Exercice inédit d’écriture créative 74

Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car…
  Imaginez une suite

13 réponses

  1. Clémence dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus. Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car…

    De longs mois de mauvais temps s’étaient succédé, comme dans sa vie. Sur le quai du port, j’entendais une litanie de doléances : trop de vent, pas de vent, de la houle, des vagues trop hautes , de la pluie…
    Ils s’interrogeaient mutuellement pour savoir quand reviendrait le jour où le grand large leur reviendrait.

    J’étais détrempée, malmenée et chahutée malgré mon nouvel habitacle. C’est avec plaisir que j’ai entendu avril se noyer avec ses poissons et ses blagues douteuses. C’est avec satisfaction que j’ai senti mai arriver, radieux comme un sou neuf.

    Le soleil était enfin revenu avec ses couleurs criardes et ses envolées de brouhaha estival. Je savais combien le bonheur était imminent.

    Il a commencé avec des va-et-vient, des vérifications, des ajouts, des corrections, du lessivage…
    Il a continué avec des chargements de bacs colorés et annotés.
    C’est presque l’apothéose.Elle est là. Elle monte à bord, sac au dos. Elle, ma douce amie, ma maîtresse.
    A l’aurore, Elle largue les amarres…
    Les amis saluent le départ à renfort de mouchoirs et de chapeaux. Le voilier glisse doucement, se faufile vers la sortie et prend le large avec allégresse.

    Les rivages ont disparus. Elle s’est assise sur le pont, les bras entourant ses jambes repliées. Elle s’accorde une pause de quelques instants. Le soleil passe de l’orange à l’or.

    Elle lève les yeux et me regarde, moi, la grande voile. Je suis l’amie fidèle, celle qui l’aidera à déployer ses ailes, celle qui l’encouragera à croire en une vie nouvelle, au-delà de l’horizon.

    Jeux d’ombres et de soleil. Comme ma vie…

    J’ai quitté une ombre . Celle qui m’oppressait et m’étouffait.
    Aujourd’hui, j’en retrouve une autre, plus claire, plus joyeuse. Celle qui s’amuse avec le soleil et claque dans le vent du large. Moi et mon ombre, on ne se quitte plus…

    Jeux d’ombre et de soleil. Comme sa vie…

    Elle a découvert ses ombres, les a affrontées, les a accueillies. Son soleil est revenu. Ses ombres sont moins ténébreuses.

    La nuit, sur l’océan, mon ombre se confond avec moi.

    La nuit, son ombre s’éveille doucement et la rejoint. Ensemble, elles s’installent dans le petit poste. Je les entends. Elles se racontent leurs souvenirs, chacune dans leur version. Les mots se tissent, se tressent. Leur dialogue s’essouffle.
    Le « je » remplace le nous.
    Les projets remplacent les déceptions et les trahisons.
    Discrètement, son ombre met les voiles…

    Sans l’ombre d’un doute, c’est l’histoire d’une autre vie qui, déjà commence.

    Je l’entends murmurer ce magnifique poème de William Blake.

    « Je suis debout au bord de la plage
    Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.
    Il est la beauté et la vie. Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
    Quelqu’un à mon côté dit: « Il est parti » Parti vers où ?
    Parti de mon regard, c’est tout.
    Son mât est toujours aussi haut.
    Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
    Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
    Et au moment où quelqu’un auprès de moi dit :   « Il est parti» 
    Il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
    S’exclament avec joie:  « Le voilà ».
    C’est cela la mort. »

    Un très long silence. Puis, à voix claire, elle reprend :

    « Et au moment où quelqu’un auprès de moi dit :   « Il est parti» 
    Il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
    S’exclament avec joie:  « Le voilà ».

    – Oui, me voilà…

    Son regard s’illumine, l’horizon se déchire. Le soleil se lève.

  2. Sabine dit :

    Un patient à son psychiatre :
    « -Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus. Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car je l’entends. Parfois même, elle me parle. Lundi dernier, j’en ai fait part au hibou du grenier, mais il se moqua de moi : « La nuit, il n’y a pas d’ombre, j’en sais quelque chose. Demande plutôt à la souris si elle ne te fait pas une blague. » J’appelai aussitôt la souris et lui demandai : « Sais-tu, petite souris, si les ombres vivent la nuit ? Et toi, que fais-tu la nu…. » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase, le hibou fondit sur la souris et l’emporta. Désemparé, je retournai me coucher et finis par m’endormir.
    La nuit d’après, quand le fantôme de ma grand-tante vint me visiter, comme tous les mardis, je lui demandai de me parler des ombres de la nuit. Elle en rit encore : « Des ombres ? Mais regarde autour de moi : ça n’existe pas, les ombres. » Je me suis même confié à mon chien ; mais ça ne parle pas, un chien. Ca ricane.
    Alors je dors avec mon ombre. J’en fais des cauchemars la nuit, j’en ai des hallucinations le jour, je…
    – C’est tout pour aujourd’hui, la séance est terminée, Monsieur Edgar Poe. Allez donc rendre visite à Mr De Maupassant. Il vous fera part de son expérience avec le Horla. Ca va aller, Mr Poe, ça va aller… »
    ©Margine

  3. Gwenaëlle dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car…effectivement quand il fait nuit, elle joue au chat et à la souris. Un coup j’la vois, un coup je ne la vois plus. Elle s’en va puis elle revient. La nuit est son espace de liberté. Soudain à la lumière d’un réverbère, elle est là, elle me suit, puis elle me passe devant, s’étire et … repart. Elle est très joueuse mon ombre ! Si je marche sur un trottoir par une nuit sans lune et qu’elle m’a quittée, il suffit qu’une voiture s’approche, aussitôt, elle apparait, longue, infinie puis se transforme pour finir toute petite à mes pieds. J’aime la voir, j’aime qu’elle soit là, qu’elle se joue de moi, qu’elle s’étire, qu’elle se tasse. C’est la nuit qu’elle est le plus en forme. Elle s’élance, va toucher le réverbère éloigné, revient se blottir le long de mes jambes, puis file caresser les troncs d’arbre. J’aime m’imaginer identique à elle, grande, élancée et longiligne, puis dans la minute qui suit, je rejette son  image difforme et rabougrie.  La nuit, parfois elle est forte, avec des contours bien nets, mais parfois elle est si faible, elle vacille à la lueur d’une bougie. Et moi je peux être aussi faible qu’elle est forte et si forte alors qu’elle n’est qu’une pauvre petite ombre pâle, à peine visible. Mon ombre et moi sommes inséparables, sauf parfois la nuit ! Nous avons plein de points communs, elle me ressemble, elle réagit à tous mes gestes, elle est coiffée comme moi, elle est sapée comme moi, elle bouge comme moi, mais elle n’est pas moi. Elle n’est que contours, sans saveur et sans odeur, elle s’accroche à moi sans rien attendre en retour, elle ne me quitte pas, elle me suit partout à la faveur d’une lumière. Je n’y fais pas toujours attention. Par contre si elle disparaissait à jamais, je ne serais  plus que l’ombre de moi-même. 
    Alors, quand la nuit je sombre dans les bras de Morphée, même si je ne peux jurer de rien, je jurerai quand même qu’elle se blottit tout contre moi en attendant le lever du soleil et de se retrouver, en pleine forme !

    © Gwenaëlle Joly

  4. Frédérique Roseau dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car pour tout dire, la nuit : je dors. Enfin, je dors, je dors… Depuis que le soleil est revenu, je ne dors en fait que d’une oreille car je ne suis plus seule et il y a toujours comme un léger murmure autour de moi.

    L’autre nuit, j’ai voulu savoir de quoi il s’agissait. J’ai fait mine de dormir profondément et lentement, délicatement, j’ai entrouvert mes paupières. Elle était là, assise au bord du lit, elle parlait avec la lune en attendant le retour du soleil.

    Frédérique Roseau

  5. Halima BELGHITI dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car je sais bien que mon ombre est très affectueuse, et qu’elle ne me laisserait pas tomber. Mais tout de même, je la soupçonne de profiter de mon sommeil pour s’éclipser et vivre sa vie. La dernière fois, je l’ai entendue rentrer vers 5h du mat’ sans faire de bruit. Elle s’est glissée sous la porte et s’est dirigée vers la chambre. Elle pensait sûrement que je dormais profondément, mais manque de chance pour elle, je m’étais levé juste à ce moment-là pour me rendre aux toilettes. Où était-elle ? D’où venait-elle ? Qu’avait-elle fait pendant la nuit ? Je n’ai pas voulu lui demander. Je tiens à garder d’excellents rapports avec elle. On vit en trop étroite proximité pour que je me permette de me brouiller avec elle ou de gâcher un tant soit peu nos relations. Et puis, après tout, elle a aussi droit à un peu de vie privée, non ? En y réfléchissant, je me dis qu’elle a du rejoindre des copines et qu’elles ont du faire la fête. Mon ombre est une fêtarde. Je le sais, elle adore danser. A chaque fois que je danse, elle me colle au train et se met à danser de plus belle. Ou alors, elle doit rôder dans Paris la nuit avec ses potes. Je les imagine bien en train de survoler la ville, hantant de leur présence, larges avenues et petites ruelles, se projetant sur chaque mur de façade, panneau publicitaire, ou autre échafaudage. En plus, je suis sûre que c’est elle qui mène son petit monde. Car mon ombre est une meneuse. Je le sais, lorsque je pointe quelque chose du doigt, elle se dépêche de faire de même, on dirait qu’elle y prend goût. A moins qu’elle n’ait un amoureux secret. Une ombre qui ait une belle âme. Ils doivent se balader main dans la main, yeux dans les yeux sur les ponts de Paris. Car mon ombre est romantique. Je le sais, lorsque je contemple, émue, un joli coucher de soleil de ma fenêtre, mon ombre est là tout près de moi, à s’émouvoir aussi. Mais l’important, au bout du compte, c’est qu’elle finisse par rentrer à la maison. C’est chez elle ici, sa place est près de moi. Car si elle partait pour toujours, je ne m’en remettrais pas… Je ne serais plus que l’ombre de moi-même…

    Halima BELGHITI

  6. Julie Trouvé dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car elle a tant besoin de moi. Le problème est simple, nous vivons l’un avec l’autre au dépend d’un tiers ! enfin plus elle que moi d’ailleurs… sans le soleil, je peux bien survivre, quelques mois du moins, mais elle?
    Quand le soleil n’est plus, elle peut bien être là, de toute façon personne ne la voit! alors elle s’accroche, même la nuit, elle reste. Elle se contente de bien peu finalement. Le clair obscur de la lune lui suffit. D’ailleurs elle adore quand je laisse les rideaux ouverts, ça lui donne une deuxième vie en quelque sorte. De temps à autre je la surprends, tapie dans un coin de mon oreiller, au bout de mes orteils, parfois elle danse même, elle me nargue, comme ça, sans savoir que je l’observe… Le moindre rayon discret dans la nuit noire est pour elle une respiration. Elle a le temps, bref certes, de s’étendre sur mon lit, de prendre une place laissée vide il y a quelques mois. L’ombre ressemble finalement à son propriétaire. Seul, il faut bien s’occuper mais regardez celle de Peter Pan!

  7. Antonio dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car mes rêves ne cessent d’éclairer ma pensée ces derniers temps. Si j’en crois Descartes, si ma pensée est éclairée, c’est donc que je le suis moi-même. Et si je suis éclairé pendant que je rêve, c’est que mon ombre me suit malgré le noir total de ma chambre.

    Cette pensée soudaine, alors que je dormais, éveilla en moi une certitude qui me sortit de mon sommeil dans un sursaut fracassant. Assis droit comme une équerre sur mon lit, les yeux grands ouverts, ma femme s’étonna :
    « Ben… qu’es-ce qu’il t’arrive Pierre ?
    – Il n’y a pas l’ombre d’un doute, l’ombre d’une pensée claire, d’une idée lumineuse existe !
    – Oh, non ! … Tu ne vas pas remettre ça !
    – Si !
    – Bonne nuit ! »

    Elle se rendormit aussitôt sans l’ombre d’un scrupule à me laisser là avec mon évidence. Et je confirme, les scrupules n’ont pas d’ombre. D’ailleurs, j’avais beau regarder autour d’elle, pas une seule ombre ne se manifestait. Ses rêves devaient être bien sombres.
    Et moi ? … ma pensée lumineuse s’était éteinte comme une bougie, dans le souffle explosif de mon réveil.

    « Es-tu là ? »
    Pas de réponse. Je restais dans le noir. Je pensais, éveillé. Une heure, puis deux, puis… une idée surgit alors, fabuleuse, géniale, elle prenait forme à la lumière de ma pensée. Ebloui face à son génie, je regardai derrière. Et là, je vous jure, dans l’interstice de ma conscience, je l’ai vue, incroyablement belle, plus affûtée que jamais, des courbes parfaites, grandissant au fil que ma pensée s’effaçait avant de disparaître à nouveau.

    Je me recouchai, satisfait de ma découverte et avant de m’endormir lui lançai : « Bonne nuit, à demain ! ». Je ne sais pas ce que ma femme gémît dans son oreiller mais je m’en foutais.

    Antonio.
    (ça y est, j’ai créé mon blog pour tous ceux qui comme moi cherchent un prétexte pour écrire et jouer avec les mots… « A toi, à mots », un jeu original à l’essai, si ça vous tente !)

  8. JM Durand (alias Jean de Marque) dit :

    Exkuzer lé kelkes phote daurtograffes meh mon nombre m’a jouait hun sal thour sète nui!

    Jean de Marque.

  9. JM Durand (alias Jean de Marque) dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus. Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car moi la nuit, je dors. J’ai beau lui faire confiance, elle a beau me garantir qu’elle veille sur mon sommeil, je doute. Ainsi hier, j’ai retrouvé mes chaussettes à l’autre bout de ma chambre. La sachant frileuse, je suppose qu’elle me les a emprunté pour aller faire un tour dans la salle à manger. D’ailleurs les braises encore chaudes dans la cheminée me laissent supposer quelque autre déambulation.

    Quand j’évoque tout cela à ma femme, elle sourit, se moque de moi: « Dis donc, ton ombre elle pourrait pas penser à tondre la pelouse quand elle a de telles insomnies ».

    Hier, je l’ai confié à mon ombre avant de m’endormir, et elle, bon enfant, elle a tondu la pelouse, taillé la haie et réparé l’enclos des poules.

    Depuis, elle a profité de mes longues nuits réparatrices pour ranger le garage, repeindre le volet de la cuisine et restaurer les étagères du sous sol.

    Ma femme ne m’évoquait plus rien depuis quelques jours lorsqu’elle m’a interpellé, un dimanche matin: » Dis donc Charles, c’est toi qui a demandé à ton ombre de stocker toutes les bouteills d’alcool vide sur le tottoir ? »

    – Ben oui, pourquoi ?
    – Et c’est toi aussi qui lui a demandé de toutes les vider ???

  10. Maryvonne dit :

    • Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car la nuit dernière j’ai eu la nette sensation que le long de mon corps étendu se glissait lentement une sombre flaque. Mon sommeil était si profond que mentalement je refusais de me réveiller pour céder à la tentation de vérifier s’il s’agissait bien d’elle. Mon rêve s’enfuyait pour laisser place à mes divagations endormies. Je refusais la réalité, je refusais que mon ombre profite de la nuit pour se couler ainsi sous moi, qu’elle ne me laisse plus jamais en paix, qu’elle ai ce besoin maladif de me coller au corps, de m’envelopper, de m’absorber jusqu’à m’éteindre de sa grisaille et de son silence. Chaque jour je revivais cette expérience et quand enfin le soir tombait quand enfin la nuit me plongeait dans le sommeil elle s’enfuyait pour de bon et je comprenais ce qu’était ma liberté. Je continuais de lutter entre rêverie et éveil, plus je m’agitais plus ma résistance s’évanouissait et le sommeil m’échappait. Je m’abandonnais doucement, je cédais à ce duel inégal, j’allumais une lampe et j’eus la certitude qu’elle était là de retour contre moi m’enveloppant de son désespoir. J’attendrais immobile à côté de ma triste ombre grise que le jour se lève sur une nouvelle journée d’été…

  11. Alfred dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car même si la nuit je m’ennuie, je suis obligé de la mettre en veilleuse depuis que je suis au placard.
    Mon compagnon de cellule est plutôt du genre ténébreux et il prétend que mes conversations avec mon ombre l’empêchent de dormir.
    Après notre dernière rixe, je me suis retrouvé au mitard, isolement sans fenêtre, rien qu’une ampoule derrière un grillage.
    Alors pour supporter, j’ai appris à mon ombre à s’évader. Pas facile mais c’est le seul moyen que j’aie trouvé pour éviter de sombrer dans la folie. Elle partait voir ailleurs, visitait le monde et me racontait. Des horreurs… Normal. Obligée de voyager la nuit pour passer inaperçue, elle traînait dans les bas-fonds, les bouges et les cloaques. Du coup, ce qu’elle me rapportait n’était pas beau à voir, surtout qu’elle s’était liée avec quelques âmes imperméables à la lumière.
    Alors ouais, depuis que j’ai revu le jour, je m’accroche à mon ombre, je vérifie qu’elle est toujours là et la nuit, j’essaie de la retenir.
    Pourtant, elle arrive encore à échapper à ma surveillance, elle s’évade et moi, je fais des cauchemars.
    Je suis devenu le maton de mon ombre.
    Obligé…

  12. Monique LACHAUX dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien car…mes nuits sont peuplées de soleils. Mon ombre est bien là, allongée, lascive, sur la terrasse de la paillotte. Moi, accoudée à la balustrade, en plein soleil couchant, je tiens un verre de curacao outremer au parfum d’orange bleue. L’ombre du verre, au bout de la terrasse, au bout de mon bras double la taille du cocktail et dédouble ma vue déjà brouillée. A l’aube, le mur de pluie d’orage emporte les ombres, le soleil, le sommeil et les rêves.

  13. Hazem dit :

    Depuis que le soleil est revenu, moi et mon ombre on ne se quitte plus.
    Sauf la nuit. Et encore, je ne peux jurer de rien, car bien que dès la lumière éteinte elle se dérobe à mon regard, elle dort peut-être sous moi ?
    J’ai cependant des doutes, bien des choses laissent à penser que la coquine vie sa vie de nuit. Détachée de moi grâce à l’obscurité globale, je vois parfois bouger imperceptiblement lorsque j’entrouvre les yeux cherchant le sommeil. Elle joue à me faire peur et manigance des tours avec le décor de ma chambre. Elle tricote habilement avec une plante, son pot et un rideau. De cet assemblage, me fait croire à un perroquet quand j’ouvre les yeux alors que le parquet grince. Halala !
    Une nuit, la discrète a désengagé mon réveil ! Je me suis réveillé à 11h afin de me présenter à un entretien pour une importante promotion à 9H30… Je l’accuse et prouve sa culpabilité :
    – le mobile : ce nouveau poste me contraindrait à travailler davantage, levé plus tôt, couché plus tard, moins de temps de liberté pour la rebelle de faire la fêtarde.
    – alibi de l’accusée : aucun, seule présente avec moi dans l’appartement le soir du délit…
    Il ne faut pas être Sherlock pour comprendre les faits !
    Et combien de fois me murmure-t-elle de me rendormir pour en profiter ?
    Combien de fois, par je ne sais quel procédé, éteins-je mon réveil dix fois avant d’abandonner sans avoir le souvenir de la réflexion m’y ayant conduit ?
    La discrète se tait le jour, mais son amant obscur de la nuit arrivé, elle chante et en profite !
    Pourrais-je la blâmer ?
    Ma plus proche confidente m’a toujours suivi pendant le jour, estompée parfois, présente à chaque fois. Je ne sais comment, mais j’ai le sentiment qu’elle m’est d’un grand secours.
    Pourrais-je lui en vouloir de n’avoir que la nuit pour mener sa vie ? Assumerais-je de l’emprisonné d’avantage, de la priver, de tenir ce discours ?
    .
    .

    Non.

    Hazem

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