L’ombre de l’âne

Connaissez-vous l’histoire de l’ombre de l’âne ?

Nikos est un commerçant grec qui doit transporter des marchandises d’Athènes à une ville voisine.

Il loue un âne et le charge bien plus qu’il ne faut et entame son voyage route avec le propriétaire du pauvre animal.

Quelques heures après, écrasé par la chaleur du soleil, il s’arrête, épuisé. La soif lui brûle la gorge. Le propriétaire de l’âne est bien harassé, lui aussi. Seul l’âne, écrasé sous le poids des marchandises et prisonnier de son pelage, continue de se taire.

Nikos regarde tout autour : rien. Pas un arbre sous lequel s’abriter, pas un ruisseau où s’abreuver, que le sol brulant s’étendant à perte de vue. Et le soleil aveuglant dans un ciel sans aucun nuage.

Soudainement lui vient une idée. Il décharge l’âne et s’allonge dessous, dans son ombre. Le propriétaire fulmine et le déloge de là à grands coups de pieds :

« Dégage ! Tu n’as pas le droit !

– Comment ça, je n’ai pas le droit ? Je t’ai bien loué l’âne, non ?

– L’âne, oui, mais pas son ombre !

– Hein ? Mais je t’ai loué l’âne complet… »

S’ensuit une bagarre entre le propriétaire de l’âne et Nikos. Si bien qu’au retour l’affaire est portée devant les tribunaux.
Savez-vous comment l’histoire finit ?

En fait, on ne le saura jamais ! Car cette histoire d’âne fut en réalité rapportée par Démosthène, grand orateur de la Grèce antique, qui devait défendre un jeune athénien injustement condamné pour meurtre.

Alors que les jurés s’endormaient, il interrompit sa plaidoirie et commença à leur raconter cette histoire d’âne loué, puis s’en alla avant même de l’avoir terminée.

Les jurés tentèrent de le retenir, tout le monde voulait connaître le fin mot de l’histoire, ce à quoi Démosthène répondit écœuré : « Quand je vous parle de l’un de vos concitoyens dont la vie est en jeu, vous n’écoutez rien. Mais vous m’accordez enfin votre attention quand je vous parle… de l’ombre d’un âne ! »

Que faut-il retenir de cette histoire ?

C’est simple. Pour capter et séduire le public avec un livre, vous devez lui raconter une histoire originale et surprenante.


Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

4 réponses

  1. 🐀 Souris verte dit :

    🌞 heureusement le soleil brille pour tout le monde !

    Quel est l’avis de l’intéressé à savoir l’âne.

    Comme le soleil tourne… Ouf !
    🤕🤒😰 🐀

  2. Pompelair dit :

    L’ombre de l’âne : cette fait penser à celle du rôtisseur de poulet qui réclame au mendiant le paiement de l’odeur du poulet qu’il a humée,
    le mendiant le paie en faisant tinter sa pièce de monnaie.

  3. Fanny Dumond dit :

    Merci beaucoup Pascal pour cette belle tribune philosophique sur notre capacité d’écoute et d’empathie. J’aime beaucoup votre conclusion de cette histoire qui pourrait s’intituler : l’ombre de l’âne ou comment capter l’attention d’un lecteur. Et je ne sais pourquoi, je vois une belle métaphore dans le titre !

  4. Françoise-Gare du Nord dit :

    Une histoire originale et surprenante certes dont on ne connaît pas la conclusion mais le plus important c’est que cette histoire-là nous interroge sur nos valeurs ?
    A qui appartient l’ombre ? Au propriétaire ou au locataire de l’âne ?

    Un autre historie qui nous interroge sur nos valeurs.

    Une famille de trois enfants
    L’aîné, astucieux et bricoleur, fabrique une flûte mais il ne sait pas en jouer
    Le second prend des cours de flûte il est doué mais n’en possède pas pour s’exercer
    Le troisième n’a rien. Il hérite toujours des jouets de ses aînés, cassés ou démodés, avec lesquels il ne peut rien faire

    Le premier revendique la flûte puisque qu’il l’a fabriquée. C’est le travail qui est récompensé

    Le second lui répond qu’il n’en ferait rien alors que lui sait jouer de cet instrument, pourrait s’entraîner et ainsi se perfectionner. Ici, c’est le talent qui est reconnu

    Le troisième explique que lui n’a rien, aucun jouet qui lui soit propre et exige la flûte. Là c’est le besoin qui est pris en compte

    A qui revient la flûte ? Que doit-on récompenser ? Le travail, le talent ou le besoin ?

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