Que pouvez-vous dire là-dessus ?

1 avis sur 1 écritUne abonnée m’écrit :  » Je voulais vous faire part d’une réflexion de plusieurs personnes ayant écrit un ou plusieurs livres s’étonnant de n’avoir aucun « retour » de la part d’amis, connaissance. Ou encore leurs propres enfants qui n’ont pas lu !
Livres publiés soit à compte d’auteur et distribués gratuitement, soit publiés par des éditeurs et vendus en librairie.

Moi-même j’ai écrit il y a un an, un fascicule intitulé : « Regard d’une petite fille sur la maison d’Anvers » avec sous-titre : Souvenirs, réflexions et autres récits ».
Fascicule de 54 pages, avec photos sur mes vacances passées en Belgique chez ma grand-mère paternelle, personnage hors du commun. Quelques souvenirs de la guerre également.
Comme je n’ai aucune prétention littéraire, j’ai écrit des paragraphes courts en forme d’abécédaire.
Ceci destiné uniquement à ma famille, neveux, nièces et petits enfants. Famille très très nombreuse qui s’entend très bien. (Photocopies reliées)

J’ai proposé d’envoyer à qui voudrait. Pas de réaction. Personne parmi les jeunes générations.
Je souhaitais pourtant transmettre des bribes de vie d’un temps qui complètement révolu s’apparentant (presque) à la comtesse de Ségur !
Ça ne fait rien, je voulais l’écrire, je l’ai fait et ça reste.
Avez-vous eu de telles réflexions parmi vos correspondants ?
Que pouvez-vous dire là- dessus ? »

Pascal Perrat, « ce que je peux dire la-dessus » : il me semble que notre entourage ne s’intéresse pas à ce genre d’écrits parce que nous en avons peut-être trop parlé.
Trop répéter les même choses depuis si longtemps qu’ils en ont les oreilles rebattues.
Ils sont donc persuadés qu’ils ne vont rien apprendre de plus, que nos radotages écrits vont les ennuyer encore.

Autre possibilité, nos proches ne s’intéressent pas à nos écrits par peur de nous déplaire en donnant leur avis.
Ou plus simplement, n’aiment pas lire.
Mais peut-être que je me trompe.

Au fait ! Et vous, qu’avez-vous à dire la-dessus ? 

12 réponses

  1. Miel dit :

    J’ai eu le bonheur d’être publiée à compte d’éditeur en 2007. Un recueil de nouvelles, satiriques et tendres, sur l’univers quelquefois inhospitalier de L’hôpital. Au salon littéraire près de chez moi, j’ai dédicacé plus de 70 exemplaires en une journée, qui se partageaient grosso modo en une trentaine de connaissances et amis et une quarantaine de parfaits inconnus…le retour ? Certains inconnus m’ont écrit,téléphoné, arrêté dans les rues de ma ville pour me dire leur enthousiasme…les amis, les parents, les connaissances ? Motus !…même (surtout !) de la part de qui j’ai offert ce livre…Rien à dire, rien à redire…le silence…l’ont-ils lus seulement ? je n’en ai jamais osé leur demander…
    Depuis, mon égo s’est assagi et je raisonne comme Pascal…Peut-être n’ont-ils pas osé aussi me dire le fond de leur pensée ou peut-être n’aiment-ils pas lire tout simplement…ceci leur appartient…et il ne faut pas attendre de notre entourage de grimper dans leur estime parce que l’on écrit…les supporters de nos écrits sont ailleurs !

  2. Janine Père dit :

    Bonjour,
    Tous ces avis sur les écrits personnels sont très intéressants.
    Voici le récit de mon expérience.
    Je viens de publier un livre tiré de l’histoire de ma famille. Ni un roman, ni un récit, je l’ai intitulé « BELLA, Itinéraire mémoriel ». Mes parents les plus proches ont du mal à le lire tellement ils sont émus dès qu’ils l’ouvrent (disent-ils). Par contre, je reçois très frequemment des mails et même des lettres par la poste (eh, cela existe encore, même si c’est en voie de disparition) de certains lecteurs plus éloignés qui me font part de leur émotion. Soit ils ont vécu les mêmes évènements et ils sont touchés par mon histoire. Soit ils sont totalement étrangers à ce monde et ils me disent avoir appris quelque chose.
    Conclusion ? « Nul n’est prophète en son pays »

  3. George Kassabgi dit :

    Que puis-je dire là-dessus ?
    Tous les commentaires lus ci-desus semblent être d’accord que le « point d’arrivée » (pour reprendre une notion faite par Jean de Marque il y a de cela quelques semaines… à propos d’un texte dans lequel je soulignais l’importance du « point de départ » dans toute recherche de solution stable) est ce qu’il est et qu’il serait sage d’apprendre/d’accepter de vivre avec. Mais, si je ne me trompe pas, l’abonnée qui recherche les réflexions d’autrui a pour objectif (ou, plus simplement, exprime le désir) de mieux comprendre le pourquoi du rejet (de la part de lecteurs qui, en principe, devraient au moins montrer une bonne dose de curiosité naturelle) et, par conséquent, être autant que possible en mesure de mieux faire par la suite.
    Et sur ce « là-dessus élargi » qui exige d’aller plus en profondeur dans la relation écrivain/lecteur il est difficile de partager une ou plusieurs réflexions se basant sur nos expériences personnelles (je précise, utiles pour l’abonnée qui nous invite à lui faire part de nos réflexions) puisque une foule de détails du cas sous examen ne sont pas disponibles.
    En réalité, rien n’est simple.
    Une observation pour l’abonnée : l’aide d’un intermédiaire pourrait améliorer la situation de vos prochains écrits. Pour être plus précis, demandez à un ami ou une voisine ou un ancien prof d’école…enfin, une personne qui soit fort estimée par ces lecteurs qui ont tendance à rejeter la lecture de vos écrits, et donnez-leur un rôle d’ambassadeur ou d’émissaire … ou de « sponsor… chose facile à dire mais pas facile à faire.
    Rien n’est simple.
    Un bonsoir à tous et à toutes du centre-ville de Montréal sous la neige où je passe quelques jours pour, entre autres, organiser — avec le bon gré de plusieurs intermédiaires — des conversations autour de mon essai.

  4. Caroline dit :

    Article très intéressant. Ma mère écrit de temps en temps et je déteste la lire : cela me met mal à l’aise, comme si c’était trop intime. Le sujet importe peu, bien que ce serait encore pire si elle écrivait de l’autofiction ou des mémoires. Ce qui me paraît trop intime, c’est l’émotion qui transparaît dans le texte. J’ai peur aussi de trouver ça mauvais, peur d’avoir honte pour elle. Comme je ne suis pas objective, la moindre tournure me fait grincer des dents car je la connais trop bien, je sais d’où lui vienne chacune de ses expressions, chacune de ses idées. Comme il m’est impossible d’avoir un regard neutre, l’exercice est pénible.

  5. Alfred dit :

    Bonjour
    C’est la plupart du temps le désir qui me fait choisir de lire un ouvrage parce que je recherche une information ou bien que j’ai envie de me détendre. Parfois ce sont les circonstances, parce que je ne suis pas chez moi ou bien que je n’ai rien d’autre à lire. J’imagine que c’est la même chose pour vous ?

    L’alchimie opère lorsque l’écrit rencontre le désir des lecteurs et on ne peut pas obliger à boire un âne qui n’a pas soif
    J’ai dû attendre pas mal de temps avant de m’intéresser à mon histoire familiale et même si j’aurais été heureux à ce moment-là de trouver des témoignages écrits sur cette histoire, avant cela je n’en avais rien à faire.

    Comment susciter le désir d’être lu ? Probablement pas en racontant ma vie à moins que ce soit sous forme d’auto fiction, de roman, d’une histoire universelle dans laquelle le lecteur peut se reconnaître ou se retrouver.
    Je n’ai malheureusement pas la recette, il ne reste donc qu’à écrire en gardant à l’esprit que nul n’est prophète en son pays.

    L’auteur, l’artiste, le créateur, bénéficie souvent d’un crédit, d’une aura que lui confère son œuvre. Il est souvent perçu plus ou moins consciemment comme « sur-humain », porteur de « quelque chose en plus ». (et il vaut parfois mieux éviter de le rencontrer en personne car on peut être déçu…)
    Difficile d’atteindre ce statut aux yeux de ceux qui nous connaissent depuis toujours et qui parfois ne comprennent pas ce que le fait d’écrire représente en termes de temps, de sueur et d’investissement personnel.

    Reste le désir et le plaisir de l’assouvir

  6. Daniel Mathieu dit :

    Je comprends ce qu’esprime « l’abonnée » et aussi les réflexions de Pascal. J’ai vécu les deux côtés de la médaille. Mon premier roman, à 50% autobiographique (une histoire d’amour d’adolescence reprise 20 ans plus tard) a été très lu dans ma famille et a fait scandale; à un tel point que mes plus proches ont refusé de lire mon second roman, pourtant à 100% fictif, de peur qu’il ne soulève lui aussi des « histoires passées ». On m’a gentillement prié désormais d’écrire du fictif joyeux et agréable !!!
    Ma compagne a publié pour sa famille élargie les mémoires de son grand-oncle paternel mort à Verdun en 1916 et dont le décès a permis à la famille d’hériter d’un patrimoine qui aurait profité à une autre branche. Elle a voulu honorer la source de ce patrimoine. Son « Mémoire » a très bien été reçu par la génération paternelle, peu lu ou commenté par sa propre génération, et a trouvé un intérêt surprenant parmi la génération filliale (les enfants et même les petits- enfants). De sa propre fratrie, par contre, aucun commentaire et probablement pas lu.
    J’écris en ce moment l’histoire de mes familles paternelle et maternelle pour mes deux filles et leur descendance car je pense cet exercice méritoire et indispensable; ma mère et mon ex-belle-mère y contribuent largement et leur nom accompagnera le mien sur la couverture. C’est, notamment pour ma mère, un puissant excercice de rétrospective sur sa vie et cela soulève en elle d’énormes émotions; elle a choisi d’écrire ses propres mémoires intimes (juste pour elle) en plus de me fournir une reformulation « nettoyée » pour mon texte qui sera publié. Donc, je sais d’avance qu’il sera lu par la même partie de ma famille qui attend avidement mes écrits… et qu’il sera possiblement ignoré par ceux qu’ils concernent plus en direct et qui en sont les destinataires. Mais c’est la vie ! et l’important, c’est que je me fasse plaisir, avant tout.

  7. Marie-Ange dit :

    Personnellement, je préfère de beaucoup que l’on me raconte les histoires du passé plutôt que l’on me les écrive… pourtant j’adore lire !!! mais je trouve que c’est toujours un peu fastidieux et pas très vivant ; cela viendrait-il du fait que les personnes qui écrivent ce genre d’histoires ne les racontent pas d’une façon très dynamique ?

  8. Carabin dit :

    Voilà un article qui me « rassure ». Je suis dans ce cas, mais celà va même plus loin. Un roman non lu par personne de ma famille (3€ sur amazon !), un bouquin photos accompagné d’une expo photos qui m’a valu 2 articles dans sud ouest + un dans cubeek (journal de la CUB) mais personne de ma famille n’a été voir l’expo ! Les amis, les connaissances oui. Et personne parmi mes proches n’en parle. C’est une activité transparente ! Je me demande s’il faut passer à la télé pour déclencher une réaction. Ou devenir très riche… Je m’y suis fait mais c’est un peu…laxatif !!!

    • Pascal Perrat dit :

      Bonjour et merci pour votre contribution.
      Ça « me parle » car j’ai vécu ce que vous racontez.
      Il y a longtemps, j’ai publié 2 recueils de poésies, dont l’un a été
      primé par l’Académie Française. Je les avais offerts à mes parents.
      Ils ne les ont pas ouverts et m’en ont jamais parlé.
      Maintenant qu’ils ne sont plus là, ma blessure commence à peine à cicatriser

      Cordialement

      Pascal

  9. Catherine dit :

    Très éclairant. Mes amis me poussent depuis des années (et avec insistance) à écrire parce que je suis censée être douée pour cela. Mais lorsque je leur envoie mon premier recueil de textes, personne ne trouve le temps de le lire. J’ai finalement mis l’un de mes textes sur mon blog et j’ai eu des commentaires de gens auxquels je n’aurais pensé à l’envoyer.
    Tout est bon pour nous enseigner le détachement…

  10. Jean de marque dit :

    De plus en plus de personnes souhaitent laisser des traces écrites de ce qu’ils ont cru vivre d’exceptionnel. De moins en moins de personnes lisent, on efface vite le passé. Les « jeunes » pensent posséder l’avenir et avoir les solutions.

    Moi, de la guerre 14, j’ai d’abord lu les récits officiels, l’histoire communale, les alignements de mémorials….Puis j’ai croisé les écrits des poilus …sur place…toutes ces bribes en carnet, planquées, oubliéés sous la capote…enterrées avec leur rédacteur d’un jour ou d’une année. Comme les schrapnels, ces écrits sont remontés à la surface, avec le temps.

    Ils ont grignoté l’image trop bleue du va t’en guerre (et n’en revient pas!), ont laissé des messages significatifs aux plus jeunes sur la véritable horreur de la boucherie à ciel ouvert.

    Moi, un peu collectionneur, j’ai sauvé, des témoignages sur dos de cartes postales, un cahier de curé racontant l’entrée des allemands dans son village…et des tas d’autres « petits » documents qui prennent peu à peu place dans la réalité d’un récit d’histoire, toujours à nuancer.

    Donc, si vous avez une trace à laisser, de quelque part, de quelqu’un
    , de quelque chose….laisser la, pour votre propre plaisir de transmettre,d’abord….,et même s’il n’en reste qu’un, de lecteur heureux…pour le plaisir de celui là!

    Et tant qu’à laisser des traces, arrangez vous qu’elles soient les plus belles, les plus lisibles, les plus parlantes possibles…..que celui qui les a aimé….en parle à un autre…qui les lira.

  11. Céline dit :

    Même si ces écrits n’ont pas reçu l’accueil qu’ils méritent, notamment pour les raisons évoquées par Pascal, je trouve que la démarche de cette personne est très utile. Il arrive qu’un membre de la famille, pourquoi pas dans les générations à venir, ait envie d’en savoir plus sur l’histoire familiale et il sera ravi de trouver ce récit. C’est une démarche tournée vers l’avenir !

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