Exercice inédit d’écriture créative 268

Ane C’était un vieux poil dans les oreilles,
qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,

la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
– Croyez-moi mes petits gars,
c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
qu’il faut croire…

Imaginez la suite sans vous en tenir inévitablement à l’image

21 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
    la naïveté des jeunes duvets le hérissait :

    – « Croyez-moi mes petits gars, ce n’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire tout ce que vous entendrez. Car vous en entendrez des inepties et des idioties, des rumeurs et des clameurs, des sonneries et des conneries, des sonnettes et des sornettes, des.. »

    – « Et vous sentiriez plus d’odeurs étranges et pénétrantes de monoxydes de carbone et d’autres moins avouables que de senteurs florales. Ça me défrise » le coupa le poil du nez

    – « Bénissez le Ciel s’il vous fait naître sur un corps d’homme et maudissez-le si c’est sur celui d’une femme. C’est rasoir ! » se hérissèrent en chœur le poil aux jambes et celui sous les aisselles

    – « Si je vous saviez tout ce que j’ai vu passer dans ma vie et ce dans les deux sens. J’ai été mis à contribution, croyez-moi » se plaignit le poil du c.. « Tenez, si je vous disais qu’un jour, dans le quartier du Marais… »

    – « Arrête avec tes insanités ! » l’interrompirent en chœur les autres poils tous dressés contre lui

    – « Arrêtez de vous geindre d’être toujours trop occupés ! Que diriez-vous si, comme moi, vous étiez inoccupé » se plaignit le sempiternel désœuvré poil dans la main

  2. Isabelle D dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
    la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
    – Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire que vous allez finir…
    Comme d’habitude, sa phrase fut étouffée par les rires moqueurs de ses congénères. Lui, c’était le vilain petit canard, René. Alors, à force, on ne tenait plus compte des nombreux avertissements de ce bougon qui n’avait fait que ronchonner toute sa vie. C’est vrai, il en avait entendu, mais surtout vécu des vertes et des pas mûres !
    Il radotait constamment sur la période des grandes inondations antibiotiques, sur l’encrassage régulier des conduits par absence d’hygiène de leur propriétaire… Car pour lui qui était mysophobique, quelle calvaire ! Son rêve à lui, c’était d’être poil de visage. Au moins, on l’aurait vu ! Je dirais même, on n’aurait peut-être vu que lui ! Et puis, le visage, c’est plus propre, c’est beau. Ici, c’est cireux, jaunâtre… affreux ! Je sais bien que le cérumen a des propriétés antibactériennes et antifongiques mais vous reconnaitrez comme moi qu’il y a plus classe comme lieu de vie.

    Leur maître regardait la télévision et pour changer, il se grattait encore l’oreille avec le petit doigt, ce qui agaçait au plus haut point notre René.
    – Attention ! prévenait-il. Il recommence !
    Heureux comme tout, les jeunes duvets se laissaient chatouiller avec plaisir. Une fois, deux fois, trois fois… Et puis…
    – Bonjour. Olivier-Robert Langlois, génie poilant depuis treize ans. A votre service !
    L’hologramme d’une silhouette à la drôle de forme, visible seulement par nos chers poils, était sorti du plus profond du conduit de l’oreille. Un tube, avec à l’extrémité supérieure une sorte de rondelle et un long nez pointu. Les poils se regardèrent tous les uns les autres sans savoir quoi dire. Qu’est-ce que c’était que ça ? Un otoscope ? René se souvenait d’en avoir vu un au moment des otites à répétition. Mais là n’était pas la question.
    – Alors qui m’a invoqué ?
    Pris de panique, les jeunes qui n’avaient aucune idée de ce qu’était un génie, ne se manifestèrent pas.
    – C’est moi, lança finalement René, satisfait qu’il se passe enfin quelque chose dans sa vie de poil.
    – Alors ? Que veux-tu ? Tu sais que tu as le droit à un vœu.
    – Un seul ? Dans le conte, ce n’est pas trois normalement ?
    – Ah ben tu sais, avec la crise, tout fout le camp. Même les vœux des génies. Alors c’est ça ou rien.
    Pfff. René ne sut quoi répondre. Les jeunes reprirent.
    – Ben alors, René ? Tout le monde sait très bien ce que tu veux alors qu’est-ce tu attends ?
    – Oui mais… je me suis attaché à vous, moi. Qu’est-ce que je vais faire tout seul ?
    On n’est pas grand-chose sans les autres finalement. C’est vrai, après qui allait-il râler s’il partait là-bas ? La peur de s’ennuyer le submergea alors, tout comme le stress. Il était courageux mais pas téméraire, notre René.
    Après quelques instants de réflexion, il annonça finalement :
    – OK. Ce que je souhaite le plus au monde, c’est devenir poil de visage, mais avec tous mes autres amis poils !
    Le génie semblait gêné mais il céda.
    – Hummm. Pas très conventionnel mais je vais m’arranger. Allez… Abracadabra, que ce que tu souhaites soit, et qu’en deux temps trois mouvements, vous vous tiriez de là !

    Et c’est ainsi que nos braves poils d’oreilles dont la vie était finalement jusqu’alors si paisible changèrent de propriétaire et devinrent les premiers poils de barbe de l’adolescent de la maison.

  3. Delphine dit :

    Les gens inventent des histoires comme les peintres leurs toiles quand la vie meurt à demi .
    Ils se racontent des salades pour cacher leurs soucis, leurs tours de passe-passe , leurs petites manies .
    Ils mentent même parfois en vous prenant le bras simplement pour qu’on les croit.
    Ils sont teigneux, ils sont filous ou bien gentils et un peu flous . Ils sont comme l’ombre, le vent d’été , souvent fuyants, pas rassasiés .

    Mais quand ils suivent leur p’tits espoirs , leurs rendez-vous , leurs riens du tout

    Il y a un seul un mot, un mot jeté qui vient parfois tout chambouler
    Un mot plié depuis longtemps sous des édredons et des printemps, un mot tout nu , un mot charnu un peu tremblant , un mot :

    « VEUX-TU ?  »

    S’ils répondent « oui » , alors tu peux écouter ce qu’ils disent .
    Tout ce qu’ils disent.

  4. Delphine dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles,
qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
– Croyez-moi mes petits gars,
c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
qu’il faut croire . . .

    Les gens inventent des histoires comme les peintres leurs toiles quand la vie meurt à demi .
    Ils se racontent des salades pour cacher leurs soucis, leurs tours de passe-passe , leurs petites manies .
    Ils mentent même parfois en vous prenant le bras simplement pour qu’on les croit.
    Ils sont teigneux, ils sont filous ou bien gentils et un peu flous . Ils sont comme l’ombre, le vent d’été , souvent fuyants, pas rassasiés .

    Mais quand ils suivent leur p’tits espoirs , leurs rendez-vous , leurs riens du tout

    Il y a un seul un mot, un mot jeté qui vient parfois tout chambouler
    Un mot plié depuis longtemps sous des édredons et des printemps, un mot tout nu , un mot charnu un peu tremblant , un mot :

    « VEUX-TU ?  »

    S’ils répondent « oui » , alors tu peux écouter ce qu’ils disent .
    Tout ce qu’ils disent.

  5. Emmi A dit :

    Dans un jardin municipal, par un bel après-midi de printemps…
    C’était un vieux poil dans les oreilles,
    qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
    la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
    – Croyez moi, mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes né soyeux,
    qu’il faut croire tous les canards mes petits velouteux !
    Parce que des cancans, ça j’en entends !
    Des cancans par là, des cancans par ci !
    Dans les Gala et les Voici, qu’est ce que j’en vois aussi !
    Puis toutes ces cannes qui sans cesse caquettent !
    Je vous le dis moi, les petits,
    Au départ, dans la marre,
    On est tout doux et bien gentil,
    On devient même un peu bavard !
    Mais avec le temps, adieu veaux, vaches, cancans !
    On apprends, on écoute et on entends,
    Puis on devient un peu plus âpre, un peu plus grand !
    Alors que ce soit les blagues des enfants qui fusent autour de l’étang,
    Les pages des journaux qui s’affichent au rythme des passants,
    Ou ce que racontent tous les gens assis sur les bancs avides de cancans,
    N’absorbez pas tout ce qui se dit autour d’une marre comme un buvard!
    Et ça mes canetons croyez moi, c’est le conseil d’un bon vieux canard !

  6. PEGGY MALLERET dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres, la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
    – Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire…

    – Mais monsieur Vieux Poil, ne vous fâchez pas. Nous sommes jeunes encore, il nous faudra du temps pour atteindre votre sagesse. Vous aussi avez été naïf auprès d’un vieux poil. S’est-il conduit comme vous avec nous ? Ne vous a-t-il pas patiemment appris que Roma non fatta in un giorno ? Ce serait bien triste d’être vieux avant d’avoir eu le plaisir de profiter de la naïveté, qui donne tant de saveur à la découverte et à l’émerveillement.

    Au lieu de nous agresser, au contraire, apprenez-nous à déchiffrer nos vibrations aussi finement que vous en êtes, sans doute, capable avec votre expérience. Les mots, les sons que nous devons laisser filer ou ceux, au contraire, auxquels il nous faut être particulièrement attentifs.

    Enfin toute une éducation qui vous incombe en tant qu’Ancien. De notre côté, nous pouvons vous assurer que nous serons d’excellents disciples. Puis un jour, ce sera à notre tour de transmettre.

  7. Patrick dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles,
    qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
    la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
    – Croyez-moi mes petits gars,
    c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
    qu’il faut croire…

    que de moi vous êtes mieux. J’en ai vu défiler des comme vous, fiers et arrogants, sûr et nonchalants. Tout allait bien pour eux, croyez-moi. Ils se sentaient invulnérables et leur foi inébranlable en ce monde en déliquescence les rendait méchants.
    Ils n’ont pas mon histoire vous savez. Ils ne se rendent pas compte que tout part à vau l’eau, que même si ce n’était pas réjouissant avant, ça ne l’est pas plus aujourd’hui. C’est même pire! Des fois, j’aimerai leur rabattre leur caquet à ces jeunes prétentieux, croyez-moi!

    Ainsi parlait ce vieux grincheux. Oh! Il n’avait pas toujours été ainsi. Avant, il se montrait joyeux, serviable, aimable et souriant. Mais depuis la disparition de sa vieille et bonne pomme flétrie, le monde avait pris cette tournure que seul les anciens solitaires connaissent. Quand le sens de leur vie avait disparu, ils s’enfermaient dans leurs souvenirs, refusant de voir qu’autour d’eux la vie perdurait, magnifique pour ceux qui avaient le cœur vaillant, sinistre pour ceux qui avaient tout perdu.

  8. oholibama dit :

    Bonsoir
    que de belles histoires
    poilantes évidemment…
    Le jeune imberbe fixe le miroir avec dans son oeil un certain espoir. Sa mère tout à ses côtés et ne voulant aucunement le blessé…le laisse se mirer. Tu crois maman que ta mixture va marcher et que j’aurais dans quelques jours de beaux poils et duvets aussi fin que les tiens? Bien sûr murmure suavement maman, tu seras choux tu verras! Oh! si tu le dis allons y pour ta crème. Et tout hardi le jeunot s’empare sans lire du tube de crème de maman. Allègrement il se tartine la figure et prend la pose devant le miroir. oh miroir mon beau …et soudain le cri perçant retentit. Hugo! qu’à tu fais? Lis mon fils, lis avant de te servir! Dis moi donc là ce que tu lis! _ Cr ê me dé pi la toi re… c’est quoi ça! _ ça! c’est finis poils et duvets fins.

  9. Miclaire dit :

    Que vous le resterez. Cela commencera très tôt parfois, peut-être ne vous en rendrez-vous pas compte. Au plus jeune âge de votre hôte, ses parents lui chuchoteront dans les oreilles de nombreux petits messages d’amour, qui vous chatouilleront agréablement et vous feront onduler de bonheur. Puis, petit à petit, vous entendrez des énormes cris, des « non », « ne fais pas ceci… ne fais pas cela », en provenance de la communauté éducative, et cela commencera à agacer votre hôte. Un enfant peut mettre parfois des années à comprendre ce que les autres attendent de lui. Même s’il se bouche les oreilles, ces messages autoritaires réussiront à s’infiltrer et commenceront à vous déstabiliser assez sérieusement.
    Puis vous serez constamment balayés par des ondes négatives. Des petites phrases assassines, distillées tout au long de l’enfance de ce corps que vous habitez, qui l’affaibliront psychologiquement, celles qui le conduiront à adopter des protections, des masques.
    A l’adolescence, il vous faudra accepter de vivre parfois dans la crasse. La main maternelle n’étant plus là pour faire le ménage régulièrement, les jeunes concentrent davantage leurs efforts sur leur visage, où germent d’énormes boutons rouges, que vers leurs oreilles. A cette époque de votre vie, vous serez parfois maltraités par la musique des boites de nuit, les bavardages incessants. Les filles par exemples, ne cessent de ricaner et de se chuchoter des bêtises aux oreilles. Vous serez arrosés de postillons fortement alcoolisés ! Il vous faudra alors rester dignes et forts, surtout ne pas tituber… Vous vivrez ensuite de nombreuses expériences, en milieu très humide, parfois sous pression… lorsque votre hôte passera de nombreuses heures en été dans l’eau de mer, voir à plonger, ou pourrez traverser des conditions extrêmes, s’il décide de skier. Je me souviens avoir été au bord de la rupture, lorsque mon hôte s’est perdu un jour lors d’une sortie en skis. J’étais congelé, blanchi par la glace et j’ai bien cru que j’allais me briser en deux.
    Si vous avez de la chance, vous vivrez une vie douce, dans un environnement calme, tout dépendra de la profession de votre hôte. Il y en a qui travaillent en usine, dans un environnement bruyant, le froid, la saleté. Ils sont obligés de crier pour s’entendre dans ce monde-là ! Vous vous endurcirez et deviendrez piquants, rugueux, à tel point qu’on essaiera de se débarrasser de vous (d’un bon coup de ciseaux !)…

    Meilleurs Voeux poilus à tous !

  10. Clémence dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres,
    la naïveté des jeunes duvets le hérissait :
    – Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire…

    Tels de vieux poils dans une oreille, un pot en étain et une casserole de cuivre, se blottissaient sur la plaque de la vieille cuisinière.
    – Crénom de nom, il fait de plus en plus froid dehors . Mais quel hiver ! se lamentait le pot d’étain en sirotant une dernière lichette de vin chaud.
    – Jamais vu cela, mon vieux! Tu parles de réchauffement climatique ! Ils commencent à me chauffer les poils des oreilles, avec cela, martelait la casserole de cuivre.
    – Quoique cela puisse avoir du bon….
    – Je te vois venir avec ta potion vermeille, martelait la casserole bosselée!
    – Bien épicée, cannelle, gingembre, anis étoilé, cardamome, gloussait le pot d’étain
    – A faire tourner les têtes…reprirent-ils en chœur !
    – Tout le Château de Poilhes se souvient encore….
    – La Madelon qui se laissait prendre la taille et le jupon ! Ah, je te jure que je ne suis pas prêt de l’oublier !
    – Et Perrette, te souviens-tu de la Perrette ? Le nez en trompette, la poitrine généreuse, légère et court vêtue, elle en a fait tourner des têtes !
    – Oh oui, et même que les gars du Château de la Poilane ne se gênaient pas pour faire quelques incursions dans notre Domaine…
    – Et que je te donne rendez-vous par-ci, et que je te conte fleurette par là…
    – Et les castagnes… elles sonnaient pire que batteries de dinanderies!
    – Sans compter les litres de sang qui giclait!
    – Le bon vieux temps…
    – Le temps du bon vin, brillant de mille feux, gouleyant, réchauffant le cœur et les tripes. Du vin qui a du poil ! Je te le dis !
    – Somptueux pour accompagner le gibier à poils…
    – A poil, comme tu le dit !
    – Tiens , regarde qui arrive, l’œil brillant…
    – J’ai idée que l’on va en entendre et en voir des vertes et des pas mûres avec cette jeunesse ! chantonna la casserole cuivrée en se frottant les oreilles contre l’anse du pot d’étain…
    – Deviendrais-tu casserolissonne, Poil de Carotte chérie ?

    Les deux comparses papotaient joyeusement lorsque furent déposés, sur la table, quelques freluquets en habit clair et collerette dorée.
    – Tu as vu…on dirait des damoiseaux, mentons garnis de jeune duvet, ricana le pot.
    – Pour sûr. On va faire leur éducation !

    La casserole de cuivre et le pot d’étain les taraudèrent, les tarabustèrent, les tarabiscotèrent sans relâche.
    – Allons donc ! Ce n’est pas parce que vous êtes classés soyeux que vous serez célèbres et millésimés, ça se mérite !
    – Et ça prend du temps, beaucoup de temps.
    – Finies les sorties, enfermés en fût de chêne.
    – Vous servirez à peine de mise en bouche…
    Les coups de semonce pleuvaient tels les tambours du Bronx !

    Sonnés, les freluquets, les poils soyeux, s’écrasèrent, intégralement KOtisés !

    Casserole et pot se firent un clin d’œil.
    – Allons, les freluquets, ne faites pas grise mine. Nous avons un avenir tout trouvé, il vous siéra à merveille…
    – Poil de lièvre, ça vous va pour amorcer votre entrée dans le grand monde ?
    – Vous avez le choix : au service du pêcheur à la mouche sur les bords de la Loire
    – Ou dans un verre de cristal sur une table d’Anjou…
    – On peut réfléchir ? s’enquirent les petits gars soyeux…
    – Ben voyons ! Il y a urgence, les petits gars. La valeur n’attend pas le nombre des années, disait Corneille…
    – Et pourquoi pas Alouettes ou Petite Caille ?

    Ils éclatèrent d’un rire tonitruant . Les poils dans les oreilles en tremblent encore dans les cuisines du Château de Poilhes !
    Pour un hiver, ce fut un hiver mémorable!
    Un hiver au poil !

    © Clémence

  11. Fanchon dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres, la naïveté des jeunes duvets le hérissait:
    – Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
    qu’il faut croire toutes ces histoires tirées par les cheveux. On vous a sans doute raconté que la vie était lisse comme une perruque Louise Brooks mais il n’en est rien. Demandez donc aux cils, juste à côté ce qu’ils en pensent.
    Il y eut immédiatement un acquiescement de la part de ces derniers qui se levèrent au ciel. A l’étage au dessus, les sourcils en bataillons rangés se rapprochèrent et firent front devant tant de souvenirs communs.
    -Eh ! Vous vous rappelez les gars, quand notre hôte a commencé à avoir ses premières pilosités ? Racontèrent-ils d’une seule ligne. Qu’est ce qu’on a pu se crisper ! Il essayait de raser le peu qu’il avait sur le menton et deux jours après, tout était à recommencer. On peut dire qu’il a fait une guerre au poil, celui là !
    L’ancien se mit à frétiller d’aise quand il ajouta :
    -Sans compter que sa toison du bas ventre, n’était pas très garnie non plus. Il râlait devant le miroir en commentant l’allure de son pubis où deux, trois boucles se battaient en duel ! Bon, ceci dit, il s’est bien rattrapé depuis. Il a une belle touffe à présent.
    La chevelure ne voulut pas en rester là et prit la brosse en marche, avec un rien de suffisance :
    -Vous avez remarqué notre crinière, n’est ce pas ? On a connu l’époque houppette fixée au gel collant, mais à présent : belle coupe, beaux reflets. On entend que des compliments ; autant dire qu’on nous caresse dans le sens des mèches.
    -Evidemment vous êtes en première ligne ronchonna le vétéran ; mais en attendant tout le monde a son rôle à jouer et vous aussi vous vieillissez, vous vous cassez et vous tombez. Alors un peu de solidarité que diable !
    Après un temps de réflexion, tous tombèrent pile poil et les ados conclurent
    ’’ Là où il y a du poil, il y a de la joie’’ *
    (*Proverbe français parait-il !)

  12. francoise dit :

    c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
 qu’il faut croire…
    qu’il faut croire quoi … tu as fini de radoter le vieux rétorquèrent les jeunes duvets.
    Le « vieux » décida de se taire mais s’enfonça dans une dépression nerveuse. Il aurait aimé disparaître mais que faire ?
    Et puis un jour, alors qu’il entendait des bruits de moteur au-dessus de son oreille, il fut arraché violemment avec une pince en métal et jeté par terre sans égard.
    Soudain, à la faveur d’une porte ouverte et d’un coup de vent, il s’envola dans les airs puis atterrit mollement dans un nid où des petits oiseaux chantaient. Il aurait juré que c’était des mésanges charbonnières (il avait entendu ce nom prononcé quand il était dans son oreille). Mais qu’importait au fond. L’endroit lui plaisait, il se fit tout petit et pensa « advienne que pourra ». 


    



  13. oholibama dit :

    Bonjour
    C’était un vieux poil dans les oreilles ( un vieux de la vieille), qui en avait entendu des vertes et des pas mûres, la naïveté des jeunes duvets le hérissait. _ comment croyez-vous donc que j’en suis arriver là, mes p’tits gars! C’est pas en me lustrant du matin au soir ça non!_ Oui, oui papy on connait ta litanie… tu voudrais nous raconter encore et encore ta bagarre avec le poil d’avant… faut pas te la jouer comme ça, nous on ira bien plus loin que toi._ Quoi! Vous vous pensez immortel? Sachez donc que les plus âgées sont les plus vaillant. Oh et puis aller donc vous lustrer, j’ai pas envie aujourd’hui de vous brossez dans le sens du vent. Tous les mêmes ces jeunes sot. Alors! qui de poil dur ou de jeune duvet verra la fin de la journée? Seul l’âne qui brait peut le dire.

  14. Nadine de Bernardy dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles qui en avait entendu des vertes et des pas mûres.La naïveté des jeunes duvets le hérissait :
     » croyez-moi mes petits gars,c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire tout ce qu’on vous dit sans sans faire le tri des informations.
    J’en parle en connaissance de cause,moi qui suis implanté dans l’oreille du conseiller d’un homme de pouvoir depuis tant d’années.Je suis accroché à un de ses deux organes de l’ouïe, situés de part et d’autre de sa tête,deux appendices fort décollés qu’il tente de cacher sous une perruque poudrée.
    En son creux se confie le grand homme dont il est le bras droit, qui sait pouvoir lui faire confiance pour garder les secrets les plus menaçants,les plus lourds comme les plus lestes.
    Et attentive avec ça ,mon oreille, ça entre par elle et ne ressort pas par l’autre.Celle-ci d’ailleurs, je ne la connais pas, mais j’ai cru comprendre qu’elle est un peu dure de la feuille comme le dit ironiquement le maître .
    « Mon cher ami,je m’adresse à votre bonne oreille,sachant que l’autre n’entendra goutte.Tournez vous du bon côté voulez-vous ? »
    Ce que faisait mon maître à moi,avec un mélange d’obséquiosité et d’intérêt.Et moi,le vieux poil rude et sans souplesse,je me dressais au bord du pavillon,prêt à tout entendre.
    C’est moi qui ai su en premier qu’un complot se tramait contre le prince héritier,ce freluquet inapte à régner, annonça l’homme de pouvoir.
    C’est à nous que revint la lourde charge de ne pas révéler qu’un assaut allait être tenté contre nos voisins ennemis.Il m’est arrivé de vibrer de honte aux récits des amours du gentilhomme,de me gondoler à ses facéties,de m’insurger en silence lorsqu’il nous narrait les pièges que lui tendaient les courtisans, jaloux de son influence auprès du pouvoir.
    Mon maître se grattait souvent l’oreille,perplexe ,s’en pinçait le lobe pour mieux réfléchir,la curait énergiquement afin d’éclaircir ses idées.
    Il pouvait aussi me tirailler machinalement et même,une fois, de colère,il m’a arraché férocement.J’étais anéanti par tant de violence,me retrouvant à l’état de bulbe au ras de la chair,obligé d’attendre la repousse pour retrouver ma position.
    Après quelques semaines d’humiliation et de souffrance ou je n’entendais plus guère, je suis redevenu moi même.
    Toujours aussi droit,fidèle au poste,fière sentinelle au creux de mon oreille.
    Alors oui, mes petits gars,vous êtes encore souples,avenants et soyeux,mais bon sang de bonsoir, un peu de modestie ,vous n’êtes pas encore prêts à me remplacer.
    Allez ,sans rancune et à bon entendeur, salut! »

  15. Christophe Le Sauter dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres. La naïveté des jeunes duvets le hérissait.
    -croyez-moi mes petits gars c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire que tout va continuer !
    Georges avait raison, les autres professeurs ne pouvaient que l’approuver. Cela faisait partie de leur programme scolaire. Que le poil suive, une formation de poil des dessous de bras, de poil de menton, de poil du dessus de pied etc…il y avait un tronc commun à tous les enseignements. La base, était d’apprendre aux jeunes, que les choses ne resteraient pas en l’état.
    Mais surtout il ne fallait pas le stresser, qu’il garde son moral intact, car l’A B C du poil, son devenir , c’était d’être un jour… coupé. Pour mieux repousser certes, mais il fallait l’avertir au plus vite, dès sa première venue, du phénomène épilatoire qui ne manquerait pas de se produire. Très en vogue chez l’humain, il existait même des professionnels (elles) qui moyennant rémunération, coupaient à tour de bras.
    C’était une question très délicate qui demandait une prise de conscience totale pour le poil, de son rôle précis au sein de la société pilaire, mais en douceur. Plusieurs fois la façon d’enseigner fût remise en cause par divers ministres de l’éducation mais le fond restait toujours le même : Insister sur l’importance de la fonction du poil, qu’elle soit protectrice, sexuelle, voire de filtre selon sa position, et même ornementale. Une fois cette notion acquise, il fallait démontrer au poil qu’il serait plus efficace une fois adulte. Et enfin qu’une bonne tonte allait pouvoir renforcer tout çà.
    En vieux briscard, Georges savait qu’il ne fallait pas aborder de front le problème de la douleur. Mais laisser le jeune réaliser peu à peu ce qui allait arriver. Il devait visualiser (chose pas évidente du tout) sa forme et son implantation dans le derme. Prendre conscience de son bulbe et de son enracinement. Insister sur sa force, son invincibilité. Puis on pourrait expliquer le bienfait du rasage, de l’épilation et surtout ne pas oublier la repousse. Valoriser coûte que coûte la repousse ! Après seulement, lui parler de l’absence de douleur. Mettre en évidence l’inutilité de l’acharnement de certains hôtes humains, à vouloir liquider tout cheveu, tout poil. La repousse existe, et existera toujours. Et conclure sur une note positive. Personne à ce jour, n’avait découvert le moyen de se débarrasser totalement du poil.
    Certains seraient rasés moins souvent que d’autres. D’aucuns plus rares resteraient sans découpe.
    La haute autorité de santé des poils et cheveux était favorable à une revitalisation en prônant, ciseaux, tondeuse et autre cire dépilative. Un texte de loi devait bientôt être proposé, afin de préciser les fréquences.
    Georges en bon pédagogue comme ses collègues, évitaient donc aux jeunes de stresser pour leur avenir. Et même pour ne pas effrayer les plus angoissés il passait sous silence que certaines cultures très éloignées comme le bouddhisme étaient parties prenantes pour leurs moines, du chauve qui peut.

  16. Antonio dit :

    « Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux
    qu’il faut croire que la vie est une longue plume tranquille. Elle ne va pas vous caresser longtemps dans votre sens, croyez-moi ! »

    Deux cils gavés au mascara battent la mesure d’une discussion, un oeil du côté du grabuge.
    « C’est qui ?
    – Le dernier Poilu de la guerre 14
    – Jamais entendu parler !
    – Pourtant pas besoin de tendre beaucoup l’oreille pour le voir, il se dresse tous les matins au lever du jour et entonne le chant des Poilus.
    – Ah, c’est lui ? … Barbant !
    – C’est clair qu’au bout de trois jours, ça pique un peu ! »

    Le vieux poil reprend de plus belle :
    « Ah mes pauvres enfants ! A mon époque, au plus fort des combats, le mont Vénus était une prairie luxuriante où on a tenu le siège pendant des jours et des nuits. Aujourd’hui c’est le désert de Gobi ! »

    Un cil lance : « Mais faites le taire ! »
    Un autre surenchérit : « Quel rasoir ! »
    A ces mots, le vieux poil rabougri se redresse d’un bond à la limite de se casser le dos :
    « Ah, les cils ! faux-jetons ! Vendus ! … Vous pouvez cligner tant que vous voulez et continuer à faire les sourds, mais un jour viendra votre tour ! »

    Au même moment sur sa cuisse, un duvet pétrifié en chair de poule, demande à son voisin :
    « C’est où le désert de Gobi ?
    – Hou là ! … Plus au nord, là où il y a eu la guerre autrefois. Un champ de bataille avec des tranchées. Beaucoup de poils sont tombés, au nom de la puberté, beaucoup de sang versé aussi.
    – Han ! ça a du être horrible !
    – Oui. Ils ont tout rasé, il paraît, l’éradication totale, un endroit sec comme le désert, sans un poil sur le caillou. C’est notre histoire, il ne faut pas l’oublier. »

    Le vieux poil poursuit ses mises en garde.
    « Ils arrivent, je l’ai entendu… planquez-vous !
    – qu’est-ce qu’il dit ?
    – Je ne sais pas !
    – Tous aux abris… Allez quoi ! … Restez pas à poil, là, sans bouger, tirez-vous ! »

    A peine les duvets ont-ils eu le temps de se coucher qu’une boue blanche grasse et épaisse les ensevelit et les immobilise à jamais, telles les coulées du Vésuve à Pompéi.

    « Pauvres petits ! … Encore une bataille de perdue… mais pas la guerre ! »

  17. Imaginez la suite sans vous en tenir inévitablement à l’image

    Ah mais j’y tiens à mon image !
    Je suis si beau quand je fais un selfie
    Vous savez cet auto photo (poil à l’égo)
    pris d’un mobile (poil au nombril) !
    C’est pas parce que j’suis un animal
    que j’peux pas faire d’animation
    croyez-moi mes p’tits ânons
    ma vie est riche en anecdotes
    et même en anicroches
    ne m’ jetez pas l’anathème
    n’essayez pas d’m’anéantir
    tentez plutôt d’analyser
    le sujet d’votre animosité
    j’ai peut-être du poil dans les oreilles
    MAIS
    c’est mieux que de l’avoir dans la main

  18. renard annie dit :

    écriture créative ….. exercice inédit …..
    moi je dirais imagination débridée !!!!!!!( de l’auteur)

    Impensable de proposer ce type d’atelier à nos écrivants !

    Annie Renard ( ex/ élève ! ) lol

  19. durand dit :

    C’était un vieux poil dans les oreilles, qui en avait entendu des vertes et des pas mûres, la naïveté des jeunes duvets le hérissait:

    -Croyez-moi mes petits gars, c’est pas parce que vous êtes nés soyeux qu’il faut croire un instant entendre des douceurs. Vous pouvez toujours vous brosser.
    La vie de poil dans les oreilles est une durlute comme le chantait mon pote, poil dans la main, qu’en avait marre de bosser pour ces salauds de patrons.

    Jeune, on lui avait fait miroiter l’éventualité de terminer sa carrière comme duvet pour coussin en soie.
    Et le boss, il avait profité d’une mue générale pour l’expédier poil dans le nez à filtrer les mauvaises odeurs de l’argent. Il en touchait un minimum, au passage, juste de quoi se payer une tondeuse Remington et sa pile Alcaline AA.

    C’était un superbe modèle, Titanium au double système de coupe rotatif.

    Un soir, il avait placé la pile comme indiqué dans le compartiment, le + avec le +, le – avec le -, pas sorcier, la haute technologie. Il avait introduit la tête de coupe dans sa narine. Il avait déplacé doucement le bord coupant en entrant et sortant lentement la tondeuse. Comme indiqué sur la fiche conseil, il avait évité d’introduire l’unité de coupe plus de 6mm à l’intérieur du conduit.

    Pourtant l’engin s’était emballé lui arrachant gaine, tige, bulbe et racine….à lui et à toute sa petite famille.

    De fait, c’était un piège tendu par le patronat pour se débarrasser des poils déviants, ces horripilateurs toujours prêts à remuscler un air de révolte.

    Donc, si vous souhaitez vieillir ,peinard, à l’ombre des pommiers normands, à croquer les rouges et les bien mûres, faites comme moi, la sourde oreille, du soir au matin.

    Et méfiez-vous de tous ces serpents à sornettes!

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