L’illectronisme un avatar de l’analphabétisme

Vous avez dit « illectronisme » ?
Non, ne cherchez pas dans votre dictionnaire, ce néologisme signifie tout simplement « Analphabétisme électronique ». Selon le sénateur socialiste Pierre Camani, cette déficience toucherait 10 millions de Français, et d’après les estimations du ministère de la Recherche et de l’Économie numérique, notamment dans les zones rurales.

L’élu du Lot-et-Garonne propose de détecter systématiquement chez les jeunes adultes, lors de la Journée défense et citoyenneté, par des tests, cette forme d’illettrisme.

Pour lui, « Être incapable de naviguer sur le Web ou d’envoyer un mail peut être handicapant, au même titre que ne pas savoir lire. » (Cité par la revue d’informatique 01 Net n°851).

Dans son amendement au projet de loi numérique, ce serait l’occasion de mesurer l’illectronisme, à travers de petits exercices comme par exemple l’utilisation d’un traitement de texte. En cas de résultats insuffisants, toujours selon 01 Net, le jeune adulte pourrait passer le Passeport Internet et Mutimédia (PIM) et se former dans un lieu de médiation numérique labellisé par l’État.

À moins que vous ne trempiez encore votre plume d’oie dans l’encre (plume d’une bestiole non touchée par la grippe aviaire bien entendu !), reconnaissez que vous ne pouvez plus vous passer d’un traitement de texte, donc d’un ordinateur. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, les ordinateurs, Mac ou pas sont d’un usage aisé. Certes les temps héroïques des atroces MO5 et TO6 qu’on a infligés à toute une génération de pauvres gamins est révolu. Mais, maîtrisez-vous votre traitement de texte ? Je suis persuadé qu’un grand nombre de professionnels de l’écriture n’utilisent que 5 % des ressources de  Word.  Seriez-vous prêt à passer le test préconisé par le sénateur cité plus haut ?

Cette information m’a peut-être échappé, mais je n’ai pas lu d’échos au sujet de ce projet de lutte contre l’illectronisme dans les journaux… littéraires. Si je n’étais pas lecteur occasionnel de revues informatiques, l’information me serait passée au-dessus de la tête. Est-ce à dire que les « littérateurs » et autres intellectuels du verbe répugnent à parler de leurs « machines »  et de leurs logiciels ? Je me souviens d’un très ancien article de SVM Mac, la première revue consacrée intégralement au Macintosh, qui avait fait avouer à certains auteurs, que l’usage du traitement de texte avait modifié sinon leur style, mais surtout leur façon de travailler.

François de Closets, dans son pertinent ouvrage consacré à l’orthographe, « Zéro faute »*, plaide à la fin de son livre, notamment pour un enseignement et une maîtrise du traitement de texte à l’école.
Il rappelle, entre autres, que des logiciels tels que Word, Antidote ou Prolexis, etc. intègrent désormais des dictionnaires pour certains de 800 000 co-occurences !
Tout comme le piano ne fait pas le pianiste, François de Closets rappelle que « Pour écrire en totale sécurité orthographique, il faudra nouer un véritable partenariat avec l’ordinateur » l’enseignant et les élèves.

J’oubliais.  Savez-vous qu’il existe une flopée de logiciels d’aide à la rédaction de scénarios de films ? Je ne parle pas du contenu du film, mais de la mise en forme du texte. Étonnant non ?

Une dernière question : « Avez-vous déjà utilisé le détecteur de clichés de ce site ? ». Moi oui, et j’ai été bluffé !

En conclusion, prenons une bonne résolution (elles sont toujours bonnes les résolutions. Cliché ! Cliché ! Pléonasme !) en ce début d’année : refaire le tour de Word ! Et nous nous pourrons chanter : « We are the Word ». Ah mince, j’ai fait sauter le « l » entre le « r » et le « d » !

Auteur de cet article : Gérard Cénec

* « Zéro faute . L’orthographe, une passion française », J’ai lu, éditeur.

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

4 réponses

  1. Peggy dit :

    Bonjour Pascal,

    Illectronisme,me plait beaucoup car je suis effarée des fautes que je fais en rédigeant sur l’ordinateur. Comment trouve-t-on le test?

    D’autre part je passe mes textes au repetition detector, mais aussi au détecteur de clichés mais il n’arrive pas à ta cheville (cliché) en tant que détecteur de clichés !!!

    Merci pour cette info.

    Bonne journée

  2. Sylvie W. dit :

    Le danger, c’est qu’une fois « lectronisés » nous pourrions bien sombrer peu à peu dans l’illettrisme. La preuve : toutes les fautes que l’on peut faire à l’écran et que l’on ne ferait jamais sur papier car elles sauteraient aux yeux.
    Le traitement de texte est indispensable. c’est évident, mais ce n’est qu’un outil, ce n’est pas un substitut à la créativité ni au cerveau humain. A utiliser donc mais avec discernement.
    J’utilise Word à 5% tout au plus. Et alors ? Pour ce que j’ai à faire, je n’ai pas besoin de plus.

  3. I.levasseuri dit :

    Article très intéressant mais un peu long. Cela dit, j’ai découvert l’illectronisme

  4. oholibama dit :

    Bonjour Pascal
    J’ai pas tout assimilé mais bon pourquoi pas faire un test, tant qu’il ne sert pas à d’autre fin!
    Belle après-midi.
    y.

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