait déversé toute sa rancœur, fait éclater la haine qui couvait en elle depuis trop longtemps, loin, très loin au fond d’elle-même, sous des couches extérieures endormies. Depuis sa naissance, son bouillonnement intérieur remontait régulièrement à la surface, à certains points de son corps où il laissait quelques cicatrices, mais jamais depuis sa naissance, elle n’avait exprimé sa colère comme ce jour maudit.

    Ce jour-là, avec la complicité des éléments, elle généra des courants de malheur, emportant tout sur leur passage. Ses cratères hurlèrent scories et étincelles, injures qui résonnèrent dans tout l’univers. Elle trembla tellement qu’elle fit tomber les ouvrages d’art, engloutit des villes entières, détruisit les plus beaux atours dont on l’avait paré mais qui la rongeaient intérieurement peu à peu. De désespoir, souffrant du trop lourd poids de la vie sur elle, elle était prête à la détruire, à s’autodétruire, disparaître, se faire happer par un trou noir, se donner au vide et à l’antimatière. Tempête dans l’univers. Le passé était irrémédiable, la planète s’éteignit pour l’éternité. Mais l’avenir lui n’était pas rancunier. Un jour viendrait où tout recommencerait, la vie n’avait pas dit son dernier mot.

    ©Sylvie Wojcik

  13. billy elliots dit :

    Son passé avait été vraiment dur, enfin pas vraiment dur mais pas évident.
    Elle comprit ce jour là que son avenir serait plus dur que son passé.

    Alors elle passa à autre chose…

  14. Clémence dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir, puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en pris…

    Il y a longtemps, il y a une éternité peut-être….
    Elles étaient nées, filles de la terre. Elles étaient sœurs.
    Elles aimaient se retrouver sur les terrasses, à l’ombre des oliviers.
    Elles étaient libres et sauvages.
    Elles avaient un port de reine et une chevelue pareille aux posidonies ondulants sous les eaux turquoises.

    Un matin de grande colère, l’une avait insulté l’avenir qui s’annonçait terrible.
    Noir de guerres, de terreurs et de violences contre la terre et les hommes.
    Elle croulait sous les présents offerts en échange d’un avenir meilleur qu’elle ne pouvait prédire
    Elle n’en pouvait plus de ceux qui se resserraient autour d’elle, la harcelaient et l’imploraient.
    Un jour de grande colère, elle coupa sa chevelure, enfila une robe de lin et se retira.
    Elle changea de nom. Son amant, beau comme un dieu, l’appelait désormais Delphine.

    Par un après-midi de grande colère, une autre fille de la terre, s’en était prise au passé.
    Un passé lourd d’immobilité, de tétanie, de pétrification.
    Un passé étriqué par trop de traditions.
    Un passé sclérosé qui empêchait tout éclosion.
    Elle n’en pouvait plus de tous ces gens qui la vilipendaient mais fuyaient son regard.
    Un jour de grande colère, elle coupa sa chevelure sauvage et jeta sa tenue aux serpents.
    Elle s’en alla, sans se retourner. Elle changea de nom.
    Ses consœurs, lors de leur initiation au pouvoir féminin, l’appelèrent Médusine.

    Un soir de grande colère, la troisième, la plus redoutable, la plus horrible, se prit à insulter le futur et le passé, leur reprochant d’être si imparfaits.
    Elle leur reprochait de l’avoir saturée de toutes les laideurs et imperfections de la terre.
    Le passé tenta d’écraser ses propos outranciers.
    Elle se tut un instant, mais une autre voix s’éleva plus forte.
    L’avenir tenta de couper court .
    Elle se tut un instant, mais une autre voix gronda, telle une eau malsaine se déversant sans cesse.
    La terre souffrait.

    Une nuit, une nuit de grande colère, trois hommes voulurent que l’histoire s’arrêta là pour les trois sœurs.

    La première fut assassinée par son Apollon.
    La seconde, décapitée, devint trophée sur le bouclier de Persée.
    La troisième, hydre aux deux têtes, a survécu.
    Elle n’a de cesse d’épandre son fiel sur une terre qui tremble de son passé et frémit devant son avenir.

    © Clémence

  15. Christine Macé dit :

    Il fait gris ce jour-là. De ce gris de plomb qui tombe sur le cœur et vous met le brouillard aux idées pour toute la journée. Il faudrait se lever, faire quelque chose, même d’inutile. Donner l’impression d’exister. Mais pour qui et pourquoi ? Elle a le ciboulot en maraude et les idées plus noires que son café amer.
    L’avenir : ah, le joli mot ! Un truc de diseuse de bonne aventure. Censé vous faire oublier les fluctuations d’un passé qui fond comme les marques sur le sable après la marée. Aucune raison que la vie s’améliore vu le bilan de la sienne. Des mois, des jours, des minutes et des secondes périmées dont personne, ni elle, ne se souviendra.
    Elle regarde son chat qui baille. Pas franchement engageant.
    Deuxième café, les neurones se mettent en place. Déjà dix heures. Dehors on entend le silence si particulier du dimanche, un jour exécrable qu’on aurait dû rayer de la semaine depuis longtemps : un de moins à vivre, toujours ça de gagné.
    Elle sent qu’ils ne vont plus tarder à se pointer ses foutus souvenirs qui lui collent le blues. Dire qu’elle a été… Non et non ! Elle ne cédera pas à l’affreuse montée des eaux qui embue déjà ses yeux. Secoue-toi ! Et toi, l’avenir : qu’est-ce que tu as à dire pour ta défense ? Qu’est-ce que tu me réserves qui ne fonde irrémédiablement dans un passé détestable ? Hein, dis-le ! Défends-toi ! Evidemment, tu préfères le silence, c’est tellement plus commode. Tu voudrais que je te sourie peut-être ?! Que je te dise béatement « va, je te suis, c’est toi qui fais la route ! » Non mais regarde un peu derrière : il suffit de voir la gueule du passé et moi qui finis toujours dans des impasses. Que dis-tu ? Qu’il m’aurait suffi d’éviter les chemins de traverse, de rentrer dans le rang en suivant les flèches ! Dis donc, on dirait que tu me fais la morale ! Facile, surtout quand on n’existe pas : ni vu ni connu, ça sent l’embrouille !…
    Onze heures. Résignée, elle se lève en marmonnant, glisse sur la carpette et se fend la tête contre le mur.
    Depuis, elle a perdu la boule et fait table rase du passé. C’est tout juste si elle se souvient de son nom et elle mélange les jours, les heures sans jamais penser à l’avenir. Tout est si simple finalement.

    Bon dimanche ensoleillé, Christine

  16. saheb dit :

    Un jour de grande colère , elle avait insulté l’avenir ,puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en prit…
    Elle se souvient de ce passé glorieux qui l’avait accueilli dans ses bras.
    Il était certes un peu démodé , voire vieillot , mais il était porteur des jours heureux , du bon vieux temps!
    Au fil des années , elle le trouva terni , flétri .
    Il regardait sans cesse en arrière ,sa vie jalonnée de souvenirs , de mémoires , de reliques .
     » Autrefois ,jadis , hier, naguère,  » ressassait-il , à chaque fois qu’ils étaient avec des amis et même dans l’intimité.Cela finit par l’agacer.
    Elle se dit : le carrosse du passé ne me mène nulle part!
    Il essaya d’être parfait, il fit de son mieux, se surpassa mais le plus que parfait ne combla pas Madame;
    Insatisfaite , rêveuse , les prémices du futur réveilla ses émois, ses aspirations, ses espérances…
    Elle se voyait déjà dans les prédictions de cet avenir prometteur , berceur d’illusions et de promesses .
    Le passé se dit-elle ,c’est de l’histoire ancienne.
    Le prochain dans ma vie , sera , viendra ,existera , arrivera ; mes rêves se produiront.
    A l’avenir , je ne me retournerai plus jamais vers le passé.Elle tourna le dos à ce dernier qui en fut trés touché :le poids du chagrin lui courba l’échine .Il s’enlisa dans le sablier du temps et attendit.
    « ON revient toujours sur les traces du passé « 

  17. Nadine de Bernardy dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir,puis s’en était prise au passé sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en pris car ces deux-là étaient susceptibles,se plaçant au-dessus des critiques et des remises en question de ces êtres périssables dont ils géraient l’existence.
    Ils ne pouvaient se rencontrer, mais internet n’étant pas fait pour les chiens, un premier mail fut envoyé de
    lavenir.a-venir@orange.com
    à
    lepassé.interprétatif@yahoo.fr

    monsieur
    nous nous connaissons de réputation et la vôtre n’est pas à remettre en cause.J’ai eu vent des diatribes inadmissibles dont vous faites l’objet de la part d’une femme en colère ,sous prétexte que vous lui fûtes défavorable:
    pauvreté,maltraitance,injustice auraient jalonnées sa vie depuis sa venue au monde.
    Tout cela reste à vérifier et quand bien même,qu’y pouvez-vous?
    Comme disait ma grand’mère: le passé c’est le passé.
    Nous ne sommes tous deux en aucun cas responsables de ces vies de misère malgré le tendance des hommes à penser que je découle moi, l’avenir, de vôtre contenu.
    Elle avait la possibilité de prendre le taureau par les cornes en utilisant sa colère comme un moteur pour son existence, pour construire avec mon soutien quelque chose de positif n’est-ce pas?
    Mais elle choisi de diriger sa vindicte contre moi également .et je pense qu’il faut river son clou à cette vitupérente.
    En attendant votre réponse je vous adresse mes salutations dès hier.
    lavenir

    Le passé interprétatif réponse

    Cher lavenir,j’ai lu demain votre mail qui m’a réconforté ,car depuis que cette aigrie a commencé à déverser sur moi son fiel, je suis très en colère moi aussi.Jamais de ma longue vie de passé je n’avais été attaqué.
    Les gens se le reconstruisent à leur manière et choisissent d’en cultiver telle ou telle facette selon leurs souvenirs.
    J’ai recherché dans mes dossiers,en fait cette personne n’a pas vécu une vie si noire que cela.Certes, elle est née dans une banlieue défavorisée,son beau-père le frappait,mais seulement de temps en temps.Elle a enchaîné les petits emplois sans intérêt dont elle s »est fait licencier plusieurs fois,ses amoures furent calamiteuses .
    Mais que pouvait espérer cette femme sans ambition et pas gâtée par la nature de surcroît.
    Elle a oublié cette grand’mère aimante qui l’a recueillie; que ses amis admiraient son côté casse cou et ses pitreries.Elle a passé sous silence la demande en mariage sincère d’un de ses collègues qu’elle n’a pas trouvé assez bien pour elle etc … etc…
    Je pense donc comme vous qu’elle mérite un avertissement.Voyons cela ensemble.
    Amicalement.
    lepassé

    lavenir.à-venir,réponse

    ravi de votre mail.J’ai beaucoup réfléchi et vous propose une sanction que j’envisage temporaire pour cette mécontente qui doit être en souffrance en fin de compte.
    Condamnons la donc à vivre uniquement au présent pour un bout de temps Plus d’hier,pas de demain,à revivre toujours le même jour.Le concept est séduisant et a déjà fait ses preuves dans d’autres circonstances.
    Et ceci tant qu’elle ne nous aura pas présenté d’excuses et promit de cesser ses attaques.
    Qui’en pensez-vous?
    A hier cher ami.
    lavenir

    lepassé interprétatif – réponse

    La semaine prochaine j’ai lu votre message. Parfait cher lavenir,il fallait y passer,heu pardon ,y penser.Donnons lui une bonne semonce mais sachons être à son écoute dès que,comme je l’espère, elle fera amende honorable.
    Nous pouvons être magnanimes car nous possédons ce qu’elle ne connaîtra jamais : l’Eternité. Autant qu’elle apprenne à profiter du temps qu’il lui reste à vivre.
    A bientôt sur le Net pour la suite des évènements
    Bien à vous
    lepassé

  18. Un jour de très grande colère,
    Elle avait insulté l’avenir.
    puis s’en était prise au passé,
    sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en pris…

    Ce jour où, altière
    Elle a cru parvenir
    A faire fléchir la terre
    Et la faire ralentir…

    [Même si la planète
    Traîne dans sa rotation, faut pas lui prendre la tête
    Sinon, gare à la sanction]

    Elle fut bien punie
    De s’être interposée
    Elle fut même bannie
    Du grand calendrier

    Depuis ce jour de colère
    L’avenir et le passé
    Lui ont intercalé
    Une place éphémère

    Une fois tous les quatre ans
    Elle peut sortir du rang
    Vous pourrez la saluer
    Le 29 février…

  19. Jean Louis Maître dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir puis s’en était prise au passé,
    sur lequel elle avait craché.
    Mal lui en prit…

    Désormais attachée aux seuls cadeaux que lui réservait le présent, Capucine observait le miroir qui lui renvoyait l’image d’une jeune femme désirable en jersey rouge. Le menton appuyé sur le poing, la moue boudeuse, elle cherchait la ride véloce qui, très sournoise, approche avec ses trois copains, copine : En tête des trois mousquetaires de la décrépitude, la pesante graisse… – bon, là, elle maîtrisait ! De toute façon, chez Givenchy, c’était taille 38, et puis, c’est tout ! Même si Hubert l’aimait beaucoup ! –. Suivie par Porthos, le menton triplé… – d’où la pose du menton sur le poing ! C’était devenu une habitude, chez Capucine, et c’est ainsi que Capa l’immortalisa à 22 ans sur un balcon, à Rome, sans imaginer que 40 ans plus tard, à Lausanne, du haut d’un autre balcon… mais n’anticipons pas ! –. Et pour boucler la boucle, en plus sournois, le muscle avachi !
    Bon, là ! il faudrait composer …
    Sacré Raymond !
    Il se fichait bien d’elle, le poète qui persistait à l’appeler « Fillette » ou » Germaine ».
    Elle n’aimait pas.
    Qu’il l’appelât « Germaine » !
    Car, Raymond, elle l’aimait !
    Mais pas « Germaine » !
    « Germaine », c’était le passé. Toulon, Saumur. Cette repoussante France profonde. Son passé à elle. Et le passé, elle avait craché dessus ! Elle prenait bien la lumière, Capucine, et la lumière, c’est à Paris qu’on la prenait le mieux, surtout quand on était servi par Henri. Henri Alekan.
    – Ma chérie, lui avait glissé un jour à l’oreille la svelte Audrey, – Raymond disait « squelettique ! ou l’appelait « La raie au beurre noir ! »» – . C’était lors d’un défilé, alors qu’elle déposait un délicat baiser sur sa joue poudrée, « Hollywood t’attend ! »
    – Si c’est pour retomber sur un Peter à la voix de Popeye, merci ! Une fois m’a suffi ! lui renvoya-t-elle en maîtrisant mal sa colère.
    – Il ne faut jamais dire : « …
    – Oh, ça va Raymond !
    Capucine était distinguée, certes, mais sensuelle, et ses sens prenaient souvent le dessus, notamment avec Raymond.
    Et elle aimait Raymond.
    Le temps venu, il lui ferait des enfants.
    Capucine fit une croix sur Hollywood.
    Mais l’avenir qu’elle avait insulté la rattrapa.
    L’avenir s’appelait William, il était alcoolique, bourru et marié.
    Bon, Raymond aussi était marié.
    Mais William ne pouvait pas avoir d’enfant, lui.
    Irrémédiablement.
    C’était à La Mostra. Leur rencontre.
    William était rayonnant. « La Tour des Ambitieux » venait de remporter le Prix spécial du jury. Sur la scène, avec toute la distribution, il éblouit Capucine.
    Il venait d’être quitté par Audrey.
    Qui voulait des enfants, elle aussi.
    William emmena Capucine à Hollywood.
    Ça dura deux ans.
    Il n’y eut jamais d’enfant, mais un balcon, à Lausanne, 40 ans plus tard, d’où Capucine, toujours taille 38, décida que la ride véloce et ses trois sournois copains, copine avaient terminé leurs manœuvres d’approche.

  20. Christophe Le Sauter dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir, puis s’en était prise au passé, sur lequel elle avait craché. Mal lui en pris,
    Le passé était plutôt rancunier et quand il vit que Colombine le dénigrait, il décida de lui jouer un mauvais tour. En recherchant quelque chose qui pourrait l’embêter il remonta aussi loin qu’il put. Il avait un grand pouvoir, si grand qu’il pouvait agir dès la naissance sur la destinée de quelqu’un. Il fit un effort pour aller encore plus avant, et intercepta le spermatozoïde qui avec l’ovule devait donner vie à Colombine.
    Que pouvait-il faire ? Lui donner une autre couleur que sa pâleur européenne ? Changer sa nationalité et lui faire apprendre une autre langue ? Lui donner un frère jumeau qui chiperait ses jouets ? Lui donner une grande taille ? Une petite ? Un handicap ? Une claudication ?
    Non il allait changer son sexe, en homme elle naîtrait. Mais garderait son nom, son métier, son mariage, elle garderait aussi ses vêtements, son maquillage, ses talons hauts, ses menstruations, sa voix. Il allait bien rigoler.
    Colombin depuis bien des années, était pour le corps médical un grand mystère. Qu’il eut des aspirations de femmes, Dieu merci, à cette époque cela pouvait se comprendre. Que le pouvoir du cerveau puisse rendre malade un hypocondriaque en parfaite santé, certes, mais qu’il puisse tous les mois faire saigner un homme au prétexte qu’il veut être femme, là, c’était la goutte qui faisait… polémique. Aussi quand vint l’andropause ou plutôt la ménopause, enfin bref quand il devint vieux, elle fut ou plutôt il fut, soulagé(e). De sorte qu’il remercia le ciel.
    Pour une fois le sort qui s’acharnait depuis tout ce temps, enfin, levait un peu le pied. Il en avait eu des difficultés dans sa vie, Colombin. D’abord il du imposer son choix d’être une femme plutôt qu’un homme. Il dû affronter la faculté, qui voulait faire des expériences et comprendre le phénomène qui l’indisposait tous les mois. Il dû expliquer, que pour lui s’habiller en femme était vital, comme se maquiller, comme son choix de devenir couturière. Puis assumer son coup de foudre pour Raymond. Ah ! Raymond. Qu’aurait-il fait sans Raymond ? Son compagnon depuis tout ce temps, qui l’avait aidé à surmonter tous les tracas quotidiens. Qui avait partagé sa vie, ses joies, ses emmerdes. Raymond qui l’avait aimé comme personne. L’homme de sa vie quoi.
    Colombin faisait le point maintenant. Avec l’âge, il était devenu d’une gentillesse à toute épreuve, d’une tolérance exemplaire et était simplement heureux d’avoir pu vivre un amour pareil. Il se réjouissait d’être en vie en bonne santé et de pouvoir embrasser Raymond tous les matins. Ils allaient d’ailleurs se passer une retraite heureuse. Oui l’avenir était merveilleux et il remercia son passé de l’avoir mené jusque-là.
    En voyant cela l’avenir et le passé se consultèrent.
    – Tu vois ce que j’ai fait, dit le passé ?
    – Super bien, dit le l’avenir, il faudrait généraliser.
    – Tu as raison je vais changer le sexe de tout le monde.
    – Cela va être long, par qui vas-tu commencer ?
    – Par tous ceux qui vont lire ce texte.

  21. durand dit :

    Un jour de grande colère, elle avait insulté l’avenir. Puis s’en était prise au passé sur lequel elle avait craché.

    Mal lui en pris! Cette guerre lui paraissant si longue, 2 ans déjà, pour le passé, c’était de la pisse de moineau, de la crotte de diptère.

    24 mois de haine aveugle, de surdités fabriquées, de rentre dedans, surtout dans elle, ça lui avait brouillé l’intimité de la réflexion. Tout ce qui la combattait puait. Les ruisseaux d’hostilité débordaient de son lit. Elle ne parvenait plus à ramer ni pour freiner le cours des évènements ni pour aller de l’avant. Tout arbre devenait le possible d’une embuscade. La nécessité de tuer pour survivre lui embuait la tête.
    La rancune ne lui soufflait que des horreurs. Elle ne contrôlait plus sa surchauffe, tranchait dans la chair de tout étranger, juste un peu moins noir ou peut être légèrement plus blanc.
    Elle ne se fiait plus qu’aux ordres absurdes de ses hostilités.

    Le passé la chopa par l’épaule: « Eh petite, toi qui sait si peu de l’école et rien de l’histoire, ça te dirait une guerre de 20, 40 ou 100 ans. Une de ces barbaries jamais retransmises à la télé, une détruisant des peuples par paquets de 100 de 1000, à l’époque où le boulier saturait au-delà d’un certain nombre.

    La pâtée humaine ne valait guère plus qu’un cuisseau de zèbre ou un ragoût de singe.
    Peu d’enfants survivaient à la première guerre de la survie. Et la femme incapable de cueillir son quota de graines était égaré sur le bord du chemin.
    Alors , ne te plaint pas, profite de l’évolution du monde, fais tes devoirs, plie bien en quatre la feuille de tes poèmes. Avale-la, car personne n’aura de temps pour la lire!

    Marche, Marche, fais ton devoir de guerre! »

    A l’époque, elle n’avait que 12 ans. L’Afrique était son seul continent et elle n’imaginait pas la mer.

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